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Témoignages - Page 2

  • 700 membres du clergé et religieux anglicans se sont convertis à la foi catholique entre 1992 et 2024

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    De Thomas Edwards sur le Catholic Herald :

    L'héritage durable de Newman

    9 décembre 2025

    Un rapport récent de la Barnabas Society a révélé que 700 membres du clergé et religieux anglicans se sont convertis à la foi catholique entre 1992 et 2024. Ces conversions ont abouti à 491 ordinations sacerdotales et, considérant que la conversion fait suite à une période de formation pour ceux qui souhaitent recevoir les ordres sacrés, ce nombre devrait augmenter.

    Les ordinations reçues à ce jour représentent 35 % du total des ordinations sacerdotales diocésaines et de l'Ordinariat personnel entre 1992 et 2024. Il n'est pas exagéré de parler d'un bouleversement majeur du paysage religieux de notre époque, dont les répercussions se font sentir dans toutes les communautés que ces hommes ont servies. On a observé des tendances similaires aux États-Unis, où l'on estime à 125 le nombre de prêtres catholiques romains, anciens épiscopaliens, exerçant leur ministère à travers le pays.

    Pour comprendre ce phénomène ecclésiastique, il est important de souligner l'influence durable de John Henry Newman, converti au XIXe siècle. Converti, prévôt de l'Oratoire de Birmingham, cardinal, saint, puis docteur de l'Église, il compte parmi les figures les plus éminentes de l'époque victorienne, malgré le fait qu'il ait été écarté au profit de son contemporain, le cardinal Henry Edward Manning, dans l'ouvrage de Lytton Strachey intitulé « Éminents Victoriens ». De l'évangélisme à la Haute Église, le parcours de Newman a embrassé un large éventail d'expériences protestantes.

    Durant ses années d'évangélisation, au début de sa vingtaine, Newman a appris à prendre au sérieux les affirmations de vérité du christianisme. Il aborde les questions théologiques de son temps avec franchise, comme la régénération baptismale, même si ses conclusions étaient souvent imparfaites. Il croyait que le pape était l'Antéchrist et était obsédé par ce que la numérologie de Daniel et de l'Apocalypse pouvait révéler sur le destin du monde, laissant ainsi sa foi être influencée par des préjugés et un désir de nouveauté plutôt que par l'héritage des Pères de l'Église.

    Pourtant, même durant ses années évangéliques, Newman ressentait profondément la responsabilité liée à son identité de pasteur anglican. Dans son journal, lors de son ordination diaconale, le jeune Newman écrivait : « C'est terminé. Je suis à toi, Seigneur. » Ses réflexions théologiques de cette période l'ont également conduit à des positions sur lesquelles il s'appuierait plus tard. Étudiant la doctrine de la succession apostolique à Oriel College, à Oxford – un enseignement qu'il décrira plus tard comme une certaine impatience –, il parvint à une compréhension plus complète de la Tradition, concluant que « la Bible n'a jamais eu pour vocation d'enseigner la doctrine, mais seulement de la preuve. »

    Ces intuitions, conjuguées à sa disposition intellectuelle et à l'influence de John Keble et d'Edward Pusey, l'ont conduit à l'anglicanisme de la Haute Église, un mouvement ecclésiastique que Newman a contribué à fonder et qui perdure encore aujourd'hui. Ce mouvement visait à rapprocher la foi et la pratique anglicanes des modèles catholiques romains. Selon ses propres termes : « L'Église anglicane doit avoir une liturgie et une doctrine complètes, ainsi qu'une ferveur profonde, si elle veut rivaliser avec l'Église romaine. »

    Cette reconnaissance des atouts du catholicisme et l'ouverture des tractariens à la Tradition ont finalement contribué à de nombreuses conversions, notamment par le biais de l'Ordinariat personnel Notre-Dame de Walsingham, fondé en 2011 pour les anciens anglicans recevant les ordres sacrés catholiques. Les compagnons de Newman au sein du mouvement tractarien, dont le nom est tiré de la série de pamphlets « Tracts for the Times », avaient initialement l'intention de rester au sein de la Communion anglicane, à l'instar de Keble, mais leur ouverture à la foi catholique a conduit nombre d'entre eux à embrasser pleinement le catholicisme.

    L'héritage des saints repose sur leur enseignement, l'exemple de leur vie, ou une combinaison des deux. Newman compte parmi ceux dont l'enseignement et la vie ont façonné son héritage. Son cadre théologique, exposé dans des œuvres telles que la « Grammaire de l'assentiment », l'« Essai sur le développement de la doctrine chrétienne » et son « Apologie » de 1864, a exercé une influence constante sur la pensée anglicane et catholique.

    La pauvreté, le manque de financement, les conflits et les revers juridiques ont marqué une grande partie de la vie catholique de Newman. Durant les premières années de son oratoire, presque aucune vocation ne s'est concrétisée et la période a été marquée par des tensions internes, notamment dans ses relations initiales avec William Faber. Pendant son mandat de recteur fondateur de l'Université catholique d'Irlande, de 1851 à 1858, l'université a peiné à attirer suffisamment d'étudiants, n'a pas obtenu de charte ni de reconnaissance gouvernementale et est restée chroniquement sous-financée. Il a également été condamné pour diffamation lors d'un procès contre Giacinto Achilli, un ancien prêtre catholique à la moralité douteuse devenu prédicateur anglican.

    Pourtant, les dernières années de Newman lui valurent un prestige renouvelé. En 1878, il devint le premier membre honoraire du Trinity College d'Oxford, et en 1879, le pape Léon XIII le créa cardinal. Son influence s'accrut encore après sa mort, notamment sur la conception de la conscience au sein de l'Église catholique.

    Malgré les épreuves, la vie de Newman fut marquée par une volonté inébranlable de rechercher la vérité, même au prix de sacrifices personnels. C'est cet exemple, ainsi que sa théologie, qui ont conduit de nombreux anglicans à se convertir au catholicisme. Son héritage s'est manifesté avec une clarté particulière en 2013, lorsque douze religieuses anglicanes ont quitté leur couvent pour devenir catholiques. Trois d'entre elles étaient octogénaires et trois septuagénaires. Expliquant sa décision, l'une des sœurs les plus âgées a simplement déclaré : « Je veux mourir catholique. » 

    L'Église catholique a retenu d'une grande grâce en accueillant tant de convertis ces dernières décennies. Il convient toutefois de ne pas oublier le profond sacrifice personnel qui a guidé ces parcours. Nombreux sont ceux qui ont suivi l'exemple de Newman, qui, à 44 ans, a quitté sécurité et prestige pour se convertir à une religion étrangère, et pouvoir cet héritage perdurer.

  • Retour sur la visite de Léon XIV à la Mosquée Bleue d'Istanbul

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    De Thomas Edwards sur le Catholic Herald :

    Le pape Léon à la mosquée bleue

    Tout comme le précédent, ce pontificat s'avère être celui des symboles. Lorsque le pape Léon XIV est apparu sur la loggia vêtu de la mozzetta rouge, il a immédiatement conquis ceux qui souhaitaient un retour à un pontificat stable, à l'image de celui de Benoît XVI. Les catholiques qui se sentaient mis à l'écart après des années de turbulences ont été discrètement soulagés avant même qu'il ne salue la foule rassemblée sur la place Saint-Pierre.

    Le nom de Léon indiquait également le type de papauté auquel nous pouvions nous attendre. Le dernier Léon, Léon XIII, qui a joui d'un pontificat plus long que prévu à la fin du XIXe siècle et au tout début du XXe siècle, était décrit comme ayant un tempérament intellectuel, diplomate et prudent. Il avait 67 ans lorsqu'il est monté sur le trône, tandis que Léon XIV avait 69 ans. Léon XIII est arrivé à la chaire de Saint-Pierre au début d'une période de profonds changements sociaux, marquée par l'industrie de masse, l'expansion urbaine, le commerce mondial et les mouvements ouvriers, une période souvent décrite comme la deuxième révolution industrielle. Léon XIV est arrivé au pouvoir au début de ce que l'on pourrait appeler une deuxième révolution numérique, une ère d'accélération des progrès technologiques sous l'impulsion de l'intelligence artificielle.

    Il est peu probable, voire indésirable, que ce pontificat soit le reflet exact d'un pontificat précédent, mais le nom choisi par le pape était en soi le symbole d'un retour à une période associée à un pontificat stable. Léon XIV n'a pas encore rédigé sa propre Rerum Novarum, même si nous pouvons nous attendre à la voir paraître dans les années à venir, mais le nom qu'il a choisi pour son pontificat est très révélateur du type de pontificat qu'il souhaite mener.

    Mais le moment symbolique le plus marquant de la papauté jusqu'à présent est peut-être survenu lors de son premier voyage apostolique à l'étranger. Le Saint-Père est arrivé en Turquie, berceau du christianisme qui, sous la domination islamique, a vu sa population chrétienne presque disparaître, pour commémorer le 1700e anniversaire du concile de Nicée. Le troisième jour de sa visite, le pape s'est rendu à la Mosquée bleue, une mosquée impériale emblématique située au cœur d'Istanbul et symbole de l'identité islamique du pays.

    L'histoire des visites des papes dans les mosquées remonte à ce siècle. Le pape Saint Jean-Paul II a été le premier à le faire en 2001, lorsqu'il a visité la mosquée des Omeyyades à Damas, en Syrie, lors de son pèlerinage jubilaire en Grèce, en Syrie et à Malte. Même lors de sa visite dans la nation chrétienne qu'est la Grèce, l'opposition avait été vive, de nombreux dirigeants orthodoxes grecs s'opposant à ce voyage. La controverse s'est poursuivie à son arrivée en Syrie, où la décision du pape de visiter la mosquée a rencontré une résistance particulière. Un haut dignitaire religieux du Liban voisin, Cheikh al-Hout, a tenté d'imposer ses conditions, déclarant à la presse : « Dans un État musulman, les crucifix ne doivent pas être exposés en public, et encore moins à l'intérieur d'un lieu saint islamique. Le pape doit respecter ces conditions comme tout le monde. » Heureusement, le prélat local, l'archevêque Isidore Battikha, n'avait pas de tels scrupules et a informé la presse que « la croix serait bien visible sur les vêtements liturgiques du pape lorsqu'il entrerait dans la mosquée ». En fin de compte, le voyage a également permis au souverain pontife de s'arrêter pour prier à l'intérieur de la mosquée.

    Tout comme Léon XIV, les papes Benoît XVI et François ont également visité la Mosquée bleue. La visite de Benoît XVI en 2006 a été éclipsée par les retombées de la conférence de Ratisbonne, au cours de laquelle le pape avait cité l'empereur byzantin et moine chrétien Manuel II Paléologue critiquant l'islam. En entrant dans la mosquée, Benoît XVI s'est arrêté pendant environ deux minutes en silence. Le quotidien turc Milliyet a rapporté ce moment avec le titre « Comme un musulman ». Le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi, a commenté plus tard que « le pape s'était arrêté pour méditer et avait certainement tourné ses pensées vers Dieu ».

    Le pape François a semblé aller plus loin lors de sa visite en 2014. Debout aux côtés du grand mufti d'Istanbul de l'époque, Rahmi Yaran, la tête baissée, les mains jointes, François a prié en silence pendant plusieurs minutes. Le grand mufti a répondu ensuite en disant : « Que Dieu l'accepte ».

    Compte tenu de la tendance actuelle à l'expression extérieure de la cordialité interconfessionnelle, on aurait pu raisonnablement s'attendre à ce que le pape Léon fasse de même. En effet, le compte rendu de l'événement par le Vatican lui-même indiquait initialement que Léon s'était arrêté pour prier.  

    En entrant dans la Mosquée bleue, l'un de ses imams, Asgin Tunca, a invité le pape à prier en disant : « Ce n'est pas ma maison, ni votre maison, c'est la maison d'Allah. » Cependant, le pape Léon a répondu à l'invitation en déclinant poliment. Le Vatican a ensuite corrigé son affirmation antérieure selon laquelle le pape avait prié, en déclarant qu'il avait visité la mosquée « dans un esprit de réflexion et d'écoute attentive, avec un profond respect pour le lieu et pour la foi de ceux qui s'y rassemblent pour prier ».

    Tout comme le port de la mozzetta ou le choix du nom papal Léon, la décision de ne pas prier dans la mosquée était en soi symbolique. Il ne s'agissait pas, comme pourraient le prétendre ceux qui présentent le christianisme comme opposé à l'islam, d'un rejet de la croyance musulmane. Il s'agit plutôt de reconnaître que le rôle du pontife romain n'est pas de renforcer la coopération avec les religions autres que le christianisme. Les catholiques fidèles, avec une certaine justification, ont été scandalisés par le fait que les dirigeants de l'Église aient permis que le dialogue interreligieux débouche sur une prière commune, et il semble que Léon ait pris acte de ces inquiétudes, choisissant de faire passer les obligations de sa fonction avant l'image qu'il renvoie afin de satisfaire une presse laïque.

    Les indices de ce changement d'orientation sont exposés dans le livre Leo XIV : Citizen of the World, Missionary of the 21st Century (Léon XIV : citoyen du monde, missionnaire du XXIe siècle) de la correspondante chevronnée au Vatican Elise Ann Allen. Dans cet ouvrage, qui s'appuie sur de longs entretiens, il déclare franchement à Allen : « Je ne considère pas que mon rôle principal soit d'essayer de résoudre les problèmes du monde ». En d'autres termes, le pape s'intéresse à ce qui concerne l'Église, à sa mission qui consiste à amener les gens à connaître Jésus.

    Si le dialogue interreligieux est en vogue, parce que la société laïque est convaincue qu'il conduira à une plus grande harmonie, les diktats laïques font rarement bon christianisme. Il y a deux cents ans, la société laïque affirmait que les gens pouvaient être réduits en esclavage. Il y a cinquante ans, elle affirmait que les enfants à naître ne méritaient pas la pleine dignité humaine. Aujourd'hui, elle débat pour savoir si les personnes atteintes d'une maladie physique ou mentale ne seraient pas mieux mortes. Que l'on soit d'accord ou non sur tous les points, le christianisme offre un cadre moral plus long et plus cohérent que tout autre.

    De même, le respect d'une autre religion n'est pas une capitulation. De l'avis général, les musulmans n'ont pas été offensés. Un hybride entre l'islam et le christianisme serait un affront aux fondements des deux religions.

    Le livre d'Allen donne également un aperçu de ce qui pourrait bien être une priorité centrale pour cette papauté : réparer le scandale de la désunion entre les chrétiens. Dans son ouvrage, il indique clairement qu'il espère « jeter des ponts » avec le patriarche de Moscou et le patriarche de Constantinople, car « nous croyons tous en Jésus-Christ, le Fils de Dieu et notre Sauveur ». Il n'a pas hésité à prier à la cathédrale apostolique arménienne d'Istanbul, où il s'est joint à Bartholomée Ier et à plus de 400 membres du Saint-Synode du Patriarcat œcuménique pour la Divine Liturgie de la fête de Saint-André.

    Si la décision du pape Léon de ne pas prier dans un lieu non destiné au culte chrétien peut déstabiliser les impulsions laïques qui cherchent à brouiller les frontières entre les religions, elle indique clairement que ses priorités ne sont pas de ce monde. Il se préoccupe de l'Église, tant en communion qu'en séparation. Son voyage dans les anciennes terres chrétiennes de Turquie l'a clairement montré.

  • Léon au milieu des hérésies

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    De Robert Royal sur Catholic Thing :

    Léon au milieu des hérésies

    Chers amis, le pape Léon XIV fait l'objet d'un examen minutieux, pour des raisons évidentes, suite aux controverses suscitées par son prédécesseur. Si cela est utile à bien des égards pour la mission de l'Église, c'est parfois une critique inutile. La chronique d'aujourd'hui montre qu'à plusieurs égards fondamentaux, il est sur la bonne voie – et nous aimerions le voir le faire avec encore plus de transparence et de vigueur. (...) Robert Royal

    Le pape Léon XIV a voyagé en Turquie et au Liban, accomplissant les tâches habituelles des papes en de telles occasions : rencontrer des chefs religieux et politiques, signer des accords pour poursuivre le dialogue, appeler à la paix et au respect de la dignité humaine. Autant de bonnes choses, accomplies par ce pape avec une dignité remarquable. Mais ce n’est pas l’essentiel. Et sans l’essentiel, les autres initiatives ont des perspectives bien limitées. L’essentiel, la raison même de ce voyage, était et demeure la vérité confirmée au concile de Nicée (Iznik, en Turquie aujourd’hui) en 325 après J.-C. : Jésus n’était pas seulement un grand homme – comme le reconnaissent encore aujourd’hui nombre de laïcs –, mais il est le Fils éternel de Dieu et le Sauveur du monde.

    Bien que Léon XIV ait évoqué de manière vague certaines controverses théologiques comme étant devenues obsolètes, il a tenu à souligner en Turquie que parmi nos nombreux problèmes postmodernes, « il existe un autre défi, que l'on pourrait appeler un "nouvel arianisme", présent dans la culture actuelle et parfois même parmi les croyants. Cela se produit lorsque Jésus est admiré à un niveau purement humain, voire avec un respect religieux, sans pour autant être véritablement considéré comme le Dieu vivant et véritable parmi nous. » L'arianisme peut sembler être l'une de ces obscures controverses théologiques qui n'intéressent plus grand monde. Pourtant, à Nicée, il y a exactement 1700 ans, c'était un sujet brûlant car l'arianisme était répandu. Et il l'est resté pendant des siècles. Et il l'est à nouveau aujourd'hui.

    Tout ceci est bien connu de quiconque s'est intéressé à l'histoire de l'Église primitive. Mais beaucoup ignorent à quel point l'arianisme était répandu. Lorsque les Vandales envahirent l'Afrique du Nord, aux alentours de la mort de saint Augustin (430 ap. J.-C.), ils se présentèrent non seulement comme des « barbares », mais aussi comme des « chrétiens » ariens. L'Empire romain lui-même « tomba » en 476 ap. J.-C., lorsqu'Odoacre, un « barbare » goth, déposa le dernier empereur d'Occident. Les causes de la chute de Rome font l'objet de nombreux débats, mais elle n'était pas due à une incursion païenne : Odoacre était un officier formé dans l'armée romaine, proche des empereurs romains d'Orient et, bien que tolérant envers les catholiques, arien.

    L'arianisme a séduit les soldats, qui voyaient en Jésus non seulement un saint, mais aussi un héros pour sa bravoure face à la torture et à la mort. Une vision qui peut paraître étrange aujourd'hui. Pendant des siècles, l'Occident a eu tendance à idéaliser Jésus, à le présenter comme une figure rassurante et bienveillante. Mais peut-être ces soldats ont-ils perçu en lui un enseignement dont nous pourrions tous tirer profit, surtout face à la persécution des chrétiens à travers le monde.

    L'insistance de Léon sur Jésus comme « Dieu vivant parmi nous » rejoint ses mises en garde contre une autre hérésie. En tant qu'augustinien, il est très sensible au « pélagianisme » contemporain, que le grand évêque d'Hippone a combattu avec acharnement environ un siècle après Nicée. Pélage était un théologien celto-britannique qui aurait cru – les érudits récents, bien sûr, divergent sur ce point – que nous sommes capables de suivre les préceptes de la loi sans avoir besoin de la grâce divine.

    J'ai vu Pélage présenté dans certains ouvrages populaires comme étant tout à fait raisonnable. Il existe des règles. Nous sommes des êtres rationnels. Nous pouvons les suivre. Ce qui, bien sûr, ignore notre expérience quotidienne, sans parler de saint Paul : « La loi est bonne… mais je vois dans mes membres un autre principe qui lutte contre la loi de mon entendement, et qui me rend captif de la loi du péché qui est dans mes membres. » (Romains 17, 16 et 23) Augustin, le Docteur de la Grâce, s'est attaqué avec vigueur au pélagianisme et nous a légué un héritage précieux : la compréhension de notre dépendance envers Dieu, et non envers notre propre volonté.

    Le Jugement dernier (mosaïques), fin du XIIe siècle [Église Santa Maria Assunta (Cathédrale de Torcello, Torcello, Italie]

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  • Au Liban, un Pape plein d'énergie

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    De kath.net/news :

    Léon XIV a également fait preuve d'une énergie puissante au Liban : « Que le monde s'épanouisse dans l'espoir ! »

    2 décembre 2025

    La deuxième journée du pape au Liban a été aussi diverse que le pays lui-même : rencontres avec des chrétiens et des représentants d’autres confessions, ainsi qu’une célébration émouvante avec des jeunes – Léon XIV est apparu débordant d’énergie tout au long de cette journée. – Par un correspondant de Kathpress

    Beyrouth (kath.net/KAP) « Êtes-vous prêts à œuvrer pour la paix dans un monde souffrant ? » Au terme d'une journée chargée, le pape Léon XIV a exhorté la jeunesse libanaise à assumer son rôle dans ce pays en proie à la crise. Après ce discours poignant, parfois empreint d'euphorie, les 15 000 personnes présentes se sont levées, brandissant des drapeaux libanais et du Vatican et scandant « Viva il Papa ! »

    Lundi soir, Léon XIV a vécu à Beyrouth une sorte de mini Journée mondiale de la jeunesse, une expérience de libération personnelle en tant que pape. Contrairement à son discours devant un million de jeunes lors du rassemblement de l'Année sainte à Rome en août, il est apparu plus détendu, s'exprimant avec force, concision, une voix forte et captivante. « Que le monde s'épanouisse dans l'espérance ! », a-t-il lancé aux jeunes, qui l'ont remercié avec enthousiasme.

    Cet homme de 70 ans avait déjà effectué au moins dix heures d'activités quotidiennes et cinq jours de visites en Turquie et au Liban. Après deux rencontres émouvantes avec des représentants de différentes confessions chrétiennes le matin, au tombeau d'un saint et dans un sanctuaire marial, une rencontre interreligieuse très officielle était prévue l'après-midi sur la place des Martyrs à Beyrouth.

    Terre de minarets et d'églises :
    Devant les représentants de la quasi-totalité des 18 religions reconnues au Liban, le pape a évoqué cette terre « où minarets et églises se côtoient ». De fait, à travers la verrière du pavillon, on apercevait la mosquée Mohammed al-Amin voisine, et à quelques mètres de là se dresse la cathédrale maronite Saint-Georges. Peu avant le coucher du soleil, vers 16 h 30, l'appel à la prière du muezzin a retenti depuis la mosquée.

    Trente-cinq ans après la fin de la guerre civile, le Liban s'enorgueillit de sa coexistence interreligieuse. Ce thème a été longuement et chaleureusement souligné par la quasi-totalité des intervenants. Sur les quelque 5,5 millions d'habitants du Liban, environ deux tiers sont musulmans et un tiers sont chrétiens de diverses confessions ; on y trouve également une petite communauté juive.

    « Don de paix »

    Ils étaient la seule religion absente de la réunion, qui comprenait des lectures de la Bible et du Coran. Cependant, le patriarche syriaque catholique, dans son discours de bienvenue, a évoqué le judaïsme comme l'une des trois religions abrahamiques, et le pape a également mentionné les Juifs. En revanche, un des représentants musulmans a profité de l'occasion pour critiquer Israël.

    Le pape Léon XIV n'a pas abordé ces questions dans son discours. Il a plutôt rappelé le « don divin de la paix » que toutes les religions devraient cultiver ensemble. « À une époque où vivre ensemble peut sembler un rêve lointain », a-t-il déclaré, « le peuple libanais, de confessions diverses, nous rappelle avec force que la peur, la méfiance et les préjugés n'ont pas le dernier mot, et que l'unité, la réconciliation et la paix sont possibles. » Léon XIV a prononcé ces dernières paroles d'une voix forte et avec une emphase rhétorique inhabituelle.

    Comme il l'avait déjà fait dimanche au palais présidentiel, il a encouragé les personnes présentes à ne pas quitter leur pays, mais à œuvrer ensemble pour la paix dans une société secouée par de graves crises.

    "As-salam alaykum"

    Ce fut également un thème central de la rencontre du soir avec les jeunes sur la grande place devant le palais du patriarche maronite à Bkerké. La réunion précédente s'étant prolongée, les jeunes, venus non seulement du Liban, durent patienter avant l'arrivée du pape. Mais lorsqu'il fit enfin son entrée sur la place illuminée, vêtu de sa robe blanche, les acclamations redoublèrent. La musique qui l'accompagnait était « Jésus-Christ, tu es ma vie », un classique des Journées mondiales de la jeunesse.

    Comme lors de la réunion du matin, il a salué « ses chers jeunes amis » en arabe : « as-salam alaykum » - Que la paix soit avec vous - avant de poursuivre dans sa langue maternelle, l'anglais.

    Dans son discours, il s'est adressé aux jeunes, leur disant qu'ils étaient porteurs d'espoir, qu'ils avaient le temps de rêver, de s'organiser et de faire le bien. « Vous êtes le présent, et l'avenir se forge déjà entre vos mains ! Et vous avez l'enthousiasme nécessaire pour changer le cours de l'histoire ! »

    Mémorial au port

    Dans de courts discours et une prestation émouvante, ils lui ont exposé les problèmes de leur pays en proie à la crise. Le pape les a écoutés avec une grande attention. De temps à autre, il semblait essuyer une larme. Et à maintes reprises, les jeunes ont évoqué la terrible explosion du port d'août 2020, qui a coûté la vie à de nombreuses personnes et dont les conséquences restent encore irrémédiables.

    Mardi matin, Léon XIV observera une minute de silence sur le lieu de la catastrophe. Il célébrera ensuite la messe sur le front de mer de Beyrouth, où 120 000 personnes sont attendues. Il s’envolera ensuite pour Rome, en tant que pape ayant trouvé un nouveau rôle important au Liban.

  • Voilà comment des communistes recyclés dominent la Pologne « démocratique »

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    De Wlodzimierz Redzioch sur la NBQ :

    Interview / Dorota Kania

    Voilà comment des communistes recyclés dominent la Pologne « démocratique ».

    De Włodzimierz Czarzasty, actuel président de la Diète (Sejm), à Marek Siwiec, chef de la chancellerie de cette même chambre du Parlement polonais, dans la Pologne de Tusk, les communistes occupent des postes clés en politique et au-delà. La Nuova Bussola s'entretient avec Dorota Kania, auteure de la série « Resrowe Dzieci » (Héritiers du communisme).

    1/12/2025

    Une image du Sejm, 13 novembre 2023 (Ap via LaPresse)

    Le 18 novembre, le communiste Włodzimierz Czarzasty accédait à la présidence de la Diète (Sejm), la chambre basse du Parlement polonais, devenant ainsi le deuxième personnage le plus important de l'État. Par ailleurs, Czarzasty nommait Marek Siwiec, autre figure historique du communisme, à la tête de la chancellerie de la Diète. Siwiec était l'un des plus proches collaborateurs d'Alexandre Kwaśniewski, président communiste de la Pologne de 1995 à 2005, et est resté célèbre pour ses gestes moqueurs : descendant d'un hélicoptère, il avait imité Jean-Paul II en bénissant, en faisant le signe de croix et en embrassant le sol.

    Dorota Kania, auteure d'ouvrages sur les Polonais issus de familles de militants et de fonctionnaires du Parti communiste polonais (PZPR), du ministère de la Sécurité publique (MB) et, plus tard, des services de sécurité (SB), s'intéresse au retour des « camarades » à des postes clés de la vie politique polonaise. Tous occupent des positions privilégiées dans la société, grâce à leurs relations et à leurs moyens financiers. Parfois, bien qu'issus de milieux non communistes, ils entretiennent des liens idéologiques et financiers avec l'ancien régime et les services de sécurité. Dans leur jeunesse, ils ont milité au sein d'organisations de jeunesse communistes, puis sont devenus entrepreneurs, propriétaires et directeurs de nouveaux médias. Ils s'opposent aux traditions polonaises, au catholicisme, au patriotisme et, plus généralement, à l'identité polonaise. Leur dangerosité tient à leur infiltration dans les médias, notamment à la télévision et à la radio, qui façonnent l'opinion publique. De plus, pour obtenir l'aval des gouvernements européens, ces individus agissent souvent selon les diktats de Bruxelles et de Berlin, même au détriment des intérêts nationaux. La Nuova Bussola a interviewé Dorota Kania.

    Grâce aux accords de la Table ronde (signés en 1989 entre les représentants du régime communiste et l'opposition démocratique), le processus de démocratisation du pays a débuté. La Pologne a ainsi évité un affrontement sanglant avec le régime totalitaire, mais au prix d'une impunité garantie aux communistes. Quelle fut la stratégie communiste après 1989 ?

    Les communistes à l'origine des accords de la Table ronde poursuivaient un objectif unique : un démantèlement contrôlé du pouvoir, suivi d'une reconquête sous une nouvelle apparence. Ils ont profité de ce tournant pour maintenir leur influence, protéger leurs intérêts et entrer dans la Troisième République polonaise en tant qu'entité plus forte, mieux organisée et plus riche que jamais. L'argent et l'influence étaient cruciaux : la Pologne, alors en pleine crise économique, connaissait une situation désastreuse. Après la dissolution de leur parti, les communistes se sont immédiatement reformés en un nouveau groupe politique : la Social-démocratie de la République de Pologne, devenue, à partir de 1991, l'Alliance de la gauche démocratique. Leur avantage sur la droite émergente était considérable : ils disposaient de structures, de personnel et de fonds hérités du Parti ouvrier unifié polonais (nom donné en Pologne au parti communiste dépendant de Moscou). Ils bénéficiaient du soutien de l’administration d’État, d’une influence dans les médias et de l’appui des services secrets, qui comptaient encore parmi leurs membres des fonctionnaires de l’ancien régime.

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  • Le 1er décembre 1916, Charles de Foucauld meurt assassiné

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    De Thomas Belleil sur "1000 raisons de croire" :

    Charles de Foucauld, le libertin débauché devenu ermite missionnaire

    Jeune libertin vaniteux et orgueilleux, avide de gloire, de richesses et de plaisirs, Charles de Foucauld fait l’expérience de l’amour de Dieu lors d’une confession en 1886. Radicalement converti à la foi chrétienne, Charles devient religieux, puis ermite en Afrique du Nord. Auprès des populations locales, pour lesquelles il se dépense dans une vie de service, il offre un témoignage lumineux de l’amour du Christ, bien au-delà des mots. La vie, pourtant humble et cachée, de celui qui deviendra « saint » Charles de Foucauld en 2022 a un rayonnement extraordinaire, partout dans le monde, et touche les cœurs au-delà des frontières de l’Église catholique.


    Les raisons d'y croire

    • Né le 15 septembre 1858 dans une famille militaire très chrétienne, Charles de Foucauld abandonne progressivement la foi à l’adolescence. Son itinéraire de conversion radicale à l’âge adulte atteste que la foi n’est pas simplement une affaire de déterminisme social. Charles de Foucauld remet en cause la foi chrétienne et les valeurs morales qui lui sont associées, jusqu’en leur fondement, au point de vivre leur exact contraire, avant de les (re)choisir librement à la suite d’un itinéraire personnel.
    • Adolescent puis jeune adulte, Charles de Foucauld a vécu aussi loin de l’Évangile que l’on peut l’être. Il a goûté à toutes les joies et tous les plaisirs qu’une vie sans Dieu ni maître peut offrir : prostituées, soirées libertines, festins, argent, gloire militaire et professionnelle… Pourtant, la vie libertine proposée par l’athéisme ne semble pas tenir ses promesses de bonheur. Les plus grandes philosophies athées et les plaisirs illimités n’ont pas su combler la soif de vérité et de bonheur de Charles de Foucauld. Seul l’Évangile a pu le faire.
    • Après un début de carrière militaire, Charles de Foucauld effectue une exploration au Maroc. Le fait de côtoyer des musulmans profondément croyants éveille Charles à la transcendance. La religion lui semble pouvoir apporter des réponses qu’aucune philosophie ou aucun mode de vie ne peut offrir. Fasciné par la foi des musulmans, Charles envisage de se convertir à l’islam. Pourtant, après avoir lu le Coran et étudié le contenu doctrinal de cette religion, Charles, soutenu par une intuition intérieure, décide que le christianisme lui est préférable.
    • De retour à Paris, la fréquentation régulière de catholiques intelligents et pleins de bonté fait sauter tous les préjugés négatifs que le jeune homme nourrissait envers la religion catholique. Attiré par le Dieu des chrétiens, Charles ose cette prière : « Mon Dieu, si vous existez, faites que je vous connaisse ! » Très peu de temps après, Charles reçoit de Dieu des signes de son existence qui dépassent de bien loin ses attentes. Lors d’une confession à l’abbé Huvelin, l’illumination se produit : en son intelligence, Charles est certain que Dieu existe, et, en son cœur, il goûte à quel point le Christ l’aime.
    • Charles de Foucauld se convertit radicalement au christianisme, et décide de renoncer à tous ses biens, et de ne plus vivre que pour le Christ, au point de devenir religieux, puis ermite. Ce qu’il a cherché toute sa vie, il l’a trouvé dans le christianisme. Après avoir goûté tous les plaisirs de la vie, jusqu’à l’excès, Charles de Foucauld choisit sciemment d’y renoncer pour un bonheur plus grand. Il trouve dans les vertus chrétiennes, en particulier la chasteté, la pauvreté et l’obéissance, une libération intérieure et une joie bien plus profonde que dans ses années libertines.
    • Devenu chrétien, religieux puis ermite, Charles va progressivement brûler d’un amour de Dieu et du prochain de plus en plus intense et profond, inexplicable autrement que par sa fréquentation toujours plus intime du Dieu en lequel il croit. Seule la grâce de Dieu peut expliquer comment un cœur aussi dur, orgueilleux, égoïste, jouisseur et indiscipliné a pu devenir aussi doux, humble, pur, aimant et obéissant.
    • La vie humble et cachée de Charles de Foucauld sera dévoilée progressivement après la mort de ce dernier. Cette vie d’amour à haute température constituera une inspiration pour des millions de chrétiens, mais aussi de non chrétiens. À la suite de miracles obtenus par son intercession, Charles de Foucauld est canonisé le 15 mai 2022 par le pape François.

    En savoir plus

    Né à Strasbourg le 15 septembre 1858 dans une famille, très chrétienne, de militaires, Charles de Foucauld est orphelin de père et de mère dès l’âge de six ans. Élevé par son grand-père, avec sa sœur Marie, Charles fait sa première communion et il est confirmé le 28 avril 1872. Pourtant, à cette même époque, cet adolescent intelligent, curieux et avide de lectures diverses commence à s’éloigner de la foi.

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  • Premier dimanche de l'Avent: ouverture de la nouvelle année liturgique ce 27 novembre 2022

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    Chant d’entrée de la messe 

    « Ad te, Domine, levavi animam meam:

    Deus meus, in te confido; non erubescam.

    Neque irrideant me inimici mei : etenim universi qui sustinent te, non confundentur.

    Vias tuas, Domine, demonstra mihi, et semitas tuas edoce me. 

    Vers toi j'élève mon âme, mon Dieu, en toi je mets ma confiance, je n'aurai pas à en rougir. Que mes ennemis ne se moquent pas de moi, car tous ceux qui t'attendent ne seront pas confondus.

    Seigneur, fais-moi connaître tes voies, enseigne-moi tes sentiers »

    (Psaume 24, 1-4) 

    Ce tout premier chant de l'année liturgique est emprunté au psaume 24, un des psaumes les plus utilisés dans la liturgie. Quand le psalmiste chante sa peine, son angoisse, sa joie, sa confiance, ce n'est jamais une prière purement individuelle. Au contraire, c'est toujours une prière qui inclut les deux dimensions personnelle et communautaire. On ne se sauve pas tout seul, mais ensemble, en famille. On comprend pourquoi l'Église a su, avec son instinct d'épouse et de mère, recueillir en elle ce trésor unique de la prière biblique et le dispenser à ses enfants, notamment à travers la liturgie.

  • Quand la monarchie prend le parti de la vie...

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    De Marc McGinness sur le Catholic Herald :

    26 novembre 2025

    Une histoire de la monarchie défendant la vie

    Par un simple acte de dissidence – son refus de consentir, le jour de la fête du Christ Roi, à un projet de loi légalisant l’avortement – ​​Albert, prince de Monaco, a-t-il sauvé sa principauté de l’étiquette de « lieu ensoleillé pour gens louches » ?

    Malgré le vote du Conseil national en mai (19 voix contre 2) autorisant les interruptions de grossesse jusqu'à 12 semaines, ou 16 semaines en cas de viol, et abaissant l'âge du consentement parental de 18 à 15 ans, le Prince a demandé à son gouvernement de ne pas appliquer cette mesure. Il a ajouté : « Je crois que le système actuel reflète nos valeurs, compte tenu du rôle de la religion catholique dans notre pays, tout en garantissant un accompagnement sûr et humain. »

    Sa décision faisait écho aux opinions de sa mère, Grace, qui avait déclaré en 1971 être fermement opposée à l'avortement, « quel qu'il soit, légal ou illégal ». Concernant le traumatisme psychologique lié à un avortement, elle avait affirmé : « Je le ressens profondément. Les médecins ont tendance à croire que tout est fini en une demi-heure. C'est bien plus complexe. Les conséquences psychologiques persistent pendant de nombreuses années. »

    Ce dernier acte de la dynastie Grimaldi, qui débuta en 1297 lorsque François Grimaldi, déguisé en moine franciscain, s'empara de la forteresse du Rocher de Monaco avec le soutien de son cousin Rainier Ier et de ses hommes, contribue à expliquer leur longévité et renforce le titre de « Souverain catholique ». L'octroi par le Vatican, en 2013, du privilège du blanc à Charlène, épouse d'Albert – privilège refusé à sa mère – l'a-t-il rapproché de l'Église ?

    Ces questions de conscience ont mis à l'épreuve les dirigeants de plusieurs maisons catholiques européennes au pouvoir au cours des trois dernières décennies, des questions majeures pour ce que les médias s'obstinent à appeler des « micro-États ».

    En 1990, le roi Baudouin des Belges, connu de longue date avec son épouse Fabiola pour leur engagement en faveur des droits des personnes handicapées, notamment des enfants handicapés, fut sollicité pour approuver la légalisation de l'avortement dans son royaume. Sa signature était indispensable, mais Baudouin s'y opposa, y voyant une violation du droit fondamental à la vie.

    Lorsqu'il a dit à Fabiola que son refus pourrait entraîner sa démission, elle a répondu : « Je sais faire une bonne journée de travail. J'ai encore mon certificat de secourisme de la Croix-Rouge. »

    Le 31 mars, Baudouin a adressé une lettre personnelle au Premier ministre Maertens, exprimant de « vives inquiétudes quant à la clause autorisant l’avortement au-delà de douze semaines si l’enfant à naître est atteint d’une anomalie particulièrement grave reconnue comme incurable au moment du diagnostic… En bref, je crains que cette loi ne contribue à une diminution palpable du respect dû à la vie des plus vulnérables. À ceux que ma décision pourrait choquer, je demande : est-il juste que je sois le seul citoyen belge contraint d’agir contre sa conscience dans un domaine aussi crucial ? La liberté de conscience est-elle sacrée pour tous, sauf pour le roi ? »

    Le Premier ministre Maertens proposa un ingénieux compromis à la belge. L'article 82 de la Constitution belge stipulait qu'en cas d'incapacité du monarque à gouverner, les pouvoirs royaux étaient dévolus au Conseil des ministres. Le roi abdiqua donc et, durant la période de vacance du trône, le Conseil des ministres ratifia et promulgua la loi sur l'avortement. Le 5 avril, 36 heures après l'abdication, le Premier ministre déclara que le roi était désormais apte à gouverner et celui-ci reprit ses fonctions.

    Baudouin écrivit plus tard dans son journal : « Si je n'avais pas fait cela, j'aurais été malade toute ma vie pour avoir trahi le Seigneur. »

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  • Retour sur « Sacré-Cœur », le film que la France a tenté de faire taire – et que le public a quand même vu

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    De Solène Tadié sur le NCR :

    « Sacré-Cœur » : Le film que la France a tenté de faire taire – et que le public a quand même vu.

    Un nouveau docu-fiction réalisé par Steven Gunnell, ancien membre d'un boys band, qui explore la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus à travers les apparitions de Paray-le-Monial, est l'une des grandes surprises du box-office français cette année.

    Le film « Sacré-Cœur » émeut les cœurs dans toute la France.
    Le film « Le Sacré-Cœur » émeut les cœurs dans toute la France. (photo : SAJE Distribution)

    Avant même sa sortie, le film fut décrié par une partie de l'élite culturelle française, suscitant moqueries et indignation face à un contenu jugé trop prosélyte. Même la SNCF refusa d'en faire la promotion. Comme en témoignent les résultats au box-office, ces efforts n'eurent que peu d'effet sur le public. Bien au contraire : Sacré-Cœur : son règne n'a pas de fin, réalisé et produit par Steven Gunnell et son épouse Sabrina Gunnell, est devenu la révélation cinématographique de l'année.

    Depuis sa sortie le 1er octobre, le film a déjoué toutes les prédictions : près d’un demi-million de billets vendus, une fréquentation record par séance et une vague de conversions à la foi. 

    Capture d'écran du nouveau film qui devrait sortir dans les salles américaines en juin 2026.
    Capture d'écran du nouveau film dont la sortie dans les salles américaines est prévue en 2026. (Photo : Saje Distribution)

    Il est prévu d'étendre la diffusion du film à un public mondial, avec une sortie américaine actuellement programmée juste avant ou pendant les célébrations de la solennité du Sacré-Cœur de Jésus en 2026, selon SAJE Distribution. 

    Dans la France anticléricale, où la simple exposition de crèches de Noël est souvent interdite dans les lieux publics, personne ne s'attendait à ce que l'histoire du Sacré-Cœur de Jésus attire des foules plus importantes que certaines productions hollywoodiennes. 

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  • « Vive le Christ Roi ! », a proclamé Miss Univers Mexique après avoir remporté le concours de beauté

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    De David Agren sur The Pilot :

    « Vive le Christ Roi ! », a déclaré Miss Univers Mexique après avoir remporté le concours de beauté.

    Elle a également exprimé sa foi catholique en faisant le signe de croix et en pointant le ciel.

    Bosch, 25 ans, est devenue la quatrième Mexicaine à remporter le titre de Miss Univers lors du concours qui s'est tenu le 21 novembre à Bangkok. Mais elle a attiré l'attention internationale dès le début. Bosch a confronté un directeur du concours qui l'avait traitée de « stupide », ce qui l'a incitée à mener une manifestation des candidates et a finalement conduit au renvoi du directeur.

    « J'ai aimé qu'elle prenne la parole lorsqu'elle estime qu'il y a une injustice », a déclaré la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum le 21 novembre, dans ses félicitations à Bosch. « L'époque du "silence est d'or" est révolue ; nous sommes plus belles lorsque nous prenons la parole et que nous participons », a ajouté la présidente.

    Bosch, originaire de l'État mexicain de Tabasco, dans le sud-est du pays, a évoqué le harcèlement scolaire dont elle a été victime enfant et son trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité (TDAH). Malgré cela, elle est diplômée en stylisme de l'Université ibéro-américaine de Mexico, un établissement jésuite.

    Elle s'est également fait remarquer pour avoir exprimé ouvertement sa foi catholique. Dans des vidéos circulant sur les réseaux sociaux, on la voit crier « Vive le Christ Roi ! » dans un ascenseur. Elle utilise les mêmes mots dans ses biographies Instagram et X, des mots qui étaient autrefois le cri de ralliement des Cristeros, qui ont lutté contre la persécution de l'Église au Mexique un siècle plus tôt.

    Avant le concours, elle a publié une photo sur X ornée de symboles catholiques : une image de Marie, un chapelet rose avec une croix rose, une image de Notre-Dame de Guadalupe, sainte patronne du Mexique, ainsi qu'un drapeau mexicain et diverses friandises.

    « Parce que les rêves deviennent réalité, et parce que Dieu l'a voulu », a déclaré Bosch lors de sa présentation en tant que candidate à Miss Univers.

    D'anciennes Miss Univers ont également exprimé leur foi catholique. Sheynnis Palacios, représentante du Nicaragua, a remporté la couronne en 2023, déclenchant des célébrations dans tout le pays et s'attirant les foudres de la dictature anti-catholique.

    « Quand je dis “merci mon Dieu”, c'est parce que cette couronne n'est pas la mienne, elle est pour Lui », a déclaré Palacios à ABS-CBN. « Elle est pour tous les délégués, et aussi pour mon pays et ma famille. »

    — David Agren écrit pour OSV News depuis Buenos Aires, Argentine.

  • Qui se souvient des chrétiens de Turquie ?

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    De l'European Center for Law & Justice (ECLJ) :

    ECLJ

    Madame, Monsieur,

    Qui se souvient des chrétiens de Turquie?

    Qui se souvient que l’Anatolie fut autrefois chrétienne, et que les chrétiens y ont été opprimés, massacrés, chassés et humiliés jusqu’à ne représenter plus que 20% de la population en 1915, et 0,3% aujourd’hui ?

    Qui se souvient des 2 millions de chrétiens assassinés en Turquie au XXe siècle?

    Le calvaire des derniers chrétiens d’Anatolie se poursuit aujourd’hui, dans l’indifférence de l’Europe. Assassinats, expulsions, spoliations et discriminations sont pourtant leur quotidien.

    C’est pour défendre les chrétiens de Turquie et lutter contre l’indifférence des institutions européennes que l’ECLJ a publié un rapport détaillé sur:

    Ce rapport, nous le diffusons largement, aux media, aux ambassades et aux politiques, pour qu’ils fassent du respect des droits des chrétiens une exigence absolue dans leurs rapports avec la Turquie.

    En outre, nous demandons au Conseil de l’Europe – dont la Turquie est membre – de se saisir de la situation des chrétiens de Turquie. Pour cela, nous vous invitons à vous joindre à cette demande en signant avec nous une pétition qui sera adressée officiellement à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe.

    Conformément à l’article 71 de son règlement, l’Assemblée aura l’obligation d’examiner notre pétition et de décider formellement de l’opportunité de se saisir de ce sujet, de rédiger un rapport et des recommandations au Comité des Ministres du Conseil de l’Europe.

    Cette semaine est marquée par le 1700e anniversaire du Concile de Nicée, et par la visite du Pape Léon XIV, auprès de Bartholomée 1er, Patriarche œcuménique de Constantinople, à l’occasion de la fête de saint André, frère de Saint Pierre et fondateur de l'Église de Constantinople. Ce sera l’occasion de manifester l’unité de l’Église du Christ.

    Donnons, nous aussi, un signe visible de cette unité en soutenant les chrétiens de Turquie:

    Pour la défense des chrétiens de Turquie

    Partagez cette pétition sur les réseaux sociaux ou suivez-nous sur: 

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  • Le prince de Monaco bloque un projet de loi visant à légaliser l'avortement.

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    Du Catholic Herald :

     
    24 novembre 2025

    Le prince de Monaco bloque un projet de loi visant à légaliser l'avortement.

    Un monarque catholique européen refuse de signer une loi qui aurait légalisé l'avortement dans son pays catholique.

    Le prince Albert II de Monaco a refusé de signer une loi votée par le Conseil national qui aurait légalisé l'avortement dans la Principauté.

    La décision du Prince suspend la réforme proposée et laisse la loi actuelle inchangée. Dans un entretien accordé au quotidien Monaco-Matin , il a expliqué que le projet de loi ne sera pas examiné et a exposé les motifs de sa décision.

    Il a souligné : « Je crois que le système actuel reflète qui nous sommes, compte tenu du rôle de la religion catholique dans notre pays, tout en assurant un soutien sûr et humain. »

    Selon la législation en vigueur, l'avortement reste formellement illégal à Monaco, bien qu'il soit dépénalisé depuis 2019. L'interruption de grossesse n'est autorisée que dans trois cas : viol, risque grave pour la vie de la mère ou malformation fœtale importante.

    Le projet de loi, présenté au Conseil national en mars 2025 et adopté par 19 voix contre 2 en mai, visait à autoriser l'interruption volontaire de grossesse jusqu'à 12 semaines (16 semaines en cas de viol) et à abaisser l'âge du consentement parental de 18 à 15 ans.

    Il y a deux semaines, Christophe Mirmand, ministre d'État, a toutefois informé le président du Conseil, Thomas Brezzo, que le gouvernement renonçait à cette mesure. Le prince a demandé au gouvernement d'en informer formellement le Conseil.

    Il a reconnu la sensibilité du sujet, déclarant : « Je comprends à quel point ce sujet est sensible, les émotions qu'il peut susciter. »

    Il a également évoqué les mises à jour législatives de 2009 et 2019, observant que Monaco avait déjà atteint « un cadre équilibré, respectueux des principes constitutionnels, de l’identité culturelle et des femmes concernées ».

    Pour Sa Majesté, cette décision doit en définitive être interprétée à la lumière de la Constitution monégasque, qui reconnaît le catholicisme comme religion d’État. Comme il l’a souligné, elle confirme « la place qu’occupe le catholicisme dans notre pays ».

    La loi monégasque sur l'avortement était parmi les plus restrictives d'Europe. La loi de 2009 limitait l'interruption de grossesse aux trois cas exceptionnels mentionnés précédemment, et la réforme de 2019 a supprimé les sanctions pénales pour les femmes ayant recours à l'avortement à l'étranger, notamment en France voisine.

    La décision du prince Albert trouve des échos dans l'histoire des monarchies européennes. En 1990, le roi Baudouin de Belgique refusa de promulguer une loi légalisant l'avortement jusqu'à douze semaines de grossesse. Le gouvernement le déclara « temporairement inapte à régner » pour une journée, et durant ces 36 heures, le Conseil des ministres signa collectivement la loi, la rendant valide sans son approbation. Le lendemain, le Parlement le rétablit sur le trône.

    De même, en 2008, le grand-duc Henri de Luxembourg a refusé de signer une loi légalisant l'euthanasie. Contrairement à la Belgique, le Luxembourg a modifié sa constitution afin que le monarque ne « sanctionne » plus les lois, mais se contente de les « promulguer ».

    Hans-Adam II, prince de Liechtenstein, a également clairement indiqué qu'il opposerait son veto au résultat de tout référendum proposant de légaliser l'avortement dans le pays.

    Cependant, le souverain de Monaco semble être un rare exemple où l'intervention d'un monarque a directement stoppé une tentative d'introduire des lois anti-vie.