De Thierry Boutet sur Smart Reading Press :
LIBERTÉ RELIGIEUSE : PERSÉCUTIONS EXTRÊMES ET PERSÉCUTIONS «POLIES»
Le 15e rapport bisannuel de l’Aide à l’Église en détresse fait le point sur la situation des croyants persécutés et opprimés dans le monde. Un document de référence à connaître et à faire connaître, dont voici une brève présentation.
La persécution religieuse existe sous de multiples formes, des plus violentes aux plus douces. Le Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ) publiait récemment une enquête alarmiste sur la persécution en France des musulmans qui se convertissent au christianisme. Au même moment, l’Aide à l’Église en détresse rendait public le 15e rapport bisannuel de son Observatoire de la liberté religieuse dans le monde.
Réalisé en coordination avec de très nombreux organismes internationaux privés ou publics, ce document donne une vue quasi exhaustive des atteintes à la liberté religieuse dans le monde, région par région, pays par pays. La fiabilité des sources, les éléments d’infographie, les cartes, les «fiches» qui l’accompagnent, en font un outil précieux pour tous ceux qui se préoccupent des milliards d’hommes et de femmes éprouvés et persécutés pour leurs convictions religieuses. Ce rapport très factuel ne cherche pas à noircir le tableau. Il relève même quelques progrès ici ou là, grâce aux efforts et à l’engagement de l’Église et du pape, mais, globalement, la situation demeure dramatique et ne s’arrange pas.
Les atteintes à la liberté religieuse se multiplient. Elles prennent des formes diverses, des plus extrêmes aux plus insidieuses et douces. Comme le remarque le Dr Marcela Szymanski dans son préambule, «bien que la perte de droits fondamentaux tels que la liberté religieuse puisse survenir brusquement, par exemple en cas de conflits et de guerres, dans de nombreux cas elle n’a rien de soudain. C’est souvent un processus d’érosion qui se produit au fil des ans.» Il compare ce processus à un vent de plus en plus fort qui emporterait les tuiles d’un toit. Au bout d’un certain temps, le citoyen «se rend finalement compte du fait que plus rien ne le protège et qu’il est exposé aux vents».
PERSÉCUTIONS «EXTRÊMES»
Commençons par les vents les plus violents : ils prennent «la forme de gouvernements autoritaires, de réseaux terroristes transnationaux ou de chefs religieux fondamentalistes qui poussent les foules à commettre des lynchages.»
Les Français qui vivent, même par temps de COVID, dans un îlot de bien-être, ne se rendent absolument pas compte de l’ampleur de la persécution actuelle : pas moins de 4 milliards de personnes habitent dans 26 pays où règne la persécution la plus violente. Pas moins de 51 % de la population mondiale !
L’Afrique est le continent le plus préoccupant aujourd’hui. Les conflits ethniques pour les ressources naturelles entre nomades et agriculteurs, ainsi que l’esclavage, y sont certes ancestraux. Malheureusement, les conditions de la décolonisation, qui ont permis le retour de bandes armées, ainsi que la pauvreté, la transition démographique et climatique, n’ont fait qu’exacerber ces conflits.
Pourtant, jusqu’à il y a une décennie, régnait entre les différentes communautés et les groupes confessionnels une paix relative. Or, note le rapport, ces dernières années, la violence «a éclaté dans toute la région avec une férocité inimaginable». Comme si la multiplication des conflits avait «libéré la frustration refoulée depuis des générations chez des jeunes, privés de leurs droits, qui ont souffert de la pauvreté, de la corruption et d’offres de formation et d’emploi médiocres.» Des frustrations qui ont à leur tour «alimenté la montée en puissance de groupes armés, y compris de militants islamistes locaux, et plus récemment étrangers – des groupes djihadistes transnationaux engagés dans une persécution ciblée et systématique de tous ceux, musulmans et chrétiens, qui n’acceptent pas l’idéologie islamiste extrémiste.»