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BELGICATHO - Page 334

  • UCL: comment on dé-catholicise une université

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       De Paul Vaute pour Belgicatho, cet examen du présent et de l'histoire récente de l'UCL, d'où il ressort qu'il y a une incohérence à maintenir dans son nom l'étiquette catholique. A moins que cette persistance ne soit dictée par des considérations stratégiques...

       "L'UCLouvain défend le droit à l’avortement dans les balises telles que prévues par la loi". Cette déclaration stupéfiante du recteur Vincent Blondel date de mai dernier. Elle s'inscrit dans le droit fil de propos tenus quelques années auparavant dans son entourage. Et elle aurait dû, en toute logique, susciter une mise au point du pouvoir organisateur de l'institution, dont nos évêques sont partie intégrante [1]. Ni dans les enseignements constants de l'Eglise, ni même dans le droit belge actuel, il n'existe de "droit à l'avortement". Et pourtant, à l'heure où ces lignes sont écrites, nosseigneurs se sont pas départis de leur silence sépulcral.

       Les plus optimistes verront une allusion à l'incident dans telle interview où le nouvel archevêque de Malines-Bruxelles Mgr Luc Terlinden a notamment déclaré ceci: "On reproche parfois aux évêques belges de ne pas assez réagir, mais s’ils devaient le faire chaque fois que quelque chose va à l'encontre de l'enseignement de l'Eglise, ils pourraient publier un communiqué toutes les semaines, si pas tous les jours" [2]. Certes, mais encore faut-il prendre en compte le niveau où se situe ce "quelque chose". Une énormité proférée par un théologien obscur, un journaliste ignare ou un curé de paroisse un peu gâteux n'aura pas une portée méritant que s'en inquiètent ceux qui ont pour mission d'être les gardiens de la foi. Il en va tout autrement si les mêmes errements ont pour auteurs un directeur de séminaire, voire un évêque (cela arrive) ou, dans le cas présent, le responsable – engageant toute sa communauté par surcroît – d'une université organiquement liée à l'Eglise et qui affirme toujours, quand elle se définit, que "la tradition chrétienne" constitue "un patrimoine vivant, moteur d'un pluralisme original, au bénéfice et dans le respect de toutes et tous, quelles que soient leurs convictions personnelles" [3].

     

    [1] http://www.belgicatho.be/archive/2023/05/27/ucl-le-masque-est-tombe-6445131.html.

    [2] La Libre Belgique, 24-25 juin 2023.

    [3] "UCLouvain. Missions, vision, valeurs", https://uclouvain.be/fr/decouvrir/missions-vision-valeurs.html.

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  • D'abortiste à convertie : quand la foi déplace les montagnes

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    De Tommaso Scandroglio sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    D'abortiste à convertie : quand la foi déplace les montagnes

    Amaia Martinez Lopez est devenue Maria de Himalaya après sa rencontre avec le Christ, parce que la foi peut déplacer des montagnes, même celles qui pèsent sur nos cœurs. Voici son histoire extraordinaire. 

    23_10_2023

    Amaia Martinez Lopez est devenue Maria de Himalaya après sa rencontre avec le Christ, parce que la foi peut déplacer des montagnes, même celles qui pèsent sur nos cœurs. On peut trouver sur le web plusieurs de ses discours où elle raconte sa conversion. Nous en avons choisi un, datant d'avril dernier.

    Née en 1973 dans une famille non croyante, à l'adolescence elle fait de sa liberté - selon sa propre expression - "une apostasie de Dieu". Elle devient infirmière et rejoint les rangs des féministes : elle partage avec elles l'idée que les femmes doivent avoir la maîtrise absolue de leur corps, sans se soucier des conséquences de ce choix.

    Elle est ensuite employée dans une clinique privée pratiquant l'avortement à Bilbao, en Espagne. Devenue kinésithérapeute, elle ouvre elle-même une clinique privée et connaît un succès professionnel considérable qui, comme elle l'avoue, ne donne pas de sens à son existence.

    Maria de Himalaya, marquée par son rôle actif en procurant des avortements, a réalisé plus tard, une fois convertie, que le monde d'aujourd'hui est un grand camp d'extermination d'enfants et de femmes parce que, si on enlève la maternité aux femmes, on leur enlève la vie. C'est un camp d'extermination parce qu'ils exterminent la liberté de penser, d'avoir une opinion, de contredire. Mère Teresa de Calcutta a dit un jour qu'il n'y a pas de pays plus pauvre que celui qui a légalisé le meurtre d'innocents par peur et par égoïsme. Un camp de concentration sans barbelés parce que les gens sont esclaves de la pensée unique, même s'ils se sentent libres. Ceux qui se rendent compte de l'existence de cet esclavage sont persécutés.

    Maria poursuit en révélant que d'infirmière, elle est devenue sadique et que les médecins avec lesquels elle travaillait sont devenus des bourreaux. Elle s'est mariée, mais le vide intérieur ne lui a laissé aucun répit. En chacun de nous, dit-elle, il y a une blessure : celle de ne pas se sentir aimé. Elle a cherché l'amour dans sa profession, parmi ses amis, auprès de son mari, mais ne l'a pas trouvé.

    Martinez Lopez est une athlète qui parcourt des distances allant jusqu'à 160 km en montagne et qui a remporté de nombreuses compétitions. Elle admet qu'elle s'est adonnée au sport pour combler le vide de ne pas se sentir aimée et de ne pas pouvoir aimer. Et elle précise : le symptôme le plus singulier d'une avorteuse est l'incapacité d'aimer et de se laisser aimer. La course à pied était une façon de cacher ce qu'elle avait fait. Elle a couru parce qu'elle pensait que la course lui rendait une certaine dignité. Mais c'était une illusion. Une semaine après les courses, le non-sens revenait en elle et alors, comme une droguée, elle s'inscrivait à des courses encore plus éprouvantes. Mais cela ne sert à rien : ses compagnons de route s'appellent désormais anorexie, boulimie, crises de panique, automutilations.

    Le 11 janvier 2017, après 28 ans de relation, son mari l'abandonne. Et tout s'écroule sur elle : la carrière réussie de superwoman, riche, talentueuse dans le sport s'efface d'un seul coup. Tout s'est écroulé parce que tout était construit sur de la boue. La nuit qui a suivi le départ de son mari, elle a clairement entendu une voix intérieure, qui, comme Maria a tenu à le préciser, se manifeste lorsque nous sommes prostrés par le chagrin, une voix démoniaque. Cette voix lui murmurait : "Personne ne t'aime et c'est pour cela que tu es seule. Tu es mauvaise. Et il n'y aura personne pour t'aider".  Réponse de Marie : "Et je l'ai crue. J'ai alors demandé à cette voix ce qu'il fallait faire. Elle m'a dit : 'Prends ta vie. Là, tu trouveras la paix, alors tu résoudras tout'".

    Un certain temps s'est écoulé jusqu'à ce que Maria décide d'en finir. Un jour, elle prit les clés de sa voiture avec l'intention de sortir et de se suicider. Les clés en main, elle s'est allongée un moment dans son lit et l'un des deux chiens qu'elle possédait lui a sauté sur les jambes. Elle ne pesait que 40 kilos, car l'un des moyens qu'elle avait imaginés pour mettre fin à ses jours était d'arrêter de manger. Elle ne mangeait qu'un bol de lait et d'avoine par jour. Maria raconte qu'elle ne pouvait pas bouger avec ce gros chien sur elle. Elle a essayé de le faire bouger, mais rien n'y a fait. Finalement, épuisée, elle s'est endormie. Elle a été réveillée par un appel téléphonique d'un ami népalais qu'elle avait rencontré il y a quelque temps lors d'une compétition au Népal. L'ami lui a dit qu'il y avait eu un tremblement de terre et que, pour atteindre certains villages, on avait besoin d'agents sanitaires de montagne expérimentés, comme elle l'était. Après un tremblement de terre en montagne, raconte toujours Maria, il est dangereux de marcher car le sol et les rochers sont tous instables. Il est très facile de glisser et de mourir. Et elle s'est dit : "Parfait !

    Elle est partie le 8 mai 2017 au Népal avec l'idée d'y mourir. Un jour, bloquée par une mousson, elle voit apparaître deux Missionnaires de la Charité de Mère Teresa. Maria confie : "Je détestais beaucoup de choses, y compris l'Église catholique. Mais par-dessus tout, je détestais Jean-Paul II et Mère Teresa de Calcutta". L'une des sœurs s'est approchée d'elle, souriante et rayonnante, et lui a pris le bras avec force, lui demandant de se rendre à un certain endroit. Elle lui a répondu de ne pas la toucher et qu'elle n'allait nulle part. Les deux sœurs sont parties en prenant un bus. Quelque temps plus tard, la religieuse lui révéla que depuis un an, les sœurs suppliaient Mère Teresa de leur fournir un kinésithérapeute bénévole, car la communauté en avait besoin.

    Cette nuit-là, Maria n'a pas pu dormir car elle entendait constamment une voix lui dire qu'elle devait se rendre à l'endroit indiqué par la religieuse. Le lendemain matin, elle se rend à cet endroit, frappe à une porte et la même religieuse que la veille vient lui ouvrir. Elle n'a pas beaucoup ouvert la porte parce qu'elle avait peur d'elle. Comme la religieuse l'a raconté plus tard, elle avait vu l'enfer dans les yeux de Maria la veille. La sœur lui a demandé de revenir le lendemain pour assister à la Sainte Messe. Entendre cette demande lui donna presque de l'urticaire. Mais elle y est allée.

    Maria a dit que les neuf sœurs présentes dans la chapelle rayonnaient de lumière, de paix et de bonheur. Comme il n'y avait pas de chaises, elle s'est accroupie contre un mur. Lorsque la messe a commencé, Maria a entendu une voix masculine très aimante et miséricordieuse. Son souffle est devenu court et son cœur s'est mis à battre à tout rompre. La voix lui dit : "Bienvenue à la maison". Elle a ouvert les yeux et s'est dit : "Ce n'est qu'un cirque chrétien. On verra quand ils mourront et qu'ils se rendront compte qu'il n'y a rien de ce qu'ils avaient cru". Elle ferma à nouveau les yeux et sa voix revint : "Bienvenue à la maison. Combien de temps as-tu mis à m'aimer ?".

    Elle ouvrit les yeux et la chapelle fut remplie d'une lumière si intense que les silhouettes des autres personnes étaient comme phagocytées par cette même lumière. Marie dit alors qu'elle a vu Jésus descendre de la croix, qui lui a souri et l'a regardée avec une profondeur infinie. "J'ai vu l'amour". Marie a répondu à Jésus qu'elle n'avait pas foi en lui. Jésus lui sourit encore plus. Elle tombe alors de sa position accroupie sur le sol. Devant ses yeux, toutes les images de son existence ont commencé à défiler et elle a réalisé que c'était peut-être le dernier jour de sa vie.

    Elle s'est mise à pleurer et à demander pardon. "J'étais enfin libre".  En ouvrant les yeux, elle se rend compte que les neuf sœurs prient autour d'elle, croyant qu'elle est sur le point de mourir, tant son corps est froid.

    Maria a ensuite révélé que, dans le passé, chaque fois qu'elle regardait ses mains, elle les voyait tellement barbouillées de sang qu'elle devait les laver compulsivement, un sang qui n'était visible que pour elle. C'était le sang des bébés avortés. Aujourd'hui, elle voit ses mains encore barbouillées de sang mais réalise que c'est le sang de l'Agneau de Dieu.

    La véracité des locutions intérieures et des visions sera examinée par l'Église si nécessaire. Mais ce qui est certain, c'est que "mon fils que voici était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et il a été retrouvé" (Lc 15,24).

  • Le pape François et les limites de la synodalité

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    D'Andrea Gagliarducci sur le Monday Vatican :

    Le pape François et les limites de la synodalité

    23 octobre 2023

    Le changement de dernière minute du calendrier de l'assemblée du Synode a montré un avantage et une limite de la synodalité. L'avantage est que l'écoute conduit aussi à modifier les décisions et à redéfinir ce qui était prévu. La limite est que, de cette manière, il ne semble pas y avoir, ni ne peut y avoir, de projets à long terme. Tout reste provisoire, instantané, indéfini, et seule une personne d'une hiérarchie supérieure peut véritablement remettre de l'ordre. Ainsi, alors que tout le monde s'écoute, c'est le pape, et lui seul, qui peut prendre des décisions, en ramenant tout à lui.

    C'est d'ailleurs ce que le pape François a toujours fait jusqu'à présent. Le Conseil des cardinaux s'est souvent réuni, mais le pape a pris des décisions de réforme avant les réunions, où il les a présentées après coup, ou même soudainement, comme lorsqu'il a publié à la surprise générale le texte de la constitution apostolique Praedicate Evangelium.

    C'est d'ailleurs un style de gouvernement qui a été testé lors du Consistoire de 2022. Pour la première fois depuis le début du pontificat, le pape François a voulu que les cardinaux se réunissent pour discuter entre eux, et la discussion a porté sur la réforme de la Curie. Mais les cardinaux ne pouvaient pas s'exprimer en assemblée générale. Ils ont été divisés en groupes linguistiques. Certains ont été contraints de remettre leur discours.

    La méthodologie de ce synode est similaire. Les pères synodaux sont immédiatement divisés en cercles plus petits, en groupes de 11 ou 12 personnes. Chaque cercle ne discute cependant que d'un seul des "sous-thèmes" des modules dans lesquels la discussion a été divisée scolairement, et lorsqu'il passe au module suivant, il ne discute que d'un seul module, et ainsi de suite. En fait, personne n'a vraiment une vision globale du débat, mais chacun a une vision d'une partie particulière du débat qui a eu lieu dans son cercle.

    Bien sûr, le Pape est toujours au centre, mais le point est précisément celui-ci : le Pape ne doit pas faire partie du processus synodal, mais il est appelé à garantir l'unité. L'unité est réalisée lorsque chacun a une vision complète, et non partielle, des débats.

    Cette situation permet, d'une certaine manière, la formation de lobbies de communication organisés qui tendent à manipuler les situations à leur avantage. La campagne pour l'inclusion des LGBT a bénéficié de la nouvelle selon laquelle le Pape a rencontré le cofondateur et le personnel de New Ways Ministry, la campagne pour une "structure plus synodale de l'Église" a été menée par des journalistes progressistes allemands et latino-américains qui soutiennent une réforme de l'Église également en termes de démocratisation, et ainsi de suite. Tout le monde peut dire quelque chose sur le Synode parce que le Synode sur la communion, la mission et la participation est né sans direction, mais avec l'intention claire de faire parler tout le monde.

    Non, ce n'est pas un talk-show, ni un Parlement - le préfet de la communication Ruffini le répète toujours - mais l'impression que l'on a est précisément celle d'un lieu où l'on discute sans décider. En effet, le Synode n'aura pas de pouvoir décisionnel, mais seulement consultatif.

    Que veut donc le pape ? Réunir un grand Parlement et prendre ensuite ses propres décisions, tout en donnant l'impression que tout a changé ?

    La question est légitime, si l'on considère que le pape François lui-même a dit que la "synodalité" (ou la "vie de l'Église", comme le Secrétariat général du Synode préfère l'appeler) n'était que le deuxième thème choisi pour le Synode, le premier étant la question du sacerdoce.

    Pourquoi donc le pape François a-t-il choisi de parler de synodalité ? Cette question est également légitime. L'ouverture présumée de cette réunion synodale, qui comprend toutefois une élite sélectionnée de l'Église, donne à beaucoup l'impression de pouvoir participer pour la première fois aux décisions de l'Église. Mais cet aspect, sur lequel on insiste beaucoup, pose déjà quelques problèmes.

    L'Église, en effet, n'est pas une structure démocratique, où chacun doit avoir une voix et où ceux qui ont une voix doivent se sentir satisfaits. Ce n'est pas un lieu où l'on pense à obtenir des parcelles de pouvoir et de responsabilité. Il s'agit plutôt d'une assemblée où l'on sert, et où l'on sert en fonction de ses compétences, sans distinction de sexe, de race et de sexualité.

    La crise sous-jacente à ce Synode est une crise de la foi, qui entraîne une crise culturelle. Dans la pratique, le débat au Synode a atteint le paradoxe positiviste : tout est analysé partie par partie, mais on perd la vision d'ensemble et on risque de faire des dégâts. Avant, l'idée était de faire une analyse globale et ensuite d'aller dans les détails.

    Avec le Concile Vatican II, on a essayé de partir du particulier pour arriver à l'universel, et les constitutions conciliaires sont un vrai joyau en ce sens. Mais c'est un joyau parce que le particulier est invariablement devenu universel, et non l'inverse, et qu'il l'est devenu avec le soutien d'un projet culturel qui semble aujourd'hui manquer.

    Que fait-on, en effet, quand on a plus d'opinions que d'idées ? On choisit des thèmes populaires et populistes, comme l'accueil des migrants, la question de la communion pour les divorcés-remariés, l'idée d'un changement de doctrine, même si ce changement n'arrive jamais.

    La culture, quant à elle, permet un sens commun dans le débat, ainsi qu'une compréhension contextualisée des faits. Elle n'évite pas les divisions, mais permet aux divisions de s'absorber et de se comprendre. La culture est synodale.

    C'est une crise de la foi qui naît du fait que la foi catholique n'est connue que par la tradition ou les préjugés. C'est une crise de foi qui affecte les prêtres et, par conséquent, les évêques. C'est une crise de la foi qui est enregistrée dans les chiffres de la participation à la messe - de plus en plus bas, ce qui est également un signe de mauvais soins liturgiques.

    La synodalité, cependant, ne se donne pas le temps de la construction culturelle. Obsédé par la réponse à l'ici et maintenant, le Synode se retrouve à discuter de divers sujets et à devoir inclure tout le monde, tout en changeant le calendrier pour donner plus de discernement aux pères synodaux. Ou bien le Secrétariat général du Synode a-t-il besoin de discernement ?

    La synodalité est une limite, et pratiquée de cette manière, elle a une limite encore plus grande. Il y a une forte fragmentation, et cela peut vraiment conduire à une Église qui se replie sur elle-même et sur quelques grands thèmes, en perdant de vue le débat commun.

    Pourtant, le moment est venu de reconstruire. Pas à partir du Synode, sans doute, car celle du Synode risque de devenir une dictature de la majorité. Mais il faut reconstruire. D'autre part, l'Apocalypse demandait : "Quand le Fils de l'homme reviendra, trouvera-t-il la foi sur cette terre ?"

  • Déclin de la pratique sacramentelle en Amérique Latine

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    De Luke Coppen sur The Pillar :

    Étude : Les sacrements en déclin en Amérique latine

    21 octobre 2023

    Une nouvelle étude majeure sur l'Église catholique en Amérique latine a mis en évidence une baisse du nombre de baptêmes et d'autres sacrements.

    Le rapport de 286 pages, publié par le Conseil épiscopal d'Amérique latine et des Caraïbes (CELAM), indique que le nombre de baptêmes annuels est passé de 8 197 000 en 2000 à 5 135 000 en 2020. Les confirmations et les mariages catholiques ont également diminué de façon constante au cours de la même période.

    Les tendances mises en évidence dans le document "La mission de l'Église dans les pays d'Amérique latine" sont significatives pour l'Église universelle, puisque 41 % des catholiques du monde vivent en Amérique latine et dans les Caraïbes. Le nombre de catholiques baptisés dans la région est environ le double de celui de l'Europe et de l'Afrique, quatre fois celui de l'Asie et six fois celui de l'Amérique du Nord. L'Église est également dirigée pour la première fois par un pape originaire d'Amérique latine.

    Dans l'avant-propos, l'archevêque Jorge Eduardo Lozano, secrétaire général du CELAM, a déclaré : "La diminution du nombre de baptêmes et d'autres sacrements, tels que les confirmations et les mariages, soulève également des questions sur la sacramentalité dans la région. L'Église doit prendre en compte les réalités culturelles et sociales changeantes de l'Amérique latine et des Caraïbes".

    Dans la conclusion du rapport, les auteurs écrivent : "Il est possible de conjecturer que le nombre de catholiques dans la région, approximé sur la base du nombre de baptêmes administrés par an, diminuera dans un avenir proche en raison de la conjonction de deux tendances : le ralentissement de la croissance démographique et la baisse du nombre de baptêmes administrés annuellement". 

    "Si la tendance qui semble s'être installée dans les quatre régions d'Amérique latine se poursuit, surtout depuis le début du nouveau millénaire, rejoignant celle enregistrée en Europe et en Amérique du Nord depuis les années 1970, la baisse du nombre de catholiques est un scénario assez proche, et leur poids relatif par rapport à la population diminuera progressivement plus encore que leur nombre absolu."

    Les auteurs notent que, parallèlement à la diminution des sacrements administrés, on observe également un affaiblissement généralisé de l'affiliation catholique, ce qui semble "indiquer une perte de poids de l'Église catholique dans la population latino-américaine, une distanciation par rapport à l'institution". 

    "Peut-être s'agit-il d'un lien différent, moins médiatisé par le sacrement ; une conjecture qui devrait être examinée dans des études ultérieures", écrivent-ils.

    Le rapport n'est pas dépourvu de bonnes nouvelles. Il indique que le nombre de prêtres dans la région de l'Amérique centrale et du Mexique a doublé, passant de 10 957 à 22 016 en 2020.

    L'étude indique également que le nombre de séminaristes en Amérique latine a augmenté entre 1970 et 2005, mais a ensuite commencé à diminuer, pour revenir en 2020 à un niveau similaire à celui de 1990.

    L'archevêque Lozano, qui dirige l'archidiocèse argentin de San Juan de Cuyo, a déclaré que "la diminution du nombre de séminaristes pose des défis pour l'avenir en ce qui concerne le nombre de prêtres et le soin pastoral des communautés".

    Le rapport souligne également une tendance à la baisse du nombre de religieuses, observée d'abord dans la région du cône sud du CELAM, puis, entre 2005 et 2010, dans la région Amérique centrale et Mexique, la région Caraïbes et Antilles, et la région Andine.

    "La vie consacrée, tant masculine que féminine, a été un pilier important de l'Église en Amérique latine, assurant une présence missionnaire constante et un service social précieux à travers ses œuvres", a écrit Mgr Lozano, secrétaire général du CELAM depuis avril dernier.

    "Cependant, la vie religieuse féminine a diminué, ce qui soulève des questions quant à l'avenir de ces œuvres et à leur impact sur les communautés les plus vulnérables.

    Le rapport analyse les tendances par région et les évolutions au sein des 22 conférences épiscopales membres du CELAM.

    Mgr Lozano a déclaré que l'étude offrait "une vision complète et détaillée de la présence et de l'action de l'Église catholique en Amérique latine". 

    "Grâce aux données et aux analyses présentées, nous sommes invités à réfléchir et à rechercher des stratégies pastorales qui permettront à l'Église de faire face aux défis futurs", a-t-il écrit. "La mission d'évangélisation de l'Église dans cette région culturellement et spirituellement diverse reste vitale, et nous devons être prêts à nous adapter et à répondre aux besoins changeants de nos fidèles".

  • Le sort des chrétiens chinois reste inquiétant

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    De la chaîne AMEN sur youtube :

    La Chine est un des pays les plus peuplés mais surtout les plus puissants du monde. Son influence sur le monde est considérable et son emprise sur le commerce international est immense. Malgré son occidentalisation, le rapport de la Chine à la religion reste particulièrement tendu. Aujourd'hui, on vous parle de la situation des chrétiens dans ce pays. 

  • "Le totalitarisme revient sous une forme paradoxale"

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    Du blog "Pour une école libre..." :

    Le Totalitarisme sans le goulag, le nouveau livre de Mathieu Bock-Côté


    Les Occidentaux ont voulu se faire croire après la chute du communisme que l’histoire du totalitarisme était derrière eux, qu’elle ne les concernait plus. Au pire redoutaient-ils l’apparition d’un totalitarisme doux, à visage humain, mais ils ne le croyaient pas vraiment, ne le prenaient pas au sérieux. Et pourtant, le totalitarisme revient. Dans l’incrédulité générale, puisqu’il revient sans goulag, car il n’en a plus besoin. Et il revient sous une forme paradoxale.

    Nos sociétés veulent croire que ce qu’elles appellent « l’extrême-droite » les menace existentiellement, comme si elle sortait des enfers pour les y ramener avec elle.

    Cette catégorie politique fantomatique, indéfinissable, manipulée et instrumentalisée, sert essentiellement à étiqueter tous ceux qui s’opposent au régime diversitaire. Mais pas seulement : toute personnalité de gauche n’adhérant pas à la doxa ambiante est désormais frappée de cette marque de l’infamie.

    La lutte contre la prétendue « extrême-droite » justifie aujourd’hui une suspension progressive des libertés, le retour de mécanismes d’ostracisme et un contrôle social croissant, prétendant éradiquer le mal du cœur de l’homme. En d’autres mots, ce n’est pas « l’extrême-droite » qui nous menace, mais la lutte contre « l’extrême-droite » qui nous conduit au totalitarisme. Je sais cette thèse contre-intuitive. Je me donne la mission ici de la démontrer.

    Mathieu Bock-Côté
    Le retour de la question totalitaire
     
    Introduction :

    Je crains la réalisation généralisée de l’utopie.

    Eugène Ionesco


    Il y a quelques années à peine, ceux qui annonçaient un retour de la tentation totalitaire au cœur du monde occidental passaient pour d’inquiétants illuminés, ou pour des soldats perdus de la guerre froide, ignorant que le communisme s’était effondré, qu’il était mort et enterré, ou ne parvenant pas à en faire leur deuil, car ayant toujours besoin d’un grand Satan à combattre. Certes, l’islamisme était un totalitarisme, mais il venait de loin, et ne surgissait pas à la manière d’une pathologie propre à notre civilisation. Dans sa forme violente, il relevait moins du combat des idées que de la lutte antiterroriste. Dans sa forme pacifique, il exigeait un redressement existentiel des sociétés occidentales, invitées à renouer avec leurs idéaux, pour tenir tête à sa dynamique conquérante. Ils furent pourtant nombreux dès les années 1990 à s’inquiéter d’une forme nouvelle d’asservissement idéologique : ils ne furent pas vraiment pris au sérieux. Les conservateurs inquiets qui croyaient reconnaître la renaissance du totalitarisme dans ce qu’on a commencé à appeler le politiquement correct étaient accusés de s’épouvanter devant des faits divers marginaux, sans ancrage dans la réalité. Ils verseraient dans des « paniques morales », cherchant désespérément dans les aléas de la vie universitaire de quoi alimenter leur vision épouvantée de la modernité. Ceux qui insistèrent un peu trop s’attirèrent une réputation de radicaux, d’extrémistes nauséabonds et sulfureux : la mouvance national-conservatrice, grande maudite des années 1990, annonçait aussi l’avènement d’un nouveau totalitarisme, dont elle serait la première victime. Enfermée dans son ghetto, extrême-droitisée, prisonnière de l’étiquette diabolisante qu’on lui collait, elle ne parvenait qu’à convaincre les siens. Le totalitarisme, pathologie politique propre à la modernité, ne nous concernerait plus. De l’URSS, il ne resterait plus que de vieux restes, babioles et colifichets pour antiquaires. On aurait jugé biscornue l’idée voulant que les sociétés occidentales poursuivent à leur manière l’histoire du communisme par d’autres moyens.

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  • Vers un monde sans enfants ?

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    De Judikael Hirel sur la Sélection du Jour :

    Demain, un monde sans enfants ?

    Nous dirigeons-nous vers un monde, une France sans enfants ?

    Les chiffres parlent hélas d'eux-même... D'une part, la chute de la natalité se poursuit en France, avec une baisse de 7 % du nombre de naissances au cours des sept premiers mois de 2023, par rapport à la même période en 2022. D'autre part, le nombre d'avortements a historiquement augmenté en 2022, atteignant son plus haut niveau depuis trente ans, culminant à 234 300 IVG pratiquées l'an passé. Il faut dire que la mode ne semble pas aux familles nombreuses, voire aux familles tout court. Les Unes de magazines sur le sujet se multiplient, outre-Atlantique comme en France : plus personne, ou presque, ne voudrait avoir d'enfant. Dans Le Monde, la vétérinaire Hélène Gâteau explique comment elle a préféré avoir un chien qu'un enfant. Selon elle, « une femme sans enfant est déjà mise dans une case, si en plus elle affirme préférer avoir un chien, c'est la double peine ». Le très branché magazine Society fait carrément sa une sur « faut-il être fou pour avoir des enfants ? », « Pas d'enfant, pas de problème », titre le magazine. Ceux que l'on appelle les « childfree » seraient, selon toutes les études, les adultes les plus épanouis du monde actuel ».

    Si l'on se fie à un sondage IFOP réalisé en 2022 pour le magazine Elle, 30 % des Françaises entre 18 et 49 ans se diraient concernées par cette « infécondité volontaire ». Il était sans doute important de trouver une nouvelle façon de dire « ne pas vouloir avoir d'enfants »Dans ce sondage choc, on apprend que 13 % des sondées disent ne pas vouloir d'enfant. À la même question, en 2006, elles n'étaient que 2 %… Qui répond cela ? Les plus jeunes, les parisiennes, les plus féministes, les militantes EELV et les personnes aux revenus les plus faibles. Ce choix de ne pas avoir d'enfants semble se diffuser. Et si tel n'était pas le cas, on l'y aide, entre témoignages largement médiatisés et désormais programmes scolaires dès le plus jeune âge : en Belgique, les très critiquées séances EVRAS (Éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle) s'intéressent également, au-delà d'une éducation sexuelle non hétéronormée dès le plus jeune âge, aux normes de la société, à la « santé sexuelle et reproductive ». Ainsi, le thème du « désir ou du non-désir d'avoir des enfants » est proposée pour les 9-11 ans, le professeur devant parler durant ces séances de « la parentalité » et de « la pression sociale ».

    Pendant ce temps, outre-Atlantique, les projections de Morgan Stanley parlent de 45 % de femmes célibataires et sans enfant en 2030. « Notre culture nous dit qu'une femme célibataire et sans enfants est autonome et responsable de sa propre vie, explique ainsi le Washington PostEn échappant au fardeau inutile d'élever une famille et d'être l'esclave de son mari. C'est du moins ce dont notre société nous a convaincu. Malheureusement, de nombreuses femmes ont adopté le mode de vie féministe moderne et ont choisi d'avorter si elles tombent enceintes de manière inattendue et de renoncer au mariage. Mais ces tendances culturelles vont avoir un impact considérable sur l'avenir de la société américaine. » Ainsi, le nombre de femmes célibataires aux États-Unis devrait augmenter de 1,2 % chaque année entre 2018 et 2030. Il semble qu'il y aura de moins en moins de mères au cours des deux prochaines décennies aux États-Unis, celles-ci choisissant de se concentrer sur leur travail plutôt que de fonder une famille.

    Reste la question de fond : pourquoi soudain ne plus vouloir d'enfant ? Aux yeux de certains, stress climatique oblige, les raisons écologiques (surpopulation, peur de laisser un enfer sur terre à leur progéniture), priment même désormais sur les raisons financières et familiales. Mais, à l'heure actuelle, entre inflation, charges excessives et revenus insuffisants, avoir un enfant, et plus encore une famille nombreuse, devient hélas un luxe. La faute à l'absence totale de politique pro-famille en France depuis les années Hollande, peut-être ? Si l'on donnait aux parents potentiels les moyens d'avoir autant d'enfants qu'ils en rêveraient, les résultats des sondages seraient sans aucun doute bien différents.

    Mais les raisons hédonistes de ne pas avoir d'enfants ne manquent pas non plus. Ne leur dites pas qu'ils sont individualistes, égocentriques, égoïstes... Ces non-parents par choix se disent avant tout adeptes de développement personnel, d'épanouissement de soi. Un état plus facile à réaliser, c'est certain, quand on n'a qu'à s'occuper que de soi. D'ailleurs, cette quasi détestation sociale de l'enfant se répand. Elle mène également à l'apparition de zones réservées aux adultes, ou plus prosaïquement interdites aux petits, synonymes de bruit, de décors. Hôtel, restaurants, parcs, et maintenant compagnies aériennes… Ces allergiques aux enfants auront le plaisir, au passage, de payer plus pour ne pas voir de petits. « Quand je fais la liste des pour et des contre, je vois tous les désavantages à avoir un enfant, mais pas les plus », témoigne un converti dans Society. Normal que cela échappe aux égoïstes : on appelle cela l'amour, celui que l'on donne et celui que l'on reçoit.

    Pour aller plus loin :

    13% des femmes ne veulent pas d'enfant

    >>> Lire l'article sur Alliance Vita

  • Rendre à Dieu ce qui est à Dieu (29e dimanche du T.O.)

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    Du Père Joseph-Marie Verlinde fsJ (homelies.fr) :

    Pharisiens et Hérodiens font alliance pour tendre un piège au Seigneur. Les frères ennemis se coalisent pour « prendre en faute » leur adversaire commun « en le faisant parler », lui le Verbe de Dieu. Au moment du procès, interrogé par le grand prêtre, Jésus répondra : « J’ai parlé au monde ouvertement. J’ai toujours enseigné dans les synagogues et dans le Temple, là où tous les Juifs se réunissent, et je n’ai jamais parlé en cachette. Pourquoi me questionnes-tu ? Ce que j’ai dit, demande-le à ceux qui sont venus m’entendre. Eux savent ce que j’ai dit » (Jn 18, 21).

    Nous assistons sous nos yeux à la réalisation de la conspiration prophétisée au livre de la sagesse : « Traquons le juste : il nous gêne, s’oppose à nos actions, nous reproche nos manquements à la Loi et nous accuse d’être infidèles à notre éducation. Il déclare posséder la connaissance de Dieu et il se nomme enfant du Seigneur, il se vante d’avoir Dieu pour père. Voyons si ses paroles sont vraies et vérifions comment il finira » (Sg 2, 12-17).

    Le discours faux de ces renards commence paradoxalement par annoncer la vérité : « Tu es toujours vrai et tu enseignes le vrai chemin de Dieu » ; la flatterie du menteur a pour but de faire glisser jusqu’au piège le malheureux qui se laisse séduire par ses propos mal intentionnés.

    La question sur laquelle débouche cette entrée en matière est particulièrement perverse : si Jésus répond positivement, il va dans le sens des Hérodiens, collaborateurs de l’occupant, et sera dès lors accusé de traître par les Pharisiens ; s’il invite à refuser de payer l’impôt, il abonde dans le sens des Pharisiens, mais se met les Hérodiens à dos, qui auront beau jeu de le dénoncer aux Romains.

    Jésus, connaissant l’intention de ses interlocuteurs, dévoile d’emblée leur hypocrisie et dénonce leur mauvais desseins. Coupant court aux flatteries mensongères, il prend ses opposants en flagrant délit de duplicité puisqu’ils portent sur eux la monnaie de l’impôt, portant l’effigie de l’Empereur et une légende qui s’adresse à lui comme à une divinité. Autant dire qu’un juif pieux n’était pas supposé la posséder ; c’est d’ailleurs la raison pour laquelle des changeurs se tenaient dans la cour du Temple, car l’argent romain était considéré comme idolâtrique et ne pouvait par conséquent entrer dans le Temple. La preuve est ainsi faite que les interlocuteurs de Jésus ne se posaient guère de problèmes moraux et n’attendaient rien de cet interrogatoire, si ce n’est un motif d’accusation.

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  • "Les césars changent, Dieu demeure"

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    Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe à St Germain de l’Auxerrois (source)

    Saint-Germain de l’Auxerrois (1er) - (archive 18 octobre 2020)

    - 29e dimanche du temps ordinaire – Année A

    - Is 45,1.4-6 ; Ps 95, 1.3-5.7-10 ; 1 Th 1,1-5 ; Mt 22,15-21

    « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » (Mt 22,21).

    Cette parole du Christ a traversé l’histoire. Pour beaucoup d’analystes, elle a permis de séparer le temporel du spirituel, ce qui vient des hommes et ce qui vient de Dieu. Les affaires publiques et la chose privée. En réalité, l’histoire nous enseigne que ce n’est pas aussi simple.

    Des gouvernants et des rois ont voulu gérer les affaires de l’Église. Constantin au concile de Nicée, Charlemagne pour résoudre la question épineuse du filioque, l’empereur d’Allemagne Henri IV pour nommer les évêques à la place du Pape, Henri VIII d’Angleterre… A contrario, des hommes d’Église se sont piqués de gouverner les états ou de s’immiscer dans leurs affaires.

    Cette question aujourd’hui se pose particulièrement avec l’extension du salafisme. Certains sondages nous révèlent qu’une majorité de musulmans préfèrent obéir à la charia plutôt qu’aux lois de la République. Et nous alors, les chrétiens ?

    Il y a une tradition portée par saint Paul et saint Pierre dès le début du christianisme. D’un côté, ils demandent le respect de l’autorité, la participation citoyenne et l’obéissance aux lois du pays dans lequel vivent les chrétiens (Rm 13, 1 ; 1Tm 2, 1-2 ; 1P 2, 13-14).

    En même temps, la tradition catholique valorise le primat de la conscience. Saint Pierre écrit : « Il vaut mieux obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Ac 5, 29). Ainsi les premiers chrétiens ont refusé d’adorer l’empereur de Rome comme un dieu. Ils l’ont payé de leur vie.

    Aujourd’hui encore, il est légitime de faire valoir son droit à l’objection de conscience chaque fois qu’il apparaît une injustice inacceptable. Cette objection est même un devoir. Ainsi s’exprime l’encyclique de saint Jean Paul II L’Évangile de la vie (73). Le 2e procès de Nuremberg a opposé ce principe en réponse aux médecins des camps qui invoquaient leur obéissance aux ordres pour justifier leur attitude. Il n’est pas acceptable de poser un acte contraire à sa conscience, comme pratiquer un avortement pour un médecin qui a intégré le serment d’Hippocrate dans lequel est écrit le respect de toute vie : « Je ne donnerai pas de pessaire abortif ». Alors, que penser ?

    Écoutons Jésus répondre à Pilate qui pense avoir le droit de vie et de mort sur lui : « Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi s’il ne t’était donné d’en haut » (Jn 19, 11). Encore une fois il s’agit du principe de subsidiarité. Dieu permet à un homme de gouverner parce qu’il entre dans ses projets, comme Cyrus le roi de Perse dans la première lecture. Ce dernier doit exercer son rôle pour le bien de tous et doit être respecté. En revanche, s’il outrepasse sa fonction et contrevient au bien commun, ses décisions deviennent invalides. Le bien commun, différent de l’intérêt général qui peut supporter le sacrifice du plus faible, peut être recherché indépendamment d’un lien conscient à Dieu puisqu’il s’agit du bien de chacun, personnellement et ensemble. Les chrétiens, inspirés par l’amour de Dieu, y sont particulièrement sensibles. Ils peuvent et doivent s’engager dans la chose publique (res publica) au service du bien de tous. Mais il convient que jamais ils n’oublient que la source de leur action vient de Dieu qui est Amour. Si nos pièces de monnaie sont à l’effigie de l’un ou l’autre César d’aujourd’hui, nous sommes nous, et pour toujours, à l’effigie de Dieu. Les césars changent, Dieu demeure.

    +Michel Aupetit, archevêque de Paris.

  • Que prépare le Synode ? ("Club des Hommes en Noir")

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    Du site de l'Homme Nouveau :

    Que prépare le Synode ?

    Peut-on faire un premier bilan du synode sur la synodalité ? Allons-nous vers un changement de doctrine ou une simple évolution de la gouvernance de l’Église ? Quels sont les véritables enjeux de cette rencontre et répond-elle à un agenda précis ?

    Pour répondre à ces questions et à beaucoup d’autres, Philippe Maxence reçoit l’abbé Claude Barthe, l’abbé Marc Guelfucci, le Père Jean-François Thomas et Jeanne Smits.

  • Statistiques 2023 : augmentation globale du nombre de catholiques dans le monde sauf en Europe

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    Une dépêche de l'Agence Fides :

    VATICAN - Statistiques de l'Église catholique en 2023

    Cité du Vatican - (Agence Fides) - À l'occasion de la 97e Journée Mondiale des Missions, qui sera célébrée le dimanche 22 octobre 2023, l'Agence Fides présente comme d'habitude quelques statistiques choisies pour offrir une vue d'ensemble de l'Église dans le monde.

    Les tableaux sont extraits du dernier " Statistical Yearbook of the Church " publié (mis à jour au 31 décembre 2021) et concernent les membres de l'Église, les structures pastorales, les activités dans les domaines de la santé, de l'assistance et de l'éducation. Enfin, un aperçu des districts ecclésiastiques confiés au Dicastère pour l'évangélisation est donné.

    Au 31 décembre 2021, la population mondiale s'élevait à 7.785.769 000 habitants, soit une augmentation de 118.633.000 habitants par rapport à l'année précédente. L'augmentation globale a également touché tous les continents, à l'exception de l'Europe, au cours de cette année.

    À la même date, le 31 décembre 2021, le nombre de catholiques était de 1.375. 852.000, soit une augmentation globale de 16 240 000 catholiques par rapport à l'année précédente. L'augmentation concerne tous les continents à l'exception de l'Europe (-244.000). Comme par le passé, elle est plus marquée en Afrique (+8.312.000) et en Amérique (+6.629.000), suivies de l'Asie (+1.488 000) et de l'Océanie (+55.000).

    Le pourcentage mondial de catholiques a légèrement diminué (-0,06) par rapport à l'année précédente et s'élève à 17,67%. En ce qui concerne les continents, les variations sont minimes.

    Le nombre total d'évêques dans le monde a diminué de 23, passant à 5.340. Le nombre d'évêques diocésains (-1) et d'évêques religieux (-22) a diminué. Il y a 4.155 évêques diocésains et 1.185 évêques religieux.

    Le nombre total de prêtres dans le monde est passé à 407.872 (-2.347). L'Europe (-3.632) et l'Amérique (-963) enregistrent à nouveau une baisse constante. Des augmentations sont enregistrées en Afrique (+1.518), en Asie (+719) et en Océanie (+11). Le nombre de prêtres diocésains dans le monde a diminué de 911 pour atteindre 279 610. Le nombre de prêtres religieux a diminué de 1.436 pour atteindre 128.262.

    Le nombre de diacres permanents dans le monde continue d'augmenter, cette année de 541, pour atteindre 49 176. Les augmentations se sont produites sur tous les continents : Afrique (+59), Amérique (+147), Asie (+58), Europe (+268) et Océanie (+9).

    Le nombre de religieux non prêtres a diminué de 795 pour atteindre 49.774. Des baisses ont été enregistrées en Amérique (-311), en Europe (-599) et en Océanie (-115). Elles augmentent en Afrique (+205) et en Asie (+25).

    La tendance de longue date d'une diminution globale du nombre de religieuses se confirme, atteignant cette fois un chiffre de 10.588 par rapport à l'enquête annuelle précédente. Le nombre total de religieuses est de 608.958. Des augmentations ont à nouveau été enregistrées en Afrique (+2.275) et en Asie (+366), des diminutions en Europe (-7.804), en Amérique (-5.185) et en Océanie (-240).

    Le nombre total de grands séminaristes, diocésains et religieux, a diminué de 1.960 cette année pour atteindre 109.895. Des augmentations ont été enregistrées uniquement en Afrique (+187), des diminutions en Amérique (-744), en Asie (-514), en Europe (-888) et en Océanie (-1).

    Le nombre total de petits séminaristes, diocésains et religieux, a augmenté de 316 pour atteindre 95.714. Il a diminué en Amérique (-372), en Asie (-1.216), en Europe (-144) et en Océanie (-5), tandis qu'il a augmenté en Afrique (+2.053).

    Dans le domaine de l'éducation et de l'instruction, l'Église gère 74.368 jardins d'enfants dans le monde, fréquentés par 7.565.095 élèves ; 100.939 écoles primaires pour 34.699.835 élèves ; 49.868 écoles secondaires pour 19.485.023 élèves. En outre, il suit 2.483.406 élèves de l'enseignement secondaire et 3.925.325 étudiants de l'enseignement supérieur.

    Les institutions sanitaires, caritatives et d'assistance gérées dans le monde par l'Église catholique comprennent : 5.405 hôpitaux, 14.205 dispensaires, 567 léproseries, 15.276 maisons pour personnes âgées, malades chroniques et handicapés, 9.703 orphelinats, 10.567 jardins d'enfants, 10.604 centres de consultation matrimoniale, 3.287 centres d'éducation ou de rééducation sociale et 35.529 autres institutions sociales.

    Il existe au total 1.121 circonscriptions ecclésiastiques dépendant du Dicastère pour l'évangélisation (Section pour la première évangélisation et les nouvelles Églises particulières), selon les derniers changements enregistrés. La plupart des circonscriptions ecclésiastiques confiées au Dicastère se trouvent en Afrique (523) et en Asie (481). Viennent ensuite l'Amérique (71) et l'Océanie (46).
    (Agence Fides 22/10/2023)

    Pièces jointes à la dépêche

  • Liturgie 40 ‒ Les messes pour enfants instituées dans les années 1970, par le Dr Denis Crouan

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    Liturgie 40 ‒ Les messes pour enfants instituées dans les années 1970, par le Dr Denis Crouan (43 mn)

    https://youtu.be/3g2I9jD2d6g  

    Après la première partie du cours qui abordait l'histoire de la liturgie, nous abordons certains points de la théologie de la liturgie.  

    Le catholicisme est la seule religion qui s’applique à adapter ses rites sacrés aux enfants en abaissant ses rites (chants, gestes, prières). Est-ce judicieux ? Une triple erreur est à signaler : 

     Puérilisation (à l’aide d’un mélange disparate d’activités de patronage). Etants pris pour des « puérils », les enfants cessent de pratiquer à l’adolescence. 

    2° Méconnaissance du sens du sacré des enfants : on croit qu’un enfant n’est pas sensible aux rites liturgiques exprimant le mystère et la Transcendance. C’est une erreur. L’âme des enfants est bâttie comme une « âme spirituelle ». 

    3° Une erreur d’ordre pédagogique : la liturgie authentique, vécue au milieu des adultes, accoutume l’enfant à modeler peu à peu sa prière sur la prière de l’Église.  

    Le meilleur moyen de s’adapter aux enfants, c’est l’éducation à la vraie liturgie célébrée dans son intégrité.  

     

    COURS DE LITURGIE, PAR DENIS CROUAN, DOCTEUR EN THEOLOGIE, 2022-2023 

    Pour accéder à la totalité de la playlist :  

    https://www.youtube.com/playlist?list=PLuko328jWH_06CYFfUP8d6v_vzl9f4UbI 

    Institut Docteur Angélique 

    Cours donné par Denis Crouan, docteur en théologie, en entretien interactif avec Arnaud Dumouch. 

    Vidéo du site http://docteurangelique.free.fr/fichiers/InstitutDocteurAngelique.htm, les œuvres complètes en français de saint Thomas d'Aquin. 

    Denis Crouan, denis.crouan@wanadoo.fr; 2022-2023