PMA, GPA, ET LA MÈRE DANS TOUT ÇA ?
Autour du projet de loi (français) de bioéthique et de l’adoption de la « PMA pour toutes », juste avant la GPA, le sujet de la maternité intervient en contrepoint du débat sur l’éviction légale des pères. En effet, si la paternité est touchée par les nouvelles méthodes de procréation, la maternité n’est pas épargnée, mais de quelle façon ? Anne Schaub, psychothérapeute spécialisée depuis 20 ans dans l’analyse et le traitement des mémoires prénatales, tente de répondre à la question pour Gènéthique.
Gènéthique : A une époque où la femme revendique la maitrise de son corps, a-t-elle encore le choix de ne pas avoir d’enfant ? Une femme est-elle en échec, est-ce qu’elle est « défaillante » parce qu’elle n’a pas d’enfant ?
Anne Schaub : L’enfant tout d’abord, est le fruit d’une rencontre. La maternité ne se construit pas seule, elle est naturellement le fruit de la rencontre avec un homme. Aussi, ne l’envisager que du point de vue de la femme est problématique parce qu’elle supprime une étape, celle de la conjugalité, essentielle dans la croissance et le devenir relationnel de tout enfant. L’injonction tacite à l’enfantement rien que pour soi, brûle l’étape de la rencontre avec l’autre, le différent, celui qui confronte la femme et plus tard, l’enfant, à l’altérité. Sans cette étape conjugale fondatrice, l’enfant risque bien de se trouver réduit à un prolongement de la femme elle-même.
Au regard de ce qui dans notre société intime la femme à enfanter, il est important de rappeler qu’une femme peut aussi se réaliser en dehors de l’enfantement, qu’elle porte en elle différentes possibilités de maternité et de fécondité. Un tel appel sollicite l’élan de vie, la créativité. Une femme peut être « enceinte » d’un projet d’écriture, d’un projet culturel ou artistique, humanitaire, éducatif, politique ou que sais-je encore. Si la fécondité d’une femme se réduisait à l’enfantement, que deviendrait-elle quand les enfants grandissent et quittent le nid ?
G : On a érigé l’enfant « désiré » comme préalable à la maternité mais quelles peuvent en être les conséquences pour la mère ?
AS : Jusqu’à peu, l’enfant était l’enfant de la vie, de la rencontre, de la surprise. Maintenant, c’est comme si le désir « conscient » devait précéder l’enfantement et comme s’il était un préalable incontournable voire, impératif. Le désir en soi n’est pas une finalité, au risque d’enjoindre implicitement la femme au message suivant : « Tu l’as voulu, tu l’assumes ». Dès lors, la mère ne peut plus se plaindre, tout doit bien se passer. Tout doit être parfait.