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Actualité - Page 272

  • Eglise en sortie ou sortie de l'Eglise ?

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    De sur le site de la revue Catholica :

    Église en sortie, sortie de l’Église ?

    30 janvier 2023

    Dom Giulio Meiattini, osb, est moine de l’abbaye Madonna della Scala, située à Noci, près de Bari. Il est également professeur de théologie fondamentale à l’Athénée pontifical Saint-Anselme (Rome) ainsi qu’à la Faculté théologique des Pouilles (Molfetta). Il s’est notamment intéressé à l’apport spirituel d’un jésuite et prêtre-ouvrier belge néerlandophone, auquel il a consacré un petit ouvrage intitulé Evangelizzare con l’amicizia. Mistica e missione in Egied van Broeckhoven. Il était donc bien placé pour répondre aux questions que nous lui avons posées, concernant la dérive constatée toujours plus dans l’Église touchant sa mission fondamentale de faire connaître et aimer le Christ Jésus, qui tend aujourd’hui à se réduire à la recherche de « l’amitié » avec le monde hostile contemporain, en mettant sous le boisseau « l’évangélisation ».

    Catholica – Dans une étude sur la relation entre modernité et sécularisation à l’époque victorienne, un universitaire angevin, Jean-Michel Yvard, reprend la thèse de Marcel Gauchet dans Le désenchantement du monde[1], celle d’une « religion de la sortie de la religion », concrètement, d’une récupération laïque du christianisme, spécialement dans les œuvres de charité.

    Dom Giulio Meiattini – La thèse de Marcel Gauchet sur le christianisme comme « religion de la sortie de la religion » n’est pas entièrement nouvelle. Le philosophe marxiste Ernst Bloch, comme le suggère explicitement le titre d’un de ses livres – Atheismus im Christentum, 1968[2] –, avait déjà considéré la révélation biblique, et en particulier l’Incarnation, comme le début d’un mouvement visant à vider le Ciel au profit de la terre des hommes. L’identification johannique de Jésus au Père – « le Père et moi, nous sommes un » – représenterait, selon lui, un tournant dans la vision religieuse du monde : Dieu se faisant homme, l’homme devient Dieu. Ainsi, les attributs divins sont déplacés au sein de l’anthropologie, et au lieu d’une religion du Père, c’est une religion du Fils (comme Freud l’avait déjà suggéré) qui commence, centrée sur l’être humain, sur le « fils de l’homme » amené à sa plénitude. Tel serait, pour Bloch, le germe athée inhérent à la révélation chrétienne, ainsi qu’à une certaine mystique de l’essence (par exemple la mystique de Maître Eckhart) qui tend à faire coïncider le fond de l’âme avec l’essence divine, et vice versa. Il pouvait ainsi prétendre que la transformation de la théologie en anthropologie par Feuerbach n’était rien d’autre que la vérité de la religion de l’Incarnation. Le marxisme athée de Bloch se voulait ainsi, après tout, non pas comme un simple rejet de la foi chrétienne, mais comme une récupération herméneutique radicale de celle-ci afin de la dépasser de l’intérieur.

    Nous trouvons une lecture très similaire chez un autre penseur français, plus récent, Jean-Luc Nancy. Dans son ouvrage Déconstruction du christianisme (Galilée, 2005), il soutient que le monde moderne – avec ses conséquences non seulement athées, mais aussi nihilistes – n’est pas une déviation du christianisme, mais le christianisme poussé dans ses ultimes conséquences. Pour ce philosophe (décédé en 2021), le christianisme est le mouvement même de sa dissolution en tant que religion, car son principe le plus profond est précisément le geste d’une pure et simple « déclosion » en tant que telle – l’Incarnation comme extraversion de Dieu –, une ouverture indéfinie et absolue. Le rapport du christianisme à lui-même serait donc celui d’une sortie indéfinie de soi. Nancy cite explicitement Gauchet, se déclarant en plein accord avec la thèse de base du désenchantement du monde.

    Je voudrais rappeler ici une autre œuvre, cette fois d’un célèbre penseur italien. Il s’agit du livre Credere di credere (Garzanti, Milan, 1996), de Gianni Vattimo, le représentant le plus connu de la « pensée faible ».  De la même manière que les auteurs déjà mentionnés, il part de la centralité de la caritas dans l’identité chrétienne et de sa manifestation à travers l’acte kénotique du don de soi divin, l’évidement de soi de Dieu par amour. Le Deus-caritas accomplit le suprême des renoncements, le renoncement à soi au nom de soi. Ce n’est pas l’homme qui proclame et détermine la « mort de Dieu », mais c’est Dieu lui-même qui, comme amour, meurt pour transformer l’homme de serviteur en ami, en égal de lui-même. Une fois encore, nous avons une herméneutique du christianisme comme une sortie de soi. La religion de l’amour kénotique se réalise paradoxalement dans son affaiblissement maximal, jusqu’à l’extinction du renoncement à toutes les vérités et identités dogmatiques et institutionnelles propres. Le christianisme s’évapore.

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  • RD Congo : jusqu'où va l'influence de l'Église catholique dans le jeu politique ?

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    TV5 monde Afrique :

    CENCO 2016-12-21t151737z_1649537079_rc11dc6a1000_rtrmadp_3_congo-politics_0-690x450.jpg

    « En République démocratique du Congo, l'Église catholique est un médiateur. Elle n'hésite pas à troquer ce rôle contre celui d'acteur politique voir d'"activiste", lorsque la démocratie n'est pas respectée par la classe dirigeante. Cette implication politique fait de l'épiscopat une figure puissante dans le Congo d'aujourd'hui, où vivent 45 millions de catholiques.

    Si pendant la période coloniale, l’Église catholique était un partenaire du gouvernement colonial, elle est, depuis la fin des années 1950 jusqu’à aujourd’hui, un acteur clef de la vie publique en RDC. Cet « activisme », est un fait rarement vu dans d’autres pays, explique Trésor Kibangula, analyste politique à Ebuteli, Institut de recherche congolais sur la politique, la gouvernance et la violence.

    « L’Église catholique du Congo a toujours eu un rôle un peu central dans le jeu politique en République démocratique du Congo. Cela ne date pas d’aujourd’hui, elle avait déjà joué un rôle fondamental dans le système politique du Congo, avant la colonisation. Il y a une influence toujours maintenue depuis des décennies. »

    Un acteur politique ?

    L’année 2017 illustre bien l’implication et l’influence de l’Église catholique auprès de la population congolaise. Le 31 décembre 2016, l’Église parvient à faire signer à l’opposition et au gouvernement un accord politique. Il permet à Joseph Kabila (2001-2019), président de l’époque, de rester en fonction, à condition que des élections soient organisées avant la fin de l’année 2017.

    Cet accord dit de la Saint-Sylvestre n’est pas respecté par le gouvernement. Du rôle de médiateur, l’Église devient alors acteur politique. La CENCO, la Conférence épiscopale nationale du Congo, rassemblant tous les religieux occupant une fonction dans l'Église, appelle les Congolais à la contestation en publiant un communiqué le 23 juin 2017 : « Nous vous le demandons instamment : il ne faut céder ni à la peur ni au fatalisme. Une minorité de concitoyens a décidé de prendre en otage la vie de millions de Congolais. C'est inacceptable ! Nous devons prendre en main notre destin commun », rappelle un rapport paru fin 2022 du Groupe Étude sur le Gongo (le GEC), Ebuteli, intitulé « L’Église catholique en RDC, au milieu du village ou au coeur de la contestation ? ».

    Le 31 décembre 2017 puis le 21 janvier et le 25 février 2018, à l'initiative de l'Église, trois grandes marches sont organisées pour appeler à de nouvelles élections et demander la fin du mandat de Joseph Kabila.

    « Lors de chaque manifestation, des dizaines de milliers - peut-être des centaines de milliers lors de la deuxième marche - de personnes descendent dans les rues. On peut voir des images émouvantes de prêtres pieds nus marchant devant des milliers d'hommes et de femmes en habits du dimanche », raconte le rapport.

    « Ces manifestations, ainsi que d'autres organisées par des mouvements sociaux comme LUCHA, mettent la pression sur le gouvernement et contribuent très probablement à empêcher de nouveaux retards dans la tenue des élections.»

    En décembre 2018, des élections ont finalement lieu. Leur résultat est contesté par l’Église, qui finit tout de même par reconnaître Félix Tsishekedi vainqueur…

    Jusqu'à aujourd'hui, le rayonnement de l'Église sur la classe politique et sur les Congolais reste inchangé. 

    « La population comprend les soucis de l’Église, elle est consciente que quand l’Église prend position, c’est pour son bien-être, cela justifie son influence », explique Donatien N’shole, évêque, secrétaire général de la conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO).

    « Le souci de l’Église est le bien-être de la population. À partir du jour où l’on aura des gouvernants qui s’occuperont bien de la population, l’Église se manifestera de moins en moins sur les questions socio-politiques », souligne-t-il.

    Récemment, le 4 décembre 2022, l’épiscopat congolais invitait les fidèles à participer à une marche pacifique pour protester contre l’insécurité à l’est du pays, avec la résurgence du M23 et contre le morcellement de la RDC. L’appel aux fidèles, intitulé « L’heure est grave. Notre pays est en danger », rassemblera aussi bien des catholiques que des croyants d’autres confessions religieuses, ainsi que des autorités politiques et administratives.

    Une puissance économique et foncière

    L’influence de l’Église catholique s’est consolidée lorsque le roi Léopold II, propriétaire du Congo lorsqu’il n’était pas indépendant, cède en 1909 le territoire au royaume de Belgique. « La Belgique a accordé beaucoup de subventions à l’Église catholique pour faire des écoles et aménager le système de santé», continue Trésor Kibangula de l'institut de recherche congolais sur la politique, la gouvernance et la violence. 

    Aujourd’hui, l’Église catholique est l’un des plus grands propriétaires fonciers du pays. À elle seule, elle dispose de 45% des établissements de santé du pays et 30% des écoles.

    « Il y a des endroits en RDC où les services de santé ne sont proposés que par l’Église, confirme Donatien N’shole. Elle est vue comme une structure sanitaire pour la population. La qualité de l’enseignement y est généralement reconnue. Tout cela justifie une certaine ascendance morale de l’Église », continue Donatien N’shole.

    L’Église bénéficie d’importantes exonérations fiscales sur ses établissements et d’autres entreprises qu’elle possède à travers le pays, selon le rapport du Groupe d'étude sur le Congo et d'Ebuteli. Selon le témoignage d’un prêtre interrogé, ces possessions foncières et ces avantages fiscaux invitent l’Église à une certaine mesure ou prudence dans ses prises de positions. « Le fait que l'Église a des choses à protéger - des terres, des écoles - signifie qu'elle a une aversion au risque ».

    Un « activisme » réservé aux droits politiques et à la démocratie ?

    Trésor Kibangula observe que l’implication et la vigilance de l’Église en RDC n’est pas la même selon les dossiers. Là où l’Église semble être un garde fou sur les questions des droits politiques et de la démocratie, il n’en serait pas de même pour les questions de droits sociaux, de l’accès à l’eau, de la bonne gouvernance et de la corruption à la tête de l’État.

    « C’est dommage, car avec l’ancrage national et l’influence politique qu’elle a aujourd’hui,  l’Église peut faire bouger les lignes et mettre une pression suffisante aux pouvoirs publics pour qu’ils modifient leur gouvernance. Bien sûr, les évêques publient des communiqués pour demander la bonne gouvernance et la fin de la guerre à l’Est. Mais les communiqués ne suffisent pas. »

    Pour Donation N’shole, la mission de l’Église n’est pas « politique ».  Il affirme en outre qu'elle s'est investie. 

    « Les évêques apprécient chaque fois la teneur de la crise. Ils ont invité les gens dans la rue par rapport à la situation de l’Est qui est dramatique. Mais il ne faudra pas que les évêques invitent à chaque fois les Congolais à manifester, sinon ils ne seront plus écoutés », explique le secrétaire général de la CENCO. Il affirme que l’Église s’est investie dans de nombreux diocèses pour amener l’eau à la population et pour « compenser le travail que l’État devrait faire ».

    « L’Église ne s’est jamais empêchée d’interpeller l’État de façon générale. Des interpellations globales impliquent tous ces sujets (accès à l’eau, à l’électricité et aux soins de santé ndlr) », conclut-il.

    Une autre critique émane du rapport du GEC et Ebuteli, notamment un manque de transparence, concernant les affaires financières de l'Église.

    « (…) Le président Tshisekedi a agi comme son prédécesseur, offrant des 4x4 à de nombreux évêques - au moins dix évêques, dont le cardinal Ambongo, ont reçu ces véhicules directement de la présidence, parfois accompagnés de cadeaux en espèces. Ce type de patronage, bien que coutumier depuis l'époque de Mobutu au moins, soulève des doutes quant à l'indépendance politique des évêques et renforce les soupçons de corruption au sein de l’Église. »

    Le pape en visite en RDC

    Le 31 janvier, le pape arrivera en RDC pour une visite qui avait été reportée une première fois pour raisons de santé. Sa prise de parole est attendue par les Congolais, dans un contexte électoral tendu et avec le conflit rongeant l’est du pays, qui souffre de la résurgence du mouvement armé des rebelles du M23.

    Le pape prendra-t-il position sur le contentieux opposant la RDC au Rwanda, alors qu’en décembre 2022, l’ONU confirmait l’implication de Kigali aux cotés du M23 ?

    « L’Église catholique en RDC a déjà dénoncé quelques fois le soutien de Kigali aux rebelles. Peut-être le pape suivra-t-il ce point de vue, ou alors il restera plus diplomatique, pour ne pas froisser les esprits à Kigali… Nous verrons », commente Trésor Kibangula. 

    « Je ne sais pas jusqu’où il va aller au sujet de ce conflit-là, mais ça ne me surprendrait pas qu’il dise un mot pour interpeller les uns et les autres », note de son côté le secrétaire général de la conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), Donatien N’shole.

    Reste que la visite papale fait l’objet d’une instrumentalisation par la classe politique en RDC.

    « On a senti tout de suite une politisation de cette visite. Beaucoup de cadres de la majorité présidentielle de Félix Tsishekedi, notamment le vice-président de l’Assemblée nationale, se sont avancés pour dire que cette venue confirmera le soutien de tous les catholiques au président de la République qui se présente en 2023 », observe le chercheur Trésor Kibangula.

    Preuve, s'il en est, que pour la classe dirigeante congolaise d’aujourd’hui, l’Église fait toujours autorité.

    Ref. D Congo : jusqu'où va l'influence de l'Église catholique dans le jeu politique ?

  • Le dîner des cardinaux du "martyr blanc"

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    De George Weigel sur son site :

    Le dîner des cardinaux du martyr blanc*

    25 janvier 2023

    Le soir des funérailles du pape émérite Benoît XVI, le cardinal George Pell a organisé un dîner dans son appartement pour un groupe de personnes en deuil partageant les mêmes idées, et toutes les personnes présentes étaient ravies que l'héroïque cardinal Joseph Zen de Hong Kong, qui avait été autorisé à assister au requiem par la thugocratie de Hong Kong, ait accepté de se joindre à la fête. La société réunie au 1 Piazza della Città Leonina a ainsi pu s'émerveiller d'être en présence de deux "martyrs blancs"* contemporains : des hommes qui avaient beaucoup souffert pour la foi mais étaient restés intacts et pleins de la joie du Seigneur.

    La Providence a voulu que le cardinal Pell, en organisant ce dîner, "organise sa propre veillée irlandaise" (comme l'a fait remarquer l'une des personnes présentes après le décès inattendu de Pell cinq jours plus tard). C'était une description appropriée d'une soirée magique, dans laquelle l'humeur prédominante de profonde gratitude pour Benoît XVI a animé des heures de conversation robuste, pleine d'esprit et de rires. Et comme l'a fait remarquer le cardinal Pell après coup, "le cardinal Zen était vraiment la star ce soir, n'est-ce pas ?". En effet, il l'a été.

    À quatre-vingt-onze ans et souffrant de handicaps physiques accablants, le cardinal salésien né à Shanghai reste incroyablement énergique et a parlé avec enthousiasme de son travail dans la prison de Hong Kong où sont détenus le grand Jimmy Lai et d'autres prisonniers politiques. Les gardiens, semble-t-il, se comportent décemment avec Zen, lui permettent de rester aussi longtemps qu'il le souhaite et ne surveillent pas (ouvertement) ses conversations avec les prisonniers. Le cardinal a raconté avoir fait plusieurs convertis dans la prison et on lui a demandé ce qu'il utilisait comme matériel catéchétique. Les réponses ont été frappantes : la Bible et le Catéchisme de l'Église catholique, bien sûr, mais aussi Les Frères Karamazov de Dostoïevski.

    Mais le moment le plus remarquable de la soirée s'est produit lorsque, après que le cardinal Pell ait porté un toast émouvant à son frère cardinal, la conversation a porté sur les moments où le Seigneur semble être sourd aux appels de son peuple - des moments qui ne sont pas sans rappeler ce que vivent de nombreux catholiques aujourd'hui. Le cardinal Zen a rappelé au groupe les versets appropriés du psaume 44 ("Réveille-toi ! Pourquoi dors-tu, Seigneur ? / Réveille-toi ! Ne nous rejette pas pour toujours !") ; il s'est souvenu que ces versets faisaient partie de l'introït du dimanche de la Sexagésime dans l'ancien calendrier liturgique romain - puis il a commencé à chanter, de mémoire et dans un latin impeccable, l'intégralité de cet introït (que l'on peut entendre ici).

    Comme on pouvait s'y attendre, la conversation a fini par porter sur la politique actuelle du Vatican à l'égard de la Chine, dont le cardinal Zen a été un critique virulent et persistant. Le problème, a insisté le prélat de Hong Kong, est le caractère du régime de Pékin, qui vit dans un univers éthique différent, qui ment dans les négociations et dont on ne peut jamais compter sur le respect des accords conclus. C'est précisément ce qui avait fait de l'Ostpolitik du Vatican en Europe centrale et orientale dans les années 1970 un fiasco : les négociateurs du Vatican refusaient de reconnaître le "facteur régime" totalitaire et négociaient donc avec les gouvernements communistes comme s'ils étaient des autoritaires ordinaires plutôt que des ennemis mortels de la religion biblique.  

    La confirmation de l'analyse du cardinal Zen sur la perfidie intrinsèque du régime communiste chinois est intervenue pratiquement au même moment que ce dîner, lorsque l'éditeur britannique Allen Lane a publié The Hong Kong Diaries of Chris Patten, que le dernier gouverneur britannique de la colonie de la Couronne avait conservé depuis son arrivée en 1992 jusqu'au retrait britannique en 1997. Le principal mandarin de la politique chinoise du Foreign and Commonwealth Office de l'époque, Sir Percy Cradock, avait déclaré à Chris Patten que, si les dirigeants chinois "étaient peut-être des dictateurs voyous", ils étaient aussi "des hommes de parole qui respecteraient leurs promesses". Ce à quoi Chris Patten, soupçonnant fortement le contraire, a répondu : "J'espère que c'est vrai."

    Cet échange vif soulève une question : Le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d'État du Saint-Siège, s'inspire-t-il de feu Percy Cradock ? Si tel est le cas, le cardinal Parolin servirait mieux la cause de l'Église en Chine s'il prêtait attention à Chris Patten (lui-même catholique), beaucoup plus réaliste, qui notait dans son journal intime que "l'une des tactiques les plus surréalistes [des négociateurs chinois] consiste à refuser d'expliquer ce que signifie quelque chose à moins que nous n'offrions une concession de notre côté. En d'autres termes, l'ouverture, l'exactitude et la transparence sont elles-mêmes considérées comme des concessions chinoises."

    Cradock et d'autres diplomates britanniques de carrière partaient du principe que, comme le dit Chris Patten, "il faut aller dans le sens de Pékin plutôt que de risquer des disputes." Cette mollesse était déjà assez mauvaise pour le gouvernement de Sa Majesté au milieu des années 1990. Elle est honteuse pour le Vatican aujourd'hui. Et cela devrait soulever de sérieuses questions pour ceux qui imaginent le cardinal Parolin comme le successeur du pape François.

    * L’encyclopédie catholique définit comme « martyrs blancs » ceux qui sont maltraités dans leur vie quotidienne en raison de leur croyance dans le Christ.

  • La guerre des cardinaux

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    De Ross Douthat sur The New York Times via Il Sismografo :

    La guerre entre les cardinaux catholiques

    La mort du pape émérite, Benoît XVI, a été suivie d'une petite effusion littéraire, une ruée de publications qui ont été interprétées comme des salves dans la guerre civile de l'Église catholique. La liste comprend les mémoires d'un secrétaire de longue date de Benoît XVI, qui mentionne la déception de l'ancien pontife face à la restriction de la messe en latin par son successeur, un recueil d'essais posthume de Benoît XVI lui-même, qui est exploité pour ses citations controversées, et une interview du pape François par l'Associated Press, qui a fait la une des journaux pour son appel à la dépénalisation de l'homosexualité dans le monde.

    Au milieu de tous ces mots, deux interventions méritent une attention particulière. L'une n'est pas vraiment nouvelle, mais la révélation de son auteur lui confère une importance accrue : Il s'agit d'un mémorandum, destiné aux cardinaux qui éliront le successeur de François, qui a circulé pour la première fois en 2022 et dont le journaliste du Vatican Sandro Magister vient de révéler qu'il est l'œuvre du cardinal George Pell d'Australie, un ecclésiastique conservateur de premier plan décédé juste après Benoît XVI.

    Commençant par une déclaration sans nuance selon laquelle le pontificat de François a été une "catastrophe", le mémorandum dépeint une église tombant dans la confusion théologique, perdant du terrain face à l'évangélisme et au pentecôtisme ainsi qu'au sécularisme, et affaiblie par des pertes financières, la corruption et une gouvernance papale sans foi ni loi. (Sur le climat au sein du Vatican, Pell écrit : "Les écoutes téléphoniques sont régulièrement pratiquées. Je ne suis pas sûr de la fréquence à laquelle elle est autorisée").

    L'autre est un long essai d'un autre cardinal de Pell, Robert McElroy de San Diego, paru cette semaine dans America, le magazine jésuite. Il partage avec le mémo de Pell la prémisse que l'Eglise est confrontée à des divisions internes débilitantes, mais il soutient que la division devrait être résolue par l'achèvement de la révolution recherchée par les libéraux de l'église. En particulier, McElroy exhorte l'Église à renoncer à tout jugement significatif sur les relations sexuelles et à ouvrir la communion à "tous les baptisés", ce qui inclut vraisemblablement les protestants. Seul ce type d'inclusion radicale, suggère-t-il, a "un quelconque espoir d'attirer la prochaine génération vers la vie dans l'Eglise".

    Que les factions en conflit au sein du catholicisme aient des points de vue très différents n'est pas une révélation, mais il est tout de même frappant de les voir énoncés si franchement par des cardinaux éminents : la critique directe de Pell à l'égard de la papauté de François et la franchise de McElroy quant à ses objectifs libéraux mettent en évidence ce qui est souvent obscurci par la rhétorique.

    Ce n'est pas seulement leur substance mais aussi leur style qui est éclairant. Dans la liste laconique de Pell, on peut voir un condensé de l'alarme conservatrice sur la condition de l'Eglise. Dans les appels plus expansifs de McElroy au "dialogue" et au "discernement", on peut voir la confiance d'un catholicisme progressiste qui suppose que tout dialogue ne peut mener que dans une seule direction.

    Et dans la distance entre leurs présupposés, qui commencent par des analyses sociologiques différentes des raisons pour lesquelles l'Eglise est en difficulté et se terminent par un vaste fossé doctrinal, on peut sentir l'ombre du schisme planer sur l'Eglise du XXIe siècle. McElroy n'est pas un théologien radical ; Pell n'est pas un réactionnaire marginal. Il s'agit de figures traditionnelles qui travaillent au cœur de la hiérarchie catholique, et pourtant le fossé entre leurs visions du monde semble pouvoir les placer dans des branches entièrement différentes de la foi chrétienne.

    Malgré leur indéniable conservatisme, Benoît XVI et Jean-Paul II avaient pour objectif constant de réaliser une sorte de synthèse pour l'Église moderne, dans laquelle les changements introduits par Vatican II pourraient être intégrés aux engagements traditionnels du catholicisme. Leur ère est désormais révolue, mais si l'Église veut maintenir ses factions actuelles unies sur le long terme, une synthèse est toujours nécessaire ; la simple coexistence n'est probablement pas viable. (La tentative actuelle des prélats alignés sur François d'écraser pratiquement la messe latine montre à quel point elle cède rapidement). Une sorte de pont plus solide devrait exister entre les visions du monde de McElroy et de Pell pour que leurs successeurs puissent encore partager une Eglise en 2123.

    Est-ce imaginable ? En tant que personne qui est fondamentalement d'accord avec le diagnostic de Pell, je peux lire McElroy et trouver des points de discussion raisonnables, en particulier lorsqu'il parle du rôle des femmes catholiques dans la gouvernance de l'Eglise. En théorie, on peut imaginer un catholicisme avec plus de religieuses et de laïques dans des fonctions importantes, qui conserve ses engagements doctrinaux fondamentaux, tout comme - pour reprendre la récente interview du pape - on peut imaginer une Eglise vigoureusement opposée à la discrimination injuste ou à la violence d'État contre les homosexuels, qui reste attachée à la règle de la chasteté et à la centralité du mariage sacramentel.

    Mais les synthèses ne peuvent pas seulement être rédigées sur papier, elles doivent vivre dans le cœur des croyants. Et en ce moment, la tendance est aux différences irréconciliables, à une vision de l'avenir du catholicisme, des deux côtés de ses divisions, où l'argument actuel ne peut être résolu que par quatre mots simples : nous gagnons, ils perdent.

  • Respectons et promouvons toujours la vie ! Ne rejetons pas la vie ! (pape François)

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    De Courtney Mares sur Catholic News Agency :

    Le pape François dénonce une culture qui "rejette" les enfants à naître, les personnes âgées et les pauvres.

    Pope Francis greets the crowd at his Sunday Angelus address on Jan. 29, 2023.

    Le pape François salue la foule lors de son discours de l'Angélus dominical le 29 janvier 2023. | Médias du Vatican

    29 janvier 2023

    Dans son discours de l'Angélus de dimanche, le pape François a décrié une culture qui "jette" les enfants à naître, les personnes âgées et les pauvres s'ils ne sont pas utiles.

    "La culture du jetable dit : 'Je vous utilise autant que j'ai besoin de vous. Quand tu ne m'intéresses plus, ou que tu me gênes, je te jette'. Ce sont surtout les plus faibles qui sont traités de cette manière - les enfants à naître, les personnes âgées, les nécessiteux et les défavorisés", a déclaré le pape François le 29 janvier.

    "Mais les gens ne doivent jamais être jetés. Les personnes défavorisées ne peuvent pas être jetées. Chaque personne est un don sacré et unique, quel que soit son âge ou sa condition. Respectons et promouvons toujours la vie ! Ne rejetons pas la vie".

    S'exprimant depuis la fenêtre du Palais apostolique, le pape a noté que la "culture du jetable" est prédominante dans les sociétés plus riches.

    "C'est un fait qu'environ un tiers de la production alimentaire totale est gaspillée dans le monde chaque année, alors que tant de personnes meurent de faim", a-t-il déclaré.

    "Les ressources de la nature ne peuvent être utilisées de la sorte. Les biens doivent être pris en charge et partagés de manière à ce que personne ne manque du nécessaire. Plutôt que de gaspiller ce que nous avons, diffusons une écologie de la justice et de la charité, du partage."

    Le pape François a souligné que l'appel de Jésus dans les béatitudes à être "pauvre en esprit" inclut le "désir qu'aucun don ne soit gaspillé." Il a ajouté que cela inclut de ne pas gaspiller "le don que nous sommes".

    "Chacun de nous est un bien, indépendamment des dons qu'il possède. Chaque femme, chaque homme, est riche non seulement de talents mais aussi de dignité. Il ou elle est aimé(e) de Dieu, a de la valeur, est précieux(se)", a-t-il déclaré.

    "Jésus nous rappelle que nous sommes bénis non pas pour ce que nous avons, mais pour ce que nous sommes".

    Une petite scène a été installée sur la place Saint-Pierre avant le discours de l'Angélus du pape, où des jeunes se sont rassemblés avec des ballons et des bannières en chantant des hymnes dans le cadre de la "Caravane de la paix" de l'Action catholique.

    A la fin de l'Angélus, un jeune garçon et une jeune fille en sweat-shirt bleu ont rejoint le Pape François à la fenêtre du Palais Apostolique et ont lu à haute voix une lettre partageant leur engagement pour la paix.

    Le pape François a remercié l'Action catholique pour cette initiative, ajoutant qu'elle est particulièrement importante cette année avec la guerre en Ukraine.

    "En pensant à l'Ukraine tourmentée, notre engagement et notre prière pour la paix doivent être encore plus forts", a-t-il déclaré.

    Le pape a également lancé un appel à la paix en Terre Sainte, exprimant sa tristesse pour la mort de 10 Palestiniens tués en Cisjordanie lors d'un raid militaire israélien et pour une fusillade à l'extérieur d'une synagogue à Jérusalem-Est au cours de laquelle un Palestinien a tué sept Israéliens.

    "La spirale de la mort qui augmente jour après jour ne fait rien d'autre que de fermer les quelques lueurs de confiance qui existent entre les deux peuples", a déclaré le pape François.

    "Depuis le début de l'année, des dizaines de Palestiniens ont été tués dans des échanges de tirs avec l'armée israélienne. J'appelle les deux gouvernements et la communauté internationale à trouver, immédiatement et sans délai, d'autres voies, qui incluent le dialogue et la recherche sincère de la paix. Frères et sœurs, prions pour cela !"

    Notant qu'il se rendra bientôt en Afrique, le pape François a demandé aux gens de prier pour son voyage apostolique en République démocratique du Congo et au Sud-Soudan du 31 janvier au 5 février.

    "Ces terres, situées au centre du grand continent africain, ont beaucoup souffert de longs conflits. La République démocratique du Congo, surtout dans l'est du pays, souffre d'affrontements armés et d'exploitation. Le Sud-Soudan, déchiré par des années de guerre, aspire à la fin de la violence constante qui oblige de nombreuses personnes à être déplacées et à vivre dans des conditions très difficiles", a-t-il déclaré.

    "Au Sud-Soudan, j'arriverai avec l'archevêque de Canterbury et le modérateur de l'Assemblée générale de l'Église d'Écosse. Ensemble, comme des frères, nous ferons un pèlerinage œcuménique de paix, pour implorer Dieu et les hommes de mettre fin aux hostilités et pour la réconciliation. Je demande à tous, s'il vous plaît, d'accompagner ce voyage de leurs prières."

    Courtney Mares est correspondante à Rome pour la Catholic News Agency. Diplômée de l'Université de Harvard, elle a effectué des reportages dans des bureaux de presse sur trois continents et a reçu la bourse Gardner pour son travail avec les réfugiés nord-coréens.

  • Dans quel pays la fréquentation de la messe est-elle la plus élevée ?

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    De Jonah McKeown sur Catholic News Agency :

    Où la fréquentation des messes est-elle la plus élevée ? Un pays est le leader incontesté
     
    29 janvier 2023

    Nigeria Catholics

    Un groupe d'écolières recevant les sacrements du baptême et de la confirmation à Onitsha, Anambra, Nigeria, le 30 mai 2022. | Shutterstock

    Une compilation de nouvelles données par le Center for Applied Research in the Apostolate (CARA) de l'Université de Georgetown fait la lumière sur les pays du monde qui ont le plus grand nombre de participants à la messe. 

    Les chercheurs du CARA ont utilisé les données du World Values Survey (WVS), une importante étude internationale sur les croyances religieuses menée depuis des décennies, pour examiner 36 pays à forte population catholique. Ils ont classé ces pays en fonction du pourcentage de catholiques déclarant assister à la messe chaque semaine ou plus, à l'exclusion des mariages, des funérailles et des baptêmes. 

    Selon les données, le Nigeria et le Kenya ont la plus forte proportion de catholiques qui assistent à la messe chaque semaine ou plus, le Nigeria étant le leader incontesté. Quatre-vingt-quatorze pour cent des catholiques du Nigeria disent assister à la messe au moins une fois par semaine. Au Kenya, ce chiffre est de 73%, et au Liban, il est de 69%.

    Le niveau de fréquentation au Nigeria est particulièrement élevé compte tenu du nombre important d'attaques violentes contre les chrétiens dans le pays ces dernières années. Les incidents terroristes à l'intérieur des églises catholiques ne sont pas rares ; notamment, en juin de l'année dernière, des hommes armés soupçonnés d'être des extrémistes islamiques ont ouvert le feu sur des fidèles catholiques qui assistaient à la messe de Pentecôte à l'église catholique St. Francis Xavier dans le sud-ouest du Nigeria, tuant au moins 50 personnes. 

    2023_01_30_09_26_35_Greenshot.pngPlus de la moitié des catholiques pratiquent une messe hebdomadaire ou plus aux Philippines (56 %), en Colombie (54 %), en Pologne (52 %) et en Équateur (50 %). Mais dans 29 des 36 pays examinés, moins de la moitié des catholiques qui s'identifient comme tels assistent à la messe dominicale. Les chercheurs ont reconnu que l'utilisation de chiffres de participation à la messe déclarés par les intéressés pouvait gonfler légèrement les chiffres, ce qui signifie que les chiffres réels de participation pourraient être, en réalité, légèrement inférieurs dans tous les pays. 

    Les données de la WVS n'incluaient pas les États-Unis, mais les données de sondage de CARA indiquent que le pourcentage de catholiques aux États-Unis qui assistent à la messe chaque semaine ou plus est de 17%, même si plus des trois quarts des catholiques américains se considèrent comme une "personne religieuse".

    En continuant vers le bas, les niveaux les plus bas de participation hebdomadaire ont été observés en Lituanie (16%), en Allemagne (14%), au Canada (14%), en Lettonie (11%), en Suisse (11%), au Brésil (8%), en France (8%) et aux Pays-Bas (7%).

    "On pourrait supposer que plus les catholiques sont religieux dans un pays, plus ils sont susceptibles d'assister fréquemment à la messe", ont écrit les chercheurs de CARA. 

    "Pourtant, il n'y a pas de forte corrélation entre le nombre de personnes s'identifiant comme catholiques 'religieux' et la fréquentation fréquente de la messe."

    Les pays ayant un produit intérieur brut (PIB) par habitant plus élevé avaient des niveaux plus faibles de fréquentation de la messe et vice versa, ont-ils noté.

    "S'il semble y avoir une déconnexion entre le fait de s'identifier comme une personne religieuse et le fait d'assister à la messe chaque semaine, il existe un troisième facteur qui peut expliquer la distribution comparative de ces deux attributs. Si vous avez regardé de près les pays, vous avez peut-être remarqué un certain regroupement économique", ont écrit les chercheurs de CARA. 

    Dans ce petit échantillon de pays, nous pouvons supposer que le catholicisme est plus fort dans ce que l'on appelle souvent le monde en développement, où le PIB par habitant est plus faible, alors qu'il semble se contracter dans les pays "développés" plus riches", concluent les chercheurs. 

    "Les mécanismes précis associés au développement économique et à la richesse qui ont un impact sur la participation des catholiques à la foi et leur identification comme religieux ne sont pas clairs. Quels qu'ils soient, ils ont une importance significative."

    Jonah McKeown est rédacteur et producteur de podcasts pour la Catholic News Agency. Il est titulaire d'une maîtrise de l'école de journalisme de l'Université du Missouri et a travaillé comme écrivain, comme producteur pour la radio publique et comme vidéaste. Il est basé à St. Louis.

  • A l’Est de la RDC : la tension monte chaque jour d’un cran

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    RDC : le pape arrive...à Kinshasa, mais pour quoi faire précisément? Lu dans la « Libre afrique » :

    « Kinshasa et Kigali s’accusent mutuellement de provocation dans un climat de plus en plus exacerbé.

    Mardi 24 janvier, un des deux avions Sukhoï-25 de la République démocratique du Congo a essuyé des tirs de l’artillerie rwandaise alors qu’il volait à basse altitude sur la frontière entre les deux pays dans le Nord-Kivu. Pour Kigali, l’avion a violé son espace aérien et “le Rwanda demande à la RDC d’arrêter cette agression”, selon Yolande Makolo, la porte-parole du gouvernement rwandais. Kinshasa, de son côté, dément tout survol de l’espace aérien rwandais et condamne “l’attaque” de l’appareil par l’armée rwandaise, “une action délibérée d’agression qui équivaut à un acte de guerre”.

    Le Rwanda avait déjà accusé en novembre et en décembre des avions de chasse congolais d’avoir violé son espace aérien. L’un d’entre eux s’est même posé quelques instants sur un aéroport rwandais situé à moins de 5 kilomètres de la piste congolaise dans la ville de Goma.

    Com’ massive

    En dépit d’annonces de cessez-le-feu et de retrait des troupes, les combats persistent dans l’est de la RDC entre l’armée congolaise et les rebelles du M23. Une rébellion tutsie qui se présente comme un mouvement congolais, là où Kinshasa voit la “main noire” de son voisin.

    “Ils ne partiront pas car ils sont chez eux”, nous explique une Congolaise du Nord-Kivu qui indique, carte à l’appui, certaines avancées récentes du M23 dans le Nord-Kivu.

    Entre Kigali et Kinshasa, la guerre des mots s’envenime quotidiennement. Depuis plusieurs semaines, la force de frappe médiatique congolaise a marqué des points et enregistre un soutien populaire massif dans sa dénonciation d’une guerre menée par le Rwanda à travers le M23 sur son sol, stigmatisant au passage une communauté. Face à cette guerre médiatique, Kigali pourtant dépositaire d’une communication efficace et rodée, a paru pris de court par la virulence et la répétition des accusations congolaises qui peuvent s’appuyer sur des images onusiennes montrant des mouvements de troupes rwandaises sur la frontière congolaise ou sur des rapports écrits qui mettent en cause Kigali.

    “Si la communauté internationale a lancé au Rwanda des appels à la retenue, si certains gouvernements sont allés un pas plus loin, il n’y a pas eu jusqu’ici de sanctions, ce qui montre aussi un malaise certain. La RDC de Tshisekedi bénéficie aujourd’hui d’un climat économico-politique favorable. Tout le monde lui fait les yeux doux et ne veut prendre le risque de se priver de ses matières premières”, explique un universitaire congolais. Le récent sommet États-Unis-Afrique l’a démontré. Washington veut éviter que Pékin, qui a pris de l’avance dans les pays qui disposent de quantité de matières premières importantes, n’en prive les autres. Washington est prêt à se montrer conciliant vis-à-vis des prochaines échéances congolaises en échange d’une promesse de Kinshasa de ne plus laisser filer toute sa matière première brute vers Pékin. »

    La “compréhension” américaine vis-à-vis d’un éventuel léger retard dans le processus électoral congolais n’est pas un chèque en blanc pour escamoter ce passage par les urnes. Et les tensions à l’est vont faire peser une véritable hypothèque sur l’avenir de ce scrutin et du pays. L’enregistrement des électeurs de cette région, en février-mars, s’annonce compliqué. La Ceni ne peut pourtant rater ce rendez-vous sous peine d’envenimer la situation et de donner un nouveau prétexte au M23 et certains autres mouvements de reprendre l’offensive face à une armée congolaise exsangue et des bataillons des pays de l’East African Community incapables de s’interposer sur un terrain qu’ils ne maîtrisent pas. “La situation au sein de l’armée congolaise n’évolue pas”, explique Jean-Jacques Wondo, expert militaire de cette région qui détaille : “En 2022, ce fut la débandade dans les rangs de l’armée face au M23 et les troupes ne sont toujours pas restructurées aujourd’hui. Qui plus est, il y a eu beaucoup d’armes qui sont passées à l’ennemi et on ne comprend rien à la structure de commandement. Au Nord-Kivu, on ne sait pas qui est le directeur opérationnel”, poursuit M. Wondo qui pointe aussi les liaisons dangereuses de l’armée congolaise qui “s’allie avec des milices locales et les arme. Sans oublier le manque de moyens et son corollaire, le vol à tous les niveaux. À Goma, le stock de carburant pour les Soukhoï et les hélicoptères, prévu pour plusieurs jours, a été pompé en quelques heures”. Un chaos qui démontre que l’armée congolaise ne contrôle pas le territoire et que le pays entier reste dès lors à la merci d’un mouvement qui pourrait repartir à l’offensive s’il se sent exclu du processus électoral.

    Ref. L’est de la RDC : la tension monte chaque jour d’un cran

     

  • Que pèsent les paroles du cardinal Müller sur la succession du pape François ?

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    De Giovanni Maria Vian sur Domani via Il Sismografo :

    Le poids des paroles de Müller sur la succession du Pape François

    Rien ne présage l'ouverture d'une sede vacante dans l'Eglise de Rome, mais l'entretien de Franca Giansoldati avec le cardinal Gerhard Müller (In buona fede, Solferino) sera gardé en mémoire par ses collègues qui devront élire le successeur de François. D'accord ou pas avec les opinions de l'ancien évêque de Ratisbonne, qui a été préfet de l'ancien Saint-Office de 2012 à 2017; le quatrième de la série ininterrompue des gardiens de la doctrine catholique qui ne sont plus italiens depuis plus d'un demi-siècle, alors que la rumeur veut que le brillant dehonien Heiner Wilmer, aux tendances progressistes et qui serait le troisième allemand après Ratzinger et Müller, vienne remplacer le jésuite espagnol Luis Ladaria.

    Les deux cents pages de questions et réponses bien menées et fluides ont le mérite d'être inhabituellement franches, parfois rudes et explicites dans leurs critiques du pape François et de ses conseillers. Mais le livre ne doit pas être réduit à une opposition au pontife, comme il l'a semblé dans les avant-premières de presse, car il vise à offrir un aperçu de "la religion au XXIe siècle", comme l'indique le sous-titre.

    Même si la vision de Müller souffre d'une approche exclusivement théologique et insensible à l'histoire : par exemple, sur la présence des femmes dans l'Eglise, qu'il voit même dans des rôles importants comme celui de secrétaire d'état, mais à qui il refuse la possibilité du cardinalat qui, dans les siècles passés, n'était pas lié à l'ordination sacerdotale.

    Je défends les règles

    "Müller est un gardien et sa vision ressemble à une boussole", résume Giansoldati dans la préface qui introduit les différents chapitres. Celles-ci racontent d'abord l'histoire du prélat rhénan de 75 ans qui a édité les écrits de Ratzinger avant son pontificat (seize volumes des Gesammelte Schriften, en cours depuis 2008 et désormais presque achevés).

    Le livre traite de sujets incandescents : les abus, tout d'abord ; "le clivage" avec les restrictions liturgiques à l'encontre des traditionalistes ; la situation du catholicisme en Allemagne, qui se dirige vers l'"apostasie" ; la renonciation papale ; l'avenir qui se profile ; la question des femmes ; l'Église en Amérique ; la Chine.

    Élève du théologien Karl Lehmann (le disciple de Karl Rahner qui fut le puissant président de la Conférence épiscopale allemande pendant plus de deux décennies), Mgr Müller peut difficilement être contraint de se glisser dans la peau d'un conservateur. La théologie des sacrements chez Dietrich Bonhoeffer, le pasteur luthérien pendu par les nazis, a fait l'objet de sa thèse de doctorat, suivie de publications telles que Dogmatica cattolica (Edizioni San Paolo) et Dalla parte dei poveri (Edizioni Messaggero Padova - Emi), écrites avec son ami Gustavo Gutiérrez, le dominicain péruvien fondateur de la théologie de la libération. Et parmi les contemporains que le cardinal suggère pour comprendre le christianisme, il signale, outre Ratzinger, des auteurs novateurs comme Yves Congar, Hans Urs von Balthasar et Rahner.

    En 2012, Benoît XVI l'a nommé comme successeur de l'Américain William Levada à la Congrégation pour la doctrine de la foi, mais à la fin du premier mandat de cinq ans, Müller n'a pas été confirmé par Bergoglio. "Un coup de tonnerre", résume-t-il dans le livre, ajoutant : "Ils me voyaient comme le professeur allemand rigide qui voulait donner des leçons même au pape, mais tout cela était faux, une fabrication. Je ne faisais que défendre les règles. Plus simplement, je suppose que le pape a cultivé au fil du temps une forme de méfiance, d'aversion envers les théologiens, les "universitaires allemands".

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  • Guerre en Ukraine : la politique consistant à écarter toute solution de paix est une folie

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    D'Eugenio Capozzi sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana :

    Guerre ukrainienne, la politique folle d'écarter toute solution de paix

    28-01-2023

    La réalité nous dit que seule une guerre mondiale pourrait ramener l'Ukraine à ses frontières d'avant 2014 : les pays occidentaux disent ne pas vouloir d'escalade mais refusent de fixer un objectif concret au moins pour le " retrait ". La ligne de conduite semble être "le pire est le meilleur", au détriment de la population ukrainienne. Pourtant, les chances de poser au moins les bases sur lesquelles construire une négociation seraient là...

    L'attitude des pays de l'OTAN face au conflit entre la Russie et l'Ukraine sombre de plus en plus dans une schizophrénie surréaliste. D'une part, ils continuent à alimenter une rhétorique triomphaliste, cette fois autour de la énième livraison d'armements à l'Ukraine - les chars Leopard 2 et Abrams - et ils continuent à lancer des proclamations sur une possible victoire de Kiev sur la Russie grâce au soutien occidental. D'autre part, ils admettent, sur un ton plus modéré, que les livraisons actuelles de systèmes d'armes, comme les précédentes, ne pourront certainement pas opérer un tournant décisif dans la guerre, mais tout au plus ralentir ou freiner l'avancée des troupes de Moscou.

    Un aveu, ce dernier, qui photographie une évidence, soulignée par les responsables des affaires militaires : les véhicules blindés précités ne seront guère plus d'une centaine au total, contre plus de 3 000 chars russes, et plusieurs mois devront s'écouler avant qu'ils ne soient livrés et puissent être concrètement utilisés.

    Plus généralement, après presque un an de conflit - avec toutes les souffrances, les victimes, les dévastations et les désastres économiques qu'il a entraînés jusqu'à présent dans les pays impliqués et dans toute l'Europe - une réalité clairement identifiée par certains depuis le début s'impose à tous : compte tenu de l'énorme disproportion des forces et des ressources entre les Russes et les Ukrainiens, une victoire nette de ces derniers, c'est-à-dire le recouvrement de la souveraineté sur l'ensemble de leur territoire et le rapatriement des troupes russes au-delà des frontières de 1991 (objectif toujours revendiqué quotidiennement par le président ukrainien Zelensky et son exécutif) est impossible, à moins que les pays de l'OTAN n'entrent directement en guerre contre Moscou. Une chose que tous les gouvernements occidentaux, de Washington jusqu'en bas, soulignent, aujourd'hui comme hier, qu'ils n'ont pas l'intention de faire. C'est compréhensible et heureux, car cela entraînerait la perspective apocalyptique d'une escalade vers une guerre mondiale contre la deuxième puissance nucléaire de la planète.

    En bref, dès que les nuages épais de la "narration" imposée de manière obsessionnelle pratiquement dans les réseaux unifiés de l'Ouest sur le soutien de guerre à Kiev comme frontière de la défense de la liberté, de la démocratie et des droits de l'homme contre la tyrannie de Poutine se dissipent ; et, dès que l'on se distrait un instant des inférences constantes dans les médias occidentaux selon lesquelles le régime de Poutine est sur le point de s'effondrer, le point central pour la compréhension rationnelle de la confrontation actuelle entre les deux pays refait surface : quelle que soit l'aide massive qu'elle peut recevoir de l'extérieur, l'Ukraine peut au mieux "égaliser" la guerre, limiter ses pertes, mais elle ne pourra certainement pas revenir au statu quo antérieur au 24 février 2022, et encore moins à celui d'avant 2014, lorsque la Crimée et certaines parties du Donbass étaient déjà passées sous contrôle russe.

    Si cela est vrai, cela révèle clairement non seulement à quel point la diabolisation de tous les observateurs qui ont simplement souligné cet état de fait par l'establishment politique et médiatique euro-américain au cours des derniers mois comme étant des "poutiniens" était injuste, de mauvaise foi et purement instrumentale, mais, surtout, à quel point la position officielle de l'administration Biden, de l'OTAN, du G7 et de l'Union européenne est absolument illogique et intenable, et dissimule le soupçon d'être elle-même de totale mauvaise foi.

    Si, en fait, on prétend ne pas vouloir faire la guerre à la Russie mais seulement permettre à l'Ukraine de défendre son existence et sa souveraineté contre une éventuelle annexion par Moscou, il faudrait aussi commencer à indiquer sur quelle base, en partant de la situation actuelle sur le terrain, les conditions d'une résolution du conflit peuvent être établies tôt ou tard ; c'est-à-dire dans quelles conditions l'objectif de sauver l'existence de l'Ukraine en tant que pays souverain et la plus grande partie possible de son territoire pourrait être considéré comme atteint.

    Puisqu'il est impossible, dans les conditions actuelles, de repousser les Russes au-delà des frontières officielles, à quoi pourrait-on renoncer pour parvenir à un "match nul" honorable ? Qu'est-ce qui, au contraire, est considéré comme absolument indispensable ?
    Au lieu de cela, il y a un silence total et assourdissant des États-Unis et de l'OTAN sur ce point précis. La "défense" de Kiev qui est promue reste dans une nébuleuse indéfinie, sans qu'aucun point ferme ne soit défini. Une indétermination dans laquelle seules les proclamations grandiloquentes du gouvernement ukrainien restent visibles, et qui semble avoir été faite exprès pour justifier une prolongation du conflit pratiquement indéfinie, alimentant le soupçon que le seul but réel des États-Unis et de leurs alliés dans cette guerre est d'user et d'affaiblir Moscou autant que possible, même au prix de nouveaux deuils innombrables et de l'hémorragie économique de tout le vieux continent.

    On dira que ce silence ambigu correspond, de l'autre côté de la barrière, à l'objectif tout aussi ambigu et instrumental de l'"opération spéciale" lancée il y a un an par Poutine - cette "dénazification" apparemment faite dans le but d'exciter les sentiments nationaux-impériaux-chauvins les plus obscurs de l'opinion publique nationale, et de poursuivre l'invasion jusqu'au renversement potentiel du gouvernement de Kiev et son remplacement par un État fantoche. Et l'on dira, de même, qu'énoncer d'éventuelles renonciations territoriales ukrainiennes circonstancielles " acceptables " pour les alliés de l'Ukraine reviendrait à inciter Moscou à relancer de nouvelles revendications plus ambitieuses. Ces deux observations sont raisonnables.

    Mais précisément pour démasquer l'ambiguïté russe et lui ôter tout alibi pour poursuivre une guerre d'usure jusqu'au bout, la ligne la plus profitable pour les nations occidentales serait de revenir aux racines profondes du conflit, comme cela n'a jamais été fait jusqu'à présent : à la division ethnique-nationaliste structurelle au sein de l'État ukrainien depuis la fin de l'URSS, aux revendications d'autonomie et d'indépendance des régions pro-russes, et à la condition historique et culturelle absolument particulière de la Crimée.
    Si seulement on le souhaitait, on pourrait, en partant des expériences douloureuses déjà vécues en ex-Yougoslavie et dans d'autres cas similaires, au moins mettre en place un discours de principe sur la manière de trouver, avec le consentement des parties et de la communauté internationale, un arrangement acceptable de coexistence entre des instances différentes et légitimes sur un territoire divisé et longtemps tourmenté.

    Si les chancelleries européennes et de Washington ne travaillent pas dans ce sens, si elles ne tracent pas les coordonnées des points de convergence possibles, cela signifie qu'elles ne font qu'opter pour le "tant pis pour le meilleur". Utiliser cyniquement l'Ukraine comme une épine pour blesser l'ours russe, pour être exploitée puis jetée. Sans tenir compte, en outre, des risques de conséquences économiques, politiques et existentielles ingérables pour leurs propres pays, à mesure que la blessure s'envenime et que les infections se propagent.

  • Les chrétiens pris à partie en Terre Sainte

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    De Vatican News :

    Jérusalem: les ordinaires de Terre sainte dénoncent les violences contre le quartier chrétien

    Dans un communiqué rendu public le 27 janvier, l’Assemblée des ordinaires catholiques de Terre sainte a exprimé sa préoccupation après les nouvelles violences à Jérusalem. Le 26 janvier, un groupe de jeunes Israéliens harcelant des touristes dans un restaurant, a également détruit magasins et restaurants dans le quartier chrétien.

    «Nous condamnons de telles attaques et exprimons notre préoccupation face à l’escalade de violences dans la Ville Sainte», déclare l’Assemblée des ordinaires catholiques de Terre sainte, dans un communiqué revenant sur l’épisode de ces récentes violences.

    Elle explique dans sa déclaration, qu’un groupe de «colons israéliens», portant des drapeaux, chantant et criant est entré dans la ville de Jérusalem par la Porte Neuve. Ces derniers se sont attaqués à un restaurant du quartier chrétien de Jérusalem dans la soirée du 26 janvier, dans lequel se trouvaient des touristes, qu’ils ont également harcelés.

    Les évêques catholiques de Terre sainte condamnent de telles attaques et expriment leur préoccupation face à l’escalade de violence dans la Ville trois fois sainte. Ils déplorent que ce dernier évènement s’est produit dans la rue qui mène au Saint-Sépulcre, le lieu chrétien le plus sacré au monde, et dans le quartier chrétien, qui abrite de nombreux monastères et églises.

    Dernier épisode d'une série

    Des magasins et restaurants ont été détruits, «cette violence non provoquée a fait naître la peur chez les commerçants et les résidents du quartier», affirment les Ordinaires catholiques de Terre sainte, soulignant qu’il ne s’agit que du «dernier épisode d’une série de violences religieuses, qui touche les symboles de la communauté chrétienne et au-delà».

    LIRE AUSSI

    23/01/2023

    Mgr Shomali: les chrétiens "fortifiés" par les attaques à leur encontre

    Ils invitent les autorités politiques et religieuses face à ces cas de violences, à tout «mettre en œuvre pour que la vie civile et religieuse de la ville retrouve une plus grande sérénité», et demandent également à la police de sanctionner les auteurs.

    Jérusalem, soulignent-t-ils, «doit rester la ville des croyants de toutes confessions et non l’otage de groupes radicaux».

    Ce samedi 28 janvier, une nouvelle attaque à Jérusalem-Est a fait deux blessés, selon les services de secours israéliens, au lendemain de la fusillade près d'une synagogue au cours de laquelle un Palestinien a tué sept personnes.

  • Le pape François clarifie ses commentaires sur l'homosexualité

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    De Outreach :

    Le pape François clarifie ses commentaires sur l'homosexualité : "Il faut considérer les circonstances".

    27 janvier 2023

    Image recadrée d'une lettre écrite par le pape François au rédacteur en chef de Outreach, James Martin, S.J., le 27 janvier 2023.

    Cette semaine, dans une interview accordée à l'Associated Press, le pape François est devenu le premier pape à appeler à la dépénalisation de l'homosexualité. Il s'agissait d'un pas historique vers la protection par l'Église catholique des personnes LGBTQ vulnérables dans le monde entier. 

    Au cours de son interview, le Saint-Père a imaginé une conversation hypothétique dans laquelle une personne pourrait objecter en disant : "Être homosexuel est un péché", et le pape a suggéré une réponse : "C'est aussi un péché de manquer de charité les uns envers les autres."

    Certains médias, cependant, ont attribué ces sentiments directement au pape, même si l'enseignement de l'Église ne stipule pas que l'orientation homosexuelle elle-même est un péché. Comme le pape l'a dit dans son interview, comme il l'a fait en d'autres occasions : "C'est une condition humaine".

    Pour aider à clarifier les choses, Outreach a posé trois questions au Saint-Père, en espagnol, et a reçu une réponse écrite de sa part. Nous avons formulé ces questions comme une interview, afin qu'il sache que ses réponses seraient rendues publiques. Nos trois questions étaient les suivantes :

    • Saint Père, merci pour votre appel fort à la dépénalisation de l'homosexualité. Pourquoi avez-vous décidé de le dire à ce moment-là ?
    • Il semble qu'il y ait eu une certaine confusion au sujet de votre commentaire, "Être gay est un péché", qui, bien sûr, ne fait pas partie de l'enseignement de l'Église. J'ai eu l'impression que vous ne faisiez que répéter ce que d'autres pourraient dire hypothétiquement. Donc, pensez-vous que le simple fait d'être gay est un péché ?
    • Que diriez-vous aux évêques catholiques qui soutiennent encore la criminalisation de l'homosexualité ?

    La réponse écrite du pape au rédacteur de Outreach, James Martin, S.J., figure ci-dessous, traduite de l'espagnol par J.D. Long-García et Ivan Briggeler.

    Cher frère,

    Je vous remercie pour votre lettre.

    Ce n'est pas la première fois que je parle de l'homosexualité et des personnes homosexuelles.

    Et je voulais préciser que ce n'est pas un crime, afin de souligner que la criminalisation n'est ni bonne ni juste.

    Quand j'ai dit que c'était un péché, je me référais simplement à l'enseignement moral catholique, qui dit que tout acte sexuel en dehors du mariage est un péché. Bien sûr, il faut aussi tenir compte des circonstances, qui peuvent diminuer ou éliminer la faute. Comme vous pouvez le constater, je répétais quelque chose de général. J'aurais dû dire "C'est un péché, comme tout acte sexuel en dehors du mariage". C'est parler de "la matière" du péché, mais nous savons bien que la morale catholique ne prend pas seulement en considération la matière, mais évalue aussi la liberté et l'intention ; et ce, pour chaque type de péché.

    Et je dirais à ceux qui veulent criminaliser l'homosexualité qu'ils ont tort.

    Dans une interview télévisée, où nous avons échangé avec un langage naturel et conversationnel, il est compréhensible qu'il n'y ait pas de définitions aussi précises.

    Je prie pour vous et pour votre travail. Je vous prie de faire de même pour moi.

    Que Jésus vous bénisse et que la Sainte Vierge vous protège.

    Fraternellement,

    Francisco

  • Les détracteurs du Synode "ne pourront pas l'arrêter" (cardinal Hollerich)

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    D'Edward Pentin sur le National Catholic Register :

    Cardinal Hollerich : Les détracteurs du Synode "ne pourront pas l'arrêter".

    Le rapporteur général du Synode sur la synodalité a fait un certain nombre de déclarations audacieuses cette semaine.

    28 janvier 2023

    L'un des plus proches collaborateurs du pape François et l'une des figures de proue du synode sur la synodalité a épinglé les critiques du processus, les qualifiant de craintifs à l'égard d'une "Église en mouvement" et affirmant qu'ils "savent qu'ils ne pourront pas arrêter" l'expérience synodale.

    Le cardinal Jean-Claude Hollerich du Luxembourg, rapporteur général du synode 2021-2024 sur la synodalité, a également fait d'autres déclarations audacieuses cette semaine, affirmant notamment que l'idée d'une Europe chrétienne est une "chose du passé", que les gens doivent être acceptés et non jugés, et que l'ancien secrétaire personnel de Benoît XVI, l'archevêque Georg Gänswein, avait trahi l'ancien pape en ne restant pas dans "l'ombre" de Benoît XVI. 

    Le cardinal jésuite, qui a demandé l'an dernier une révision de l'enseignement de l'Église sur l'homosexualité, a déclaré au Quotidiano Nazionale le 26 janvier qu'il pensait que "ceux qui veulent que le pape François démissionne ne veulent pas d'une Église en marche". 

    L'esprit du pape "est encore clair, heureusement", a-t-il dit, mais il a reconnu que certains dans l'Église, y compris des évêques et des cardinaux, voudraient qu'il démissionne. "Ce sont les mêmes cercles que ceux qui ont peur du Synode et d'une Église en mouvement, qui n'est plus coincée dans le passé", a-t-il dit. "En vérité, ils savent qu'ils ne seront pas en mesure de l'arrêter".

    Ses commentaires ont conduit certains commentateurs italiens, dont Franca Giansoldati, vaticaniste pour Il Messaggero, à suggérer que le cardinal Hollerich exprime l'espoir que l'ordre du jour hétérodoxe du chemin synodal en Allemagne sera accueilli par l'ensemble de l'Église catholique - bien qu'une telle approche serait en contradiction avec les récents commentaires du pape François, et une lettre du Vatican aux évêques allemands les exhortant à ne pas subvertir la hiérarchie de l'Église. 

    Interrogé sur le nouveau livre de Mgr Gänswein, Rien que la vérité - Ma vie aux côtés de Benoît XVI, dont le contenu a été divulgué à la presse avant les funérailles de Benoît XVI, le cardinal Hollerich a déclaré : "Celui qui représente l'Église est le pape, pas le préfet de la maison pontificale. Gänswein s'est surexposé, il a voulu remplacer le pape François et c'est une affaire très grave."

    Lorsqu'on lui a demandé s'il pensait que Mgr Gänswein avait trahi Benoît XVI, le cardinal Hollerich a répondu : "Oui, je reste convaincu que celui qui est secrétaire d'un pape doit toujours être son ombre et ne pas rechercher les feux de la rampe." 

    Son point de vue sur Mgr Gänswein diffère de celui du cardinal Angelo Scola, archevêque émérite de Milan, qui, dans une interview accordée cette semaine au magazine italien Oggi, a loué le prélat allemand pour avoir été "un serviteur fidèle et digne d'éloges." 

    "Je pense, je suppose, que l'éditeur avait déjà prévu de lancer le livre avec ses mémoires", a déclaré le cardinal Scola. "Et c'est ainsi que sont sorties des phrases qui ont été prises pour une interview. Mais j'ai lu que le père Georg avait demandé à l'éditeur de reporter la sortie précisément pour éviter les malentendus."

    Ailleurs dans son entretien avec Quotidiano Nazionale, le cardinal Hollerich a tenté de minimiser les différences entre François et Benoît XVI, affirmant que "chaque fois que Benoît XVI a rencontré le pape François, il était heureux. A une occasion, j'ai été un témoin direct, je me souviens du grand sourire de Ratzinger".

    La conférence du cardinal Hollerich

    Le cardinal a également tenu des propos surprenants cette semaine lors d'une conférence qu'il a donnée à Francfort, dans laquelle il a proposé que l'idée d'une Europe chrétienne appartienne au passé. "Nous n'aurons plus d'Europe chrétienne, mais, espérons-le, une petite église vivante en Europe", a déclaré le cardinal à un public invité à l'Université philosophique et théologique de Sankt Georgen. 

    S'exprimant sur le thème "L'Église en Europe sera-t-elle durable ? Comment les réformes sont-elles possibles ?", il a déclaré que de nombreuses personnes en Europe aujourd'hui ne comprennent plus les concepts du christianisme, "ne comprennent plus le mot 'Dieu'", et a affirmé que nous vivons une époque de "changement civilisationnel aux proportions gigantesques". 

    Les chrétiens, a-t-il poursuivi, devront témoigner de la foi chrétienne avant tout par des actions authentiques et ouvertes d'esprit, a-t-il dit, selon l'agence de presse catholique allemande KNA. Contrairement aux temps anciens, on n'est plus dans une société chrétienne où l'enseignement de l'Église "passe en premier", a-t-il dit. Au lieu de cela, la première chose à faire aujourd'hui est une rencontre, pour avoir une "attitude d'ouverture et d'acceptation des gens."

    Cela ne signifie pas que l'enseignement est faux, a-t-il ajouté, mais il faut d'abord une action crédible pour susciter l'intérêt des gens pour la foi chrétienne.

    "Nous devons à nouveau agir davantage comme le Christ dans l'Église", a déclaré le cardinal Hollerich, ce qui, selon lui, signifie accepter les gens sans les juger, qu'ils soient divorcés ou remariés ou homosexuels. "Les gens d'aujourd'hui comprennent les exclusions comme non chrétiennes", a déclaré le cardinal. 

    Des déclarations controversées

    Le cardinal Hollerich, qui a vécu de nombreuses années au Japon, a fait un certain nombre de déclarations controversées ces dernières années. Il y a un an, alors que le COVID-19 faisait encore les gros titres, il a soutenu les passeports vaccinaux dans les églises, et en 2019, il a soutenu l'ordination d'hommes mariés à la prêtrise. En 2020, il a déclaré à La Croix qu'il était ouvert à l'ordination des femmes. 

    Mais cela ne l'a pas empêché de gravir les échelons de l'Église. Au contraire, il a gagné en notoriété et en influence ces dernières années. 

    En 2018, le jésuite luxembourgeois a remplacé le cardinal allemand Reinhard Marx comme président de la Commission des conférences épiscopales de l'Union européenne, et l'année suivante, le pape François l'a élevé au Collège des cardinaux.

    En 2021, François l'a nommé relateur général du synode sur la synodalité, dont les fonctions consistent notamment à exposer le thème du synode au début de la réunion et à coordonner les contributions des pères synodaux. 

    Par le passé, le fait d'être nommé à ce poste a été une indication claire de l'approbation papale et certains ont même dit qu'il s'agissait d'une indication du successeur préféré du pontife régnant.

    Edward Pentin a commencé à faire des reportages sur le pape et le Vatican à Radio Vatican avant de devenir le correspondant à Rome du National Catholic Register d'EWTN. Il a également réalisé des reportages sur le Saint-Siège et l'Église catholique pour un certain nombre d'autres publications, dont Newsweek, Newsmax, Zenit, The Catholic Herald et The Holy Land Review, une publication franciscaine spécialisée dans l'Église et le Moyen-Orient. Edward est l'auteur de The Next Pope : The Leading Cardinal Candidates (Sophia Institute Press, 2020) et The Rigging of a Vatican Synod ? Une enquête sur les allégations de manipulation lors du Synode extraordinaire sur la famille (Ignatius Press, 2015). Suivez-le sur Twitter à l'adresse @edwardpentin.