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Actualité - Page 407

  • Une COP26 aveuglée tant au plan scientifique qu’économico-politique

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    De Stanislas de Larminat sur la Sélection du Jour :

    COP26 - L’aveuglement de 25 000 participants

    Rien de neuf ne pouvait sortir d’une COP26 réunie du 1er au 12 novembre 2021 à Glasgow et aveuglée, tant au plan scientifique qu’économico-politique.

    Au plan scientifique, d’abord, les participants ont eu le comportement des « géo-centristes », opposés à Galilée, croyant que le Soleil tournait autour de la Terre. Aujourd’hui, les « carbo-centristes » croient que la cause humaine du réchauffement climatique est un fait. Comment 196 pays ont-ils pu en arriver à signer ce « pacte de Glasgow » qui exprime en degrés des objectifs d’action ? Or, ni la COP 26 ni le dernier rapport du Giec AR6, n’ont répondu à des questions essentielles : pourquoi le Giec ne se fonde-t-il que sur 150 ans d’observations ? Seuls 1000 ans d'observations, reconstituées par la paléoclimatologie, peuvent expliquer les causes de la période chaude médiévale et du petit âge glaciaire. On est confondu quand le Giec reconnait que "dans la recherche et la modélisation du climat, ... nous avons affaire à un système chaotique, et la prévision à long terme des futurs états climatiques n'est pas possible" et prétend que leurs modèles « n’exigent que chaque aspect de la réponse au facteur causal en question soit correctement simulé » et « ne distinguent pas explicitement les probabilités "Objectives" et "Subjectives" » ! Pourtant des milliers de publications attribuent la période chaude contemporaine à des variations d’activité solaire. Mais qu’importe, les congressistes de Glasgow ne se posent plus de questions. Galilée doit se retourner dans sa tombe à l’idée que la science se négocie dans une procédure de consensus !

    Au plan économique et politique, l'Inde et la Chine ont obtenu que le terme "disparition progressive" soit remplacé par "diminution progressive" de l’énergie au charbon. Quel euphémisme ! Il n’empêche que trente-neuf pays développés ont signé un accord mettant fin, d'ici à la fin 2022, aux financements à l'étranger de projets d'exploitation d'énergies fossiles sans techniques de capture du carbone. D’abord, la capture du carbone a un effet totalement marginal malgré son coût abyssal. S’agissant de projets à l’étranger, cette technique inefficace et coûteuse serait donc réservée aux pays importateurs de centrales, généralement peu industrialisés ! Par ailleurs, les pays industriels continueraient à financer ces centrales sur leur marché sans système de capture. Les riches se réserveront ainsi une électricité produite avec une énergie abondante et bon marché tout en en privant les pays les plus pauvres. La main sur le cœur, ils se sont engagés à « lancer un dialogue » pour compenser au Sud une économie sans carbone mais, en réalité, inviable. Qui entend le cri de la zambienne, Dambisa Moyo, qui dénonce cette "aide fatale" qui alimente un cycle sans fin de corruption en Afrique ?

    Cette volonté de dé-carboner les économies rendra les pays pauvres encore plus pauvres. Aujourd’hui, l’UE dépend à 80% des énergies fossiles. Après avoir dépensé 1000 milliards d’€ en 20 ans, en éolien et solaire, nous en sommes à 2,5%. Samuele Furfari, fonctionnaire européen pendant 36 ans à la DG Énergie de la Commission européenne, connait les chiffres : en Afrique, la consommation est de 700 kg d’équivalent pétrole d’énergie/personne/an contre 3 300 Kg en Europe ! 900 millions d’africains cuisinent avec des bouses animales séchées ou du bois vert, ou, si on est riche, avec du charbon de bois. Cela représente 60% de la consommation africaine d’énergie pour la cuisine, 99% en Ouganda, et Madagascar. En Europe, la consommation électrique est de 6100 kwh/habitant contre 530 en Afrique. 570 millions d’africains n’ont pas accès à l’électricité. Au Kenya, 65% des entreprises sont victimes de déclenchements de deux heures entre 4 et 14 fois par semaine.

    Croit-on un instant que l’Afrique pourra se développer sur ces bases ? Ni l’éolien ni le solaire ne permettront de rattraper un tel retard. Et quand certains pays d’Afrique envisagent d’investir dans des barrages hydroélectriques, ou des centrales à charbon, le Nord refuse de les financer au motif que ce ne serait pas du « développement durable » !

    Quel paradoxe, de voir nos gouvernants faire acte de repentance pour le colonialisme passé et se complaire dans un néocolonialisme économiquement inique et un paternalisme écologiquement moralisateur ! Paradoxe de nos ONG qui enferment l’Afrique dans un sous-développement durable alors que la Chine est érigée en modèle social même si elle construit actuellement plus de 368 centrales à charbon pour moderniser un réseau auquel 100% des chinois sont connectés. Les émissions de CO2 de ces centrales sont sans risque pour la planète, puisque les variations climatiques sont le fait de variations de rayonnements cosmiques corrélées à des cycles solaires.

    En Afrique, l’urgence n’est pas climatique mais énergétique avec un charbon abondant et bon marché. À force de confondre le cri des ONG avec une prétendue clameur de la Terre, on n’entend plus celle des pauvres !

    Stanislas de Larminat

    Le paradoxe africain

    Les 2 ailes 29-10-2021

    Le paradoxe africain

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  • RDC : « Nini tosali te » ? Que n’avons-nous pas fait (depuis soixante et un ans)…

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    Au Congo, la voix protestataire de l’Eglise elle-même s’est tue. Faute de grives, place aux merles chansonniers. Lu sur le site web Afrikarabia :

    " La censure est-elle de retour en République démocratique du Congo ? Le communiqué de la Commission de censure des chansons et des spectacles (CNCCS) semble pourtant sortir d’un autre temps. L’institution, qui dépend du ministère de la Justice, vient en effet d’interdire la diffusion à la radio et à la télévisons des chansons d’artistes congolais : « Nini tosali te » du groupe MPR et plusieurs titres de Bob Elvis, dont « Lettre à ya Tshitshi ». La Commission reproche aux artistes de n’avoir pas présenté le clip vidéo avant sa diffusion publique. Mais la décision de la CNCCS est vite apparue aux yeux des Congolais comme un acte de censure du gouvernement contre des chansons très critiques contre le pouvoir de Kinshasa.

    Vivre ou survivre au Congo

    Avec plus de 800.000 vues sur Youtube en seulement quatre jours, le titre de MPR, « Nini tosali te » (« Que n’avons nous pas fait ») est vite devenu viral sur les réseaux sociaux. Le clip raconte l’histoire d’un enfant qui se rêve médecin, mais qui une fois ses études terminées ne trouve pas de travail. Il est obligé de mendier pour payer ses transports et ne peut pas soigner sa mère malade. La chanson dénonce les difficultés des Congolais qui se sacrifient pour vivre ou survivre… sans travail, sans accès à l’eau à l’électricité, ou à la santé.

    « La plupart des hommes politiques sont sans vision »

    Le titre de MPR dresse un constat désabusé de la situation du pays et accuse les politiques. « Soixante et un an d’indépendance, mais nous sommes toujours à la traîne », peut-on entendre dans les paroles. « Je ne suis plus très enthousiaste quand il faut aller voter. Elections ou pas, c’est pareil ! La famine nous colle à la peau comme une seconde nature. Les députés au parlement passent le plus clair de leurs temps à festoyer. La plupart des hommes politiques sont sans vision. Ils font beaucoup de promesses, une fois qu’ils trouvent leurs comptes, ils vous tournent le dos ».

    « Les ministres se sont rendus à Goma pour des selfies »

    Dans l’autre clip interdit par la Commission de censure, « Lettre à ya Tshitshi », le chanteur Bob Elvis écrit à l’opposant historique Etienne Tshisekedi, le père de l’actuel président congolais. Et là encore, l’artiste a la dent dure contre le nouveau pouvoir de Kinshasa. « Y Tshistshi (le surnom d’Etienne Tshisekedi), depuis que tu es parti, ton fils Félix est devenu président de la République. Mais où est « le peuple d’abord » ? Ces députés sont de plus en plus inconscients. Ils ne défendent que leurs intérêts au Parlement. La guerre dans l’est du pays continue. Le volcan Nyiragongo a fait éruption. Mais les ministres se sont rendus à Goma pour des selfies ». Bob Elvis dénonce enfin les promesses non tenues du nouveau président.

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  • Saint-Siège : de la diplomatie de la Vérité du pape Benoît à la Realpolitik du pape François

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    Lu sur le site « diakonos.be » :

    Islam.png« Si pour Benoît XVI, c’est la « diplomatie de la vérité » qui comptait, pour François c’est la « Realpolitik » qui prévaut. Le changement de cap politique et diplomatique est on ne peut plus net entre les deux derniers pontificats, en particulier dans les rapports avec la Chine et l’Islam. C’est ce que souligne Matteo Matzuzzi, rédacteur en chef du quotidien italien « Il Foglio » et vaticaniste chevronné qui vient de publier un ouvrage sur la géopolitique du Vatican, intitulé « Il santo realismo », édité par LUISS University Press.

    En ce qui concerne la Chine, le changement de cap est sous nos yeux à tous. Celui avec l’Islam l’est moins. Mais c’est précisément sur ce terrain que les deux pontificats suivent des voies divergentes, pour ne pas dire opposées, et que le livre de Matzuzzi reconstruit avec clarté.

    *

    En ce qui concerne Benoît XVI, on garde en mémoire l’incident de Ratisbonne, lorsque sa critique argumentée du rapport incertain dans l’islam entre la foi et la raison a déchaîné une réaction furieuse et violente dans le monde musulman. Mais bien peu se souviennent que non seulement le Pape Benoît n’a pas reculé d’un pouce sur ce qu’il avait dit à l’époque mais que son discours du 12 septembre 2006 avait permis l’émergence d’un dialogue d’une intensité sans précédent d’abord avec trente-huit et ensuite avec cent-trente-huit personnalités musulmanes faisant autorité, issues de nations et d’orientations diverses, aussi bien sunnites que chiites.

    Ce dialogue s’est concrétisé dans de longues lettres au pape signées par ces sages et par la première visite au Vatican du roi d’Arabie Saoudite et gardien des lieux saints de l’islam, ainsi que des émissaires de la plus haute autorité chiite hors d’Iran, le grand ayatollah Sayyid Ali Husaini Al-Sistani. Tandis qu’à son tour, Benoît XVI, après un voyage en Turquie réussi contre toute attente en novembre de cette même année 2006 – avec une prière silencieuse dans la Mosquée bleue d’Istanbul -, en est venu, en dressant un bilan lors de son discours de fin d’année à la Curie romaine, à encourager ouvertement le monde musulman à entreprendre lui aussi cette « longue recherche laborieuse » dans laquelle – disait-il – les chrétiens sont déjà engagés depuis longtemps, c’est-à-dire « accueillir les véritables conquêtes des Lumières, les droits de l’homme et spécialement la liberté de foi et de son exercice, en reconnaissant en eux les éléments essentiels notamment pour l’authenticité de la religion ».

    En s’adressant au corps diplomatique, en janvier 2006, le pape Benoît n’avait pas hésiter à reconnaître dans le temps présent le réel « risque de conflits de civilisations » auquel il fallait opposer, disait-il, « l’engagement pour la vérité », notamment « de la part des diplomaties », une vérité que « ne peut être atteinte que dans la liberté » et « dans laquelle l’homme lui-même en tant que tel est en jeu, le bien et le mal, les grands défis de la vie et le rapport avec Dieu ».

    En s’en tenant à cette « diplomatie de la vérité » sans jamais en dévier, Benoît XVI en a payé le prix. Le prix fort en 2011, quand une voiture piégée a explosé devant une église remplie de fidèles rassemblés pour la messe à Alexandrie, en Égypte. Il y avait eu des dizaines de morts. Et le 2 janvier, à la fin de l’Angélus, le pape ne s’est pas tu. Pas plus que le grand imam d’Al-Azhar, Ahmed Al-Tayyeb, qui avait réagi à « l’ingérence » papale en suspendant tous les rapports avec le Saint-Siège, lui s’était à plusieurs reprises par le passé déclaré favorable aux attentats suicides en territoire israélien.

    Les rapports avec Al-Azhar n’avaient repris qu’en 2016, avec une embrassade à Rome entre Al-Tayyeb et le pape François. Mais justement, beaucoup de choses avaient déjà changé avec ce nouveau pape.

    *

    Entretemps, le dialogue profond sur la foi et la raison avec les cent-trente-huit sages musulmans avait tout de suite été interrompu. Parce que les initiatives du pape François envers l’islam obéissaient à des critères totalement différents et bien plus pragmatiques.

    Son premier geste, à grand renfort de jeûne pénitentiel, fut l’offensive publique contre l’attaque occidentale imminente contre la Syrie de Bachar Al-Assad. Les hiérarchies orthodoxes et catholiques de ce pays étaient résolument dans le camp du régime alaouite, qui faisait office de bouclier contre l’hostilité d’autres tendances islamiques. Mais l’initiative de François était à bien plus large spectre. Parmi ceux qui étaient opposés à une intervention militaire en Syrie, il y avait Vladimir Poutine. Et c’est ce qui avait incité le pape à écrire au leader russe une lettre-appel, en guise de drapeau blanc. Cette initiative avait atteint son but et à partir de ce moment, les rapports entre François et Poutine ont été au beau fixe, jusqu’à donner lieu, le 12 février 2016, à la rencontre historique à l’aéroport de La Havane entre le pape et le patriarche de Moscou, Cyrille, avec la signature conjointe d’un document – souligne Matzuzzi – « qui n’avait pas grand-chose à voir avec le Vatican et semblait avoir été écrit au Kremlin ».

    Cette volte-face pro-russe, plus encore que pro-syrienne, a conduit à sacrifier l’Église catholique d’Ukraine, rattachée, y compris militairement, à Moscou sur son territoire. Mais au jugement de François, la balance des intérêts penchait naturellement en faveur d’une entente avec Moscou.

    Quant à l’islam, François a rapidement montré qu’il entendait poursuivre une « fraternité » interreligieuse générique, même au prix de se taire sur les actes d’agression perpétrés au nom d’Allah, qu’il est même allé jusqu’à parfois justifier.

    Le 7 janvier 2015, à paris, des islamistes radicaux massacrent des dizaines de journalistes et de dessinateurs de la revue satyrique « Charlie Hebdo », accusés de tourner leur foi en dérision. Et huit jours plus tard, au cours de la conférence de presse dans l’avion pendant le vol entre le Sri Lanka et Manille, le pape a fait ce commentaire textuel, en mimant avec le poing serré vers son majordome Alberto Gasbarri :

    « C’est vrai que l’on peut réagir violemment, mais si M. Gasbarri, un grand ami à moi, dit une grossièreté contre ma mère, il recevra un coup de poing! C’est normal! C’est normal! […] Beaucoup de personnes parlent mal des religions, se moquent d’elles, disons qu’elles transforment en jouet la religion des autres, ces personnes provoquent et il peut arriver ce qui arrive si M. Gasbarri dit quelque chose contre ma mère ».

    Le 26 juillet 2016, en France, nouvel assassinat au nom d’Allah, et un prêtre âgé, Jacques Hamel, est décapité sur l’autel. Cinq jours plus tard, dans l’avion de retour de Cracovie, interrogé sur cette question, voici comment a répondu François :

    « Je n’aime pas parler de violence islamique, car tous les jours, quand je feuillette les journaux je vois des violences, ici en Italie : celui qui tue sa fiancée, un autre qui tue sa belle-mère… Et il s’agit de catholiques baptisés violents ! Ce sont des catholiques violents… […] Je crois qu’il n’est pas juste d’identifier l’islam avec la violence. Cela n’est pas juste et cela n’est pas vrai ! J’ai eu un long dialogue avec le grand imam de l’université d’Al-Azhar et je sais ce qu’ils pensent : ils cherchent la paix, la rencontre. […] Le terrorisme grandit quand il n’y a pas d’autre option, quand au centre de l’économie mondiale il règne le dieu argent et non la personne, l’homme et la femme. Cela est un terrorisme de base contre toute l’humanité ».

    Et effectivement, le « long dialogue » cité par le pape avec le grand imam d’Al-Azhar avait bien eu lieu deux mois auparavant, le 23 mai 2016, à Rome, en réparation de la fracture qui avait eu lieu en 2011 avec Benoît XVI. Et cette nouvelle entente a connu au cours des années qui suivirent des développements spectaculaires, de la signature conjointe d’un document sur la « fraternité humaine » à Abou Dhabi aux Émirats Arabes Unis le 4 février 2019, à l’encyclique « Fratelli tutti » du 3 octobre 2020, que le pape a ouvertement déclaré avoir écrit « motivé de manière particulière par le grand imam ».

    Toutefois, dans le même temps, il y a un régime musulman avec lequel François entre en froid : la Turquie de Recep Tayyip Erdogan.

    En effet, Erdogan était irrité depuis l’initiative du pape en défense du régime syrien d’Al-Assad, son rival régional. Et François en avait soigneusement tenu compte, en faisant profil bas lors de sa visite en Turquie de novembre 2014.

    Mais ensuite, après avoir choisi le grand imam d’Al-Azhar comme son compagnon de route, il abandonna Erdogan avec toutes les précautions diplomatiques. Le 12 avril 2015, à la messe en mémoire du martyre du peuple arménien, François a pour la première fois dans la bouche d’un pape désigné ce martyre comme un véritable « génocide » à proprement parler, perpétré par la Turquie cent ans auparavant, « le premier génocide du XXe siècle ».

    Que n’avait-il fait là ! Les réactions courroucées n’ont pas tardé à fuser depuis la Turquie et d’Erdogan en personne. L’ambassadeur auprès du Saint-Siège a été rappelé à Ankara et ne reviendra à Rome qu’un an plus tard. Mais François n’en démord pas. En 2016, il visite l’Arménie et dénonce à nouveau le « génocide », en ajoutant par-dessus le marché – lors de la traditionnelle conférence de presse sur le vol du retour » – n’avoir jamais eu d’autre mot pour désigner l’extermination des Arméniens, pendant toutes ses années passées en Argentine.

    Le 5 février 2018, à Rome, Erdogan est reçu en audience par le pape François, et finissent par trouver un terrain d’entente anti-israélienne temporaire en condamnant la décision de Donald Trump de déplacer l’ambassade américaine à Jérusalem, en tant que véritable capitale de l’État hébreu. Mais les désaccords avec le pape François reprennent de plus belle le 12 juillet 2020, quand François se déclarera publiquement « très affecté » par la transformation de la basilique Sainte-Sophie en mosquée.

    Mais entretemps, la seconde opération de bon voisinage avec les musulmans prenait forme, ce qui pour François revient à tisser des rapports non pas avec des États mais avec des personnes individuelles particulièrement représentatives. Après l’entente avec le sunnite Al-Tayyeb, le pape mise sur une rencontre avec le grand ayatollah chiite Al-Sistani. Et il réussit à la concrétiser le 3 mars 2021, au cours d’un voyage en Iraq audacieux et bien conçu, le premier jamais effectué par un pape.

    Et en effet, Al-Sistani est une personnalité d’une envergure exceptionnelle, y compris au niveau géopolitique. Il est né en Iran, mais il est antithétique aussi bien au régime politique qu’à la volonté de puissance de sa nation d’origine, que surtout à la version de l’islamisme chiite incarnée par Khomeini et ses successeurs. En Iraq, où il vit depuis plusieurs dizaines d’années, Al-Sistani prêche une coexistence pacifique entre sunnites et chiites et conteste à la racine la « wilayat al-fahiq », le théorème khomeiniste qui assigne aux docteurs de la loi islamique le pouvoir politique en plus du pouvoir religieux.

    L’un des effets de la rencontre entre le pape François et Al-Sistani sera que bientôt le grand imam sunnite d’Al-Azhar se rendra lui aussi en Iraq, à Najaf, pour rencontrer pour la première fois le grand ayatollah chiite. Les préparatifs de ce voyage sont déjà bien avancés et auront un impact important sur les ententes et les rivalités qui sont en pleine évolution dans le monde musulman.

    En effet, l’opposition séculaire entre sunnites et chiites ou entre arabes et perses, dans laquelle le Vatican a traditionnellement tendance à privilégier l’entente avec Téhéran, fait aujourd’hui place à une configuration plus complexe avec d’un côté l’Iran, la Turquie, le Qatar, les libanais du Hezbollah et les palestiniens du Hamas et de l’autre l’Égypte, l’Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis, le Maroc et en partie l’Iraq également, avec des sunnites et des chiites mélangés sur l’un et l’autre front.

    Par ses initiatives, François s’est dans les fait alignés au second front, qui est également celui qui est le plus ouvert à Israël et le plus hostile à l’idéologie des Frères Musulmans et des réseaux terroristes connexes. Il a même contribué lui-même à le construire en favorisant le rapprochement entre Al-Tayyeb et Al-Sistani. Miraculeusement, même ses battements d’aile finissent par influer sur l’équilibre mondial.

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

    Ref.François, Al-Tayyeb, Al-Sistani. Le miracle de la triple entente

  • Liège : ouverture d’un cycle de cours libres pour la formation religieuse des jeunes adultes en l’église du Saint-Sacrement au Bd d’Avroy.

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    eglise_du_Saint-Sacrement_de_Liege-681x1024.jpgLes cours sont gratuits. Ils se déroulent dans les locaux de l’église (Bd d’Avroy, 132), au rythme de l’année académique, un jeudi par mois, de 19h00 à 21h00, sous la forme d’une leçon suivie d’un lunch-débat convivial.

    Le premier cycle (année académique 2021-2022) est dédié à la doctrine sociale de l’Eglise. L’enseignement sur ce thème est assuré par Mme Anne-Marie Libert, licenciée en philosophie et en sciences religieuses, chargée de cours au Séminaire de Namur (SND) et professeur à l’Institut Diocésain de Formation (IDF-Namur).

    Le cycle s’est ouvert le jeudi 21 octobre dernier par un exposé introductif de Mme Libert sur la vision anthropologique qui fonde l’enseignement social de l’Eglise. On trouvera ci-après une synthèse paraphrasant l’exposé littéral.

    La prochaine rencontre aura lieu le jeudi 11 novembre 2021 de 19h00 à 21h00. Elle sera dédiée à la notion de Bien Commun.

    Renseignements et inscriptions : sursumcorda@skynet.be

    Première leçon du jeudi 21 octobre à 19h00

    FONDEMENTS ANTHROPOLOGIQUES

    Synthèse de l’exposé

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  • Xi Jinping, nouveau grand timonier à vie de la Chine communiste

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    De Dorian Malovic sur le site du journal La Croix :

    Xi Jinping renforce son pouvoir de « leader à vie »

    Au cours du 6e plénum du comité central du Parti communiste, qui se tient à Pékin du 8 au 11 novembre, le leader chinois Xi Jinping présentera une « résolution historique », la troisième seulement depuis la naissance du parti.

    Elle devrait le placer dans la droite ligne de Mao afin de mener la Chine vers « une nouvelle ère de prospérité commune » pour les décennies à venir.

    Xi Jinping est plus que jamais le « cœur » du Parti communiste chinois et de la nation. C’est sur ce postulat de base fondamental que le 6e plénum du comité central du Parti communiste chinois va se réu­nir à Pékin du 8 au 11 novembre. Ses 300 hauts cadres ratifieront une « résolution historique sur les succès du parti depuis 100 ans de lutte » que leur proposera le président. « Il s’agira d’une relecture historique sur la façon de penser le passé, le présent et l’avenir du parti dans le but de renforcer le pouvoir et la légitimité de Xi Jinping », analyse depuis Hong Kong le sinologue Jean-Pierre Cabestan, chargé de recherches au CNRS et chercheur associé à Asia Centre.

    Pour prendre la mesure et la force de cette « résolution historique » en 2021, il faut rappeler que seulement deux résolutions de ce genre ont été ratifiées depuis la naissance du Parti communiste chinois, en 1921. La première le fut en 1945 par Mao, quatre ans avant la fondation de la République populaire de Chine, pour condamner ses rivaux et leurs erreurs idéologiques, préparant le terrain politique pour son installation au sommet de la hiérarchie communiste. La seconde n’a été ratifiée qu’en 1981 par Deng Xiaoping. Celui-ci avait osé y critiquer les erreurs de Mao durant la révolution culturelle, jugeant son leadership global à « 70 % de positif et 30 % de négatif », ouvrant la voie aux réformes et à l’ouverture de la Chine.

    « Même si personne ne connaît encore la substance de ce texte qui s’annonce majeur, anticipe Mathieu Duchâtel, expert de la Chine et directeur du programme Asie à l’Institut Montaigne, cette résolution sera un indicateur très clair sur la façon dont Xi Jinping conçoit son pouvoir dans la nouvelle ère. Avec Mao, la Chine s’est levée ; avec Deng, la Chine s’est enrichie ; et avec Xi, la Chine est devenue une puissance. »

    On peut s’attendre à des louanges et à une glorification du parti. Le très puissant département de la propagande de ce dernier a déjà publié l’été dernier, dans la perspective de ce plénum, des documents détaillant les « contributions historiques » du parti ces cent dernières années, insistant également sur la gestion exemplaire de Xi Jinping.

    Pour Mathieu Duchâtel, il faudra voir si Xi Jinping osera critiquer, et avec quelle intensité, la période d’enrichissement de la Chine sous Deng Xiaoping, qui a engendré un pays profondément inégalitaire. Cela lui permettrait de justifier sa nouvelle politique de « prospérité commune » visant à redistribuer, bien souvent sous la contrainte, les richesses du pays. «Cette résolution pourrait introduire la » pensée Xi Jinping » dans une nouvelle phase historique du parti, explique encore Mathieu Duchâtel, et ce serait énorme ». D’autant que Xi a déjà préparé le terrain en prenant « le contrôle idéologique total de toutes les structures du parti comme de la société civile », ajoute Valérie Niquet, spécialiste de la Chine à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS). Ainsi, « en dépit de multiples tensions internes et d’une situation générale peu glorieuse pour la Chine » ajoute-t-elle, Xi Jinping renforce toujours plus son pouvoir dans la perspective du prochain congrès du Parti communiste, à l’automne 2022, qui l’intronisera, sauf surprise, « leader à vie ».

    Jean-Pierre Cabestan reconnaît qu’il existe de nombreux mécontents au sein du parti – « depuis 2012, il s’est fait beaucoup d’ennemis au sein des élites et de la classe moyenne », dit-il –, mais il a su diviser pour mieux régner, instiller la peur dans les rangs des cadres et se débarrasser de responsables gênants. Les spéculations sur un coup d’État interne vont bon train mais, pour ce fin observateur de la scène politique chinoise basé à Hong Kong, « Xi contrôle tout, le comité central, les services de sécurité et l’armée… Ce n’est pas facile de fomenter un coup d’État en Chine. »

  • Le pape à venir : plutôt Jean-Paul III que Jean XXIV

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    De Stefano Fontana sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Le pape à venir : plus Jean-Paul III que Jean XXIV

    8-11-2021

    Il ne confondra pas ses opinions personnelles avec l'enseignement constant de l'Église ; il accueillera les critiques sérieuses de ceux qui partagent la responsabilité de l'Église ; et s'il parle durement aux autres, il ne rabaissera ni sa propre dignité ni celle des autres. Dans la papauté de l'avenir vue à travers les yeux du biographe de Karol Wojtyla, Weigel, on peut voir à contre-jour une réaction au système François. Plus un Jean Paul III qu'un Jean XXIV.

    Le livre The Next Pope de George Weigel, publié l'année dernière en Amérique par Ignatius Press et maintenant en Italie par Fede & Cultura, est arrivé en Italie. Le théologien et biographe de Jean-Paul II tente de préfigurer ce que devrait être et ce que devrait faire le successeur de François, celui que ce dernier, de son côté, a déjà appelé "Jean XXIV". Le livre aborde tous les aspects d'une sorte d'"agenda papal", en se concentrant non seulement sur les choses à faire, mais aussi et surtout en précisant le sens du ministère pétrinien par rapport aux différentes sphères de la vie de l'Église et du monde, et surtout par rapport à l'évangélisation, ou nouvelle évangélisation, un concept que Weigel aime reprendre à Jean-Paul II.

    La figure de ce dernier est très présente dans le livre, comme l'un des points de référence fondamentaux pour le nouveau pape. Cela est sans doute dû à la familiarité de Weigel avec un pontife dont il a écrit une biographie détaillée, mais cela tient aussi à la vision que Weigel exprime des besoins de l'Église aujourd'hui. En parcourant les différents chapitres du livre, le lecteur est de plus en plus convaincu que, tout bien considéré, l'esprit et le cœur de Weigel sont davantage faits pour un Jean XXIV que pour un Jean Paul III. Soyons clairs, l'auteur exprime une grande estime pour Jean XXIII et évalue positivement, même si ce fut trop hâtif, son ouverture à l'Esprit en convoquant le Concile, et place aussi bien Jean Paul II que Benoît XVI dans la continuité de celui-ci. Selon lui, c'est précisément cette continuité qui doit être reprise par The Next Pope et relancée, raison pour laquelle il n'est pas sans fondement de lire dans le livre le souhait, jamais déclaré mais indiqué en filigrane, d'un Jean-Paul III.

    Lu de cette façon, le livre est aussi une description implicite des grandes lignes du pontificat actuel qui, par rapport aux besoins d'évangélisation que le prochain pape devrait faire siens, montrent leurs côtés sombres. Les exemples sont nombreux.

    Weigel, en tant que wojtylien convaincu, parle encore d'évangélisation et même de nouvelle évangélisation. Ces concepts, surtout le second, sont clairement dans le moule de Jean-Paul II. Des concepts qui, pourtant, sont aujourd'hui négligés, voire abandonnés. Les réitérer et en faire une extrême nécessité de l'Église de demain, c'est lier le discours non pas à François mais précisément à Jean-Paul II. L'expression "nouvelle évangélisation" peut revêtir deux significations. Dans un premier sens, elle signifie "différente de ce qu'elle était auparavant", dans un second sens, elle signifie "celle de la première évangélisation lancée et relancée". Le premier sens est celui de François, le second celui de Jean-Paul II. Mais il est clair que Weigel l'utilise dans ce second sens et, par conséquent, ne peut s'empêcher de signaler indirectement les obscurités du premier sens. C'est seulement le fait qu'il parle de "nouvelle évangélisation" alors que plus personne dans l'Eglise de François n'utilise cette expression et que se répand plutôt l'idée que de telles revendications seraient entachées de prosélytisme, ce qui traduit un choix clair.

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  • "Il y a un lien entre la confusion doctrinale et la dépravation d’un nombre relativement important de clercs"

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    De Denis Crouan sur Pro Liturgia :

    4 novembre 2021

    Il est devenu de plus en plus évident, en apprenant la quantité incroyable de scandales de toutes sortes qui secouent l’Eglise, qu’il y a eu, dans les cinquante dernières années, de considérables défaillances quant au discernement des candidats au sacerdoce dans les séminaires. Il faut dire avec force que tous ces scandales trouvent leur racine dans un problème de spiritualité. Ce pourrait être facilement démontrable.

    Ainsi donc, pour s’assurer que le « sacerdoce célibataire » ne devienne pas un refuge pour des hommes à la sexualité déviante ou rencontrant des problèmes affectifs, il faut un discernement des vocations qui doit être accompli par des supérieurs eux-mêmes équilibrés, et ce dès les premières années de séminaire.

    Mais pour pouvoir discerner, encore faut-il avoir des critères de discernement : des critères objectifs, clairs et précis, qui permettent de savoir si tel ou tel candidat dispose ou pas des aptitudes requises. Ces critères doivent nécessairement reposer sur une vision claire de ce qu’est le sacerdoce, de ce qu’exige la vie sacerdotale. En effet : si l’on entretient une conception floue du sacerdoce, si la théologie du sacerdoce du Christ et de celui du prêtre comme “alter Christus”, chaste, pauvre et obéissant, dont la vocation première est d’offrir le Sacrifice eucharistique est relativisée ou n’est plus enseignée, si l’on remplace cette théologie par une conception très vague du prêtre dans lequel celui-ci n'est vu que comme une sorte d’animateur social débordant de générosité, comment tirer d’une telle conception de ce qu’est le prêtre des critères précis, clairs et exigeants ? C’est parfaitement impossible. Une saine théologie du sacerdoce est, comme l’a rappelé Benoît XVI lors de son voyage pastoral à Cologne, le fondement nécessaire sur lequel reposent les critères de discernement des vocations.

    N’en déplaise aux progressistes de tous poils, il est donc clair qu’il y a un lien entre la confusion doctrinale et la dépravation d’un nombre relativement important de clercs. Mais allons plus loin : la théologie du sacerdoce, comme toute théologie vraiment catholique, ne peut se maintenir que si elle repose sur une spiritualité authentique dont le cadre d’expression par excellence reste la Liturgie. Or, la Liturgie est aujourd’hui dans le triste état que l’on sait...

    La situation apparaît donc dans toute sa clarté : la crise de la foi et de la spiritualité s’exprime dans l’effondrement de la liturgie. Elle y a aussi, d’une certaine façon, sa source. Il en résulte un affadissement considérable de la théologie du sacerdoce, qui ne peut dès lors plus servir de base à l’élaboration de critères de discernement dignes de ce nom.

    De ce fait, des individus qui n’auraient jamais dû l'être sont admis aux ordres sacrés, avec les conséquences que l'on sait. Spiritualité, liturgie, théologie, doctrine, discipline, morale : dans l’Eglise, tout est cohérent et tout se tient, tout « s’entre-tient ».

  • Abus sexuels en France : les évêques reconnaissent une "responsabilité institutionnelle" de l'Eglise

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    De Guillaume de Thieulloy sur le Salon Beige :

    Responsabilité institutionnelle, kézako?

    Les évêques de France, réunis à Lourdes, ont décidé vendredi de “reconnaître la responsabilité institutionnelle de l’Église” dans les agressions sexuelles subies par des milliers de victimes [au passage, je note que l’AFP n’assume pas le chiffre de 216 000 victimes, que tout le monde ressasse sans trop comprendre d’où il sort, note de GT] et la “dimension systémique” de ces crimes, a annoncé vendredi leur représentant, Mgr Eric de Moulins-Beaufort.

    Et, un peu plus bas, l’AFP ajoute que Mgr de Moulins-Beaufort aurait précisé que ces actes pédocriminels “ont été rendus possible par un contexte général, des fonctionnements, des mentalités, des pratiques au sein de l’Église”.

    Disons-le tout net: je butte sur cette “dimension systémique” et cette “responsabilité institutionnelle”. J’avoue que je ne comprends pas ce que cela signifie – ou plutôt que j’ai peur de trop bien comprendre!

    Si l’on entend par là, que tous les diocèses et paroisses de France seraient collectivement responsables des crimes commis par moins de 2% des clercs, ce serait évidemment à la fois absurde et monstrueux. Comment rendre responsable une écrasante majorité d’innocents de crimes aussi abominables? La justice consiste à condamner les coupables et à réparer le préjudice subi par les victimes, pas à condamner en bloc des innocents – et trop de prêtres amis ou inconnus m’ont dit leur douleur d’être ainsi cloués au pilori par une opinion publique manipulée par des personnes profondément hostiles à l’Eglise (dont le moins que l’on puisse dire est que le souci des victimes n’est pas toujours la priorité).

    De façon générale, je crois beaucoup plus à la responsabilité personnelle qu’à la responsabilité “systémique”. Ce sont les idéologies totalitaires, notamment nazie ou communiste, qui voyaient des culpabilités collectives de race ou de classe, pas les gens civilisés!

    Alors que peut-on vouloir dire par cette “responsabilité institutionnelle”? Peut-être veut-on dire par là que la fraternité sacerdotale a empêché un certain nombre de dénonciations et donc empêché de mettre un terme aux agissements criminels de certains clercs. Pour le coup, c’est bien possible. Encore que ma petite expérience de séminariste me laisse supposer que la charité sacerdotale peut aussi s’accompagner d’une profonde détestation: dans tous les milieux où des hommes sont proches les uns des autres, ils nouent des amitiés très profondes, rendant psychologiquement difficile une dénonciation, mais aussi parfois de solides animosités. Et j’ai peine à croire qu’un prédateur, qui aurait bénéficié de protections de la part de ses confrères ou de ses supérieurs, n’ait jamais rencontré un confrère beaucoup moins amical… Si M. Sauvé se souvient de son expérience de noviciat, je doute qu’il soit dupe de cette présentation qu’il entretient d’une sorte de “corporation ecclésiastique” totalement unie et formant un bloc soudé face au monde extérieur!

    En tout cas, de toute évidence, la plupart des chacals médiatiques ont compris la notion de “responsabilité institutionnelle” comme un engagement solidaire à dédommager les victimes. Mais cela pose au moins deux problèmes.

    Le premier, c’est de savoir comment nous saurons que telle personne a réellement été victime de tel clerc. Dans la situation actuelle, je ne vois que la justice pénale séculière qui soit à même de trancher ce genre de questions. Mais ladite justice ne connaît pas de “responsabilité institutionnelle”: elle connaît des victimes, des coupables et éventuellement des complices. Pour ma part, je trouve plus que normal que les coupables paient pour leurs crimes. Je ne vois pas davantage d’inconvénient à ce que les clercs qui auraient dissimulé les crimes de leurs confrères ou subordonnés soient condamnés pour complicité. Mais je ne peux pas imaginer une situation où n’importe qui se disant victime pourrait demander réparation à n’importe quel diocèse ou paroisse. Je dis: “se disant”, non pour minimiser le préjudice subi par les véritables victimes, mais parce que, sans le passage de la justice, nous ne pouvons pas savoir si une personne est réellement victime ou affabulatrice ou encore détestant l’Eglise et voulant la faire “cracher”! Je rappelle que, parmi les innombrables problèmes méthodologiques du rapport Sauvé, figure le fait que les quelques 3000 victimes que l’on présente comme avérées se sont, pour la plupart, auto-déclarées. Cela ne signifie pas qu’elles ne soient pas victimes; cela signifie juste que nous n’avons que leur parole – sans rien savoir de la parole de la défense (qui peut même ignorer totalement être ainsi accusée). Comme disait l’abbé Viot dans une émission que j’animais récemment sur TV Libertés, il ne suffit pas de balancer des nombres, il faudra bien donner des noms (de coupables et de victimes) et des faits.

    Le deuxième problème, c’est que les biens de l’Eglise n’appartiennent pas aux clercs. Si l’on admettait – quod Deus advertat! – qu’il soit juste que les innocents paient pour les coupables, on ne pourrait se tourner, que je sache, que vers deux sources de financement: le denier du culte ou le patrimoine de l’Eglise. Mais le denier du culte, comme son nom l’indique, sert à permettre aux clercs de nous donner les sacrements. Il permet que le prêtre vive de l’autel, selon la plus antique tradition, non seulement chrétienne, mais même juive et païenne. Il serait insensé de priver des prêtres innocents de leurs moyens de vivre pour dispenser des coupables de répondre de leurs actes criminels! Au passage, je puis sans grand risque prophétiser que l’Eglise de France, qui a déjà un grave problème de denier du culte en ce moment (les recettes se sont effondrées avec la crise sanitaire), connaîtrait un effondrement pire encore. Pour ce qui me concerne, il est clair que, si, demain, j’apprenais que mon denier servait à financer les conséquences des turpitudes de certains clercs, je ne le donnerais plus et le transformerais en dons directs à certains prêtres de confiance – et évidemment, c’est mon diocèse qui en serait instantanément pénalisé. L’autre source de financement serait le patrimoine de l’Eglise. Ou plutôt ce qu’il en reste après les spoliations révolutionnaires et républicaines, notamment celles de 1790 et de 1905. D’abord, je doute que cela suffise. Je suis d’ailleurs étonné que personne ne parle d’ordre de grandeur: si l’on admet le chiffre de 216 000 victimes et en supposant que la moitié soit encore vivantes, et même si l’on admettait que l’indemnité moyenne soit de 100 000 euros, ce qui ne me semble pas très important pour un viol, cela impliquerait des dépenses de réparation de l’ordre de 10 milliards d’euros. Croit-on vraiment que les diocèses de France disposent d’un tel patrimoine, alors que la moitié sont déjà en faillite ou proches de la faillite? Au passage, je rappelle aussi que la commission Sauvé, qui fut si généreuse sur le nombre de victimes, n’a fait que 22 signalements à l’autorité judiciaire – le chiffre a assez peu circulé, mais il me semble très significatif du nombre de cas réellement avérés que la commission a eu entre les mains. Mais, même si l’on admettait que les diocèses avaient les moyens financiers de payer de telles sommes à un tel nombre de victimes, il y a un droit: le patrimoine de l’Eglise a été légué en vue d’une fin cultuelle, charitable ou autre. Si l’on détourne le leg de sa fin, la justice exige qu’il revienne aux héritiers du légataire.

    En un mot, il serait sage de dire au plus vite que l’interprétation médiatique commune de cette “responsabilité institutionnelle” est infondée. Sans quoi nous nous avançons vers des problèmes sans fin. En tout cas, chers amis, prions pour nos prêtres, ils en ont grand besoin – de façon générale, mais tout spécialement en ce moment! Et prions pour que notre Sainte Mère l’Eglise (même ainsi défigurée par les péchés de ses enfants et les crachats de ses ennemis, elle reste sainte!) sorte purifiée de cette effroyable épreuve.

  • L’esprit de la liturgie en Afrique : de Keur Moussa au Bas-Congo

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    Keur Moussa : une abbaye bénédictine africaine au cœur du Sénégal:

    RDC : Litanie des saints (en kikongo) | Chorale Ngunga de Saint Jean Marie Vianney:

  • "Il y a un effort délibéré en Europe et en Amérique pour effacer les racines chrétiennes de la société et pour supprimer toute influence chrétienne subsistante"

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    Du site de la Revue jésuite America :

    Mgr Gomez : l'Eglise doit faire face aux mouvements de justice sociale "woke" qui visent à "annuler" les croyances chrétiennes.

    Catholic News Service

    5 novembre 2021

    LOS ANGELES (CNS) -- L'Église catholique doit proclamer Jésus-Christ de manière "audacieuse" et "créative" face aux nouveaux mouvements laïques qui promeuvent la "justice sociale", le "wokeness" et l'"intersectionnalité", entre autres croyances, comme la réponse à tous les maux de la société, a déclaré l'archevêque de Los Angeles José H. Gomez, président de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis, le 4 novembre.

    "Nous devons raconter notre histoire du salut d'une nouvelle manière, avec charité et confiance, sans peur", a-t-il déclaré. "C'est la mission de l'Église à chaque époque et à chaque moment culturel".

    L'archevêque Gomez a fait ces commentaires dans un discours enregistré sur vidéo pour le 23e Congrès catholique et de la vie publique qui se tiendra à Madrid, et qui, selon les organisateurs, se concentrera sur le politiquement correct et "les dangers de cette méga-idéologie", tels que la prévention du débat et la limitation des libertés.

    Selon Mgr Gomez, l'Église catholique doit proclamer le Christ "avec audace" face aux nouveaux mouvements séculiers qui promeuvent la "justice sociale" et le "wokeness" comme la réponse à tous les maux de la société. Il a parlé de "la montée des nouvelles idéologies séculières et des mouvements de changement social aux États-Unis et des implications pour l'Église catholique". L'Eglise doit comprendre ces mouvements "comme des pseudo-religions, et même des substituts et des rivaux aux croyances chrétiennes traditionnelles", a-t-il dit, car "ils prétendent offrir ce que la religion fournit."

    "Avec l'effondrement de la vision du monde judéo-chrétienne et la montée du sécularisme, des systèmes de croyances politiques fondés sur la justice sociale ou l'identité personnelle sont venus occuper l'espace que la croyance et la pratique chrétiennes occupaient autrefois", a-t-il dit. "Nous savons tous que, même si les conditions sont uniques aux États-Unis, des schémas similaires de sécularisation agressive sont à l'œuvre depuis longtemps en Espagne et ailleurs en Europe", a-t-il ajouté.

    "Une classe dirigeante d'élite s'est formée dans nos pays, qui ne s'intéresse guère à la religion et qui n'a aucun attachement réel aux nations dans lesquelles elle vit, aux traditions ou aux cultures locales", a déclaré Mgr Gomez, qui est président de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis. "Ce groupe, qui est en charge dans les entreprises, les gouvernements, les universités, les médias et dans les établissements culturels et professionnels, a-t-il ajouté, veut établir ce que nous pourrions appeler une civilisation mondiale, construite sur une économie de consommation et guidée par la science, la technologie, les valeurs humanitaires et les idées technocratiques sur l'organisation de la société."

    "En fait, selon eux, la religion, en particulier le christianisme, ne fait que faire obstacle à la société qu'ils espèrent construire." La sécularisation signifie la "déchristianisation", comme l'ont souligné de nombreux papes, a-t-il dit. "Depuis des années, il y a un effort délibéré en Europe et en Amérique pour effacer les racines chrétiennes de la société et pour supprimer toute influence chrétienne restante." "Nous constatons que souvent, ce qui est annulé et corrigé, ce sont des perspectives enracinées dans les croyances chrétiennes -- sur la vie humaine et la personne humaine, sur le mariage, la famille.

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  • Motu Proprio « Traditionis Custodes » du pape François : quel impact sur les séminaires traditionalistes ?

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    Lu sur le site web « Salon beige »:

    « La Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre vient de publier ses ‘statistiques annuelles’. Elle compte 526 membres dont 341 prêtres (dont 98 français incardinés), 185 séminaristes (dont 17 diacres). Les prêtres desservent 147 diocèses pour 259 lieux de cultes dont 47 paroisses personnelles. En France, aucun diocèse n’a érigé une paroisse personnelle pour la Fraternité Saint-Pierre. Une bizarrerie déjà évoquée dans nos colonnes par l’abbé Benoît Paul-Joseph, supérieur du district de France de la FSSP.

    En septembre malgré le motu proprio Traditionis Custodes, plus de 50 jeunes ont fait leur entrée dans les séminaires de la Fraternité. Avec 185 séminaristes (168 séminaristes et 17 diacres), les effectifs des deux séminaires (et de la maison de discernement de Sydney) sont au plus haut depuis la fondation en 1988.

    Et ces rentrées ne se font pas au détriment des autres instituts traditionalistes, qui connaissent également une croissance ininterrompue. 63 personnes sont entrées dans les séminaires de la FSSPX et 26 à l’Institut du Christ-Roi. »

    Ref. 47 paroisses personnelles pour la Fraternité Saint-Pierre. Zéro en France

  • On ne verra pas le Pape dans les rues de Tournai

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    De notele.be :

    Le bourgmestre de Tournai invite le pape François

    Le bourgmestre de Tournai Paul-Olivier Delannois a décidé d'inviter le pape François dans la cité des cinq clochers. "Tournai, ville d'évêché, dispose d'une cathédrale remarquable qui vient d'être restaurée suite aux dégâts causés par une tornade voici plus de 20 ans. Cette année coïncide également avec les 850 ans de la dédicace Notre-Dame à notre édifice ainsi que ses 20 ans d'inscription au patrimoine mondial de l'Unesco", explique-t-il.

    Paul-Olivier Delannois évoque aussi l'exposition au musée des Beaux-Arts d'un ensemble de la Cathédrale de Tournai. "Cette exposition marque l'achèvement d'une opération patrimoniale majeure en faveur de pièces issues des tapisseries du cycle de l'histoire de Jacob qui ornaient autrefois le choeur de la Cathédrale de Tournai. Tissées au XVIème siècle dans les ateliers bruxellois à partir de cartons attribués à Bernard Van Orley, ces oeuvres textiles, rares témoins de la Renaissance à Tournai, furent offertes à sa cathédrale par l'évêque Charles de Croÿ en 1554. Les fragments exposés appartiennent à un cycle de tapisseries qui comptait originellement dix épisodes traduisant en images le récit complexe de la vie de Jacob. Subdivisée en multiples saynètes à la manière d'une bande dessinée, chaque pièce relate les péripéties de ce héros du Livre de la Genèse que l'exposition a pour ambition d'illustrer : les luttes fraternelles mais aussi les réconciliations ou les retrouvailles qui s'ensuivent. J'ai l'honneur d'inviter Votre Sainteté à venir découvrir notre musée et notre Cathédrale en cette année très symbolique".

    "Il n'est hélas pas possible d'y répondre favorablement"

    La Vatican a répondu au courrier du bourgmestre. On ne verra pas le Pape dans les rues de Tournai. "Le Saint-Père est sensible à l'attention que vous portez à la conservation et à la transmission du patrimoine religieux et culturel. Il vous encourage dans votre mission au service du bien commun et de la cité. En ce qui concerne votre invitation, j'ai le regret de vous informer qu'il n'est hélas pas possible d'y répondre favorablement. Le pape François vous assure de sa prière et vous accorde volontiers sa bénédiction", a répondu le secrétariat du Vatican.