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Christianisme - Page 12

  • Belgique : La fréquentation des messes augmente mais baisse de 40 % par rapport à 2017

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    De Luke Coppen sur The Pillar :

    Belgique : La fréquentation des messes augmente mais baisse de 40 % par rapport à 2017

    17 novembre 2023

    La fréquentation de la messe dominicale en Belgique a légèrement augmenté en 2022 après la levée des restrictions liées au COVID-19, mais elle reste en baisse de 40 % par rapport à 2017, selon de nouveaux chiffres publiés mercredi.

    Le dernier rapport annuel de l'Église, publié le 15 novembre, indique que la participation à la messe dominicale a augmenté de 6 183 personnes par rapport à 2021, année où 166 785 personnes ont assisté à la messe un dimanche moyen, en raison des mesures prises pour contenir la pandémie de coronavirus.

    Mais le site officiel de l'Église note que la participation à la messe dominicale a chuté de 286 393 en 2017 à 172 968 en 2022, soit une perte de plus de 113 000 fidèles au cours de la période de six ans.

    Le rapport "Église catholique en Belgique 2023" indique que 50% des quelque 12 millions d'habitants de la Belgique s'identifiaient comme catholiques en 2022 - en baisse par rapport à 53% en 2017 - et que 8,9% assistaient à la messe au moins une fois par mois.

    Les années 2017 à 2022 ont vu une profonde érosion du nombre de baptêmes (-15%), de confirmations (-21%), de mariages catholiques (-12%), de prêtres diocésains (-33%), de prêtres religieux (-22%), de diacres permanents (-5%) et de paroisses (-6%).

    L'Église a toutefois souligné que plusieurs des chiffres de 2022 étaient supérieurs à ceux de 2021. 

    Les baptêmes sont passés de 36 834 en 2021 à 43 327 en 2022 (+18%), tandis que les mariages ont grimpé de 4 032 à 6 947 (+72%). Le nombre de baptêmes d'adultes a également augmenté, passant de 162 en 2021 à 225 en 2022 (+39%).

    La Belgique est un pays de la taille de l'État américain du Maryland, bordé par les Pays-Bas, l'Allemagne, le Luxembourg et la France.

    Le pays a également connu une recrudescence des pèlerinages l'année dernière. 

    Les quatre grands sanctuaires mariaux de Belgique - Banneux, Beauraing, Oostakker et Scherpenheuvel - ont reçu un total de 1,27 million de visiteurs en 2022. Banneux a accueilli 220 000 pèlerins, Beauraing 200 000, Oostakker 250 000 et Scherpenheuvel 600 000. 

    Par ailleurs, le nombre de demandes de "débaptisation" a fortement diminué en 2022, après un pic l'année précédente. Il y en a eu 5 237 en 2021 et 1 270 en 2022 (-75%).

    Lorsqu'un catholique demande à être "débaptisé" en Belgique, la demande est notée dans la marge du registre des baptêmes de l'Église, mais l'inscription du baptême n'est pas supprimée.

    L'Église catholique enseigne que "le baptême scelle le chrétien de la marque spirituelle indélébile de son appartenance au Christ". Bien qu'une personne puisse perdre la pratique de la foi, ou même y renoncer complètement, il est impossible d'inverser les effets du baptême.

    Les nouveaux chiffres ne tiennent pas compte de l'impact de la série documentaire "Godvergeten", qui a suscité un tollé lors de sa diffusion en Belgique en septembre dernier. Cette série, qui mettait en lumière les abus commis par des clercs et les dissimulations dont ils ont fait l'objet, a déclenché une enquête parlementaire et aurait incité un grand nombre de catholiques à quitter l'Église.

    Dans une introduction au nouveau rapport, le président de la Conférence épiscopale belge, Mgr Luc Terlinden, a déclaré : "La seule phrase qui convienne est : tolérance zéro : "La seule phrase qui vaille est : tolérance zéro. Il est plus important que jamais de poursuivre le chemin de la reconnaissance et de la réparation initié avec succès par la commission parlementaire de 2010. Seule la vérité nous libère".

    Mgr Terlinden, qui a été nommé archevêque de Malines-Bruxelles en juin, faisait référence à une commission parlementaire créée en octobre 2010, à la suite de la démission de l'évêque de Bruges, Mgr Roger Vangheluwe, qui avait admis avoir abusé d'un neveu. Mgr Vangheluwe, aujourd'hui âgé de 87 ans, reste évêque malgré les demandes d'autres prélats belges de renoncer à son titre épiscopal.

    L'Église a déclaré que ses points de contact avaient reçu 47 rapports d'abus entre juillet 2022 et juin 2023. Sept cas ont été transmis à la justice parce que le délai de prescription pour les incidents n'était pas clair ou qu'un abuseur présumé pouvait représenter un risque. Vingt-trois personnes ont reçu une compensation financière.

    Le nouveau rapport note également qu'en septembre 2022, les évêques de la région flamande de Belgique ont créé un point de contact "homosexualité et foi".

    "Les évêques flamands souhaitent ainsi répondre concrètement au désir d'accorder une attention explicite à la situation des personnes homosexuelles, de leurs parents et de leurs familles dans le fonctionnement de l'Église", indique le rapport.

    L'initiative a été lancée avec un document de trois pages décrivant la nouvelle approche pastorale, qui comprenait un texte autorisant la bénédiction rituelle des couples de même sexe. 

    Les évêques de Flandre ont discuté du document avec des membres de la Curie romaine et le pape lors de leur visite ad limina de novembre 2022, mais le Vatican n'a fait aucun commentaire public sur le texte belge. 

    Répondant à des dubia, ou doutes, posés par cinq cardinaux en juillet, le pape François a déclaré que "la prudence pastorale doit (...) discerner correctement s'il existe des formes de bénédiction, demandées par une ou plusieurs personnes, qui ne véhiculent pas une conception erronée du mariage". 

    Les nouveaux chiffres montrent que le nombre de prêtres diocésains en Belgique est passé de 2 774 en 2017 à 1 859 en 2022 - ce qui signifie que le pays compte 915 (un tiers) prêtres en moins. Le nombre de prêtres religieux a également diminué au cours de la même période, passant de 2 205 à 1 723 (-22 %).

    Le nombre de paroisses est passé de 3 846 à 3 613. Les huit diocèses belges regroupent actuellement les paroisses en unités pastorales plus importantes.

    En 2022, 22 églises ont été désaffectées et trois ont été données à d'autres communions chrétiennes.

    Les autorités fédérales belges paient les salaires des personnes désignées comme "ministres du culte" - un arrangement qui pourrait être révisé à la suite du documentaire "Godvergeten". 

    Dans l'Église catholique, les paiements couvrent les salaires non seulement des prêtres et des diacres, mais aussi des laïcs nommés par les évêques.

    L'Église belge compte 2 277 "ministres du culte", dont 509 femmes et 486 personnes originaires de l'étranger. On compte 162 personnes originaires de la République démocratique du Congo, qui a des liens historiques avec le pays, 42 personnes originaires de France et 22 personnes originaires de Pologne.

  • France : la culture catholique en déclin

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    De RCF :

    EN FRANCE, LA CULTURE CATHOLIQUE EN RECUL

    Un article rédigé par Frédéric Mounier, Odile Riffaud - RCF, le 15 novembre 2023
     
    80% des Français ne savent pas ce que signifient l'Assomption ou la Pentecôte. Il y a de moins en moins de baptêmes de nouveau-nés. Et en une vingtaine d'années il y aura en France autant de prêtres que... de tatoueurs. Que reste-t-il de l’influence culturelle du catholicisme en France ? Le politologue Jérôme Fourquet observe une évaporation de la matrice culturelle judéo-chrétienne et une "bascule anthropologique".

    "35% des catholiques allaient à la messe tous les dimanches en 1960" contre "3 ou 4% aujourd’hui". (Photo : basilique Saint-Sernin, Toulouse, le 16/09/2023 ©Jean-Marc Barrere / Hans Lucas)

    Le nombre de catholiques dans le monde est augmentation. En 2021, il a même franchi la barre du milliard, d'après Fides, l’agence du Vatican. À l'inverse, en France, non seulement on assiste à une baisse spectaculaire du nombre de prêtres et de pratiquants, mais aussi à une perte d'influence du catholicisme. Pour le politologue Jérôme Fourquet, la matrice judéo-chrétienne est en évaporation. Le directeur du département Opinion à l’Ifop, auteur de "La France d’après - Tableau politique" (éd. Seuil, 2023), parle d'une "bascule anthropologique".

    La disparition programmée des prêtres en France ?

    Va-t-on vers la disparition des prêtres catholiques français ? "Si on se base sur les chiffres de l’Église elle-même, publiés sur le site de la Conférence des évêques de France, observe Jérôme Fourquet, on constate que le nombre de prêtres en activité est passé de à peu près 25.000 au début des années 2000, à moins de 12.000 ces dernières années. Donc c’est une division par deux de l’effectif." L'analyste entrevoit, d’ici une trentaine d’années, "potentiellement", "la perspective d’une disparition ou quasi disparition des prêtres catholiques". Disparition qui serait de l’ordre du "tremblement de terre sans précédent", estime le politologue. "C’est une rupture tout à fait fondamentale avec notre histoire de longue durée." 

    Certes, l’épiscopat français fait venir dans l’Hexagone des prêtres étrangersen particulier du continent africain. Cela suffira-t-il à redonner une impulsion et susciter à terme de nouvelles vocations ? C’est en tout cas le signe d’un "retournement complet de perspective". Quand on pense qu’il y a un peu plus d’un siècle, autour de 1900, la France était pourvoyeuse des deux tiers des prêtres missionnaires que Rome envoyait évangéliser dans le monde entier... Aujourd’hui, en matière de vocations, la France apparaît au yeux du Vatican comme "une vieille filiale qui a beaucoup donné et qui est en déclin", selon l’auteur de "La France d’après".

    Une matrice culturelle en évaporation

    Que reste-t-il donc de l’influence du catholicisme en France ? On assiste selon Jérôme Fourquet à l’évaporation de toute une matrice culturelle chrétienne, catholique. "Matrice qui a structuré la société française." Ainsi, "35% des catholiques allaient à la messe tous les dimanches en 1960" contre "3 ou 4% aujourd’hui". En "deux générations" on a "une fonte tout à fait spectaculaire des effectifs".

    Plus significatif encore, le nombre de baptêmes. On peut en effet être croyant non pratiquant ou non croyant et faire baptiser son enfant au nom d’une coutume. En cela, le baptême est "une variable à cheval entre la pratique et l’influence culturelle", estime le politologue de l’Ifop. "Au début des années 80, les trois quarts des nouveau-nés étaient baptisés, aujourd’hui c’est un quart des nouveau-nés." Signe plus prégnant encore, le degré de culture religieuse des Français. 80% d’entre eux ne savent pas à quoi "l’Ascension", "l’Assomptionou "la Pentecôte" font référence, selon l’Ifop.

    À horizon 20, 25 ans, il y aura potentiellement autant de prêtres catholiques que de tatoueurs. Et donc là, vous avez donc bien la grande bascule anthropologique !

    "La bascule anthropologique"

    "Le rapport au corps" mais aussi "la sexualité, la conception du couple, la hiérarchie entre le règne animal et l’espèce humaine" : ce sont autant de données anthropologiques qui ont été "très profondément" structurées "par cette vieille matrice judéo-chrétienne". Or, sur tous ces points - y compris l'anthropocentrisme que dénoncent les courants écologistes - on assiste à un basculement. Il n’y a qu’à voir du côté des rites funéraires – donnée centrale selon l'anthropologue Claude Lévi-Strauss pour comprendre une société. "En 1980, 1% des sépultures donnaient lieu à une crémation, aujourd’hui c’est plus de 35%."

    Et cela peut sembler anecdotique mais c’est tout de même le signe d’un phénomène important : le tatouage, autrefois condamné par l’Église catholique, est de plus en plus plébiscité. "Il y a 4000 artisans tatoueurs en France, nous apprend Jérôme Fourquet. À horizon 20, 25 ans, il y aura potentiellement autant de prêtres catholiques que de tatoueurs. Et donc là, vous avez donc bien la grande bascule anthropologique !"

    La culture judéo-chrétienne au défi de la crise écologique

    La parole du chef de l’Église catholique trouve encore un écho en France, surtout quand il aborde certains sujets. Ainsi, "parler des migrants dans le contexte actuel à Marseille tout cela prenait du sens", admet Jérôme Fourquet. "Le pape François sait, en bon politique, doser sa parole et choisir ses sujets."

    Les catholiques ne sont pas non plus absents de la vie de la cité. Ils comptent même parmi "les pratiquants les plus investis". Beaucoup s’engagent dans des associations comme le Secours catholique ou l’entraide scolaire. Il est aussi à noter que plusieurs maires de grandes villes - Léonore Moncond'huy à Poitiers, Éric Piolle à Grenoble, Pierre Hurmic à Bordeaux, Grégory Doucet à Lyon, ou encore l’ancienne députée Cécile Duflot - "ont fait leurs classes dans cette matrice-là", notamment dans le scoutisme. Un certain nombre de "catholiques de gauche""se sont retrouvés dans ce nouveau combat pour l’écologie politique". D’un autre côté, "beaucoup de jeunes catholiques se sont manifestés lors de la Manif pour tous", défendant pour leur part un catholicisme plus traditionnel et conservateur.

    Il est d’ailleurs intéressant de constater que la crise écologique vient creuser l’écart entre catholiques. Le clivage ne porte pas tant sur la prise de conscience de la réalité du changement climatique. Il se fait autour de la question de l’anthropocentrisme : la hiérarchie du vivant et la place de l’être humain au sein des espèces. "Laudato Si' n’a pas encore véritablement pénétré dans toutes les couches du peuple chrétien et catholique", estime Jérôme FourquetLa culture judéo-chrétienne au défi de la crise écologique trouvera-t-elle dans ses racines de quoi le relever ?

  • La leçon arménienne

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    Le-mont-Ararat-vu-de-lArmenie-©Wikimedia-620x330.jpeg

    De quoi l’abandon de l’Arménie par l’Europe est-il le nom ? Que dit-il de nous ? Il pourrait bien nous révéler la mort de nos nations, dissimulée derrière la survivance des « États ».

    Lu (JPS) dans le mensuel « La Nef » (novembre 2023 *) :

    « Je reviens d’Arménie. Cette petite république lovée dans un cirque montagneux à 1750 mètres d’altitude moyenne mais privée d’accès à la mer, entourée de quatre pays limitrophes dont trois surarmés et pratiquant une démographie conquérante sinon hostile, libérée du joug soviétique mais toujours fidèle à l’amitié et l’influence russes, abrite une nation.

    Et assurément, l’Arménie est une nation. Les Arméniens parlent et écrivent une langue multimillénaire, avec un alphabet inventé il y a 1600 ans. Ils prient ensemble le Dieu unique et trinitaire depuis 1700 ans quand le roi Tiridate se convertit au christianisme. Ils professent la fierté de leur noble histoire leur ayant permis de hérisser leurs montagnes de forteresses, d’églises, de monastères et de khatchkars médiévaux, et de résister aux périls sismiques comme aux empires byzantin, sassanide puis seldjoukide qui cherchaient à les dominer et à leur imposer une autre religion. Ils communient avec ferveur dans le cadre d’une civilisation vigoureuse, constituée par un État de droit unique dans la région, par l’amour de la grande musique qui nourrit des compositeurs, un opéra et des conservatoires de qualité internationale, leur cuisine aux saveurs subtiles, et par le partage de mœurs et de valeurs issues d’une tradition ouverte. Ils ambitionnent de construire une société moderne, assurant la prospérité collective et le bien commun, tout en faisant reconnaître leurs droits historiques sur les territoires qui leur ont été arrachés et le génocide dont le peuple a été victime il y a plus de cent ans.

    On retrouve bien là les cinq éléments majeurs de l’identité et de la culture des hommes qui forment une nation : la langue, la religion, l’appropriation de l’histoire passée, le désir de communion collective, et l’adoption d’un même projet d’avenir. Cela n’obère pas la diversité, dans l’harmonie cependant, car pour faire nation, il faut a minima réunir quatre de ces cinq ingrédients, or les Arméniens partagent les cinq.

    Un État-nation ?

    Mais les Arméniens forment-ils pour autant un État ? Ou du moins, est-il réellement viable, ce petit État de 30 000 km2 qu’ils ont pu édifier en 1991, dénué de tout accès à la mer, amputé de son emblème millénaire du mont Ararat, rabougri de ses provinces historiques de l’ouest et du sud qui ont subi l’épuration ethnique post-génocidaire, privé de ses provinces orientales peuplées d’Arméniens mais occupées par le voisin azéri ? L’Arménie est un pays pauvre, dont le PIB le situe au 136e rang mondial (111e si on retient le PIB par habitant), bien loin de ce qu’on pourrait imaginer pour un peuple cultivé, courageux et travailleur, ayant généré une diaspora dynamique et solidaire.

    Et en effet, il n’est plus possible à la fin du XXe siècle de créer un État, fût-ce pour y abriter une nation, sans le soutien actif de puissances mondiales et régionales. Car si elles sont sensibles à la géographie et l’autodétermination des peuples, elles le sont davantage encore à la démographie et aux rapports de force générés par les lobbys comme par certains fanatismes qui ne dédaignent pas de recourir, parfois, à la violence.

    Il en allait autrement au XIXe siècle où, à l’exemple de la France et de l’Angleterre, l’Europe avait popularisé le concept d’État-nation, afin d’optimiser les facteurs de paix intérieure et donc d’assurer le bonheur des peuples. Une nation regrouperait donc sur un territoire harmonieux des hommes partageant au moins quatre des cinq composants mentionnés plus haut et hérités du principe ancien « Cujus regio, ejus religio » qui avait mis fin aux guerres de Religion. On peut qualifier cette initiative des puissances européennes, qui dominaient alors le monde, de sagesse pragmatique en matière de relations internationales : elle avait permis de constituer de nouveaux ensembles stables, dont la cohésion fut longtemps fondée sur la culture et donc les valeurs communes de ces États-nation : Belgique, Grèce, Italie, Allemagne, Petit Liban. Mais à côté de ces succès pérennes, parfois facilités par la dislocation des empires, l’agonie de ces derniers s’accompagna aussi de grandes tragédies, comme les massacres collectifs perpétrés par les Ottomans à l’endroit de certaines de leurs populations chrétiennes.

    La fin de l’État-nation

    Si donc on s’en tient, comme définition pratique d’un État-nation, à la conjugaison d’une nation cohésive et d’un État prospère, la plupart des constructions du XIXe et du XXe siècles sont en régression, voire en train de s’effondrer.

    En effet, les pays européens, sous l’influence de la pensée dominante en provenance d’outre-Atlantique, se sont lancés dans la mondialisation tout en pratiquant la déconstruction de leur corpus civilisationnel, alors même que, déjà sécularisés, ils étaient moins enclins à promouvoir leur propre modèle. Cette double peine grippe et même bloque le processus d’assimilation à la nation des populations nouvelles, faute de leur appropriation d’au moins quatre des cinq composants : défaut de maîtrise de la langue, bellicisme religieux, détestation de l’histoire ancienne commune, effondrement du patriotisme au quotidien, et dérision devant les projets fédérateurs. Finalement, même si l’État reste fort, la nation devient faible car divisée. Et même si cet écartèlement ne conduit pas nécessairement à la guerre civile, du moins à court terme, on trouve désormais au sein d’enclaves extraterritoriales, et même dans certains quartiers bourgeois, des hommes qui détestent le pays où ils vivent et dont parfois ils possèdent le passeport. Et qui se victimisent et revendiquent.

    Les exemples de revendications ayant divisé et affaibli ces pays ne manquent pas : les Palestiniens du Liban affirmant que la route de Jérusalem passait par Jounieh ; les grands partis « islamo-progressistes » qui, en 1958 puis en 1975, refusèrent, voire combattirent la souveraineté libanaise au profit d’une solidarité arabe ; les mouvements « Woke » et « Black lives matter » qui pratiquent l’anachronisme, déboulonnent les statues, censurent les films et réécrivent les livres aux États-Unis d’Amérique ; les viols de Noël 2015 commis contre des femmes allemandes après l’arrivée de deux millions d’immigrés moyen-orientaux et africains ; les violentes émeutes à répétition en France, en 1993, 2005 puis 2023 ; les attaques au couteau dans plusieurs pays européens.

    Qu’en conclure simplement, pour être audible ? On retrouve désormais sur un même territoire, un peuple qui n’est plus une nation, divisé entre des habitants anciens qui n’admirent plus leur civilisation et des habitants nouveaux qui la rejettent. Ces lézardes fissurent les pays démocratiques, jamais les dictatures.

    Aussi, lorsque les grands États-nation brandissent la nécessité de valeurs partagées sans en mentionner l’origine, louent la tolérance, bégaient sur le vivre en commun et promeuvent le métissage et le multiculturalisme, sans rappeler les fondamentaux qui les ont enfantés, ils reconnaissent implicitement que s’il reste un État, il n’y a plus de nation. Et certainement pas de « civilisation judéo-chrétienne », le mot qui fâche.

    Alors comment qualifier les pays d’Europe ? 

    Les Arméniens que j’ai rencontrés redoutent un nouvel affrontement armé avec leurs deux voisins surarmés, Azerbaïdjan et Turquie, dont la population cumulée dépasse trente fois la leur. Et ces deux voisins peuvent compter, par surcroît, sur la bienveillance d’Israël et des États-Unis – un allié régional et un allié mondial –, et sur la disqualification de facto de l’arbitre russe, durablement affaibli par le conflit ukrainien. Alors, ils m’ont interpellé, en tant que citoyen français : nous comptons sur le support de l’Europe, car ce sont des pays chrétiens comme nous. N’est-ce pas, ajoutent-ils pour se rassurer ?

    Cette assertion, sous sa forme interrogative, m’a été répétée entre les pierres basaltiques du monastère de Tatev, sous la coupole en croix de l’église Sainte-Hripsimé, au fond de la fosse de Saint-Grégoire à Khor Virap, dans la chapelle troglodyte du couvent de Geghardt, face à la majestueuse crinière blanche d’Ararat contemplée depuis les ruines de Zvartnots ou la forteresse d’Amberd, devant les cartes anciennes du plateau arménien exposées au musée Matenadaran, et au son des musiques des compositeurs européens faisant chanter et virevolter les fontaines de la place de la République. Oui, elle m’a été demandée avec insistance devant ces joyaux du patrimoine de l’humanité. Pourquoi ne nous aide-t-on pas ? Nous voulons la paix avec nos voisins, et nous voulons vivre avec tous nos frères arméniens demeurés fidèles dans les villages du plateau. Nous voulons préserver notre civilisation. Elle est tellement proche de la vôtre. Vous êtes chrétiens comme nous : aidez-nous ! Vous le devez puisque vous le pouvez !

    Mais ils sont fous ces Arméniens : nous chrétiens ? La constitution européenne non seulement ne le proclame pas, mais elle ne consent même pas à reconnaître – que dis-je ? nommer – les racines de l’Europe. Par honte, dégoût, peur ? Les Turcs ont beau jeu de fustiger ce qu’ils appellent un « club chrétien », car les membres du club protestent vertueusement : « Non, nous ne sommes pas chrétiens ; peut-être quelques rares nostalgiques nationalistes rances. » Et lorsque la France, attaquée par des hordes d’émeutiers, se rebiffe en parlant de valeurs communes, elle les qualifie de « valeurs républicaines », jamais de « valeurs françaises ». De quoi cet abandon est-il le nom ?

    D’une désagrégation de la nation. Il n’y a plus d’État-nation, cette organisation redoutablement efficace qui avait fondé la prospérité de l’Europe et ses convictions civilisatrices – d’ailleurs, cet adjectif est honni, dans le « gloubi-boulga » des opinions qui se valent toutes et de l’égalitarisme des civilisations. On peut classer les sportifs par leurs victoires, les scientifiques par leurs prix Nobel, les peintres par leur cote chez Sotheby’s, les musiciens par leurs disques d’or, les écrivains par le nombre de lecteurs, les hommes par leur taille, les femmes dans les concours de beauté, les universités par le classement de Shangaï, les entreprises par leur valorisation boursière, les pays par le PIB. Mais pas les civilisations ! On aurait pourtant pu comparer leur apport à l’humanité en matière de systèmes de valeurs, d’aspirations eschatologiques, de découvertes scientifiques, d’innovations technologiques, de patrimoine architectural et artistique. Pourquoi en ce nouveau siècle une telle honte de ce que nous sommes ?

    Question sans réponse. Alors venir en aide à trois millions d’Arméniens qui nous empêchent de bien dormir ? On a déjà milité pour la reconnaissance de leur génocide par les Turcs – dont le nom n’est pas explicitement mentionné. Nous ne sommes d’ailleurs que trente pays à l’avoir reconnu – sur 193 au total, représentés à l’ONU. Même Israël, issu d’un autre génocide, ne le reconnaît pas. On a bien fait notre devoir.

    Alors non, foutez-nous la paix, les Arméniens. Laissez-nous jouir sans entrave, face à notre écran et nos réseaux sociaux, entre un Big Mac bien dodu et une canette de Coca-cola sans sucre. Nous revendiquons le droit à l’abrutissement total et à l’amnésie collective. Khalas ba’a. Vous nous rappelez trop nos racines que nous avons oubliées et notre christianisme que nous avons bradé pour une goutte de pétrole.

    Rideau. »

    (*) Farid Élie Aractingi

    Farid Elie Aractingi, ancien cadre dirigeant dans l’industrie informatique et automobile, est engagé dans des œuvres bénévoles au service de la relation franco-libanaise.

    © LA NEF n°363 Novembre 2023

  • La vie après la mort

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    Une émission de la série KTO « La foi prise au mot » (2 novembre 2023) :

    « Que nous dit la Bible de la vie après la mort ? A l’approche de la Commémoration de tous les fidèles défunts, La Foi Prise au mot propose de revenir sur cette question fondamentale pour un chrétien. Si le Credo évoque explicitement la résurrection de la chair, peu de choses nous sont indiquées sur ce qui suit immédiatement notre disparition. La mort est souvent décrite comme la séparation de l’âme et du corps, comme si l’âme subsistait sans corps avant de connaître une pleine résurrection. Mais quelles sont les sources bibliques de telles affirmations ? Que nous disent l’Ancien et le Nouveau Testament de ce qui suit notre trépas ? Régis Burnet reçoit Sophie Ramond, Professeure d’exégèse à l’ICP et Gérard Billon, prêtre, exégète et Président de l’Alliance Biblique Française.

  • Pourquoi ce silence autour des fins dernières ?

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    Du site de l'Homme Nouveau, une émission de l'Homme Nouveau à découvrir ici sur youtube :

    Les fins dernières : une croyance dépassée ?

    Irons-nous tous au Paradis à l’image des saints, ou passerons-nous directement par la case du Purgatoire dont d’aucuns affirment qu’il s’agit d’une invention de théologiens pour mieux contrôler, par la peur, le bon peuple chrétien ?

    Derrière ces questions se profile celle des fins dernières qui semblent avoir disparu de l’enseignement de l’Église et des prédications. À titre d’exemple, il ne semble pas qu’elles aient été mentionnées lors des discussions synodales.

    Les fins dernières, une croyance dépassée ? C’est à cette question, entre doctrine et pastorale, que les membres du Club des Hommes en noir répondent, en ce mois de novembre consacré spécialement à la prière pour les fidèles défunts.

    Dans cette émission, vous retrouverez l’abbé Claude Barthe, directeur de la lettre Res novae, l’abbé Alain Lorans, de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, le père Jean-François Thomas de la Compagnie de Jésus et le docteur Philippe de Labriolle.

  • Pogrom du 7 octobre 2023 : Les événements du peuple d’Israël ont-ils une signification prophétique pour nous, catholiques ? (Arnaud Dumouch)

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    Pogrom du 7 octobre 2023 : Les événements du peuple d’Israël ont-ils une signification prophétique pour nous, catholiques ? (52 mn), par Arnaud Dumouch

    https://youtu.be/jeNAhaZapJc  

    Le 7 octobre 2023, un événement considérable frappe Israël, par le massacre barbare de près de 1500 civils, lors d’une attaque terroriste du Hamas. On me pose la question de la signification de cet événement pour la foi catholique, puisqu’il touche le peuple Juif qui est le peuple de Jésus.

    Cette vidéo aborde quatre points :

    - 1° Ce qui est de foi catholique : « Israël reste, à son corps défendant et jusqu’à la fin du monde, pour le meilleur et pour le pire, un peuple établi par Jésus pour donner une prophétie au monde » (Pie XII et Rm 11, 29).

    - 2° Les horribles pogroms font partie de la prophétie depuis 2000 ans, avec une signification prophétique pour notre âme (1 P 5, 8.) et pour l’Eglise catholique (CEC 675).

    - 3° Il existe 7 prophéties données par l’Ecriture sur Israël avant le retour du Christ. Leur réalisation est 1° matérielle et 2° sera datable. Les quatre derniers signes, liés à une bénédiction pour Israël, ne sont pas encore réalisés : 

    1- La destruction du Temple (70 ap JC) (Mt 24, 15) ; 

    2- Dispersion des Juifs (135 ap JC) (Lc 21, 24) ; 

    3- Shoah (70 ap. JC et 1941-1944, un tiers des Juifs morts) (Lc 23, 28.) ; 

    4- Retour dans la Terre promise (1948) et Jérusalem Juive (pas encore réalisé) (Lc 21, 24) ; 

    5- L’Arche d’alliance retrouvée (2 Mac 2, 4-7) ; 

    6- Le Temple de Jérusalem rebâti (2 Mac 2, 8) ; 

    7- La conversion d'Israël au Christ (Lc 13, 35 ; Rm 11).

    - 4° Peut-on prophétiser une signification pour l’événement du 7 octobre et sa suite ?

  • Indifférence et athéisme

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    Comment l’athéisme a-t-il évolué ? L’hostilité parfois virulente vis-à-vis des religions semble avoir fait place à une indifférence critique. D’où vient-elle ? Et comment le chrétien est-il censé s’adresser à celui ou celle qui ne manifeste pas d’intérêt pour le message de l’Evangile ? Une émission de KTO: la foi prise au mot, 22 10 23:

    "Selon certains sondages, moins de la moitié des Français croiraient en l’existence de Dieu, au point que l’athéisme semble s’imposer comme une norme. Habituellement, la sécularisation est pointée du doigt comme la source de ce phénomène. Mais que signifie être athée aujourd’hui ? Si traditionnellement l’athéisme s’accompagnait d’un rejet des religions, il semble que ce soit moins le cas aujourd’hui. L’hostilité parfois virulente semble avoir fait place à une indifférence critique vis-à-vis de la question religieuse. D’où vient cette indifférence ? Et comment le chrétien est-il censé s’adresser à celui ou celle qui ne manifeste même plus d’intérêt pour le message de l’Evangile ? « Il nous faut mettre en lien le dogme avec le vécu humain, souligner le caractère proprement existentiel de la voie chrétienne », défend Thomas Remy, professeur en religion et étudiant en théologie à l’Université de Louvain (Belgique). « On compte beaucoup plus sur l’expérience humaine qui découvre sa richesse et sa profondeur proprement divine. C’est cela le mystère de l’incarnation : en tout homme on retrouve une trace du divin », renchérit Paul Valadier, jésuite et Professeur au Centre Sèvres à Paris".

  • Le diocèse d'Essen : un cas emblématique de l'effondrement de l'Eglise en Europe

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    De Luke Coppen sur The Pillar :

    Qu'est-ce qui ronge le diocèse allemand d'Essen ?

    23 octobre 2023

    L'évêque allemand Franz-Josef Overbeck a présenté une image sombre de son diocèse lors de la conférence de presse du synode sur la synodalité qui s'est tenue samedi au Vatican.

    S'adressant aux journalistes en italien le 21 octobre, l'évêque d'Essen a déclaré : "Nous n'avons presque plus de séminaristes. Je suis évêque d'Essen depuis 14 ans. Au cours de ces 14 années, j'ai enterré près de 300 prêtres et j'en ai ordonné 15. C'est notre réalité.

    Plus tôt dans la conférence de presse, Mgr Overbeck avait présenté la raison d'être de la "voie synodale" allemande, une initiative triennale très controversée qui a réuni les évêques du pays et des laïcs sélectionnés pour discuter de changements profonds dans l'enseignement et la pratique catholiques. 

    La remarque de Mgr Overbeck sur l'état de la prêtrise dans le diocèse d'Essen - destinée à illustrer la nécessité de nouveaux critères pour l'ordination sacerdotale - a enflammé les médias sociaux et laissé les catholiques hors d'Allemagne se demander comment la situation du diocèse était devenue si désastreuse. 

    Voici un bref aperçu d'un diocèse qui s'est brièvement retrouvé sous les feux de l'actualité catholique mondiale.

    Un diocèse en chute libre

    Le diocèse d'Essen est basé dans la ville du même nom, dans l'ouest de l'Allemagne. Le mot "Essen" signifie à la fois "manger" et "nourriture" en allemand, mais le nom de la ville est probablement dérivé d'un mot à la sonorité similaire mais à la signification différente.

    Le diocèse, qui ne date que de 1957, est connu sous le nom de "diocèse de la Ruhr" parce qu'il couvre la région fortement industrialisée qui est la troisième plus grande conurbation d'Europe après Londres et Paris. Pour donner une idée de la densité de population de la région, environ 140 millions de personnes vivent dans un rayon de 500 kilomètres autour d'Essen.

    Essen est à la fois l'un des plus récents et l'un des plus petits des 27 diocèses d'Allemagne. Son premier évêque a été le cardinal Franz Hengsbach, charismatique et socialement engagé, qui a dirigé le diocèse pendant trois décennies, avant de se retirer en 1991 à l'âge de 80 ans. 

    L'imposante réputation du cardinal a été bouleversée en septembre lorsque le diocèse a annoncé qu'il enquêtait sur au moins trois allégations d'abus sexuels à son encontre. Une statue de Hengsbach aux couleurs vives, située à l'extérieur de la cathédrale du diocèse, a été enlevée. 

    Mgr Overbeck a personnellement reconnu les erreurs commises dans la gestion des allégations contre son prédécesseur. Il s'est excusé auprès des catholiques du diocèse de ne pas avoir fait plus lorsqu'il a entendu pour la première fois une allégation contre Mgr Hengsbach en 2011, croyant à tort qu'elle avait été résolue. Il avait assisté à l'inauguration de la statue du cardinal cette année-là tout en étant au courant de l'allégation.

    Lorsque Mgr Overbeck a été nommé dans le diocèse en 2009, il n'avait que 45 ans, ce qui faisait de lui le plus jeune évêque d'Allemagne. Selon le magazine allemand Der Spiegel, sa résidence est le premier étage d'un ancien presbytère et sa voiture officielle est la luxueuse Volkswagen Phaeton.

    En termes statistiques, le diocèse d'Essen est en déclin depuis au moins 1970. Cette année-là, il desservait 1 335 303 catholiques, soit 44,1 % de la population totale, dans 232 paroisses avec 991 prêtres.

    En 2002, il ne comptait plus que 988 433 catholiques, soit 37,2 % de la population, répartis dans 321 paroisses et 647 prêtres.

    En 2022, le diocèse ne comptait plus que 679 495 catholiques, représentant 26,6 % de la population, dans 40 paroisses, avec 407 prêtres.

    En moyenne, 29 610 personnes, soit 4,36 % des catholiques baptisés, ont assisté régulièrement aux messes l'année dernière.

    Un peu plus de 14 000 personnes ont officiellement quitté l'Église dans le diocèse d'Essen en 2022, le chiffre annuel le plus élevé jamais enregistré.

    Il y a eu 7 928 enterrements d'église, dépassant de loin les 4 542 baptêmes.

    Un nouveau prêtre a été ordonné pour le diocèse en 2022, tandis que cinq hommes étaient en formation sacerdotale.

    En résumé, le diocèse d'Essen semble être en chute libre sur le plan statistique.

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  • Georg Gänswein : le débat sur la structure de l'Église occulte les questions de foi.

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    Lu sur le site https://www.kath.net/news/82800:

    Lors d'une conférence à Graz, l'ancien secrétaire particulier du pape Benoît XVI, l’archevêque Georg Gänswein a critiqué l'importance excessive accordée aux questions structurelles de l'Église au détriment de la foi. Le secrétaire de longue date du pape Benoît XVI. (1927-2022), qui vit aujourd'hui à Fribourg, a constaté dans les pays occidentaux une « perte de foi » à laquelle on n'accorde cependant pas suffisamment d'attention, notamment dans les pays germanophones. La vie religieuse et la connaissance de la foi des gens sont "en chute libre", a déclaré samedi Gänswein lors de la réunion annuelle de l'organisation papale d'aide "Aide à l'Église en détresse" à Graz.

    Dans d'autres continents, c'est souvent l'inverse : les catholiques sont minoritaires dans de nombreux pays et il n'existe que quelques structures avec de petites communautés, "mais la vie de foi est florissante, joyeuse et vivante", a déclaré l'archevêque. Il pourrait être utile ici d’« élargir la vision de l’Église universelle » et de faire « la mission dans l’autre sens ». En outre, les structures de l’Église doivent toujours servir la foi et ne doivent pas la remplacer, a prévenu Gänswein. Là où les structures ne sont plus utiles pour proclamer la foi, il faut les changer – « et non la foi ».

    L'archevêque a considéré qu'il était important que la foi contribue à une bonne coexistence dans la société. Les croyants doivent donner « un témoignage de foi sans visage amer, converser avec Dieu, demander et prier, et vivre une vie spirituelle vigoureuse ».

    Très curieusement cette question cruciale n’est pas à l’ordre du jour synodal dont la logorrhée nous rebat les oreilles.

    Comme l’observe le site « diakonos » le synode parle tout seul (https://www.diakonos.be/settimo-cielo/le-synode-parle-tout-seul-en-attendant-en-italie-deux-jeunes-sur-trois-ne-croient-plus-en-dieu/ « Il y a un gouffre entre les questions débattues parmi les trente-cinq tables du synode sur la synodalité – si l’on s’en tient aux comptes-rendus officiels – et à ce qui se passe au-delà des murailles léonines, dans la vie réelle, à « notre époque où dans de vastes régions de la terre la foi risque de s’éteindre comme une flamme qui ne trouve plus à s’alimenter ». Cette citation est de Benoît XVI, dans la mémorable lettre qu’il a envoyée aux évêques le 10 mars 2009. « En ce moment de notre histoire – écrivait ce pape – le vrai problème est que Dieu disparaît de l’horizon des hommes et que tandis que s’éteint la lumière provenant de Dieu, l’humanité manque d’orientation, et les effets destructeurs s’en manifestent toujours plus en son sein. »

    JPSC

  • Scènes de dévotion eucharistique dans les rues de New York

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    De Jonah McKeown sur le site du National Catholic Register :

    PHOTOS : La procession eucharistique traverse le cœur de la ville de New York

    Eucharistic procession NYC 10-10-23 - 12La croix, précédant le Saint-Sacrement, passe lors d'une procession eucharistique dans les rues de New York, le 10 octobre 2023. | Crédit photo : Jeffrey Bruno
    Eucharistic procession NYC 10-10-23 - 1Le père Mike Schmitz, à l'extrême gauche, célèbre la messe dans la cathédrale Saint-Patrick de New York avant une procession eucharistique dans les rues, le 10 octobre 2023. Mgr Edmund Whalen, évêque auxiliaire de New York, est à l'extrême droite. | Crédit photo : Jeffrey Bruno
     
    Eucharistic procession NYC 10-10-23 - 4Un participant à la messe reçoit la sainte communion à la cathédrale Saint-Patrick de New York avant une procession eucharistique dans les rues, le 10 octobre 2023. | Crédit photo : Jeffrey Bruno
    Eucharistic procession NYC 10-10-23 - 5Un participant à la messe prie à la cathédrale Saint-Patrick de New York avant une procession eucharistique dans les rues, le 10 octobre 2023. | Crédit photo : Jeffrey Bruno
    Eucharistic procession NYC 10-10-23 - 6Un jeune participant à la messe prie à la cathédrale Saint-Patrick de New York avant une procession eucharistique dans les rues, le 10 octobre 2023. | Crédit photo : Jeffrey Bruno
    Eucharistic procession NYC 10-10-23 - 7Des religieuses défilent dans les rues de New York avec le Saint-Sacrement, le 10 octobre 2023. | Crédit photo : Jeffrey Bruno
    Eucharistic procession NYC 10-10-23 - 9Des motos de la police dégagent la route lors d'une procession eucharistique dans les rues de New York, le 10 octobre 2023. | Crédit photo : Jeffrey Bruno
    Eucharistic procession NYC 10-10-23 - 10Des religieuses défilent dans les rues de New York avec le Saint-Sacrement, le 10 octobre 2023. | Crédit photo : Jeffrey Bruno
    Eucharistic procession NYC 10-10-23 - 11La croix, précédant le Saint-Sacrement, passe lors d'une procession eucharistique dans les rues de New York, le 10 octobre 2023. | Crédit photo : Jeffrey Bruno
    Eucharistic procession NYC 10-10-23 - 13Le Saint Sacrement passe lors d'une procession eucharistique dans les rues de New York, le 10 octobre 2023. | Crédit photo : Jeffrey Bruno
     
    Bishop Edmund Whalen, auxiliary of New York, holds aloft the Blessed Sacrament during Benediction immediately preceding a Eucharistic procession through the streets of the city Oct. 10, 2023. Credit: Jeffrey Bruno
    Mgr Edmund Whalen, auxiliaire de New York, èlève le Saint Sacrement pendant la bénédiction précédant immédiatement une procession eucharistique dans les rues de la ville, le 10 octobre 2023. | Crédit photo : Jeffrey Bruno
     
    11 oct. 2023

    Une procession apportant Jésus dans l'Eucharistie au cœur de la plus grande ville des États-Unis a attiré des centaines de participants mardi soir.  

    Les participants ont marché avec révérence tandis que le corps du Christ, logé dans un ostensoir doré, était porté dans les rues animées de Manhattan, passant juste devant le célèbre Radio City Music Hall, tandis que certains spectateurs regardaient avec intérêt et que d'autres s'agenouillaient.

    La procession publique, parrainée par l'organisation catholique Napa Institute, faisait partie de la conférence 2023 Principled Entrepreneurship, qui s'est tenue les 10 et 11 octobre au Metropolitan Club de New York. 

    Le père Mike Schmitz, prêtre du diocèse de Duluth, conférencier et podcasteur catholique populaire, a célébré la messe avant le début de la procession à la cathédrale Saint-Patrick, siège de l'archidiocèse de New York. Des dizaines de prêtres de tout le pays ainsi que Mgr Edmund Whalen, évêque auxiliaire de New York, se sont joints à lui.

    Nous avons des cœurs en désordre et nous avons besoin de Jésus", a déclaré M. Schmitz au cours de la messe. Et nous avons besoin de Jésus", a déclaré M. Schmitz au cours de la messe, s'adressant à une foule de plusieurs centaines de personnes dans la cathédrale. 

    "Nous n'avons pas le genre de cœur qui peut l'aimer comme il le mérite... chacun d'entre nous est un pécheur, et nous avons besoin de Jésus pour nous sauver".

    Réfléchissant à la lecture du livre de Jonas, M. Schmitz a résumé le message de Dieu au prophète réticent et rebelle : "Va vers le peuple que j'aime et amène-moi avec toi".

    Le prêtre a admis s'être "senti comme Jonas" lorsqu'on lui a demandé de célébrer la messe avant la procession. Le père Schmitz a déclaré qu'il était parfois réticent à l'idée de célébrer l'Eucharistie dans des espaces publics, où de nombreux spectateurs peuvent réagir avec incompréhension, indifférence ou même haine. 

    "Je ne veux pas leur tendre une embuscade avec le Seigneur", admet M. Schmitz. "La plupart des gens n'auront aucune idée de ce que nous faisons.

    Mais, après mûre réflexion, il a déclaré : "Je pense que c'est ce que nous devons faire". Il se souvient de Jésus portant sa croix pendant sa passion - à l'époque, Jésus était "inaperçu, incompris ou détesté" par presque tous ceux qui le voyaient.

    Selon M. Schmitz, la procession eucharistique est l'occasion de glorifier Jésus sous une forme "cachée" que la plupart des observateurs ne comprendront pas. Et, peut-être, "quelqu'un lèvera la tête, jettera un coup d'œil, verra les amis de Jésus et demandera : "Qui est-ce ?"".

    "Que cette procession soit votre choix pour dire 'Dieu, je veux que tu me reconnaisses dans ta gloire'. Je veux donc m'accrocher à toi quand tu es caché... Je veux être reconnu comme ton ami quand tu viendras en triomphe. Je veux être connu comme ton ami lorsque tu viendras en triomphe. Laisse-moi donc être ton ami maintenant", a déclaré M. Schmitz.

    La procession solennelle, avec Whalen portant l'ostensoir, a commencé immédiatement après la messe. 

    Les photos prises par Jeffrey Bruno montrent l'ostensoir porté dans les rues animées, suivi par des dizaines de prêtres, de religieuses et de laïcs. Certains observateurs sur le bord de la route se sont agenouillés en signe de révérence au passage de la procession.

    Jonah McKeown
    Jonah McKeown est rédacteur et producteur de podcasts pour la Catholic News Agency. Il est titulaire d'une maîtrise de l'école de journalisme de l'université du Missouri et a travaillé comme rédacteur, producteur pour la radio publique et vidéaste. Il est basé à St. Louis.
  • Le Synode serait-il aveugle face à l'extinction de la foi dans de vastes régions de la terre et particulièrement en Italie?

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso (traduction de Diakonos.be) :

    Le synode parle tout seul. En attendant, en Italie, deux jeunes sur trois ne croient plus en Dieu

    Il y a un gouffre entre les questions débattues parmi les trente-cinq tables du synode sur la synodalité – si l’on s’en tient aux comptes-rendus officiels – et à ce qui se passe au-delà des murailles léonines, dans la vie réelle, à « notre époque où dans de vastes régions de la terre la foi risque de s’éteindre comme une flamme qui ne trouve plus à s’alimenter ».

    Cette citation est de Benoît XVI, dans la mémorable lettre qu’il a envoyée aux évêques le 10 mars 2009.

    « En ce moment de notre histoire – écrivait ce pape – le vrai problème est que Dieu disparaît de l’horizon des hommes et que tandis que s’éteint la lumière provenant de Dieu, l’humanité manque d’orientation, et les effets destructeurs s’en manifestent toujours plus en son sein. »

    D’où, ce qu’il identifiait comme « la priorité qui prédomine » pour l’Église tout entière et en premier lieu pour le successeur de Pierre : « rendre Dieu présent dans ce monde et ouvrir aux hommes l’accès à Dieu. Non pas à un dieu quelconque, mais à ce Dieu qui a parlé sur le Sinaï ; à ce Dieu dont nous reconnaissons le visage dans l’amour poussé jusqu’au bout (cf. Jn 13, 1) – en Jésus Christ crucifié et ressuscité ».

    De cette « priorité », on ne trouve nulle trace dans le synode. Et cela au moment même où sortent les résultats d’un sondage qui révèle un véritable effondrement de la religion catholique en Italie, la nation dont le Pape François est le primat.

    Cette enquête a été lancée par la revue « Il Regno », une voix attitrée du catholicisme progressiste italien, et elle a été présentée le 6 octobre à Camaldoli, dans le célèbre monastère bénédictin, par Paolo Segatti, professeur de sociologie politique à L’Université de Milan, et par Arturo Parisi, un grand analyste du catholicisme italien qui a pendant de nombreuses années enseigné cette même discipline à l’Université de Bologne et qui a également été député et ministre de la Défense entre 2006 et 2008.

    Une enquête identique avait déjà été lancée par « Il Regno » en 2009. Et c’est en comparant l’une avec l’autre que l’extinction progressive de la foi en Italie apparaît clairement.

    Quand on leur demande à quelle religion ils appartiennent, en quatorze ans, ceux qui se déclarent catholiques sont tombés de 81,2% à 72,7%, tout comme les adhérents à d’autres confessions chrétiennes, orthodoxes ou protestante, qui tombent quant à elles de 11,7% à 7,9%.

    À l’inverse, le nombre de ceux qui se disent non-croyants ou athées est passé de 6,2% à 15,3%.

    Jusque-là, le déclin de la religion est notable, mais on ne peut pas encore parler d’effondrement. Mais quand on leur a posé des questions plus précises sur leur foi, ceux qui ont déclaré croire en Dieu ne sont plus que 57% contre 72% en 2014, tandis que ceux qui ne croient manifestement pas en Dieu sont désormais 36% contre 26% en 2014.

    Cela signifie qu’une bonne partie de ceux qui se déclarent encore catholiques ne croit plus en Dieu.

    La pratique religieuse reflète naturellement ce déclin de la foi. Le nombre de ceux qui déclarent se rendre à l’Église tous les dimanches est tombé de 28% à 18%. Le nombre de ceux qui y vont deux ou trois fois par mois de 16% à 10% ; une fois par mois de 14% à 9%. (Mais il faut tenir compte d’une autre enquête récente d’Euromedia Research qui a révélé que seuls 13,8% des italiens va encore à la messe le dimanche).

    À l’inverse, le nombre de ceux qui ne vont à l’Église que deux ou trois fois par an est passé de 23% à 26% et le nombre de ceux qui n’y vont jamais a grimpé de 19% à 37%.

    Mais les données les plus impressionnantes sont celles qui analysent la pratique religieuse et la foi en Dieu par tranche d’âge.

    Parmi ceux qui vont à l’église chaque dimanche, la chute est forte pour ceux qui sont nés avant 1945 et plus modérée pour la génération intermédiaire. Mais parmi ceux qui sont nés après 1980, la présence à la messe du dimanche s’est désormais effondrée à 7%.

    Et la chute de ceux qui ont la foi en Dieu est encore plus marquée, puisqu’ils ne représentent plus que 50% de ceux qui sont nés dans les années quatre-vingt et encore moins, c’est-à-dire 37% de ceux qui sont nés après 1990.

    Si l’on revient à ces 15,3% d’italiens qui se déclarent explicitement non-croyants ou athées, le détail selon le sexe et l’âge fournit ici encore des données impressionnantes.

    Chez les hommes, le pourcentage s’élève désormais à 22,5% en moyenne pour toutes les tranches d’âge.

    Mais pour les hommes nés dans les années quatre-vingt, on passe à 32%, et pour ceux nés après 1990, à 35%.

    Tandis que chez les femmes de ces mêmes classes d’âge, ces mêmes chiffres s’envolent à 23% et 31%.

    Si tel est le langage cru de la réalité, dans une nation telle que l’Italie qui au début de ce millénaire était encore considérée comme une grande « exception » catholique à la sécularisation régnant en Occident, on ne peut qu’espérer que le synode en cours commence au moins à l’écouter.

  • Les chrétiens de Palestine n'ont pas de "marge de manœuvre" dans un contexte de violence

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    Lu sur The Pillar :

    Les chrétiens de Palestine n'ont pas de "marge de manœuvre" dans un contexte de violence

    9 octobre 2023

    Après une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre, le patriarche latin de Jérusalem a appelé les dirigeants du monde à une désescalade de la violence, exhortant à une solution pacifique au conflit dans la région.

    Mais alors que le patriarche n'a pas condamné directement l'attaque du Hamas, un prêtre vivant en Israël a déclaré à The Pillar que le cardinal Pierbattista Pizzaballa est confronté à une perspective difficile alors que la guerre commence, avec la possibilité qu'une déclaration de sa part puisse causer du tort aux chrétiens palestiniens.

    "L'opération lancée depuis Gaza et la réaction de l'armée israélienne nous ramènent à la pire période de notre histoire récente", a déclaré Mgr Pizzaballa dans un communiqué publié le 7 octobre. "Les trop nombreuses victimes et tragédies auxquelles les familles palestiniennes et israéliennes doivent faire face ne feront qu'attiser la haine et la division, et détruiront de plus en plus toute perspective de stabilité", a-t-il ajouté. "Nous appelons la communauté internationale, les chefs religieux de la région et du monde entier à faire tout leur possible pour aider à réduire le nombre de victimes et de tragédies. Nous appelons la communauté internationale, les chefs religieux de la région et du monde à faire tout leur possible pour aider à désamorcer la situation, à rétablir le calme et à travailler pour garantir les droits fondamentaux des personnes dans la région".

    La déclaration de Mgr Pizzaballa intervient après que le Hamas a lancé une attaque surprise contre Israël le 7 octobre, au cours de laquelle plus de 700 personnes, pour la plupart des civils, ont été tuées. Parmi ces violences, on peut citer l'attaque surprise d'un festival de musique dans le sud d'Israël - organisé pour commémorer la fête juive de Soukkot - au cours de laquelle quelque 260 personnes ont été tuées par des militants du Hamas. L'attaque s'est accompagnée de violences à l'encontre de civils dans tout Israël, y compris des messages sur les réseaux sociaux suggérant que les attaquants du Hamas avaient commis des actes d'agression sexuelle contre des Israéliens. Le Hamas a également affirmé avoir pris plus de 100 otages dans la bande de Gaza, le territoire palestinien qu'il contrôle le long de la côte de la mer Méditerranée. 

    Israël a réagi en assiégeant la bande de Gaza, en coupant l'approvisionnement en carburant et en eau du territoire et en ordonnant une série de tirs de missiles sur la bande de Gaza. Des combats au sol à Gaza entre les forces israéliennes et les militants du Hamas sont attendus dans les jours à venir, Israël ayant officiellement déclaré la guerre au Hamas en réponse aux attaques. Selon le Wall Street Journal, l'attaque du Hamas a été coordonnée et financée avec l'aide de l'armée iranienne. 

    Les dirigeants du monde entier ont condamné l'attaque du Hamas contre Israël. Le président américain Joe Biden a déclaré que les États-Unis "condamnaient sans équivoque cet effroyable assaut contre Israël par les terroristes du Hamas depuis Gaza" et a soutenu une riposte militaire israélienne.

    Mais la déclaration de Pizzaballa était plus circonspecte, condamnant un "cycle de violence" impliquant les Palestiniens et les Israéliens. Le Père Antoine Levy, OP, un universitaire qui vit à Jérusalem, a déclaré à The Pillar que Pizzaballa devait aborder ses déclarations publiques avec beaucoup de prudence, en raison de l'impact qu'elles pourraient avoir sur les chrétiens palestiniens, qui pourraient être confrontés à une violence mortelle s'ils étaient perçus comme s'opposant aux activités du Hamas. Le prêtre, qui est juif et s'est converti au catholicisme, a déclaré lundi que "le réflexe de l'Église [face à la violence] est toujours le même : essayer de protéger ses propres fidèles". Le problème est que la majorité des fidèles catholiques de cette région sont des Palestiniens, et qu'ils sont donc pris dans ce combat - coincés entre les deux - et qu'ils se trouvent dans des zones chaudes ou non, il y a une pression considérable dans le monde palestinien pour soutenir ce conflit. Je comprends donc que les pasteurs essaient de limiter les dégâts pour le moment, de trouver une sorte de juste milieu pour leurs paroissiens. "Le patriarche est également pris dans ce combat, et il sait très bien où se trouve le bien et le mal, mais il ne peut pas prendre parti, parce que la majorité des fidèles catholiques sont des Palestiniens, donc c'est vrai pour lui et pour eux - ils ne peuvent pas prendre parti, ce serait très, très dangereux pour eux", a-t-il ajouté.

    Près de 1 100 chrétiens palestiniens vivent dans la bande de Gaza - une petite minorité parmi les plus de 2 millions d'habitants de la région. En 2017, environ 47 000 chrétiens vivaient en Cisjordanie et plus de 100 000 en Israël. Pris au milieu des conflits de la région, ces chrétiens sont confrontés à des défis uniques pour leur propre sécurité. Les chrétiens de la bande de Gaza "vivent la même expérience que les Palestiniens chrétiens d'Israël et de Cisjordanie, mais elle est multipliée par 100. Ils n'ont aucune marge de manœuvre. Ils doivent se taire et, même s'ils ne sont pas totalement convaincus, ils doivent faire semblant d'être entièrement du côté du Hamas, car c'est leur seule chance de survie", a déclaré M. Levy.

    La bande de Gaza est soumise depuis 2007 à un blocus israélien et égyptien, ce qui rend la région presque entièrement dépendante d'Israël pour la nourriture, l'eau et l'électricité. Le blocus a été instauré après que le Hamas a pris le contrôle de la bande de Gaza cette année-là, à la suite d'un conflit militaire entre le Fatah et le Hamas, et après la décision du Hamas de ne pas reconnaître Israël ou de désavouer la violence contre les Israéliens.

    Israël, pour sa part, a été accusé de superviser un blocus qui fait de Gaza une "prison à ciel ouvert", selon les défenseurs des droits de l'homme, tandis que le Hamas a poursuivi son propre engagement en faveur de la violence contre Israël, faisant de la situation une source de conflit régional permanent.

    Si les dirigeants politiques ont largement condamné les attaques du Hamas, certaines déclarations ont également affirmé qu'Israël était responsable de la violence. Les sociaux-démocrates d'Amérique ont déclaré dans un communiqué du 7 octobre que l'attaque était "le résultat direct du régime d'apartheid d'Israël, un régime qui reçoit des milliards de dollars de financement de la part des États-Unis", et plusieurs organisations étudiantes aux États-Unis ont exprimé des sentiments similaires. M. Levy a réfuté ce point de vue. Le Hamas a "transformé Gaza en une forteresse militaire contre Israël", a-t-il accusé. "Que faire dans cette situation ? Le prêtre a déclaré que, d'après son expérience, "les injustices sont inévitables dans des situations extrêmement tendues et compliquées. [Mais je crois aussi que la police israélienne et surtout l'armée font tout ce qu'elles peuvent pour réduire ces injustices au minimum", a déclaré le prêtre à The Pillar. Il a ajouté que les accusations d'injustice israélienne ne "justifient pas le massacre de civils et l'enlèvement d'enfants, comme nous l'avons vu ces derniers jours". Le prêtre a déclaré qu'à son avis, "Israël ne va pas ménager ses efforts" dans sa réponse. "La priorité d'Israël est désormais de récupérer les otages, à n'importe quel prix. Le nombre de soldats du Hamas qu'ils devront tuer n'aura pas d'importance pour eux. Bien sûr, ils n'attaqueront pas les enfants, ils essaieront de minimiser les pertes dans la population civile. Mais la véritable décision, qui pèse sur l'État d'Israël depuis tant d'années, est de savoir si Israël veut éradiquer le Hamas en tant qu'entité politique ou non. Israël sait en effet que si cette entité politique disparaît - aussi terrible soit-elle - ce qui pourrait la remplacer pourrait être encore plus terrible", a-t-il déclaré. Selon le prêtre, cette décision aurait un impact considérable sur la vie des chrétiens palestiniens.

    "Comment faire face à un chaos complet ?  

    Le prêtre a déclaré qu'il ne savait pas quoi attendre de la communauté internationale alors que la guerre se poursuit dans la région. Selon le père Levy, alors qu'Israël s'efforce d'extraire les otages par la force des quartiers densément peuplés de Gaza, il y aura davantage d'effusions de sang de part et d'autre de la guerre, y compris des victimes civiles. "C'est probablement un calcul du Hamas", a-t-il déclaré, ajoutant qu'Israël n'a que peu de bons choix pour répondre - seulement un "choix un peu moins mauvais" que d'autres.

    Pour sa part, le pape François a appelé dimanche à un cessez-le-feu au Moyen-Orient, affirmant que "le terrorisme et la guerre ne mènent à aucune solution, mais seulement à la mort et à la souffrance de tant d'innocents". "La guerre est toujours une défaite ! Chaque guerre est une défaite", a-t-il insisté.

    Selon M. Levy, il est possible que le Saint-Siège tente de jouer un rôle de médiateur dans le conflit dans les jours à venir. "Je pense que toute la question est de savoir si le Hamas est prêt à négocier, et aussi si Israël est prêt à négocier. Pour l'instant, c'est loin d'être acquis d'un côté ou de l'autre. C'est une partie d'échecs. "Mais s'il existe un espace de désescalade, le Saint-Siège est bien placé : c'est l'une des rares puissances à être perçue comme neutre par les deux parties. Il pourrait donc s'agir d'un recours, mais c'est un grand point d'interrogation.