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De Sandro Magister sur Settimo Cielo (en français sur diakonos.be) :
Trump, le Nigeria et l'imbroglio du Vatican. Qui massacre les chrétiens et pourquoi
11 novembre 2025
Donald Trump n'a pas fait dans la subtilité en affirmant sur « Truth » le 1er novembre qu'il était prêt à déclencher une attaque armée « rapide, violente et en douceur » au Nigeria pour « anéantir complètement les terroristes islamistes » qui persécutent « nos chrétiens bien-aimés », si le gouvernement nigérian continuait à ne rien faire pour les défendre.
Il est difficile de prédire quelles suites aura cette menace. Le fait est qu'au Nigeria, et au-delà, elle a suscité une controverse au sein de l'Église catholique.
« Gloire soit rendue à Dieu, qui a utilisé le président Trump comme le Moïse qui, sorti de nulle part, a paru au palais du pharaon pour libérer son peuple », a déclaré Moses Iorapuu, curé et directeur du journal « Catholic Star » du diocèse de Makurdi, au site catholique américain « Crux ».
Et heureusement qu’il est là, a‑t-il ajouté, parce que « beaucoup de Nigérians avaient perdu l'espoir que quelque chose advienne sur la scène internationale en faveur de notre Église persécutée, après l’imbroglio survenu à Rome ».
L’imbroglio auquel le P. Iorapuu fait allusion fait suite à deux commentaires qui ont accompagné la présentation à Rome, le 21 octobre, du Rapport 2025 sur la liberté religieuse dans le monde, nation par nation, élaboré par la Fondation pontificale Aide à l'Église en Détresse.
Le cardinal secrétaire d'État Pietro Parolin, interviewé à cette occasion par des journalistes, a déclaré qu'au Nigeria « le conflit n'est pas religieux mais plutôt de nature sociale, par exemple entre éleveurs et agriculteurs », et que de nombreux musulmans étaient également « victimes de cette intolérance », qui était le fait de « groupes extrémistes ne faisant aucune distinction pour mener à bien leur but, leur objectif », et utilisant la violence contre tous ceux qu'ils considèrent comme des opposants ».
Interrogé par l'agence vaticane « Fides », l'Evêque nigérian Matthew Hassan Kukah, du Diocèse de Sokoto, a fait remonter le « ressentiment » actuel des musulmans à l’encontre les chrétiens aux dégcausés par colonialisme britannique, qui a détruit le califat islamique établi au début du XIXe siècle dans la région, et dont la capitale se trouvait à Sokoto.
« La foi chrétienne est arrivée avec les Anglais », a ajouté l'évêque. Et cela signifie qu'aujourd'hui encore, « une partie de la population musulmane passe sa colère et sa frustration sur la minorité chrétienne, par exemple en incendiant une église », et les guérilleros islamiques de Boko Haram exploitent cette situation pour recruter des combattants.
Les chrétiens sont confrontés à une persécution croissante en Éthiopie, les attaques se propageant à travers l'Oromia
Rien qu'en octobre, la région a déploré plus de 25 meurtres de chrétiens orthodoxes dans la zone d'East Arsi. Une attaque dans le woreda de Honqolo Wabe (Siltana) a fait cinq morts, apparemment membres d'une même famille. Dans une autre attaque, le monastère historique d'Asebot, perché sur une colline, a été pris pour cible ; un chrétien orthodoxe a été tué et son fils grièvement blessé.
Une recrudescence similaire des persécutions a également touché la communauté catholique, incitant la Conférence des évêques catholiques d'Éthiopie à publier une déclaration condamnant les violences et appelant le gouvernement à prendre des mesures urgentes pour protéger les citoyens. Les évêques ont indiqué que « des catholiques sont morts et des biens ont été incendiés » lors d'une attaque près de l'église catholique Sainte-Marie de Hararghe Ouest. Ils ont ajouté : « Notre Église condamne fermement cet acte inhumain. Par conséquent, elle appelle le gouvernement à prendre les mesures nécessaires pour garantir la paix et la sécurité des citoyens. »
L'Armée de libération oromo (OLA), un groupe insurgé armé qui lutte pour l'autodétermination et les droits du peuple oromo, le plus grand groupe ethnique d'Éthiopie, est tenue responsable d'une partie des violences. Cependant, son ancienne branche politique accuse le gouvernement d'être responsable de « nombreuses atrocités commises contre des civils » ces dernières semaines. On soupçonne également des extrémistes ethno-religieux d'être à l'origine de la recrudescence des attaques.
L'Éthiopie a une histoire marquée par la violence religieuse, et la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, est intervenue après la mort de 30 personnes lors d'affrontements meurtriers entre musulmans et chrétiens orthodoxes en 2022.
Les récentes violences partisanes rappellent également les meurtres de chrétiens orthodoxes éthiopiens en Libye en 2015. Dans deux vidéos distinctes diffusées par l'État islamique, des militants masqués ont décapité et abattu des chrétiens éthiopiens vêtus de combinaisons orange. L'Église orthodoxe éthiopienne a reconnu ces hommes comme des martyrs et a décidé de les commémorer chaque année.
L'Éthiopie abrite l'une des plus anciennes communautés chrétiennes au monde, dont les racines remontent au IVe siècle. Vers 330 après J.-C., le roi Ezana d'Aksoum, dans l'actuelle Éthiopie, se convertit au christianisme, qui devint religion d'État. Aujourd'hui, environ 44 % de la population pratique l'orthodoxie éthiopienne, tandis que les protestants représentent 23 %. Les catholiques constituent moins de 1 % de la population de ce pays d'Afrique de l'Est.
Sur le site du Figaro, Jean-Marie Guénois évoque "un réveil inattendu de l'Eglise de France après des années sombres" :
extraits :
Portés par le renouveau spirituel chez les jeunes catholiques, le cardinal Aveline et les évêques ont dressé, cette semaine à Lourdes, leurs priorités pour accompagner ce dynamisme. (...)
Quant à l’afflux soudain de jeunes adultes candidats au baptême, il ne cesse d’intriguer dans une société qui peine à imaginer un tel réveil spirituel dont le congrès Mission, ce week-end à Paris, a encore témoigné. L’été dernier, lors du jubilé des jeunes à Rome, le cardinal Pietro Parolin, numéro deux du Vatican, avait lâché : « Il se passe quelque chose dans l’Église de France. »
De fait, cette dernière est plus admirée hors de l’Hexagone que chez elle. Sa centaine d’évêques œuvre autant que possible, avec dix mille prêtres, pour tenir allumée la flamme de la foi, de la charité et de l’espérance chrétienne dans une des sociétés les plus laïques du monde. Naguère princes de l’Église, ses évêques ne payent pourtant pas de mine. Rémunérés au smic, ils sont, comme les prêtres, simplement habillés et voyagent modestement. L’Église de France est ainsi la plus modeste de tous les pays occidentaux, où les législations, non laïques, assurent aux Églises un train de vie nettement supérieur.
Cette pauvreté est peut-être un atout pour l’archevêque de Marseille, qui prend en main ce bateau pour un mandat de trois ans, une fois renouvelable. Très éprouvé ces dernières années, son équipage semble avoir retrouvé du cœur à l’ouvrage ce printemps avec le raz de marée des baptêmes de jeunes adultes. Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris, le confirme : « Jeune prêtre, je voyais dans mon diocèse un ou deux baptêmes d’adultes ou d’adolescents par an. Aujourd’hui, on en voit mille ! » Ces jeunes adultes baptisés, inscrits dans les paroisses, vont bientôt dépasser en nombre la génération des catholiques des nouvelles communautés des années 1990.
« Jeune » évêque de 58 ans, nommé début 2025 à Châlons-en-Champagne, Mgr Franck Javary vivait sa première assemblée de Lourdes cette semaine. Ce polytechnicien des ponts et chaussées devenu prêtre de paroisse et aujourd’hui évêque, témoigne lui aussi de ce nouveau climat dans l’Église de France : « C’est la fin du déclin. Quand on a touché le fond, on remonte ! »
Le moral de l’Église catholique retrouverait donc des couleurs. Mais quel cap le cardinal Aveline va-t-il choisir pour poursuivre ce redressement ? Interrogé vendredi à ce sujet, l’archevêque de Marseille a fixé trois « priorités ». La première est d’avoir « une Église à sa place ». Elle n’est pas une « institution » comme une autre, avait-il développé dans son discours d’ouverture, mais un « mystère ».« Son message n’est pas la résultante démocratique de ses membres », « elle est une action que Dieu lui-même accomplit pour le salut du monde ». La deuxième priorité du cardinal est « la communion », à savoir « l’unité de l’Église » et le service pour « la paix dans le monde » et « dans la société ». Troisième et ultime priorité, « la liberté » : « L’Église, a-t-il lancé, doit garder sa liberté de parler, à temps et à contretemps, d’exprimer son opinion quand elle n’est pas d’accord ou qu’elle a quelque chose à dire à cause de l’Évangile. » Certes, « l’Église n’a pas d’adversaire, mais elle a un message, et elle doit le dire, que ce soit facile ou pas ». Notamment dans la « période électorale qui vient où il y aura besoin de liberté, pour ne pas être à la remorque des idées dominantes ». (...)
Congrès Mission : le cœur missionnaire de l’Église battait à Bercy
Pour sa dixième édition, le Congrès Mission a réuni près de 15 000 catholiques à l’Accor Arena de Paris, les 7 et 8 novembre. En une décennie, le rendez-vous est devenu un laboratoire d’idées et d’initiatives incontournable, porté par une nouvelle génération décidée à inscrire cet élan dans la durée.
Selon les premières estimations de l’équipe d’organisation, entre 13 000 et 15 000 personnes ont pris part à cette grand-messe de la mission à Bercy ainsi qu’en divers points de la capitale tout au long du week-end.
Le pari est réussi, et haut la main ! Pour fêter son dixième anniversaire, le Congrès Mission avait vu grand, les 7 et 8 novembre, en investissant un lieu d’ordinaire dévolu aux stars du sport et de la chanson : l’Accor Arena de Paris-Bercy. Après des éditions délocalisées en région et à l’international, celle-ci a franchi un cap qui restera dans les mémoires.
En témoigne la densité du programme, autour du thème « Jésus est le Chemin, la Vérité et la Vie » : veillées spirituelles dans un décor digne d’un show à l’américaine, messe présidée par le cardinal Dieudonné Nzapalainga, spiritain centrafricain archevêque de Bangui, ateliers, tables rondes, village d’exposants, projection de films, temps d’adoration, marches au départ de quatre églises parisiennes… Selon les premières estimations de l’équipe d’organisation, entre 13 000 et 15 000 personnes ont pris part à cette grand-messe de la mission à Bercy ainsi qu’en divers points de la capitale tout au long du week-end.
Né dans les plaines de Pannonie, dans l'actuelle Hongrie, élevé en Italie et finalement connu dans la France actuelle comme l'apôtre des Gaules, saint Martin de Tours (316 après J.-C. - 397 après J.-C.) a laissé un héritage qui s'étend sur tout le continent européen. Le nom de l'homme qui n'a jamais voulu être qu'un saint ermite orne de nombreuses villes, écoles, églises et même des bouteilles de vin de la République tchèque à la Croatie en passant par la France.
Le 11 novembre, jour de sa fête, est une date propice dans l'histoire de l'Europe et du monde. En 1918, la « guerre pour mettre fin à toutes les guerres » a été déclarée terminée à Compiègne, en France, à seulement quatre heures de Tours. Le saint soldat aurait souri. Il savait par expérience que le cycle des querelles et de la violence humaines ne s'arrête jamais. Seuls les noms changent : la barbarie, l'arianisme, le nazisme... ou l'invasion de l'Ukraine par la Russie. L'interaction récurrente de l'Homme déchu avec le péché est sans fin.
Le jeune Martin est né d'un père légionnaire romain de haut rang et couronné de succès, à une époque où le christianisme était encore jeune. Entouré de serviteurs chrétiens tout au long de sa jeunesse, il a remarqué la différence de comportement marquée entre ceux qui suivaient le Christ et ceux qui adoraient les divinités romaines. À dix ans, il a demandé le baptême, mais son père, qui restait résolument fidèle aux dieux païens de Rome, ne l'a pas autorisé.
En tant que jeune homme, Martin fréquenta ce qui était en fait une académie militaire romaine et devint officier de cavalerie à Milan. En tant que légionnaire romain, Martin fut affecté à Amiens, où il fut baptisé et reçut les ordres mineurs. C'est également là qu'il vivra une expérience qui changera sa vie pour toujours.
En revenant de ses manœuvres, Martin vit un pauvre mendiant légèrement vêtu étendu devant la porte de la ville. Il offrit la moitié de son manteau romain à l'âme misérable. Plus tard, il rêva que l'homme à qui il avait donné le manteau était le Christ lui-même.
Deux ans plus tard, Martin démissionne de l'armée et rentre chez lui pour tenter de convertir son père. Il échoue mais a le bonheur de voir sa mère baptisée avant sa mort. De retour en Gaule, saint Martin devient disciple de saint Hilaire de Poitiers, évêque réputé de l'époque.
Malgré son désir de vivre une vie simple et sainte en tant que moine, saint Martin devint célèbre grâce à sa piété et à sa capacité à accomplir des miracles. Contre sa volonté, il fut nommé évêque. La légende raconte qu'il se cacha dans un enclos à oies pour éviter de rencontrer les émissaires qui lui apportaient la nouvelle de son élévation. Aujourd'hui encore, des familles de toute l'Europe se réunissent pour déguster une oie rôtie, qui rappelle étrangement notre Thanksgiving, le 11 novembre.
En tant qu'évêque, il a vécu une vie pauvre, essayant sans relâche de convertir les tribus germaniques qui s'étaient installées dans les forêts du nord de la France. L'hagiographie l'associe donc souvent aux arbres.
Saint Martin et le mendiant par un artiste inconnu, v. 1490 [Galerie nationale hongroise (Magyar Nemzeti Galeria) Budapest]
Dans un de ces récits, des bûcherons païens coupaient un pin et mirent au défi l'évêque Martin de se tenir sous l'arbre pendant qu'il était abattu. S'il restait indemne, ils promettaient de se convertir. Le lendemain, les bûcherons se rendirent à l'église pour être baptisés par saint Martin lui-même.
La réputation de saint Martin était si grande qu'il devint l'ami et le conseiller de nombreux piliers et saints de l'Église, parmi lesquels saint Ambroise, saint Augustin et saint Jérôme. Il entra dans l'éternité le 8 novembre 397.
Au Moyen Âge, son tombeau devint un lieu de pèlerinage et de miracles, souvent pour ceux qui voyageaient sur le chemin de Saint-Jacques vers Compostelle en Espagne.
En Europe du Nord, les jours sont courts en novembre. La nuit tombe tôt et vite. À partir de la Toussaint, le dôme gris acier du ciel hivernal s'abaisse et reste, apparemment impénétrable à la lumière pendant plusieurs mois. Le Requiem de Mozart est à l'honneur dans les salles de concert, une ode à la mémoire d'une société autrefois agricole qui a reconnu que la moisson était terminée et que le monde s'endormait jusqu'à la Résurrection du printemps.
Curieusement, c’est aussi au milieu des ténèbres d’une Europe de plus en plus post-chrétienne que perdure la fête de Saint Martin.
En Allemagne, la Saint-Martin est également connue sous le nom de Fête des Lanternes ou Laternfest. Les enfants d'âge scolaire fabriquent des lanternes artisanales qu'ils transportent lors d'une procession nocturne dans leurs communautés, qui se termine par un feu de camp, des chants traditionnels autour du feu de camp sur le thème des lanternes, puis un dîner familial à la maison composé d'oie rôtie, de chou rouge et de pommes de terre.
En France, Saint Martin est le patron des vignerons. Selon la légende, son âne aurait déjeuné de vignes pendant que son maître accomplissait ses devoirs épiscopaux. L'année suivante, les vignerons ont constaté une amélioration de la qualité des vignes. Désormais, la taille du fruit le plus sacré de France commence le 11 novembre en grande pompe et bien sûr avec quelques gorgées de vin.
Dans la Croatie, encore très catholique, et même dans la République tchèque, très athée, la bénédiction du vin nouveau a toujours lieu le jour de la Saint-Martin.
Nous devons une grande partie de ce que nous savons de ce vénérable saint à un autre saint : Sulpice Sévère (363-425 apr. J.-C.), qui était presque contemporain de lui. Tout comme saint Martin, il est né de parents aisés mais a décidé de se priver d'une vie confortable en servant le Christ et l'Église. Saint Sulpice fut l'un des premiers historiens chrétiens et est connu pour ses chroniques d'histoire sacrée, en plus de sa biographie de saint Martin de Tours.
L'Europe n'est plus identifiée à la chrétienté. Le tristement célèbre Martin Luther, baptisé le jour de la Saint-Martin, le 11 novembre 1483, allait détruire non seulement l'Église bien-aimée de son saint patron, mais aussi la véritable source d'unité de l'Europe, l'Eucharistie.
Pourtant, accrochée aux célébrations séculaires de la Saint-Martin, une chose persiste obstinément dans la mémoire collective européenne : un rappel que la vraie foi et la foi d’un saint homme ne peuvent être entièrement oubliées.
Saint Martin de Tours, priez pour l'Europe, priez pour nous.
Le pape appelle à un regain de respect et de beauté dans la liturgie de l'Église
Le pape Léon XIV a célébré dimanche la fête de la dédicace de la basilique du Latran en appelant à un regain de respect et de beauté dans la liturgie de l'Église.
Célébrant la messe à la cathédrale de Rome devant plus de 2 700 fidèles, le pape a déclaré que « le soin apporté à la liturgie au siège de Pierre doit être tel qu’il puisse être offert en exemple à tout le peuple de Dieu, dans le respect des normes, attentif aux différentes sensibilités de ceux qui y participent… et en même temps fidèle à ce style de sobriété solennelle propre à la tradition romaine, qui peut faire tant de bien aux âmes de ceux qui y participent activement. »
Sa Sainteté a décrit la liturgie comme « la source de toute sa puissance » et a insisté sur le fait qu'elle doit servir d'exemple à tout le peuple de Dieu. Il a ajouté qu'« il faut veiller tout particulièrement à ce que la simple beauté du rite romain puisse exprimer ici la valeur du culte pour la croissance harmonieuse de tout le corps du Seigneur », citant saint Augustin qui rappelait que « la beauté n'est autre que l'amour, et l'amour est la vie ».
Dans la suite de son homélie, le pape a évoqué les fondations de la basilique, posées sous l'empereur Constantin après la légalisation du christianisme au début du IVe siècle, et consacrée par le pape Sylvestre Ier comme la « Mère de toutes les Églises ». Le Latran, a-t-il déclaré, est « bien plus qu'un monument ou un mémorial historique », mais « un signe de l'Église vivante, bâtie avec des pierres choisies et précieuses en Jésus-Christ, la pierre angulaire ».
Il a utilisé l'image d'un « chantier » pour décrire la vie de l'Église, exhortant les croyants à « creuser en eux-mêmes et autour d'eux » et à bâtir avec humilité et patience. « Jésus nous transforme et nous appelle à œuvrer sur le grand chantier de Dieu, nous façonnant avec sagesse selon son plan de salut », a-t-il déclaré. « Ne soyons ni précipités ni superficiels, sans nous laisser entraver par des critères mondains qui, trop souvent, exigent des résultats immédiats et méconnaissent la sagesse de l'attente. »
Concélébrant avec le pape étaient le cardinal Baldassare Reina, archiprêtre de la basilique et vicaire général du diocèse de Rome, Mgr Renato Tarantelli Baccari, vice-gérant du diocèse, ainsi qu'environ 160 prêtres et dix évêques. Le pape Léon XIV a souligné que même dans la longue histoire ecclésiale de Rome, « il y a eu des moments critiques, des pauses et des ajustements aux projets en cours », mais que « grâce à la ténacité de ceux qui nous ont précédés, nous pouvons nous rassembler dans ce lieu merveilleux ».
Il a conclu en exprimant l'espoir que tous ceux qui s'approchent de l'autel de la cathédrale de Rome « puissent alors repartir remplis de cette grâce dont le Seigneur veut inonder le monde », affirmant que la liturgie demeure le cœur de l'unité et de la mission de l'Église.
La basilique Saint-Jean-de-Latran, à Rome, fêtait l'an dernier le 1700e anniversaire de sa consécration. L'anniversaire de la dédicace est un jour de fête pour l'Église universelle, car elle est le siège (la cathèdre ) de l'évêque de Rome, le souverain pontife. La cathédrale de Rome est la basilique du Latran, et non la basilique Saint-Pierre au Vatican.
Voici sept choses à savoir sur le Latran.
Constantin, la cathédrale et le concile
« Le Latran » tire son nom de la famille historiquement associée à la terre ; le complexe de bâtiments sur le site était connu comme le palais de la famille Laterani, une famille de haut rang au service de plusieurs empereurs romains.
Au cours des premiers siècles chrétiens, lorsque l'Église était illégale, il était difficile d'établir des structures formelles. Cela a changé avec Constantin, qui, au début du IVe siècle, a d'abord légalisé le christianisme, puis lui a donné une faveur officielle. Le palais du Latran est entré en sa possession vers 311 ; Constantin l'a donné à l'Église en 313, et il est devenu le siège des évêques de Rome à partir de cette époque.
Très tôt, une réunion d'évêques s'y tint pour discuter de la controverse donatiste ; le Latran était rapidement devenu le centre de la vie ecclésiastique. Le pape Sylvestre Ier y établit sa cathédrale et la dédia en 324 — d'où le 1700e anniversaire cette année.
Tandis que les structures ecclésiastiques se constituaient physiquement à Rome, la nouvelle liberté permettait de s'occuper également de l'architecture théologique. Le premier grand concile œcuménique, également sous le patronage de Constantin, devait bientôt être organisé. Le 1700e anniversaire du concile de Nicée aura lieu l'année prochaine.
Les papes ont vécu au Latran du IVe au XIVe siècle, date à laquelle la papauté s'est installée à Avignon, en France, en 1309. Deux incendies, en 1309 et 1361, ont gravement endommagé le complexe du Latran. Lorsque la papauté est revenue d'Avignon à Rome, les papes ont transféré leur résidence et leur cour au Vatican. La cathédrale officielle, cependant, est restée au Latran. Ainsi, le Vatican n'a été la résidence des papes que pendant environ 600 ans. Les papes ont vécu au Latran pendant près de 1 000 ans.
L'ancienne basilique du Latran fut démolie au XVIe siècle et reconstruite dans son état actuel ; la façade actuelle fut achevée en 1735.
Cathédrale de Rome
Cathédrale du diocèse de Rome, le Latran est le siège de l'évêque de Rome. À l'entrée de la basilique, le pèlerin lit : Omnium Ecclesiarum Urbis et Orbis Mater et Caput — « Mère et chef de toutes les Églises de la ville et du monde ». L'unité de toute l'Église catholique avec l'évêque de Rome s'exprime dans l'église cathédrale de Rome.
Aujourd'hui encore, les bureaux du diocèse de Rome se trouvent dans le Palais du Latran, un bâtiment situé juste derrière la basilique.
Ces dernières années, le pape François a souligné ce point en signant souvent des documents « au Latran » plutôt qu’« au Vatican ». Le Saint-Père vit au Vatican, mais le siège de son autorité est la basilique du Latran, sa cathédrale.
Tout comme Vatican I et Vatican II se sont tenus là où résidaient les papes aux XIXe et XXe siècles, cinq conciles œcuméniques se sont tenus au Latran lorsque les papes y résidaient. Le premier concile du Latran a eu lieu en 1119. Le cinquième concile du Latran s'est tenu de 1512 à 1517 et n'a pas été une entreprise fructueuse ; la Réforme protestante a commencé comme elle s'est terminée.
Le traité de 1929 entre la République italienne et le Saint-Siège, qui a réglementé la fin des États pontificaux et créé l'État de la Cité du Vatican, a été signé au Latran et est connu sous le nom de traité du Latran.
Une journée liturgique inhabituelle
L'anniversaire de la dédicace de chaque cathédrale est une fête pour toutes les églises de ce diocèse. Le Latran étant la cathédrale de Rome, c'est une fête pour toute l'Église, célébrée partout.
En fait, la fête de la Dédicace de Saint-Jean de Latran est d'une telle importance qu'elle dépasse le dimanche du temps ordinaire. L'année prochaine, ce sera le cas. Cette année, comme la fête tombe un samedi, les messes célébrées le samedi soir observeront la grande fête de la Dédicace de Saint-Jean de Latran, plutôt que la moindre célébration d'un dimanche du temps ordinaire.
Qui est Saint Jean de Latran ?
C'est une excellente question de culture catholique : qui est saint Jean de Latran ?
C'est une question piège. Il n'existe pas de saint de ce genre. La basilique du Latran, l'église mère du monde entier, a été consacrée au Christ Sauveur en 324. Bien plus tard, au Xe siècle, une dédicace a été ajoutée à saint Jean-Baptiste, et une autre au XIIe siècle a ajouté saint Jean l'Évangéliste.
Le nom officiel est donc un peu long : Basilique pontificale du Très Saint Sauveur et des Saints Jean-Baptiste et l'Évangéliste au Latran. Dans le langage courant, cela se résume à « Saint-Jean de Latran ».
Il y a quatre basiliques papales majeures à Rome, et elles sont dédiées comme il se doit au Christ Sauveur (Latran), à la Sainte Mère (Sainte Marie Majeure) et aux princes des apôtres martyrisés à Rome (Saint-Pierre au Vatican et Saint-Paul-hors-les-Murs).
Il se peut bien que la dédicace à saint Jean ait été ajoutée plus tard pour donner une reconnaissance à Rome à saint Jean-Baptiste, dont Jésus parlait comme étant « le plus grand né d’une femme ».
Toujours debout
Le Latran est une expression visible du passage de l'Église à travers l'histoire. Malmenée et endommagée, réformée et reconstruite, elle est toujours debout. Le Latran, près des murs de la ville romaine, a été saccagé à de nombreuses reprises par des armées d'invasion. L'attaque la plus récente a eu lieu en juillet 1993, lorsque le portique arrière a été bombardé par la mafia en réaction à la condamnation de la mafia par saint Jean-Paul le Grand en mai de la même année.
La plupart des ravages du Latran sont dus aux incendies, aux inondations et aux dégradations dues au temps : murs bombés, fondations érodées. Il a donc été réparé, reconstruit, voire entièrement reconstruit, à plusieurs reprises. Le Latran n'a plus l'aspect qu'il avait autrefois, mais il a conservé sa même identité et sa même mission.
Un élément remarquable a survécu. Les grandes portes du Latran proviennent du Forum romain. Probablement la partie la plus ancienne du complexe, elles indiquent que, même si l'Empire romain est éteint depuis longtemps, ce qui en subsiste est ce qui a été repris dans la vie de l'Église.
Reliques de la Passion
La partie la plus précieuse du Latran n'y est plus conservée. Quelques années seulement après sa consécration en 324, sainte Hélène, mère de Constantin, se rendit à Jérusalem et revint avec les reliques de la Passion.
Certaines de ces reliques sont aujourd'hui conservées juste en face du Latran, notamment la Scala Santa , les « marches sacrées » du prétoire de Pilate. Une courte promenade mène le pèlerin à la basilique de la Sainte-Croix de Jérusalem, ainsi nommée parce qu'elle est censée amener Jérusalem à Rome, en quelque sorte. On y conserve des reliques de la Vraie Croix, ainsi que des instruments de la Passion : des fragments de clous, d'épines et de colonne de flagellation.
Tombeaux des Papes
Six tombeaux papaux se trouvent aujourd'hui au Latran. D'autres papes y ont été enterrés au cours du premier millénaire, mais leurs tombes ont été perdues au fil du temps. Deux tombeaux méritent d'être mentionnés.
Innocent III (1198-1216) régnait à l'époque où saint François d'Assise vint à Rome pour établir son nouvel ordre. Au début, Innocent était sceptique quant à la faisabilité du radicalisme de la proposition franciscaine. Alors qu'il réfléchissait à la question, Innocent fit un rêve dans lequel il vit François soutenir la basilique du Latran. Convaincu que c'était un signe que François était nécessaire pour soutenir une Église en besoin de réforme, Innocent donna son approbation en 1210.
Le pape Léon XIII (1878-1903) est également enterré au Latran, dernier pape à ne pas être enterré à Saint-Pierre. (Le pape François a également choisi d'être enterré ailleurs, à Sainte-Marie-Majeure , un lieu qu'il a visité plus de 100 fois, car le Saint-Père s'y rend avant et après chaque voyage papal.)
Léon XIII accéda au pontificat alors que la question des États pontificaux n'était pas encore résolue. Il ne quitta donc jamais le Vatican au cours de ses 25 ans de pontificat. Sachant qu'un évêque a sa place dans sa cathédrale, il était déterminé à y accéder dans la mort s'il ne pouvait pas le faire de son vivant.
Telle est l’importance du Latran, la cathédrale du monde entier, alors qu’il entre dans son XVIIIe siècle de service.
Le Père Raymond J. de Souza est le rédacteur fondateur du magazine Convivium .
Après le document du CEI… quelle est la direction que prend l’Église italienne ?
8 novembre 2025
L’Église en Italie a franchi une étape que beaucoup jugent déjà risquée. Avec 781 voix pour et 28 contre, la Conférence épiscopale italienne (CEI) a approuvé le document final de son processus synodal, intitulé « Levain de paix et d’espérance ». Selon une analyse publiée par le National Catholic Register (NCR), ce texte, loin de clore le processus, ouvre une nouvelle phase de tensions entre les partisans d’un « renouveau pastoral » et les défenseurs de la fidélité au Magistère.
Un texte qui introduit les exigences du monde dans le langage de l'Église
Le document synodal ne se limite pas aux questions pastorales. Comme le détaille le NCR, il exhorte les évêques italiens à soutenir les protestations contre « l’homophobie » et la « transphobie » et propose d’étudier la possibilité d’un diaconat féminin, sujet déjà abordé par deux commissions vaticanes sans résultat concluant. Bien que présenté comme un texte « pastoral », la publication souligne qu’il « semble vouloir inverser le rapport entre les évêques et les structures synodales » et, comme nous l’avons souligné à Infovaticana, « privilégie des interprétations contraires à la doctrine catholique sur la vérité de l’amour humain ».
Résultat d'un processus divisé
Ce document fait suite à des mois de désaccords internes. En avril, le premier projet a été rejeté par plus de mille délégués synodaux faute de consensus. Pour la première fois en cinquante ans, la Conférence épiscopale italienne (CEI) a reporté son assemblée générale afin de réécrire le texte et de parvenir à un accord minimal. Finalement, le 25 octobre, à huis clos, la nouvelle version a été approuvée. La CEI va maintenant constituer un groupe d'évêques chargé d'élaborer des priorités et des résolutions qui serviront de base à l'assemblée générale de 2025.
Les votes les plus controversés
Près de deux semaines après la publication du document, le NCR précise que la proposition visant à promouvoir les études sur le diaconat féminin a été approuvée par 625 voix pour et 188 contre , tandis que la motion appelant à « soutenir l’action civile contre la violence, l’homophobie et la transphobie » a recueilli 637 voix pour et 185 contre. Bien que toutes les motions aient été approuvées, les résultats des votes révèlent de profondes divisions parmi les délégués, mais témoignent également d’une forte tendance progressiste.
Zuppi et Castellucci défendent le texte ; plusieurs évêques mettent en garde contre le risque doctrinal
Le président de la Conférence épiscopale italienne (CEI), le cardinal Matteo Zuppi, a qualifié le processus d’« entreprise courageuse ». De même, l’évêque Erio Castellucci a appelé la CEI à « adopter le texte et à commencer à mettre en œuvre ses propositions ». Cependant, l’évêque Giovanni Paccosi de San Miniato a mis en garde contre « toute pression visant à transformer ce qui n’est qu’une demande de quelques-uns en norme générale ». Pour sa part, l’évêque Antonio Suetta de Vintimille-Sanremo a rappelé à l’assemblée qu’il ne s’agissait pas d’un synode formel et a insisté pour que le texte soit « rectifié à la lumière du Catéchisme et du Magistère constant ».
Un chemin qui s'éloigne de l'esprit catholique
Le document final introduit une logique d’adaptation aux dynamiques sociales, allant jusqu’à proposer une révision du droit canonique, transformant les paroisses en « communautés énergétiques solidaires » et accordant un pouvoir délibératif aux laïcs. Sous couvert de renouveau, le texte pourrait mener à des changements doctrinaux insidieux .
La Conférence épiscopale italienne (CEI) tiendra sa prochaine session plénière du 17 au 20 novembre à Assise , où le pape Léon XIV devrait rencontrer les évêques italiens à la clôture des travaux.
Sondage exclusif : "Le sacerdoce aujourd’hui", une enquête auprès des prêtres
6 novembre 2025
Les prêtres sont en première ligne pour "assister à la disparition de la foi dans les âmes" et constater de l'intérieur combien l'institution ecclésiale est affaiblie. Pourtant, la grande majorité des prêtres en France se disent "heureux". C'est ce que révèle l'étude de l’Ifop pour l’OFC en partenariat avec RCF-Radio Notre Dame et Famille chrétienne. "Le sacerdoce aujourd’hui" est une enquête réalisée auprès des prêtres eux-mêmes.
Des prêtres heureux aujourd’hui en France, mais qui ont besoin de soutien. C’est le principal enseignement de l’étude de l’Ifop pour l’OFC en partenariat avec RCF-Radio Notre Dame et Famille chrétienne. Si la plupart des études sur l’Église catholique portent sur la façon dont elle perçue, cette fois, ce sont des prêtres eux-mêmes qui s’expriment.
Les chiffres, dévoilés en détail ce vendredi 7 novembre, permettent donc d’en savoir plus sur la réalité du ministère sacerdotal tel qu’il est vécu aujourd’hui dans l’Église de France. Ils montrent que la vie des prêtres diocésains offre une voie d’épanouissement malgré des besoins exprimés. En particulier celui d’être soutenus par la hiérarchie et celui d’être entourés de laïcs "fiables et autonomes" pour poursuivre au mieux leur mission auprès des fidèles.
Le sacerdoce vu par les prêtres eux-mêmes
Où en sont les prêtres aujourd’hui ? De quoi est fait leur quotidien ? De quoi ont-ils besoin ?
Réalisé en partenariat avec RCF-Radio Notre-Dame et Famille chrétienne, ce sondage Ifop pour l’Observatoire français du catholicisme (OFC) a été mené auprès des prêtres eux-mêmes. Sur les 5.000 prêtres sollicités, 15% ont répondu, au cours du mois d’octobre 2025. Intitulée "Le sacerdoce aujourd’hui", l’enquête s’appuie donc sur les réponses de 766 prêtres.
Après avoir publié sa première étude sur le catholicisme en France, l’OFC, créé en juin 2025, dévoile des chiffres sur l’Église vue par les membres les plus nombreux de la hiérarchie ecclésiale. En 2020, la Conférence des évêques de France elle-même avait publié son étude sur la santé des prêtres en activité. 93% se disaient en bonne santé, mais il était question pour une minorité d’états de "fatigue mentale" voire de "syndromes dépressifs" chez "deux prêtres sur dix".
L’étude de l’Ifop pour l’OFC vient donc compléter ces enseignements. En 50 questions, elle offre un large aperçu sur la vie des prêtres, qu’il s’agisse de leur origine sociale et familiale, du sens qu’ils donnent à leur vie ou de leur vision sur le fonctionnement d’une paroisse. Il est également question de leurs habitudes personnelles, comme le temps passé sur les réseaux sociaux ou leur activité du dimanche soir.
Le grand enseignement de cette enquête est qu’une très grande majorité des prêtres se disent "heureux". Ce qui fait leur bonheur ? "Être le témoin privilégié des merveilles que Dieu produit dans les cœurs", répondent-ils en premier.
Affermir la foi des paroissiens fait partie des préoccupations premières des prêtres. D'ailleurs, pour la plupart d’entre eux, les demandes de baptême en augmentation sont "un signe de l’Esprit saint". À l'inverse, "assister à la disparition de la foi dans les âmes" fait partie de leurs principales contrariétés. Dans la même catégorie et juste après viennent "les combats inhérents au célibat sacerdotal".
Des hommes d’Église heureux donc, qui admettent toutefois être "moins idéalistes face à la dure réalité". L’enquête n’élude pas les difficultés rencontrées dans l’exercice du ministère presbytéral, qu’elle permet justement de caractériser.
Des prêtres qui ont besoin du soutien de leur évêque
La plupart des sondés sont des prêtres diocésains n’appartenant pas à une congrégation de prêtres ou à une société sacerdotale. Parmi les difficultés qu’ils exposent, celle qui arrive en tête est le fait de "ne pas sentir la confiance et le soutien de [son] évêque ou de [sa] hiérarchie". Arrive non loin, et c'est sans doute lié, "le sentiment d’administrer le déclin humain et spirituel d’une institution affaiblie".
La question du management au sein de l’Église est ainsi pointée du doigt, même s’ils sont une grande majorité à trouver dans l’exercice de leur ministère au service de l’Église une possibilité de mobiliser leurs talents. Reste que "travailler la qualité du lien de paternité et de confiance entre les prêtres et les évêques" fait partie des enjeux prioritaires pour la majorité d’entre eux.
La plupart des sondés sont attachés à la mission de l’Église."Continuer à avancer, pas à pas, guidés par l’Esprit-Saint, et faire ce que nous avons à faire là où nous sommes : célébrer / gouverner / enseigner" : c’est l’enjeu prioritaire pour une grande majorité de prêtres interrogés.
Pouvoir être "épaulés" par des "laïcs fiables et autonomes"
Ils sont nombreux à souhaiter pouvoir compter sur "une équipe de laïcs fiable et autonome" pour les épauler. Leur vision sur la place des diacres est peu abordée, alors même que le nombre d’ordinations pour le diaconat permanent est en augmentation.
Aux trois-quarts curés de paroisse ou vicaires, les sondés estiment pour la plupart que leur présence est essentielle auprès des fidèles notamment pour la célébration des funérailles – de plus en plus assurées par des diacres ou des laïcs en mission ecclésiale.
Nos prêtres sont pour beaucoup préoccupés par la question de la formation, et accordent une grande importance à l’éducation chrétienne. L’enseignement catholique ressort comme l’un des chantiers qu’ils estiment prioritaires pour l’Église.
Loin de l’idée de l’image de prêtres cantonnés dans l’entre soi d’une population CSP+, près de la moitié des sondés exercent leur ministère auprès "d'une population de classes moyennes avec de la mixité sociale".
La place de la transmission dans la vocation sacerdotale
Sans surprise, l’étude souligne l’importance du cadre familial dans la vocation sacerdotale. Elle confirme qu’une écrasante majorité de prêtres ont grandi dans une famille catholique pratiquante - engagée ou non dans la vie de l’Église.
À l’heure où le nombre d’ordinations sacerdotales est en baisse, on peut souligner l’importance des mouvements de jeunesse dans le choix d’une vocation. Le scoutisme ou les aumôneries sont des lieux privilégiés où susciter chez les jeunes gens le désir de devenir prêtre. Plus décisifs encore sont les grands rendez-vous comme les JMJ, les rassemblements de Taizé ou les sessions d’été de formation ou d’évangélisation.
Le Vatican va publier un nouveau document sur la polygamie en Afrique
Le Vatican va publier un nouveau document sur le mariage à la fin du mois, abordant la question de la polygamie en Afrique dans un contexte de débat pastoral et culturel continu.
Le Dicastère pour la doctrine de la foi a annoncé que le texte, intitulé « Nous deux : Éloge de la monogamie. Note doctrinale sur la valeur du mariage, la communion exclusive et l'appartenance mutuelle », sera publié à la fin du mois de novembre.
Le père Armando Matteo, secrétaire du dicastère, a déclaré mardi que ce document faisait suite à une demande spécifique formulée lors du Synode sur la synodalité, invitant les évêques africains à préparer une déclaration sur le sujet. Une conférence de presse aura lieu au Bureau de presse du Saint-Siège lors de la présentation de la note.
Les discussions précédentes lors des synodes sur la famille de 2014 et 2015 ont été dominées par les questions du divorce et du remariage, plusieurs évêques africains évoquant les défis particuliers auxquels ils sont confrontés dans des régions où la polygamie reste très répandue.
De nombreux commentateurs et observateurs du Vatican ont suggéré que, contrairement au récent document sur la corédemptrice publié par la DDF, qui a suscité la controverse en ligne et parmi les laïcs, la question de la polygamie permet une réponse plus directe. Elle nécessite un document simple, car la doctrine catholique sur le sujet est déjà clairement définie.
L'Église a toujours enseigné que le mariage est une alliance à vie entre un homme et une femme, un partenariat fondé sur la fidélité, l'ouverture à la vie et le don mutuel de soi. Le Catéchisme décrit la polygamie comme une pratique « contraire à l'amour conjugal, qui est indivisible » et incompatible avec l'union exclusive voulue par Dieu.
Dans la théologie catholique, le mariage reflète l'amour fidèle du Christ pour son Église, un lien de communion exclusive et d'appartenance mutuelle qui ne peut être rompu.
Cependant, bien que rare à l'échelle mondiale, la polygamie reste profondément ancrée dans le tissu social de nombreuses sociétés africaines. Depuis des générations, les mariages multiples sont liés à la lignée, au statut social et à la survie économique. Un rapport publié en 2020 par le Pew Research Center révèle qu'environ 11 % de la population d'Afrique subsaharienne vit dans des foyers où au moins un membre a plus d'un conjoint ou partenaire. En réponse à cela, l'Église en Afrique développe activement des cadres pastoraux pour ceux qui vivent dans des unions polygames, tout en réaffirmant l'idéal chrétien du mariage monogame.
Les dirigeants de l'Église ont expliqué que, bien que le mariage monogame reste la norme doctrinale, de nombreux convertis au catholicisme entrent dans l'Église après avoir vécu dans des contextes polygames. Dans de tels cas, les évêques et les prêtres ont cherché des moyens d'intégrer les familles dans la communauté religieuse sans compromettre l'enseignement de l'Église sur l'unité et l'exclusivité du mariage.
Selon le Symposium des conférences épiscopales d'Afrique et de Madagascar (SECAM), six propositions pastorales ont été approuvées « pour l'accompagnement des personnes en situation de polygamie », mettant l'accent sur « l'écoute, la proximité et l'accompagnement » des hommes et des femmes dans ce type de relations. Ces propositions consistent notamment à accueillir les personnes en situation de polygamie dans l'Église, à leur faire sentir qu'elles font partie de l'Église, à prendre des initiatives en faveur des veuves, à mettre l'accent sur la conversion comme objectif premier, à passer d'une conception étroite de la fécondité comme descendance biologique à une conception plus large de la charité, et à promouvoir un apostolat familial caractérisé par la catéchèse sur l'Église et les sacrements.
Le document à venir devrait réaffirmer ce principe tout en offrant des éclaircissements et des orientations pastorales aux évêques et aux fidèles des régions où la polygamie persiste. Sa publication à la fin du mois de novembre sera suivie de près dans toute l'Afrique et au-delà.
Rome (Agence Fides) - Saint John Henry Newman a récemment été proclamé Docteur de l'Église, puis nommé saint patron de l'Université Pontificale Urbanienne, qui fait partie intégrante du Dicastère pour l'évangélisation.
En tant que Docteur de l'Église et saint patron de cette université, on attend naturellement de Newman qu'il soit à la hauteur de ces distinctions.
En effet, la recherche de la Vérité a guidé Newman tout au long de sa vie, depuis ses années d'anglicanisme fervent à l'université d'Oxford jusqu'à celles qui ont suivi sa conversion au catholicisme en 1845. La révélation de la Vérité anime de la même manière l'Église dans sa mission de proclamation de l'Évangile. Comme l'explique Newman dans son discours « The Salvation of the Hearer the Motive of the Preacher » (Le salut de l'auditeur est la motivation du prédicateur) : « Mes chers frères, si nous sommes certains que le Très Saint Rédempteur a versé son sang pour tous les hommes, il s'ensuit clairement et simplement que nous, ses serviteurs, ses frères, ses prêtres, ne devrions pas être disposés à voir ce sang versé en vain [...] Quelle incitation à la prédication est plus puissante que la ferme conviction qu'il s'agit de la prédication de la vérité ? [...] Quelle plus grande persuasion pour amener les hommes à l'Église que la conviction qu'elle est le moyen spécial par lequel Dieu opère le salut de ceux que le monde éduque au péché et à l'incrédulité ? ».
Aussi décourageant que cela puisse paraître pour les catholiques, la conversion des cœurs est au cœur de la mission de l'Église, comme le démontrent à la fois la Tradition et la dynamique même du catholicisme.
Dans son discours « Prospects of the Catholic Missioner » (Perspectives du missionnaire catholique), Newman souligne le grand héritage que les catholiques ont reçu depuis l'époque de saint Pierre – une histoire qui a résisté à toutes les épreuves au cours des siècles – pour encourager les fidèles dans leur vocation : « Nous sommes confiants, zélés et inflexibles, car nous sommes les héritiers de saint Pierre, saint Grégoire de Nazianze, saint Grégoire le Grand et tous les autres saints et fidèles qui, en leur temps, par leurs paroles, leurs actions ou leurs prières, ont promu la cause catholique ». Tout comme les Anglo-Saxons païens à l'époque du pape Grégoire Ier ont connu la joie de la Bonne Nouvelle lorsqu'il a envoyé des missionnaires en Grande-Bretagne, les catholiques d'aujourd'hui sont également appelés à partager cette même joie en diffusant la Parole.
L'annonce de l'Évangile reste la mission essentielle de l'Église. En effet, l'appel universel à diffuser la Parole dans le monde entier est conforme à la nature même de l'Église catholique (kataholos, en grec, signifie « selon le tout » ou « universel »).
Comme le rappelait Newman, « Nous agissons selon notre nom ; les catholiques sont chez eux en tout temps et en tout lieu, dans tous les états de la société, dans toutes les classes de la communauté, à tous les stades de la culture ».
Cela dit, le grand zèle qui pousse les missionnaires catholiques à défendre la Vérité ne devrait jamais prendre le pas sur la gentillesse et la compassion avec lesquelles ils sont appelés à prêcher. L'amour de Dieu englobe l'amour pour Sa création, pour l'humanité, même dans sa faiblesse.
Newman a réfléchi à cette vertu de la compassion dans son sermon « St. Paul’s Gift of Sympathy » (Le don de la compassion de saint Paul), la décrivant comme un don possédé par les saints, fondé « sur une expérience intime de ce qu'est réellement la nature humaine, dans son irritabilité et sa sensibilité, dans son découragement et sa versatilité, dans sa maladie, dans son aveuglement et dans son impuissance ». Cet amour pour l'humanité cherche à refléter l'amour infini de Dieu pour son peuple. Comme l'explique Newman, « Tout comme Dieu Tout-Puissant lui-même a la compassion d'un père envers ses enfants, car il connaît notre nature, il se souvient que nous sommes poussière ; ainsi, suivant son exemple, nous sommes appelés à aimer la vertu de l'humanité, comme on pourrait l'appeler. Une vertu qui découle de sa grâce surnaturelle et qui est cultivée pour son amour, bien que son objet soit la nature humaine vue en elle-même, dans son intelligence, ses affections et son histoire ».
Par conséquent, la défense de la Vérité ne doit jamais être caractérisée par l'arrogance ou le jugement, mais fondée sur l'humilité et la compassion, dans la reconnaissance de notre nature humaine commune et imparfaite. Newman a fait remarquer que l'on peut considérer l'apôtre Paul comme un exemple, car il était « pleinement conscient d'être un homme [...] il est pour lui-même simplement un homme fragile qui parle à des hommes fragiles, et il est tendre envers les faibles parce qu'il a conscience de sa propre faiblesse ».
Les missionnaires catholiques peuvent faire de même, en plaçant leur foi dans la grâce de Dieu comme source de force.
Au-delà de la compréhension des faiblesses communes à tous les êtres humains, Newman reconnaissait que chaque personne est façonnée par un passé unique et des dispositions distinctes. Bien que la proclamation de l'Évangile reste la mission universelle de l'Église, elle est avant tout enracinée dans une relation personnelle avec Dieu qui embrasse l'individualité de chaque personne. Newman était profondément conscient de cette dimension intime. Dans sa conférence intitulée Logical Inconsistency of the Protestant View (Incohérence logique de la vision protestante), il a souligné que l'Église se répand « à travers les conversions individuelles, l'exercice du jugement privé, la communication entre les esprits à travers le conflit d'opinions, le zèle des convertis et au milieu de la persécution ; non pas à travers un plan d'action général ou un mouvement politique ». De plus, tout comme recevoir l'Évangile est un acte profondément personnel, le proclamer l'est également. La mission de chaque catholique est façonnée par son histoire et son caractère ; il n'existe pas deux vocations identiques.
Dans ses « Méditations sur la doctrine chrétienne », Newman réfléchit à la vocation unique que Dieu lui a confiée, suggérant que chaque personne est appelée par Dieu à une mission qui lui est propre : « J'ai été créé pour faire quelque chose ou pour être quelque chose pour lequel personne d'autre n'a été créé ; J'ai une place dans les conseils de Dieu, dans le monde de Dieu, que personne d'autre n'a ; que je sois riche ou pauvre, méprisé ou estimé par les hommes, Dieu me connaît et m'appelle par mon nom [...] Dieu m'a créé pour lui rendre un service précis ; il m'a confié une tâche qu'il n'a confiée à personne d'autre. J'ai ma mission ».
La devise épiscopale de Saint John Henry Newman, « Cor ad cor loquitur » (Le cœur parle au cœur), résume magnifiquement l'essence de la mission catholique : avant toute autre chose, la conversion commence par une rencontre sincère entre deux personnes. C'est à travers cette rencontre que Dieu peut toucher et convertir le cœur de Ses créatures. (Agence Fides 6/11/2025)
Une co-rédemption « inconvenante » ? Réprimandez les saints et les docteurs.
Pour le directeur de la Société mariologique allemande, le titre de « Co-rédemptrice » ne prête pas à confusion quant à la médiation unique du salut par le Christ. Si tel était le cas, il conviendrait de se référer aux écrits de Newman et de Jean-Paul II.
6/11/2025
Nous avons sollicité l'avis du Père Manfred Hauke, professeur de dogmatique à la Faculté de théologie de Lugano, membre de l'Académie pontificale mariale internationale et directeur de la Société mariologique allemande, sur certains points critiques de la Note doctrinale Mater Populi Fidelis.
Cette note semble principalement souligner que certains titres mariaux, tels que Co-Rédemptrice et Médiatrice de toutes les grâces, occultent l'unicité de la médiation salvifique du Christ. À votre avis, ce risque est-il réel ?
Selon moi, ce risque est inexistant dans un contexte catéchétique et théologique sain. Qui pourrait accuser, par exemple, saint Jean-Paul II, qui a employé à plusieurs reprises les deux titres mentionnés, d'être déséquilibré ? La Note elle-même rappelle qu'il a utilisé le titre de « Co-Rédemptrice » « à au moins sept reprises » (n° 18). Faut-il déchoir le cardinal John Henry Newman, proclamé docteur de l'Église par le pape Léon XIV le 1er novembre dernier, de son titre, car ce converti anglais a défendu le titre de « Co-Rédemptrice » contre l'anglican Edward Pusey ? Devrions-nous intervenir contre les écrits de saint Alphonse de Liguori, lui aussi docteur de l'Église ? Devrions-nous nous opposer à de nombreux saints, dont sainte Edith Stein et sainte Thérèse de Calcutta ? Les titres mariaux de « seconde Ève », « mère de la vie » et « Mère de Dieu », selon Newman, sont bien plus puissants que le titre critiqué (Lettre à Pusey) ? Ou bien devrions-nous blâmer le pape Léon XIII, loué par le Souverain Pontife régnant pour le choix de son nom pontifical, d'avoir accordé une indulgence à une prière utilisant le titre marial (en italien) de « Co-Rédemptrice du Monde » ( Acta Sanctæ Sedis 18, 93) ?
Les malentendus sont plus susceptibles de surgir dans le monde protestant, qui nie la coopération de l'homme au salut par le principe de la sola gratia. C'est pourquoi la Commission théologique de Vatican II a omis « certaines expressions et certains termes employés par les Souverains Pontifes qui, bien que tout à fait vrais en eux-mêmes, ne pouvaient qu'être difficiles à comprendre pour les frères séparés (en l'occurrence, les protestants). Parmi ces termes… “Co-Rédemptrice du genre humain” » ( Acta synodalia , I, 99). Est-il juste de sacrifier une expression qui, en soi, est « tout à fait vraie » pour des raisons œcuméniques ? Quoi qu'il en soit, pour les protestants, se pose non seulement le problème du terme, mais aussi celui de la doctrine enseignée par Vatican II sur la coopération singulière de Marie à la rédemption. Un faux œcuménisme peut nuire à la doctrine catholique, qui doit être professée dans toute sa richesse. Si l'Église devait supprimer toutes les expressions qui déplaisent aux protestants, elle devrait également supprimer le titre de Mère de Dieu (Theotokos). Comme mentionné dans la Note (n° 9, 11, 15), ce titre pourrait prêter à confusion, notamment chez les personnes peu catéchisées.
Aujourd'hui, presque tous les journaux, y compris catholiques, titrent que Marie n'est pas corédemptrice. Il est donc surprenant de constater que la Note déclare soudainement « inapproprié » et « inconvenant » un titre comme celui de corédemptrice, pourtant entré dans le vocabulaire théologique et l'enseignement des papes.
Le titre de « corédemptrice » est l'expression la plus concise pour exprimer la coopération unique de Marie à la rédemption. Le risque de mettre Marie sur le même plan que Jésus est évité en précisant que sa coopération dépend entièrement du Christ et lui est subordonnée. Interdire un titre aussi bref, qui exprime une vérité centrale clairement exposée par Vatican II, serait une tâche ardue. Prenons toutefois en compte la précision apportée par le cardinal Fernández lors de la présentation initiale : « Il ne s’agit pas de corriger la piété du peuple fidèle de Dieu… ». Parmi les croyants, les expressions « Co-Rédemptrice du genre humain » sont répandues (par exemple dans les Appels au message de Fatima de la Servante de Dieu, sœur Lucie) et plus encore « Médiatrice de toutes les grâces » ; cette dernière invocation reprend le titre de la fête liturgique instituée par le pape Benoît XV en 1921 et a même été utilisée par les papes Benoît XVI (Lettre du 10 janvier 2013 à l’archevêque Sigismondo Zimowski) et François : « L’un des titres anciens par lesquels les chrétiens ont invoqué la Vierge Marie est précisément “Médiatrice de toutes les grâces”. Confiez-lui vos aspirations et les bonnes intentions qui vous sont chères ; « Puisse-t-elle vous imprégner de la joie de suivre le Christ et de le servir avec humilité et docilité au sein de l’Église… » (Message à Mgr Gian Franco Saba, archevêque de Sassari, Sardaigne, 13 mai 2023).
Selon vous, la Note visait-elle uniquement à rejeter le titre de Corédemptrice ou également des aspects importants de la coopération singulière de Marie à l’œuvre de Rédemption ?
Malgré les observations critiques formulées à l’égard des deux titres, la Note rapporte la doctrine du magistère conciliaire et pontifical (n° 4-15), notamment concernant la « coopération singulière de Marie au plan du salut » (n° 3 ; voir aussi n° 36 et 42). Le document cite également le texte le plus clair sur ce point, la catéchèse mariale de saint Jean-Paul II du 9 avril 1997, qui distingue la participation de Marie à la rédemption objective accomplie par le Christ sur terre de notre coopération au processus de salut (n° 3, 37b).
Saint Pie X ( Ad diem illum ) enseignait que la Vierge Marie, en vertu de sa sainteté singulière et de son association à l'œuvre de Rédemption, « nous obtient par mérite de convenance ( de congruo comme on le dit, ce que le Christ nous a acquis par le mérite de la justice ( de condigno ). Dans la Note, il semble y avoir un ralentissement, voire un revirement, à cet égard, lorsqu'il est affirmé que « seuls les mérites de Jésus-Christ […] sont appliqués à notre justification » (n° 47). Qu'en pensez-vous ?
L'importante distinction de Pie X n'est pas citée, mais il semble y avoir une allusion – malheureusement presque voilée – à la distinction entre le mérite de la justice du Christ et celui de la justice de Marie (n° 47 et suivants). Pour parler d'une extension universelle de la médiation maternelle de Marie dans le Christ, une référence à ce type de mérite est essentielle.
Dans les derniers paragraphes de la Note, un thème très controversé est de nouveau abordé : Marie, la Très Sainte, selon les paroles du pape François, « est plus disciple que mère » (n° 73). Quelle est la part de vérité dans cette affirmation et quels en sont les écueils ?
Selon saint Augustin, Marie a conçu le Verbe de Dieu d'abord dans son cœur, puis dans son sein ( Sermon 215, 4). Par ailleurs, il est impossible de dissocier sa qualité de disciple de son ministère de Mère de Dieu, ainsi que de « Mère du peuple des fidèles ». La dignité spécifique de Marie découle précisément de sa mission de Mère de Dieu, qui a donné naissance à la nature humaine du Sauveur. C'est là aussi le fondement de toute son œuvre de salut.