De Marcelo Musa Cavallari sur CNA :
Un cardinal à propos du Synode sur la synodalité : Nous ne pouvons pas renverser la tradition doctrinale et morale de l'Église pour plaire au monde.
Nous regardons la croix du Christ - glorieuse, certes, mais une croix quand même...".
28 octobre 2023
Le Synode sur la synodalité convoqué par le pape François a une nouvelle fois mis en lumière l'affrontement entre les courants internes de l'Église en conflit depuis le concile Vatican II. Les accusations de manipulation au nom d'un agenda mondain d'une part et les pressions pour l'ordination des femmes, la fin du célibat sacerdotal obligatoire et l'altération de la morale sexuelle catholique pour accepter l'homosexualité d'autre part sont apparues au grand jour dès la convocation de la 16e assemblée générale du Synode des évêques, au début du mois d'octobre.
"Certes, nous ne pouvons pas ignorer le monde, et c'est pourquoi c'est une erreur de se retrancher dans le passé. Cependant, nous ne devons jamais oublier que nous sommes dans le monde, mais que nous ne sommes pas du monde", a expliqué le cardinal Agostino Marchetto à ACI Digital, le partenaire d'information en langue portugaise de CNA.
"Nous ne pouvons pas renverser la tradition doctrinale et morale de l'Église pour plaire au monde. Nous regardons la croix du Christ - glorieuse, certes, mais une croix quand même", a-t-il noté.
Créé cardinal par le pape François le 30 septembre dernier, le cardinal italien est, selon le Saint-Père lui-même, "le meilleur interprète du concile Vatican II." Pour le cardinal, "il est nécessaire de renforcer le dialogue interne dans l'Église entre les différentes positions, entre ceux qui exaltent la fidélité exclusive à la tradition et ceux, au contraire, qui cherchent à s'adapter au monde."
ACI Digital a récemment eu l'occasion d'interviewer le cardinal pour connaître son point de vue sur le synode à la lumière de Vatican II.
Certains voient dans le Synode de la synodalité une occasion de mettre enfin en œuvre les décisions du Concile Vatican II, en particulier sur la collégialité dans l'Église, qui auraient été suspendues pendant les pontificats de Jean-Paul II et de Benoît XVI. Comment voyez-vous le rôle du synode à la lumière de l'herméneutique du Concile Vatican II en continuité avec la tradition de l'Eglise ?
Le jugement sur la suspension de l'exercice du ministère collégial dans l'Église est facilement démontable si l'on pense à tous les synodes des évêques qui se sont tenus pendant les pontificats de Jean-Paul II et de Benoît XVI. Dans son célèbre discours du 22 décembre 2005 à la Curie romaine, le pape Benoît XVI a noté qu'en fait, le Concile Vatican II représentait une continuité et non une discontinuité avec la tradition catholique. Et tous les pontifes conciliaires et postconciliaires se sont fait l'écho de cette idée.
En ce qui concerne les deux pôles de la continuité et de la discontinuité, je préfère aller plus loin, en soulignant que la première alternative proposée par le pape Benoît XVI se situe entre la rupture dans la discontinuité et la réforme-renouvellement dans la continuité de l'Église en tant que sujet unique. C'est précisément cette combinaison de continuité et de discontinuité, mais non de rupture, à différents niveaux, qui constitue la véritable nature de la réforme authentique.