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Débats - Page 79

  • Le synode : un "parlement" catholique ?

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    De Thomas R. Ascik sur le Catholic World Report :

    Le Synode vu comme un Parlement catholique

    Le document de travail récemment publié pour la prochaine session du Synode en octobre est modelé sur les préoccupations et les griefs politiques et d'opinion publique des démocraties libérales post-modernes de l'Occident.

    2 août 2023  The Dispatch 13Imprimer

    Logo du document synodal du Vatican "Élargissez l'espace de votre tente".

    Dans son langage et dans ses objectifs, explicites et implicites, le document de travail récemment publié pour la prochaine session du Synode en octobre, Instrumentum Laboris (IL), est modelé sur les préoccupations et les griefs politiques et d'opinion publique des démocraties libérales post-modernes de l'Occident.

    Le document contient des avertissements isolés et maigres selon lesquels " [une] assemblée synodale ne peut être comprise comme représentative et législative, analogue à une structure parlementaire avec sa dynamique de construction de la majorité " et " (l')union n'est pas un rassemblement sociologique en tant que membres d'un groupe identitaire ".

    Mais il contient ensuite une auto-description plus précise de son objectif général et de sa méthode :

    Que pouvons-nous apprendre de la manière dont les institutions publiques et le droit public et civil s'efforcent de répondre au besoin de transparence et de responsabilité de la société (séparation des pouvoirs, organes de contrôle indépendants, obligation de rendre publiques certaines procédures, limitation de la durée des mandats, etc.)

    Et les résultats du "voyage synodal" seront, comme il est dit à plusieurs reprises, orientés vers et dépendants de "notre temps".

    Présenté sous forme de questions du début à la fin, le document de travail se veut indirect. Mais, malgré la définition plus large de la "synodalité" comme "rencontre et dialogue", les questions les plus importantes contiennent les réponses, explicites ou implicites.  Ainsi, une "question" ne porte pas sur l'acceptation ou non du sujet et du contenu de cette question particulière mais, comme le dit une question représentative, sur "les mesures concrètes" à mettre en œuvre pour réaliser le contenu.  Deux questions de ce type sont examinées dans le présent document.

    Les principaux sujets ou questions sont le statut et le rôle des femmes, les guerres, le changement climatique, "notre maison commune", les pauvres et les migrants. En fait, ils sont tous traités comme des questions parlementaires nécessitant une action. Parmi ces sujets, celui qui est le plus mis en avant, dans la plus longue sous-section du document et à de nombreux autres endroits, est celui des femmes.  Le document appelle à un examen non seulement de la place des femmes dans l'Église, mais aussi dans la "société".

    Un objectif majeur est "la promotion de la dignité baptismale des femmes". Il ne faut rien de moins qu'un changement du "langage" de l'Église.  Le "langage utilisé par l'Église" doit être "renouvelé" afin de le rendre "accessible et attrayant pour les hommes et les femmes de notre temps, plutôt qu'un obstacle qui les maintient à distance".  "Les Assemblées continentales ont été unanimes à demander que l'on prête attention à l'expérience, au statut et au rôle des femmes, nonobstant les différentes perspectives présentes sur chaque continent.

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  • La révolution sexuelle dans l'Eglise : en accord avec tout le monde mais en excluant Dieu

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo :

    La révolution sexuelle dans l'Eglise. En accord avec tous, mais au prix de l'exclusion de Dieu

    Sinodo

    (s.m.) L'image symbolique du synode sur la synodalité, convoqué en session plénière en octobre prochain, est une tente qui s'élargit. Pour enfin "accueillir et accompagner" aussi ceux qui "ne se sentent pas acceptés par l'Église".

    Et qui sont les premiers sur la liste des exclus, dans l'"Instrumentum laboris", le document qui guide le synode ? "Les divorcés et remariés, les polygames et les LGBTQ+.

    Ces types humains sont au centre des discussions dans l'Église depuis des années. En Allemagne, ils sont à l'origine de toute une "voie synodale" indigène, dont l'objectif déclaré est de révolutionner la doctrine de l'Église en matière de sexualité.

    Mais la résistance à cette dérive est également forte, chez ceux qui y voient une soumission à l'esprit du temps, qui remet en cause les fondements mêmes de la foi chrétienne.

    L'intervention qui suit se situe de ce côté critique. Elle a été proposée à la publication dans Settimo Cielo par le théologien suisse Martin Grichting, ancien vicaire général du diocèse de Coire.

    Il termine sa réflexion en citant Blaise Pascal dans sa polémique avec les Jésuites de son temps. Ce sont des pages, écrit-il, "qui nous réconfortent même dans la situation actuelle".

    *

    L'ÉGLISE ET L'"INCLUSION"

    par Martin Grichting

    L'Instrumentum laboris (IL) du Synode des évêques sur la synodalité accuse l'Église du fait que certains ne se sentent pas acceptés par elle, comme les divorcés-remariés, les polygames ou les LGBTQ+ (IL, B 1.2).

    Et il demande : "Comment pouvons-nous créer des espaces dans lesquels ceux qui se sentent blessés par l'Église et mal accueillis par la communauté peuvent se sentir reconnus, accueillis, non jugés et libres de poser des questions ? À la lumière de l'exhortation apostolique post-synodale Amoris laetitia, quelles sont les mesures concrètes à prendre pour atteindre les personnes qui se sentent exclues de l'Église en raison de leur affectivité et de leur sexualité (par exemple les divorcés remariés, les polygames, les personnes LGBTQ+, etc.)

    C'est donc l'Église elle-même, insinue-t-on, qui est responsable du fait que ces personnes se sentent "blessées", "exclues" ou "mal accueillies". Mais que fait l'Église ? Elle n'enseigne rien de son cru, mais proclame ce qu'elle a reçu de Dieu. Par conséquent, si les gens se sentent "blessés", "exclus" ou "mal accueillis" par le contenu central des enseignements de l'Église sur la foi et la morale, alors ils se sentent "blessés", "exclus" ou "mal accueillis" par Dieu. Car sa parole a établi que le mariage est composé d'un homme et d'une femme et que le lien du mariage est indissoluble. Et sa parole a établi que l'homosexualité vécue et pratiquée est un péché.

    Cependant, il est évident que les dirigeants du synode ne veulent pas dire cela aussi clairement. C'est pourquoi ils s'en prennent à l'Église et tentent de creuser un fossé entre elle et Dieu. Car si Dieu accepte tout le monde, c'est l'Église qui exclut. Pourtant, Jésus-Christ a dit : "Celui qui scandalisera l'un de ces petits qui croient en moi, il vaut mieux pour lui qu'on lui mette au cou une meule de moulin et qu'on le jette à la mer" (Mc 9,42). Il est curieux que les responsables du synode semblent avoir oublié cette parole non inclusive de Jésus. Il semble donc que ce soit seulement l'Église qui "blesse" et fait que les gens se sentent "malvenus" ou "indésirables".

    Cependant, cette thèse a de graves conséquences. Si, depuis deux mille ans, l'Église s'est comportée d'une manière fondamentalement différente de la volonté de Dieu sur des questions essentielles de la doctrine de la foi et de la morale, elle ne peut plus inspirer la foi sur aucune question. Pourquoi alors y aurait-il encore quelque chose de certain ?

    Ce que l'IL donne à comprendre désarçonne l'Église tout entière. Mais cela pose aussi la question de Dieu. Comment Dieu pourrait-il créer l'Église - le corps du Christ vivant dans ce monde, auquel Dieu donne son Esprit de vérité comme assistance - alors qu'il a laissé cette même Église et des millions de croyants s'égarer sur des questions essentielles depuis deux mille ans ? Comment une telle Église pourrait-elle encore être crue ? Si elle est ainsi faite, tout ce qu'elle dit n'est-il pas provisoire, réversible, erroné et donc non pertinent ?

    Mais l'Église est-elle réellement "exclusive", c'est-à-dire excluante, en raison de la manière dont elle s'est comportée pendant deux mille ans sur les questions soulevées ? Non, depuis deux mille ans, elle vit l'inclusion. Sinon, elle ne serait pas répandue dans le monde entier aujourd'hui et ne compterait pas 1,3 milliard de croyants. Mais les outils d'inclusion de l'Église ne sont pas - comme le prétend l'IL - la "reconnaissance" ou le "non-jugement" de ce qui contredit les commandements de Dieu. Les "instruments" par lesquels l'Église inclut sont le catéchuménat et le baptême, la conversion et le sacrement de pénitence. C'est pourquoi l'Église parle des commandements de Dieu et de la loi morale, du péché, du sacrement de pénitence, de la chasteté, de la sainteté et de la vocation à la vie éternelle. Autant de concepts que l'on ne retrouve pas dans les 70 pages de l'IL.

    Certes, les mots "repentance" (2 fois) et "conversion" (12 fois) se trouvent dans l'IL. Mais si l'on tient compte du contexte respectif, on constate que ces deux termes dans l'IL ne se réfèrent pratiquement jamais au détournement de l'homme du péché, mais signifient une action structurelle, c'est-à-dire de l'Église. Ce n'est pas le pécheur qui doit se repentir et se convertir, non, c'est l'Église qui doit se convertir - "synodalement" - à la "reconnaissance" de ceux qui professent ne pas vouloir suivre ses enseignements et donc Dieu.

    Le fait que les directeurs du synode ne parlent plus de péché, de repentance et de conversion des pécheurs suggère qu'ils croient maintenant avoir trouvé un autre moyen d'éliminer le péché du monde. Tout cela rappelle les événements décrits par Blaise Pascal, né il y a tout juste 400 ans, dans ses "Provinciales" (Les Provinciales, 1656/1657). Pascal y affronte la morale jésuite de son temps, qui sapait les enseignements moraux de l'Église par une casuistique de sophismes, au point de les transformer en leur contraire. Dans sa quatrième lettre, il cite un critique d'Étienne Bauny qui disait de ce jésuite : "Ecce qui tollit peccata mundi", voici celui qui enlève les péchés du monde, au point d'en faire disparaître l'existence par ses sophismes. De telles aberrations des Jésuites ont été condamnées à plusieurs reprises par le magistère ecclésiastique. Car ce ne sont certainement pas eux qui enlèvent le péché du monde. C'est l'Agneau de Dieu. Et il en est de même aujourd'hui, pour la foi de l'Eglise.

    Pour Blaise Pascal, la manière dont la tromperie et la manipulation s'opéraient dans l'Église avait quelque chose d'effrayant, et donc aussi de violent. Dans sa Douzième Lettre, il nous a laissé des lignes qui nous réconfortent même dans la situation actuelle :

    "Quand la force combat la force, la plus puissante détruit la moindre ; quand l'on oppose les discours aux discours, ceux qui sont véritables et convaincants confondent et dissipent ceux qui n'ont que la vanité et le mensonge ; mais la violence et la vérité ne peuvent rien l'une sur l'autre. Qu'on ne prétende pas de là néanmoins que les choses soient égales : car il y a cette extrême différence que la violence n'a qu'un cours borné par l'ordre de Dieu qui en conduit les effets à la gloire de la vérité qu'elle attaque, au lieu que la vérité subsiste éternellement et triomphe enfin de ses ennemis ; parce qu'elle est éternelle et puissante comme Dieu même."

  • Le pape et Blaise Pascal : une "étrange récupération" ?

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    Du site du Figaro via Il Sismografo :

    L’étrange récupération de Blaise Pascal par le pape François

    (Le Figaro) TRIBUNE - Trois universitaires spécialistes de l’œuvre de Blaise Pascal ont lu la lettre apostolique qu’a consacrée le pape François à l’auteur des Pensées. S’ils saluent la reconnaissance du souverain pontife pour un immense génie, ils critiquent une lecture orientée selon les options théologiques et la sensibilité d’un pape jésuite. Ils restituent avec brio son œuvre dans le contexte de la querelle entre augustinisme et jésuitisme.

    Constance Cagnat-Debœuf est professeur à Sorbonne université et membre de la Société des amis de Port-Royal ; Tony Gheeraert est professeur à l’université de Rouen Normandie et vice-président de la Société des amis de Port-Royal ; Laurence Plazenet est professeur à l’université Clermont-Auvergne, directrice du Centre international Blaise Pascal et présidente de la Société des amis de Port-Royal.
    ***
    Le pape François est malicieux. Il aime étonner, et même prendre à contre-pied les opinions les mieux admises. Ainsi a-t-il jeté un franc embarras parmi les lecteurs de Blaise Pascal le jour de son quatrième centenaire, le 19 juin 2023, en décidant de lui consacrer une lettre apostolique. L’honneur est immense: le Clermontois rejoint ainsi au panthéon personnel du souverain pontife Dante et saint François de Sales, précédents bénéficiaires de semblables missives. Mais cette nouvelle publication a plongé de nombreux catholiques français dans une stupéfaction gênée. Pascal n’était-il pas connu pour ses positions «jansénistes», à la limite de l’orthodoxie?

    L’un de ses ouvrages majeurs, Les Provinciales, n’est-il pas constitué d’une série de lettres brillantes, ironiques, cruelles, qui discréditèrent le laxisme qu’elles dénonçaient chez les Jésuites, ordre dont le Saint-Père est précisément issu? Ces sulfureuses «petites lettres», prisées par Voltaire, n’ont-elles pas longtemps figuré à l’index des livres interdits? Malaise de l’Église. Embarras parmi ceux qui veulent voir en Pascal un «philosophe» seulement équipé d’une foi surnuméraire - ce débat autorise peu à ignorer Pascal, croyant «de feu» (le terme qui irradie l’éblouissant Mémorial).

    Les spécialistes sont, depuis le XVIIe siècle, partagés sur la catholicité de Pascal. Aujourd’hui, tandis que certains militent au sein d’associations spécialement créées pour favoriser la canonisation de l’auteur (par exemple, la récente Société des amis de Blaise Pascal qui reprend de la sorte la suggestion de La Vie de M. Pascal écrite par sa sœur aînée, Gilberte Périer), d’autres, comme Simon Icard, chercheur au CNRS, voient dans l’intention présumée sanctificatrice du pape une simple «blague jésuite» qu’on ne saurait prendre vraiment au sérieux, tant elle contredit les positions traditionnelles de l’Église sur l’œuvre de Blaise Pascal.

    Alors, saint Pascal hérétique? Pascal simplement catholique? Pourquoi François a-t-il cru bon de rouvrir ce vieux dossier recouvert par trois siècles de poussière vaticane? Au-delà des questions techniques de conformité à l’orthodoxie théologique, en quoi Pascal représente-t-il un enjeu politique aujourd’hui pour l’Église romaine - voire une figure majeure à ne pas laisser échapper?

    La nouvelle éthique du XVIe siècle

    Si Pascal a jadis pu être considéré comme dangereux par l’Église, c’est pour avoir continué à professer une foi héritée de la pensée de saint Augustin, qui avait dominé la chrétienté pendant un millénaire. Ce christianisme né en Afrique au Ve siècle, consolidé à l’époque médiévale, est celui que Jean Delumeau a si bien décrit dans La Peur en Occident: une vision fulgurante de l’homme déchu, misérable créature dépouillée de toute force et de toute bonté, torturé par la toute-puissance du péché, rongé par le désir d’une pureté interdite, abandonné à un sentiment de déréliction dont seul peut le libérer ce don gratuit et immérité d’un Dieu omnipotent: la grâce.

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  • "Relativisme doctrinal" : Tucho Fernandez raconté par qui le connait bien

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    De Nico Spuntoni sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    "Relativisme doctrinal" : Tucho vu par ceux qui le connaissent bien

    Le nouveau préfet de la DDF Tucho Fernández raconté par qui le connait bien, son prédécesseur au diocèse de La Plata, Monseigneur Aguer. Ce dernier écrit à la Boussole : "La monarchie papale poursuit et liquide ceux qui ne suivent pas le relativisme doctrinal professé par la ligne officielle latino-américaine".

    31_07_2023

    Mgr Gabriel Antonio Mestre, jusqu'à présent évêque de Mar del Plata, remplacera Victor Manuel Fernández à la tête de l'archidiocèse de La Plata. Cette nomination était dans l'air car le profil de Mestre appartient à cette génération d'évêques de moins de 60 ans qui sont fortement engagés dans les questions sociales avec lesquelles François a l'intention de redessiner le visage actuel et futur de l'Église argentine.

    Cette tendance s'est dessinée avec la récente nomination de Jorge García Cuerva, 55 ans, à Buenos Aires, dans l'archidiocèse qui appartenait autrefois à Jorge Mario Bergoglio. Le passage de témoin entre Mestre et Fernández sera sans doute très différent du dernier précédent à La Plata, qui remonte à 2018. La messe d'installation dans le nouvel archidiocèse aura lieu le 16 septembre en présence du nonce apostolique en Argentine, Monseigneur Miroslaw Adamczyk.

    Parallèlement, le cardinal élu Víctor Manuel Fernández reprendra le bureau de Joseph Ratzinger au dicastère pour la doctrine de la foi et recevra, le 30 septembre, la pourpre des mains du pape dans la basilique Saint-Pierre. Tucho a qualifié l'arrivée de Mestre à son poste de "don de Dieu". Comme nous le disions, le climat de cette succession semble déjà très différent de celui qui avait accompagné l'arrivée de Fernández il y a cinq ans.

    À l'époque, en effet, le nouveau préfet du dicastère pour la doctrine de la foi avait pris la place de Mgr Hector Aguer, opposant historique de la ligne bergoglienne dans l'épiscopat argentin. Ce n'est pas un hasard si François a accepté sa démission en tant qu'archevêque titulaire une semaine après avoir atteint l'âge canonique de 75 ans. Un traitement qui n'est pas surprenant et que le pape a réservé à de nombreux prélats qui ne lui convenaient pas (ou plus).

    Cependant, le changement d'Aguer a été particulièrement brutal car l'envoyé de la nonciature l'a informé qu'il devrait quitter La Plata immédiatement après la messe d'adieu et que l'auxiliaire Alberto Germán Bochatey, nommé administrateur apostolique pour l'occasion, se chargerait de la phase de transition. De plus, Aguer a reçu l'ordre de ne pas résider dans l'archidiocèse après sa retraite, comme il l'avait initialement prévu.

    Sans toit, l'archevêque émérite a monnayé l'hospitalité de l'évêque grec-melkite à la fin de sa dernière homélie dans la cathédrale, manifestement impressionné par la manière dont Rome avait décidé de liquider l'un de ses serviteurs. Bien que retraité, Monseigneur Aguer n'a pas cessé de s'exprimer sur la situation de l'Église et a envoyé ces derniers jours une note à plusieurs destinataires, dont La Nuova Bussola Quotidiana, dans laquelle il formule un jugement sévère sur les premières sorties publiques de Fernández en tant que préfet en charge. Au sujet du Synode sur la synodalité, par exemple, Tucho a déclaré que sa mission consisterait à veiller à ce que "les choses qui sont dites soient cohérentes avec ce que François nous a enseigné".

    Des paroles que son prédécesseur à La Plata traduisait ainsi : "Il y a une liberté absolue pour toutes les inventions et les astuces ; il faut seulement se méfier des "indietristes" qui s'obstinent à suivre la Tradition ecclésiale". Pour qui la comprend bien, cela explique le sens de l'idéologie papale, selon laquelle la monarchie papale persécute et liquide ceux qui ne suivent pas le relativisme doctrinal professé par la ligne officielle latino-américaine".

    Mgr Aguer analyse ensuite la lettre adressée au nouveau préfet, dans laquelle le pape explique par écrit comment il conçoit la tâche du dicastère pour la doctrine de la foi. La position exprimée dans les instructions du pape, selon l'archevêque émérite de La Plata, serait "absolument contraire à la profondeur historique du soin ecclésial de la foi, depuis le temps des Apôtres" car "même dans les temps où le pouvoir papal était exercé par des hommes inadéquats, coureurs de jupons, mondains ou victimes de l'ingérence impériale, il a toujours veillé à ce que la Vérité que le Christ a confiée à l'Église ne soit pas ternie". Enfin, Mgr Aguer souligne un paradoxe en citant un récent commentaire du Pape sur la situation en Argentine. François a déclaré que "le problème, ce sont les Argentins" : "Oui, mais nous avons colonisé la Rome papale", observe le prélat avec sarcasme.

  • Le synode sera déterminant dans le choix du prochain pape

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    Du site "Riposte catholique" :

    Le prochain pape se positionnera en fonction du synode

    29 juillet 2023

    Professeur au département de théologie et sciences religieuses à l’université Villanova de Philadelphie, Massimo Faggioli a été interrogé dans Le Point suite à la nomination de vingt et un nouveaux cardinaux, dont dix-huit futurs électeurs. Extraits :

  • Wokisme et cancel culture : où nous emmènent-ils ?

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    De Roberto de Mattei sur Corrispondenza Romana

    Wokisme et cancel culture : où nous emmènent-ils ?

    26 juillet 2023

    Depuis l'époque de la Révolution française, la destruction de la mémoire historique fait partie de la guerre déchaînée contre la civilisation chrétienne. Qu'il suffise de penser non seulement à la dévastation d'églises et de monuments qui eut lieu entre 1789 et 1795, mais à la profanation de la basilique de Saint-Denis lors de l'ouverture des tombeaux des souverains français et de l'exhumation et de la dispersion de leurs dépouilles mortelles, avec une signification symbolique évidente : toute trace du passé devait être physiquement effacée, conformément au décret de la Convention du 1er août 1793. La damnatio memoriae a caractérisé l'histoire de la gauche européenne depuis, jusqu'à la « culture de l'annulation » et l'idéologie du « sillage » de nos jours.

    La "cancel culture" est la culture de l'effacement de la mémoire : une vision idéologique selon laquelle l'Occident n'a pas de valeurs universelles à proposer au monde mais seulement des crimes à expier pour son passé. Le terme woke est un adjectif de la langue anglaise, qui signifie « rester éveillé », purger la société de toute injustice raciale ou sociale héritée du passé. L'utopie de « l'homme nouveau » suppose en effet de faire table rase du passé : l'espèce humaine doit devenir « matière première » informe pour être remodelée, refondue comme de la cire molle. La prochaine étape est celle du "transhumanisme", la régénération de l'humanité à travers les outils de la science et de la technologie.

    Cependant, ce processus destructeur, dans son dynamisme incontrôlable, risque de submerger la gauche politique elle-même. Conchita De Gregorio, journaliste italienne appartenant à ce monde, dans un article paru dans La Stampa du 7 juillet, relate trois épisodes marquants qui se sont déroulés en France et qui l'ont alarmée.

    Le premier épisode est celui-ci : « Dans une célèbre école de danse recherchée par les familles du Marais, quartier fief des élites progressistes parisiennes, les parents des petits danseurs ont demandé au directeur de l'école que les professeurs n'instruisent pas les enfants et les adolescents dans le mouvements justes en les touchant avec les mains, mais avec un bâton ». La raison en est que tout contact entre les corps, y compris la main qui dirige le torse ou accompagne un pas tenté pour la première fois, est potentiellement du harcèlement sexuel.

    Le second épisode concerne des cours de théâtre dans un Institut Supérieur des Beaux-Arts de Paris. Au moment de la photo de groupe, l'institutrice demande à une fille de s'attacher les cheveux en queue de cheval «puisque sa magnifique chevelure afro somptueuse s'étendant horizontalement couvrait complètement les visages des camarades de classe à sa droite et à sa gauche». Toute la classe se révolte, dénonçant la manifestation du racisme. Le directeur oblige l'enseignant à écrire une lettre de démission ou à démissionner.

    Le troisième épisode concerne une célèbre féministe qui « soutient la liberté des femmes islamiques de ne pas porter le voile. Attention : non. Le porter, très libre, et ne pas le porter, tout aussi libre ». La gauche l'accuse d'islamophobie, d'être de droite, de s'être vendue. et la polémique qui surgit provoque l'assignation d'une escorte à la féministe. Entre féminisme et islamophilie, la gauche choisit l'islamisme, car il se caractérise par une plus grande haine envers l'Occident.

    Un tableau plus large et plus approfondi de ce qui se passe en France est offert par un livre qui vient de paraître chez Avenir de la Culture, sous la direction d'Atilio Faoro (La Révolution Woke débarque en France, Paris 2023, p. 86). Les auteurs expliquent que le Wokisme, héritier de la Terreur soviétique et des Grandes Purges, est une idéologie globale qui veut transformer la société en un vaste champ de rééducation. Pour les fanatiques de cette idéologie, "la gastronomie française est raciste", "la littérature classique est sexiste", "un homme peut être enceinte", les 4.600 communes qui portent le nom d'un saint doivent être "débaptisées", la basilique Notre-Dame est un symbole d'oppression et devrait être redéfini « Notre Dame des rescapés du pédocriminalité ». La langue française elle-même devrait être déconstruite, par exemple en remplaçant le terme "hommage", qui renvoie à une langue féodale, par celui de "femmage", tout comme au lieu de "patrimonio" le terme "mariage" devrait être utilisé, afin ne pas concéder le moindre avantage sémantique au machisme.

    Il ne s'agit pas de folies mais de conséquences cohérentes avec une vision du monde qui rejette la mémoire historique de l'Occident, et en particulier ses racines chrétiennes.

    Or la culture, qui est l'exercice des facultés spirituelles et intellectuelles de l'homme, a besoin, pour se développer, d'une mémoire qui préserve et transmette ce que l'homme a déjà produit dans l'histoire. La mémoire est la conscience de ses racines et des fruits que ces racines ont produits. «La fidélité de la mémoire – a observé le philosophe allemand Josef Pieper – signifie en réalité qu'elle « garde » les choses et les événements réels tels qu'ils sont et ont été réellement. La falsification de la mémoire, contraire à la réalité, opérée par le « oui » ou le « non » de la volonté, est la vraie et propre ruine de la mémoire ; puisqu'elle contredit sa nature intime qui est de « contenir » la vérité des choses réelles » (La prudenza, Morcelliana, Brescia 1999, p. 38).

    Pour imposer un mensonge, il faut détruire la vérité, qui est contenue dans la mémoire. C'est pourquoi l'effacement de la mémoire, qui contient la vérité de l'histoire, est un crime contre l'humanité et la révolution éveillée en est l'expression. Le wokisme se développe en Occident pour détruire l'Occident, mais il n'a rien à voir avec l'histoire et l'identité de notre civilisation, dont il constitue une antithèse radicale. Les détracteurs de l'Occident qui se laissent séduire par des recettes comme l'Eurabie islamique, la Troisième Rome moscovite ou le néocommunisme chinois embrassent un itinéraire suicidaire. L'idéologie éveillée est la dernière étape d'une maladie qui vient de loin et qui ne peut être guérie en tuant le patient. Wokisme et annuler la culture ne sont pas l'acte de mort de l'Occident, mais les cellules tumorales d'un organisme qui était sain et peut encore guérir, s'il y aura, comme nous l'espérons, l'intervention radicale du Chirurgien Divin.

  • La famille dans le droit et la politique internationale

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    De Stefano Gennarini sur C-Fam :

    La famille dans le droit et la politique internationale

    26 juillet 2023

    Introduction

    Depuis la création des Nations Unies, le droit et la politique internationale ont reconnu une place prééminente au mariage et à la famille en tant qu'"unité naturelle et fondamentale de la société". Cet article sur les définitions évaluera la campagne en cours des pays occidentaux pour redéfinir la famille au niveau international et rendre les relations homosexuelles équivalentes au mariage entre un homme et une femme. L'article montrera comment la définition de la famille en droit international est parfaitement adéquate et n'a pas besoin d'être modifiée.

    La famille définie en droit international

    L'article 16 de la Déclaration universelle des droits de l'homme (DUDH) définit la famille comme "l'unité naturelle et fondamentale de la société" et déclare en outre que la famille telle que définie a "droit à la protection de la société et de l'État". Cette compréhension de la DUDH se reflète textuellement dans les dispositions des principaux traités des Nations Unies relatifs aux droits de l'homme, notamment l'article 23 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), l'article 10.1 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC). ) et le préambule de la convention relative aux droits de l'enfant (CRC). En vertu de ces nombreuses dispositions du droit international, qui ont obtenu ensemble une ratification universelle, la famille est un sujet à part entière des droits de l'homme et est titulaire de droits dans le droit international des droits de l'homme.

    La DUDH (article 16) lie en outre la fondation de la famille au mariage et affirme que « l'homme et la femme majeurs, sans aucune limitation de race, de nationalité ou de religion, ont le droit de se marier et de fonder une famille. Ils ont droit à des droits égaux quant au mariage, pendant le mariage et à sa dissolution » (soulignement ajouté). Le libellé de la DUDH 16 sur le droit égal des hommes et des femmes de se marier et de fonder une famille est repris textuellement dans le PIDCP (article 23), le PIDESC (article 10), ainsi que la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des Femmes (CEDAW 16), qui fait référence à l'égalité dans le mariage entre « hommes et femmes » et fait référence à « mari et femme » dans le contexte de la famille.

    Le droit de se marier et de fonder une famille est le seul contexte dans lequel le droit international des droits de l'homme protège l'autonomie sexuelle. Ces droits sont précisés à l'article 16 de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW), qui consacre l'égalité entre les hommes et les femmes en tant qu'époux dans le cadre du mariage.

    Ces dispositions définissent effectivement la famille en droit international comme résultant de l'union d'un homme et d'une femme dans le mariage. Cette définition de la famille est appelée famille naturelle par les anthropologues ou famille nucléaire par les spécialistes des sciences sociales, comme cela a été résumé dans The Family Articles.

    La Convention européenne des droits de l'homme (CEDH 12) et la Convention interaméricaine des droits de l'homme (CIDH 17) reflètent également le langage de la DUDH sur le droit de se marier et de fonder une famille textuellement.

    En raison de ce corpus de droit international contraignant, toute mention de la famille dans une résolution de l'ONU ou tout autre résultat intergouvernemental de l'ONU ne peut être interprétée que comme faisant référence à l'union d'un homme et d'une femme dans le mariage ou en référence à des relations qui sont au moins analogues à la famille selon cette définition, telles que les familles multigénérationnelles ou élargies, les foyers monoparentaux ou les familles adoptives. Les relations entre individus de même sexe, en revanche, ne sont pas analogues à la famille car, par définition, la famille requiert l'union d'un homme et d'une femme et, au minimum, leur descendance naturelle. De même, d'autres relations interpersonnelles ou arrangements familiaux sont exclus de la définition de la famille et des protections spécifiques auxquelles la famille a droit en vertu du droit international des droits de l'homme.

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  • Qui est Rupnik et pourquoi les bergogliens l'ont-ils protégé ?

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    De Vistemboir sur le Forum Catholique :

    Article de Hilary White, correspondante d’Italie de The Remnant, paru le 26 juillet 2023 sur The Remnantet intitulé Who is Marko Ivan Rupnik, & why did the Bergoglians shelter him?
    (Traduit à l’aide de deepl.com)


    Marko Rupnik : affaire classée

    Je ne vais pas vous parler beaucoup de l'affaire du Père Marko Rupnik, artiste mosaïste et ancien jésuite, du point de vue de son histoire et de ses particularités. J'aimerais plutôt parler de la signification de son art. Les grandes lignes du scandale peuvent être trouvées partout. Le Pillar Catholic a couvert de manière assez régulière tous les hauts et les bas - ce qui n'est pas surprenant si l'on connaît un peu la situation au Vatican et dans l'ordre des jésuites.

    L'affaire semble s'être tassée, ni le Vatican ni l'ordre des Jésuites n'étant apparemment intéressés par le fond du problème, à savoir que le Slovène Marko Rupnik, l'affiche la plus aimée du régime pour la révolution culturelle de Vatican II, s'est créé un harem personnel de femmes qu'il a manipulées pour des activités sexuelles grotesquement pseudo-religieuses, trop horribles et blasphématoires pour être évoquées devant tout le monde. Il reste prêtre - rapidement excommunié pour l'un des délits canoniques (crimes canoniques) les plus graves qu'un prêtre puisse commettre, mais pardonné parce que, nous assure-t-on, "il s'est repenti". D'accord, je suppose que nous devrons vous croire sur parole.

    Depuis lors, il a été expulsé de la Compagnie de Jésus pour "désobéissance" (aucun détail n'a été fourni), mais son organisation, Centro Aletti, y compris l'"ordre religieux" féminin qu'il a fondé pour l'encadrer, reste en place, et ses membres ainsi que ses amis et défenseurs personnels occupent toujours des positions puissantes au sein de la curie romaine.

    Même si vous ne connaissez pas le nom, vous connaissez son travail

    Ce qu'il est important de saisir d'emblée, c'est son immense importance en tant que personnage public, en tant que représentant artistique du régime post-conciliaire du Novus Ordo. Ses images sont l'étalon-or de l'"iconique", officiellement promue, de l'esthétique Vatican II. En tant que tel, il est une célébrité dans le monde du Novus Ordo.

    Ses mosaïques se trouvent sur les façades et à l'intérieur de certaines des églises les plus importantes du monde catholique, y compris Lourdes, Fatima et le lieu de repos de Padre Pio ; elles sont imprimées sur les couvertures des publications catholiques officielles, allant des missels d'autel aux vêtements et draperies liturgiques, en passant par les magazines et les bulletins d'information. Si vous avez assisté à une cérémonie liturgique du Novus Ordo au cours des dix dernières années, vous la connaissez. C'est l'art "officiel" du nouveau paradigme. Les projets diocésains aux titres bureaucratiques turgescents tels que "La mission de l'Église dans le monde moderne à la lumière de Vatican II" du "Centre pour l'enrichissement de la foi" du diocèse de Perth, adorent utiliser ses œuvres pour illustrer par exemple leurs sites internet.

    En Italie, il est également célèbre pour ses prédications, ses exposés catéchétiques et ses conférences qui passent, ou sont passées, régulièrement à la télévision et sont largement diffusées sur YouTube. En bref, il est un éminent porte-parole de l'idéologie du Nouveau Paradigme, un acteur majeur de la diffusion de ses idées auprès des catholiques ordinaires, surtout en Italie.

    En 1966, l'artiste suisse Annie Vallotton a été chargée de créer ces illustrations et des centaines d'autres similaires pour "La Bible de la Bonne Nouvelle". Compte tenu de la qualité de la traduction en "langage clair", ces images étaient en effet idéales.

    L'art par et pour les petits enfants

    Nous connaissons tous ce type d'art, du moins d'une manière générale : c'est l'art qui nous dit que nous sommes coincés pour toujours dans la couleur ambre de 1969. L'art de Rupnik est l'art du conciliarisme Vatican II, l'équivalent visuel de la musique de Dan Schutte et des Jésuites de Saint-Louis. (Et ce n'est certainement pas un hasard s'ils sont tous deux jésuites).

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  • Le " catholicisme mondial " est-il une priorité absolue du Synode sur la synodalité ?

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    De Jonathan Liedl sur Catholic News Agency :

    Le " catholicisme mondial " est-il une priorité absolue du Synode sur la synodalité ?

    Les 364 participants au Synode sur la synodalité viennent du monde entier, mais ce n'est pas le cas des 50 candidats sélectionnés par le Pape François.

    26 juillet 2023

    Le "catholicisme mondial" est l'une des priorités du pape François, sans doute depuis le tout premier moment de son pontificat, lorsque le pape argentin nouvellement élu a déclaré aux personnes rassemblées sur la place Saint-Pierre le 13 mars 2013 que ses collègues cardinaux étaient "allés au bout du monde" pour trouver le nouvel évêque de Rome.

    L'accent mis par le pape sur l'intégration de la diversité mondiale de la pensée et de la pratique catholiques dans la perspective de l'Église institutionnelle - et, inversement, son rejet d'un point de vue principalement occidental - s'est également traduit par des actions concrètes, notamment par le remaniement géographique du collège des cardinaux, qui a vu la représentation européenne passer de 52 % en 2013 à 40 % aujourd'hui.

    Mais lorsqu'il s'agit de l'initiative peut-être la plus déterminante de ce pontificat, le prochain synode sur la synodalité, le "catholicisme mondial" est-il relégué au second plan par rapport à d'autres priorités ?

    C'est une question apparemment étrange à poser, parce qu'une affirmation tout à fait différente - que le Synode sur la synodalité est une expression singulièrement significative du catholicisme mondial - est le point de discussion qui circule actuellement dans certains cercles institutionnels et journalistiques catholiques.

    Par exemple, Massimo Faggioli a suggéré que "la présence significative de la pensée théologique venant d'autres endroits que l'Europe occidentale" est la caractéristique la plus intéressante du prochain synode, qui aidera à "faire passer le catholicisme de son paradigme européen à une Église véritablement mondiale". De même, le père jésuite Thomas Reese a décrit le synode comme "l'effort global du pape François pour entendre ce que les catholiques pensent de leur Église".

    Certes, le synode réunira des participants du monde entier. Mais cela est autant dû à la nature du synode des évêques de 2023 qu'à un objectif unique et supplémentaire.

    Sur les 364 membres votants, les évêques élus par leurs conférences épiscopales respectives (167) constituent le groupe démographique le plus important, le nombre de délégués par conférence étant déterminé par la taille du troupeau qu'ils servent - une pratique courante pour un synode des évêques. Par conséquent, à une époque où les populations catholiques d'Asie et d'Afrique représentent une proportion de plus en plus importante de l'Église universelle, ces lieux bénéficieront naturellement d'une représentation épiscopale significative lors d'un Synode des évêques.

    De même, la diversité géographique des membres votants non évêques qui ont participé à l'étape continentale du processus synodal, un nouvel ajout au Synode sur la synodalité, était déjà intégrée dans la structure de la réunion d'octobre, puisque chacune des sept assemblées continentales a fourni une liste de possibilités au Pape, qui en a choisi 10 de chaque, pour un total de 70. Si l'on peut dire que certaines parties de la périphérie mondiale sont généreusement représentées dans certains cas (le Moyen-Orient et l'Océanie ont chacun 10 participants, soit autant que l'ensemble de l'Europe), on peut également affirmer le contraire (l'Afrique et l'Amérique latine n'ont que 10 représentants non évêques chacune, soit autant que la délégation du Canada et des États-Unis).

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  • Barbie : un film à charge contre les hommes qui manque cruellement de subtilité

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    D'Anne Guerry sur le site du Figaro via le blog "Pour une école libre au Québec" :

    Barbie, un film de propagande néoféministe et misandre ?

    26 juillet 2023

    Texte d’Anne Guerry est élève à l’École normale supérieure de Lyon, paru dans Le Figaro.

    En mêlant combat féministe et hypersexualisation de la femme, la réalisatrice Greta Gerwig signe un film à charge contre les hommes qui manque cruellement de subtilité.

    Ces derniers jours, certains passants ont pu voir des files parfois interminables devant les cinémas, mais ce n’était pas pour le nouveau film de Christopher Nolan, Oppenheimer, sur l’invention de la bombe atomique aux États-Unis.

    Ces files d’attente géantes étaient plutôt parsemées de perfectos rose bonbon, de minijupes tape-à-l’œil et de dessus pailletés, à l’image du style vestimentaire de la célèbre poupée Barbie commercialisée en 1959 par la société américaine Mattel. 64 ans plus tard, la société américaine commande un film pour faire la promotion de sa poupée, et confie le projet à la réalisatrice féministe Greta Gerwig. Après une promotion forcenée (on a pu voir une maison Barbie sur Airbnb, des collaborations avec de nombreuses marques de vêtements, des menus roses chez Burger King, une page Google qui s’affiche en rose lors des recherches en rapport avec le film), l’objectif semble donc atteint : la poupée bimbo fait à nouveau parler d’elle.

    Pourtant, outre l’ampleur hors du commun de la promotion du film, l’histoire, elle, est on ne peut plus commune : Barbie mène une vie parfaite à Barbieland, monde dans lequel les femmes ont accès à tous les métiers et à toutes les responsabilités, et où les Ken (les poupées masculines), cherchent désespérément à attirer l’attention d’une d’entre elles en se pavanant sur la plage. Le ton est donné. Mais, après un voyage dans le « vrai monde », Ken s’inspire du patriarcat qu’il y a observé et l’applique à Barbieland. Les Barbies sont alors réduites à servir les hommes, jusqu’à ce qu’elles se révoltent et obtiennent pour de bon le pouvoir.

    Dans le « vrai monde », les hommes sont tous machos et grossiers, ils méprisent les femmes et aucune d’elles n’a de responsabilités. À Barbieland, les Ken sont profondément stupides et superficiels, totalement dépendants des Barbies, alors que ces dernières n’ont que faire de leurs partenaires masculins. Le message est clair : la femme n’a pas besoin de l’homme, et c’est en se passant de lui qu’elle pourra s’émanciper et être pleinement femme. L’homme est une charge, si ce n’est une menace, pour la femme. Bien loin d’une histoire d’amour, la relation entre Barbie et Ken s’achève par un Ken en pleurs, qui regrette le patriarcat et qui accepte finalement le pouvoir des Barbies. Ce final grotesque et caricatural est à l’image de l’ensemble du film, ponctué de références peu subtiles et de tirades victimaires dans lesquelles les femmes expliquent la difficulté qu’elles éprouvent dans un monde phallocentré.

    Mais alors que le pouvoir est donné aux femmes et que les hommes sont tournés en dérision permanente, il faut encore déconstruire l’image stéréotypée de la poupée hypersexualisée. Pour dissimuler le paradoxe de la féministe privilégiée blonde, blanche, grande et mince qu’incarne Margot Robbie, la réalisatrice l’accompagne d’autre Barbies de toutes ethnies et de toutes morphologies confondues. C’est également la ligne adoptée par Mattel pour commercialiser ses poupées aujourd’hui : en faire des emblèmes d’inclusion ! Mais on peut s’interroger à raison sur l’opportunisme de cette démarche, où le libéralisme culturel est mis au service du capitalisme consumériste.

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  • Les confidences de Martin Mosebach, écrivain allemand catholique et réactionnaire

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    De Thomas Ribi et Benoît Neff  sur Neue Zürcher Zeitung :

    Martin Mosebach : "Je refuse de participer à l'hystérie de l'opinion publique allemande".

    Conservateur, catholique fervent et rétif à toutes les tendances à la mode : Martin Mosebach est tout ce qu'un écrivain allemand n'est pas aujourd'hui. Un entretien sur la patrie, l'Eglise et l'étrange travail d'écriture.

    20.07.2023

    "L'existence d'un écrivain est risquée. Si l'on devient un mauvais écrivain, on a raté sa vie" : Martin Mosebach.

    Le quartier de Westend à Francfort. Entre des bâtiments commerciaux sans visage et d'élégantes villas de l'époque des fondateurs, un immeuble d'habitation sans charme. Sur les balcons, des boulettes de nourriture sont accrochées pour les mésanges. Au troisième étage, un appartement étroit, encombré de meubles anciens, des bibliothèques, des tableaux du XIXe siècle sur les murs peints en sombre. Martin Mosebach, 71 ans, invite à entrer dans le salon, sert du café dans une cafetière en argent. "Nous sommes dans l'arche rescapée", dit-il. L'appartement dans lequel lui et sa femme ont longtemps vécu a brûlé il y a quatre ans. 

    Le jour de l'Épiphanie, l'arbre de Noël a pris feu et la moitié du mobilier a été détruite. Avec ce qui restait, Mosebach s'est retiré ici. Il s'assoit sur un élégant canapé Empire. Le vent souffle à travers les fenêtres ouvertes, par-dessus la rue, on aperçoit le parc Rothschild.

    Monsieur Mosebach, vous revenez tout juste de Rome, où vous avez travaillé sur votre prochain roman. Comment doit-on s'imaginer cela ? Vous vous asseyez à votre bureau à huit heures du matin et vous écrivez toute la journée ?

    Non, certainement pas à huit heures. Le début de matinée est consacré à la lecture. J'aime lire longtemps au lit. Ce qui est bien quand on travaille à l'étranger, c'est qu'il n'y a alors pas d'obligations, pas de repas en commun et ainsi de suite. Je ne dois tenir compte de rien. Je peux me glisser lentement dans l'écriture. Et ensuite y rester aussi longtemps que je le souhaite.

    Comment arrivez-vous malgré tout à une activité disciplinée ? Vous pourriez bien sûr avoir envie de rester au lit.

    Mais j'ai un objectif : le nouveau livre. Et c'est lié à une certaine inquiétude, surtout tant que j'en suis encore à un stade très précoce, où beaucoup de choses ne sont pas fixées. J'espère qu'il y aura des surprises, ce qui ne peut arriver que si l'on ne sait pas trop tôt où tout cela va aller.

    Ne craignez-vous pas que dans trois mois, vous ne sachiez toujours pas où vous en êtes ?

    C'est tout à fait possible. Mais c'est mon quatorzième roman. Il y a donc une certaine confiance. Même si, à chaque nouveau livre, j'ai l'impression d'avoir déjà écrit : C'est mon premier roman, je n'en ai jamais écrit et je ne peux pas m'appuyer sur une expérience. A un moment donné, une voix intérieure me dit : "Allez, ne fais pas semblant. Tu sais bien que même les situations les plus désespérées finissent par s'éclaircir."

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  • Une crise pire que la controverse arienne du IVe siècle

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    D'Edward Pentin sur son blog :

    Professeur Rist : L'Église catholique pourrait être confrontée à une crise pire que la controverse arienne du 4e siècle

    24 juillet 2023

    La récente suspension d'un prêtre italien pour avoir écrit une critique savante de l'exhortation apostolique Amoris Laetitia du pape François était une décision insensée et "totalement injuste", mais qui souligne la profondeur d'une crise dans l'Église qui pourrait être pire que la controverse arienne, a déclaré le professeur John Rist.

    Considéré comme l'un des meilleurs spécialistes de l'Église en matière de philosophie ancienne, de lettres classiques, de philosophie et de théologie du christianisme primitif, M. Rist estime que la suspension du père Tullio Rotondo en avril n'aurait jamais eu lieu sous un pontificat antérieur et attribue cette décision en partie à une papauté trop centralisée qui a permis à de "mauvais papes" d'agir sans loi et en toute impunité.

    Le père Rotondo, docteur en théologie et auteur de plusieurs livres, reste suspendu a divinis par son évêque, Mgr. Camillo Cibotti d'Isernia-Venafro, pour avoir écrit "Trahison de la saine doctrine par "Amoris Laetitia" - Comment le pape François et certains de ses collaborateurs diffusent une morale contraire au dépôt de la foi" (la traduction française peut être lue dans son intégralité en ligne ici).

    Selon sa description, le livre met en lumière "diverses erreurs que le pape et certains de ses collaborateurs répandent au sujet du sacrement de la confession, de la conscience morale, de la loi morale et de la peine de mort". Il comprend également une critique de poids de certains écrits du nouveau préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi, l'archevêque Victor Manuel Fernández.

    Le professeur Rist, qui en 2019 faisait partie des 19 signataires d'une lettre adressée aux cardinaux et évêques du monde entier accusant le pape François d'hérésie, a déclaré que la suspension du père Rotondo était symptomatique d'une crise doctrinale qui, selon lui, est "encore plus grave" que celle de la Réforme.

    "Il faut remonter à la controverse arienne pour trouver quelque chose de comparable", m'a dit M. Rist récemment à son domicile de Cambridge. "Mais je pense qu'en termes de dommages qu'elle pourrait causer, de ce qui pourrait arriver à l'Église à l'avenir, cette affaire va causer plus de problèmes, plus que tout ce que nous avons vu auparavant.

    Le philosophe anglais cite le père Rotondo dans son nouveau livre, Infallibility, Integrity and Obedience : The Papacy and the Roman Catholic Church, 1848-2023 (Infaillibilité, intégrité et obéissance : la papauté et l'Église catholique romaine, 1848-2023), qui sera publié jeudi 27 juillet.

    Dans ce livre à paraître, Rist expose les développements qui ont conduit à la crise doctrinale et structurelle actuelle de l'Église, et explique pourquoi il pense qu'une mauvaise compréhension de la nature et de la définition de l'infaillibilité papale est à l'origine de la crise à laquelle l'Église est confrontée aujourd'hui. Il propose également des solutions pour inverser les décisions conciliaires et individuelles qui ont conduit à la situation actuelle, et pour récupérer le rôle propre du pape pour le bien de l'Église.

    Professeur Rist, que pensez-vous de la suspension du père Rotondo pour avoir écrit le livre dont vous avez rédigé la préface ?

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