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Débats - Page 82

  • Crise migratoire : l’émigration des Européens pourrait-elle être la solution ?

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    De Chantal Delsol sur le site du Figaro Vox via le site "pour une école libre au Québec" :

    Crise migratoire : quelles leçons tirer de la chute de l’empire romain ?

    Un seul précédent historique permet de réfléchir à la situation de l’europe aujourd’hui, explique la philosophe Chantal Delsol : le déclin de l’empire romain. alors que la France ne dispose ni de la chance géographique ni de la volonté politique pour endiguer l’immigration, analyse-t-elle, la solution pourrait être l’émigration des Européens...

    L’arrivée massive de plusieurs milliers d’Africains en quelques jours à Lampedusa a provoqué une vague d’affolement dans les pays européens. Déplacements de gouvernants, promesses de solidarité européenne afin que l’Italie ne soit pas seule à porter la charge : toutes actions sur fond d’effroi – l’effroi de voir à l’œuvre ce déferlement, annonciateur de difficultés sans nombre.

    Les pays d’occident sont pourvus d’une rationalité économique qui produit la richesse ; de religions fondées sur l’autonomie ; et conséquemment, de gouvernements institués dans la liberté. Pendant que la plupart des pays d’Afrique vivent dans la pauvreté économique et sous des gouvernements despotiques. Aussi, puisque les déplacements sont possibles, rien ne peut empêcher les seconds de courir s’installer chez les premiers, pour profiter de tous ces avantages qui n’existent pas chez eux. Pendant tout le XXe siècle, on a vu des milliers et des milliers d’européens aller s’installer en Amérique pour fuir les tyrannies et totalitarismes dont le Vieux Continent s’était fait alors une sorte d’apanage. Les humains cherchent le bonheur où il se trouve, ce qui est bien naturel.

    Depuis un demi-siècle déjà, une partie des Européens, et une partie de plus en plus importante, s’inquiète de cette vague qu’on craint submersive. Ce n’est pas que les richesses ne soient pas partageables. Elles le sont. Ce n’est pas que la liberté ne puisse ouvrir son cercle. Elle le peut. Ce n’est pas que les nouveaux arrivants ont la peau foncée. Les Européens ne sont pas racistes. Le problème est culturel.

    Les nouveaux arrivants, et c’est là le paradoxe, sont dotés d’une culture de soumission (c’est là le nom précis de leur religion), qu’ils n’ont pas l’intention d’abandonner, et même à laquelle ils ont bien l’intention de nous enchaîner nous aussi. Pourquoi ce paradoxe ? Pourquoi vouloir profiter de notre culture de liberté et vouloir en même temps lui insuffler une culture de soumission ? L’historien Paul Veyne avait répondu à cette question en décrivant l’installation massive dans l’empire romain de ceux qu’on appelait alors les « barbares » - c’est-à-dire les « autres » : « Ces barbares si envieux, admiratifs, imitateurs et cupides de la civilisation romaine, entendaient bien rester eux-mêmes tout en s’en emparant. » Devant cette situation, nombre d’européens sont saisis d’affolement, d’une folle crainte de la perte de soi, de cette hystérie collective que décrivait si bien l’historien hongrois Istvan Bibo en parlant des nations d’Europe centrale : l’angoisse de voir sombrer sa propre culture. D’où la montée dans tous nos pays des partis dits populistes.

    Comment empêcher un tel déferlement, qui laisse bien penser, et de plus en plus, à l’histoire du Camp des saints de Raspail, qu’on avait tellement vilipendé comme extrémiste ? Je dirais que pour qu’un pays européen parvienne au moins à réguler le flux, il lui faut bénéficier de deux conditions additionnées : la volonté politique ET la chance géographique [Nous sommes très dubitatif, il y a la Méditerranée, encore faut-il ne pas aller chercher les migrants à quelques encâblures de la côte africaine]. Un pays qui ne bénéficie pas de la chance géographique peut bien avoir la volonté politique, il n’y parviendra pas – c’est le cas de l’Italie. [L'Italie est tenue en laisse par l'Union européenne et ses promesses de transferts massifs de fonds de relance : 200 milliards d'euros] Un pays doté de chance géographique mais sans la volonté politique n’y parviendra pas non plus – c’est l’Allemagne. Le Danemark y parvient parce que doté des deux capacités. La France ne possède ni l’une ni l’autre. Il arrive bien souvent, et c’est le cas de l’instance politique européenne, des gouvernements allemands et aussi français, que la volonté politique soit carrément contraire : dans ce cas, on veut l’immigration et parfois l’immigration la plus massive possible (c’était le cas de Merkel) pour des raisons idéologiques (sans-frontièrisme et mondialisme) camouflées sous le besoin de main-d’œuvre, c’est-à-dire par volonté de dissolution de soi. C’est dire que l’Europe est assez mal partie pour enrayer ce déferlement. D’autant que la démographie et les situations économicopolitiques jouent de plus en plus en faveur de la migration. La natalité est massive dans les pays d’Afrique et s’effondre dans les pays d’Europe. La pauvreté économique, l’instabilité politique et les guerres intestines se déploient dans les pays d’Afrique pendant que la culpabilité et la honte de soi se déploient dans les pays d’Europe en même temps que la richesse et la liberté. On ne voit pas bien ce que les partis dits populistes pourraient changer à l’affaire.

    La seule situation analogue dans notre histoire était celle de l’empire romain sur le déclin. Nous avions alors ici en Europe la richesse et la liberté, et ceux appelés alors « barbares » étaient attirés à Rome comme des papillons vers la lumière. Finalement, leur nombre fut tel que la vie romaine sous le poids se détériorait et s’appauvrissait – on ne peut intégrer quand la masse des arrivants est trop énorme. D’autant que chez les Romains eux-mêmes, et particulièrement chez les chrétiens, montait un courant de pensée culpabilisant pour lequel les barbares étaient bien supérieurs aux Romains décadents et cupides (le prêtre Salvien écrit même « ce sont les Romains qu’il faut barbariser »). Tout était fait pour la dissolution de la culture romaine.

    Finalement, les écoles fermèrent les unes après les autres – ce qui est le signe majeur, et nous appelons les siècles suivants les siècles obscurs, parce que nous en avons si peu de connaissances, une grande partie de la culture s’étant dissoute dans le désordre régnant. Ainsi la richesse et la liberté s’en vont au chaos.

    Cependant nous avons un atout majeur que les Romains n’avaient pas – même si je ne sais si cela confortera mes lecteurs ! Le monde des Romains était très étriqué, il s’arrêtait aux colonnes d’Hercule et aux confins de l’Inde. Tandis que nous avons le Nouveau Monde, occidental, c’est-à-dire du nord au sud nourri d’initiative économique, de liberté politique, et de religions de liberté. Naturellement les États-unis subissent les vagues de migration mexicaines et les pays d’Amérique latine sont actuellement investis par des Vénézuéliens, mais il s’agit toujours de cultures de liberté, même si subsistent quelques reliquats de démence idéologique hérités du XXe siècle. Le Nouveau monde ne sera pas investi par les migrants d’ici, parce qu’il bénéficie d’une chance géographique et d’une volonté politique inégalées (ce sont, et ce seront de plus en plus, des pays protestants, la culpabilité nigaude étant essentiellement catholique ou de culture catholique ; et le wokisme à culpabilité nigaude ressemble bien à la mode d’un jour). On peut penser, si l’on se risque à un peu de prospective, que nos arrière-petits-enfants, au moins les intrépides et les créatifs, quitteront « l’Europe aux anciens parapets » et émigreront en masse vers le Nouveau monde, afin d’y retrouver leur culture d’initiative et de liberté, laissant derrière eux de nouveaux siècles obscurs. Sic transit gloria mundi.

    Il faut rappeler aussi que l’effondrement romain donna naissance aux splendeurs byzantines [Rome avait donc aussi sa nouvelle Rome à Byzance] et chrétiennes. Ce qui nous interdit le désespoir apocalyptique. Pourquoi nos arrière-petits-enfants ne pourraient-ils pas espérer, eux aussi, de nouveaux commencements ?

  • Le pape François, le secret et le débat sur le Synode

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    D'Andrea Gagliarducci sur Monday Vatican (traduction de "Benoît et moi") :

    Le Pape François, le secret et le débat sur le Synode

    18 septembre 2023

    La nouvelle selon laquelle le pape François pourrait instaurer le secret pontifical dans le débat synodal a créé quelques remous. Pour l’instant, le règlement du Synode n’a pas encore été publié, et il pourrait y avoir quelques changements de procédure, notamment en ce qui concerne les modalités de participation au débat et au vote. Cependant, le fait que les premières communications officielles du Synode établissent que toute interview des pères synodaux doit d’abord être demandée par courriel au responsable de la communication du Secrétariat général du Synode a déclenché le débat sur la transparence du processus synodal. Les indiscrétions concernant le secret papal ont ajouté de l’agitation à l’agitation.

    Levons toute ambiguïté : le secret pontifical sur les opinions et les débats des autres gens était déjà prévu dans le règlement antérieur du Synode. Paul VI voulait permettre un débat aussi large que possible, et cette décision n’a été modifiée ni par Jean-Paul II ni par Benoît XVI. Les votes sur le texte final du Synode en donnaient un exemple. Le vote se faisait paragraphe par paragraphe, et si l’un des paragraphes n’atteignait pas le consensus synodal (c’est-à-dire les deux tiers des voix), il n’était ni publié ni partagé.

    Supposons qu’on ait parlé de la question du secret dès le début. Dans ce cas, il faut préciser que la machine de communication du Synode des évêques, définitivement développée sous la direction du Bureau de presse par Joaquin Navarro-Valls, a déblayé le terrain de toute inférence possible.

    Fidèle au principe du cardinal Schotte [prélat belge, 1928-2005, créé cardinal en 1994, ndt] – « Il n’y a rien qui mérite de rester secret au Synode » – tous les débats étaient rapportés en publiant les résumés des interventions en six langues différentes, avec un système précis de codes et de couleurs qui permettait de connaître immédiatement la langue d’origine, le moment où le texte a été publié, et le traducteur.

    Chaque jour, il y avait donc un briefing informel divisé en groupes linguistiques, ce qui permettait à tous les journalistes d’être informés de l’avancement du processus. Les pères synodaux étaient souvent invités à ces briefings et traitaient les journalistes avec une grande ouverture.

    Le pape François a centralisé la communication du synode, en réduisant tout à un seul briefing, plus formel, et en ne distribuant ni textes ni résumés des textes. Cependant, lors des premiers synodes du pape François, le cardinal Lorenzo Baldisseri, alors secrétaire général du synode, a justifié la décision de ne pas distribuer formellement les textes par le fait que les pères synodaux étaient libres de parler avec qui ils voulaient et aussi éventuellement de donner les brouillons de leurs discours.

    Qu’est-ce qui a changé aujourd’hui ? Le climat a radicalement changé. Le problème n’est plus la question formelle de savoir si le secret pontifical s’applique ou non au débat synodal. Il s’agit plutôt du fait que, ces dernières années, des mots ont été utilisés en les privant de leur pleine signification ou en les interprétant différemment. Le problème est d’abord sémantique. Toutefois, il devient un problème pratique.

    J’ai déjà souligné que le pape François décontextualise souvent des expressions et des phrases, en les extrapolant d’un discours et en leur donnant des interprétations uniques. Le problème s’applique également au concept de synodalité. Le pape François a toujours déclaré que l’exhortation apostolique Evangelii Nuntiandi [publiée en 1975 à la suite des travaux du synode sur ce thème, ndt] de Paul VI était sa référence. Dans cette exhortation, Paul VI nous invite à nous inspirer de la synodalité des Églises orientales.

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  • A ne pas manquer, en accès libre sur le site de La Nef

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  • EVRAS : quand la RTBF se décrédibilise

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    D'Ariane Bilheran sur son site :

    Le degré zéro du réseau : ma réponse à la RTBF (Radio-TV belge de la Fédération Wallonie-Bruxelles)

    18 septembre 2023

    Je suis citée par la RTBF (La Radio-télévision belge de la Fédération Wallonie-Bruxelles) dans un article intitulé « complotistes, extrême droite et adeptes de théories pédocriminelles », publié le 16 septembre 2023 par la RTBF et relayé au JT du même soir en Belgique.

    Cet article, qui n’est pas signé, cite pêle-mêle diverses personnes que l’on tente de regrouper dans « un réseau » auquel sont collées tout un tas d’étiquettes diffamantes.

    Je tiens donc à faire respecter mon nom et mes qualités, en réponse à une presse qui cherche plus à diffamer qu’à relayer de l’information.

    Si je regarde attentivement la cartographie affichée avec les flèches, et sauf erreur de lecture, je serais donc « en réseau » direct avec :

    1. Karl Zéro, journaliste
    2. « Innocence en danger France » et « Innocence en Danger Belgique », deux associations de protection de l’enfance
    3. « Étincelles » site internet géré par Senta Depuydt (Senta Depuydt a expliqué dans sa réponse qu’elle ne gérait pas ce site)
    4. Frédéric Goaréguer, pédopsychiatre
    5. Biotempo Zèbre, un magazine

    Dans la réalité des faits, j’ai effectivement donné une interview respective à Karl Zéro et à Biotempo Zèbre (que j’invite chacun à aller écouter et lire).

    Mais cela constituerait un « réseau »…

    En matière d’investigation journalistique, vu le niveau, je vais devoir parler simplement : de ce réseau, il y en a zéro !

    En revanche, oui, j’ai bien un réseau : il s’agit d’un réseau de professionnels de santé mentale de l’enfant et de professionnels du droit.

    Qui suis-je ?

    Je suis normalienne de la rue d’Ulm avec une double spécialisation en lettres classiques et philosophie morale et politique (2 Masters à l’Université La Sorbonne, Paris, France).

    Je suis également psychologue clinicienne, avec une première spécialisation dans l’enfance maltraitée.

    J’ai, à ce titre, rédigé un livre avec ma collègue Amandine Lafargue, Psychopathologie de la pédophilie, dont la première édition est parue aux éditions universitaires Dunod en 2013.

    Soit, il y a dix ans.

    En termes concrets, cette spécialisation professionnelle signifie : rédiger des signalements, être confronté à différentes horreurs, réaliser des expertises judiciaires, lutter contre les dysfonctionnements institutionnels de la protection de l’enfance, de la justice et de la police, subir les pressions psychologiques, juridiques et fiscales sur certains dossiers, réfléchir sur les conditions de guérison des traumatismes infantiles.

    J’ai, durant de longues années, été aussi en charge des formations sur la « prise en charge de la délinquance sexuelle » pour l’administration pénitentiaire en France.

    Je suis également docteur en psychopathologie et psychologie clinique (Université Lyon II, France, sous la direction du Professeur Albert Ciccone), d’un doctorat portant sur « le temps vécu dans la psychose » ce qui m’a valu d’effectuer mes recherches dans des services de psychiatrie adulte, et d’y acquérir une expertise sur la psychose adulte.

    J’ai enseigné durant des années, dans différentes universités, tant des cours dirigés que des cours magistraux, en psychopathologie et psychologie clinique.

    J’ai, enfin, écrit plus de quarante livres, dont beaucoup sont référencés désormais comme des classiques dans les bibliothèques universitaires, et des centaines d’articles dont certains dans des revues scientifiques à comité de lecture.

    J’ai également audité, durant des années, sur des plaintes de harcèlement dans les entreprises et les institutions, ce qui m’a permis de réfléchir aux mécanismes et aux processus psychologiques tant pour les individus que pour les collectifs, et j’ai rédigé (et je rédige encore) de nombreuses expertises et des avis consultatifs produits en Justice. Mes travaux sur le harcèlement sont reconnus internationalement, et m’ont valu d’être invitée à en parler dans différents pays, mais ils ont également été repris en France par le Sénat pour la rédaction de lois sur le sujet.

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  • Le cardinal Danneels a commis de graves erreurs

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    Lu dans Het Laatste Nieuws :

    Rik Torfs réagit à Joe sur la série de la VRT "Godvergeten" : "Le cardinal Danneels a commis de graves erreurs".

    La série Canvas de la VRT 'Godfvergeten' sur la maltraitance des enfants dans l'Eglise suscite beaucoup d'émotions. Lors de l'émission matinale avec Sven & Anke à la station de radio Joe, l'avocat de l'Eglise Rik Torfs (KU Leuven) s'est exprimé sur le sujet. "Le cardinal Danneels a commis de graves erreurs", conclut-il.

    13-09-23

    Dans le documentaire en quatre parties "Godvergeten", des victimes d'abus d'enfants dans l'Église racontent leur histoire.

    "Il va sans dire que les témoignages que nous voyons maintenant dans la série suscitent à nouveau des émotions. Et c'est tout à fait justifié", ajoute M. Torfs. "Il est important que les victimes soient toujours prises en charge aussi longtemps qu'il le faut, jusqu'à leur mort si nécessaire."

    Selon le professeur, de nombreux prêtres et religieux ont personnellement failli à leurs obligations morales. L'Église, en tant qu'institution, n'en a pas fait assez non plus.

    "Lorsque de nombreux scandales sont apparus aux États-Unis dans les années 1990, notre Église était également en cause", estime M. Torfs. "Le cardinal Danneels a lui aussi commis de graves erreurs - et je ne veux pas m'en prendre à lui maintenant qu'il est décédé. Je veux être très clair à ce sujet".

    Selon l'avocat de l'Église, celle-ci a pris de nombreuses mesures après l'affaire Roger Vangheluwe, notamment en mettant en place des lignes d'assistance téléphonique. "Pour l'instant, ils essaient de faire attention, mais bien sûr, ils ne sont jamais sûrs à 100 % qu'il ne se passera rien de plus", a-t-il déclaré.

    "Je comprends très bien les émotions, mais nous devons essayer de rester rationnels. L'Eglise et la foi sont deux choses différentes. L'Eglise est une institution. Les institutions échouent toujours plus ou moins. L'Église a beaucoup trop failli.

    Un lecteur commente (dans De Standaard du 19 septembre, p. 26) :

    La réputation de Danneels

    "Je relève les mots suivants de Terlinden, prononcés récemment : "Je veux remercier mes prédécesseurs qui, chacun avec son charisme propre, ont été de véritables bergers. Je pense en particulier au cardinal Godfried Danneels, qui s'est engagé avec passion pour Dieu et pour les hommes, et qui reste pour moi un exemple". J'ai trouvé que les scènes de Godvergeten avec Danneels étaient les pires et les plus choquantes de cet épisode : j'ai trouvé choquant d'utiliser ses capacités et sa position pour protéger la bonne réputation du club, contre les personnes blessées et vulnérables, avec son timbre de voix béatifique, son ironie, son attitude d'innocence assassinée. Comment Terlinden explique-t-il que Danneels reste un modèle pour lui ? Est-il malade dans le même lit ? Cela ne correspond-il pas à la culture de la dissimulation et du refus de dire la vérité ? Comment Terlinden pense-t-il que cela sera lu par les victimes, qui ont été abusées non seulement par leur agresseur direct, mais aussi par Danneels, le découvreur et protecteur de l'agresseur ?"

  • Pour une Evras respectueuse de la sensibilité des enfants, neutre, transparente et incluant les parents

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    La Libre a publié ce 18 septembre un texte signé par une soixantaine de parents :

    ”Nous demandons une Evras respectueuse de la sensibilité des enfants, neutre, transparente et incluant les parents”

    Ce jeudi 7 septembre, la ministre Désir entendait, par voie de presse, rassurer les parents quant à la question de l’Evras dans les écoles. Elle entendait les “ (mettre) en garde contre une campagne de désinformation”, rappelant aux éventuels sceptiques la noblesse de la cause : “Nos intentions sont nobles. On ne va évidemment pas encourager une hypersexualisation chez les jeunes, on ne va pas susciter une orientation sexuelle ou une identité de genre, on ne va pas donner de cours de pratiques sexuelles. C’est inadmissible de faire peur aux parents sur ce sujet”, poursuit-elle.

    Nous, parents, avons des intentions aussi nobles que celles de notre ministre pour l’éducation de nos enfants, et c’est donc tout à fait légitimement que nous nous sommes interrogés quant au contenu des animations Evras. Plusieurs d’entre nous affirmons avoir été témoins, dans les classes de nos enfants, de contenus inappropriés, et refusons la caricature faite de ceux qui manifestent leur désaccord ou interpellent les décideurs. Madame la Ministre, pouvez-vous “écouter” ces quelques exemples vécus ? Trouvez-vous qu’ils soient bénéfiques pour les enfants ?

    • Dans une classe de 6e primaire du Brabant wallon est programmée une animation sur le cyberharcèlement, problématique brûlante d’actualité. Était-il utile d’y intégrer un volet sur l’envoi de “nudes” et de “sexto” (“ c’est quand tu envoies une photo de toi toute nue à ton amoureux pour lui montrer que tu l’aimes”, selon les mots rapportés par une jeune fille à sa maman), en expliquant aux enfants présents (11-12 ans) que, devant le phénomène apparemment grandissant du “revenge-porn”, un nude “safe” se prend des pieds au cou (pour préserver l’anonymat) et sur fond blanc ou beige (pour qu’on ne puisse pas reconnaître la chambre de l’intéressé en cas de diffusion du cliché…) ?
    • Dans une classe de 5e primaire de Bruxelles, lors d’une session Evras organisée sans informer les parents, les animateurs ont parlé érection et masturbation à “ceux qui se sentent garçons”. De retour à la maison, un garçon de 9 ans interpelle son papa : “Dis, Papa, j’en suis à quel grade de l’érection, moi ? ” ; “est-ce que j’ai déjà cartonné mon slip ? ”. Difficile de faire le suivi à la maison sans savoir ce qui s’est dit à l’école. De plus, trop jeune pour comprendre ce contenu, il n’en a retenu que ce qui était vulgaire et associe maintenant la sexualité à quelque chose de sale. Est-ce vraiment le but recherché ?
    • En classe de 4e primaire du BW, les enfants assistent à la pièce de théâtre Et toi tu même qui entend, selon le guide pédagogique qui s’y rapporte, “sensibiliser le public dès son jeune âge et conscientiser les mentalités sur les préjugés des genres”. Le guide précise également que “l’idée ici n’est pas de défendre le féminin à tout prix mais de déstabiliser les idées préconçues sur les hommes et les femmes, de décloisonner les genres, et d’évoquer également, sans la nommer, l’homosexualité”. Était-il utile d’y adjoindre une animation portant notamment sur les droits des adolescents à changer de genre, que ce soit par voie hormonale ou chirurgicale ? Les parents n’étaient pas informés et n’en ont sans doute rien su : l’animateur ne les a-t-il pas discrédités en expliquant que cette animation était nécessaire parce que “certains enfants vivent encore de nos jours dans des familles intolérantes” ? Comment dès lors poursuivre le dialogue si l’enfant se pose des questions suite à l’animation, s’il a entendu que, peut-être, ses parents faisaient partie de ceux qui ont des réactions et des discours “inappropriés” ?
    • Dans une classe de première humanité namuroise, une école fait intervenir le planning familial pour un atelier consacré à la puberté et aux relations affectives et sexuelles. Si le but était vraiment de partir des interrogations des jeunes, comme l’affirme notamment l’enquête de la RTBF, pourquoi les animateurs ont-ils distribué trois questions toutes faites à chaque élève, en leur laissant juste le choix de choisir parmi celles-ci (portant notamment sur “les stéréotypes dans la pornographie”, la masturbation, la différence entre le “sexe assigné à la naissance” et l’ “identité de genre”, etc.) ?
    • Dans une classe de 5e humanité, en province de Liège, les élèves ont été tenus, au cours d’une séance prise en charge par le planning familial, de se positionner “pour” ou “contre” toute une série de sujets (transgenrisme des adolescents, etc.) en argumentant et en se plaçant physiquement d’un côté ou de l’autre de la classe en fonction de leur réponse. Selon les mots de l’élève concernée, l’animatrice, pas du tout neutre, a fait pression pour que les élèves adhèrent à sa pensée. Lors du même atelier, le porno et la masturbation ont été présentés comme “positifs” car diminuant le risque de viols.
    • Dans une classe de 3e maternelle bruxelloise, en vertu d’un projet pilote pris en charge par le planning familial, les enfants sont tenus de regarder un court-métrage dans lequel différents protagonistes de différents âges et sexes s’embrassent. Des parents, devant l’incompréhension de leur enfant face aux images projetées et étonnés de ne pas avoir été mis au courant, se voient répliquer que “si on prévenait les parents, ils ne mettraient pas leurs enfants à l’école le jour de l’animation”.
    • Dans une autre classe de 6e primaire, à l’issue d’un atelier tenu par le planning familial dont les parents n’étaient guère plus informés, une jeune fille interpelle sa maman par ces mots : “t’as de la chance que je t’en parle ! Les animateurs nous ont bien dit qu’on n’était pas obligés, parce que notre corps et notre vie sexuelle ne regardent que nous et ne vous concernent pas”. Or, si comme l’affirme Lionel Rubin, chargé d’études au Centre d’action laïque (Cal), “les animations dispensées à l’école n’ont pas vocation à se substituer à l’éducation familiale, mais bien à la compléter pour permettre une uniformisation de l’information et lutter contre les inégalités entre élèves”, pourquoi ne pas communiquer clairement avec les parents ?

    Tous ces témoignages, et nous en avons d’autres, sont des exemples vécus par nos enfants, venus nous en parler. Dans la majorité des cas, nous n’étions pas au courant de l’organisation de l’animation/de la pièce de théâtre/de l’intervention. La ministre Désir nous répondra peut-être que ces expériences n’ont rien à voir avec l’Evras… Il s’agit pourtant souvent d’équipes de centres de planning, agréés pour ce genre d’animation. Nous, parents, soutenons l’Evras, mais demandons que soit mise en place une Evras neutre, transparente vis-à-vis des parents et respectueuse de la sensibilité des enfants. Une Evras qui réponde de manière adéquate aux questions des enfants en respectant leur âge, sans parti pris idéologique, et sans méfiance a priori vis-à-vis des parents, tout aussi soucieux que la ministre du bien-être de leurs enfants.

    Dans cette optique, nous exigeons qu’un membre extérieur aux équipes Evras, issu du corps éducatif ou PMS/PSE de l’école puisse assister aux animations afin d’en garantir la neutralité, et que les directions travaillent en toute clarté avec les parents. Cela, pourquoi pas, via la création de “comités Evras” qui rassembleraient les différents acteurs de cette problématique (incluant les parents), comme l’a d’ailleurs suggéré Mr Kerckhofs (PTB), lors du débat parlementaire du 7 septembre dernier. C’est seulement ainsi que nous pourrons construire, ensemble, une Evras neutre, scientifique, transparente, et respectueuse des enfants.

    Parents signataires :

    Quentin de Bodman, Albane Bizard, Aline Mazher, Alix d’Abadie, Antoine Nuger, Bénédicte de Clercq, Bénédicte de Langlois, Camille Bressand, Camille Le Grelle, Carmen Greindl, Charles d’Alançon, Charlotte Lapalus, Charlotte Texier, Christopher Afsar, Clement Lauras, David Weynants, Elisabeth Saunier, Elisabeth Terlinden, Emanuela Moro, Emilie Moniquet, Emily Nardella, Emmanuelle Diot, Fleur Janssens, Geoffroy de la Bretesche, Geraldine Nuger, Gregory Montigny, Jean Christophe Piette, Johan Decock, Katarina de Demandolx, Laurent Convent, Madeleine Peillon, Mahaut Housieaux, Marguerite Weist, Maria-Theresa Silvestri, Marie-Alexis Buchet, Marie Huppert, Marie Wart, Marie-Emilie Forest, Mario Tomassi, Martin schneider, Mattei Stefano, Maylis Qennec, Monka Kuseke Bilol, Nancy Chamoun, Nathalie Salmon, Nawal Yassine, Nicolas Dumont, Olivier Caillet, Pascale Cauwe, Pauline Mathy, Raphaelle Benquet, Salome Simao, Sébastien Hendrickx, Véronique Joos, Victoire Roquebert, Vincent Hoellinger, William Penninck

  • « Le droit à l’avortement n’est pas un droit de l’homme »

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    Une synthèse de presse de gènéthique.org :

    Le « droit à l’avortement » n’est pas légitime « parce qu’une majorité d’individus ou d’Etats l’affirment »

    17 septembre 2023
     

    Le 13 septembre dernier, Mgr Ettore Balestrero, le nouvel observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations unies et des institutions spécialisées à Genève, est intervenu dans le cadre du débat général de la 54ème session du Conseil des droits de l’homme pour réaffirmer les fondements de la Déclaration universelle des droits de l’homme et rappeler que « le droit à l’avortement n’est pas un droit de l’homme ».

    Les pressions ne manquent pas pour « réinterpréter les fondements » de la Déclaration universelle des droits de l’homme « afin de faciliter le déplacement de la protection de la dignité humaine vers la satisfaction de simples intérêts, souvent particuliers » avait déjà alerté le pape Benoît XVI à l’Assemblée de l’ONU le 18 avril 2008.

    « Les droits de l’homme ne sont pas simplement un privilège accordé aux individus »

    Il est important de « réfléchir aux principes fondamentaux qui sous-tendent la protection des droits de l’homme » affirme Mgr Balestrero. « Les droits de l’homme ne sont pas simplement un privilège accordé aux individus par consensus de la communauté internationale », rappelle-t-il. Ils sont « ces valeurs objectives et intemporelles qui sont essentielles au développement de la personne humaine ».

    La promotion des droits de l’homme est « une source d’unité, au lieu d’être la proie de l’individualisme égoïste et de la division ». Leur enracinement « dans la dignité commune et inaliénable de la personne humaine » doit être renforcé (cf. La dignité est « inconditionnelle »).

    « La priorité de la dignité de chaque être humain »

    « Même si une société ou la communauté internationale refusait de reconnaître un ou plusieurs droits inclus dans la Déclaration, cela ne diminuerait pas la validité de ce droit et ne dispenserait personne de le respecter », a-t-il ajouté. De même, les « nouveaux droits » n’acquièrent pas de légitimité « simplement parce qu’une majorité d’individus ou d’Etats l’affirment ». L’exemple le plus clair de cette conception « erronée » des droits est le « prétendu “droit à l’avortement”» a-t-il relevé (cf. « Il n’y a pas de droit à l’avortement reconnu en droit européen ou international »).

    Aujourd’hui « toute personne perçue comme faible, pauvre ou sans “valeur” selon certaines normes culturelles est ignorée, marginalisée ou même considérée comme une menace à éliminer » a par ailleurs regretté Mgr Balestrero (cf. Fin de vie et handicap : « L’aspect économique ne doit jamais primer »).

    Citant l’encyclique Fratelli Tutti, il a invité à s’« engager à vivre et à enseigner la valeur du respect des autres, un amour capable d’accueillir les différences, et la priorité de la dignité de chaque être humain sur ses idées, ses opinions, ses pratiques ».

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    Source : Vatican News, Alessandro Di Bussolo (14/09/2023)

  • Jérôme Lejeune ou les combats auxquels le Pape François a renoncé

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso (traduction de Diakonos.be) :

    Jérôme Lejeune ou les combats auxquels le Pape François a renoncé

    Les batailles dans lesquelles Pape François a renoncé à combattre sont celles pour la défense de la vie à naître et de la vision chrétienne de la procréation et de la famille. Certes, il n’oublie pas de condamner l’avortement ou l’idéologie du « gender », parfois même avec des paroles plus crues que ses prédécesseurs (« sicaires », « assassins », …), mais ces condamnations ne trouvent que peu d’écho dans les médias, et c’est un peu comme s’il s’était adapté à ce silence. Aucune commune mesure et même de loin, par exemple avec le combat acharné que Jean-Paul II a mené en 1994, avant et après la conférence internationale convoquée au Caire par l’Organisation des Nations Unies dans le but déclaré d’« assurer les droits reproductifs », en réalité le droit à l’avortement, et qui est devenu dans les médias du monde entier un défi entre ce pape et les puissants de la terre, à tel point que CNN avait envoyé sur place l’un des plus célèbres correspondants de guerre, Christiane Amanpour.

    Cette année-là, en 1994, le dimanche de Pâques, s’éteignait « un grand chrétien du XXe siècle, un homme pour lequel la défense de la vie était devenu un apostolat », comme le définissait Jean-Paul II dans une lettre d’hommage émue pour ses funérailles.

    Il s’appelait Jérôme Lejeune. Biologiste de réputation internationale et chrétien très intègre, c’est à lui que l’on doit la création de l’Académie pontificale pour la vie, dont il fut le premier président. Trois ans après sa mort, en 1997, Jean-Paul II s’était rendu sur sa tombe dans le village de Chalo-Saint-Mars, non loin de Paris. Sa béatification est en cours et il a été déclaré « vénérable » en 2021. La postulatrice de la cause, Aude Dugast, a publié en 2019 en France une biographie captivante et très documentée du professeur [sous le titre « La liberté du savant » chez Artège]. Cette biographie sortira dans quelques jours, ce 15 septembre, en version italienne aux éditions Cantagalli.

    Le titre du livre est « Jérôme Lejeune. La libertà dello scienziato », on peut l’acheter et consulter les deux premiers chapitres sur le site de l’éditeur.

    Nous en reproduisons un extrait ci-dessous qui témoigne de la vivacité de la bataille dans laquelle le professeur Lejeune s’était engagé sur la vague de la publication en 1987 de l’instruction Donum vitae, signée par celui qui était à l’époque préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, le cardinal Joseph Ratzinger.

    Le récit met en évidence la profonde communion de vision et d’action qui liait le professeur Lejeune à Ratzinger, à Jean-Paul II et à l’archevêque de Paris de l’époque, Jean-Marie Lustiger.

    Mais il met également en évidence la distance au sommet de l’Église entre la vivacité de ces années-là, sur ces thèmes essentiels, et la mollesse actuelle.

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    « Évêques, n’ayez pas peur »

    (De « Jérôme Lejeune. La liberté du savant », pp. 385-392)

    En novembre 1987, Jérôme Lejeune part à nouveau pour l’Italie, mais cette fois pour Rome, où il assiste au congrès de la Commission pontificale pour la pastorale de la santé et intervient au synode des évêques pour les laïcs. Comme à chacun de ses séjours dans la Ville Éternelle, Jérôme a le privilège d’être invité à participer à la messe matinale dans la chapelle privée du Saint-Père, qui le retient ensuite pour le petit-déjeuner. C’est, comme toujours, une grande joie pour Jérôme, particulièrement appréciée en ces temps difficiles. Et l’actualité, notamment avec la récente publication de l’instruction Donum vitae, leur fournit bien des sujets de discussion.

    La Congrégation pour la doctrine de la foi propose, dans cette instruction, une réflexion sur le respect de la vie humaine naissante et la dignité de la procréation et Jérôme, qui défend devant les Parlements français et étrangers la dignité de l’embryon humain, apprécie la qualité, la mesure et la beauté de ce document […]

    L’instruction suscite donc de vives réactions et […] dire que Jérôme défend l’instruction Donum vitae, ce n’est pas évoquer seulement ses interviews dans les médias mais aussi les interventions concrètes et courageuses qu’il est appelé à faire, au risque de s’attirer encore les foudres de la communauté scientifique et du grand monde. Cette fois, Jérôme va devoir se confronter à une équipe de médecins de l’hôpital parisien Notre-Dame-du-Bon-Secours, qui comme son nom l’indique est catholique et appartient à une congrégation de sœurs. Ce même hôpital pour lequel, avant la loi Veil, Jérôme était allé, à la demande de la mère supérieure, voir l’évêque auxiliaire de Paris pour qu’il y fasse cesser les avortements. En vain. Mais treize ans plus tard, avec le nouvel archevêque, les choses vont changer.

    Cette fois, le cardinal Lustiger dépêche une enquête auprès de l’hôpital. La supérieure, sœur Jeanne, contacte Jérôme pour le supplier de prendre la place qui se libère au Conseil d’administration. Elle espère qu’il pourra, de l’intérieur, les aider à faire cesser les avortements et les fécondations in vitro initiées en 1984 et pratiquées par le Dr Chartier. […] Le cardinal Lustiger nomme Jérôme au Conseil d’administration de l’hôpital et, le 15 septembre 1987, le Conseil d’administration vote la cessation des avortements et des fécondations in vitro. Les médecins responsables de ces actes illégitimes dans cet hôpital catholique donnent leur démission et partent furieux. Le Dr Chartier en tête.

    Quelques mois plus tard, au début de l’année 1988, commence une campagne de presse dénonçant l’obscurantisme et l’arrogance du magistère romain, représenté par le cardinal Ratzinger et son défenseur, Jérôme Lejeune. Les médias vantent en revanche les mérites du Dr Chartier, présenté élogieusement comme un médecin catholique pratiquant et d’esprit suffisamment ouvert pour critiquer le magistère. La campagne en faveur du Dr Chartier est relayée par des dizaines de médias, dont La Croix. […] Ces remous provoquent l’annulation d’une conférence que Jérôme devait donner sur Donum vitae à l’université catholique de Lille, à l’invitation des étudiants. Quinze jours avant la date prévue, Jérôme reçoit un courrier lui annonçant que le recteur, en apprenant le nom de l’orateur élu par les étudiants, a émis un veto sans appel. « Bel exemple de liberté d’expression dans une faculté dite “catholique”. Le pape est à l’index et il est interdit d’être d’accord avec lui ! » lâche Jérôme en apprenant la nouvelle. […]

    Ce recteur, comme d’autres catholiques favorables aux méthodes de procréation médicalement assistée, reproche effectivement au Vatican de ne pas avoir interrogé les médecins pratiquant des fécondations in vitro. Mais Jérôme est bien placé pour savoir à quel point ces critiques sont infondées, puisque l’Académie pontificale des sciences a, comme d’habitude, interrogé les plus grands spécialistes sur le sujet. Jérôme l’explique au journal Famille chrétienne : « Le Dr Edwards, l’inventeur de la technique, et le Dr Frydman, le promoteur en France de la méthode, ont exposé leurs opinions devant l’Académie pontificale des sciences. »

    Jérôme est encore sollicité sur l’instruction par de nombreux correspondants auxquels il répond entre autres […] : « Le cardinal Ratzinger avec Donum vitae dit aux hommes la vraie morale pour tenter de les protéger d’un abus formidable de la technique capable d’amener un effondrement total des mœurs. Relisez Le meilleur des mondes de Huxley, relisez Goethe et le second Faust et vous verrez l’immense nécessité du rappel (car ce n’est pas une innovation mais une destruction de toute la morale chrétienne) de Donum vitae. »

    Jérôme fait alors sur le cardinal Ratzinger un commentaire qui lui tient à cœur :

    « À propos du cardinal Ratzinger : je l’ai vu et entendu lors d’une séance de travail subir il n’y a pas d’autre mot des attaques personnelles très acerbes et des raisonnements théologiques démentiels sans se départir un instant de son calme et de sa bonté ! Il a ensuite repris tout le sujet traité en quelques minutes, a remis à l’endroit tout ce qui était cul par-dessus tête, avec à chaque instant un respect des personnes que ses interlocuteurs n’avaient guère manifesté. Dans la discussion c’est l’esprit le plus clair et le plus charitable que j’aie jamais rencontré. Il ne s’incline que devant la vérité. Mais il sait la chercher. »

    Quand Jérôme participe à ces débats, pour défendre la beauté de la vie et de la famille humaine, il sait les critiques virulentes dont il va faire l’objet mais […] comme Jean-Paul II, il invite aussi à ne pas avoir peur. C’est d’ailleurs en ces termes qu’il s’adresse aux évêques, au synode pour les laïcs, à Rome, en 1987 :

    « Vous qui êtes pour la famille, on se moquera de vous. On agitera devant vous le spectre de la science prétendument bâillonnée par une morale dépassée, on lèvera contre vous l’étendard tyrannique de l’expérimentation à tout va… Évêques, n’ayez pas peur. Vous avez les paroles de vie ».

  • La mort d'Alexina Wattiez : sédation, euthanasie ou meurtre par étouffement ?

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    Du site de l'Institut Européen de Bioéthique :

    Mort d’Alexina : sédation, euthanasie ou meurtre par étouffement ?

    Les faits

    L’annonce des circonstances du décès d’Alexina Wattiez dans la presse a provoqué une onde de choc en Belgique et même au-delà des frontières nationales. A 36 ans, cette jeune femme souffrait d’un cancer en phase terminale. Soignée à domicile, elle a finalement connu une mort tragique, étouffée d’un oreiller par les deux infirmières à son chevet. Celles-ci avaient appelé en urgence un médecin pour soulager les souffrances aigües de la patiente. Après un coup de fil passé à un « spécialiste de l’euthanasie » selon la rédaction du Soir, le médecin administra des sédatifs et de la morphine à la patiente, mais les doses injectées ne provoquèrent pas le soulagement attendu. Ne supportant plus de voir la patiente souffrir, les infirmières l’ont alors étouffée.

    De nombreuses interprétations ont circulé dans la presse, semant la confusion quant aux définitions et portées respectives d’une sédation et d’une euthanasie. L’Institut Européen de Bioéthique souhaite à cet égard rappeler quelques éléments fondamentaux.

    La sédation palliative se distingue radicalement de l’euthanasie

    Comme le rappelle la Fédération bruxelloise des Soins Palliatifs (FBSP), « la sédation palliative est définie comme l’utilisation de médicament(s) sédatif(s) visant à diminuer de façon volontaire le niveau de conscience d’un patient en fin de vie, l’objectif étant de contrôler un ou des symptôme(s) réfractaire(s) et jugé(s) insupportable(s) par le patient ». L’intention d’une sédation palliative n’est donc en aucun cas de provoquer ni même de hâter le décès du patient, mais uniquement de soulager les souffrances du patient. Une sédation palliative justement proportionnée à la douleur du patient s’avère efficace pour le soulager. Encore faut-il pour cela avoir à disposition les bons médicaments, et en quantité appropriée. Mais si le dosage des médicaments n’est pas proportionné et qu’il vise à provoquer ou à accélérer la mort du patient, il s’agit alors d’une sédation euthanasique, ou, en d’autres termes, d’une euthanasie de fait et illégale.

    Les conditions pour l’euthanasie n’étaient manifestement pas respectées

    Même dans l’hypothèse où la jeune femme aurait succombé immédiatement à l’injection des produits, l’euthanasie n’en serait pas moins restée illégale : le médecin ne peut ainsi décider dans l’urgence de provoquer la mort d’un patient, fut-ce à sa demande. En l’espèce, le médecin dit cependant ne pas avoir eu l’intention de faire mourir la patiente en lui administrant les produits en sa possession.

    La justice, et personne d’autre, tranchera quant à l’intention réelle du médecin, le rôle du médecin consulté au téléphone, et l’éventuelle culpabilité des trois soignants impliqués dans le décès d’Alexina. Le conjoint et la fille de cette dernière souhaitent voir leur défunte reconnue comme victime et éviter à tout prix que ce genre de drame ne se reproduise.

    Ce que l’on peut néanmoins déjà retenir du triste événement est le manque cruel de soins appropriés qu’il révèle, en particulier de soins palliatifs, capables de procurer le confort d’un patient même en phase terminale. Cet épisode pointe aussi le manque de formation des professionnels de santé par rapport à la gestion de la douleur et les soins en fin de vie. Développer les soins palliatifs à domicile et former les soignants à une culture et à une compétence palliative, relève de l’urgence pour le bien des patients et de leurs familles.

    Pour aller plus loin : voir le Dossier de l’IEB « Sédation palliative : analyse éthique pour dissiper la confusion »

  • L'Eglise institutionnelle : source de sagesse ou d'agacement ?

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    D'Ivo Van Hemelrijk sur le Forum Catolicum :

    L’Église en tant qu’institution: source de sagesse ou d’agacement ?

    17-09-2023

    Pour être clair, il y a beaucoup d’« Églises » et toutes sont à la fois des communautés et des institutions. Après tout, une communauté humaine a besoin d’ordre, et cela n’est possible que par l’institutionnalisation. Cela signifie qu’il est absurde d’imaginer une Église qui n’est pas une institution. Dans ce cas, nous parlons spécifiquement de l’Église catholique romaine, que nous pouvons considérer sans fausse hésitation comme la principale, à la fois en termes de nombre et d’influence sur notre système mondial actuel (même dans nos pays largement « émancipés », au regret de ceux qui l’envient).

    Une institution n’a pas de valeur divine ou transcendante en soi, mais est une réalisation purement humaine. La première question qui se pose est de savoir si elle ne peut pas contredire la mission que l’Église en tant que communauté a reçue de son Fondateur. Bien sûr qu’elle le peut, et le danger qui s’y trouve a toujours été présent, depuis sa fondation. Christ était conscient de cela en premier lieu. Par conséquent, il nous a rassurés : « Les portes de l’enfer ne la submergeront pas » et « Je serai avec vous jusqu’à la fin des temps ». Il a placé l’institution qu’il avait fondée entre les mains de son apôtre Simon, qu’il appelait le « Rocher », malgré le fait qu’il l’avait déjà trahi, dans un accès de peur et de faiblesse humaines. Mais toute faiblesse humaine peut conduire à une nouvelle connaissance de soi et ainsi devenir indirectement une source de force. C’est devenu l’une des sagesses enracinées dans l’édifice spirituel organisationnel qu’il a laissé après sa vie aux soins de personnes qui ne sont que de simples mortels, appelé par sa grâce sur un chemin vers la sainteté et l’immortalité.

    Nous notons que la sagesse de l’Église est parsemée de contradictions apparentes. Celles-ci se reflètent, entre autres, dans la dogmatique enseignée : d’une part, immuable dans l’essence de ses explications, tout en restant soumise à une certaine « évolution ». La sagesse joue à cet égard le rôle d’une sorte de « méthodologie » qui ne s’accroche pas aux « certitudes » humaines enracinées (ni aux soi-disant « réalisations scientifiques »). Elle trouve son inspiration pure dans l’enseignement du Christ, qui nous montre le chemin à travers les fausses pistes confuses de la pensée et du jugement humains. Ses paraboles sont les lueurs et les phares qui nous montrent les bons chemins. Ils ont culminé dans le « Sermon sur la montagne ».

    Tant que l’Église, en tant que communauté et institution, se laisse guider par cette sagesse, elle est sur la bonne voie. Elle est alors consciente qu’une communauté sans institutionnalisation est condamnée à rester un conglomérat de « croyants » avec une unité de pensée très superficielle. D’autre part, cette sagesse nous enseigne que l’institutionnalisation conduit inévitablement à la répartition du pouvoir, avec tous les dangers que cela comporte. De quels pouvoirs parle-t-on? Qui y a droit et sur quelle base? Dans l’Église, tout pouvoir vient du Christ : « Tout pouvoir m’a été donné », a-t-Il déclaré lui-même. Il a cédé une partie de ces pouvoirs à ses disciples : le pouvoir de pardonner, de « lier » et de « dissoudre », d’administrer les sacrements, même de chasser des démons et, dans certains cas, d’obtenir des miracles.

    Comme on peut le voir, aucun d’entre eux n’est un « pouvoir » mondain, qui peut simplement être distribué à des membres arbitraires de la communauté, ou émaner « d’un peuple ou d’une nation », comme dans les pays démocratiques. Ce sont des pouvoirs spirituels réservés par le Christ à ses premiers disciples et à ceux qu’ils désigneront à leur tour comme leurs successeurs. L’accent est mis sur les épaules des successeurs de Pierre. Ce « pouvoir » est censé être une forme de service et certainement pas un moyen de faire trembler ou plier les subordonnés.

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  • La géopolitique du pape : un défi à l'ordre atlantique ?

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    De Thomas TANASE sur La Revue géopolitique (diploweb.com) :

    La géopolitique du pape François est-elle un défi à l’ordre atlantique ? Première partie Le pape François face à l’Occident

    16 septembre 2023

    Docteur en histoire, ancien membre de l’École française de Rome et diplômé de l’Institut d’Études Politiques de Paris. Maître de conférences à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne en histoire médiévale, il est également membre de l’UMR 8167, Orient et Méditerranée. Ses recherches portent en particulier sur l’histoire de la papauté et ses relations avec les mondes orientaux et asiatiques. Il est notamment l’auteur d’une Histoire de la papauté en Occident publiée dans la collection Folio Histoire.

    Thomas Tanase développe de façon très documentée une analyse des dix années du pontificat de François, pour comprendre comment celles-ci, au-delà des qualités personnelles du pape argentin, ont débouché sur un échec stratégique majeur, aggravant l’impasse du monde catholique.

    Cette étude commence par observer dans une première partie comment le Vatican du pape François reste inséré dans les réseaux de la mondialisation, luttant à l’Ouest contre les « populismes », c’est-à-dire contre un ensemble de mouvements très divers mais nourris d’un discours anti-élites et anti-système, qui, depuis le Brexit et l’élection de Donald Trump en 2016, menacent de remettre en cause les règles du système international telles qu’elles se sont développées depuis les années 1990. T. Tanase montrera ensuite dans une seconde partie comment, pour compenser, la papauté se tourne vers des pôles extra-occidentaux d’équilibre, et notamment vers l’Eurasie de la Russie de Vladimir Poutine et de la Chine de Xi Jinping, politique mise en difficulté par la relance de la guerre russe en Ukraine depuis le 24 février 2022.

    A lire sur le site de La Revue géopolitique (diploweb.com)

  • Synode : de nombreux catholiques réunis à Assise adressent un message d'avertissement au pape

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    Du blog "Messa in Latino" :

    16 septembre 2023

    Appel au Pape sur le Synode par de nombreux catholiques fidèles réunis à Assise

    Nous recevons et publions volontiers un appel de nombreux catholiques engagés, réunis à la Conférence d'Assise (ICI) les 9 et 10 septembre, qui regardent avec une inquiétude justifiée le prochain Synode : " Ne donnez pas au prochain Synode, qui n'est qu'une représentation pilotée de pasteurs et de fidèles, l'autorité sur les questions doctrinales et pastorales, qui appartient exclusivement au Pontife romain et au Collège des évêques. Dans le cas contraire, l'unité de l'Église sera gravement menacée, car de nombreux fidèles dans le monde entier attendant une réponse définitive, nous suspendrons l'assentiment, et la mission de Pierre, qui aime et unit, échouera".

    À lire et à diffuser.

    La rédaction (de Messa in Latino)

    Appel au Pape et au Synode de nombreux catholiques réunis à Assise

    C'est avec inquiétude et appréhension que nous attendons l'Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques, convoquée à Rome en octobre prochain, sur le thème de la "synodalité". En tant que fils et filles de l'Église et citoyens de cette grande Nation (italienne), nous nous tournons vers le Pape François, en lui demandant d'avoir le grand courage, que ses vénérables prédécesseurs ont eu, de ne jamais permettre aucune déviation de la doctrine catholique, en réaffirmant la vérité de l'Évangile, capable de révéler et de restaurer, à l'homme et aux peuples, leur Vocation originelle et la plus élevée.

    N'autorisez pas que le Synode s'attaque à la nature de l'Église une, sainte, catholique et apostolique. Cette inquiétude ne vient pas d'une idéologie, mais des processus que vous avez greffés et que vous encouragez, comme vous l'avez confié à un évêque italien lors d'un précédent synode.
    La doctrine n'est rien d'autre que l'enseignement catholique, que Paul appelle la "force de l'Évangile". Elle ne se réduit pas au Credo, mais s'étend au Catéchisme, qui n'est pas de l'eau distillée, mais un condensé de la vie et de la sainteté vécues par l'Église.

    Comme le dit Card. Caffarra : une Église sans doctrine n'est qu'une Église plus ignorante.

    En tant que fidèles, avec le sensus fidei, proportionnel au développement de la foi et à la sainteté de vie de chacun, nous sommes appelés à défendre la foi pour pouvoir la répandre dans le monde, comme cela s'est produit au Concile d'Éphèse. Le sensus fidei n'est pas la volonté gènérale de Rousseau, résultat de l'influence de la pensée dominante à un moment donné, mais ce qui a été cru toujours, partout et par tous - laïcs et prêtres - dans le monde entier au cours des siècles. Le sensus fidei agit comme une sorte de système immunitaire spirituel, qui fait que le fidèle reconnaît et rejette instinctivement toute erreur.

    Aujourd'hui, dans l'Église, on tente de nous convaincre qu'embrasser l'hérésie et l'immoralité n'est pas un péché, mais plutôt une réponse à la voix de l'Esprit Saint, qui parlerait à travers des personnes qui se sentent marginalisées.

    Saint-Père, le document de travail du prochain Synode n'est pas un résumé de la foi catholique ou de l'enseignement du Nouveau Testament. Il est radicalement incomplet, ambigu et, à bien des égards, hostile à la tradition apostolique pérenne. Il n'y a aucune reconnaissance du Nouveau Testament en tant que Parole de Dieu, la norme pour tout enseignement sur la foi et la morale. Ceux qui la rédigent rêvent d'une autre Église, qui n'a rien de la foi catholique. Votre Sainteté, mettez fin à toute ambiguïté entre le "Sinodaler Weg" et le Synode universel, avertissez l'Église allemande et nommez un autre rapporteur général pour le prochain Synode.

    Ne permettez pas à l'Église d'enseigner aujourd'hui des doctrines contraires à celles qu'elle a précédemment enseignées en matière de foi et de morale, en autorisant la bénédiction d'unions entre personnes homosexuelles, suggérant ainsi que le comportement homosexuel en tant que tel ne serait pas contraire à la loi de Dieu et au chemin d'une personne vers Dieu.

    Ne donnez pas au prochain Synode, qui n'est qu'une représentation pilotée de pasteurs et de fidèles, l'autorité sur les questions doctrinales et pastorales, qui appartient exclusivement au Pontife romain et au Collège des évêques. Dans le cas contraire, l'unité de l'Église sera gravement menacée, car de nombreux fidèles dans le monde entier attendant une réponse définitive, nous suspendrons l'assentiment, et la mission de Pierre, qui aime et unit, échouera.