Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Débats - Page 84

  • Notre-Dame de Paris : un nouveau mobilier liturgique qui ne fait pas l'unanimité

    IMPRIMER

    De Cécile Mérieux sur le site du journal La Croix :

    Notre-Dame de Paris : le nouveau mobilier liturgique ne fait pas l’unanimité

    Le projet d’aménagement intérieur de la cathédrale ne fait pas l’unanimité. Dévoilé vendredi 23 juin, les avis sont partagés sur le choix du diocèse de Paris et de son archevêque Mgr Laurent Ulrich, après avis du comité artistique.

    27/06/2023

    Un autel incurvé, en haut de trois marches, une cathèdre design, un pupitre très épuré, un tabernacle stylisé, le tout dans un bronze brun, sombre et massif. C’est le nouveau mobilier liturgique choisi pour la cathédrale Notre-Dame de Paris restaurée. Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris, en a confié, vendredi 23 juin, après consultation du comité artistique, sa réalisation au designer Guillaume Bardet.

    Toutefois, le projet de l’artiste, ancien résident de la Villa Médicis à Rome, et auteur d’autres projets liturgiques, n’a pas convaincu tout le monde par son style épuré, jugé austère par certains. Des critiques se sont exprimées sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitter avec le hashtag #saccageNotreDame.

    D’autres nouveaux aménagements sont prévus dans la cathédrale : un baptistère rond et doré de Guillaume Bardet, un parterre de chaises au design signé Ionna Vautrin et un reliquaire pour abriter la couronne d’épines du Christ, réalisé par l’artiste Sylvain Dubuisson. Plusieurs personnalités du domaine de l’art sacré ont émis des critiques, à l’instar de Pierre Téqui, historien de l’art.

    Dans une tribune publiée par Famille chrétienne, il regrette notamment que le reliquaire de la couronne d’épines ne fasse pas aussi l’objet d’un concours. « L’une des reliques les plus insignes de toute l’histoire de la chrétienté (…) va donc être placée sur un treillage de bois, s’indigne-t-il, choix qui prive les créateurs du monde entier d’une formidable occasion de faire le don de leur talent. »

    « Une dimension artistique au second plan »

    S’il vante « un ensemble unifié » et une « solide réflexion spatiale », Pierre Téqui regrette l’absence de crucifix, mais plus largement un « manque de monumentalité » et une « omniprésence de l’abstraction »« À toujours reléguer la dimension artistique au second plan, on s’abîme dans le fonctionnalisme. L’Église aurait-elle peur des artistes ? », questionne-t-il.

    Sur Facebook, il émet des critiques sur l’autel lui-même, qui « doit être signe de la présence du Christ ». Selon lui, « cette austérité est mal venue : car elle n’est pas au service d’un Dieu qui s’est fait homme, qui a pris chair pour souffrir la passion et nous guider vers le Père ».

    La créatrice de mobilier liturgique Fleur Nabert alerte, elle, sur des « questions d’ordre purement liturgique et technique » : « La taille de l’autel semble très réduite pour la concélébration. » Elle alerte également sur l’étroitesse des marches autour de l’autel, qui présente selon elle un risque de chute. Elle regrette par ailleurs la présence de seulement deux confessionnaux.

    Débat après débat

    Au lendemain de l’incendie, en avril 2019, le lancement d’un concours d’architecture pour restaurer l’édifice avait déjà suscité beaucoup de réactions. Les défenseurs du patrimoine s’étaient émus que l’on puisse remodeler la cathédrale, avant d’obtenir gain de cause. La cathédrale est en cours de restauration dans la version identique à celle de Viollet-le-Duc, précédant l’incendie.

    L’espace liturgique de la cathédrale a également été le sujet de débats. Le choix de l’architecte a été confié au diocèse de Paris et plus particulièrement à son archevêque. Dans le communiqué du diocèse, Mgr Laurent Ulrich a expliqué vouloir « donner à notre cathédrale un mobilier liturgique d’une “noble simplicité”, qui soit le support le plus respectueux et le plus digne pour notre prière, dans le respect de la liturgie de l’Église catholique, capable de toucher le cœur de chaque visiteur y compris en dehors des célébrations ».

    Une cathédrale qui s’ouvre à tous, aux fidèles et aux touristes : c’est la ligne directrice de l’artiste Guillaume Bardet. « Les pièces doivent avoir une forme d’évidence pour les catholiques et être remarquables pour les non-chrétiens », argue-t-il. « Elles doivent exister pendant et hors la liturgie : sans crier, mais sans se cacher non plus. Être une présence évidente. »

    Écouter et rassurer

    Du côté du diocèse de Paris, on dit être à l’écoute des remarques pour tenter de rassurer ceux qui s’inquiètent sur différents points du réaménagement. Bien conscient qu’un tel projet ne peut pas plaire à tout le monde, il assure prendre en considération les craintes exprimées quant au respect de la vocation du mobilier. Le diocèse souligne le sérieux du travail de sélection de l’artiste avec un cahier des charges très rigoureux, soixante-neuf candidatures étudiées, et neuf mois nécessaires au comité artistique pour se positionner sur le projet.

    Le comité artistique est composé de membres du ministère de la culture, des bâtiments publics, des spécialistes de l’art sacré, de la liturgie et de la création artistique. Parmi eux, des chanoines de Notre-Dame qui connaissent les besoins de la cathédrale. Les images diffusées depuis le choix de l’artiste sont issues de son dossier de candidature. Désormais, un dialogue va s’engager avec l’artiste et le projet est ainsi encore susceptible d’évoluer.

  • Inquiétant !

    IMPRIMER

    A propos de la désignation de Luc Terlinden au siège de l'archevêché de Malines-Bruxelles, le commentaire que fait Vincent Delcorps dans Dimanche a de quoi inquiéter :

    Luc Terlinden? Une surprise qui n’en est pas une (Édito par Vincent Delcorps) : « Une chose est certaine: la nomination de Luc Terlinden est un signal fort du pape François. Un double signal même. 1) Le pape donne sa bénédiction au style largement adopté par l’Eglise de Belgique depuis plusieurs décennies. Un style qui se caractérise par une proximité avec l’Evangile, mais aussi par de l’humilité, de l’ouverture, une volonté de dialoguer avec la société – et de se laisser interpeller par elle. Entre Godfried Danneels, Jozef De Kesel et Luc Terlinden, la filiation est évidente. C’est toute cette lignée (!) qui se voit aujourd’hui saluée. (2. ...)

    Doit-on penser que, d'après l'éditorialiste, le nouvel archevêque s'identifie à cette vieille génération d'évêques pusillanimes ne risquant jamais de rappeler avec force les valeurs de l'éthique et de la doctrine catholique, laissant les choses aller à la dérive et allant même jusqu'à bénir les unions homosexuelles ? Et que si Luc Terlinden s'inscrit dans une filiation procédant de Godfried Danneels et Jozef De Kesel, il tournerait résolument le dos à l'héritage de Mgr Léonard ? Pourtant, nous ne sommes pas sûrs que Vincent Delcorps apprécie les choses avec justesse. Nous espérons que Luc Terlinden, appartenant à la génération des prêtres ordonnés lors du pontificat de Jean-Paul II, aura le souci de proclamer la foi de l'Eglise à temps et à contretemps. La suite nous dira ce qu'il faut en penser mais nous croyons, pour notre part, que le nonce apostolique a bien fait son travail et est allé chercher les candidats les plus susceptibles d'orienter l'Eglise de Belgique dans une direction moins calamiteuse que celle qu'elle a connue dans un passé récent. 

  • "Le synode nuira à l'ensemble de l'Eglise"

    IMPRIMER

    De Joachim Heimerl sur kath.net/news :

    "Un synode de l'horreur nous attend-il en 2023/24 ?"

    27 juin 2023

    "Aujourd'hui déjà, les médias le considèrent comme un 'parlement ecclésiastique' ou un 'mini-concile' et les affirmations contraires du secrétariat du synode ne font que renforcer cette malheureuse impression." Un commentaire invité de Joachim Heimerl

    Linz (kath.net/joh) Récemment, j'ai entendu une dame se faire interroger sur "l'Église synodale". Sa réponse fut aussi brève que pertinente : "Je vous en prie ! Je suis catholique et non synodale". Je ne peux moi-même que me rallier à cette affirmation, même si l'expression "Église synodale" est désormais sur toutes les lèvres, comme s'il s'agissait d'un credo.

    En réalité, cette notion ne figure dans aucun document du magistère ni dans aucun catéchisme ; elle n'apparaît pas non plus dans le "Credo". Celui qui parle de "l'Église synodale" parle donc de quelque chose qui n'existe pas.

    Les synodes des évêques n'ont rien à voir non plus avec l'"Église synodale", et sous leur forme actuelle, ils n'existent même pas depuis longtemps, mais n'ont été introduits qu'en 1967 par Paul VI pour conseiller les papes. Celui qui prétend le contraire propage des fake news, même si, entre-temps, même des cardinaux le font. Des slogans comme "la synodalité fait partie de l'ADN de l'Eglise" sont au mieux idéologiques, mais ils ne sont pas catholiques.

    Bien sûr, le prochain synode des évêques de 2023/24 n'est officiellement qu'un organe consultatif, mais officieusement, il est déjà bien plus que cela. Cela se voit notamment au fait que des laïcs participent au synode et qu'ils ont en outre le droit de vote. Il est clair que cela contredit fondamentalement la définition d'un synode des évêques. Mais il est également clair que l'importance de ce synode s'en trouve considérablement accrue. Aujourd'hui déjà, les médias le considèrent comme un "parlement ecclésiastique" ou un "mini-concile" et les affirmations contraires du secrétariat du synode ne font que renforcer cette impression malheureuse.

    Le fait est que le prochain synode doit introduire un changement de paradigme dans l'Eglise, ce que le document de travail récemment publié prouve de manière irréprochable. L'objectif du synode est ainsi devenu évident : le célibat ecclésiastique doit être supprimé et, avec l'introduction de diaconesses, le sacrement de l'ordre également. En outre, le sacrement du mariage doit être encore assoupli par la "bénédiction" des couples homosexuels et par l'acceptation de la polygamie - païenne - sous quelque forme que ce soit. Il existe en outre toute une série d'autres propositions, toutes aussi ahurissantes les unes que les autres.

    La perfidie de ce document de travail est double : il contient - premièrement - principalement des questions, mais qui ne sont que de nature rhétorique et ne demandent qu'une réponse positive. Et - deuxièmement - il est d'emblée élevé au rang d'engagement, puisque le secrétariat du synode le qualifie de "document de l'Eglise tout entière". L'histoire de l'élaboration du texte montre déjà que ce n'est qu'un tour de passe-passe et - pardon - un mensonge pur et simple ; le pourcentage de participation de "l'ensemble de l'Église" était à peine supérieur à zéro ! Mais la vérité ne compte pas pour les organisateurs du synode. Les cardinaux Grech et Hollerich veulent déjà augmenter la pression sur le pape ; après tout, il est difficilement imaginable que François s'oppose à "toute l'Eglise". Pour éviter que cela n'arrive finalement, Hollerich a prévu une sécurité "étanche" : il ne cesse de revendiquer l'action du Saint-Esprit, et ce avant même que le synode n'ait commencé.

    Or, aucun synode ne peut se prévaloir du Saint-Esprit, et il n'a pas la moindre autorité doctrinale. Le "Saint-Esprit" de Hollerich n'est qu'un alibi bon marché pour faire passer un agenda de gauche qui contredit fondamentalement les Saintes Écritures et l'ensemble de l'enseignement de l'Église jusqu'à présent. - Non ! Ce synode n'a pas plus à voir avec l'Esprit Saint que Jésus n'a fondé une "Eglise synodale", et encore moins une Eglise qui veut s'aligner sans retenue sur le monde.

    Pourtant, le synode représente une sérieuse menace pour l'Église. Au plus tard après la disparition du pape Benoît XVI, la voie semble désormais libre pour suivre cette herméneutique radicale de la rupture qui commence à se dessiner de plus en plus clairement ces derniers temps. Selon le modèle funeste de la "voie synodale" en Allemagne, il s'agit désormais d'établir une nouvelle Eglise "romaine" qui n'a plus rien de commun avec l'Eglise catholique et qui ne cherche plus son unité fondée par le Christ en Pierre, mais dans une vague "diversité". - Le fait que ce terme non biblique devienne le concept clé du document synodal en dit long ; même Luther n'aurait pas eu recours à des astuces aussi minables.

    Parce que, selon la volonté de Paul VI, un synode n'est rien en soi, la balle est dans le camp du pape à la fin de chaque synode. Si François devait effectivement faire siennes les positions de ce document de travail néfaste, il entrerait sans aucun doute dans l'histoire comme le pape qui a détruit l'Eglise.

    Personne ne sait pour l'instant si on en arrivera là. En revanche, il est d'ores et déjà certain que le synode nuira à l'ensemble de l'Eglise. Il suffit de jeter un coup d'œil à la sombre Allemagne : la "voie synodale" y a entre-temps déchiré les Eglises locales, l'épiscopat allemand s'est en fait séparé de l'Eglise romaine et s'est divisé en son sein ; l'"Eglise synodale" est devenue l'Eglise appartenant en propre à des hérétiques allemands qui usurpent en outre leurs sièges épiscopaux.

    Comme si ce désastre ne suffisait pas, on n'a rien d'autre à faire à Rome que de reprendre les hérésies allemandes sous forme de "questions", de poncer les murs de l'Eglise et de la livrer au couteau de l'esprit du temps.

    Ce qui semblait impensable sous Benoît XVI et Jean-Paul II est en train de devenir une réalité consternante. L'Église est ainsi confrontée à une période dramatique et sans doute aussi à l'accomplissement d'une prophétie. Dans le message de Notre-Dame d'Akita (Japon 1973), reconnu par l'Eglise, il est dit textuellement : "(...) Des machinations diaboliques s'infiltreront même dans l'Eglise, et des cardinaux se dresseront contre des cardinaux et des évêques contre des évêques. Les prêtres qui me vénèrent seront méprisés et combattus par leurs confrères. Les autels et les églises seront dévastés. L'Église sera remplie de gens qui accepteront des compromis".

    Il est difficile de résumer plus précisément ce que nous vivons avec le prochain synode de l'horreur. - Et nous pouvons être sûrs que le Saint-Esprit confirmera toujours le magistère et la tradition actuels.

  • Le Vatican refuse au pèlerinage Summorum Pontificum l'autorisation de célébrer la messe en latin à Saint-Pierre

    IMPRIMER

    De Michael Haynes sur LifeSiteNews :

    Le Vatican refuse au pèlerinage Summorum Pontificum l'autorisation de célébrer la messe en latin à Saint-Pierre

    Les catholiques ne pourront pas assister à la messe traditionnelle au Vatican, qui marque le pèlerinage annuel depuis plus de dix ans.

    26 juin 2023

    VILLE DU VATICAN (LifeSiteNews) -- Pour la première fois depuis sa création, le pèlerinage international de la messe traditionnelle qui se tient à Rome chaque année n'obtiendra pas la permission d'organiser une messe traditionnelle à l'intérieur de la basilique Saint-Pierre.

    Depuis ses débuts en 2011, le pèlerinage Summorum Pontificum, désormais connu sous le nom de pèlerinage Ad Petri Sedem, a attiré à Rome des milliers de catholiques du monde entier par amour de la messe et des sacrements traditionnels. À l'exception des perturbations causées par les restrictions imposées par le COVID-19, le pèlerinage a toujours inclus la célébration d'une messe traditionnelle dans la basilique Saint-Pierre.

    Joseph Shaw, président de la Fœderatio Internationalis Una Voce (FIUV), a relaté les détails des précédentes célébrations des messes du pèlerinage à l'intérieur du Vatican. Il a décrit la progression graduelle du pèlerinage, qui est passé de l'utilisation des chapelles latérales autour de la basilique en 2007 à la célébration de la messe sur l'autel du trône.

    C'est ce qui s'est passé l'année dernière, avec environ 1 700 personnes qui se sont rassemblées à Rome pour célébrer les rites traditionnels de l'Église à l'autel de la Chaire de saint Pierre. Monseigneur Marco Agostini, qui fait partie de la Secrétairerie d'État du Vatican et qui est l'un des maîtres de cérémonie du pape, a célébré la messe pour les pèlerins lors de l'édition 2022, alors que les pèlerinages précédents avaient été marqués par des évêques ou des cardinaux offrant la liturgie du Vatican.

    READ : "Extrêmement encourageant" : Plus de 1 000 personnes participent au pèlerinage de la messe en latin au Vatican

    Cependant, dans une mise à jour fournie par les organisateurs ces derniers jours, la nouvelle de l'arrêt de la messe traditionnelle pour le pèlerinage au Vatican a été communiquée. Evoquant un "changement important et délicat" - le pèlerinage se déroule du vendredi 27 au dimanche 29 octobre - les organisateurs ont révélé que la messe traditionnelle ne pourrait pas avoir lieu.

    La déclaration se lit comme suit :

    Puisque le cardinal (Mauro) Gambetti - certainement en raison d'un ordre supérieur - n'autorise pas la célébration d'une messe cette année (c'est-à-dire que la directive ne concerne que cette année, et même ainsi, sous réserve d'un éventuel changement de dernière minute), notre célébration sur place consistera en.. :

    1. La procession au tombeau du Prince des Apôtres et le chant du Credo.

    2. Le chant de l'office de sexte des saints apôtres Simon et Jude à l'autel de la Chaire.

    3. La vénération des reliques des saints apôtres Simon et Jude (leurs corps se trouvent dans la basilique vaticane), la bénédiction et le chant final.

    Le cardinal Gambetti est l'archiprêtre de la basilique Saint-Pierre, le vicaire général du pape pour la Cité du Vatican et le président de la fabrique de Saint-Pierre depuis février 2021. Peu après l'entrée en fonction de M. Gambetti en 2021, les messes traditionnelles privées ont été pratiquement interdites dans la basilique et les prêtres ont reçu l'ordre de concélébrer les messes du Novus Ordo plutôt que de dire ces liturgies en privé. Ces restrictions émanaient de la Secrétairerie d'État du Vatican, mais certains ont émis l'hypothèse que Gambetti n'était pas à l'origine de cette décision.

    Fin juin 2021, le cardinal a également émis des restrictions sur l'utilisation du latin dans les messes de la basilique papale, stipulant largement l'utilisation de l'italien pour la liturgie.

    Cependant, avec la publication plus récente du motu proprio Traditionis Custodes du pape François et les dubia et Rescript ultérieurs du cardinal Arthur Roche, l'accès à la messe traditionnelle a été largement restreint.

  • Occident : une déchristianisation inéluctable ?

    IMPRIMER

    Du Club Le Figaro Idées sur youtube :

    Occident, la fin du sacré ? Suivez le Club Le Figaro Idées animé par Eugénie Bastié

    1 - La déchristianisation : un phénomène inéluctable ?

    2 - Seuls face à la mort

    3 - Une religion identitaire ?

    Retrouvez Le Club Le Figaro Idées, avec Sonia Mabrouk, Laurence de Charette et Guillaume Cuchet, autour d'Eugénie Bastié.

  • Le document de préparation du synode sur la synodalité : une opportunité providentielle ?

    IMPRIMER

    De l'abbé Claude Barthe sur le site de l'Homme Nouveau :

    LE DOCUMENT DE PRÉPARATION DU SYNODE SUR LA SYNODALITÉ : UNE PROVIDENTIELLE OPPORTUNITÉ

    23 Juin 2023 

    La publication, le 20 juin, de l’Instrumentum laboris, le document de préparation pour les travaux de la prochaine assemblée générale du Synode des Évêques sur la synodalité (“Instrumentum laboris” della XVI Assemblea Generale Ordinaria del Sinodo dei Vescovi (vatican.va) constitue un événement tellement hénaurme, qu’il pourrait constituer une providentielle opportunité à saisir pour avancer vers un rétablissement de l’ordre dans l’Église.

    L’ère du vide

    Le projet, sur lequel auront à plancher les évêques réunis à grands frais de toutes les parties du monde, à Rome en octobre de cette année et de l’année prochaine est en un sens formidablement ambitieux : il s’agit de lancer une « Église synodale ».

    Pourquoi ? Pour répondre à la question qu’assurément tout le monde se pose : « Comment se réalise aujourd’hui, à différents niveaux (du niveau local au niveau universel) ce “ marcher ensemble ” qui permet à l’Église d’annoncer l’Évangile, conformément à la mission qui lui a été confiée ; et quels pas de plus l’Esprit nous invite-t-il à poser pour grandir comme Église synodale ? » C’est un morceau d’anthologie qui permet de comprendre que la synodalité, c’est … la synodalité.

    Le pathos de ce document, sur des pages et des pages, est agrémenté de schémas explicatifs, par exemple sur « une communion qui rayonne », avec des flèches qui arrivent et partent de cercles concentriques et aboutissent à des petits cœurs. « Farceurs ! », eût dit Bernanos. Mais farce sinistre, car elle délivre un message d’infusion massive de démocratisme moderne dans les structures de l’Église.

    On ne sait d’ailleurs s’il faut rire ou pleurer : on parlait jadis de « réunionite » qui frappait les clercs et laïcs engagés. Pour le coup, c’est une Église réunionante qu’imaginent les auteurs de cet Instrumentum, une Église en perpétuelle réunion de haut en bas. Une Église où on cause entre soi, à défaut d’annoncer l’Évangile aux nations.

    Par exemple, on procédera « au renouvellement du ministère épiscopal au sein d’une Église plus pleinement synodale », par une « dynamique de la conversation », qui animera les réunions et les conseils quotidiens, en sorte qu’on puisse arriver à un « consensus efficace ».

    Et l’évêque ainsi reformaté dans son ministère par cette « dynamique de la conversation », devra s’autoévaluer et être évalué (par qui ? par ceux qui réunionent) à propos de la manière dont il accomplit son service « dans un style synodal ». Non seulement l’évêque devra causer, mais causer de la manière dont il cause.

    Ceci dit, sous le règne du très politique pape François, il faut tenter de décrypter les intentions cachées de cette formidable tentative d’esbroufe. L’évocation de ces processus de fonctionnement conformes à la démocratie moderne, se garde bien de toucher à la nomination des évêques.

    Elle ne parle pas non plus d’ouvrir la prêtrise aux femmes. En fait, ce projet d’Église synodale exacerbe les divisions, mais semble un projet vide. Volontairement peut-être. Le but recherché pouvant être aussi de faire monter tout un nuage de propositions démagogiques vagues pour contenir les revendications, très concrètement subversives quant à elles, de la gauche conciliaire, celle qui s’exprime par exemple dans le Chemin synodal allemand.

    Revenir au Credo

    Cependant ce document caricatural nous paraît une opportunité qu’il ne faut pas laisser échapper. Il représente, comme tout ce qui passe depuis le début du pontificat bergoglien, une exacerbation des choses conciliaires. En l’espèce, ce pathos qui tend à la modification de la divine constitution de l’Église, sans cependant toucher à cette divine constitution, qui change tout sans rien changer, est typique de ce qu’on nous sert depuis plus d’un demi-siècle.

    Ainsi, Amoris laetitia modifie la morale du mariage en commençant par affirmer que « tous les débats doctrinaux, moraux ou pastoraux ne doivent pas être tranchés par des interventions magistérielles. » Ainsi, Unitatis redintegratio lance l’Église dans l’aventure œcuménique, sans jamais donner la moindre définition doctrinale de ce retournement dans la manière de comprendre la mission vis-à-vis des séparés. Ainsi Dignitatis humanæ pulvérise la doctrine du Christ-Roi en réalisant un flou artistique si réussi que, depuis lors, les interprétations se bousculent et s’entrechoquent en s’appuyant sur les affirmations en oui et en non.

    Nous ne mettons certes pas au même niveau les ambiguïtés sophistiquées du Concile, comme le susbistit in (l’Église du Christ subsiste dans l’Église catholique) de Lumen Gentium 8, avec la littérature un peu vulgaire de l’Instumentum (qui fait cependant parfois de beaux efforts : « promouvoir la communion exige d’assumer l’incomplétude de parvenir à vivre l’unité dans la diversité »).

    Qui plus est, l’Insrumentum est un texte de seconde importance. Un document romain cependant. Mais le principe est bien le même, d’une très grande modernité, pour ne pas dire d’un modernisme caractérisé : il s’agit parler de foi – de la changer comme en douceur – en faisant en sorte de ne pas se référer au Credo et au dogme comme sources.

    C’est pourquoi, il conviendrait d’isoler dans cette présente tentative à des propositions doctrinales, comme on le faisait jadis pour peser l’orthodoxie d’un texte. Ce qui aurait le double avantage de recentrer le débat sur le seul terrain qui vaille, celui de la doctrine évangélique telle que transmise par le magistère des papes et des conciles (des conciles magistériels, puisque depuis le dernier il faut préciser), et d’inviter ceux qui ont la charge de diffuser et de défendre cette doctrine du Christ, les évêques, à condamner les erreurs ainsi circonscrites.

    Pour prendre un exemple : « La plupart des Assemblées continentales ainsi que les synthèses de nombreuses Conférences épiscopales, dit l’Instrumentum (B 2-3 question 4)  demandent que la question de l’accès des femmes au diaconat soit réexaminée.

    Peut-on l’envisager et comment ? » Simple question, dira-t-on. Mais justement le fait de la poser laisse la réponse ouverte en oui et en non. Il s’agit donc de dire que le oui est hétérodoxe, tout simplement : si cette proposition signifie qu’il est envisageable que le diaconat, partie du sacrement de l’ordre, puisse être conféré à des femmes, cette proposition n’est pas catholique.

    Il restera à trouver 100 évêques (dont les cardinaux), 10 peut-être, 5 pour commencer, qui porteront cette condamnation toute simple. Et l’on aura avancé d’un grand pas.

    A lire également : Messe traditionnelle : prendre garde à ne pas étouffer la flamme

  • Le G7 et l'ONU font pression pour que l'avortement devienne un "droit de l'homme"

    IMPRIMER

    De Luca Volontè sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    CULTURE DE MORT
    Le G7 et l'ONU font pression pour que l'avortement devienne un "droit de l'homme".

    22-06-2023

    Le pouvoir de vie et de mort sur l'enfant à naître ne suffit plus : les pressions se multiplient pour l'inclure dans les droits de l'homme et encercler ainsi ceux qui veulent encore proclamer, au contraire, le droit à la vie. À la tête de cet assaut, une alliance mortelle dirigée par Biden, l'Union européenne et les Nations unies.

    Du G7 à l'ONU, la pression monte pour codifier l'avortement comme un "droit de l'homme". La bataille pour la protection de la vie humaine se poursuit sans relâche dans le monde entier et, pour l'instant, la position italienne est attentiste.

    Pourtant, la pression était évidente lorsque l'administration Biden et les autres membres du Groupe des Sept (Allemagne, Canada, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) ont introduit la "santé et les droits sexuels et reproductifs", un euphémisme invoqué pour l'avortement, ainsi que "l'avortement sûr et légal et les soins post-avortement" comme partie essentielle de la "couverture sanitaire universelle" dans le communiqué final des dirigeants du G7 à Hiroshima (17-21 mai). Lors de la réunion annuelle, les priorités des pays du G7 dans un certain nombre de domaines, notamment la sécurité mondiale, la politique économique et, parmi les droits de l'homme, l'avortement, le mariage et les droits des LGBTI, sont apparues encore plus clairement. D'ailleurs, sur cette dernière question des privilèges des LGBTI, il suffit de rappeler les polémiques internationales ridicules déclenchées par le Premier ministre canadien Trudeau et son gouvernement contre l'Italie et le président Meloni.

    Plus invasive encore est la pression exercée par les États-Unis sur le gouvernement hôte japonais, qui a été contraint de débattre au Parlement d'un projet de loi en faveur du mariage gay précisément pendant les journées du G7 et de promettre de l'approuver à la majorité du parti conservateur dans un délai très court, ce qui s'est produit ces derniers jours. Les Nations Unies ne sont pas en reste, qui depuis plusieurs années promeuvent de plus en plus effrontément, sans jamais l'avoir codifié au niveau international, l'avortement dans tous les pays du monde et à travers tous les instruments d'intervention, même humanitaires, qui relèvent de leur compétence.

    Les États-Unis et l'UE ont récemment tenté un blitz lors de la dernière conférence sur la population, l'éducation et le développement durable en avril dernier, dont nous avons rendu compte dans La Bussola. À cette occasion, la tentative des délégations des États-Unis et de l'UE d'inclure la promotion de la controversée "éducation sexuelle globale" dans le document final avait été déjouée grâce à l'opposition de 22 pays (Algérie, Arabie saoudite, Biélorussie, Brunei, Cameroun, Égypte, Érythrée, Éthiopie, Gambie, Irak, Iran, Libye, Mali, Mauritanie, Nigeria, République démocratique du Congo, Russie, Sénégal, Syrie, Ouganda, Yémen et Zimbabwe) qui ont contrecarré la menace.

    Aujourd'hui, un nouvel assaut se prépare pour inclure l'avortement, la santé sexuelle et reproductive et l'éducation à la contraception, dans la Déclaration politique sur la couverture sanitaire universelle, un document qui sera adopté par l'Assemblée générale du 12 au 20 septembre 2023. Selon les experts juridiques et les défenseurs de la famille pro-vie d'Adf International, c'est en septembre prochain que l'engagement de Biden et de son administration en faveur de la diffusion (imposition) du droit universel à l'avortement sera encore plus évident.  En effet, écrit la juriste Rachana Chhin dans Daily Signal, le magazine quotidien en ligne soutenu par la prestigieuse Heritage Foundation, "étant donné l'influence d'une déclaration politique sur les priorités des gouvernements du monde entier, c'est la cible parfaite pour chercher une référence à l'avortement comme un "droit de l'homme", renforçant ainsi le mensonge selon lequel le meurtre de la vie à naître est un droit international".

    Bien sûr, personne ne s'oppose aux améliorations nécessaires des soins de santé dans tous les pays du monde, mais inclure l'avortement parmi les services "nécessaires" contreviendrait au moins au droit souverain des États de déterminer au niveau national quels soins de santé sont considérés comme "essentiels" dans leur pays. Du côté de l'administration Biden, hélas, se trouvent non seulement la plupart des pays européens, à l'exception de la Hongrie et de la Pologne, mais aussi les fondations philanthropiques de Soros, Gates et Rockefeller, qui contrôlent et financent déjà, comme nous l'avons décrit dans La Bussola, la plupart des hauts représentants des droits de l'homme et des multinationales de l'avortement telles que l'IPPF, Marie Stopes International, le Centre pour les droits reproductifs, etc.

    Si l'avortement était considéré comme un droit humain international, ou au moins "essentiel" dans le cadre de la "couverture sanitaire universelle", une pression immense pourrait être exercée sur tous les pays du monde pour qu'ils abolissent d'abord la criminalisation de l'avortement et qu'ils abrogent ensuite les réglementations nationales pro-vie. N'oublions pas que toutes ces actions malveillantes sont encouragées en sachant parfaitement qu'il n'existe pas de "droit de l'homme" international à l'avortement. Du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui reconnaît que "tout être humain" a un droit inhérent à la vie (article 6.1) et interdit aux États d'appliquer la peine de mort aux femmes enceintes (article 6.4), au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, qui stipule que "tous les enfants et adolescents" doivent bénéficier de mesures spéciales de protection et d'assistance (article 10.3), à la Convention relative aux droits de l'enfant, qui reconnaît que : "l'enfant, en raison de son manque de maturité physique et intellectuelle, a besoin d'une protection spéciale et de soins spéciaux, notamment d'une protection juridique adéquate, aussi bien avant [souligné par nous] qu'après la naissance", il n'existe aucune preuve de l'existence d'un droit humain à l'avortement. 

    La pression de Biden, de l'UE, du G7 et des lobbies meurtriers est énorme mais, d'un autre côté, la coalition des pays de la Déclaration du Consensus de Genève d'octobre 2020 et d'autres pays d'Afrique et d'Asie continuent de s'opposer à ces tentatives de légalisation et de promotion de l'avortement. A 9 mois de l'entrée en fonction du gouvernement de Giorgia Meloni, il est légitime de se demander : "L'Italie restera-t-elle du côté des USA néocolonialistes, de l'UE, des lobbies et des avorteurs, ou défendra-t-elle la vie et la compétence nationale ?"

  • La synodalité ou la révolution en marche

    IMPRIMER

    De Jean-Marie Guénois sur le Figaro de ce 21 juin 2023 (via le Forum Catholique) :

    Le pape veut une réforme radicale du pouvoir dans l’Église

    Rarement l’Église catholique s’est remise en cause à ce point. L’instrumentum laboris - le « document de travail » - du prochain synode des évêques « pour une Église synodale », programmé à Rome en deux sessions (octobre 2023 et octobre 2024), entend inverser totalement la hiérarchie habituelle de la prise de décision ecclésiale au profit des laïcs. Il propose d’ailleurs une nouvelle méthode collective de prise de décisions, normée, « la conversation dans l’Esprit », qui présiderait à toutes les décisions.

    Publié mardi par le Vatican, ce document de travail demande également à ce que l’Église réfléchisse à l’ordination sacerdotale d’hommes mariés et à l’ordination diaconale de femmes. Quant aux évêques, ils devraient être régulièrement évalués dans leur charge et contredits, si nécessaire, dans leur gouvernement. Le synode espère enfin que des « groupements d’églises locales » à travers le monde puissent autant peser que Rome dans les grandes décisions. Cela pourrait aller jusqu’à la décentralisation de l’autorité doctrinale, non plus réservée à Rome, mais accordée pour partie à des « instances continentales ».

    Ces mesures ne sont pas encore adoptées mais elles sont le fruit d’une consultation mondiale de tous les catholiques lancée par le pape François en octobre 2021, pour préparer ce synode intitulé « Pour une Église synodale, communion, participation, mission ». Comme d’autres éditions du synode, celui-ci réunira environ 300 évêques et experts au Vatican pour débattre pendant trois semaines afin de formuler des propositions de réformes au pape. Mais seul le pape aura le pouvoir de confirmer ou non ces idées et questions, devenues propositions après vote du synode. Si elles devaient devenir des réformes concrètes, ce serait à l’aube de l’année 2025, après les deux sessions synodales.

    Pour François, il s’agit de profiter des effets dévastateurs de la crise des abus sexuels d’une minorité de prêtres pour déconstruire la hiérarchie du pouvoir dans l’Église en partant non plus du sommet mais du « peuple de Dieu ». À savoir, les laïcs de base qui ont des « droits » en vertu de leur « dignité de baptisés ». L’idée est de lutter contre le « cléricalisme » en vue, espère-t-il, d’un rebond de l’évangélisation.

    À côté de cette inversion totale de la pyramide hiérarchique de « l’Église catholique », qui doit devenir une « Église synodale », les requêtes de fond ne sont pas une surprise. Elles recoupent tous les accents du pontificat du pape François. Première place est donnée aux « pauvres » : « Dans une Église synodale, les pauvres, au sens de ceux qui vivent dans la pauvreté et l’exclusion sociale, occupent une place centrale. » Puis vient « le soin de la maison commune », la terre qui subit le « changement climatique ». Apparaissent ensuite les « migrants » avec qui « les fidèles catholiques » doivent « cheminer ». Des catholiques qui doivent d’ailleurs travailler à la « promotion des pauvres » en « prêtant voix à leur cause » pour « dénoncer les situations d’injustice et de discrimination sans complicité avec ceux qui en sont responsables ».

    De même, les paroisses devraient « vraiment accueillir tout le monde ». Dont « les personnes divorcées et remariées, les personnes polygames ou les personnes LGBTQ+ », des situations mises sur le même plan dans le document du Vatican. Place doit être également donnée aux « victimes » qui ont été « blessées par des membres de l’Église ».

    L’autre grand chapitre ouvert par ce synode est celui des ministres ordonnés : les diacres, prêtres, évêques. Il s’agit d’entrer dans « une conception ministérielle de toute l’Église » en « imaginant de nouveaux ministères ». Soit « un appel clair à dépasser une vision qui réserve aux seuls ministres ordonnés (évêques, prêtres, diacres) toute fonction active dans l’Église, réduisant la participation des baptisés à une collaboration subordonnée ».

    Une large place est alors donnée « au statut et au rôle des femmes » pour pallier les « échecs relationnels » entre les « ministres ordonnés » et les femmes qui vivent « des formes de discrimination et d’exclusion ». L’enjeu est ainsi défini : « la présence des femmes à des postes de responsabilité et de gouvernance » est « cruciale » pour une Église « de style plus synodale ». Par conséquent, « la question de l’accès des femmes au diaconat » doit être « réexaminée », mais pas au titre d’une « revendication catégorielle ».

    Les prêtres et les évêques, en revanche, sont plutôt mis sur le banc des accusés par le document du Vatican. On « apprécie » le « don du sacerdoce ministériel » mais apparaît un « profond désir de le renouveler dans une perspective synodale ». Les prêtres, qui ont pourtant donné leur vie, seraient « éloignés de la vie et des besoins du peuple, souvent confinés à la seule sphère liturgico-sacramentelle ». Pire, « le cléricalisme est une force qui isole, sépare et affaiblit une Église saine et entièrement ministérielle » et il « empêche la pleine expression de la vocation des ministères ordonnés dans l’Église ». Il faudrait donc, dès le séminaire, préparer les futurs prêtres « à un style d’autorité propre à une Église synodale ». Ce qui reste un défi car la consultation mondiale a mis en évidence « la difficulté d’impliquer une partie des prêtres dans le processus synodal ». Beaucoup d’entre eux boudent en effet cette opération. Enfin, une question pourtant taboue est ouvertement posée par le texte du Vatican : il serait opportun « de revoir (…) la discipline sur l’accès au presbytérat d’hommes mariés ».

    La remise en cause des évêques est encore plus radicale. On leur demande de « ne pas considérer la participation de tous comme une menace pour leur ministère de gouvernement ». Il faut donc « repenser les processus de décision » par « une plus grande transparence » avec un « exercice moins exclusif du rôle des évêques ». Des évêques qui n’ont qu’à bien se tenir car le synode pourrait demander de définir des « critères » pour leur « évaluation et auto-évaluation ». Le synode voudrait aussi discuter jusqu’au « fondement » de l’autorité épiscopale quand l’évêque refuserait de suivre « l’avis réfléchi » des « organes consultatifs » qui devraient primer. Comment les évêques peuvent-ils, demande le document, « discerner séparément des autres membres du peuple de Dieu », à savoir les laïcs ? Ils doivent, au contraire, viser « l’optique de la transparence et de la redevabilité (capacité à rendre des comptes) ». Il faudrait aussi revoir « le processus de discernement pour identifier les candidats à l’épiscopat ».

    Dernier axe de ce désir synodal de réforme, l’inscription de la réforme dans le droit de l’Église, le droit canonique, pour la rendre pérenne. Autour de ce postulat rédigé comme tel par le Vatican : « Une Église constitutivement synodale est appelée à articuler le droit de tous à participer à la vie et à la mission de l’Église en vertu de leur baptême avec le service de l’autorité et l’exercice de la responsabilité. » Les laïcs avaient des devoirs dans l’Église, ils ont maintenant des « droits ». François, jésuite, portait cette révolution du pouvoir dans l’Église bien avant d’avoir été élu pape. Ce serait sa grande réforme. Si elle aboutit.

  • L'ONU tente d'imposer l'orthodoxie LGBT à toutes les religions

    IMPRIMER

    De Stefano Gennarini sur le Friday Fax (C-Fam) :

    L'ONU tente d'imposer l'orthodoxie LGBT à toutes les religions

    21 juin 2023

    NEW YORK, 23 juin (C-Fam) La liberté religieuse s'arrête là où les droits LGBT commencent. Telle est la conclusion d'un nouveau rapport des Nations unies sur le droit à la liberté de religion et de conviction.

    Ce rapport invite les gouvernements à menacer et à punir les chefs religieux et les organisations qui ne se conforment pas à l'orthodoxie LGBT et, fait nouveau et sans précédent, à déstabiliser les religions de l'intérieur en soutenant les factions pro-LGBT au sein des confessions religieuses.

    L'expert indépendant des Nations unies sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre, Victor Madrigal-Borloz, auteur nominal du rapport, ne cache pas son intention de créer "un nouvel espace normatif" où les gouvernements imposent des normes LGBT acceptables pour la religion.

    "Les limites établies dans la conception même de la liberté de religion et de conviction - y compris les droits et libertés fondamentaux des personnes LGBT - sont la clé de la pleine compatibilité de la liberté de religion et de conviction et de toutes les actions nécessaires pour lutter contre la violence et la discrimination à leur encontre", conclut-il à la fin du rapport.

    Selon les conclusions du rapport, le clergé et les autres acteurs religieux devraient être menacés pour qu'ils se conforment aux normes religieuses officielles favorables aux LGBT, sous peine d'en subir les conséquences. Les gouvernements devraient "encourager les institutions religieuses à réfléchir à la manière dont leurs représentants seront tenus pour responsables dans les cas où ils encouragent la discrimination à l'encontre des personnes LGBT et d'autres personnes de sexe différent".

    Lorsque les religions enseignent que le comportement homosexuel est un péché ou que le sexe est une réalité biologique immuable, elles vont à l'encontre de la législation sur les droits de l'homme.

    "Il existe des coins sombres où les personnes LGBT sont considérées comme des pécheurs et des citoyens de seconde zone qu'il convient de mépriser et de maltraiter", indique le rapport.

    M. Madrigal-Borloz exhorte les États membres de l'ONU à utiliser les chefs et les institutions religieuses favorables pour promouvoir l'idéologie homosexuelle et transgenre. Il soutient expressément plusieurs groupes religieux dissidents : Catholics for Choice, qui promeut l'avortement, et Muslims for Progressive Values, qui promeut les questions liées à l'homosexualité et au transgenre. Il fait également l'éloge des humanistes non religieux qui considèrent le sexe comme "un trait évolué, sans signification intrinsèque".

    M. Madrigal-Borloz affirme que les personnes qui s'identifient comme homosexuelles ou transgenres ont "le droit d'accéder à la spiritualité sur un pied d'égalité avec tous les autres". Il conclut donc qu'à moins que toutes les religions ne soutiennent des idées pro-LGBT, les personnes qui s'identifient comme telles seront aliénées et exclues, ce qui leur causera de la douleur, des problèmes de santé mentale, les conduira potentiellement au suicide et, en fin de compte, violera leurs droits de l'homme.

    "Pour de nombreuses personnes, leur religion fait partie du fondement de leur sentiment d'identité, de la source de vérité", explique-t-il.

    Au cœur du rapport se trouve la conviction que la sexualité et l'identité de genre sont des droits fondamentaux au même titre, si ce n'est plus, que la liberté de religion.

    "Tous les croyants, y compris les responsables de religions et de croyances, ont une orientation sexuelle et une identité de genre, et toutes les personnes LGBT ont des croyances", affirme le rapport.

    Le rapport se prononce sur l'interprétation des écritures et la théologie.  Il dénigre les interprétations des écritures judéo-chrétiennes qui condamnent l'homosexualité en les qualifiant de "dogmatiques" et d'inventions modernes "homocolonialistes" et affirme que la moralité de l'homosexualité est une "question de débat théologique".

    Le rapport nie le fait que les professionnels de la santé et les institutions religieuses puissent s'opposer à la pratique d'avortements ou de traitements et d'interventions chirurgicales visant à "affirmer" le transgenre, y compris chez les enfants. Il nie également que les fournisseurs de services et de biens, tels que les boulangers et les fleuristes, puissent refuser de servir des personnes et des événements en raison de leur objection de conscience. Elle affirme que les écoles paroissiales ne peuvent pas licencier des enseignants sur la base de leur orientation sexuelle et de leur identité de genre.

    En fin de compte, Madrigal-Borloz promeut le mariage homosexuel comme un droit supérieur à la liberté religieuse. Il suggère même de forcer le clergé à célébrer des mariages homosexuels au prix de la perte de son privilège de célébrer des mariages légalement reconnus.

    "Une approche fondée sur les droits de l'homme remet directement en question les conceptions familiales qui excluent les personnes LGBT", explique-t-il.

    L'attaque sur plusieurs fronts du rapport contre la liberté religieuse sera présentée au Conseil des droits de l'homme à Genève jeudi après-midi.

  • Quatre évêques refusent de financer la Voie synodale allemande

    IMPRIMER

    Du National Catholic Register :

    Quatre évêques allemands bloquent le financement du Conseil synodal permanent

    Les quatre évêques sont le cardinal Rainer Maria Woelki de Cologne et trois évêques de Bavière : les évêques Gregor Maria Hanke d'Eichstätt, Stefan Oster de Passau et Rudolf Voderholzer de Regensburg.

    20 juin 2023

    Quatre évêques allemands ont voté mardi contre le financement du comité synodal qui se prépare à introduire un conseil synodal allemand permanent pour superviser l'Église en Allemagne.

    Les quatre évêques sont le cardinal Rainer Maria Woelki de Cologne et trois évêques de Bavière : les évêques Gregor Maria Hanke d'Eichstätt, Stefan Oster de Passau et Rudolf Voderholzer de Regensburg.

    La Conférence épiscopale allemande a publié une déclaration le 20 juin : "Pour la grande majorité des évêques diocésains, il est important que les 15 décisions de l'Assemblée synodale soient mises en œuvre le plus rapidement possible.

    Cependant, poursuit le communiqué, étant donné qu'une décision unanime des évêques est nécessaire pour fournir des ressources financières et humaines, "et que quatre évêques ont déclaré qu'ils n'accepteraient pas de financer davantage la Voie synodale", il est maintenant nécessaire de trouver d'autres moyens de financement, selon un rapport de CNA Deutsch, l'agence de presse partenaire de CNA en langue allemande.

    "La première réunion du Comité synodal aura lieu comme prévu les 10 et 11 novembre 2023", a indiqué la conférence épiscopale.

    L'une des questions clés sera le financement de ce projet controversé, étant donné que la Voie synodale a déjà coûté plusieurs millions de dollars. Bien que les chiffres du financement du comité synodal triennal n'aient pas été rendus publics, le porte-parole de la Conférence épiscopale allemande (DBK), Matthias Kopp, a déclaré au National Catholic Register en mai que 5,5 millions d'euros avaient été dépensés pour la Voie synodale au cours de sa phase initiale de trois ans d'assemblées.

    Mardi, les quatre évêques qui ont voté contre le financement du comité synodal lors d'une réunion des 27 évêques diocésains à Berlin ont déclaré dans un communiqué de presse commun que "le projet d'organiser maintenant un comité synodal en Allemagne, qui établira ensuite un conseil synodal, va à l'encontre des instructions claires du pape".

    "C'est pourquoi nous ne pouvons pas accepter cette démarche pour le moment", ont affirmé les quatre évêques.

    "Il n'est pas improbable qu'à ce stade, avec beaucoup d'argent et d'efforts, nous mettions en place un autre organe dont les compétences sont loin d'être claires - pour découvrir finalement que nous ne pouvons pas le faire de cette manière", ont expliqué le cardinal Woelki et les évêques Hanke, Oster et Voderholzer.

    "Sur la voie synodale, des décisions ont été prises qui suscitent l'inquiétude de nombreux croyants dans le monde entier : Il s'agit de questions profondes de doctrine, en particulier de la doctrine de l'Église, de la personne, des sacrements", ont-ils ajouté.

    "Cela conduirait à une polarisation encore plus grande si cela devait être poussé plus loin en Allemagne. Il est vrai que les thèmes de la Voie synodale allemande sont également à l'ordre du jour dans d'autres pays occidentaux, mais il y a aussi des voix fortes qui défendent l'enseignement traditionnel de l'Église partout."

    Les textes de la Voie synodale allemande qui ont déjà été adoptés, selon la déclaration, devraient maintenant être discutés avec Rome et intégrés dans le processus synodal de l'Église universelle.

    La déclaration commune affirme : "Cela a également été convenu lors de la visite ad limina des évêques à Rome en novembre dernier, mais à aucun moment il n'a été question d'un nouvel organe.

    Début juin, CNA Deutsch a fait état de la décision éventuelle de plusieurs évêques de ne pas accepter de financer le comité synodal.

    Mgr Bertram Meier, évêque d'Augsbourg, avait alors déclaré : "Tant que les objectifs exacts et les compétences concrètes du Comité synodal n'ont pas été clarifiés, je ne suis pas encore en mesure de prendre une décision à ce sujet. Cela concerne à la fois ma participation et le cofinancement du comité".

    Mgr Meier n'a toutefois pas approuvé l'explication des quatre évêques sur les raisons pour lesquelles ils ne pouvaient pas voter en faveur du financement du nouvel organe.

    Le pape François et d'autres responsables de l'Église ont exprimé de sérieuses inquiétudes quant aux projets de création d'un conseil synodal permanent pour l'Église allemande.

    Un tel organe fonctionnerait "comme un organe consultatif et décisionnel sur les développements essentiels de l'Église et de la société", selon une proposition de la Voie synodale.

    Plus important encore, il "prendrait des décisions fondamentales d'importance supra-diocésaine sur la planification pastorale, les questions d'avenir et les questions budgétaires de l'Église qui ne sont pas décidées au niveau diocésain".

    Mettant en garde contre la menace d'un nouveau schisme en provenance d'Allemagne, le Vatican est déjà intervenu en juillet 2022 contre un conseil synodal allemand.

    En janvier 2023, le Vatican a affirmé "que ni la Voie synodale, ni aucun organisme établi par elle, ni aucune conférence épiscopale n'a la compétence d'établir le 'conseil synodal' au niveau national, diocésain ou paroissial."

  • Le document de travail du prochain synode vient d'être publié : un programme révolutionnaire

    IMPRIMER

    Logo du Vademecum du Synode 2021-2023 @ synod.va

    De Jean-Marie Guénois sur le Figaro via Il Sismografo :

    Ordination d'hommes mariés, diaconat féminin, poids des laïcs : la révolution annoncée de la gouvernance de l'Église catholique

    Le Vatican publie un «document de travail» du prochain synode qui entend renverser la hiérarchie du pouvoir de l'Église au profit des fidèles laïcs dont les femmes. -- Rarement l'Église catholique ne s'est remise en cause à ce point. L'«Instrumentum Laboris», le «Document de Travail», du prochain synode des évêques «pour une Église synodale», programmé à Rome en deux sessions (octobre 2023 et octobre 2024), entend inverser totalement la hiérarchie habituelle de la prise de décision ecclésiale au profit des laïcs. Il propose une nouvelle méthode collective de prise de décisions, normée, qui présiderait à toutes les décisions.

    Publié ce mardi par le Vatican, ce document de travail demande également à ce que l'Église réfléchisse à l'ordination sacerdotale d'hommes mariés et à l'ordination diaconale de femmes. Quant aux évêques, ils devraient être régulièrement évalués dans leur charge et contredits si nécessaire, dans leur gouvernement. Le Synode espère enfin que des groupements d'églises locales de grandes régions du monde puissent peser autant que Rome dans les grandes décisions.

    Ces mesures ne sont pas encore adoptées mais elles sont le fruit d'une consultation mondiale de tous les catholiques lancée par le pape François en octobre 2021, pour préparer les sessions d'octobre 2023 et 2024 du synode, intitulé «pour une Église synodale, communion, participation, mission», qui réunira environ trois cents évêques et experts au Vatican.

    Lutte contre le «cléricalisme»

    La consultation a été dépouillée à l'échelon national puis continental et transmise à Rome pour que soit élaboré ce document de travail d'une cinquantaine de pages. Mais seul le pape, à l'aube de l'année 2025, aura le pouvoir d'adopter ou non ces idées qui sont encore à l'état de questions ouvertes. Ce programme, reconnaît le texte, n'ira pas sans «tensions». Le mot est d'ailleurs cité dix-neuf fois quand celui de «Jésus» apparaît à dix reprises.

    Pour François, il s'agit de profiter des effets dévastateurs de la crise des abus sexuels d'une minorité de prêtres, pour déconstruire la hiérarchie du pouvoir dans l'Église en partant, non plus du sommet, mais du «peuple de Dieu». À savoir, les laïcs de base qui ont des «droits» en vertu de leur «dignité de baptisés», pour lutter contre le «cléricalisme» en vue de renouveler l'Évangélisation.

    À côté de cette inversion totale de la pyramide hiérarchique de «l'Église catholique» - citée seulement dix fois - qui veut devenir une «Église synodale» - ce nom apparaît cent dix fois dans le texte -, les requêtes de fond ne sont pas une surprise. Elles recoupent tous les accents du pontificat du pape François.

    Première place est donnée aux «pauvres» : «dans une Église synodale, les pauvres, au sens de ceux qui vivent dans la pauvreté et l'exclusion sociale, occupent une place centrale». Puis vient «le soin de la maison commune», la terre, qui subit le «changement climatique». Apparaissent ensuite les «migrants» avec qui «les fidèles catholiques» doivent «cheminer». Des catholiques qui doivent travailler à la «promotion des pauvres» en «prêtant voix à leurs causes» pour «dénoncer les situations d'injustice et de discrimination sans complicité avec ceux qui en sont responsables».

    Lire la suite

  • Le laïc et le saint prêtre

    IMPRIMER

    Réflexion d’un laïc sur la place du prêtre, le cléricalisme et la juste répartition des tâches entre prêtres et laïcs. Lu sur le site de la revue La Nef :

    Un des axes majeurs du pontificat du pape François est de lutter contre ce qu’il appelle le cléricalisme. Si l’on suit le Souverain Pontife, l’Église serait ainsi en grave danger de cléricalisme, entendu comme une attitude surplombante des clercs sur les laïcs qui viendrait « diminuer et sous-évaluer la grâce baptismale que l’Esprit Saint a placée dans le cœur » (1) de ces derniers. Face à ce péril, une des réponses les plus courantes serait de donner une plus grande place aux laïcs dans l’Église. On en veut pour preuve les récentes conclusions de la synthèse française sur le Synode 2022. C’est devenu une sorte de leitmotiv qui rejoint d’ailleurs souvent celui de la place des femmes qui, si elles ont le malheur d’être en plus laïques, se trouveraient être doublement écartées des rôles de décisions ecclésiaux… On aimerait balayer ces arguments d’un revers de main en l’attribuant au malheureux « esprit du siècle » qu’il faudrait fuir pour se réfugier dans une rassurante routine. Ce serait à mon avis une erreur, une erreur d’autant plus dommageable qu’il y a bien une façon authentiquement catholique et amie de la Tradition de répondre à ces aspirations et au problème soulevé par le pape François.

    Pour cela, on peut repartir du vrai retournement de sociologie paroissiale qu’a connu notre époque, et ce notamment dans les paroisses urbaines (2). Si dans les époques antérieures, le curé était – la plupart du temps – un lettré au regard de ses paroissiens, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Le catholique « moyen » en France a fait des études et a souvent une position sociale confortable (je schématise à dessein mais je ne pense pas être si loin de la réalité statistique). C’est, à mon avis, un des points de départ de ces revendications d’égalité entre les laïcs et les clercs. D’autre part, les prêtres ont la responsabilité de paroisses toujours plus complexes avec des aspects managériaux et administratifs toujours plus poussés : budgets, associations, bonnes œuvres, travaux divers de réfection des bâtiments, lien avec les établissements privés locaux, etc. La bureaucratisation des paroisses n’est pas une vue de l’esprit ! Face à l’ampleur de la tâche, le risque est identifié depuis, au moins, saint Jean de la Croix qui, dans son Cantique Spirituel, s’inquiétait déjà de ce tourbillon d’activité qui engloutit le prêtre volontaire et plein d’ardeur. Pour les laïcs, le risque est plus subtil mais peut-être encore plus dangereux pour l’Église. Il pourrait ainsi être tenté de se mêler de la pastorale et de la liturgie afin de « coller » à ses penchants quels qu’ils soient. Sans formation théologique et avec une compréhension partielle du dogme (ce qui est normal car il ne peut y consacrer autant de temps qu’un clerc), les erreurs et les innovations malencontreuses sont possibles, voire probables.

    À mon humble avis, cela relève d’une confusion des genres. Une vraie alternative, cohérente avec la Tradition de l’Église catholique, serait, au contraire, de distinguer de manière absolue ce qui relève du ministère sacré et ce qui relève de l’intendance. C’est d’ailleurs ce à quoi invitait le pape Benoît XVI en parlant de la distinction entre les laïcs et les clercs comme d’un « lien organique d’un corps, d’un organisme avec ses diverses fonctions. […] Dans cet organisme, à la structure articulée, chacun exerce son ministère selon la vocation reçue » (3).

    Pour le dire encore plus clairement, le rôle des laïcs dans une paroisse n’est pas de jouer les apprentis sorciers avec la liturgie ou le dogme, mais de décharger le prêtre du poids du siècle pour lui permettre d’être ce que Dieu attend de lui : être un saint prêtre comme l’exprime la prière bien connue : « Mon Dieu, donnez-nous des prêtres. Mon Dieu, donnez-nous de saints prêtres… »

    Dans cette optique, oui, il est possible de donner plus d’importance aux laïcs dans l’Église. Ils seront comme ces enfants de chœur qui, dans la liturgie traditionnelle, soulèvent la chasuble du prêtre quand, ad orientem, il consacre l’hostie. Par ce geste humble entre tous, ils embarquent dans un navire dont le prêtre est la proue spirituelle. Pour que le prêtre devienne toujours plus cette figure de proue que nous décrivons, il faut donc que les conditions matérielles soient réunies afin qu’il ne devienne pas un de ces « opérateurs sociaux ou politiques » comme les autres (4). C’est aux laïcs, dans une complémentarité bien comprise, que revient cette tâche ; une tâche vraiment sanctifiante si elle est vécue comme une école de foi et d’humilité.

    Pierre Vétois

    (1) Lettre au Cardinal Ouellet du 19 mars 2016.

    (2) Notre propos se concentre sur la situation de l’Église en Europe – l’Église en Afrique, en Amérique ou en Asie demanderait certainement des études à part entière.

    (3) Benoît XVI, Catéchèse du 7 mars 2007 sur Clément de Rome.

    (4) Cardinal Robert Sarah, Dieu ou Rien, Fayard, 2016, p. 184.

    Venu au catholicisme à l’âge adulte, Pierre Vétois est l’auteur du blog Ecce Mater Tua : https://medium. com/@pierrevetois

    Ref. Le laïc et le saint prêtre