Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Débats - Page 85

  • Le pape François contre le pape François ? Sur l'interdiction de bénir les couples homosexuels, l'autre récit selon lequel le pontife ne serait pas d'accord est de retour

    IMPRIMER

    Du Sismografo :

    20 juin 2023

    Le pape François contre le pape François ? Sur l'interdiction de bénir les couples homosexuels, l'autre récit est de retour : le pontife n'est pas d'accord.

    Selon Juan Carlos Cruz, la personne qui a signé le Responsum sur la bénédiction des couples gays ne travaille plus au Dicastère pour la Doctrine de la Foi. Il aurait payé pour une erreur. Mais laquelle ?

    (L.B., R.C. - édité par la rédaction de 'Il sismografo') Une fois de plus ces jours-ci, comme cela arrive périodiquement, le mystère de la signature du Pape sur un document important du Dicastère pour la Doctrine de la Foi est revenu. Il s'agit du "Responsum de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi à un dubium sur la bénédiction des unions de même sexe", publié avec la signature du Préfet Luis F. Card. Ladaria, S.I. et du Secrétaire, Mgr Giacomo Morandi, le 15 mars 2021.

    Le Responsum, daté du 22 février 2021, fête de la Chaire de Saint Pierre Apôtre, qui ne porte pas la signature graphique du Pape François, se termine cependant par cette phrase : "Le Souverain Pontife François, au cours d'une audience accordée au Secrétaire soussigné de cette Congrégation, a été informé et a donné son assentiment à la publication du Responsum ad dubium susmentionné, avec la Note Explicative annexée."

    Quelques heures après la publication de ce Responsum (Texte en 7 langues), pour lequel le Pontife a reçu de nombreuses critiques, une rumeur a commencé à circuler aux États-Unis, dans les milieux proches d'une revue jésuite américaine, selon laquelle le Pape François n'était pas d'accord avec la réponse du Dicastère sur la question, bref, qu'il n'était pas d'accord avec le contenu du Responsum.
    Rien de nouveau. Des rumeurs identiques se sont amplifiées dans la soirée du jour même de la publication du Responsum du Dicastère. En quelques heures, la version selon laquelle le pape n'était pas d'accord circulait déjà largement aux États-Unis, en Italie et en Argentine. Il est immédiatement apparu qu'il s'agissait d'une opération orchestrée visant à créer la confusion, à introduire le doute, à atténuer les critiques et à donner des arguments pour soutenir le pape François.

    Rien d'inédit. Des choses similaires se sont produites dans d'autres passages du pontificat, à propos d'autres mots ou phrases, heureusement moins délicats et importants que celui-ci sur les unions de personnes de même sexe. [1] Dans ces cas - et en 10 ans il y en a eu beaucoup d'identiques - à la fin du jeu, cependant, aucune autorité n'a jamais clarifié quoi que ce soit et tout est resté ambigu, opaque et mystérieux jusqu'à la prochaine vague, comme celle de ces heures-ci, avec la question de la bénédiction des couples de même sexe.

    Le mutisme du Vatican a toujours été toujours été inflexible et le sera probablement encore aujourd'hui. Essayons de raconter ce dernier épisode. Il y a quelques jours, le Saint-Père a envoyé une lettre manuscrite, datée du 6 mai, au Père James Martin, un célèbre jésuite américain, dans laquelle le Pontife saluait les participants à l'événement "Outreach LGBTQ Catholic Ministry Conference" (Fordham University, New York City) qui s'est tenu du 16 au 18 juin. Lors de cet événement, le Chilien Juan Carlos Cruz, membre de la Commission pontificale pour la protection des mineurs et l'une des trois victimes les plus célèbres de l'ancien prêtre pédophile en série couvert par l'Église chilienne pendant des années, Fernando Karadima, avait été invité en tant qu'orateur pour parler de son amitié avec le Pape François. Dans un discours qui a duré plus d'une heure, Cruz a déclaré : "Le pape a été très attristé lorsque la Congrégation pour la doctrine de la foi a publié une lettre, qu'il n'a pas signée, affirmant que les couples homosexuels ne peuvent pas être bénis. (...) Mais vous devez me croire", a ajouté M. Cruz, "les personnes qui ont écrit cette lettre ne travaillent plus à la Congrégation pour la doctrine de la foi" [applaudissements]. (Vidéo en anglais, minute 53.20)
    Qui est la personne qui, selon le Saint-Père, ne travaille plus au Dicastère ? Il s'agit évidemment de Mgr Giacomo Morandi, qui n'est plus secrétaire du dicastère parce qu'il a été nommé évêque de Reggio Emilia-Guastalla. Ce que nous disons est très grave, vraiment très grave. Soit Juan Carlos Cruz ment, en abusant de sa relation personnelle avec le Pape François, relation à propos de laquelle il a raconté lors de son discours que depuis cinq ans, tous les 13 août, il fête son anniversaire avec François et qu'à chaque fois il trouve sur la table le "Fanta Zero" qu'il aime. Ou bien le souverain pontife ment-il ?

    Il n'y a pas de troisième voie, à moins de vouloir manipuler le texte du Responsum pour le délégitimer. A ce stade - mais il n'y aura certainement pas de réponse - le Dicastère pour la Doctrine de la Foi devrait clarifier ces doutes avec un autre Responsum :
    - le Pape a-t-il finalement autorisé la publication du document contenant l'interdiction des bénédictions ou non ?
    - Peut-on autoriser la publication d'une telle norme et en même temps la nier comme si rien ne s'était passé ?
    - pourquoi après deux ans, depuis le début de cette histoire, le Vatican n'a-t-il jamais clarifié et autorisé la circulation de mensonges doctrinaux par son silence ?

    Cette affaire est grave, très grave. Sur le fond, on peut discuter en ayant des opinions différentes. Nous voulons seulement poser le problème de la méthode utilisée à cette occasion, et à d'autres, à savoir vivre ensemble dans l'Église avec des vérités différentes et contradictoires.

    ________________________________________________
    [1] En Italie, un journaliste voulant défendre le Pape des critiques acerbes de certains secteurs pour avoir autorisé ce Responsum est allé jusqu'à insinuer que François avait eu le document au moment où il s'apprêtait à partir pour l'Irak (5-8 mars 2021) et qu'il avait donc été contraint de le vérifier à la hâte.

  • Un pape pro-LGBT, c'est un problème

    IMPRIMER

    De Riccardo Cascioli sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana :

    Un pape pro-LGBT, c'est un problème

    17-06-2023

    Il Papa con padre James Martin

    le pape François avec le père James Martin

    La énième lettre du pape François au père James Martin n'est que la confirmation de l'encouragement constant des groupes LGBT dans l'Église. Ce qui pose un énorme problème, car cela signifie qu'un pape renverse brutalement le Magistère de ceux qui l'ont précédé. Et c'est un problème que les évêques et les cardinaux ne peuvent pas éluder.

    Personne ne peut vraiment être surpris par un nouveau geste du pape François légitimant les organisations LGBT dans l'Église, en l'occurrence la lettre au désormais célèbre père James Martin rendue publique le 14 juin. La lettre, datée du 6 mai et écrite à la main, bénit la conférence organisée par Outreach, le site catholique LGBT fondé par le père Martin, une conférence qui se tient ce week-end à l'Université Fordham, une université jésuite de New York. Le pape François a remercié le père Martin "pour tout le bien que vous faites" et a promis ses "prières et ses bons vœux" à tous les participants à la conférence.

    Personne ne peut être surpris, d'abord parce que c'est la troisième fois que le pape écrit une lettre chaleureuse au père Martin à la veille de la conférence annuelle organisée par Outreach. En 2021, il avait également loué le "zèle pastoral" du père Martin, qui imite le "style de Dieu". L'année dernière, il l'avait encouragé à poursuivre son ministère, véritable "culture de la rencontre", qui "raccourcit les distances et nous enrichit des différences".

    Le père James Martin n'est pas non plus le seul militant LGBT à bénéficier de l'attention affectueuse du souverain pontife. Il y a deux ans, il a écrit deux lettres à l'actuel directeur exécutif de l'organisation américaine New Ways Ministry, Francis DeBernardo, fer de lance du lobby LGBT au sein de l'Église. Fondée en 1977 par le père Robert Nugent et la sœur Jeannine Gramick, New Ways Ministry s'est vu refuser à plusieurs reprises la reconnaissance d'une organisation catholique par les évêques américains. Le 31 mai 1999, la Congrégation pour la doctrine de la foi (présidée par le cardinal Joseph Ratzinger) était également intervenue en notant que les deux fondateurs rejetaient l'enseignement de l'Église sur l'homosexualité, à savoir la reconnaissance que les actes homosexuels sont intrinsèquement mauvais et que l'inclination homosexuelle représente un désordre objectif. Or, dans les deux lettres, le pape François a salué le travail de New Ways Ministry dans l'une et, dans la seconde, il a même exalté la figure de Sœur Jeannine, décrite comme "une femme de valeur qui prend ses décisions dans la prière". Il est d'ailleurs à noter que Sœur Jeannine est l'une des intervenantes de la conférence en cours.

    Lire la suite

  • Quand le Comité consultatif de bioéthique de Belgique décrète que la gestation pour autrui est « éthiquement acceptable »

    IMPRIMER

    Une Note d’analyse de l'Institut Européen de Bioéthique :

    Dans un avis du 17 avril 2023, le Comité consultatif de bioéthique de Belgique recommande au législateur de légaliser la gestation pour autrui (GPA). Le Comité revient ainsi sur son avis de 2004 où il abordait déjà la question, en raison dit-il de l’évolution des connaissances et des développements sociétaux et juridiques de ces 20 dernières années.

    Logique instrumentale du corps humain

    Le Comité prend appui sur le principe d’autonomie personnelle des parents d’intention et leur droit au respect de la vie privée et familiale, ainsi que sur la maîtrise corporelle de la « femme gestatrice » (le Comité préfère cette expression à celle de « mère porteuse », problématique selon lui car elle maintient un lien entre grossesse et maternité). L’invocation du principe d’indisponibilité du corps humain pour s’opposer à une légalisation de la GPA est rejetée, au profit du principe d’autodétermination vis-à-vis de son propre corps. Ainsi, le Comité explique qu’aujourd’hui, « l’individu souhaite pouvoir décider plus librement de [son corps], comme il souhaite pouvoir effectuer ses propres choix en ce qui concerne l’engendrement (ou la contraception et l’interruption de grossesse) et la fin de vie (dont la possibilité de demander l’euthanasie). » C’est donc bien dans une vision instrumentale du corps humain que s’inscrit cet avis.

    A l’objection suivant laquelle la convention de GPA est illicite en raison de son objet (transfert de l’enfant), le Comité oppose une autre vision : l’objet du contrat n’est pas la cession de l’enfant, mais le « travail de gestation ». L’enfant pourrait être, dès sa conception, considéré comme celui des parents d’intention.

    Ce postulat implique la négation du principe en droit selon laquelle la mère est celle qui accouche de l’enfant (mater semper certa est). Il s’agit donc d’opérer une véritable révolution juridique et anthropologique dans l’ordre de la filiation.

     

    Texte complet de la Note d'analyse :

    La gestation pour autrui est « éthiquement acceptable » selon le Comité consultatif de bioéthique de Belgique

    Dans un avis du 17 avril 2023, le Comité consultatif de bioéthique de Belgique recommande au législateur de légaliser la gestation pour autrui (GPA). Le Comité revient ainsi sur son avis de 2004 où il abordait déjà la question, en raison dit-il de l’évolution des connaissances et des développements sociétaux et juridiques de ces 20 dernières années.

    Actuellement en Belgique, la GPA est pratiquée dans 5 hôpitaux qui ont chacun mis au point leur propre protocole étant donné l’absence d’encadrement légal en la matière – mais aussi l’absence de condamnation ferme de la GPA par la loi. Le droit de la filiation constitue néanmoins un obstacle à son développement, dû à l’absence de reconnaissance des conventions de mères porteuses et donc au risque que la mère porteuse ne se rétracte et garde l’enfant. Le couple d’intention doit en outre passer par l’adoption plénière pour établir un lien de filiation avec l’enfant.

    Lire la suite

  • Des données stupéfiantes sur la réalité choquante de l'avortement : le cas italien

    IMPRIMER

    De Tommaso Scandroglio sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana :

    Cancer, coûts élevés, solitude : les données choquantes sur l'avortement

    14-06-2023

    L'Observatoire (italien) permanent de l'avortement présente son deuxième rapport sur les coûts et les effets sanitaires de l'IVG. Et les données sont choquantes : aujourd'hui, 30% des femmes avortent avec le RU486, mais le nombre total d'IVG ne diminue pas ; avec l'avortement chimique, les avortements sont de plus en plus pratiqués seuls, mais le taux de mortalité est 12 fois plus élevé et parmi les complications, il y a une corrélation étroite entre le cancer du sein et les avortements. Et les coûts ? Depuis 1978, il y a eu 5,8 millions d'avortements pour un coût de 5 milliards pour l'État. Si cette somme avait été investie aujourd'hui, nous aurions une capitalisation nette de 12 milliards. 

    Lors d'une conférence de presse tenue au Sénat de la République, l'Observatoire permanent de l'avortement (Opa) a présenté le 2e rapport sur les coûts et les effets sur la santé de la loi 194.

    Quelques données ressortent des rapports des invités. Le Dr Stefano Martinolli, directeur médical de l'hôpital de Trieste et vice-président de l'Opa, a expliqué que l'avortement par RU486 représente aujourd'hui 30% de l'ensemble des avortements et que "l'on estime que dans les cinq prochaines années, environ 50% des avortements seront pharmacologiques". En effet, de nombreuses "justifications" émergent pour l'utilisation préférentielle de cette procédure : moindre coût en termes de séjour à l'hôpital, moindre invasivité, approche plus attrayante et moins traumatisante. Nos recherches montrent que ces justifications sont totalement infondées". Il ajoute que les différentes pilules abortives deviennent de plus en plus populaires - un demi-million rien qu'en 2020 - provoquant un effet migratoire de l'avortement : de l'avortement chirurgical à l'avortement chimique. Une myriade de crypto-avortements précoces qui échappent aux calculs officiels du ministère de la Santé.

    Ainsi le rapport : "En 2020, le nombre total de boîtes vendues de Norlevo (pilule du lendemain) et d'ellaOne (pilule du surlendemain) a dépassé le demi-million, soit près du double du chiffre de 2014. En supposant un taux de 25 % de cas où la pilule provoque l'interruption d'une grossesse dès son début, ce qui est extrêmement conservateur par rapport aux preuves scientifiques, on obtient un nombre d'avortements potentiels allant d'environ 15 000 à 30 000 entre 2014 et 2019". Ces avortements doivent donc être ajoutés aux chiffres officiels. Une fois cet ajout effectué, le pourcentage d'avortements ne diminue pas, comme l'indiquent le ministère et les médias, mais reste stable : "Le pourcentage d'interruptions volontaires de grossesse corrigées en tenant compte de l'utilisation de la contraception d'urgence est stable tout au long de la période 2014-2020, s'établissant à partir de 2017 à plus de 17 %, un pourcentage qui, selon les données officielles, n'aurait été enregistré qu'avant 2006, année de l'introduction du Norlevo en Italie".

    Lire la suite

  • Quand la censure resserre son étreinte sur la liberté d’expression dans des pays réputés y être attachés

    IMPRIMER

    De Philippe Oswald sur La Sélection du Jour :

    La censure prend ses aises pour s’incruster dans nos mœurs

    La censure resserre son étreinte sur la liberté d’expression dans des pays réputés y être attachés de toutes leurs fibres, dont la France. Elle s’exerce au nom du « wokisme », de l’activisme LGBT, d’un féminisme exacerbé, et plus généralement d’une « bien-pensance » lovée au cœur de l’État, des grandes organisations internationales (ONU, UE), des plateformes numériques (GAFAM : Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), et de nombreux médias. Sans oublier les agences de publicité qui rompent avec les médias suspects de dissidence.

    La censure atteint même l’Assemblée nationale, un lieu où la parole devrait être libérée non certes de la bienséance, mais des diktats de la bien-pensance. Lorsque, par exemple (en octobre dernier), la présidente de l’Assemblée inflige des sanctions à un député RN parce qu’il a qualifié le ministre de l’Éducation Pap Ndiaye de « communautariste », et à une députée Renaissance parce qu’elle a traité le RN de parti « xénophobe », on frôle la police de l’expression : pour être désagréables et contestables, ces deux termes ne sont pas à proprement parler des insultes. Les lointains prédécesseurs de nos représentants sur les bancs parlementaires s’envoyaient sans vergogne des noms d’oiseaux, mais ils les servaient généralement dans un français dont le bon usage s’est perdu... Aujourd’hui, privés du recul et de l’humour que donne la culture, tout un chacun s’estime offensé pour un mot jugé malsonnant ou pour une expression réputée « incorrecte ». Petit bagage intellectuel, énorme ego victimaire...

    Cette hypersensibilité est exploitée à fond et portée à l’incandescence par le « wokisme » qui nous est revenu d’Outre-Atlantique, tel un boomerang : c’est à la Sorbonne et à Nanterre qu’ont été enseignées dans les années soixante les théories marxisantes, libertaires et « déconstructivistes » qui ont inspiré le « gender » (la théorie du genre) et la « cancel culture » (culture de l’annulation), idéologies concoctées dans les universités américaines (cf. LSDJ n°319). Aujourd’hui, le « wokisme » prétend « annuler » le passé supposé « genré », « racisé », « colonial » … et interdire par tous les moyens de penser autrement. En France aussi, il impose son terrorisme intellectuel jusque dans un lieu où la liberté de s’exprimer devrait être sacrée : l’université. Or il y règne un totalitarisme qui prétend museler l’expression de toute pensée dissidente en interdisant le débat, au mépris de la liberté académique. On ne compte plus les conférenciers empêchés de s’y exprimer : Alain Finkielkraut, Marcel Gauchet, Élisabeth Badinter, Sylviane Agacinski, Michel Onfray, Régis Debray, Jacques Julliard, intellectuels pourtant classés à gauche mais critiques de cette « cancel culture », nouvelle « révolution culturelle » qui traque les opposants assimilés à des « racistes » et des « fascistes », attachés à la suprématie de l’homme blanc hétérosexuel, et à des « islamophobes » ou « homophobes » (en réalité des opposants à l'islamisme ou à la GPA). En octobre 2019, l’université de Bordeaux avait déprogrammé une conférence de Sylviane Agacinski sous la pression menaçante d'associations LGBTI+. Pourtant, cette même université de Bordeaux a complaisamment ouvert ses portes, le 28 mars 2023, à un conférencier inattendu : le terroriste (non repenti) Jean-Marc Rouillan, co-fondateur d’Action Directe, coupable, entre autres crimes, des assassinats de l’ingénieur général Audran (1985) et du PDG de Renault Georges Besse (1986). L’« annulation » ne touche pas seulement des conférences. En mars 2019, une des pièces de théâtre les plus célèbres de la littérature universelle, « Les Suppliantes » d’Eschyle (Ve siècle av. J.-C.), n’avait pu être représentée à la Sorbonne sous prétexte que des « vigilants » y auraient discerné du « racisme »...

    Après l’université, l’édition a embrayé sur la mode « woke » en s’exerçant à supprimer ou à réécrire tous les passages potentiellement « offensants » de la littérature universelle ! Là encore, le mauvais exemple vient des pays anglo-saxons. Les éditeurs ont engagé des « sensitivity readers » chargés d’expurger les livres de tout passage jugé contraire à l’« inclusivité ». Cela peut conduire à changer jusqu’au titre : le célèbre roman policier « Dix petits nègres » d’Agatha Christie est désormais titré dans sa version française : « Ils étaient dix ». Même mésaventure pour le sublime « Nègre du Narcisse » du grand romancier Joseph Conrad, rebaptisé « Les Enfants de la mer » (nb : « nègre » sonne aujourd’hui désagréablement mais ne dit rien d’autre que « noir » : niger en latin). Le cinéma a naturellement suivi voire précédé cette « révolution culturelle » que le ridicule n’est pas encore parvenu à enrayer... En témoigne la dernière exclusion en date, celle du journaliste Eric Naulleau : ce collaborateur de « Marianne » (en lien ci-dessous) vient d’être viré du jury du festival du film de Cabourg pour avoir accordé un entretien au magazine « Valeurs actuelles ».

    Pour aller plus loin :

    Éric Naulleau évincé du festival de Cabourg : "La liberté d’expression, valable pour certains, pas pour d’autres"

    >>> Lire l'article sur : Marianne

  • Pour survivre, l’Église, doit-elle s’adapter et moderniser sa doctrine ?

    IMPRIMER

    D'Etienne Montero sur didoc.be :

    Faire évoluer la doctrine chrétienne ?

    .

    L’Eglise doit adapter sa doctrine à la société moderne, entend-on souvent aujourd’hui. Mais comment distinguer un vrai développement d’une corruption ? L’auteur esquisse une réponse en convoquant Newman.

    Un changement d’époque

    Le pape François dit volontiers que « nous ne vivons pas une époque de changements, mais un changement d’époque ». Quelques mots suffisent pour prendre la mesure des changements : internet, IA, biomédecine, sécularisation, mondialisation, crise climatique, migrations massives… La représentation de l’homme s’est modifiée, au gré des nouvelles mœurs et idées : révolution sexuelle, maîtrise de la fécondité, reproductions artificielles, mères porteuses, déclin du mariage, théories du genre, antispécisme, transhumanisme, wokisme… Nous sommes confrontés à une modification anthropologique sans précédent, dit-on, non sans raison.

    Dans ce contexte de profonds et rapides changements, beaucoup pensent que l’Église, pour survivre, doit s’adapter et moderniser sa doctrine.

    Vrai développement ou corruption de la doctrine ?

    Le ruisseau est plus limpide près de sa source. Ainsi pensaient les humanistes de la Renaissance, animés du grand projet de « revenir aux sources ». Cette image, estime Newman, ne s’applique pas à l’histoire d’une philosophie ou d’une croyance. Celle-ci devient au contraire plus pure, plus forte quand elle s’est creusé un lit profond, large et plein.

    Le temps est nécessaire pour atteindre la pleine intelligence des grandes idées. Comme toute pensée, la doctrine chrétienne évolue nécessairement au fil du temps, à mesure qu’elle entre en relation avec d’autres doctrines, affronte des questions nouvelles, fait un sort aux critiques, réfléchit sur elle-même, mûrit intérieurement… Une grande idée ne peut se développer et rayonner sans être « engagée », sans rejeter, corriger ou assimiler les modes de pensée ou d’action. Elle doit courir le risque des contacts avec le monde, et se grandir dans l’épreuve, s’enrichir et s’affiner en ferraillant avec ses détracteurs.

    On peut toutefois se demander : qu’est-ce qui fait qu’une doctrine reste vivante et intacte au long de l’histoire, se développe sans se corrompre, évolue tout en restant elle-même ? Chaque changement interroge : sommes-nous en présence d’un vrai développement ou d’une corruption de la doctrine originelle ?

    Sept critères d’un vrai développement

    Dans son brillant Essai sur le développement de la doctrine chrétienne (1845, éd. Ad Solem, 2007), saint J.H. Newman suggère sept notes ou critères garantissant qu’une doctrine ou une institution se développe en demeurant fidèle à elle-même. On les présente brièvement, tour à tour.

    La première note d’un vrai développement est ce que Newman appelle la préservation du type. Il s’agit qu’en dépit des changements externes, le sujet soit capable de conserver son identité, c’est-à-dire saisir et défendre ce qui le définit et le caractérise de manière essentielle. On peut faire une analogie avec la croissance physique, où les parties et les proportions de la forme développée, bien qu’ayant changé, correspondent à celles de son état rudimentaire. L’adulte a la même structure qu’à sa naissance (les jeunes oiseaux ne deviennent pas des poissons…).

    Deuxième note : la continuité des principes. Les doctrines se développent, s’approfondissent et s’élargissent, mais leurs principes demeurent inchangés, à l’instar des axiomes ou postulats des mathématiques. Un développement qui contrarie les propres principes de la doctrine ne serait qu’une corruption.

    Troisième note : la capacité d’assimilation. Toute vie se caractérise par la croissance au point que ne croître d’aucune manière, c’est cesser de vivre. L’être vivant croît en assimilant — c’est-à-dire en transformant en sa propre substance — des matériaux extérieurs. Face aux nouveautés de l’histoire, une doctrine ou une institution ne doit pas se fermer, mais tâcher d’assimiler les éléments extérieurs jusqu’à ce qu’ils entrent dans son unité. Comme le fait un organisme vivant qui assimile ce qui le rend plus fort et rejette les corps étrangers.

    Quatrième note : la conséquence logique. La nouveauté, une fois assimilée, doit augmenter la cohérence logique d’ensemble de la doctrine. Autrement dit, un développement a toutes les chances d’être fidèle, et non une corruption, s’il peut être regardé comme l’aboutissement logique de la forme originelle. Il aide à mieux comprendre ce que l’on possède déjà. Ce n’est pas à dire qu’un développement est le fruit d’une opération logique. Un cheminement s’effectue en silence, spontanément, dans l’esprit ; ce n’est que plus tard qu’il vient à la lumière : on en prend conscience et on lui donne une expression logique, puis une articulation scientifique. Après coup, cependant, le caractère logique de l’ensemble apparaît comme une garantie que le travail n’a pas été une corruption, mais un vrai développement.

    Cinquième note : l'anticipation du futur. Une autre preuve de la fidélité d’un développement ultérieur est qu’il était déjà implicite dès le commencement ; autrement dit, les changements ne représentent aucune violence, mais une explicitation de ce qui était déjà possédé.

    Sixième note : la conservation active du passé. Un vrai développement s’inscrit dans la ligne des développements antérieurs, en même temps qu’il apporte quelque nouveauté. C’est une addition qui n’embrouille pas, ne rompt pas avec le passé, mais qui illumine d’une lumière nouvelle le corps de pensée dont elle procède.

    Septième note : la vigueur durable. Enfin, les vrais développements tiennent sur la longueur ; ils rendent le sujet plus vigoureux, plus stable et sain.

    Si elle incorpore et assimile les nouveautés de l’histoire suivant ces critères, une doctrine se maintient et se développe de façon homogène ; à défaut, elle se corrompt, entre en décadence et périt, comme il est arrivé à tant de doctrines au cours de l’histoire. Newman observe, exemples à l’appui, que le christianisme s’est développé précisément en accord avec ces critères, et c’est pourquoi il a résisté au long des siècles comme aucune autre institution, en dépit des grands changements d’époque.

    Passer les adaptations au crible

    A l’heure où de nombreuses voix s’élèvent pour réclamer des modifications de la doctrine chrétienne afin qu’elle soit plus en phase avec les « valeurs du temps », les notes d’un vrai développement proposées par Newman peuvent servir de guide.

    Voici donc un exercice exigeant, mais indispensable : passer les modifications souhaitées au crible des sept critères succinctement exposés. On est loin évidemment d’adaptations au gré des sondages d’opinion ou modes du temps, ou selon l’agenda des lobbies. Car, enfin, à quoi bon l’Eglise, si elle n’avait le souci de continuer d’enseigner ce que le Christ et les apôtres eux-mêmes ont enseigné ? A quoi bon, en d’autres termes, si l’on fait fi de la tradition apostolique et de la règle de la foi ? Si l’on fait fi du témoignage des Pères, des enseignements des grands conciles, des lumières et charismes des saints ?

    Dans la superbe biographie qu’il a consacrée à Newman (éd. du Cerf, 2012), Louis Bouyer rapporte combien les mots de Thomas Scott : Holiness rather than peace (la sainteté plutôt que la paix) avaient frappé Newman. Ils se trompent, pensait-il, ceux qui prêchent une religion qui console d’emblée, plutôt qu’une religion qui d’abord inquiète. C’est une grande leçon du converti d’Oxford : la vraie Église est celle qui exige et produit la sainteté. Un christianisme accommodé au monde, ayant fait sa paix avec ce monde, renonçant à sa vocation d’instance critique et de « lumière » pour le monde, n’est qu’un christianisme de décadence.

    Etienne Montero est prêtre, docteur en droit et en théologie, et Professeur à l’Université de Namur.

  • Et si les hommes étaient désormais le sexe défavorisé ?

    IMPRIMER

    De Fernando Rodríguez-Borlado sur aceprensa via didoc.be Ce texte a été traduit de l’espagnol par Stéphane Seminckx.

    Le labyrinthe du « malaise masculin »

    .

    Pour une partie de l’opinion publique, l’idée qu’être un homme représente un privilège social est considérée comme tellement évidente qu’elle ne mérite pas d’être discutée. Le mouvement woke, en particulier, en a fait l’une de ses thèses fondatrices. Cependant, de plus en plus de voix s’élèvent pour la mettre en doute, aussi dans le camp de la gauche. Et si c’était exactement le contraire, c’est-à-dire que les hommes sont désormais le sexe défavorisé, au moins dans certains domaines ?

    Certaines données semblent le démontrer : les garçons échouent beaucoup plus à l’école que les filles, ils vont moins souvent à l’université et sont moins souvent diplômés, ils sont plus nombreux à quitter le marché du travail, ils consomment plus de drogues, ils se suicident plus souvent, ils ont un taux de criminalité plus élevé et moins d’amis, ils perdent plus de temps sur les écrans, ils sont de plus en plus mis à l’écart de l’éducation des enfants.

    Dans ce contexte, il est bon que des voix s’élèvent dans l’opinion publique pour souligner la gravité du problème et proposer des solutions à partir d’une image non pathologisée de la masculinité.

    Un livre courageux

    Fin 2022, Richard Reeves — chercheur britannique à la Brookings Institution, le think tank de référence de la gauche modérée aux États-Unis — a publié Of Boys and Men. Why the Modern Male Is Struggling, Why It Matters, and What to Do about It (A propos de garçons et d’hommes. Pourquoi le mâle moderne est en crise. Pourquoi c’est important. Et que faire ?). Sa thèse s’oppose frontalement au postulat woke sur la masculinité. Selon Reeves, être un homme aujourd’hui, de fait, s’est converti en un désavantage dans de nombreux domaines : l’éducation, l’emploi, la santé, le bien-être psychologique, les relations familiales, etc.

    Reeves n’est certainement pas le premier auteur à se pencher sur cette question. Depuis le début du siècle, plusieurs ouvrages ont été publiés sur la crise de la masculinité, mais presque toujours axés sur les enfants et les jeunes. C’est le cas de The War Against Boys (2001) de Christina Hoff Sommers, Boys Adrift (2016) de Leonard Sax, ou encore The Boy Crisis (2018) de Warren Farrell et John Gray.

    Cependant, le livre de Reeves a eu plus d’impact. Entre autres, parce qu’il est écrit par quelqu’un qui a une réputation de progressiste — bien qu’il se décrive lui-même comme un « objecteur de conscience dans la guerre culturelle » —, qui utilise une approche et un vocabulaire très aimés par la gauche actuelle, et qui, pourtant, défend certains points de vues considérés comme « conservateurs », tels que l’importance du biologique dans la configuration du masculin et du féminin, les dommages causés par la monoparentalité ou la convenance d’une discrimination positive en faveur des hommes dans certains secteurs de l’emploi.

    Différents dès le berceau

    Le livre affirme sans ambiguïté — et en claire opposition avec l’idéologie du genre — que les hommes et les femmes sont différents par nature.

    Cependant, Reeves ne tombe pas non plus dans le déterminisme biologique. Il estime simplement, comme le montrent la science et le bon sens, que le féminin et le masculin sont le résultat d’un mélange de facteurs biologiques et culturels. Toutefois, l’auteur britannique prétend que, si les premiers pèsent davantage sur l’identité de la femme (notamment en raison de la « constitution maternelle » de son corps), le « script » qui dirige le développement du masculin est davantage culturel : le garçon doit terminer l’apprentissage de sa masculinité dans la société, en créant des liens avec d’autres personnes. Traditionnellement, la famille, le travail et la communauté religieuse fournissaient ces liens, et avec eux un sentiment d’appartenance et d’utilité publique. Le problème est que beaucoup d’hommes sont « en retrait » dans ces trois domaines.

    Lire la suite

  • L’esprit de la messe de Paul VI (abbé Nadler)

    IMPRIMER

    Du site "Esprit de la Liturgie" :

    L’esprit de la Messe de saint Paul VI (Jean-Baptiste Nadler)

    Les éditions Artège ont récemment publié un ouvrage intitulé L’esprit de la Messe de Paul VI. L’auteur de cet ouvrage très intéressant, l’abbé Jean-Baptiste Nadler, prêtre du diocèse de Vannes et membre de la communauté de l’Emmanuel, a bien voulu répondre à nos questions.

    Pourquoi avoir écrit ce livre ?

    Je l’avais en tête depuis plusieurs années. Ce livre est l’assemblage de convictions que je porte depuis trente ans, depuis mes années lycéennes et étudiantes, où j’ai fait l’expérience de l’ancienne forme du rite romain au pèlerinage de Chartres. Ces convictions se sont fortifiées lors de mon noviciat à Solesmes et mes années de séminaire diocésain, puis comme membre de la communauté de l’Emmanuel (ayant été membre de son bureau liturgique international). Dans tous ces endroits, j’ai mené une vie liturgique intense, mais en constatant aussi que l’on faisait parfois dire à Vatican II ce qu’il n’avait pas dit. L’on prend des libertés par rapport à Sacrosanctum Concilium (dont nous fêtons les soixante ans) et au missel et aux textes liturgiques. Par exemple, l’un de mes supérieurs de séminaire disait : « le concile a enlevé le grégorien » ; j’ai bondi sur ma chaise ! C’est le contraire qui est vrai, le concile a fait du grégorien le chant propre de la liturgie romaine. J’en ai conclu que beaucoup de conflits reposent sur une certaine ignorance du concile et des textes liturgiques qui l’ont suivi. J’ai donc voulu faire une présentation de base sur le missel de saint Paul VI afin de confronter nos pratiques : n’y aurait-il pas encore des efforts à faire pour être en concordance avec Sacrosanctum Concilium et les textes liturgiques ?

    Lire la suite sur le site "Esprit de la liturgie"

  • "Moi, cardiologue, je vous parle des miracles eucharistiques"

    IMPRIMER

    De Lorenza Formicola sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana :

    "Moi, cardiologue, je vous parle des miracles eucharistiques".

    10-06-2023

    Cinq miracles eucharistiques, du VIIIe siècle à 2013, étudiés avec la technologie la plus sophistiquée d'aujourd'hui. La présence constante de "tissu musculaire myocardique humain - et parfois de sang - présentant des signes de détresse ; et toujours le même groupe sanguin". La Bussola s'entretient avec le cardiologue Franco Serafini.

    Les linges les plus importants de la Passion du Christ, à commencer par le Saint Suaire, et cinq miracles eucharistiques, parmi ceux reconnus par l'Église au cours des 13 derniers siècles, partagent un fil conducteur surprenant, constitué de traces de sang du même groupe sanguin et de résidus similaires de tissu musculaire myocardique sur lesquels on peut reconnaître des signes cliniques de stress intense et de violence, que l'on retrouve chez les victimes d'agressions, d'accidents de la route ou d'exécutions. Tel est le résumé des conclusions auxquelles est parvenu Franco Serafini. Le médecin qui, après la publication du livre Un cardiologo visita Gesù. I miracoli eucaristici alla prova della scienza (Edizioni Studio Domenicano), est devenu pour beaucoup "le cardiologue de Jésus".

    Les études révèlent un diagnostic clinique précis, ponctuel et détaillé qui n'est pas en contradiction, mais au contraire en parfaite adéquation avec ce que nous lisons dans les Évangiles et ce qu'annonce la Tradition catholique. Il s'agit d'hosties consacrées d'où se sont échappés du sang et des tissus cardiaques, en différents lieux et à différentes époques, à savoir à Lanciano (VIIIe siècle), à Buenos Aires en Argentine (1992-1994-1996), à Tixtla au Mexique (2006) et en Pologne à Sokółka (2008) et à Legnica (2013).

    Dr Serafini, d'où vous est venue l'envie de travailler sur un tel ouvrage ?

    Il y a quelques années, j'avais pris conscience de l'existence d'enquêtes de médecine légale sur des tissus miraculeusement remontés à la surface d'hosties consacrées. Cela me semblait un argument très fort : si les miracles étaient authentiques, cela signifiait qu'il y avait eu de vraies biopsies du corps de Jésus de Nazareth. Qui sait quelles données, certainement intéressantes, peut-être choquantes, avaient été trouvées ! Mais ce que j'ai trouvé en librairie ou sur le web, vers 2015-2017, était décevant : des données incertaines, contradictoires, rapportées par des vulgarisateurs plus sensibles à l'aspect dévotionnel qu'à l'aspect médico-scientifique. J'ai donc décidé de m'y intéresser moi-même, en recherchant les dossiers originaux et en me rendant sur place chaque fois que possible pour rencontrer les témoins oculaires des événements et les chercheurs impliqués dans la recherche. Ce fut une merveilleuse aventure intellectuelle et spirituelle, qui a certainement changé ma vie et qui a donné naissance à ce livre.

    Peut-on dire, ou est-ce un hasard, que pour la première fois un cardiologue rend visite à Jésus dans cinq endroits différents du monde avec le même diagnostic ?

    Même si le titre de mon livre, choisi par l'éditeur, me met dans l'embarras, oui, on peut le dire. Les cinq miracles auxquels je me suis intéressé, cinq événements reconnus par l'Église catholique, mais aussi soumis à une investigation scientifique de qualité, présentent un schéma répétitif.

    Lequel ?

    Il y a toujours du tissu musculaire myocardique humain - et parfois du sang - qui présente des signes de détresse ; et on retrouve toujours le même groupe sanguin. Cette répétition des mêmes tissus dans différents miracles, à de grandes distances temporelles et spatiales les uns des autres, me réconforte : c'est un signe supplémentaire d'authenticité. Comment des faussaires auraient-ils pu les faire correspondre à ce point ?

    Mais revenons au diagnostic : les lames histologiques dans lesquelles le tissu cardiaque est reconnu convergent avec une forte probabilité vers le diagnostic d'un type particulier d'infarctus du myocarde.

    Lire la suite

  • Doute et perplexité autour de la mission de paix du cardinal Zuppi

    IMPRIMER

    De Luke Coppen sur The Pillar :

    Le cardinal Zuppi est un homme en mission. Mais quelle est cette mission ?

    8 juin 2023

    Le doute et la perplexité ont entouré la mission de paix du Vatican en Ukraine depuis que le pape François l'a annoncée de manière voilée lors d'une conférence de presse en vol.


    Le cardinal Matteo Zuppi, archevêque de Bologne et président de la conférence épiscopale italienne. Capture d'écran de la chaîne YouTube 12Porte.

    S'exprimant lors d'un vol retour entre Rome et la Hongrie le 30 avril, le pape a répété qu'il était "prêt à faire tout ce qui doit être fait" pour mettre fin à l'effusion de sang. "En ce moment même, une mission est en cours, mais elle n'est pas encore publique, nous verrons... Une fois qu'elle sera rendue publique, j'en parlerai", a-t-il déclaré.

    Depuis ce moment-là, bien sûr, la mission a été rendue publique. Les journalistes se sont précipités pour découvrir les détails, tandis que les responsables ukrainiens et russes se sont creusé la tête. Le cardinal Pietro Parolin, haut diplomate du Vatican, s'est retrouvé dans l'étrange position d'insister sur l'existence de la mission sans être en mesure d'expliquer ce qu'elle était.

    Près de trois semaines se sont écoulées, au cours desquelles le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy a rendu visite au pape François au Vatican et a déclaré à la télévision publique italienne que seul son plan en dix points constituait une base viable pour la paix.

    Les médias catholiques italiens ont alors semblé faire une percée : Le pape François nommait deux émissaires, le président de la conférence épiscopale italienne, le cardinal Matteo Zuppi, et l'archevêque du Vatican, Claudio Gugerotti.  

    Mgr Zuppi, un vétéran de la construction de la paix étroitement associé à la Communauté de Sant'Egidio, serait envoyé à Kiev, tandis que Mgr Gugerotti, qui a précédemment occupé le poste de nonce apostolique en Biélorussie et en Ukraine, serait dépêché à Moscou.

    Mgr Gugerotti, préfet du dicastère pour les Églises orientales, a rapidement pris ses distances par rapport à ces informations.

    Alors que les commentateurs se demandaient si la mission de paix n'était pas un mirage, le bureau de presse du Saint-Siège a annoncé que le pape avait choisi un seul envoyé de paix. Il s'agit du cardinal Zuppi.

    Lire la suite

  • Avortement : la Cour européenne des droits de l'homme refuse de condamner la Pologne

    IMPRIMER

    De sur le site du Figaro :

    Restriction du droit à l'IVG : la CEDH refuse de condamner la Pologne

    8 juin 2023

    La Cour européenne des droits de l'homme a rejeté une requête contre une décision de la Cour constitutionnelle polonaise, qui interdit aux femmes d'avorter même en cas de malformation du fœtus.

    En restreignant l'accès à l'IVG en 2021, la Pologne a-t-elle enfreint la Convention européenne des droits de l'homme ? C'est à cette question que la CEDH était sommée de répondre, saisie d'une requête orchestrée par une association féministe polonaise. Dans une décision publiée ce 8 juin (A.M. & al. c. Pologne), la CEDH a jugé irrecevable la requête, sans toutefois répondre sur le fond : les requérantes, estime la Cour, n'ont pas apporté la preuve qu'elles étaient directement et personnellement menacées par les modifications de la loi sur l'IVG en Pologne.

    L'avortement est longtemps resté, en pratique, autorisé en Pologne sous le régime communiste. En 1993 une loi a restreint l'accès à l'IVG, ne l'autorisant plus que dans certaines circonstances : en cas de viol, lorsque la santé de la mère est menacée, ou en cas de malformation du fœtus. En 2019, un groupe de parlementaires polonais avait demandé à la Cour constitutionnelle de Pologne de réexaminer l'exception prévue pour les cas de malformation fœtale ; et en 2020, la Cour constitutionnelle a jugé que cette exception était incompatible avec la Constitution de Pologne (qui garantit «la protection de la vie»). Depuis janvier 2021, il n'est donc plus possible de recourir à l'IVG en Pologne en cas de malformation du fœtus, sans effet sur la santé de la mère.

    À la suite d'une mobilisation importante contre cette mesure, une association féministe, la Fédération pour les femmes et le planning familial (FEDERA) a proposé, avec le soutien de la commissaire aux droits de l'homme en Pologne, que des femmes remplissent un formulaire en ligne pour adresser une requête à la CEDH. Elles arguaient notamment d'une violation de l'article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme, qui garantit le «droit au respect de la vie privée et familiale».

    Parmi les 8 requérantes, plusieurs ont fait valoir qu'elles se sentaient directement concernées par cette mesure anti-IVG, étant toutes en âge de procréer. Deux d'entre elles estimaient avoir un risque plus élevé d'être enceinte d'un enfant malformé, tandis que deux autres étaient enceintes au moment de déposer leur requête en 2021. Elles disaient craindre ne pas recevoir de soins médicaux adéquats au cas où l'enfant dont elles seraient éventuellement enceintes présenterait une malformation grave.

    Mais les juges de la Cour ont estimé que le risque d'une violation future des droits du requérant ne peut que très rarement être invoqué pour introduire une requête. «Les requérantes n'ont produit aucun élément convaincant prouvant qu'elles sont exposées à un risque réel d'être directement lésées par les modifications de la loi», résume la CEDH, qui a donc jugé irrecevable la requête et n'a pas condamné la Pologne dans cette affaire.

    Dans des observations écrites transmises à la Cour, l'ancien commissaire européen à la Santé Tonio Borg, ainsi que plusieurs anciens juges de la CEDH, rappelaient que la CEDH n'a jamais consacré de droit à l'avortement, et que ce droit ne peut être déduit du texte de la Convention européenne des droits de l'homme. D'ailleurs au moment de l'adoption de la Convention en 1950, aucun des États ayant participé à sa rédaction n'avait autorisé l'IVG dans leur droit interne. Si l'avortement peut être considéré, au regard du droit européen des droits de l'homme, comme une exception au principe de protection de la vie des personnes humaines, en aucun cas il ne constitue un droit qui s'imposerait aux États malgré leurs législations nationales, font valoir les auteurs de ces observations écrites.

    Une autre affaire concernant l'IVG sera prochainement examinée par la CEDH : une jeune femme britannique, porteuse de la trisomie 21, veut en effet faire valoir que la législation au Royaume-Uni (qui autorise l'IVG jusqu'à la naissance dans le cas où l'enfant à naître est trisomique) est une violation des droits des personnes handicapées.

    Lire le commentaire de l'European Centre for Law & Justice

  • Christophe Geffroy (La Nef) : « Militons pour une véritable paix liturgique »

    IMPRIMER

    Une tribune de Christophe Geffroy, Directeur de La Nef, sur le site du journal La Croix :

    Polémique autour du pèlerinage de Chartres : « Militons pour une véritable paix liturgique »

    Christophe Geffroy, directeur de la revue La Nef, revient sur la polémique autour du pèlerinage de Chartres, après une tribune du père Benoist de Sinety. Pour lui, une « véritable paix liturgique » doit s’appuyer sur un respect des différentes sensibilités, en particulier « l’acceptation de la pleine légitimité de la liturgie d’à côté ».

    Pour Christophe Geffroy, directeur de la revue La Nef, le pèlerinage de Chartres peut être vu comme la preuve que les mesures autoritaires de Rome sont un échec en ce qu’elles confortent le mouvement qu’elles voudraient réduire.

    Cette année, le pèlerinage de Chartres, organisé par Notre-Dame de Chrétienté à la Pentecôte, a connu un succès tout particulier. Pour la première fois de son histoire, les organisateurs ont dû fermer les inscriptions une semaine avant le départ : au-delà de 16 000 inscrits, la logistique ne pouvait plus suivre ! Beau succès, assurément, alors même qu’il y a une volonté appuyée de Rome de limiter drastiquement l’extension de la « messe traditionnelle » depuis la publication du motu proprioTraditionis custodes à l’été 2021.

    Réponse du berger à la bergère ? Probable, en effet. Il est certain que ce texte, qui est perçu comme profondément injuste par la plupart des « tradis », a eu pour conséquence de mobiliser une base militante active et d’attirer un plus nombre de chrétiens, pas spécialement « tradis » mais sympathisants de leurs frères inutilement brimés, ou tout simplement désireux de marcher pour prier Notre-Dame. Bref, le pèlerinage de Chartres peut être vu comme la preuve que les mesures autoritaires de Rome sont un échec en ce qu’elles confortent le mouvement qu’elles voudraient réduire.

    De vives réactions

    Dans ce contexte, le père Benoist de Sinety, curé de la paroisse Saint-Eubert de Lille, ancien responsable des aumôneries étudiantes d’Île-de-France et ancien vicaire général du diocèse de Paris, a publié sur le site d’Aleteia une tribune sur le pèlerinage de Chartres qui a déclenché de vives réactions dans le monde « tradi ».

    Que lui reproche-t-on ? De regretter qu’un prêtre ne puisse y venir et y célébrer la messe dite de Paul VI qui est celle du pape et de la quasi-totalité des prêtres du rite romain. Son texte aurait pu d’ailleurs gagner en clarté s’il avait précisé qu’il parlait de la messe privée et sans public que tous les prêtres qui marchent célèbrent seuls dans une tente à 5 heures du matin, puisque les trois messes publiques solennelles ne sont pas concélébrées. Sa demande est-elle scandaleuse ou même juste exorbitante ?

    Une messe privée nécessairement en « forme extraordinaire »

    Imaginons un grand pèlerinage où les messes publiques seraient dans la « forme ordinaire » et où seraient invités à marcher pour accompagner les pèlerins des prêtres des instituts traditionalistes ; et imaginons maintenant qu’on leur impose de célébrer leur messe privée quotidienne en « forme ordinaire » : la plupart refuseraient et on pourrait les comprendre. C’est exactement la même chose au pèlerinage de Chartres : depuis l’origine, les prêtres qui accompagnent les marcheurs sont tenus de célébrer leur messe privée dans la « forme extraordinaire ».

    Pourquoi imposer cette contrainte qui ne concerne en rien les pèlerins ? Autant on comprend que les organisateurs soient inflexibles pour les trois messes publiques des samedi, dimanche et lundi, puisque la « messe traditionnelle » fait partie intégrante du charisme de ce pèlerinage de chrétienté, autant on ne comprend pas l’interdiction de messes privées de Paul VI, ce qui conduit au reste des prêtres, comme le père de Sinety, à renoncer à venir au pèlerinage alors que les organisateurs se plaignent chaque année du manque de prêtres pour assurer les confessions de tant de pèlerins ! C’est absurde.

    Une nouveauté notoire

    Cette année, cependant, une nouveauté notoire et fondatrice est intervenue : il semblerait que, en raison de la pression exercée par le diocèse de Paris, Notre-Dame de Chrétienté a accepté sur les routes de Chartres un prêtre célébrant sa messe privée dans la « forme ordinaire ». C’est peut-être un précédent qui portera du fruit et permettrait de faire évoluer les esprits, tant ce blocage sur le refus de la messe de Paul VI n’a pas de sens – sauf, bien sûr, à la considérer comme « déficiente » et donc non digne d’être célébrée !

    Le contexte actuel avec le motu proprio Traditionis custodes est difficile, et l’on comprend la souffrance des « tradis » qui se sentent rejetés par ceux qui devraient être leurs pères. Mais leurs affaires n’avanceront pas s’ils se raidissent et finissent par donner raison au pape François quand il reproche à l’ensemble du monde « tradi » de rejeter la messe de Paul VI et le concile Vatican II.

    Certes, on peut dire que c’est la réforme du Paul VI et le Concile qui ont vidé les églises : qu’il y ait du vrai dans ces assertions, c’est évident ; que l’on puisse en débattre, c’est juste et nécessaire ; mais la principale raison de l’effondrement du christianisme en France et en Europe tient à des causes beaucoup plus vastes liées à l’évolution de nos sociétés, sinon pourquoi toutes les autres confessions chrétiennes qui n’ont connu ni réforme liturgique ni concile subissent un reflux plus important encore (excepté les évangéliques) ?

    Le respect à l’autre

    Cela fait plus de trente ans qu’à La Nef nous militons pour une véritable paix liturgique : alors que le nombre de fidèles ne cesse de décroître, est-il vraiment nécessaire de se diviser toujours plus ? « Il y a des demeures nombreuses dans la maison de mon Père » (Jn 14, 2) est la phrase de l’Évangile qui illustre depuis l’origine l’esprit de La Nef : « Personne n’est de trop dans l’Église », affirmait Benoît XVI.

    Mais une véritable paix passe forcément par le respect de l’autre, à savoir l’acceptation de la pleine légitimité de la liturgie « d’à côté » : reconnaître le droit de cité de la « forme extraordinaire » comme Benoît XVI l’avait fait et, à l’inverse, reconnaître la « valeur » et la « sainteté » (Benoît XVI) du nouveau rite. Tant que le combat pour la messe dite de saint Pie V se justifiera par la critique acerbe de celle de Paul VI, aucune paix liturgique ne sera possible. C’est en acceptant pleinement cette dernière (ce qui n’empêche pas certaines critiques comme le faisait le cardinal Ratzinger, critiques aussi possibles sur le missel de saint Pie V qui mériterait des évolutions) que l’on pourra défendre efficacement la raison d’être de la messe de saint Pie V.

    Lire également :