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Ethique - Page 52

  • La révolution du pape François "jette le trouble dans l'Eglise"

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    De Jean-Marie Guénois sur le site du Figaro via Il Sismografo :

    Ordination d’hommes mariés, diaconat féminin... La révolution voulue par le pape François jette le trouble dans l’Église

    13 août 2023

    Le pape entend modifier en profondeur la gouvernance de l’institution catholique. Une voie contestée par de nombreux laïcs et prêtres.-- En cette fête de l’Assomption de Marie, le 15 août, le monde catholique célèbre l’un de ses plus grands rendez-vous de l’année. Encore bercé par le succès rassurant des JMJ au Portugal, l’Église vit toutefois dans la confusion face aux orientations que le pape entend imposer dès la rentrée à l’institution. La douce consolation estivale de Lisbonne pourrait se transformer en un véritable choc automnal.

    Juste avant les Journées mondiales de la jeunesse, le pape a en effet confirmé, par des actes forts, sa volonté de réformer l’Église, à tout prix et en trois directions. En premier lieu sa gouvernance, que François veut plus démocratique et décentralisée. La vision théologique catholique ensuite qui ne doit plus être conservatrice mais progressiste, au diapason des évolutions de la société moderne. Et enfin sa succession, qu’il prépare en réduisant à une minorité congrue les cardinaux opposés à sa vision de l’Église parmi ceux qui éliront son successeur.

    Ainsi, le 20 juin, faisait-il publier un audacieux «document de travail» (instrumentum laboris), qui guidera le prochain synode réformateur sur la gouvernance de l’Église. Cette assemblée réunira au Vatican trois cents évêques et expert laïcs en deux sessions, programmées en octobre prochain et un an plus tard. Le 7 juillet, le Vatican dévoilait la liste décisive des participants à ce synode, choisis, en majorité, pour leur opinion en faveur de la réforme.

    Parmi eux, François a voulu par exemple nommer James Martin, un jésuite américain, leader de la défense de la cause LGBTQ+. Ce religieux est un symbole. Il est aussi extrêmement efficace et ne sera pas inerte lors de l’assemblée pour faire avancer le dossier de la bénédiction des couples homosexuels, l’une des réformes publiquement demandées par ce synode.

    Les décisions «irréversibles» du pape

    Parmi les autres réformes débattues, la gouvernance de l’Église, elle, ne serait plus aux seules mains des prêtres et évêques. Des laïcs de base seraient impliqués selon une méthode plus démocratique, moins hiérarchique. Rome ne serait plus d’ailleurs la centrale de pouvoir, lequel devrait se décliner au niveau local ou continental, selon les dossiers. Quant aux femmes, elles pourraient bénéficier de nouvelles responsabilités et, un jour, d’un statut diaconal, la requête est déposée. Le célibat sacerdotal, enfin, sera lui aussi discuté pour ouvrir, pourquoi pas, la prêtrise à des hommes mariés.

    Le 1er juillet, François a pris une autre décision capitale. Il a nommé son ami et fils spirituel, Mgr Victor Manuel Fernandez, 61 ans, au poste clé de préfet du dicastère de la Doctrine de la foi. À partir de la mi-septembre, cet Argentin, mentor théologique du pontificat de François, va donner le ton à l’échelle mondiale de l’Église catholique. Comme le fit, au même poste, un certain cardinal Ratzinger sous le pontificat de Jean-Paul II. Sauf que Fernandez apparaît comme l’anti-Ratzinger sur le plan théologique.

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  • L'intrépidité de la foi africaine : un antidote aux déviances occidentales ?

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    De Michael Warsaw sur le National Catholic Register :

    L'Église catholique en Afrique est une bénédiction

    La vitalité de la jeunesse et la ferveur évangélique pour la proclamation de l'Évangile, même dans un contexte de persécution intense, sont les dons de l'Afrique à l'Église d'aujourd'hui.

    11 août 2023

    Lorsque les participants se réuniront à Rome à l'occasion du Synode sur la synodalité de cet automne pour réfléchir à la manière dont l'Église catholique mondiale peut mieux communiquer l'amour salvateur de Jésus pour toute l'humanité, un vaste contraste entre les opinions des divers continents sera mis en évidence. Cette tension peut être résumée par deux questions opposées.

    La mission d'évangélisation de l'Église peut-elle être accomplie uniquement en rejetant les enseignements qui contredisent le progressisme séculier, comme l'affirment les dirigeants de la Voie synodale allemande et leurs partisans dans d'autres nations occidentales riches ?

    Ou bien cette nouvelle évangélisation ne peut-elle être accomplie que si l'Église continue sans crainte à proclamer ce qu'elle a toujours défendu, comme le déclarent collectivement les dirigeants de l'Église à travers l'Afrique ?

    Une illustration frappante de ces points de vue divergents a eu lieu en mars lors de la session de clôture de la Voie synodale d'Allemagne. Ce jour-là, l'assemblée a voté à une écrasante majorité en faveur des bénédictions de couples homosexuels, au mépris flagrant du récent avertissement du Vatican selon lequel de telles bénédictions sont inadmissibles pour la simple raison que Dieu "ne bénit pas et ne peut pas bénir le péché". Mais une voix africaine courageuse et sensée s'est néanmoins fait entendre pour s'y opposer. 

    "Les catholiques d'Afrique sont strictement opposés aux partenariats homosexuels... Je considère donc qu'il s'agit d'un sujet pour l'Église universelle", a déclaré Emeka Ani, président du Conseil pastoral fédéral pour les catholiques d'autres langues maternelles et d'autres rites, lors de l'assemblée. 

    "Les gens se tournent vers l'Afrique et je crois que c'est la raison pour laquelle le synode universel sur la synodalité rejettera ce sujet", a-t-il ajouté.

    Les dirigeants de la Voie synodale ne sont pas de cet avis. Ils font plutôt pression pour que le prochain synode donne son feu vert à leurs actions sur les bénédictions homosexuelles, l'ordination des femmes et la démocratisation de la gouvernance de l'Église, et des partisans comme le cardinal Robert McElroy de San Diego ont ouvertement exprimé l'espoir que cela facilitera la mise en œuvre des mêmes programmes dissidents aux États-Unis et dans d'autres pays.

    Le choc entre les perspectives africaines et allemandes sur ces questions n'est pas une nouveauté. 

    Lors des synodes sur la famille de 2014 et 2015, les dirigeants de l'Église africaine ont été à l'avant-garde de la riposte lorsque l'Église allemande a fait pression en faveur de ses programmes sécularisés. Après que les Africains se soient mobilisés pour défendre l'orthodoxie, le cardinal allemand Walter Kasper a grommelé qu'"ils ne devraient pas trop nous dire ce que nous devons faire" lorsqu'il s'agit de traiter des questions liées à la sexualité et au mariage. Il a également attribué la résistance africaine à l'acceptation de l'homosexualité à un "tabou" culturel plutôt qu'à une détermination collective à être fidèle aux enseignements moraux catholiques bien établis.

    Il est vrai que, même avant l'influence du christianisme, les cultures africaines préexistantes étaient attachées à une conception traditionnelle de la famille, qui incluait une forte opposition aux activités homosexuelles. Mais les fortes valeurs familiales des Africains doivent être considérées comme un atout, et non comme un handicap. 

    Nous pouvons être reconnaissants de cet aspect positif de la culture africaine, tout en reconnaissant les profonds problèmes sociaux qui continuent de prévaloir dans une grande partie de l'Afrique. Dans le domaine spécifique de l'homosexualité, les croyances culturelles traditionnelles ont parfois contribué à des politiques extrémistes dans certains pays. Ces politiques sont en contradiction avec l'enseignement de l'Église, qui respecte la dignité des personnes attirées par le même sexe et rejette toute forme de discrimination injuste à leur égard.

    Il est également vrai qu'en de nombreux endroits, un travail considérable reste à faire pour améliorer la formation des catholiques qui sont membres des Églises locales relativement jeunes du continent. 

    Cependant, ce qui est le plus frappant au sujet de la communauté africaine, ce sont deux bénédictions indéniables : leur vitalité juvénile et leur ferveur évangélique à proclamer l'Évangile, même dans le contexte d'une persécution intense et parfois mortelle. 

    Contrairement aux congrégations clairsemées et grisonnantes présentes le dimanche dans de nombreuses églises d'Allemagne et d'autres pays d'Europe occidentale, les messes des pays africains sont remplies de jeunes catholiques exubérants, désireux d'adorer Dieu avec respect au cours de leurs liturgies et de répandre l'amour de Jésus par la suite, au service des autres.

    Ici, aux États-Unis, où, contrairement à l'Allemagne, la grande majorité des dirigeants de l'Église n'ont pas adhéré aux programmes séculiers dissidents, nous pouvons être reconnaissants et inspirés par ce témoignage intrépide de la foi africaine. C'est le genre de dynamisme qui fera avancer l'Église de la manière envisagée par saint Jean-Paul II, Benoît XVI et François, le trio de papes qui se sont partagé la responsabilité d'initier l'ère de la nouvelle évangélisation inaugurée par le concile Vatican II.

    L'une des manifestations les plus inspirantes de cette nouvelle ère dans la vie de l'Église a été la Journée mondiale de la jeunesse. Comme toujours, la dernière version de l'événement, qui s'est achevée le 6 août à Lisbonne, a témoigné du fait qu'un grand nombre de jeunes du monde entier continuent d'être animés par leur rencontre sacramentelle avec Jésus-Christ. Forts de la bénédiction de nos frères et sœurs africains dans la foi, nous devrions prier pour que ce même engagement évangélique s'avère être l'esprit dominant du Synode sur la synodalité de 2023.

    Que Dieu vous bénisse !

    Michael Warsaw Michael Warsaw est président du conseil d'administration et directeur général du réseau catholique mondial EWTN et éditeur du National Catholic Register.

  • J.K. Rowling victime du terrorisme wokiste

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    De Marie Delarue sur Boulevard Voltaire :

    Bannie de son œuvre ! J.K. Rowling, martyre de la grande purge wokiste

    11 août 2023

    C’est la nouvelle « culturelle » du jour : le musée de la Pop-culture de Seattle qui consacre une exposition à Harry Potter, a décidé d’en bannir l’auteur, J.K. Rowling, supprimant dorénavant toute mention de son nom dans ses murs. Désormais, lady Rowling sera désignée par la périphrase « Vous-Savez-Qui »… Histoire de l’assimiler au méchant de ses romans, l’affreux Voldemort.

    Honnêtement, on se fout du musée de la pop-culture de Seattle, ville de cette côte ouest des Etats-Unis envahie – comme San Francisco, Portland ou, plus haut, Vancouver – de toxicos défoncés au crack, OxyContin et autres opioïdes. Seattle, la ville des géants Microsoft, Amazon et Starbucks qui ont tous trois conquis la planète… Rien de surprenant à ce que le musée de la Pop-culture local contribue à l’universel pourrissement des esprits.

    Mais le sort fait à un écrivain de statut mondial a de quoi surprendre. Depuis que le wokisme lui est tombé dessus, nous avons relaté ici les épisodes du martyre de J.K. Rowling. Son péché originel est, rappelons-le, d’avoir osé sous-entendre que « les personnes qui ont leurs règles » – référence à un article du site Devex du 6 juin 2020 – sont tout simplement des femmes. Ce crime de transphobie depuis dénoncé sans relâche lui vaut de nombreuses menaces de viol et de mort, puis l’interdiction de paraître dans tout événement, émission ou reportage consacrés à la saga Harry Potter. Il permet même de l’évincer des fêtes du 20e anniversaire de l’apparition de son héros.

    J. K. Rowling est même dénigrée par les jeunes acteurs connus grâce à la saga : on a vu Daniel Radcliffe, LE Harry Potter du cinéma, tweeter des excuses en son nom, affirmant : « Les femmes transgenres sont des femmes ».

    Chris Moore, le directeur de l’exposition Harry Potter au musée de la pop culture de Seattle, lui-même trans, faut-il le préciser, accuse donc J.K. Rowling de propos « extrêmement haineux et controversés ». Il écrit : « Nous aimerions bien suivre la théorie d’Internet selon laquelle ces livres ont été écrits sans auteur, mais cette personne est un peu trop bruyante avec ses opinions haineuses et discriminantes pour que nous puissions l’ignorer. Oui, nous parlons de J.K. Rowling, et non, nous ne voulons pas lui faire de publicité. Donc, c’est la dernière fois que vous verrez son nom dans ce post. Nous l’appellerons désormais Vous-Savez-Qui parce qu’ils ont des caractères assez proches. »

    Le crime de transphobie risquant sans doute de paraître insuffisant au commun des mortels, Chris Moore en a listé d’autres : « soutien à des créateurs antisémites, les stéréotypes raciaux qu’elle a utilisés lors de la création de personnages, d’un monde des sorciers incroyablement blanc, et le manque de représentation LGBTQIA+ ».

    On pourrait glisser sur ce tissu d’âneries, se contentant d’observer que la bêtise hargneuse nous permet au moins d’avoir une idée de l’infini. On pourrait tenter de se rassurer, ou du moins essayer : les contempteurs de l’écrivain sont ultra-minoritaires et leur vacarme s’éteindra faute de porte-voix.

    Pas sûr, hélas. On en veut pour preuve une anecdote rapportée jeudi soir sur CNews par le grand reporter Régis le Sommier. Elle remonte aux années 1990. Cela se passait, disait-il, à l’université UCLA, en Californie. Dans ce laboratoire du terrorisme féministe, une armée de harpies réclamait que soit interdite l’étude de Moby-Dick, le roman d’Herman Melville, au motif que, dans cette histoire – comme dans la réalité ! –, les équipages de baleiniers n’étaient constitués que d’hommes. Moby-Dick est paru en 1851, son auteur est mort en 1891. Un siècle plus tard il se voyait donc frappé d’infâmie.

    La grande purge initiée alors par une poignée d’hystériques s’est depuis répandue dans tout l’Occident, entraînant la mise au ban de dizaines d’auteurs, acteurs, comédiens, politiques, on en passe et de plus anonymes.

    Le wokisme n’est qu’un terrorisme de plus, avec tous les corollaires qu’on leur connaît.

  • Bienfaits du confessionnal

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    « Il faut bien avouer que, depuis quelques décennies, les confessionnaux des églises servent plus de placards à balais que de lieux où prêtres et laïcs célèbrent le sacrement de pénitence. Le Code de Droit canonique établit pourtant que « les confessions ne seront pas entendues en dehors du confessionnal, à moins d’une juste cause ». Et si le temps était venu d’un petit éloge du confessionnal ? »

    L‘abbé Laurent Spriet s’y applique ci-dessous dans la revue « La Nef » (juillet 2023) :

    « Que demande l’Église ? Pour entendre les confessions, l’Église catholique de rite latin préfère le confessionnal. Le Code de Droit canonique le dit explicitement : « Pour entendre les confessions sacramentelles, le lieu propre est l’église ou l’oratoire (§1). En ce qui concerne le confessionnal, la conférence des Évêques établira des règles, en prévoyant toutefois qu’il y ait toujours dans un endroit bien visible des confessionnaux munis d’une grille fixe séparant le pénitent du confesseur et dont les fidèles qui le désirent puissent librement user (§2). Les confessions ne seront pas entendues en dehors du confessionnal, à moins d’une juste cause (§3) » (CIC 1983 / c 964) (*)

    Vous aurez noté le §2 qui ouvre la voie à une autre solution que le confessionnal, et le §3 qui indique le confessionnal comme siège habituel et normal pour entendre les confessions.

    Dans le Code de 1917 seules les femmes devaient impérativement être entendues au confessionnal (cf. CIC 1917 / c 909 § 1) ; dans le Code de 1983 promulgué par saint Jean-Paul II ce sont tous les fidèles qui sont concernés indistinctement.

    La Conférence des évêques de France (CEF) a curieusement laissé entendre que le confessionnal ou un autre lieu étaient deux possibilités équivalentes : « Pour le lieu de la confession, tel qu’il est prévu au CIC 964 §2, l’Assemblée des évêques s’en tient aux “Variationes” du Rituel de la pénitence dans leur texte français préparé par la Commission internationale francophone : le lieu où est célébré le sacrement est important pour donner aux signes d’accueil et de pardon (absolution) toute leur valeur expressive. C’est ordinairement, sauf juste motif, une église ou un oratoire. Pour ce qui est du siège, on accordera toujours aux personnes qui viennent la liberté d’aller en un lieu visible, soit au confessionnal muni d’une grille, soit dans un local offrant la possibilité de s’asseoir et permettant un dialogue plus facile entre pénitent et prêtre : les confessions ne seront, sauf juste motif, reçues que là » (1). Vous remarquerez que les termes employés par la CEF manifestent une certaine préférence pour le « local » plutôt que pour le confessionnal. C’est dommageable parce que ce n’est pas ce que dit le Code de 1983.

    Et si le confesseur veut confesser les pénitents dans un confessionnal ? La question a été posée au Saint-Siège et celui-ci a répondu que le prêtre a le droit de choisir le confessionnal comme siège où entendre les confessions, « cela même dans le cas où le pénitent demande que l’on procède autrement » (2). Cette directive a été reprise en 2002 par saint Jean-Paul II dans sa Lettre apostolique en forme de motu proprio Misericordia Dei (§ 9). Prêtres et fidèles de rite latin ont droit au confessionnal.

    Les avantages du confessionnal

    Le premier est l’anonymat. Les fidèles ont le droit de confesser leurs péchés sans être obligés de révéler leur identité personnelle. Dans un confessionnal, le prêtre n’est pas face au pénitent ; il ne le regarde pas et il n’est pas obligé de se tourner vers la grille pour savoir qui se présente. Il n’est pas douteux que cet anonymat peut faciliter la demande de pardon de bien des pécheurs. À l’inverse, le « local » peut en faire reculer plus d’un.

    De plus, le confessionnal protège le droit de chaque fidèle (confesseur et pénitent) de défendre son intégrité et son honneur de tout danger ou soupçon. Comment, par exemple, une femme ou un homme pourraient-ils accuser un confesseur d’attouchements s’ils sont entendus dans un confessionnal muni d’une grille fixe ?

    Enfin, le confessionnal permet de bien com­prendre la nature du sacrement : il ne s’agit pas d’un dialogue face à face entre un prêtre et un pénitent, mais d’une rencontre d’un pénitent agenouillé devant son Sauveur crucifié et en présence d’un ministre de l’Église. Le confessionnal a une vertu pédagogique majeure.

    Éviter des dérives sexuelles

    Les faits dramatiques sont connus : certains prêtres ont profité de confessions pour non seulement solliciter sexuellement leur pénitent ou pénitente, mais encore pour commettre des péchés contre le sixième commandement (3).

    Il est bien évident que le confessionnal n’est pas une garantie absolue face aux sollicitations : quel que soit l’endroit choisi, un prêtre ou un pénitent déséquilibré sera toujours capable d’inciter au mal et au péché (4). En revanche, le confessionnal est une protection contre les actions peccamineuses commises lors de la célébration du sacrement : la grille fixe protège et le confesseur et le pénitent. En ce sens, le saint pape Paul VI a pu parler de « l’écran protecteur » du confessionnal (5).

    C’est aussi la raison pour laquelle Benoît XVI disait à des prêtres : « il faut revenir au confessionnal, comme le lieu où célébrer le sacrement de la réconciliation, mais aussi comme le lieu où “habiter” plus souvent, afin que le fidèle puisse trouver miséricorde, conseil et réconfort, se sentir aimé et compris de Dieu et faire l’expérience de la présence de la Miséricorde divine, à côté de la Présence réelle dans l’Eucharistie » (6).

    De facto, les clercs d’aujourd’hui se croient-ils plus sages et plus vertueux que ceux d’hier ? Même si le confessionnal n’est un meuble liturgique employé que depuis le XVIe siècle (7), faut-il le négliger et le mépriser de nos jours ? Sûrement pas.

    Abbé Laurent Spriet

    (*) Vox clamantis in deserto oubliée aujourd’hui ?  Et pour cause du genre d’incises qui glissent trop facilement dans la littérature conciliaire, canonique ou autre :  « à moins d’une juste cause », « toutes choses égales »  etc. (ndB).

    ____

    (1) Documentation catholique (DC) 86, (1989), 76.

    (2) DC 95 (1998), 799.

    (3) Pour ne donner que deux exemples de personnes qui ont été reconnues coupables après un procès canonique : Théodore McCarrick (ancien cardinal archevêque de Washington) et le Père Mansour Labaky.

    (4) Cf. les films Léon Morin, prêtre et La Confession. Dans ces deux films il apparaît nettement que c’est davantage la pénitente que le confesseur qui est tentée de solliciter ad turpia.

    (5) Audience générale du mercredi 3 avril 1974, DC 71 (1974), 404.

    (6) Benoît XVI, Discours aux participants au cours sur le for interne organisé par la Pénitencerie apostolique, Salle Clémentine, 11 mars 2010.

    (7) Nous devons sans doute son invention à saint Charles Borromée. Cf. R. NAZ, Dictionnaire de droit canonique, tome IV, 1949, 63.

    © LA NEF n° 351 Octobre 2022, mis en ligne en juillet 2023.

  • Entrée libre pour tous mais les églises sont vides... Rêves et réalité d’un pontificat à son crépuscule

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso (traduction de diakonos.be) :

    Entrée libre mais églises vides. Rêves et réalité d’un pontificat à son crépuscule

    L’Église « n’a pas de portes » et donc tous peuvent y entrer, mais vraiment « tous, tous, tous, sans aucune exclusion ». Tel est le message sur lequel le Pape François a le plus insisté lors de son voyage à Lisbonne, à la veille d’un synode qui – dans son « Instrumentum laboris » – place en tête de liste des invités à entrer « les divorcés remariés, les personnes vivant dans des mariages polygames et les personnes LGBTQ+ ».

    Mais entretemps, en Italie, là où François est évêque de Rome et primat, les églises se vident. Une enquête approfondie réalisée pour la revue « Il Timone » par Euromedia Research a confirmé qu’aujourd’hui à peine 58,4% des citoyens italiens de plus de 18 ans s’identifient encore comme « catholiques », face à pas moins de 37% de « non croyants ». Et ceux qui vont à la messe le dimanche forment à peine 13,8% de la population, en grande partie les plus de 45 ans, avec une présence encore plus basse en Lombardie et en Vénétie, dans des régions qui étaient pourtant historiquement le bastion du « monde catholique » italien.

    Et ça ne s’arrête pas là. Même chez les catholiques « pratiquants », c’est-à-dire ceux qui vont à la messe au moins une fois par mois, à peine un sur trois reconnaît encore dans l’Eucharistie « le corps réel du Christ », les autres la réduisent à un vague « symbole » ou à un « souvenir du pain de la dernière Cène ». Et à peine un sur trois se confesse encore au moins une fois par an, encore convaincu qu’il s’agit d’un sacrement pour la « rémission des péchés ». Il n’est donc pas surprenant que le théologien bénédictin Elmar Salmann ait déclaré, dans une interview le 14 juin à « L’Osservatore Romano » que plus encore que le nombre des fidèles, c’est le déclin de la pratique des sacrements qui l’inquiète, car elle est « sur le point de sombrer ».

    Un déclin qui va de pair avec une capitulation visible face à « l’esprit du temps » en matière de doctrine et de morale. Pas moins de 43% des catholiques pratiquants considèrent que l’avortement est un droit ; 41,6% pensent qu’il est juste d’autoriser le mariage entre homosexuels ; 61,8% nie que divorcer soit un péché ; 71,6% approuve la contraception. On ne constate une certaine résistance qu’au sujet de la location d’utérus, contre laquelle s’érigent deux pratiquants sur trois.

    Mais si telle est la réalité des faits, quel pourrait bien être l’effet de cette invitation insistante à accueillir dans l’Église « tous, tous, tous », c’est-à-dire également des personnes, notamment comme « « Les divorcés remariés, les personnes vivant dans des mariages polygames et les personnes LGBTQ+ » qui, si l’on s’en tient à ce que l’Église a toujours enseigné « ne peuvent pas recevoir tous les sacrements » ?

    C’est la question qu’Anita Hirschbeck, de la « Katholische Nachrichten-Agentur », a posée au Pape pendant la conférence de presse sur le vol de retour de Lisbonne, le 6 août. François lui a répondu qui oui, tout le monde doit être accueilli dans l’Église, « les laids et les beaux, les bons et les méchants », y compris les homosexuels. Mais « autre chose est la ministérialité de l’Église, qui est la manière de faire avancer le troupeau, et une des choses importantes est, dans la ministérialité, l’accompagnement des personnes pas à pas dans leur chemin de maturation… L’Église est mère, elle reçoit tout le monde, et chacun fait son chemin au sein de l’Église ».

    Dit comme cela, cette réponse du Pape donne un coup de frein à la fuite en avant du « chemin synodal » d’Allemagne, mais pas seulement, vers une révolution de la doctrine de l’Église sur la sexualité.

    Il s’agit d’une réponse tout à fait dans la ligne de ce qui est écrit dans la bien plus solide « Lettre pastorale sur la sexualité humaine » publiée par les évêques de Scandinavie pendant le Carême dernier : « Il se peut que les circonstances empêchent un catholique, pour un temps, de recevoir les sacrements. Il ou elle ne cesse pas pour autant d’être membre de l’Église. Faire, dans la foi, l’expérience d’un exil intérieur peut conduire à développer un sens d’appartenance plus profond ».

    Mais il faut souligner que François ne parle et n’agit pas toujours avec cohérence sur ces questions.

    La bénédiction des couples homosexuels, par exemple, bien qu’elle soit interdite – avec l’accord écrit du Pape – par le Dicastère pour la Doctrine de la foi présidé par le cardinal Luis Francisco Ladaria Ferrer, a été dans les faits approuvée par le même François à plusieurs reprises.

    Et à présent que Ladaria laisse la place à Victor Manuel Fernández, le théologien argentin controversé privilégié par Jorge Mario Bergoglio, il ne fait aucun doute que le temps des gardiens de la doctrine « qui pointent du doigt et qui condamnent » est révolu pour faire place à un irénique programme de « croissance harmonieuse » entre « les divers courants de pensée philosophique, théologique et pastorale », qui « préservera la doctrine catholique plus efficacement qu’un quelconque mécanisme de contrôle », comme on peut le lire dans l’inhabituelle lettre du Pape qui a accompagné la nomination du nouveau préfet.

    Un sérieux coup de barre dans cette direction a déjà été amorcé avec l’interview que « L’Osservatore Romano » a publiée le 27 juillet avec Piero Coda, 68 ans, secrétaire général de la Commission théologique internationale, membre de la Commission théologique du synode et professeur à l’Institut universitaire Sophia de Loppiano, appartenant au mouvement des Focolari dont il est un membre de tout premier plan.

    L’interview a pour titre « Il n’y a pas de réforme dans l’Église sans réforme de la théologie ». Et dans l’article, plus que les réponses, ce sont les questions qui sont révélatrices, de la part du directeur du quotidien du Vatican Andrea Monda et de Roberto Cetera, l’un et l’autre anciens professeurs de religion au lycée.

    Le présupposé de départ est que la théologie enseignée à ce jour dans les facultés et les séminaires est « vétuste ». Et elle l’est parce que « l’homme change », même dans les « relations entre les genres » et que nous « risquons de parler à un homme et à une femme qui n’existent plus », alors qu’un « renouvellement de la théologie devrait commencer précisément par une revisite de la pensée anthropologique ».

    Donc il faut même repenser l’homme Jésus dans une nouvelle forme, débarrassée de la « fixité » adoptée jusqu’ici. Voici ce que Coda déclare : « L’anthropologie théologique comme nous la représentons souvent est en grande partie à mettre au placard : certes pas dans sa substance, mais dans l’interprétation qui en est donnée. Parce qu’elle est abstraite et idéaliste. Elle présente une vision du monde et de l’homme d’exculturation. Il faut la revivre, la repenser et la reproposer ».

    D’où une série de propositions de réformes que les journalistes énumèrent de la sorte au terme de l’entretien : « Pour rembobiner le fil de cette conversation, nous sommes partis du péché originel : à repenser ; et ensuite la grâce : à repenser ; et puis la liberté : à repenser ; et puis les sacrements : à repenser. Si nous étions à votre place, Monseigneur Coda, en pensant au travail qu’il faudrait entreprendre – en partant du principe qu’il n’y a pas de réforme de l’Église sans réforme de la théologie – les veines et le sang nous en trembleraient. »

    Si tel est le chantier ouvert, dans lequel tout peut être changé, il est difficile d’imaginer un crépuscule de pontificat plus en révolution que l’actuel. Ou pour le dire mieux,  plus en confusion.

  • Les poèmes érotiques de l'archevêque Fernández : public, contexte, commentaires

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    Une analyse de John Smith sur le Catholic World Report :

    Les poèmes érotiques de l'archevêque Fernández : public, contexte, commentaires

    Si le livre de l'archevêque Víctor Manuel Fernández, Heal Me with Your Mouth : The Art of Kissing (L'art du baiser), l'incursion du futur préfet, atypique pour un ecclésiastique, dans la poésie érotique est plus intéressante que ses réflexions théologiques sur le baiser.

    9 août 2023

    Détail de la couverture de "Sáname con tu boca : El arte de besar" (Guéris-moi avec ta bouche : l'art du baiser, 1995), écrit par le père Víctor Manuel Fernández. (Image : Capture d'écran)

    Le 1er juillet, quelques heures après que le pape François a nommé l'archevêque Víctor Manuel Fernández nouveau préfet du Dicastère de la doctrine de la foi, Reuters a publié un article sur la nomination intitulé "Le pape nomme un évêque argentin, auteur d'un livre de baisers, à un poste de premier plan au Vatican".

    Le "livre de baisers" est 'Sáname con tu boca : El arte de besar' (Guéris-moi avec ta bouche : l'art du baiser, 1995). Une traduction anglaise est disponible en ligne.

    Ce livre a été publié lorsque Fernández avait 33 ans, dix ans après son ordination diaconale et neuf ans après son ordination sacerdotale dans le diocèse de Río Cuarto en Argentine. Précisant que "ce livre "n'a pas été écrit à partir de ma propre expérience, mais à partir de la vie des gens qui s'embrassent", Fernández a écrit qu'il espérait que les pages du livre "vous aideraient à mieux embrasser, qu'elles vous motiveraient à libérer le meilleur de votre être dans un baiser" (p. 9). Dans les pages qui suivent, Fernández fait de nombreuses déclarations sur le baiser et propose des réflexions théologiques sur le baiser.

    Plus intéressante que les réflexions théologiques de Mgr Fernández sur le baiser est l'incursion du futur préfet, atypique pour un ecclésiastique, dans la poésie érotique. Guéris-moi avec ta bouche comprend quatre poèmes de Mgr Fernández, dont deux signés "Víctor M. Fernández" et deux signés "Tucho" (le surnom de Mgr Fernández). Cinq poèmes non signés, qui peuvent ou non être de Fernández, figurent également dans le livre.

    En 1960, quatorze ans après son ordination sacerdotale, le futur pape saint Jean-Paul II a écrit 'La boutique de l'orfèvre', une pièce de théâtre en trois actes sur le mariage - également une incursion littéraire atypique pour un prélat. Cette pièce a certainement mérité l'attention des journalistes, des universitaires et des fidèles lors de l'élection de Karol Wojtyła à la papauté.

    Les poèmes érotiques de Fernández méritent une attention similaire aujourd'hui, compte tenu de sa nomination en tant que préfet du dicastère pour la doctrine de la foi et de son élévation au collège des cardinaux. Ils méritent une lecture attentive.

    Les poèmes érotiques de Fernández : le public visé

    Depuis sa nomination en tant que préfet du dicastère pour la doctrine de la foi, le cardinal désigné Fernández a défendu Guéris-moi avec ta bouche - et, par extension, les poèmes érotiques qu'il a inclus dans le livre - et a fourni des informations importantes sur le public visé par l'ouvrage.

    "J'essayais d'atteindre les jeunes", a-t-il rappelé dans un message publié sur Facebook le 3 juillet. "Il m'est alors venu à l'esprit d'écrire une catéchèse pour eux, basée sur la signification du baiser. J'ai écrit cette catéchèse avec la participation d'un groupe de jeunes qui m'ont donné des idées, des phrases, des poèmes, etc.

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  • Les gens en auraient-ils marre du wokisme ?

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    De VAPlus sur youtube :

    L’adaptation en prise de vue réelle (live action) de Blanche-Neige a récemment fait parler d’elle. Plus de nains, plus de prince, une actrice métisse... Le public de Disney est en colère et il le fait savoir. Il en va de même avec Netflix qui voit son nombre d’abonnés diminuer drastiquement. Les gens en auraient-ils marre du wokisme ? 

  • Guerre juste, paix juste et Ukraine

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    De George Weigel sur First Things :

    GUERRE JUSTE, PAIX JUSTE ET UKRAINE

    8 . 9 . 23

    Carl von Clausewitz, le théoricien militaire prussien du dix-neuvième siècle dont le chef-d'œuvre, 'De la guerre', est encore étudié aujourd'hui, n'est généralement pas considéré comme une ressource intellectuelle pour les philosophes et les théologiens moraux. C'est regrettable. Car l'affirmation fondamentale de Clausewitz, selon laquelle la guerre est l'extension de la politique par d'autres moyens, est en fait une affirmation morale. Pourquoi ? Parce que si la guerre n'est pas la politique par d'autres moyens - si l'utilisation de la force armée n'est pas dirigée vers la restauration ou l'établissement de la paix de la liberté, de la justice et de l'ordre - alors la guerre est simplement du brigandage et de la boucherie. 

    Cela fait plus de trente-cinq ans que j'essaie de faire valoir ce point, depuis que j'ai affirmé pour la première fois qu'en plus de ses principes classiques de ius ad bellum (décision de guerre) et de ius in bello (conduite de la guerre), la tradition catholique de la guerre juste, comprise comme une composante de la théorie catholique classique des relations internationales, contient également un ius ad pacem implicite : l'obligation de construire une paix juste au lendemain de la guerre. Clausewitz, je suppose, serait d'accord - bien qu'étant prussien, il aurait eu des idées assez différentes de celles d'Augustin et Thomas d'Aquin sur la paix à rechercher à la suite d'une guerre. Quoi qu'il en soit, je soutiens que l'obligation du ius ad pacem relie les principes catholiques classiques de la guerre juste sur l'utilisation d'une force armée proportionnée et discriminée au concept clausewitzien de la guerre en tant qu'exercice politique, et pas seulement militaire.

    Cette idée d'un ius ad pacem ancrée dans la tradition de la guerre juste n'est cependant pas très présente dans la pensée catholique contemporaine de la guerre juste. Pourquoi ? En partie parce que de nombreux penseurs catholiques de la guerre juste acceptent l'idée que la tradition de la guerre juste commence par une "présomption contre la guerre". Mais cela revient à introduire clandestinement une prémisse pacifiste dans le mode de pensée de la guerre juste et ce premier pas erroné conduit inexorablement à l'idée tout aussi erronée que les principes de la guerre juste sont une sorte de liste de contrôle que les éthiciens proposent aux hommes d'État (c'est-à-dire, cochez toutes les cases et vous pouvez aller à la guerre). La tradition de la guerre juste devient alors une caricature d'elle-même. En effet, la tradition de la guerre juste et ses principes constituent un cadre pour une réflexion morale collaborative entre les éthiciens et les responsables publics chargés de veiller au bien commun. Ces principes ne sont pas (pour varier l'imagerie) un ensemble de cercles que les chefs religieux et les théoriciens de la morale demandent aux hommes d'État de franchir, et limiter l'analyse de la guerre juste à des cercles tend à clore la discussion avant qu'elle n'aboutisse à la paix à rechercher. 

    Cette question est redevenue urgente en raison de la guerre menée par la Russie en Ukraine. 

    En effet, une sorte de "présomption contre la guerre" semble sous-tendre l'argument, malheureusement présent dans certains cercles catholiques, selon lequel le chemin vers la paix en Ukraine passera par un "dialogue" entre la Russie et l'Ukraine : un dialogue entre des parties politiquement et moralement symétriques, qui ont toutes deux des objectifs de guerre moralement défendables. Or, cela est manifestement faux. 

    Selon l'autorité de Vladimir Poutine, la guerre de la Russie est une guerre de conquête néocoloniale avec un sous-texte génocidaire : L'Ukraine n'est pas une véritable nation ; l'Ukraine n'a aucune revendication légitime de souveraineté nationale ; l'Ukraine est dirigée par des nazis déterminés à détruire la Russie sur ordre de l'Occident. Ce ne sont que des mensonges, propagés internationalement par une propagande russe incessante et étayés par les déclarations blasphématoires du patriarche orthodoxe russe de Moscou et de toutes les Russies, Kirill (un agent du KGB à Genève alors qu'il était jeune prêtre). Mais elles ont eu un effet en Occident, notamment en Italie.

    Une discussion sur le livre organisée le 4 juillet à Rome par la Communauté de Sant'Egidio a semblé tomber dans ce piège de la symétrie. J'admire les nombreux efforts de Sant'Egidio pour servir les pauvres de Rome, et je suis reconnaissant à la communauté pour le superbe travail qu'elle a accompli en créant un sanctuaire pour les martyrs modernes à la basilique de S. Bartolomeo sur l'île du Tibre à Rome. Mais lorsque les orateurs de la manifestation du 4 juillet à Sant'Egidio ont évoqué les complexités de l'histoire et la nécessité d'aller au-delà des solutions simples aux conflits, des questions se sont posées quant à la profondeur intellectuelle affichée, ces tropes étant des clichés usés jusqu'à la corde. Et lorsqu'un orateur a insisté sur le fait que chaque guerre laisse le monde dans un état pire qu'avant, je me suis demandé si l'une des personnes présentes, se souvenant du cimetière militaire américain voisin de Nettuno, pensait que l'Italie était dans un état pire après avoir été libérée par les armes des Alliés lors de la Seconde Guerre mondiale. 

    La conception de la politique mondiale de Sant'Egidio, telle qu'elle a été exposée le 4 juillet, n'a pas grand-chose à voir avec la théorie catholique classique des relations internationales et la tradition de la guerre juste. Et cela vaut la peine d'être noté, car Sant'Egidio semble avoir assumé la direction de la mission de paix ukrainienne promue par le pape François, laissant la Secrétairerie d'État du Vatican dans un rôle subalterne.

    La chronique de George Weigel "La différence catholique" est syndiquée par le Denver Catholic, la publication officielle de l'archidiocèse de Denver.

    George Weigel est Distinguished Senior Fellow du Ethics and Public Policy Center de Washington, D.C., où il est titulaire de la chaire William E. Simon d'études catholiques.

  • En quoi le pape a raison sur l'Europe - et que les grands médias de l'UE ne rapportent pas

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    De James Jeffrey sur Brussels Signal :

    En quoi le pape a raison sur l'Europe - et que les grands médias de l'UE ne rapportent pas

    8 août 2023

    Le mandat du pape François s'avère controversé : beaucoup lui reprochent d'être trop libéral et de saper la doctrine catholique traditionnelle. Certains suggèrent même qu'il peut être un peu "woke".

    Mais lorsqu'il s'agit de l'Europe, de ses maux et de sa politique, il n'y va pas par quatre chemins. Le pape semble être l'une des rares personnalités publiques à vouloir s'exprimer sur la myriade de problèmes qui minent le continent et le projet européen lui-même.

    Cette franchise à l'égard de l'Europe s'est manifestée lors de sa visite au Portugal à l'occasion des Journées mondiales de la jeunesse, le festival de la jeunesse catholique qui s'est déroulé du 1er au 6 août. (...)

    Certes, il a tenu les propos rhétoriques édifiants que l'on est en droit d'attendre d'un pape, exhortant l'Europe à retrouver son "cœur jeune" et "un élan d'ouverture universelle", rapporte Justin McLellan pour Our Sunday Visitor. Mais il a également abordé des questions réelles et concrètes, en particulier la guerre en Ukraine, soulignant que le monde "a besoin du rôle de l'Europe en tant que pont et artisan de la paix" et déplorant le manque de "moyens créatifs pour mettre fin à la guerre". Il a également déploré "l'utilitarisme rampant" du monde occidental moderne qui voit les enfants à naître et les personnes âgées abandonnés et jugés sans valeur, note M. McLellan.

    Étant donné qu'il participait aux Journées mondiales de la jeunesse, il a souligné les innombrables problèmes auxquels les jeunes sont confrontés lorsqu'ils entrent dans l'âge adulte : "le manque d'emplois, le rythme effréné de la vie contemporaine, l'augmentation du coût de la vie, la difficulté de trouver un logement et, plus inquiétant encore, la peur de fonder une famille et de mettre des enfants au monde".

    Certes, il n'a pas fait le lien entre cette litanie d'obstacles et la pression obsessionnelle de l'UE en faveur d'un programme vert qui fait grimper les coûts - sans parler du désespoir existentiel des jeunes générations - ou ses politiques progressistes qui font un pied de nez aux valeurs traditionnelles, mais il a au moins articulé un grand nombre de problèmes exacerbés par les formules utopiques de l'UE.

    Depuis que je suis arrivé à Bruxelles et que je me suis concentré sur les questions européennes, j'ai remarqué que si vous voulez savoir ce que le Pape a à dire sur l'Europe, ses problèmes et la direction qu'elle prend, vous devez vous adresser à des médias catholiques de niche - qui ne sont pas si mauvais que cela, d'ailleurs, et qui font du journalisme de qualité - que la plupart des gens, même les catholiques, ne rencontrent que très rarement.

    La couverture médiatique du pape par les grands médias de l'UE se contente généralement de sélectionner les commentaires qu'il fait pour les adapter à leur agenda éditorial, ou de les utiliser pour donner une mauvaise image des États membres qui ne suivent pas la ligne de conduite. Comme la Hongrie.

    La visite du pape en Hongrie, en mai dernier, en a été la parfaite illustration. En plus de faire une remarque similaire sur le manque d'"énergie créative" pour trouver une solution à la guerre en Ukraine, le Pape a audacieusement dénoncé la "voie funeste empruntée par ces formes de "colonisation idéologique" qui annulent les différences, comme dans le cas de la soi-disant théorie du genre, ou qui placent devant la réalité de la vie des concepts réducteurs de liberté, par exemple en vantant comme un progrès un "droit à l'avortement" insensé, qui est toujours une défaite tragique".

    Il s'agit d'une prise de position très peu woke - ce qui est plutôt ce que l'on espère entendre de la part d'un pape qui dirige l'Église catholique vieille de 2 000 ans, que l'on soit d'accord avec lui ou non - et qui va à l'encontre de certains des principaux piliers du libéralisme progressiste moderne.

    La couverture de ces commentaires, ainsi que de l'ensemble du voyage, par les grands médias européens a été révélatrice.

    France 24 s'est tellement investie dans ce voyage qu'elle a cité un article de l'Agence France-Presse (AFP) qui commençait la visite du Pape par un rejet de "la belligérance adolescente" dans un contexte de montée du nationalisme et de guerre en Ukraine. Aucune mention, naturellement, de ses commentaires sur la théorie du genre et l'avortement.

    "Le pape a réitéré ses appels à l'accueil des migrants après une rencontre avec le Premier ministre nationaliste Viktor Orban", a déclaré Deutsche Welle de manière très originale. A la moitié de l'article, alors que l'on pense que l'article pourrait s'aventurer sur d'autres sujets, il décide d'analyser "Quel est l'emploi du temps du pape ?

    La BBC a commencé par évoquer les tensions suscitées par la "position ferme du Premier ministre Viktor Orban contre les migrants" et les commentaires du pape sur la guerre en Ukraine - des sujets sûrs sur lesquels les élites métropolitaines et les libéraux peuvent hocher la tête de manière consensuelle. Plus loin, l'article mentionne la théorie du genre et les commentaires sur l'avortement dans un paragraphe de deux phrases.

    Reuters, une autre agence de presse vers laquelle se tournent de nombreux médias européens, a présenté sa couverture presque entièrement sous l'angle des préoccupations liées à la "montée du nationalisme" en Hongrie.

    Politico EU, de la même manière, a présenté la visite comme coïncidant avec les critiques adressées au gouvernement hongrois "à propos des politiques anti-immigration et de la rhétorique qui a attisé la xénophobie" - sans mentionner, bien sûr, la fermeté avec laquelle le pape s'est exprimé sur la théorie du genre et sur l'avortement.

    Les médias grand public font actuellement l'objet de nombreuses critiques injustes et malsaines car, en fin de compte, on ne peut jamais tout inclure dans un article et dans sa couverture. Néanmoins, de nombreuses publications n'en démordent pas : les préjugés sur les questions de guerre culturelle sont endémiques, et lorsque quelqu'un s'y oppose, comme Orban, il se fait tancer, ou lorsqu'il s'agit du pape de 86 ans - pour qui il est moins facile de se faire tancer par les médias - la tactique déployée est tout simplement de ne pas couvrir les commentaires.

    Eduard Habsburg, ambassadeur de Hongrie auprès du Saint-Siège et de l'Ordre souverain de Malte, a dénoncé la couverture biaisée et myope de la visite en Hongrie par les médias grand public.

    "Il nous a parlé de nombreuses choses que le gouvernement hongrois fait bien", a remarqué M. Habsburg, comme le soutien à la formation des familles, tout en reconnaissant que le Pape "a bien sûr évoqué quelques points sur lesquels la Hongrie peut s'améliorer".

    Aldous Huxley a écrit son classique dystopique 'Le meilleur des mondes' en 1931, à une époque où le capitalisme et la culture de masse prenaient leur essor en Europe et devenaient plus accessibles et plus abordables pour le grand public. Cela inclut l'émergence des médias de masse, ainsi que la technologie - radio, télévision - facilitant leur propagation. En 1958, Huxley a écrit Brave New World Revisited, un commentaire non fictionnel intriguant sur son célèbre roman et sur la mesure dans laquelle ses prédictions dystopiques s'étaient réalisées.

    "Cette élite du pouvoir emploie directement plusieurs millions de travailleurs dans ses usines, ses bureaux et ses magasins, en contrôle plusieurs millions d'autres en leur prêtant l'argent nécessaire à l'achat de ses produits et, grâce à sa propriété des moyens de communication de masse, influence les pensées, les sentiments et les actions de pratiquement tout le monde", écrit Huxley. "Pour parodier les mots de W. Churchill, jamais autant de personnes n'ont été manipulées à ce point par un petit nombre.

    Depuis lors, les progrès technologiques et scientifiques qui ont influencé les idées - et les préoccupations - de Huxley sur le progrès technologique moderne, les médias de masse et la propagande se sont développés de manière exponentielle et à un degré que même Huxley n'aurait peut-être pas pu envisager.

    Il est bon de s'en souvenir lorsque l'on s'efforce de se tenir au courant des événements qui se déroulent dans l'UE.

  • La vérité est toujours splendide : Veritatis Splendor du pape saint Jean-Paul II à 30 ans

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    De Samuel Gregg sur le Catholic World Report :

    La vérité est toujours splendide : Veritatis Splendor du pape saint Jean-Paul II à 30 ans

    La grande encyclique du défunt pontife, la plus controversée, sur la morale et la théologie morale, publiée le 6 août 1993, répond toujours à certaines des questions les plus cruciales de notre époque.

    6 août 2023

    En dehors du monde catholique, la publication des encycliques papales retient rarement l'attention. Ce n'était pourtant pas le cas lorsque, il y a 30 ans, Jean-Paul II a promulgué, le 6 août 1993, l'encyclique la plus controversée de son long pontificat.

    Son titre même, Veritatis Splendor (La splendeur de la vérité), jetait un gant à des sociétés - et à une Église - de plus en plus sous l'emprise du relativisme. Les grands journaux n'ont pas seulement accordé une couverture considérable à la publication de Veritatis Splendor ; ils ont ouvert leurs pages d'opinion aux partisans et aux détracteurs de l'encyclique, catholiques et non-catholiques se retrouvant dans les deux camps.

    Le fait que cette division ne se soit pas faite selon le schéma "catholiques contre tout le monde" est révélateur. Tout d'abord, il a mis en évidence le fait que certains universitaires catholiques avaient effectivement rejeté quelque chose que l'Église a enseigné sans ambiguïté depuis ses débuts : que certains actes sont intrinsèquement mauvais (intrinsece malum) et qu'ils ne doivent jamais être choisis. Deuxièmement, il est apparu que de nombreux non-catholiques comprenaient comment le fait de nier de tels absolus moraux touche au cœur de toute société qui aspire à être civilisée.

    J'avais à peine une vingtaine d'années lorsque l'encyclique a été publiée. Je n'oublierai jamais, cependant, le commentaire d'un ami juif qui la considérait comme une lecture indispensable pour tous ceux qui ne voulaient pas voir l'Occident s'effondrer davantage dans un marasme d'incohérence morale. Il n'y avait tout simplement, disait-il, aucun autre document contemporain comme celui-ci.

    Veritatis Splendor était certainement cette rareté : un texte postérieur aux années 1960 qui remettait en question le subjectivisme moral et le sentimentalisme qui avaient imprégné la plupart des institutions culturelles occidentales. Mais l'encyclique ne se contentait pas de réaffirmer l'enseignement moral catholique de base. Elle cherchait à présenter à une Église et à un monde qui se complaisent de plus en plus dans la médiocrité morale un récit convaincant sur ce que sont réellement la liberté et la bonne vie.

    L'essor de la nouvelle morale

    Le scepticisme quant à la capacité de l'homme à connaître la vérité remonte au philosophe grec Pyrrho d'Elis (vers 365-275 av. J.-C.). Le christianisme, cependant, a toujours insisté sur le fait que les humains peuvent connaître la vérité morale par la foi et la raison.

    Cela inclut la vérité, comme l'a écrit Jean-Paul dans son exhortation de 1984 Reconciliatio et paenitentia, qu'il y a "des actes qui, en soi et en eux-mêmes, indépendamment des circonstances, sont toujours gravement répréhensibles en raison de leur objet". La ligne suivante décrit cela comme "une doctrine, basée sur le Décalogue et sur la prédication du Nouveau Testament, assimilée au kérygme des Apôtres et appartenant à l'enseignement le plus ancien de l'Église" (RP 17).

    C'est à peu près tout ce qu'un pape peut faire de plus précis. Mais la réaffirmation sans ambiguïté par Jean-Paul de l'existence de ce que l'on appelle les normes morales sans exception indique qu'il était conscient que certains théologiens catholiques avaient pratiquement abandonné ce que Veritatis Splendor décrirait comme une question de "foi révélée" (VS 29).

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  • Sur le vol de retour de Lisbonne, la conférence de presse du pape

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    De Vatican News :

    François à Fatima, une prière pour la paix, sans bruit

    Sur le vol de retour de Lisbonne, le Pape explique aux journalistes pourquoi il a choisi de prier en silence dans le sanctuaire et pourquoi, devant les jeunes, il a préféré laisser de côté les discours préparés pour mieux s'adresser à eux. Il réitère sa «tolérance zéro» à l'égard des abus sur mineurs. Le Pape revient également sur les raisons de son prochain voyage à Marseille, et répète que l'Eglise est ouverte à tous, même à ceux qui ne peuvent pas recevoir certains sacrements.

    Depuis le vol papal

    Matteo Bruni, directeur du Bureau de presse du Saint-Siège -Bonsoir Votre Sainteté, nous revenons rajeunis et joyeux de ces JMJ où nous avons pu nous confronter aux questions et aux attentes des jeunes, par rapport à l'Église, à la foi, mais aussi au monde. Et nous avons pu entendre sa réponse dans ses mots, dans sa présence. Il y a maintenant quelques questions des journalistes, mais vous vouliez d'abord dire un mot, Pape François…

    Bonsoir et merci beaucoup pour cette expérience. Aujourd'hui, c'est un anniversaire, de Rita Cruz, joyeux anniversaire ! Ensuite il y a aura un gâteau!

    Aura Maria Vistas Miguel, Radio Renascença - Votre Sainteté, je vous remercie tout d'abord pour votre visite au Portugal. Tout le monde considère déjà que c'est un succès. Tout le monde est ravi. Merci d'être venu. J'ai trouvé un important chef de police qui m'a dit qu'il n'avait jamais vu une foule aussi obéissante et pacifique. C'était magnifique.

    Ma question concerne Fatima. Nous savons que vous y êtes allés et que vous avez prié en silence dans la petite chapelle. Mais il y avait cette grande attente, à l'endroit même où la Vierge avait demandé de prier pour la fin de la guerre, et nous sommes malheureusement en guerre en ce moment, d'un renouvellement de votre Saint-Père, d’une prière publique pour la paix. Les yeux du monde entier étaient fixés sur vous samedi matin à Fatima. Pourquoi ne l'avez-vous pas fait?

    J'ai prié, j'ai prié. J'ai prié Notre-Dame et j'ai prié pour la paix.

    Je n'ai pas fait de publicité. Mais j'ai prié. Et nous devons continuellement répéter cette prière pour la paix. Elle l'avait demandée lors de la Première Guerre mondiale. Et cette fois-ci, je l'ai demandée à la Sainte Vierge. Et j'ai prié. Je n'ai pas fait de publicité.

    João Francisco Gonçalves Gomes, Observador - En février de cette année, un rapport a été publié sur la réalité des abus au Portugal, près de 5 000 enfants ont été victimes au cours des dernières décennies. Je vous pose la question: êtes-vous informé de ce rapport remis aux évêques? Que pensez-vous qu'il devrait arriver aux évêques qui étaient au courant des cas d'abus et qui ne les ont pas communiqués aux autorités?

    Comme vous le savez tous, j'ai reçu de manière très confidentielle un groupe de personnes qui avaient été abusées. Comme je le fais toujours dans ces cas-là, nous avons parlé de ce fléau, de ces coups terribles. Dans l'Église, nous avons suivi plus ou moins le même comportement que celui qui est actuellement suivi dans les familles et les quartiers: nous avons couvert... Nous pensons que 42% des abus ont lieu dans les familles ou les quartiers. Nous devons encore mûrir et aider à découvrir ces choses. Depuis le scandale de Boston, l'Église a pris conscience qu’elle ne pouvait pas avancer à l’aveuglette, mais qu'elle devait prendre le taureau par les cornes. Il y a deux ans et demi, une réunion des présidents des conférences épiscopales a eu lieu, au cours de laquelle des statistiques officielles sur les abus ont également été fournies.

    La situation est grave, très grave. Dans l'Église, il y a une phrase que nous utilisons tout le temps: tolérance zéro, tolérance zéro. Et les pasteurs qui, d'une manière ou d'une autre, n'ont pas assumé leur responsabilité doivent assumer cette irresponsabilité. Le monde des abus est très dur et c'est pour cela que je nous invite à être très ouverts à ce sujet. En ce qui concerne la question que vous m'avez posée sur le déroulement du processus dans l'Église portugaise, il se déroule bien. Cela se passe bien, et sereinement. Nous recherchons le sérieux dans les cas d’abus. Les chiffres finissent parfois par être exagérés, un peu pour les commentaires que nous aimons toujours faire, mais la réalité est que le processus avance, et cela me rassure.

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  • Le synode : un "parlement" catholique ?

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    De Thomas R. Ascik sur le Catholic World Report :

    Le Synode vu comme un Parlement catholique

    Le document de travail récemment publié pour la prochaine session du Synode en octobre est modelé sur les préoccupations et les griefs politiques et d'opinion publique des démocraties libérales post-modernes de l'Occident.

    2 août 2023  The Dispatch 13Imprimer

    Logo du document synodal du Vatican "Élargissez l'espace de votre tente".

    Dans son langage et dans ses objectifs, explicites et implicites, le document de travail récemment publié pour la prochaine session du Synode en octobre, Instrumentum Laboris (IL), est modelé sur les préoccupations et les griefs politiques et d'opinion publique des démocraties libérales post-modernes de l'Occident.

    Le document contient des avertissements isolés et maigres selon lesquels " [une] assemblée synodale ne peut être comprise comme représentative et législative, analogue à une structure parlementaire avec sa dynamique de construction de la majorité " et " (l')union n'est pas un rassemblement sociologique en tant que membres d'un groupe identitaire ".

    Mais il contient ensuite une auto-description plus précise de son objectif général et de sa méthode :

    Que pouvons-nous apprendre de la manière dont les institutions publiques et le droit public et civil s'efforcent de répondre au besoin de transparence et de responsabilité de la société (séparation des pouvoirs, organes de contrôle indépendants, obligation de rendre publiques certaines procédures, limitation de la durée des mandats, etc.)

    Et les résultats du "voyage synodal" seront, comme il est dit à plusieurs reprises, orientés vers et dépendants de "notre temps".

    Présenté sous forme de questions du début à la fin, le document de travail se veut indirect. Mais, malgré la définition plus large de la "synodalité" comme "rencontre et dialogue", les questions les plus importantes contiennent les réponses, explicites ou implicites.  Ainsi, une "question" ne porte pas sur l'acceptation ou non du sujet et du contenu de cette question particulière mais, comme le dit une question représentative, sur "les mesures concrètes" à mettre en œuvre pour réaliser le contenu.  Deux questions de ce type sont examinées dans le présent document.

    Les principaux sujets ou questions sont le statut et le rôle des femmes, les guerres, le changement climatique, "notre maison commune", les pauvres et les migrants. En fait, ils sont tous traités comme des questions parlementaires nécessitant une action. Parmi ces sujets, celui qui est le plus mis en avant, dans la plus longue sous-section du document et à de nombreux autres endroits, est celui des femmes.  Le document appelle à un examen non seulement de la place des femmes dans l'Église, mais aussi dans la "société".

    Un objectif majeur est "la promotion de la dignité baptismale des femmes". Il ne faut rien de moins qu'un changement du "langage" de l'Église.  Le "langage utilisé par l'Église" doit être "renouvelé" afin de le rendre "accessible et attrayant pour les hommes et les femmes de notre temps, plutôt qu'un obstacle qui les maintient à distance".  "Les Assemblées continentales ont été unanimes à demander que l'on prête attention à l'expérience, au statut et au rôle des femmes, nonobstant les différentes perspectives présentes sur chaque continent.

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