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Ethique - Page 49

  • L'Esprit Saint ne peut se contredire

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    De Luisella Scrosati sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Burke et Müller : " L'Esprit Saint ne peut se contredire ".

    Les deux cardinaux répondent "présent" aux tentatives de déformation de la doctrine de l'Eglise et renvoient les accusations d'atteinte à l'unité : ce qui unit, c'est l'enseignement et la réaffirmation de la vérité.

    7_10_2023

    Les cardinaux Raymond L. Burke et Gerhard Müller ont répondu "présent" aux nouveaux assauts contre la doctrine et la discipline de l'Église catholique. Les deux cardinaux ont pris la parole lors de l'émission The World Over, diffusée le jeudi 5 octobre par la chaîne catholique américaine EWTN, pour réaffirmer fermement la doctrine de la foi et exhorter tous les catholiques à rester fermes et à demeurer dans l'unique Église du Christ.

    Les deux premiers actes du nouveau préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi, à savoir la publication de la lettre du pape François à la première version des dubia de cinq cardinaux et la réponse aux questions du cardinal Dominik Duka sur Amoris Lætitia, contredisent l'enseignement constant de l'Église sur au moins un point capital : le mal intrinsèque de la sexualité exercée en dehors du mariage légitime. Ces actes portent la signature ex audientia de François, mais la formule habituelle n'y figure pas : "Le Souverain Pontife N.N., le ..., a approuvé cette Lettre (ou Instruction/Décret/Note, etc.) et en a ordonné la publication". Le détail est notable et confié à la réflexion des canonistes.

    En effet, le Pape François contredit tout d'abord le Responsum du 22 février 2021, dont il avait lui-même autorisé la publication, en confiant à la "prudence pastorale" des ministres le soin de "discerner de manière adéquate s'il existe des formes de bénédiction, demandées par une ou plusieurs personnes, qui ne véhiculent pas une conception erronée du mariage". Ainsi, selon lui, il serait possible de bénir des unions non maritales, hétéro ou homo, à condition qu'il n'y ait pas de confusion entre ces unions et le mariage. Il est clair qu'il ne s'agit pas ici de bénir des personnes individuelles, mais des relations, des unions ou des pseudo-mariages, peu importe.

    Exactement le même jour, le 2 octobre, Fernandez a également publié sa réponse à certaines des questions du cardinal Duka, affirmant explicitement ce qui avait été confié à une note dans Amoris Lætitia : François "permet dans certains cas, après un discernement adéquat, l'administration du sacrement de la Réconciliation même lorsque l'on ne peut pas être fidèle à la continence proposée par l'Église".  Et un peu plus loin, il a répété qu'"Amoris Lætitia ouvre la possibilité d'accéder aux sacrements de la Réconciliation et de l'Eucharistie lorsque, dans un cas particulier, il y a des limitations qui atténuent la responsabilité et la culpabilité".

    Le cardinal Burke, au micro d'EWTN, a d'abord expliqué la raison de ces nouveaux dubia : "Nous avons soumis ces questions parce qu'il s'agit de points fondamentaux de l'enseignement et de la discipline de l'Église (...) qui ont été remis en question par les documents synodaux eux-mêmes, mais aussi par ceux qui conduisent le processus synodal". Leur deuxième version a été déterminée par le fait que le Pape "n'avait pas répondu à nos questions". Les dubia sont une demande au successeur de Pierre de "nous confirmer dans la foi catholique". Ils ne constituent pas une attaque contre le pape, mais "une aide pour lui permettre d'exercer sa grave fonction dans un moment de grande difficulté".

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  • CQFD : voilà le pape réputé favorable à des bénédictions pour les couples de même sexe

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    Les propos ambigus de François répondant aux dubia des cardinaux produisent leur effet et sont déjà relayés dans tous les médias.

  • Le Vatican répond aux dubia du cardinal Duka sur les catholiques divorcés et remariés.

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    De Jonathan Liedl sur CNA :

    Le Vatican répond aux dubia du cardinal Duka sur les catholiques divorcés et remariés.

    2 oct. 2023

    Le jour où cinq cardinaux ont publié une série de "dubia" au pape François et où le Vatican a publié les réponses du pape, le Dicastère pour la doctrine de la foi a également publié une autre série importante de "responda" ("réponses") à la demande de clarification d'un prélat de premier plan sur une doctrine morale controversée.

    Le Vatican a publié lundi les réponses à 10 dubia soumis par le cardinal tchèque Dominik Duka concernant "l'administration de l'Eucharistie aux couples divorcés vivant dans une nouvelle union". 

    Initialement soumise par l'archevêque émérite de Prague le 13 juillet au nom de la Conférence épiscopale tchèque, la réponse de la DDF - signée à la fois par le pape François et le nouveau préfet, le cardinal Victor Fernández - avait été transmise au cardinal tchèque le 25 septembre.

    Au cœur du dubia de Duka et de la réponse du Vatican se trouve l'application pratique d'Amoris Laetitia ("La joie de l'amour"), l'exhortation apostolique du pape François publiée après le Synode sur la famille de 2015, et en particulier ses conseils pastoraux pour la réception de la communion par les personnes sacramentellement mariées mais "divorcées et remariées" à une autre personne que leur conjoint.

    L'auteur présumé de l'exhortation du pape de 2015 et maintenant chef du bureau de doctrine de François, Fernández n'a pas hésité à peser avec autorité sur les questions qui lui ont été posées par le prélat tchèque - un changement notable par rapport à l'engagement précédent du DDF avec les questions sur Amoris Laetitia, qui comprenait le fait de ne pas répondre aux dubia précédemment soumis.

    Sur la question de l'admission à l'Eucharistie d'un catholique divorcé de son conjoint sacramentellement marié mais civilement remarié à un autre, Mgr Fernández a écrit que, bien que les prêtres doivent fournir un accompagnement pastoral à l'individu, "c'est chaque personne, individuellement, qui est appelée à se mettre devant Dieu et à lui exposer sa conscience, avec ses possibilités et ses limites", et à évaluer sa disposition à recevoir.

    "Cette conscience, accompagnée par un prêtre et éclairée par les orientations de l'Église, est appelée à se former pour évaluer et donner un jugement suffisant pour discerner la possibilité d'accéder aux sacrements."

    Les orientations d'Amoris Laetitia sur ce sujet ont suscité la controverse lors de leur promulgation. Cinq dubia soumis en 2016 par quatre cardinaux - dont deux des cinq cardinaux qui ont envoyé des dubia au pape plus tôt cet été, le cardinal américain Raymond Burke et le cardinal allemand Walter Brandmüller - ont demandé au pape de clarifier si l'enseignement de saint Jean-Paul II dans Veritatis Splendor ("La splendeur de la vérité") "sur l'existence d'une vérité absolue" avait été respecté ou non. Jean-Paul II dans Veritatis Splendor ("La splendeur de la vérité") "sur l'existence de normes morales absolues qui interdisent les actes intrinsèquement mauvais et qui sont contraignantes sans exceptions" était toujours valable dans le sillage d'Amoris Laetitia, et d'autres questions connexes sur la conscience et les circonstances. Le pape François n'a jamais répondu.

    Aujourd'hui, Mgr Fernández a écrit que, en tant que réponse du pape aux synodes successifs sur la famille en 2014 et 2015, Amoris Laetitia "était le résultat du travail et de la prière de toute l'Église". 

    Ses orientations sur la communion pour les personnes divorcées et remariées se fondent également sur le magistère des deux prédécesseurs du pape François, écrit le préfet de la DDF, bien que ces deux papes aient reconnu que les catholiques divorcés et remariés pouvaient participer à l'Eucharistie s'ils étaient "engagés ... à s'abstenir des actes propres aux époux" (saint Jean-Paul II), ou s'ils s'engageaient à vivre leur relation comme des amis (Benoît XVI); François "admet qu'il peut y avoir des difficultés à pratiquer la continence et permet donc dans certains cas, après un discernement adéquat, l'administration du sacrement de réconciliation même s'il n'est pas possible d'être fidèle à la continence proposée par l'Église". 

    Amoris Laetitia "ouvre également la possibilité d'accéder aux sacrements de la réconciliation et de l'Eucharistie lorsque, dans un cas particulier, il existe des limitations qui atténuent la responsabilité et la culpabilité" - bien que Fernández note que "ce processus d'accompagnement ne se termine pas nécessairement avec les sacrements" mais pourrait indiquer d'autres formes non sacramentelles de communion et d'inclusion.

    S'inspirant directement d'Amoris Laetitia, la réponse de la DDF précise que dans le nécessaire processus de discernement, "les divorcés remariés doivent se demander comment ils se sont comportés envers leurs enfants lorsque l'union conjugale est entrée en crise ; s'il y a eu des tentatives de réconciliation ; comment la situation du partenaire est abandonnée ; quelles conséquences la nouvelle relation a sur le reste de la famille et sur la communauté des fidèles ; quel exemple elle offre aux jeunes qui doivent se préparer au mariage". "Une réflexion sincère peut renforcer la confiance dans la miséricorde de Dieu, qui n'est refusée à personne", peut-on lire dans la réponse du Vatican, citant Amoris Laetitia.

    La réponse affirme également que les évêques devraient développer dans leurs diocèses des critères basés sur Amoris Laetitia qui "peuvent aider les prêtres dans l'accompagnement et le discernement des personnes divorcées vivant dans une nouvelle union", et que l'application d'Amoris par les évêques de la région pastorale de Buenos Aires, que François a qualifiée d'"unique interprétation", devrait être considérée comme un "magistère authentique" et qu'aucune autre explication complète ne serait fournie.

    Les réponses évitent de répondre directement à la question de savoir si les actes commis dans la vie sexuelle du couple composé d'au moins un catholique divorcé et remarié doivent "être mentionnés dans le sacrement de réconciliation", mais le préfet de la DDF écrit que la vie sexuelle du couple doit être "soumise à un examen de conscience pour confirmer qu'elle est une véritable expression de l'amour et qu'elle aide à grandir dans l'amour".

    "Tous les aspects de la vie doivent être placés devant Dieu.

    Enfin, en réponse à la question de Mgr Duka sur la manière dont les évêques tchèques pourraient "procéder pour établir l'unité interne" sur la question de l'orientation pastorale pour les divorcés et les remariés, "mais aussi pour éviter de perturber le magistère ordinaire de l'Église", Mgr Fernández a écrit que les évêques tchèques pourraient "établir l'unité interne" sur la question des divorcés et des remariés en "se mettant d'accord sur des critères minimaux pour mettre en œuvre les propositions d'Amoris Laetitia" afin d'aider les prêtres "dans le processus d'accompagnement et de discernement concernant l'accès possible aux sacrements des divorcés dans une nouvelle union, sans préjudice de l'autorité légitime que chaque évêque a dans son propre diocèse".

  • Fin de vie : que dit l'Eglise ?

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    De Pierre-Olivier Arduin sur le site de La Nef :

    Que dit l’Église sur la fin de vie ?

    L’Église catholique est bien seule, en nos temps de postmodernité, à maintenir une vision anthropologique stable et cohérente et, ainsi, à éclairer les âmes de bonne volonté, notamment par son enseignement sur la fin de vie. Que dit donc l’Église sur la fin de vie ?

    Les tentatives d’adoption de lois légitimant des formes de suicide assisté et d’euthanasie des malades les plus vulnérables se multiplient, n’épargnant aucun pays, y compris la France où leurs promoteurs demeurent actifs et comptent bien parvenir à leurs fins lors du prochain quinquennat. Le président Macron ne s’en cache pas ; après le saccage des lois de bioéthique, l’allongement du délai de l’IVG et la volonté d’inscrire le droit à l’avortement dans la Charte européenne des droits fondamentaux, ce sera le dernier chantier « sociétal » de l’actuelle majorité.

    Face à de telles dérives qui ébranleraient tous les fondements de la médecine hippocratique occidentale, l’enseignement de l’Église constitue non seulement une boussole fiable, rappelant sans ambiguïté le devoir de protéger la vie des patients jusque dans les phases les plus critiques de la maladie, mais également un GPS particulièrement élaboré pour éviter les chemins de traverse qui fragilisent l’interdit de tuer. La promulgation le 14 juillet 2020 par la Congrégation pour la Doctrine de la foi (CDF) de la Lettre Samaritanus bonus « sur le soin des personnes en phase terminale de la vie » représente à ce titre un aboutissement du Magistère sur ce thème (1). Le pape François qui a suivi de près les travaux préparatoires a ordonné la publication d’un texte qui développe et éclaire une réflexion de l’Église courant sur soixante-cinq années, depuis l’allocution fondatrice du pape Pie XII en février 1957 à des médecins sur les bonnes pratiques analgésiques en fin de vie.

    Il est toutefois étonnant de constater que Samaritanus bonus (SB) qui constitue un véritable vade-mecum n’a toujours pas reçu l’accueil qu’il mériterait en France, tant ce document d’une richesse exceptionnelle peut éclairer tous ceux qui ont à cœur le respect de la vie des malades. Aussi voudrions-nous ici en présenter les lignes de force pour donner le goût de l’étudier, de le mettre en pratique et de le faire connaître, y compris au sein de cercles non ecclésiaux.

    Un jugement sévère sur l’euthanasie

    Premier fait d’importance à rappeler, qui peut sembler couler de source, la sévérité du jugement de l’Église sur l’euthanasie, SB affirmant sans la moindre équivoque qu’elle est « un crime contre la vie humaine », un « acte meurtrier intrinsèquement mauvais, quelles que soient les circonstances », qu’« aucune fin ne peut légitimer et qui ne tolère aucune forme de complicité ou de collaboration, active ou passive » (V, 1). Il ne s’agit pas que de mots. Cette fermeté a trouvé une traduction concrète dans une affaire peu connue qu’a eue à trancher la Congrégation pour la Doctrine de la foi il y a quelques mois, alors même qu’elle avait pratiquement achevé la rédaction de la Lettre.

    En mars 2017, sur le site de la branche belge de la Congrégation des Frères de la Charité, un document était publié admettant à certaines conditions la pratique de l’euthanasie des malades accueillis dans leurs structures hospitalières psychiatriques. On le sait, la Belgique est l’un des premiers États au monde à avoir légalisé le suicide assisté et l’euthanasie des malades, des enfants, des personnes âgées et handicapées, et avoir instauré une « société de l’euthanasie » dont souhaiteraient s’inspirer de nombreux responsables politiques. Dès le mois de mai 2017, la CDF avait alerté le Saint-Père de la gravité du cas qui avait alors demandé au supérieur général des Frères de la Charité des éclaircissements urgents. Entre juin 2017 et mars 2020, pas moins de huit réunions rassemblant les représentants des Frères avec les préfets et secrétaires des dicastères concernés eurent lieu à Rome, sans compter les échanges épistolaires et la nomination d’un visiteur apostolique, leur demandant de récrire leur charte et de réaffirmer leur « adhésion sincère aux principes de sacralité de la vie humaine avec comme conséquence l’impossibilité de collaborer avec les institutions civiles belges, l’inacceptabilité de l’euthanasie et le refus absolu de l’exécuter dans les institutions qui dépendent d’eux » (2). Aucun pas en avant n’ayant été effectué, les religieux belges s’obstinant à envisager le meurtre de leurs patients « psychiatriques », la CDF avec l’approbation du pape François a dès lors signifié à la province belge des Frères de la Charité qu’ils « ne pourront plus, dorénavant, se considérer comme des institutions catholiques ».

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  • Une commission d'enquête sur les abus dans l'Eglise : une réponse justifiée à l'indignation du public ou une récupération à des fins électorales ?

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    De Céline Bouckaert sur le site du Vif :

    Commission d’enquête sur les abus dans l’Eglise: véritable indignation ou récupération politique ?

    29 septembre 2023

    Suite à la diffusion de Godvergeten, l’émission de la VRT qui donne la parole aux victimes d’abus sexuels au sein de l’Eglise, dix partis politiques s’expriment en faveur de l’ouverture d’une commission d’enquête. Tentative de récupération politique ou indignation réelle face à la souffrance des victimes?

    L’émission Godvergeten suit une vingtaine de victimes d’abus sexuels dans leur quête de reconnaissance. Vooruit, Groen, l’Open VLD, le CD&V, la N-VA, le Vlaams Belang, le PS, Ecolo, les Engagés et DéFI, soit la quasi-totalité des partis belges, soutiennent l’initiative d’une commission. Le MR, lui, préconise de bien évaluer la meilleure manière de procéder. « Nous sommes pour la plus grande clarté dans ce dossier et la mise sur pied d’un instrument parlementaire pour aider les victimes. Nous verrons en commission quelle sera la meilleure manière d’y parvenir », a commenté le groupe libéral.

    Caroline Sägesser, chercheuse au Centre de recherche et d’information socio-politiques (CRISP), et spécialisée dans la question des cultes, n’est pas certaine qu’aujourd’hui une commission d’enquête soit la meilleure réponse à la souffrance des victimes de l’Eglise. « Nous assistons davantage à une prise de conscience du public qu’à la révélation de faits nouveaux, puisque la plupart d’entre eux sont déjà connus depuis 2010-2011 », souligne-t-elle.

    Très peu de temps pour la commission d’enquête

    En outre, la commission aurait très peu de temps pour faire toute la lumière dans ce dossier. En fin de législature, les commissions d’enquête sont dissoutes, rappelle la chercheuse. « Ce serait frustrant pour les victimes que cette commission n‘ait pas le temps d’aller au fond du problème. Aussi, il faudrait examiner ce qui n’a pas fonctionné lors de la commission spéciale mise sur pied en 2011 ». En revanche, il serait possible de voter une résolution appelant à la constitution de cette commission dès le lendemain des élections.

    Groen et Ecolo souhaitent que la commission se focalise sur les victimes, mais aussi qu’elle revienne sur l’opération Calice et la manière dont la Justice s’est emparée de l’affaire. « Il ne serait pas très judicieux de refaire tout le travail que nous avons effectué en 2010-2011. Mais nous n’avons peut-être pas suffisamment placé les victimes au centre et nous ne les avons pas suffisamment écoutées« , admet Stefaan Van Hecke, député fédéral Groen et membre de la commission d’enquête de l’époque.

    Une commission spéciale « relative au traitement d’abus sexuels et de faits de pédophilie dans une relation d’autorité, en particulier au sein de l’Eglise » avait en effet vu le jour à la Chambre à l’époque. Elle avait procédé à de nombreuses auditions et approuvé une série de recommandations touchant des domaines divers comme l’allongement des délais de prescription, l’interdiction de résidence d’une personne condamnée dans une zone définie par un juge ou encore l’extension des possibilités de lever le secret professionnel. Un centre temporaire d’arbitrage en matière d’abus sexuels avait par ailleurs été créé à la suite d’un accord passé entre la commission parlementaire et l’Eglise. Il était chargé d’indemniser les victimes dont le dossier était prescrit.

    En 2011, l’enquête judiciaire connue sous le nom d’Opération Calice avait été marquée par un revers retentissant lorsque la chambre des mises en accusation de Bruxelles avaient déclaré nulles les spectaculaires perquisitions menées en 2010 par le juge Wim De Troy au siège de l’archevêché de Malines, à la cathédrale Saint-Rombaut, au domicile privé du cardinal Danneels, aux Archives du Royaume et auprès de la commission Adriaenssens.

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  • L'affaire Rupnik révèlerait-elle une schizophrénie vaticane ?

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    De René Poujol sur son blog :

    Affaire Rupnik : schizophrénie vaticane

    Lutter contre les abus dans l’Eglise n’est définitivement plus la priorité du pape François. 

    Dans une France catholique toute mobilisée par le proche voyage du pape François à Marseille, l’événement est passé inaperçu. Le 18 septembre, un communiqué du Vicaire du diocèse de Rome dont le pape est l’évêque, tendait à “blanchir“ le père Marko Rupnik pourtant “estimé coupable » d’une quarantaine d’agressions sexuelles, abus psychologiques et spirituels sur des religieuses et déjà sanctionné, notamment par l’Ordre jésuite auquel il appartient. Nouveau rebondissement dans une affaire où le célèbre mosaïste (on lui doit les aménagements récents de la façade du Rosaire à Lourdes) semble bénéficier de la protection personnelle du pape François. Ce qui consolide le doute sur sa détermination à faire de la lutte contre les abus et agressions dans l’Eglise une réelle priorité de son pontificat. 

    Un mosaïste jésuite de renommée internationale

    Marko Rupnik, jésuite slovène et mosaïste, jouit depuis plusieurs décennies d’une renommée internationale. Jean-Paul II, déjà, lui avait confié la rénovation de la chapelle Redemptoris Mater au sein même des appartements privés du palais pontifical au Vatican. En 2008, à l’occasion du cent-cinquantième anniversaire des Apparitions, étaient inaugurées à Lourdes les mosaïques illustrant, sur la façade de la basilique du Rosaire, les « nouveaux » mystères lumineux proclamés quelques années plus tôt par le pape Wojtyla. (1) On trouve d’autres de ses œuvres à Fatima, Washington… En 2017 le diocèse de Versailles annonçait que le directeur du Centre d’art Aletti, à Rome, avait été retenu pour la conception et la décoration d’une nouvelle église Saint-Joseph-le-Bienveillant à Montigny-le-Bretonneux. Commande annulée par le diocèse dès la sortie de l’affaire. Sauf que le ver était déjà dans le fruit…

    Après des décennies de silence, l’mage d’un prédateur

    En 2015, on le sait aujourd’hui, le prêtre agresse sexuellement une femme en confession avant que de lui donner l’absolution. La victime se confie, trois ans plus tard, aux pères jésuites. Les premières sanctions tombent cette même année 2018 : interdiction de confesser et d’accompagner spirituellement des femmes. En 2020, Marko Rupnik est même démis des fonctions qu’il occupait depuis vingt-cinq ans à la tête du Centre Aletti. De son côté le Dicastère pour la doctrine de la foi ( DDF) que préside le cardinal Ladaria, en charge de ces dossiers sensibles, reconnaît qu’il y a bien eu « absolution du complice » (2) Au terme du droit canonique, cela entraine une excommunication automatique qui est signifiée à l’intéressé… avant que d’être levée un mois plus tard dans des circonstances restées obscures et qui, depuis lors, nourrissent bien des soupçons. 

    Mais à ce stade, rien n’a filtré ! Le secret des procédures ecclésiastiques a bien fonctionné. Il faudra attendre les révélations de la presse italienne en décembre 2022 qui révèlent la « deuxième affaire Rupnik ». Elle porte sur des agressions sexuelles et des abus psychologiques et spirituels commis sur neuf religieuses dans les années 1980-1990 dans un couvent de Ljubjana (Slovénie) dont le prêtre mosaïste était conseiller spirituel. Les témoignages, dont la presse fait état, ont été recueillis sur place en 2021 par un évêque auxiliaire de Rome, lui-même jésuite, après que l’Ordre ait été alerté par une victime. On apprend alors que les jésuites ont aggravé les sanctions  (interdiction de prêcher des retraites et de diriger des exercices ignatiens…) sans parvenir toutefois à obtenir du DDF la levée de la prescription. Il n’y aura donc pas de procès canonique.

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  • L’injustice du droit à l’égard des enfants à naître décédés du fait d’un accident

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    De Lucie Pacherie sur gènéthique.org :

    Homicide involontaire du fœtus : quand le droit crée l’injustice

    28 septembre 2023

    L’« affaire Pierre Palmade » fait ressurgir le débat sur le statut juridique des fœtus. Lucie Pacherie, titulaire du certificat d’aptitude à la profession d’avocat, spécialiste en droit de la santé et responsable du plaidoyer France de la Fondation Jérôme Lejeune, dénonce l’injustice du droit à l’égard des enfants à naître décédés du fait d’un accident.

    Nouveau rebondissement dans l’« affaire Pierre Palmade », qui a percuté, sous l’emprise de stupéfiants, une voiture qui transportait une femme enceinte de sept mois. L’enfant qu’elle portait est mort du fait de l’accident, le lien de causalité est certain. Mais une deuxième expertise vient cette semaine relativiser les faits puisqu’elle conclut, contrairement à la première, que l’enfant serait mort-né : il n’aurait pas respiré. La conséquence juridique tombe comme un couperet : l’homicide involontaire de l’enfant à naître ne sera pas reconnu (cf. Si l’atteinte par accident à la vie d’un enfant non encore né n’est pas un homicide involontaire, qu’est-ce donc ?). Le drame des parents d’avoir perdu leur enfant par la faute d’un tiers drogué n’aura aucune traduction pénale. Même conclusion pour les parents de Jade, mort-née, cet été. Alors qu’ils sont sur la route de la maternité, à 4 jours du terme, l’accident de voiture dont ils sont victimes tue leur petite fille in utero (cf. Un fœtus meurt dans un accident, « à 4 jours du terme, il n’existe pas »). 

    Dans ces deux drames, comme dans d’autres qui les ont précédés, l’évidence tragique ne sera pas réprimée. Car l’enfant est un « fœtus », soumis à une jurisprudence « idéologique»  qui rend la loi injuste. 

    Droit versus réalité : l’idéologie de l’avortement est à l’œuvre

    S’il fallait le rappeler, l’article L 221-6 du Code pénal incrimine l’homicide involontaire d’« autrui ». Trois décisions de la chambre criminelle de la Cour de cassation, prononcées en 1999, 2001 et 2002, ont considéré que le fœtus qui n’est pas né vivant est exclu du terme « autrui », en raison de deux principes du droit français : « la loi pénale est d’interprétation stricte » et « les dispositions spéciales dérogent aux dispositions générales ». Les juges considèrent ainsi que le fœtus mort-né, n’ayant pas de personnalité juridique, ne peut être protégé par la loi pénale, et qu’il relève de dispositions spéciales (en l’espèce inexistantes) qui le font échapper au droit commun (celui de l’homicide involontaire).

    Comme le dit Jean Paulhan, « il est de la nature de l’évidence qu’elle passe inaperçue ». C’est ici un cas de flagrant délit. Qui oserait nier que ces parents ont perdu leur enfant ? Que cet enfant est un « autre » qui ne sera pas ? Qu’il ait respiré ou pas.

    En maintenant une telle jurisprudence, les juges piétinent l’évidence. Ils s’accrochent à une logique juridique théorique, gangrenée par l’idéologie de l’avortement. La crainte d’être accusés de remettre en cause l’interruption volontaire de grossesse leur fait perdre tout bon sens. L’enfant à naître gêne. Pire, il est abordé par le prisme de ce prétendu « droit » à l’avortement qui est en fait une exception à la protection de l’être humain dès le commencement de sa vie. L’avortement est devenu une matrice de pensée. Une obsession. La Cour de cassation n’a pu s’en défaire en 2002. Il y a peu de chance qu’elle s’en défasse en 2023 où les revendications persistent. La dernière en date étant l’inscription dans la Constitution. 

    Quand le droit est injuste, il faut agir

    La conséquence de cette jurisprudence tenace depuis plus de 20 ans est double. 

    Les juges participent à la perte de conscience collective de l’être humain. De l’embryon, à l’adulte, l’être humain qui se développe ne change pas de nature, qu’il naisse ou pas. Il appartient à l’espèce humaine et poursuit dès son origine une croissance continue. La Fondation Jérôme Lejeune ne cesse de le dire et d’agir pour le défendre. Pourquoi le fœtus mort-né échapperait à toute protection pénale quand on sait que l’embryon humain, le fœtus né vivant, les personnes physiques, les personnes morales, les personnes décédées, ou même les animaux en bénéficient ?

    Les juges, en créant une dichotomie entre réalité humaine et réalité juridique, engendrent l’injustice. Les victimes de l’accident ne sont pas pénalement des victimes. Le fœtus n’est pas victime puisqu’il n’a pas vécu, donc ses parents non plus. Cette négation est une double peine. 

    Les mots de Saint Augustin résonnent : « on ne peut tenir pour loi une loi qui n’est pas juste ». Même s’il s’agit, en l’espèce, d’une jurisprudence injuste qui fait loi, l’idée s’applique. On ne peut en rester là. Des juges, courageux, se sont déjà levés en 2014. Le tribunal correctionnel de Tarbes avait pris, dans un drame similaire, une décision respectueuse de la dignité du fœtus mort-né en reconnaissant l’homicide involontaire à son égard. L’auteur de l’accident en était lui-même d’accord, par souci de réparation. Mais le procureur a fait appel (cf. Un fœtus victime d’un homicide involontaire : le Tribunal correctionnel de Tarbes retrouve le chemin du bon sens). 

    En son temps, un député avait tenté, lui aussi, de mettre fin à l’injustice en proposant un « délit d’interruption involontaire de grossesse ». Cela s’est soldé par un échec pour les mêmes raisons idéologiques. Le législateur a pourtant toute sa place. Il l’a bien fait pour les actes d’enfants nés sans vie, la reconnaissance juridique des fausses couches spontanées, etc. (cf. Le Parlement vote la possibilité de donner un nom de famille aux enfants nés sans vie Fausses couches : la proposition de loi définitivement votée).   

    Aujourd’hui, ce sont les parents de Jade qui s’engagent dans une « bataille judiciaire » pour faire reconnaître l’homicide involontaire de leur enfant. Pour eux-mêmes et pour tous les autres. Ils peuvent faire émerger l’évidence, et rendre au droit la justice.

    Cette tribune de Lucie Pacherie a été initialement publiée par Famille Chrétienne.

    Lucie Pacherie est titulaire du certificat d’aptitude à la profession d’avocat. Elle s’est spécialisée en droit de la santé et responsabilité médicale et est juriste de la fondation Jérôme Lejeune depuis 2010. Elle est co-auteur du livre Les sacrifiés de la recherche publié en 2020.
  • Quand Mgr Bonny prend fait et cause en faveur de l'euthanasie

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    De La Libre (Bosco d’Otreppe et Jacques Hermans) du 28 septembre 2023, pp. 4 et 5 :

    "Les générations précédentes n’ont pas pu assumer leurs responsabilités face aux abus"

    L’évêque d’Anvers, Mgr Johan Bonny, regrette que les générations précédentes n’aient pas pu assumer leurs responsabilités en la matière. Le prélat considère aussi que l’euthanasie "n’est pas nécessairement un mal en tant que tel".

    Johan Bonny, évêque d’Anvers, référendaire sur la question des abus, réagit aux révélations sur les abus sexuels commis au sein de l’Église que la série documentaire Godvergeten, les "Oubliés de Dieu", a mis en avant ces dernières semaines sur la chaîne flamande VRT Canvas. En vue du synode (une large réflexion) sur l’avenir de l’Église qui s’ouvre à Rome ce 4 octobre, nous l’avons également interrogé sur la question du pouvoir dans l’Église et sur les positionnements éthiques de cette dernière.

    Pourquoi l’Église n’a-t-elle pas réalisé l’ampleur des abus sexuels commis en son sein ? N’a-t-elle pas voulu ou n’a-t-elle pas pu s’en rendre compte ?

    Si on avait la réponse… Je suis déçu. Je déplore que les générations précédentes n’aient pas pu assumer leurs responsabilités, n’aient pas réagi avec le discernement ni avec l’efficacité qu’il fallait. Les évêques de l’époque savaient bien que ces abus étaient un mal, mais ils n’ont pas prêté aux victimes l’attention nécessaire. En conférence épiscopale, ils évoquaient le cas des abuseurs, ce qu’il fallait faire avec eux, mais ils ne parlaient pas des victimes ni de l’attention qu’il était nécessaire de leur accorder. Quand des victimes arrivaient auprès du cardinal Danneels, ce dernier ne savait pas quoi faire, il ne savait pas réagir, il n’avait ni les bonnes attitudes ni les bonnes
    intuitions pour écouter de tels cas. Les victimes n’ont donc pas pu avoir ce contact direct avec les responsables de l’Église, et cette absence de contact a fait que trop peu a été réalisé avec eux ou pour eux. Notre génération d’évêques est dès lors confrontée à un problème qui aurait dû être réglé il y a 20 ou 30 ans.

    Vous allez rencontrer les victimes ?

    Oui, pour entendre ce qu’elles attendent de l’Église. Il ne serait pas bon que nous, évêques, arrivions directement avec des réponses sans les avoir écoutées préalablement. Il y a eu des systèmes d’écoute, de médiation et de compensation, mais nous devons comprendre leurs attentes ultérieures pour qu’émergent des pistes de solutions. Alors qu’à Rome va s’ouvrir la semaine prochaine le synode (une grande réflexion, NdlR) sur l’avenir de l’Église, nous devons aussi pouvoir les entendre sur les réformes structurelles dont l’Église a besoin à leurs yeux. Il ne faut cependant pas attendre des solutions universelles à ces problèmes locaux. Chaque conférence épiscopale doit réagir sans attendre que Rome décide de tout. Sinon, ce serait le meilleur moyen d’étouffer l’affaire.

    Jusqu’ici, l’essentiel des décisions se prend au Vatican. Souhaitez-vous que les évêques locaux aient plus de pouvoir, comme le désire le pape François ? N’y aurait-il pas un risque pour l’unité de l’Église ?

    Non, je trouve cette idée tout à fait positive : les réalités sont tellement différentes d’une région à l’autre qu’il faut donner beaucoup plus de responsabilités aux évêques locaux. Nous ne pouvons plus attendre que toutes les réponses s’appliquent partout de la même manière et soient décidées depuis Rome. Nous devons donc réfléchir à une méthodologie qui nous permettra d’articuler les différentes responsabilités dans l’Église : celles du Pape, celles des évêques et celles des fidèles.

    Quelles responsabilités nouvelles pourrait-on accorder aux évêques dans leur pays respectif ?

    La possibilité d’ordonner prêtre des hommes mariés, ainsi que celle de donner telle ou telle responsabilité aux femmes. Mais aussi la capacité de répondre à certaines questions éthiques ou familiales : bénir les unions homosexuelles qui s’inscrivent dans la fidélité et l’amour mutuel (c’est ce que souhaitent les évêques en Belgique), offrir des réponses adaptées aux demandes d’euthanasie.

    L’Église pourrait donc adopter des positions différentes quant à la question de l’euthanasie ? Cela voudrait-il dire, qu’aux yeux de l’Église, la valeur de la vie varie en fonction des régions du monde ?

    La philosophie m’a appris à ne jamais me satisfaire des réponses génériques en noir et blanc. Toutes les questions méritent des réponses adaptées à une situation : un jugement moral doit toujours être prononcé en fonction de la situation concrète, de la culture, des circonstances, du contexte.

    Pour vous, l’euthanasie n’est donc pas nécessairement un mal ?

    Non, pas nécessairement en tant que tel.

    C’est la première fois qu’on entend un évêque dire cela…

    Nous serons toujours en faveur des soins palliatifs et nous prônons constamment le respect de la vie, mais je regrette que, depuis le Vatican, la congrégation pour la doctrine de la foi affirme que l’euthanasie est toujours un mal intrinsèque, quelle que soit la circonstance. C’est une réponse trop simple qui ne laisse pas de place au discernement. Nous nous opposerons toujours au souhait de certains d’arrêter une vie trop prématurément, mais nous devons reconnaître qu’une demande d’euthanasie d’un jeune homme de 40 ans n’est pas équivalente à celle d’une personne de 90 ans qui fait face à une maladie incurable. Nous devons apprendre à mieux définir les notions et à mieux distinguer les situations.

    Les "dix commandements" de la Bible - dont "tu ne tueras point" - sont catégoriques et semblent concerner toutes les situations. La Bible est-elle contre la philosophie et le discernement ?

    Il est bon de rappeler que l’on ne peut tuer, et je suis contre tous les meurtres. Mais qu’est-ce que tuer, qu’est-ce qu’un meurtre ? Que dites-vous à quelqu’un qui tue un ennemi au nom de la légitime défense ? Que dites-vous à quelqu’un qui est touché par une maladie incurable depuis des années et qui a décidé de demander une euthanasie après en avoir parlé à sa famille, son médecin, ses proches ? Il faut toujours faire référence à la Bible, mais rien n’est plus difficile que de l’interpréter et de l’appliquer à une situation particulière sans tomber dans du fondamentalisme. Dieu compte sur notre intelligence pour bien comprendre sa parole.

    Êtes-vous satisfait de la loi belge en matière d’euthanasie ?

    Ce n’est pas à un évêque de juger de la loi. Je considère plutôt son application sur le terrain, et c’est clair que tous nous craignons que cette application soit trop libérale et qu’il y ait trop de glissements : que des demandes soient trop vite acceptées sans qu’une solution alternative ne soit recherchée. Mais la réponse a ce glissement ne peut être un carton rouge émis à l’encontre de toutes les euthanasies.

  • Des évêques instrumentalisent-ils la crise des abus sexuels ?

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    D'Ed. Condon sur The Pillar :

    Les évêques instrumentalisent-ils la crise des abus sexuels ?

    26 septembre 2023

    Les évêques de Suisse continuent de lutter contre les retombées d'une crise des abus sexuels dans leur pays.

    Samedi, le président de la conférence épiscopale, Mgr Felix Gmür, évêque de Bâle, a accordé une interview au journal Neue Zürcher Zeitung, soulignant l'engagement des évêques en faveur d'une réforme institutionnelle après qu'un rapport indépendant a trouvé des preuves de mauvaise gestion et de dissimulation des cas d'abus cléricaux dans les diocèses suisses. 

    En promettant que des leçons avaient été tirées du scandale actuel, Mgr Gmür, qui, comme plusieurs autres évêques suisses, a fait l'objet d'appels à la démission, est allé plus loin que la promesse de nouveaux processus et de nouvelles politiques. 

    L'évêque a profité de l'interview et des retombées de la crise pour appeler à la fin du célibat des clercs, à l'ordination des femmes et à l'adoption par l'Église d'une "nouvelle morale sexuelle". L'évêque a également promis de défendre ces réformes à Rome le mois prochain, lors de la réunion du synode sur la synodalité.

    Bien que les déclarations de Mgr Gmür aient été controversées dans leur contenu et par rapport à l'enseignement de l'Église, elles s'inscrivent dans un schéma désormais bien établi lorsque les crises d'abus commis par des clercs se propagent après la vague initiale survenue aux États-Unis.

    Mais alors que les évêques et d'autres personnalités de l'Église continuent d'appeler à des changements doctrinaux et disciplinaires majeurs en réponse aux abus sexuels commis par des clercs, il n'y a toujours pas de lien démontré avec les problèmes qu'ils sont censés résoudre. 

    Au contraire, les commentaires des évêques semblent refléter une acceptation désormais établie des abus sexuels commis par des clercs comme un problème qui peut être instrumentalisé pour faire avancer un programme de réforme distinct. La portée de ce programme au cours du prochain synode dépend presque entièrement du pape François.

    -

    Dans son interview, publiée ce week-end, Mgr Gmür a commencé par défendre la manière dont les évêques suisses ont traité les cas d'abus au cours des dernières décennies, en soulignant les réformes procédurales adoptées par la conférence en 2002, lorsque la question a été portée à l'attention du monde entier à la suite du scandale Spotlight aux États-Unis.

    Ces politiques ont été "continuellement améliorées au fil des ans et adaptées à la réalité", a déclaré l'évêque, tout en vantant les mesures supplémentaires qu'il a mises en place dans son propre diocèse de Bâle. "C'est pourquoi il y a moins de cas d'abus qu'auparavant", a déclaré l'évêque.

    De nombreux évêques peuvent compatir à l'expérience de devoir défendre le succès de réformes relativement récentes tout en acceptant de rendre des comptes pour des manquements plus importants dans le passé. Et il est vrai que dans les pays qui ont mis en œuvre de nouvelles procédures au cours des 20 dernières années, comme les États-Unis, les cas d'abus sexuels commis par des clercs ont diminué. 

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  • "Mentir sur la sexualité humaine en la réduisant à des "pratiques" est une véritable violence faite aux enfants"

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    La tribune d'Inès Pélissié du Rausas publiée sur le site d'Aleteia.org montre que le débat autour de l'EVRAS n'est pas seulement belge et que l'on assiste à une offensive transnationale pour éduquer les enfants à la sexualité "en les orientant toujours plus vers l’éducation au plaisir, au choix de l’orientation sexuelle, du genre et même du sexe, sous couvert de santé sexuelle, de « lutte contre […] les discriminations liées à l’identité de genre ou à l’orientation sexuelle, réelle ou supposée », et de promotion du « consentement »."

    « L’éducation à la sexualité », un abus sur les enfants

    26/09/23

    Le projet d’«éducation à la sexualité" lancé par l’Éducation nationale (en France) vise moins à informer les élèves qu’à redéfinir le sens de la sexualité, en contournant la responsabilité des parents. Pour Inès Pélissié du Rausas, auteur de "Les parents, l'école et la sexualité - Qui dit quoi ?" (Cerf), mentir sur la sexualité humaine en la réduisant à des "pratiques" est une véritable violence faite aux enfants.

    Un projet de formation à « l’éducation à la sexualité » a été lancé par le ministère de l’Éducation nationale pour l’année scolaire 2023/2024, à destination du corps enseignant. Il s’agirait de systématiser, du cours préparatoire à la terminale, les trois séances annuelles déjà prévues en les orientant toujours plus vers l’éducation au plaisir, au choix de l’orientation sexuelle, du genre et même du sexe, sous couvert de santé sexuelle, de « lutte contre […] les discriminations liées à l’identité de genre ou à l’orientation sexuelle, réelle ou supposée », et de promotion du « consentement ».

    Une nouvelle vision de la sexualité

    Comment en est-on arrivé là ? À ses débuts en France, en 1974, l’éducation sexuelle est surtout une information sur la biologie de la « reproduction ». Mais dans les années 1980, la lutte contre le sida conduit à la promotion du préservatif, présenté alors comme moyen de prévention. Cela devient l’occasion de montrer aux jeunes des mises en situation appelant l’usage de ce préservatif, et cela au mépris de l’interdiction de promouvoir des messages à caractère pornographique. 

    En 1996, la circulaire ministérielle « Prévention du sida en milieu scolaire : l’éducation à la sexualité » franchit un pas : il ne s’agit plus seulement d’informer les élèves mais de diffuser une nouvelle vision. Certes, la sexualité humaine est encore déclarée « inséparable de données biologiques », mais sa vision doit être « en ajustement constant », non pas aux réalités de la personne humaine et de son corps sexué, mais aux « situations vécues ». Cette vision intègre et banalise toutes les « pratiques sexuelles » possibles — que Freud appelait dans son Introduction à la psychanalyse des « perversions » — en perdant de vue les deux buts essentiels de la sexualité humaine : la dimension de l’amour et du cœur, l’expression, par l’union dans la chair, de l’amour total et exclusif qui unit les époux et la procréation.

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  • Belgique : le système de santé défaillant débouche sur une demande d'euthanasie

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    Une synthèse de presse de gènéthique.org :

    Belgique : faute de budget, une femme demande l’euthanasie

    25 SEP, 2023

    Shanna Wouters, une femme belge âgée de 38 ans, est atteinte du syndrome d’Ehlers Danloss, une maladie du tissu conjonctif qui lui cause des douleurs insupportables. Confrontée à un système de santé « défaillant », elle ne « voit pas d’autre solution que de demander l’euthanasie ».

    L’état de santé de Shanna s’est fortement dégradé ces dernières années. Elle est désormais dans un fauteuil roulant et reçoit de fortes doses d’analgésiques. L’an dernier, elle a perdu 11 kilos. Elle dort à peine à cause de la douleur. « Je ne peux plus travailler depuis plusieurs années et j’ai besoin chaque jour de soins infirmiers » précise Shanna.

    « J’attends un budget santé depuis des années, mais je n’ai pas ce temps »

    La Belge doit également se battre avec le « système de santé qui est défaillant » . « J’attends un budget santé depuis des années, mais je n’ai pas ce temps » déplore-t-elle. « Depuis janvier, je reçois environ 20.000 euros de budget personnel par an. Alors que j’étais sur la liste d’attente depuis 2017, je n’ai obtenu mon budget que cette année », regrette Shanna. « Le budget que je reçois est loin d’être suffisant pour répondre à mes besoins réels », dénonce-t-elle (cf. Canada : un homme bientôt sans domicile demande l’euthanasie, feu vert du médecin).

    Face à ces difficultés, Shanna ne voit « plus d’issue » (cf. Face au handicap ou à la pauvreté, l’aide médicale à mourir se généralise au Canada).  « J’aimais beaucoup vivre, mais lorsque vous devez vous battre pour survivre chaque jour, il arrive un moment où cela s’arrête. C’est pourquoi je suis en train de mettre en place les documents nécessaires à mon euthanasie », confie-t-elle (cf. Euthanasie en Belgique : de l’acte exceptionnel à la banalisation).

     

    Source : Sud Info (22/09/2023) 

  • « On ne joue pas avec la vie » (pape François)

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    Du site de Famille Chrétienne :

    Euthanasie : « On ne joue pas avec la vie », assure le pape au sujet du projet de loi français

    23/09/2023

    Après sa visite à Marseille, dans l'avion qui le ramenait à Rome dans la soirée du samedi 23 septembre, le pape François a exprimé son opposition au futur projet de loi sur la fin de vie en France, mais aussi une nouvelle fois sa condamnation de l'avortement. « On ne joue pas avec la vie », a martelé le pape à de nombreuses reprises en répondant aux questions des journalistes qui l'accompagnaient.

    A la question de savoir s'il avait, lors de son entretien à Marseille avec le président français le matin même, évoqué le projet de loi en préparation sur la fin de vie - et retardé en raison de son voyage -, le pape a assuré ne pas avoir abordé la question avec Emmanuel Macron. Mais il a aussitôt expliqué avoir déjà « clairement » fait part de son avis au chef de l'Etat français lors de leur dernière rencontre au Vatican, en octobre 2022.

    « On efface la vie des grands-parents, ils sont vieux, ils ne servent à rien ! »

    « Quand il est venu au Vatican, a ainsi précisé le pape, je lui ai dit mon avis, clairement : avec la vie on ne joue pas, ni au début, ni à la fin, on ne joue pas ! » Mon avis, a-t-il insisté, « c'est qu'il faut protéger la vie ». Il a encore fustigé la soi-disante « euthanasie humaniste », « la mort douce » ou « la sélection avant la naissance », avant d'attirer l'attention sur « les colonisations idéologiques qui vont à l'encontre de la vie humaine ».

    Et le pape d'ajouter : « Je ne dis pas que c'est une question de foi, mais c'est une question humaine, il s'agit d'une mauvaise compassion ». « On efface la vie des grands-parents, ils sont vieux, ils ne servent à rien ! », a encore déploré le pape. « On ne joue pas avec la vie ! », a répété le pape, que ce soit à propos de la loi qui ne laisse pas grandir l'enfant dans le ventre de la mère, ou la loi sur l'euthanasie pour les maladies ou la vieillesse”.

    « Il y a une conscience du phénomène migratoire »

    Lors de cette brève rencontre avec les journalistes, le pape François a aussi été interrogé sur « l'échec » perceptible de ses innombrables appels sur le sort des migrants. « Je ne crois pas [que cela soit un échec, ndlr], cela a grandi lentement », a rétorqué le pape, « aujourd'hui il y a une conscience du phénomène migratoire ». Le pape François a par ailleurs reconnu pouvoir ressentir des frustrations dans l’action diplomatique du Saint-Siège face au conflit russo-ukrainien, mais a une nouvelle fois soutenu le travail de la secrétairerie d’État. « Il y a quelque chose avec les enfants qui avance bien », a-t-il annoncé, sans rentrer dans les détails, à propos des enfants ukrainiens qui se trouvent actuellement en Russie et que le Saint-Siège tente de rapatrier dans leurs familles.