Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Foi - Page 289

  • Tristes rites

    IMPRIMER

    De DON PIO PACE sur Res Novae :

    L’époque des rites tristes

    Manuel Belli, prêtre du diocèse de Bergame, enseignant en théologie sacramentaire, s’interroge dans L’epoca dei riti tristi[1]sur la désertion des assemblées eucharistiques, spécialement par les jeunes. Titre s’inspirant du livre de deux psychanalystes, Michel Benasayag et Gérard Schmit, Les passions tristes. Souffrance psychique et crise sociale[2] – en italien L’epoca delle passioni tristi[3] – à propos du nombre croissant de jeunes en souffrance psychique, au sein d’une époque submergée par une tristesse qui traverse toutes les couches sociales.

    Suivent, chez M. Belli, de chapitre en chapitre, une série de constats très pessimistes : la logique du manger minimal au fast food ou au contraire de la boulimie inconsidérée qui déteint sur l’Eucharistie ; il y a une crise de la festivité dominicale ; le rituel catholique a perdu la bataille devant les sorcières d’Halloween ; la liturgie est perçue d’abord comme une satisfaction de soi, un moyen de développement personnel ; la piètre musique liturgique est seulement consommée ; les discussions sur la présence publique de crèches de Noël et de crucifix montrent qu’ils sont réduits à des systèmes de valeurs ; et ainsi de suite, avec un chapitre sur l’application Tinder (application de rencontre amoureuses) comparée à la conception chrétienne de l’amour.

    L’auteur se risque à des « notes provisoires » pour rendre les rituels plus heureux. Le moins qu’on puisse dire est qu’il est peu convaincant : de petites recettes données au fil des chapitres, comme par exemple, dans une messe pour enfants, fabriquer avec eux le pain, leur faire inventer un cantique ; ou encore, capter la bougeotte de la génération présente en retrouvant le sens de la procession. L’auteur caresse le projet mal définit d’une « catéchèse expérientielle », qui dépasserait la pure doctrine sans cependant l’oublier…

    Manuel Belli avait d’entrée écarté les « extrêmes », les messes dont le prêtre se pare d’un nez de clown, ou le retour à la messe en latin. Notons au passage que, si M. Belli constate que les jeunes sont peu attirés par les rites de la messe de leur paroisse, les évêques de France, dans leurs réponses à l’enquête de la CDF sur la messe traditionnelle, remarquent au contraire – sans plaisir – que les jeunes sont très attirés (« fascinés ») par cette liturgie ancienne.

    Avec Manuel Belli, on est au pays des anthropologues néo-bugninistes, au degré zéro de la science liturgique, On ne trouvera dans ses propos ni réflexion systématique sur la nature du rite liturgique, ni sur sa fonction comme voile et manifestation du divin, ou encore sur son histoire et son caractère intrinsèquement traditionnel : il est ressenti par les fidèles comme véhiculant ce qui a été reçu depuis le commencement. Ses propos sont en revanche très intéressants par le constat qu’ils établissent : le rituel catholique aujourd’hui, et surtout d’aujourd’hui, ne « fonctionne » plus : il est considéré comme ennuyeux, imprégné qu’il est de l’ennui universel.

    Mais le critère même de Manuel Belli, celui de la tristesse à écarter, est très significatif de l’impasse dans laquelle se trouvent ceux qui comme lui veulent revivifier la réforme. Pourquoi d’ailleurs le rite devrait-il être « joyeux » ? La mort, le sacrifice, la pénitence, sont tristes par nature, et la joie surnaturelle se dégage en fait du tragique de la Croix.

    Mais il est bien vrai que nous sommes à l’époque des « passions tristes », que l’offre liturgique contemporaine n’arrive pas à concurrencer : Manuel Belli dresse un bilan parmi tant d’autres de l’échec de la réforme liturgique. Il ne songe cependant pas une seconde à s’en évader, démontrant, par le constat qu’il fait, qu’elle souffre d’être trop moderne, et par les solutions qu’il propose, qu’il ne sait imaginer que des bricolages internes à la modernité pour y remédier. Plus tristes encore que les rites, et même désespérants, sont ainsi les enseignements de liturgie, qui se donnent, comme le fait Manuel Belli, dans les séminaires et les athénées pontificaux.

    Don Pio Pace


    [1] Queriniana, 2021.
    [2] La Découverte, 2006.
    [3] Feltrinelli, 2013.

  • Mois de mai, mois de Marie

    IMPRIMER

    olbs2.JPGSur missel.free.fr :

    La dédicace d'un mois à une dévotion particulière est une forme de piété populaire relativement récente dont on ne trouve guère l’usage général avant le XVIII° siècle. [Le mois de saint Joseph, mars, né à Viterbe, fut approuvé par Pie IX (12 juin 1855) ; le mois du Rosaire, octobre, né en Espagne, fut approuvé par Pie IX (28 juillet 1868) et demandé par Léon XIII (1883) ; le mois du Sacré-Cœur, juin, né au couvent des Oiseaux de Paris en 1833 et encouragé par Mgr. de Quelen, fut approuvé par Pie IX (8 mai 1873) ; on connaît encore le mois du saint Nom de Jésus approuvé par Léon XIII en 1902 (janvier), le mois du Précieux Sang approuvé par Pie IX en 1850 (juillet), le mois du Cœur Immaculé de Marie (août), le mois de Notre-Dame des Douleurs approuvé par Pie IX en 1857 (septembre), le mois des âmes du Purgatoire approuvé par Léon XIII en 1888 (novembre), le mois de l'Immaculée Conception (décembre)...]

    Le « mois de Marie » qui est le plus ancien de ces mois consacrés, vit le jour à Rome, peut-être autour du collège romain des Jésuites, d'où il se diffusa dans les Etats Pontificaux, puis dans le reste de l'Italie et enfin dans toute la catholicité. La promotion du « mois de Marie » doit beaucoup aux Jésuites, singulièrement au P. Jacolet qui publia le « Mensis Marianus » à Dillingen en 1724, au P. Dionisi qui publia le « mese di Maria », à Rome en 1725, et au P. Lalomia qui publia le « mese di Maria assia il mese di maggio » à Palerme en 1758. Après eux, vint le « mese di Maria » que publia le P. Alphonse Muzzarelli à Ferrare en 1785, qui connut plus de cent cinquante éditions en un siècle, et qui fut traduit en français, en espagnol, en portugais, en anglais et en arabe. Avec le P. Muzzarelli, il ne s'agit plus de méditer seulement la vie, les vertus et les privilèges de la Sainte Vierge, mais, de s’en inspirer pour sanctifier la vie quotidienne en pratiquant chaque jour une vertu. Ainsi, chaque jour du mois du mai, les fidèles méditent une vérité de la vie chrétienne en fonction de laquelle ils s’imposent une pratique particulière, puis font une invocation et chantent un cantique à Marie.

    Lire la suite

  • Le rapide déclin du catholicisme en Amérique Latine

    IMPRIMER

    Lu sur le site de The Economist (16 avril 2022) :

    L'Amérique latine devient plus laïque

    Le catholicisme est en déclin rapide; les évangéliques sont de plus en plus nombreux.

    Alejandra lemonnier est entrée au couvent des Servantes du Sacré-Cœur de Jésus à l'âge de 20 ans. Elle venait d'une famille religieuse, fréquentait une école catholique romaine et vivait dans un quartier conservateur de Buenos Aires. Ses quatre jeunes frères et sœurs étaient tous, à des degrés divers, catholiques, du moins officiellement. Aujourd'hui, Sœur Lemonnier, qui a maintenant 31 ans, est le seul membre pieux de sa famille. Son frère aîné est devenu un spirite New Age. L'une de ses sœurs est devenue lesbienne et a apostasié, renonçant formellement à sa foi catholique. Une autre sœur est "indifférente". Pour le plus jeune de ses frères, qui a 18 ans, la religion ne fait "tout simplement pas partie de son univers".

    La diversité des croyances dans la famille de Sœur Lemonnier reflète une tendance croissante. L'Amérique latine compte plus d'un tiers des catholiques du monde, mais leur nombre diminue. En 1995, 80 % des habitants de la région s'identifiaient comme catholiques. Aujourd'hui, ils ne sont plus que 56 %. Beaucoup sont devenus des chrétiens évangéliques. Depuis 1995, la part des évangéliques dans la population régionale est passée de 3,5 % à 19 %, selon l'institut de sondage Latinobarómetro (voir graphique).

    Mais une tendance encore plus frappante est l'augmentation du nombre de personnes qui ne professent aucune religion, appelées ningunas (ou "nones"). Leur part de la population latino-américaine a quadruplé pour atteindre 16 %, et elle est particulièrement élevée chez les jeunes. Cela peut contribuer à expliquer le libéralisme croissant de la région sur des questions telles que l'avortement et le mariage homosexuel.

    Les données sur la religion ne sont pas toujours cohérentes. Dans l'enquête de Latinobarómetro, seuls 5 % des Mexicains s'identifiaient comme évangéliques, alors que 11 % le faisaient dans le recensement de 2020. On observe également de grandes variations dans la région. En Uruguay, un énorme 40% sont des "nones", tandis que 10% sont agnostiques ou athées. Dans certains pays, comme le Guatemala et le Honduras, il y a désormais autant d'évangéliques que de catholiques. La Bolivie, le Mexique et le Paraguay semblent plus à l'abri de la concurrence religieuse, le catholicisme restant dominant. Pourtant, même ici, le changement est en marche. La part des "nones" mexicains recensés a presque doublé en dix ans, pour atteindre 10 millions de personnes en 2020 (soit 7 % de la population).

    Lire la suite

  • Un mauvais diagnostic - ou pire ? Les solutions du chemin synodal allemand à la crise des abus sont remises en question

    IMPRIMER

    De Jonathan Liedl sur le National Catholic Register :

    Un mauvais diagnostic - ou pire ? Les solutions du chemin synodal allemand à la crise des abus sont remises en question

    ANALYSE DES NOUVELLES : Les critiques de l'initiative ne contestent pas la nécessité d'une réforme, mais ils ne sont pas d'accord sur le fait que les solutions proposées répondent réellement à la crise, ce qui soulève des questions sur les motivations sous-jacentes.

    29 avril 2022

    Dans sa réponse à une "lettre ouverte fraternelle" adressée aux évêques catholiques d'Allemagne mettant en garde contre le "potentiel de schisme dans la vie de l'Église" de leur Voie synodale, l'évêque Georg Bätzing a écrit que ses détracteurs passaient à côté de l'essentiel.

    "Le Chemin synodal est notre tentative, en Allemagne, d'affronter les causes systémiques des abus et de leur dissimulation qui ont causé des souffrances indicibles à tant de personnes dans et par l'Église", a écrit Mgr Bätzing, président de la conférence épiscopale allemande, dans sa réponse du 16 avril à la lettre fraternelle, qui a maintenant été signée par près de 100 évêques de six continents. "Cette occasion et ce contexte sont particulièrement importants pour nous, mais malheureusement, ils ne sont pas du tout mentionnés dans votre lettre."

    L'évêque du Limbourg a déjà adopté cette approche pour détourner les critiques. Par exemple, après que le président de la conférence épiscopale polonaise et les évêques des pays nordiques aient publié des lettres de mise en garde similaires concernant la "Voie synodale", Mgr Bätzing a répondu en soulignant à nouveau que la "Voie synodale" est une réponse à la crise des abus sexuels du clergé en Allemagne, suggérant que ses critiques n'avaient pas suffisamment pris en compte cette dimension dans leurs analyses. 

    Mais c'est un geste rhétorique qui - ironiquement - semble mal caractériser les positions de ceux qui expriment des inquiétudes au sujet de la "voie synodale".

    La lettre des évêques internationaux du 11 avril, par exemple, fait explicitement référence au "besoin de réforme et de renouveau", qu'elle décrit comme "aussi vieux que l'Église elle-même", dont l'impulsion "est admirable et ne devrait jamais être crainte". En fait, dans une partie inédite d'une interview accordée au Register avant la publication de la lettre, l'évêque Thomas Paprocki de Springfield, Illinois, l'un des initiateurs de la lettre, a déclaré que "tout ce qui est contraire à l'Évangile doit être corrigé" et a spécifiquement cité le "terrible fléau des abus sexuels sur les enfants" comme quelque chose "qui a désespérément besoin d'être réformé".

    Ce que l'évêque Paprocki et ses collègues signataires, plusieurs théologiens catholiques et défenseurs de la réforme de l'Église, semblent remettre en question, ce n'est pas la nécessité d'une réforme significative de la vie de l'Église en Allemagne, mais plutôt les solutions proposées par le Chemin synodal, qui comprennent des appels à l'ordination des femmes à la prêtrise et des changements à l'enseignement de l'Église pour permettre l'activité sexuelle entre personnes de même sexe, et même son diagnostic des causes de la crise des abus.

    Un diagnostic erroné du problème

    L'ampleur des abus sexuels dans l'Église en Allemagne a été révélée dans un rapport de 2018 commandé par la conférence épiscopale allemande, qui a révélé qu'au moins 3 677 mineurs, principalement des garçons de moins de 13 ans, avaient été abusés sexuellement par le clergé catholique dans le pays entre 1946 et 2014. Le rapport a également révélé une dissimulation systématique des crimes et l'incapacité de punir et de retirer les prêtres abusifs du ministère.

    Lire la suite

  • Liturgie 1 – « Le krach » : La grande crise liturgique liée à « la génération de la déconstruction » à partir de 1966, par Denis Crouan

    IMPRIMER

    Denis Crouan ajoute deux leçons introductives à son cours de liturgie. Voici la première.

    Liturgie 1 – « Le krach » : La grande crise liturgique liée à « la génération de la déconstruction » à partir de 1966, par Denis Crouan (60 mn) 

    https://youtu.be/RpRCm1afbB0   

    Dans cette leçon introductive, le Docteur Denis Crouan, afin de montrer l’importance du cours de liturgie, raconte son expérience de la grande crise qui, concomitante à Vatican II, a tout déconstruit dans les Eglises d’Occident : Théologie, discipline, liturgie. Cette crise a pu être confondue à tort avec le Concile Vatican II à cause de sa concomitance. Face à cela, le pape Paul VI a vécu un véritable martyre intérieur. 

    COURS DE LITURGIE, PAR DENIS CROUAN, DOCTEUR EN THEOLOGIE, 2022

    https://www.youtube.com/playlist?list=PLuko328jWH_06CYFfUP8d6v_vzl9f4UbI 

    Cours donné par Denis Crouan, docteur en théologie, en entretien interactif avec Arnaud Dumouch. 

    Vidéo du site http://docteurangelique.free.fr/fichiers/InstitutDocteurAngelique.htm, les œuvres complètes en français de saint Thomas d'Aquin. 

    Denis Crouan 2022. 

  • Les dynamiques cisterciennes de Boulaur reprendront l'abbaye Notre-Dame des Neiges

    IMPRIMER

    Les sœurs de Boulaur reprendront l’abbaye Notre-Dame des Neiges

    <p>La fondation de l'abbaye, située dans une vallée de l'Ardèche, fut décidée le 5 août 1850, jour de la fête de Notre Dame des Neiges, qui est le titre de Sainte-Marie Majeure à Rome.</p>

    La fondation de l'abbaye, située dans une vallée de l'Ardèche, fut décidée le 5 août 1850, jour de la fête de Notre Dame des Neiges, qui est le titre de Sainte-Marie Majeure à Rome.

    La nouvelle était très attendue. C’est finalement la communauté des religieuses cisterciennes de Boulaur que les moines trappistes ont choisi pour leur succéder à l’abbaye Notre-Dame-des-Neiges. Ils avaient pris la décision en décembre dernier de quitter cette abbaye ardéchoise devenue trop imposante pour eux, après deux ans de discernement. Leur annonce avait suscité un grand émoi, témoignant de l’attachement très fort à cette abbaye fondée en 1850 et où Charles de Foucauld a passé sept mois comme novice.

    Un « signe de la Providence »

    Dès août 2022, huit sœurs de Boulaur devraient d’abord arriver à Notre-Dame-des-Neiges, pour assurer une continuité avec les moines qui partiront en septembre. Ces religieuses cisterciennes étaient loin d’être les seules sur la liste des potentiels repreneurs de l’abbaye. « Nous avons reçu 27 propositions, confie le père abbé au journaliste de Famille Chrétienne actuellement présent sur place. De mon côté, j’ai contacté sept communautés religieuses pour leur proposer prendre la suite de notre communauté. Les sœurs de Boulaur m’ont répondu, de manière positive ». Et de raconter cette anecdote, signe pour lui que la Providence est à l’œuvre dans cette succession : « un ami qui mourait offrait ses dernières douleurs au Seigneur en lui demandant qu’on trouve les bons successeurs. Il est mort à 17 heures, et une heure plus tard je recevais un appel de la mère-abbesse de Boulaur qui nous disait qu’elle venait visiter l’abbaye. Je pense que cet ami a glissé un mot à notre sujet au bon Dieu en arrivant là-haut ! »  Le contact entre les moines et les religieuses « s’est très bien passé ».

    Cela faisait un moment que les sœurs de Boulaur cherchaient un lieu où essaimer, faisant face à un prodigieux afflux de vocations depuis quelques années. « C’est une communauté dynamique, et jeune, elles sont une trentaine sans compter les postulantes qui arrivent. C’est typiquement les anciennes SUF ou Scouts d’Europe de Versailles qui embrassent la vie religieuse dans cette congrégation », s’enthousiasme le père Abbé de Notre-Dame-des-Neiges. Il faut dire que les nombreux Cep (formation pour les cheftaines dans le cadre du scoutisme) qui ont lieu tous les ans à l’abbaye de Boulaur offrent des occasions toutes particulières pour susciter de jeunes vocations ! La moyenne d’âge à l’abbaye est particulièrement basse par rapport à d’autres lieux de vie religieuse en France.

    Les religieuses de Boulaur pleines de projets

    Cette décision de s'installer à Notre-Dame-des-Neiges a été prise très sereinement du côté des soeurs. « Elles ont voté à l’unanimité pour nous remplacer ici. La mère abbesse a ensuite rencontré individuellement chaque sœur pour déterminer qui elles voulaient nommer supérieure de la nouvelle communauté : là encore, unanimité ! », raconte le père abbé trappiste. 

    Les religieuses sauront sans doute donner à Notre-Dame-des-Neiges le même dynamisme qu’elles ont su insuffler à Boulaur au cœur du Gers. Travaillant la terre conformément à la devise de saint Benoît « ora et labora », elles ont attiré l’œil des médias par leur grand projet de rénovation d’une grange cistercienne. A peine ce chantier était-il terminé qu’elles se sont lancées dans la création d’un « écotone » pour favoriser les échanges entre l’abbaye et le monde extérieur, et évangéliser en faisant connaître la vie monastique. Il y a tout juste un an, elles ont accueilli le célèbre youtubeur Tibo Inshape pour lui présenter leur quotidien et témoigner au sujet de leur vocation. Quels projets réservent-elles pour la suite ? 

  • Les lettres de Catherine de Sienne, la "psychologue" de Dieu

    IMPRIMER

    D'Antonio Tarallo sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Les lettres de Catherine, la "psychologue" de Dieu

    29-04-2022

    Les épîtres de Sainte Catherine de Sienne représentent l'un des documents les plus importants de l'histoire de l'Église au Moyen Âge. Les destinataires sont des pontifes, des rois, de simples religieux ou des hommes de pouvoir. Mais comme "plus petit dénominateur commun", ils ont Dieu et la manière de le servir dans la justice et la sagesse. Le lecteur d'aujourd'hui ne peut qu'être stupéfait par une telle profondeur psychologique, mystique et spirituelle.

    La poétesse américaine Emily Dickinson a écrit : "Une lettre m'a toujours semblé refléter l'immortalité". Et, certainement, Sainte Catherine et ses lettres, au nombre de plus de trois cents, resteront immortelles. L'ensemble des lettres de la sainte dominicaine constitue en effet un véritable trésor de pierres précieuses, une "carte topographique" de sentiments, d'avertissements et d'appels du cœur. Sur ces épîtres, plusieurs livres ont été écrits, plusieurs débats intellectuels et religieux. En bref, il n'est pas faux - certainement - de dire que les pages rédigées par Sainte Catherine de Sienne représentent l'un des documents les plus importants de l'histoire de l'Église au Moyen Âge. Les destinataires ? Faire défiler leurs noms nous donne une idée de l'ampleur de l'épistolaire de Catherine : papes et souverains ; simples religieux ou grands pontifes ; hommes de bureau ou de pouvoir ; et, dans toute cette liste, il y a - sans aucun doute - un "plus petit dénominateur commun" : Dieu. Comment le servir dans la justice et la sagesse. Chaque ponctuation, chaque caractère imprimé dans ces pages respire la présence du Christ : Il dicte, Sainte Catherine transcrit.

    Sainte Catherine parvient à composer la richesse de ces milliers et milliers de pages grâce aussi à l'aide des membres de la "Bella brigata" : c'est le nom donné au groupe de personnes prêtes à l'aider dans toutes ses activités caritatives, le groupe de collaborateurs le plus important de la sainte siennoise.

    Ses paroles et ses sentiments, ses réflexions claires sur les thèmes les plus disparates : de la vie religieuse à la vie sociale de l'époque ; des problèmes moraux aux problèmes politiques qui concernaient toute l'Église, l'empire, les royaumes et les États de l'Europe du XIVe siècle. Et à tant de thèmes différents correspondent de multiples clés d'interprétation. Parmi ces clés, celle qui ouvre des réflexions diverses sur le caractère littéraire de l'œuvre mérite une attention particulière. Dans son Étude sur Catherine de Sienne (publiée en 1941 par la revue Letteratura), le linguiste Giacomo Devoto souligne les variations de style présentes dans l'épistolaire : celles-ci se manifestent surtout dans les différences de périodicité ou de rythme de l'écriture par rapport à la nécessité d'exhorter, d'expliquer ou d'affirmer. Les lettres, en fait, pourraient même être considérées comme un véritable vade-mecum du parfait prédicateur.

    Les lettres suivent - généralement - un schéma très précis : le "souhait" du saint, exprimé dans la formule fixe de l'incipit de la lettre, est suivi d'une partie d'exposition et de méditation morale ou spirituelle. Ensuite, nous sommes catapultés dans une narration de "faits", d'événements historiques liés à l'exposition précédente. Dans ce schéma libre et - en même temps - rigoureux, il est tout à fait significatif que l'exhortation ne soit jamais omise. Il faut noter, en effet, que les verbes "je veux" et "je prie" sont les verbes les plus répétés dans les lettres. Un exemple ? La lettre au Pape Grégoire XI : "Je veux que vous soyez un lever de soleil de l'amour, dans le verbe amour, le Christ crucifié (...) Je vous prie pour l'amour du Christ crucifié, que, le plus vite possible, vous alliez à la place des glorieux Pierre et Paul. Et toujours de votre côté, essayez d'aller avec certitude ; et Dieu, de son côté, vous fournira toutes les choses qui seront nécessaires pour vous et pour le bien de votre épouse (l'Eglise)".

    Les lettres de la sainte surprennent, impliquent et captivent : le lecteur d'aujourd'hui ne peut qu'être stupéfait par une telle profondeur psychologique. Pourtant, les études de psychologie étaient très éloignées de l'Europe du XIVe siècle où vivait la sainte. Par exemple, dans la Lettre à trois femmes de Florence, nous trouvons écrit :
    "Chères filles dans le Christ doux Jésus, parce que la bonté divine vous a tirées du monde, ne regardez pas en arrière pour contempler le champ labouré, mais visez toujours ce que vous devez faire pour conserver en vous le principe et l'intention sainte que vous avez faite vôtre. Quelle est cette chose qu'il nous convient de voir et de faire pour conserver notre bonne volonté ? Que vous soyez toujours dans la cellule de la connaissance de vous ; et de la connaissance de votre non-être et de votre possession de Dieu ; et de la connaissance de vos fautes, et de la brièveté du temps".

    Catherine demande aux trois femmes d'entrer dans ce qu'elle appelle la cellule de la cognition ; d'enquêter sur leurs propres âmes, en essayant de déplorerleurs défauts. C'est donc une action d'introspection que la sainte désire. Mais la deuxième partie devient encore plus intéressante : dans la connaissance de son propre être, mettre de côté son "je" pour faire place à Dieu.

    Mais Catherine est aussi et avant tout un guide spirituel. Elle exhorte les religieux à guider la vie spirituelle des gens de manière à ce que leurs actions puissent changer l'histoire. Elle demande à l'Eglise de faire son chemin vers Dieu, mais aussi dans l'histoire où le protagoniste incontesté doit être la vérité : une "vérité en fonction de la charité et de la dignité de l'homme parfait dans la charité". C'est ainsi que le résume l'historienne Giuliana Cavallini (1908-2004), spécialiste éclairée et éclairante de l'œuvre du saint.

    Catherine est une "écrivaine mystique" qui ne fait jamais abstraction du contexte humain, même dans son langage. Catherine "parlait au Seigneur avec son esprit, et avec le langage de son corps elle parlait aux hommes". Ce sont les mots de quelqu'un qui a bien connu sainte Catherine de Sienne : le frère dominicain Raymond de Capoue (vers 1330-1399), confesseur et premier biographe de la sainte.

  • Le schisme dans l'Église existe mais il ne peut plus être reconnu comme tel

    IMPRIMER

    De Stefano Fontana sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Le schisme dans l'Église existe mais il ne peut plus être reconnu comme tel

    29-04-2022

    Avec les thèses du Synode allemand, on parle à nouveau de schisme dans l'Église, mais ces dernières années, le Magistère et la théologie ont brouillé la frontière entre ce qui est vrai et immuable et ce qui n'est pas acceptable. L'accord entre le Vatican et la Chine, la modification du catéchisme sur la peine de mort, l'abolition du "mal intrinsèque" dans Amoris Laetitia, sont trois étapes décisives qui sapent les vérités sur lesquelles l'Église est fondée.

    Depuis le début du chemin synodal allemand, le mot "schisme", tel un spectre ibsénien, plane sur l'Église. Les évêques polonais ont souligné le danger pour leurs frères allemands. Soixante-dix évêques de diverses régions du monde leur ont écrit une lettre ouverte, les mettant en garde. Plusieurs cardinaux, même des modérés comme Koch, ont signalé le précipice vers lequel nous nous dirigeons. Mais ni le cardinal Marx ni le président des évêques allemands, Mgr Bätzing, n'ont montré de signes d'acceptation des appels à la prudence. Le premier a déclaré que le catéchisme n'est pas gravé dans la pierre, tandis que le second a accusé les évêques concernés de vouloir cacher les abus que le synode allemand voudrait aborder et résoudre (à sa manière).

    Face à ce tableau de désintégration, on peut se demander si le schisme peut être évité ou non. La question principale, à cet égard, semble être la suivante : l'Église officielle d'aujourd'hui possède-t-elle encore les notions théologiques qui lui permettraient de faire face au nœud perturbateur, ou a-t-elle perdu les catégories capables de cadrer le problème et de montrer la solution ? Plus précisément : le danger du schisme est-il encore perçu par la théologie de l'Église officielle d'aujourd'hui comme un danger très grave ? Y a-t-il un accord sur ce qu'est un schisme ? Sur le pourquoi il faut l'éviter, sur qui doit intervenir quand le danger est aux portes et comment, y a-t-il aujourd'hui une vision commune ?

    Ce qui inquiète beaucoup, ce n'est pas tant le danger de schisme, mais la perception que le cadre théologique et ecclésial pour traiter le problème est effiloché et a maintenant des contours très imprécis. C'est un prélude à l'immobilité et au fait de laisser les événements se dérouler d'eux-mêmes.

    Lorsque le cardinal Marx affirme, à propos de la pratique homosexuelle, que le catéchisme n'est pas gravé dans la pierre et qu'il peut être critiqué et réécrit, il ne fait qu'exprimer en langage journalistique ce que les théologiens disent depuis des décennies. C'est-à-dire que le dépôt de la foi (et de la morale) est soumis à un processus historique, car la situation à partir de laquelle il est interprété devient partie intégrante de sa connaissance et de sa formulation. En utilisant ce critère, que nous pouvons largement définir comme "herméneutique", et selon lequel la transmission des contenus de la foi et de la morale ne dépasse jamais l'état d'une "interprétation", la catégorie théologique du schisme perd de sa consistance, au point de disparaître. Ce que nous considérons comme un schisme (et même une hérésie) aujourd'hui peut devenir une doctrine demain.

    Au niveau de l'Eglise universelle, trois faits très intéressants de ce point de vue se sont produits récemment. Le premier était l'accord entre le Vatican et la Chine communiste. L'accord est secret, mais on peut dire que dans ce cas, une église schismatique a été assumée dans l'église catholique et romaine. La frontière entre schisme et non-schisme est devenue plus imprécise après l'accord avec Pékin.

    La seconde était le changement de la lettre du catéchisme concernant la peine de mort. Ce changement a répandu l'idée que le catéchisme n'était pas écrit dans la pierre, comme le dit le cardinal de Munich. La principale justification de ce changement était la prise de conscience que la sensibilité du public sur ce point moral avait changé. La sensibilité publique, cependant, n'est qu'un fait qui ne dit rien sur le plan axiologique ou des valeurs. Or, sur cette base, comment nier que même dans l'Église allemande, une nouvelle sensibilité a pu mûrir sur les questions de l'homosexualité et du sacerdoce des femmes ?  Comment peut-on appeler tout cela un "schisme" alors qu'il s'agit du même phénomène approuvé ailleurs ?

    Le troisième exemple est l'abolition de la doctrine morale de l'Eglise sur "le mal intrinsèque" contenue en fait dans l'exhortation apostolique Amoris laetitia. Il est très difficile, après ce document, de s'en tenir à l'enseignement précédent sur l'existence d'actions intrinsèquement mauvaises que l'on ne devrait jamais faire. Mais cette notion ayant disparu, sera-t-il encore possible de confirmer l'enseignement traditionnel de l'Écriture et de l'Église sur la pratique homosexuelle ?

    Il semble que l'Église ait du mal à se raccrocher à certaines de ses vérités. De plus, si le Catéchisme n'est pas gravé dans la pierre, alors même la définition du "schisme" qu'il contient peut être révisée et ce qui était considéré comme un schisme hier peut ne plus l'être. Même ceux qui s'accrochent aux vérités du catéchisme comme si elles étaient écrites dans la pierre pourraient être accusés de schisme. Nier que le catéchisme n'est pas écrit dans la pierre pourrait être considéré comme une déclaration schismatique. Dans la perte des frontières, tous les paradoxes deviennent possibles. Ce qui précède peut également être étendu à l'hérésie et à l'apostasie, des concepts dont les limites sont aujourd'hui douteuses. Il suffit de penser à un fait : le " doute obstiné " peut être considéré comme une apostasie selon le n° 2089 du Catéchisme, et pourtant on enseigne aujourd'hui aux fidèles le doute systématique, en les invitant à ne pas se rigidifier dans leur doctrine.

  • La Cour Européenne des Droits de l'Homme (CEDH) reconnaît la persécution des chrétiens convertis au Pakistan

    IMPRIMER

    De l'ECLJ :

    Image Pakistan

    Bonne nouvelle : un Pakistanais ex-musulman, converti au christianisme et réfugié en Suisse, vient d’obtenir gain de cause à la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), avec le soutien de l’ECLJ (European Centre for Law & Justice). Ce converti, identifié par ses initiales « M.A.M. », avait saisi la CEDH après que la Suisse lui a refusé l’asile, et s’apprêtait à le renvoyer au Pakistan. Mais la CEDH vient de s’y opposer, jugeant ce 26 avril 2022 qu’une telle expulsion pourrait mettre la vie de ce converti en danger et violerait ses droits.

    L’ECLJ était intervenu dans cette affaire au soutien de M.A.M. afin d’apporter à la Cour des informations directes sur la situation des chrétiens au Pakistan. L’ECLJ a en effet une expérience de terrain grâce à son bureau affilié au Pakistan comptant plusieurs avocats qui apportent une aide juridique aux minorités chrétiennes persécutées.

    Les juridictions suisses ont considéré que la conversion au christianisme de M.A.M. était crédible. En revanche, elles ont estimé qu’il ne serait pas exposé au risque de subir un traitement mettant en danger sa vie et son intégrité physique. La jurisprudence de la CEDH interdit en effet aux États parties d’expulser des étrangers si, dans leur pays, ils courent un risque réel d’être soumis à la peine capitale, à la torture ou à des peines ou traitements inhumains et dégradants.

    Nous analysons ce jugement en détail dans notre dernière émission sur RCF :

    Dans nos observations écrites (en anglais uniquement), nous avons démontré à la CEDH que l’évaluation par la Suisse de la situation au Pakistan était trop optimiste. Nos observations avaient déjà fait l’objet d’un précédent article. Nous avons expliqué que la persécution des chrétiens au Pakistan était entérinée par la loi civile, en particulier par la pénalisation du blasphème et de toute forme de critique contre l’islam. Cette persécution est également renforcée par la société, qui cible notamment les convertis au christianisme, considérés comme apostats et qui encourent la mort selon la charia.

    Nous nous réjouissons que nos observations aient été utilisées par la CEDH afin de rendre son jugement et de protéger ce chrétien converti, menacé par les musulmans. Dans l’arrêt M.A.M. c. Suisse, la CEDH a résumé ainsi notre analyse :

    L’ECLJ et d’autres associations « soutiennent que les minorités religieuses au Pakistan, notamment les convertis de l’islam au christianisme, sont soumises à de graves persécutions, des actes de violence et de discrimination de la part des autorités étatiques et non étatiques. Des accusations de blasphème, assorties de lourdes peines, sont portées contre des chrétiens et des cas de conversion forcée témoignent d’une volonté de contraindre les minorités religieuses à se conformer à la religion officielle de l’État. Selon l’ECLJ, la personne, convertie de l’islam au christianisme et renvoyée de force au Pakistan, court un danger extrême pour sa vie et son intégrité physique » (§§ 57-58).

    S’appuyant sur nos observations écrites (§ 72) ainsi que sur plusieurs rapports internationaux, la CEDH a ensuite apprécié ainsi la situation des chrétiens convertis au Pakistan :

        Le Tribunal administratif fédéral a bel et bien étudié la situation des chrétiens au Pakistan mais n’a pas précisément examiné celle des convertis au christianisme pour établir ses conclusions quant à la situation générale des chrétiens au Pakistan (§ 74).

        Au regard des rapports internationaux faisant état de graves violations des droits de l’homme au Pakistan à l’égard des chrétiens convertis tels que le requérant, la Cour estime que le Tribunal administratif fédéral aurait dû prendre en compte ces éléments pour établir ses conclusions quant à la situation générale des chrétiens et des chrétiens convertis au Pakistan (§ 76).

        Les autorités suisses n’ont donc pas suffisamment évalué le risque que le requérant courrait, du fait de sa conversion, en cas de retour au Pakistan, pour confirmer le rejet de sa demande d’asile (§ 78).

    En conséquence, la CEDH a jugé qu’en l’absence d’une analyse plus aboutie des risques encourus par « M.A.M. », son expulsion violerait ses droits consacrés aux articles 2 et 3 de la Convention européenne. C’est donc maintenant aux autorités suisses de se pencher de manière plus approfondie sur la situation des ex-musulmans convertis au christianisme et vivant au Pakistan. Il est très probable que « M.A.M. » obtienne, grâce à ce jugement de la CEDH, le statut de réfugié en Suisse, où il pourra vivre et pratiquer sa foi en Jésus-Christ.

    Cette affaire vient compléter et confirmer la jurisprudence de la CEDH en matière d’asile des chrétiens convertis de l’islam. Dans l’affaire F.G. c. Suède, la Grande chambre de la Cour avait jugé en 2016 qu’un converti iranien risquait la mort s’il était renvoyé dans son pays d’origine. L’ECLJ était déjà intervenu au soutien de F.G. De même, dans l’affaire A.A. c. Suisse, la Cour a jugé en 2019 que le renvoi vers l’Afghanistan d’un converti l’exposerait à de fortes persécutions et violerait son droit de ne pas subir de traitements inhumains ou dégradants.

    Vous pouvez nous aider en partageant cette information sur les réseaux sociaux et en signant notre pétition :

    Pour la protection de la liberté religieuse dans le monde

  • Le dernier printemps catholique a fleuri avant le Concile, et on ne voit pas l’ombre du prochain. Une relecture historique

    IMPRIMER

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso, sur Settimo Cielo; traduction de Diakonos.be :

    Le dernier printemps catholique a fleuri avant le Concile, et on ne voit pas l’ombre du prochain. Une relecture historique

    Dans l’article précédent de Settimo Cielo, Roberto Pertici, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Bergame, a retracé les derniers siècles d’histoire de l’Église catholique, du concile de Trente au début du dix-neuvième siècle, pour y dénicher les saisons de renaissance religieuse.

    Il en a déjà identifié et décrit deux. Et dans cette seconde et dernière partie de sa relecture historique, qui s’étend de la moitié du dix-neuvième siècle à nos jours, il va en aborder une troisième.

    Une quatrième renaissance était certainement espérée par Vatican II. Mais elle est restée incomplète pendant qu’une vague de déchristianisation apparemment inexorable déferlait dans le même temps.

    L’essai du professeur Pertici se conclut sans pouvoir dire ce qui se passera dans un futur proche. Même si on ne peut pas exclure non plus qu’une renaissance religieuse survienne à nouveau, pourquoi pas de manière inattendue, suscitée par des impulsions externes à l’autorité ecclésiastique, comme cela s’est déjà produit par le passé.

    Voici un autre sujet sur lequel les cardinaux pourraient réfléchir lors d’un futur conclave.

    Sur la photo ci-dessus, l’écrivain Giovanni Papini, l’un des grands convertis du « Renouveau catholique » de la première moitié du vingtième siècle.

    Bonne lecture !

    *

    Une « renaissance religieuse » est-elle possible ?

    II – De la moitié du dix-neuvième siècle à nos jours

    de Roberto Pertici

    4.

    La « renaissance religieuse » du début du dix-neuvième siècle s’est éteinte avec l’échec des révolutions de 1848-49 qui ont provoqué une désillusion historique qui allait avoir des effets majeurs sur la culture européenne des décennies à venir.

    La restauration qui allait suivre, la seconde depuis celle de 1814-1815, a été largement soutenue par les Églises : dans le monde catholique, le virage à droite de Pie IX avait généré une « peur » de la révolution et la nouvelle politique du Pape et de Giacomo Antonelli, son secrétaire d’État, achevèrent de consommer la rupture du binôme catholicisme-libertés que de nombreux catholique libéraux s’étaient acharnés à construire au cours des vingt années précédentes et, en Italie, à marquer la fin du catholicisme comme religion civile de la cause nationale. En France, la plus grande partie du monde catholique soutiendra pendant toute la décennie suivante le tournant autoritaire de Louis Napoléon Bonaparte et du second empire. Juan Donoso Cortés théorise la dictature comme une digue vers la vague révolutionnaire. Le processus qui allait mener au « Syllabus » de 1864 était enclenché.

    Lire la suite

  • Le sanctuaire de Scherpenheuvel (Montaigu) est en fête

    IMPRIMER

    De Dirk Vlaeyen sur le site de la VRT :

    Aucune description de photo disponible.

    Scherpenheuvel fête les 100 ans de la basilique; les festivités du couronnement

    À Scherpenheuvel, il y a beaucoup à célébrer cette année : non seulement cela fait 100 ans que l'église de pèlerinage a été élevée au rang de basilique, mais il y a aussi les fêtes du couronnement, qui sont célébrées tous les 25 ans. Des activités seront organisées dans la ville de pèlerinage tout au long de l'année.

    27 avril 2022

    Le 1er mai, la saison des pèlerinages commence traditionnellement sur le lieu de Notre-Dame de Scherpenheuvel, mais il y a plus. 2022-2023 est également une année anniversaire pour le site de pèlerinage. Le 25 août 2022, cela fera 150 ans que la statue de grâce de Notre-Dame de Scherpenheuvel a été couronnée à la demande du pape Pie IX.

    "Tous les 25 ans, nous commémorons cet événement de manière festive avec les festivités du couronnement", déclare le curé Luc Van Hilst. "C'est pour nous l'expression de notre gratitude. Non seulement parce que tant de gens venaient à Notre-Dame de Scherpenheuvel déjà à l'époque, mais encore aujourd'hui." Dans un tableau situé dans une chapelle latérale de la basilique, on peut voir comment la statue a reçu une couronne, et cette même couronne se trouve encore aujourd'hui sur la statue de la grâce. La couronne a été offerte par le pape. "Ce qui la rend si exceptionnelle, c'est que le pape lui-même a fait don de la statue", poursuit le curé. "Elle était aussi célébrée avec beaucoup d'ardeur alors en plein air avec un autel placé devant la basilique, car il y avait une foule immense."

    Une couronne faite de bijoux de pèlerins

    "Il y a plusieurs célébrations avec 2 grands moments", poursuit Van Hilst. "Il y aura beaucoup de célébrations autour du début, l'anniversaire lui-même le 25 août avec un festival folklorique. Samedi et dimanche, il y aura des célébrations avec une procession et la présence des évêques, et le cardinal sera également présent. Et un deuxième grand moment est celui où nous couronnerons à nouveau la statue. La couronne est composée de joyaux qui ont été donnés à Marie par des pèlerins au fil des ans. Le même montant que nous avons dépensé pour cette couronne, nous voulons aussi le donner à la banque alimentaire. Parce que Marie est aussi un refuge pour les pauvres", conclut le prêtre.

  • Monseigneur Laurent Ulrich, nouvel archevêque de Paris : pour la paix ou la guerre liturgique ? le dossier brûlant attend le nouvel archevêque…

    IMPRIMER

    Lu sur le site web « Paix liturgique » :

    Mgr.Laurent_Ulrich.jpg« La nouvelle est donc tombée : Mgr Laurent Ulrich, 71 ans en septembre, archevêque de Lille, après avoir été archevêque de Chambéry, devient archevêque de Paris, Mgr Aveline, archevêque de Marseille, ayant semble-t-il refusé la charge. Il sera « installé » à Saint-Sulpice le 24 mai.

    Cet homme de Bourgogne est plutôt distant et réservé comme un homme du Nord qu’il est devenu. Sensible cependant et sachant manifester de l’empathie, ce prélat intelligent, se sait depuis toujours destiné à de hautes fonctions. S’il a été un temps vice-président de la Conférence des Evêques de France, il est clair qu’il s’en voit le président. Il est bien possible aussi que, si le présent pontificat se prolonge suffisamment, il puisse recevoir la barrette rouge d’un pape qui l’apprécie.

    Car cet homme d’allure classique, mais qui n’a rien d’un traditionnel, est parfaitement dans la ligne du pontificat bergoglien. A Lille, où il était sur le siège qui fut occupé par Mgr Vilnet et Mgr Defois, il est entouré d’un clergé du Nord plus progressiste que lui, au sein duquel il a d’ailleurs eu à gérer trois grosses affaires de mœurs. Mais il entend qu’on sache quelle est sa ligne : accueil des migrants, proximité des pauvres, sur laquelle il est concurrencé par Marine Le Pen. On cite le fait qu’il a exigé d’un jeune diacre qui portait la soutane qu’il veuille bien l’abandonner.

    Bon administrateur, il gère avec prudence, évitant « les histoires », détestant le bruit et la fureur, sachant faire avancer des collaborateurs en guise de « fusibles ».

    La fin de l’ère Lustiger

    Sa nomination à Paris marque la fin d’une époque. Dans nos Lettres 848 et 850 de février 2022, nous exposions les plaies et bosses qui affectent aujourd’hui le diocèse de Paris après la carbonisation du pontificat Aupetit. Il était clair, disions-nous, que ce diocèse traumatisé allait changer de mains : après avoir été gouverné et profondément formaté depuis le début des années 80 du siècle dernier par la personnalité du cardinal Lustiger et de ses successeurs le cardinal Vingt-Trois et Mgr Aupetit, il devenait très probable que le Pape allait profiter de l’occasion pour clore cette ère Lustiger, « cléricale » et arrogante selon ses critères de jugement. C’est bien ce qui arrive : le siège parisien échappe à Mgr Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims, président de la Conférence des Évêques, désigné de longue date par les fées lustigériennes pour continuer une lignée épiscopale parisienne presque aussi durable que celle des Gondi aux XVIe et XVIIe siècles.

    Mgr Ulrich aura donc à gérer l’héritage difficile que laisse Mgr Michel Aupetit. Il lui faudra restaurer la confiance avec ses subordonnés et son clergé : l’ancien archevêque, homme d’un caractère difficile et cassant avec ses subordonnés, avait vu deux de ses vicaires généraux¸ Alexis Leproux et Benoist de Sinety, claquer la porte et démissionner à quatre mois d’intervalle. Du jamais vu. Benoist de Sinety était d’ailleurs parti dans le diocèse de Lille, où Mgr Ulrich lui avait confié la grosse paroisse lilloise de Saint-Eubert.

    Michel Aupetit avait frappé de tous côtés ; A gauche, Michel Aupetit avait liquidé violemment la communauté progressiste de Saint-Merry. A droite, il avait géré sans aucun dialogue le renvoi du directeur du lycée Saint-Jean-de-Passy. Et puis aussi, il avait tranché dans la liturgie traditionnelle.

    Les injustices et violences vis-à-vis de la messe traditionnelle à réparer

    Bizarrement, l’archevêque Aupetit, alors qu’il avait bénéficié au début de son mandat de l’opinion favorable du monde traditionnel qui appréciait ses prises de position morales courageuses, se l’était mis à dos en interprétant lourdement le motu proprio Traditionis custodes.

    De manière violente, il avait supprimé deux messes dominicales traditionnelles officielles dans deux paroisses populaires, à Saint-Georges de La Villette et à Notre-Dame du Travail, deux paroisses ou la liturgie traditionnelle était célébrée par le curé lui-même ou par un vicaire de la paroisse . De même avait-il supprimé toute une série de messes de semaine officielles, notamment celle très suivie de Saint-François-Xavier, où un public de jeunes nombreux se retrouvait tous les mercredis, et encore celle du lundi à Sainte-Clotilde.

    Il avait en outre réservé le droit de célébrer les messes qu’il conservait (Saint-Roch, Saint-Eugène, Sainte-Odile, ND du Lys, Sainte-Jeanne de Chantal) uniquement à des prêtres bi-ritualistes diocésains expressément désignés par lui.

    Dans cette affaire, Mgr Philippe Marsset, le « bras gauche » de Mgr Aupetit, a joué un rôle très néfaste. Philippe Marsset est en effet connu pour son hostilité à cette liturgie depuis l’époque de Summorum Pontificum, où curé de la grosse paroisse Saint-Pierre-de-Montrouge, dans le XIVème arrondissement, il avait tenté de réduire à un ghetto le groupe important qui demandait la célébration d’une messe. Et depuis le départ de Mgr Aupetit, il maintient la ligne du refus de tout accommodement à Sainte-Clotilde, à ND du Travail, à Saint-François-Xavier.

    Ces injustices incompréhensibles ont d’ailleurs déclenché des manifestations de protestation qui durent toujours :

    - Le mercredi à 17h, un chapelet récité dans l’église Saint Georges de La Villette

    - Le mercredi à 19h15, un chapelet itinérant partant de Saint François Xavier et se rendant à N.D. du Lys

    - Le dimanche à 18h, un chapelet devant N.D. du Travail

    - Et les lundis, mardis et jeudis de 13h à 14h, une présence des veilleurs devant les bureaux de l’archevêché, rue du Cloître-Notre-Dame

    Ces manifestations s’ajoutant à celle « célébrée » tous les samedis de midi à 12h 45, devant la nonciature apostolique, avenue du Président-Wilson.

    En attente de la pacification liturgique

    A Lille, Mgr Ulrich, après une période de distance froide, a dégelé ses rapports avec l’ICRSP desservant l’église Saint-Etienne à Lille et la chapelle ND de Fatima à La Chapelle d’Armentières.

    Lors de la survenance de Traditionis custodes, Mgr Ulrich (et surtout son conseil) a (ont) voulu réduire le nombre des messes  traditionnelles célébrées dans ces lieux. Des négociations s’en suivirent, dans lesquelles le P. de Sinety, sur la paroisse duquel se trouve Saint-Etienne, a joué un rôle important de facilitateur. Et pour finir, Mgr Ulrich fit une déclaration pour dire que rien n’était changé…

    Il n’est d’ailleurs pas impossible que Benoist de Sinety revienne à Paris pour seconder le nouvel archevêque dans sa difficile mission de réconciliation. Notamment de réconciliation et de paix avec les fidèles de la liturgie traditionnelle, fort nombreux à Paris et qui, en quelque sorte l’attendent de pied ferme, non seulement dans les lieux où les messes ont été supprimées, mais aussi sur la question des sacrements autres que la messe, à savoir essentiellement la question brûlante de la célébration de la confirmation dans le rite traditionnel.

    L’attente de cette part vivante et agissante du troupeau parisien sera-t-elle remplie ? Elle est prête en tout cas à faire entendre sa voix. »

    Ref. Monseigneur Laurent Ulrich, nouvel archevêque de Paris : pour la paix ou la guerre liturgique ? le dossier brûlant attend le nouvel archevêque