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Politique - Page 384

  • Le calvaire des réfugiés chrétiens d'Erythrée

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    Du site de l'Aide à l'Eglise en Détresse (France) :

    Erythrée-Soudan : le calvaire des réfugiés chrétiens

    Le petit nombre de chrétiens du Soudan s’agrandit avec les réfugiés venant d’Érythrée. 

    Catholiques erythréens dans la paroisse de Khartoum au Soudan.

    Le Soudan n’est pas un pays chrétien. Plus de 90% de sa population est musulmane. Ces dernières années, cependant, le petit nombre de chrétiens de ce pays d’Afrique de l’est a reçu des renforts – même s’ils ont été involontaires. Des dizaines de milliers d’érythréens – dont de nombreux chrétiens et catholiques – cherchent refuge dans le pays voisin, fuyant leur pays d’origine : « Le gouvernement érythréen force les gens pendant des années, parfois des décennies, à faire un service militaire obligatoire. Pendant cette période, on ne touche pas d’argent et on est totalement à la merci du gouvernement. De moins en moins de gens acceptent de participer à cela », estime un bénévole qui s’occupe des réfugiés érythréens à Khartoum. On l’appellera Joseph. Le Soudan voisin est en général le premier arrêt d’un voyage qui se terminera idéalement en Europe – et rapporte des milliers d’euros aux passeurs. Le trajet du Soudan vers la Libye coûte environ 1.500 euros. De là à l’Italie, il en coûte encore autant. Mais beaucoup n’ont pas l’argent pour ce voyage, et sont donc coincés au Soudan. Ils y restent souvent des années avant de pouvoir passer. « Un retour en Érythrée serait impensable. Les réfugiés y sont menacés de prison ou pire », affirme Joseph.

    « Les choses sont très difficiles au Soudan pour les réfugiés érythréens. Quittant un pays au régime totalitaire, ils tombent sur un régime islamiste ! explique Christine du Coudray-Wiehe, responsable de projet à l’AED pour le Soudan. « Nous voulons être à leurs côtés et les soutenir en les aidant à élever leurs enfants dans la foi catholique ». L’AED soutient ainsi une école à Khartoum accueillant 1200 élèves, aide à payer les livres et les professeurs, mais aussi la nourriture pour les enfants. Les parents n’ont que des moyens limités pour le financement de la scolarité, car ils ne peuvent pas avoir, en tant que réfugiés, de travail officiel. Ils économisent chaque centime pour financer un voyage en Europe ou dans d’autres pays occidentaux. Personne ne veut rester au Soudan. « ils ont très peur de la police », témoigne Joseph. « Nous, chrétiens, sommes à leur merci ». En effet, beaucoup de réfugiés sont sans cesse victimes du chantage des policiers. « Parfois, la police arrête nos compatriotes et ne les libère qu’après le paiement d’une rançon ». Souvent ils témoignent que c’est leur foi chrétienne qui les fait tenir.

    En 2016, L’AED a soutenu des projets au Soudan (hors Soudan du Sud) pour un total de 433.616 euros.

  • La Première ministre polonaise votera un projet de loi interdisant « l’avortement eugénique »

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    Lu sur le site de Metro :

    La Première ministre polonaise votera pour l’interdiction de « l’avortement eugénique »

    La Première ministre conservatrice polonaise Beata Szydlo a annoncé jeudi qu’elle allait voter pour un projet de loi prévoyant l’interdiction de « l’avortement eugénique » en Pologne, pays dont la loi est déjà l’une des plus restrictives en Europe après l’Irlande et Malte. « Je suis sûre que le projet de loi trouvera un grand soutien dans notre groupe parlementaire. Bien évidemment, moi-même je voterai pour son adoption. Je suis contre l’avortement eugénique », pratiqué en cas de malformations de foetus, a déclaré Mme Szydlo dans une interview à la revue catholique Gosc Niedzielny parue jeudi.

    Une nouvelle proposition d’initiative citoyenne doit être prochainement déposée au Parlement par le comité « Stop Avortement ». La loi en vigueur en Pologne, pays majoritairement catholique, autorise l’IVG seulement dans trois cas: risque pour la vie ou la santé de la mère, grave pathologie irréversible chez l’embryon et grossesse résultant d’un viol ou d’un inceste.

    Le comité « Stop Avortement » qui a collecté plus de 200.000 signatures, veut supprimer le second critère prévoyant le droit à l’IVG en cas de malformation du foetus comme la trisomie 21.

    Le président polonais Andrzej Duda, issu du parti Droit et Justice (PiS) au pouvoir depuis deux ans, proche de l’Eglise catholique, a déjà annoncé qu’il allait signer la loi si elle est adoptée.

  • Où en est la persécution des chrétiens dans le monde d'aujourd'hui

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    Du Père Jacques Tremblay (Canada) (Via le Salon Beige) :

    La persécution des chrétiens dans le monde d’aujourd’hui

    Les persécutions religieuses sont des mauvais traitements infligés à des personnes, ou à des groupes, en raison de leurs croyances. Saviez-vous qu’il existe, encore aujourd’hui, des chrétiens qui sont persécutés à cause de leur foi ?

    Chaque année, l’association d’origine protestante Portes Ouvertes publie un rapport détaillé concernant la persécution des chrétiens dans le monde. Chiffres à l’appui, on estime à 215 millions le nombre de chrétiens gravement persécutés dans 50 pays. Ces données montrent que le christianisme est la religion dont les membres souffrent le plus de persécutions à travers le monde.

    Ces faits correspondent aux données publiées par l’association catholique Aide à l’Église en détresse qui démontre, dans le rapport intitulé « Persécutés et oubliés ? », comment la persécution des chrétiens est un phénomène qui est en train de s’aggraver: des églises sont incendiées, des chrétiens sont pressés de se convertir, des violences collectives sont exercées contre les foyers chrétiens, des enlèvements et viols de jeunes filles chrétiennes sont commis, etc.

    Ces persécutions ne cessent de croître partout dans le monde, en particulier au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie du Sud-Est. D’autres rapports abondent dans le même sens: ceux du département d’État américain qui, chaque année, recense les atteintes à la liberté de religion, ceux d’Amnesty International, et ceux du Conseil œcuménique des Églises (à majorité protestantes); tous concluent à la dégradation de la situation des chrétiens (catholiques, protestants, orthodoxes) dans le monde.

    Des données à considérer

    En 2016, au moins 1 173 chrétiens ont été tués dans le monde en raison de leur foi. C’est peut-être six fois moins qu’en 2015 (où il y a eu 7 100 chrétiens assassinés), mais c’est encore beaucoup trop !

    Le pays où les persécutions contre les chrétiens sont les plus fortes est la Corée du Nord. Là-bas, le christianisme est vécu de manière souterraine. Le simple fait de posséder une Bible y est considéré comme un crime contre l’État. S’ils sont découverts, les chrétiens et leur famille risquent les travaux forcés à vie, ou la mort. On estime à 300 000 le nombre de chrétiens obligés de se cacher dans ce pays.

    En 2016, le pays où a été tué le plus grand nombre de chrétiens est le Nigéria, avec 695 assassinats, et le pays où a été ciblée le plus grand nombre d’églises est le Pakistan, avec 600 attaques perpétrées. Les pays d’Afrique où les persécutions contre les chrétiens sont les plus fortes sont la Somalie et le Soudan. Il faut également mentionner l’Érythrée; là-bas, pentecôtistes et chrétiens orthodoxes sont dans le viseur des autorités.

    Il convient de mentionner quelques autres pays où les chrétiens sont gravement persécutés: le Mali, l’Afghanistan, la Syrie, l’Irak, l’Iran, le Yémen, la Libye et l’Arabie Saoudite. On observe également une hausse de la violence en Inde (attaques, tabassages, femmes violées). Notons également qu’en Chine, où les chrétiens ont déjà subi une persécution sévère, seules les activités religieuses sous le contrôle de l’État sont autorisées; ainsi, les catholiques qui désirent rester fidèles au Vatican doivent vivre dans la clandestinité.

    Quelques faits publiés dans les médias

    Le problème de la persécution des chrétiens n’intéresse pas encore suffisamment les médias. Cependant, ces derniers ont tout de même relaté quelques faits qui méritent notre attention.

    En 2010, une chrétienne pakistanaise – Asia Bibi – a été condamnée à mort en raison d’une fausse accusation de blasphème envers l’Islam. Elle est actuellement en prison, et son sort demeure incertain.

    En 2014, des djihadistes ont crucifié, en Syrie, des chrétiens qui refusaient de prononcer la profession de foi musulmane. Témoin de ces atrocités, Sœur Raghida a donné une entrevue sur les ondes de Radio Vatican dans laquelle elle explique comment les chrétiens de Syrie subissent le martyre d’une façon extrêmement inhumaine.

    En 2015, des djihadistes de l’organisation ‘’État islamique’’ égorgent 21 chrétiens coptes égyptiens en Libye.

    En 2016, le père Jacques Hamel, un prêtre catholique français, est assassiné par deux terroristes islamistes alors qu’il célébrait la messe. Il est le seul prêtre catholique assassiné en Europe en 2016, sur un total de 28 assassinés cette année-là dans le monde.

    Bref, le phénomène de la persécution des chrétiens doit être davantage connu si nous voulons défendre, d’une manière crédible, les droits humains.

    jacques.tremblay4@forces.gc.ca

  • Trois chrétiens dont un enfant détenus par des fonctionnaires chinois; signons la pétition

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    De Citizen GO :

    Trois chrétiens dont un enfant détenus par des fonctionnaires chinois

  • Demain, un nouveau totalitarisme ?

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    De Gérard Leclerc sur le site de France Catholique :

    Le totalitarisme du XXIe siècle

    La déchristianisation de l’Europe (et celle des États-Unis que nous évoquions la semaine dernière dans le sillage de Rod Dreher) est souvent évoquée sur le mode d’un changement de paradigme et sous les couleurs d’un optimisme progressiste. En régime de démocratie pluraliste, la société permettrait la coexistence de toutes les conceptions du monde possibles. La régulation par l’État de droit nous protégerait de toutes les dérives, notamment grâce à la laïcité qui garantit la liberté de conscience. Mais cet optimisme pèche peut-être par manque de lucidité. Le XXe siècle ne vivait-il pas déjà dans la trajectoire des Lumières ? Cela n’a pas empêché la naissance du nazisme et du communisme stalinien. Au désenchantement du monde religieux peut très bien correspondre un réenchantement idéologique, avec le surgissement de ce que Raymond Aron appelait les religions séculières. Le XXIe siècle peut très bien produire les siennes, aussi redoutables que celles qui les ont précédées, en dépit de leur absence apparente de dimension guerrière.

    Chantal Delsol, dans un article remarquable du Figaro (16 octobre) vient de tirer la sonnette d’alarme, en attirant notre attention sur le néo-matérialisme scientiste en quoi consiste le dataïsme : «  Les chercheurs de la Silicon Valley, les artisans de l’Université de la Singularité attendent les lendemains qui chantent et même les considèrent comme un destin grec. Les data résument tout et réduisent tous les champs vitaux, sociaux, disciplinaires en un seul point : les algorithmes biochimiques ou physico-chimiques qui nous définissent.  » Les avancées vertigineuses de la technique nous placent sous l’empire de gigantesques données dont la gestion relève d’une raison purement calculatrice. L’humanité, dans cette logique, perd tous ses repères traditionnels, ceux que la philosophie et la religion lui conféraient, tels le libre arbitre, la réflexion sur les fins et sur les conduites morales. Tout cela serait dépassé dans le mouvement d’une transgression inévitable, celle du transhumanisme.

    La vogue d’un auteur comme Yuval Noah Harari [1] devrait nous alerter, tant elle est significative des dérives graves qui sont en train de changer nos conditions de vivre et de penser. Le déclin de la foi dans nos pays nous expose ainsi à l’expansion d’une gnose scientiste qui ne se contente pas de susciter un nouvel imaginaire avec sa propre eschatologie, car elle veut prendre possession de la terre entière, avec les moyens redoutables que lui confèrent les avancées de la technique et l’intelligence artificielle. Il nous faudrait un nouveau Gaston Fessard pour écrire le manifeste nécessaire contre ce totalitarisme qui s’en prend à notre âme, à notre liberté, à notre corporéité et à notre art de vivre.


    [1Auteur des best-sellers Sapiens : une brève histoire de l’humanité et Homo deus : une brève histoire de l’avenir (Albin Michel).

  • Le sommaire (et les liens) du numéro de La Nef d'octobre 2017

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    Sommaire du n°296 d'octobre 2017
    SOMMAIRE DU N°296 D'OCTOBRE 2017

    ÉDITORIAUX
    Un monde sans Dieu, par Christophe Geffroy
    Faut pas prendre les enfants du bon Dieu…
    par Jacques de Guillebon

    ACTUALITÉ
    François en Colombie : pour la réconciliation, par Yves Chiron
    Un livre pour mieux connaître François, par Christophe Geffroy
    Les droites en France : mirages et réalités, par Michel Toda
    L’Église et internet, par Pierre Mayrant
    Géopolitique d’abord : La France comme langue (2/2)
    par Paul-Marie Coûteaux

    ENTRETIEN
    Abbaye de Chevetogne, un pont entre Orient et Occident,
    entretien avec le Père Lambert Vos

    DOSSIER : LAÏCITÉ, LE POIDS DE L'HISTOIRE, LE DÉFI DE L'ISLAM
    Petite histoire de la laïcité républicaine, par Michel Toda
    Les rapports Église-État, par l’abbé Hervé Benoît
    Laïcité : où en est-on ?, par Christophe Geffroy
    Une laïcité à deux vitesses, par Matthieu Baumier
    L’islam et l’Occident, par Annie Laurent
    Un germe totalitaire, par Jean-François Chemain

    VIE CHRÉTIENNE
    Saint Jean Chrysostome : nul ne peut nuire…, par Yves Daoudal
    Question de foi : Depuis 30 ans…, par l’abbé Hervé Benoît

    CULTURE
    Julien Freund : le politique et la décadence, par Gilles Banderier
    Notes de lecture, chroniques musique, cinéma, sortir, jeunes, internet
    Au fil des livres : Un automne divin, par Philippe Maxence 
    Un livre, un auteur, entretien avec Christophe Dickès
    Portrait : Charlotte d’Ornellas, par Marine Tertrais
    Débats : Avortement en Irlande : un référendum à risque
    par Tim O’Sullivan
    Débats : Loi travail : Quel code du travail ?, par Joseph Thouvenel

    BRÈVES
    Toutes les annonces en ligne
     
     

  • Cette logique qui déstructure nos sociétés et qu'il importe de bien diagnostiquer

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    Ce constat de Joël Hautebert, sur le site de l'Homme Nouveau, vaut évidemment autant pour la Belgique que pour la France, notre pays ayant largement anticipé toutes les dérives dénoncées par l'auteur :

    La logique « sociétale » à l’œuvre

    L’annonce de l’ouverture de la PMA aux femmes célibataires et aux « couples » de lesbiennes met en évidence une extension mortifère des lois dites « sociétales », véritable greffon du libéralisme philosophique émancipant l’homme de Dieu et de l’ordre naturel. Après l’asservissement contraceptif, un nouvel exemple du rejet de tout ordre moral que l’État laïque ne fait qu’entériner par ses lois permissives.

    Le mois de septembre a été riche en déclarations « sociétales ». La médiatisation/revendication du suicide assisté de l’écrivain Anne Bert, ainsi que l’annonce d’une ouverture prochaine de la PMA aux femmes célibataires et aux duos de lesbiennes ont rappelé que si les élections passent, la logique « sociétale » demeure, inexorablement. De fait, les promoteurs de la culture de vie ont perdu tous les combats qu’ils ont menés depuis cinquante ans. Un tel constat n’est pas du défaitisme mais du réalisme. Il convient de s’interroger sur les raisons de cette progression mortifère qu’aucune opposition n’arrive à briser ; progression qui d’ailleurs avait été annoncée et prévue dès le début par ceux qui s’y opposaient.

    Une suite prévisible

    Car n’en doutons pas, après la contraception, l’avortement, la PMA pour les couples stériles, le divorce par consentement mutuel et « le mariage pour tous », « la PMA pour toutes » sera votée, ainsi que quelque temps plus tard « la GPA pour tous » ; et l’euthanasie suivra ; le « polyamour » et le statut de « travailleur du sexe » aussi. La résistance souvent nombreuse et pleine de créativité a bien combattu, surtout en 2012 et 2013. Espérons qu’elle le fera de nouveau l’an prochain, de façon encore plus percutante et massive. Mais à vues humaines, la victoire semble inaccessible. L’enjeu serait-il de seulement sauver l’honneur du peuple français et de notre civilisation ? De témoigner de la permanence d’un ordre humain qu’aucune loi inique ne pourra éradiquer définitivement de la conscience humaine ?

    Certes mais cela ne suffit pas car comme membre de notre société nous ne pouvons nous satisfaire d’être spectateur de notre propre déroute. Maigre consolation que de compenser l’ineffectivité pratique par la lucidité de l’analyse ! Il s’agit au contraire de mettre l’intelligence au service d’un combat toujours à reprendre. Tant que le Christ n’est pas revenu sur terre, le temps du chrétien est le temps du combat. Seule une recherche des causes de ce processus semblant inexorable permet de garder l’espérance car rien dans le monde humain n’est irréversible. En effet, la société a pour trame la multitude des actes posés par ses membres, actes qui engendrent des structures, soit bénéfiques soit maléfiques. La spirale vicieuse des structures de péché et des idéologies du mal ne peut être renversée que par des actes vertueux posés par des sujets ayant une haute conscience des processus à l’œuvre. Ce n’est donc qu’en établissant un diagnostic le plus complet et le plus radical possible que nous pourrons cultiver les ressources permettant de créer une spirale vertueuse et des structures de vie bonne.

    Toutes ces lois sociétales sont portées par deux principes immanents à la démocratie libérale contemporaine, l’un concernant le contenu – la libre disposition de l’individu par lui-même –, l’autre concernant la forme – la neutralité éthique de l’État dans un contexte de polythéisme des valeurs. L’articulation de ces deux principes donne une très grande puissance rhétorique à toute revendication sachant s’y greffer.

    La légalisation de la contraception en 1967

    La mère des batailles « sociétales » a été la légalisation de la contraception en 1967 par De Gaulle. En effet, ce qui se noue dans la mentalité contraceptive est un certain rapport de la personne à son corps sexué. Celui-ci est-il un matériau qui lui appartient et qu’elle peut utiliser comme bon lui semble ? Ou bien son corps est-il le signe qu’elle se reçoit d’un ordre naturel et divin dont le respect lui permettra de se réaliser ? Dans le premier cas, la technique lui permet d’objectiver son corps pour en disposer à volonté. Dans le second cas,

    « l’homme n’est que l’usufruitier, non le possesseur indépendant et le propriétaire de son corps et de tout ce que le Créateur lui a donné pour qu’il en use conformément à la nature ». (Pie XII, Allocution aux participants du VIIIe Congrès international des médecins à Rome, le 30 septembre 1954.)

    La conception de l’autonomie de l’individu remonte aux sources du libéralisme philosophique (dès 1689 John Locke affirme que « l’homme est maître de lui-même, et propriétaire de sa propre personne ») mais elle a trouvé dans le progrès scientifique et technique de quoi rendre effective cette négation d’un ordre de la nature immanent à la personne humaine.

    Au nom de quoi l’État laïque ­pourrait-il interdire la libre disposition de soi fondée sur la souveraineté de la volonté individuelle ? Ni Dieu réduit à être l’objet d’une croyance personnel­le, ni la nature malléable et muette ne peuvent être invoqués pour empêcher des individus de vivre comme ils l’entendent. La logique permissive des lois « sociétales » est un élément essentiel de leur force. Ces lois n’interdisent pas, elles offrent davantage de possibilités aux individus doués d’une liberté indéterminée. Ceux qui s’y opposent apparaissent ainsi comme des gens voulant imposer à tous leur propre conception du bien humain. Et c’est là que la forme vient au secours du contenu afin de rendre la revendication irrépressible.

    La tolérance en éthique

    La tolérance, appliquée à l’origine au champ religieux, a été étendue au champ « éthique ». De même que l’État libéral se déclare incompétent quant à la vraie religion, il se déclare incompétent quant à la bonne manière de vivre sa vie humaine. Il ne se préoccupe que de l’ordre public, garanti par les lois votées selon le critère quantitatif de la majorité et le critère qualitatif des « droits de l’homme ». Mais comme les contenus de ces droits sont relatifs à la manière dont on conçoit l’être humain, ceux-ci sont extensibles au gré des revendications et de la nécessaire prise en compte de la diversité des croyances et des systèmes de valeurs.

    Le mot sociétal a précisément été inventé pour qualifier le débat médiatique et législatif entre partisans de conceptions rivales touchant les mœurs. Ce débat ne peut se tenir que si tous les débatteurs respectent les principes le rendant possible. Or ces principes apparemment formels et abstraits orientent subrepticement l’issue du débat qui, elle, sera bien concrète. En effet, liberté et égalité des individus, neutralité éthique des institutions, refus de l’intolérance, etc. toutes ces « valeurs de la République » disposent la mentalité commune à valider ce qui se présente comme augmentant les droits et la liberté des individus ayant à se déterminer eux-mêmes sans avoir à subir le diktat d’un « ordre moral » vestige de l’ancien temps.

  • Quand le pape s’attaque aux causes des migrations et défend l’accord de Paris

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    De Nicolas Senèze sur le site du journal La Croix :

    Le pape s’attaque aux causes des migrations et défend l’accord de Paris

    Rappelant que migrations et urgences alimentaires sont intimement liées, le pape François a plaidé en faveur de l’accord de Paris, lundi 16 octobre, devant l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Il a appelé les responsables internationaux à s’attaquer aux causes de la faim : les conflits et les changements climatiques.

    Non seulement combattre la faim dans le monde, mais aussi s’attaquer à ses causes profondes. Telle était la substance du long discours que le pape François a adressé lundi 16 octobre à l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) qu’il était venu rencontrer à son siège de Rome.

    Et d’entrée, le pape a posé un geste symbolique : alors que la Journée mondiale de l’alimentation, célébrée ce même jour, portait sur la question des migrations, François a inauguré dans le hall de la FAO une statue en marbre du petit Aylan, réfugié syrien retrouvé mort en 2015 sur une plage turque. « Il n’est pas acceptable que, pour éviter de s’engager, on se retranche derrière des sophismes linguistiques qui ne font pas honneur à la diplomatie, la réduisant de “l’art du possible” à un exercice stérile pour justifier les égoïsmes et l’inactivité », a dénoncé le pape dans son discours.

    A lire : Pour le pape, la dignité des migrants avant tout

    Les conflits et les changements climatiques.

    « Comment arrêter les gens prêts à tout risquer, des générations entières qui peuvent disparaître parce qu’elles manquent de pain quotidien ou sont victimes de violence ou de changement climatique ? », a-t-il interrogé les participants à la rencontre de la FAO, dont, au premier rang, juste devant lui, les ministres de l’agriculture du G7. « Ils se déplacent vers là où ils voient une lumière ou perçoivent une espérance de vie. Ils ne peuvent pas être arrêtés par des barrières physiques, économiques, législatives, idéologiques », a-t-il prévenu.

    Mais, dans ce texte en espagnol, signe qu’il l’avait longuement et personnellement travaillé, François s’est surtout attaché aux causes de la faim qui poussent des populations entières à émigrer. Et, en premier lieu, les conflits et les changements climatiques.

    Pour répondre aux conflits, le pape a exhorté à l’application du droit international « qui nous indique les moyens de les prévenir et de les résoudre rapidement, évitant que se prolongent et se produisent les carences et la destruction du lien social ». Il a aussi plaidé pour le désarmement et la lutte contre le trafic d’armes.

    Le pape plaide en faveur de l’accord de Paris

    Face aux changements climatiques, il a exhorté à un engagement concret et à« un changement de style de vie », plaidant en faveur de l’accord de Paris sur le climat, « dont, malheureusement, certains se sont éloignés », a-t-il regretté, sans citer nommément les États-Unis…

    « Pour certains, il suffirait de diminuer le nombre de bouches à nourrir, mais c’est une fausse solution si on prend en compte la déperdition de nourriture et les modèles de consommation qui gaspillent tant de ressources », a aussi mis en cause le pape. Soulignant alors que, « réduire est facile » mais que « partager, en revanche, implique une conversion, et cela est exigeant », le pape a alors suggéré d’introduire la notion d’« amour » dans les relations internationales.

    « Aimer les frères, prendre l’initiative, sans attendre de réciprocité, est le principe évangélique qui s’exprime également dans de nombreuses cultures et religions, se convertissant en principe d’humanité dans la langue des relations internationales », a-t-il expliqué, soulignant que « nous ne pouvons pas agir seulement si les autres le font, ni nous limiter à la pitié, parce que la pitié se limite à l’aide d’urgence » (lire ci-dessous).

    Et François d’appeler à traduire dans les faits ce « principe d’humanité » en luttant contre la spéculation qui favorise les conflits, la dégradation des sols et la contamination des eaux, qui poussent aux migrations, ou encore l’accaparement des terres « avec la complicité de ceux qui devraient défendre les intérêts du peuple », mettant ainsi en cause la corruption et l’absence de légalité.

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    « Serait-ce exagéré de parler d’amour ? »

    Extrait du discours du pape François, lundi 16 octobre à Rome, devant la FAO

    « Serait-ce exagéré d’introduire dans la langue de la coopération internationale la catégorie de l’amour, conjugué à la gratuité, l’égalité de traitement, la solidarité, la culture du don, la fraternité, la miséricorde ? Ces mots expriment effectivement le contenu pratique du terme “humanitaire”, si utilisé dans l’activité internationale. (…)

    Aimer signifie aider chaque pays à augmenter la production et atteindre l’autosuffisance alimentaire. Aimer se traduit par une réflexion sur les nouveaux modes de développement et de consommation et l’adoption de politiques qui n’aggravent pas la situation des populations les moins avancées ou leur dépendance extérieure. Aimer signifie ne pas continuer à diviser la famille humaine entre ceux qui profitent du superflu et ceux qui manquent du nécessaire. »

  • L'Espagne est-elle en voie d'éclatement

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    De Philippe Maxence, sur le site de l'Homme Nouveau,

    Quel avenir pour l'Espagne ?

    Quel avenir pour l'Espagne ?

    Vu de France, les événements concernant la Catalogne et par extension, l'Espagne et son unité, ne sont pas toujours très compréhensibles. Entachés de jacobinisme et souvent d'une fausse conception de la subsidiarité, détournée du bien commun, nous peinons à saisir la réalité profonde des événements actuels. Directeur de l'agence FARO et du service de presse et de documentation de la Communion Traditionnaliste (Carliste), Luis Infante a bien voulu répondre à nos questions.

    Avec le référendum en Catalogne, l'Espagne est-elle en voie d'éclatement ?

    Même pour qui pourrait donner quelque crédit à ce type de consultation, le soi-disant référendum du 1er octobre 2017 n’a été en réalité qu’une simple farce. Mises à part sa totale illégalité et absolue illégitimité, il n’y eut aucune sorte de garanties, ni en ce qui concerne les listes électorales, ni dans le dépouillement, pas plus que dans le processus même. La participation a été des plus faibles, ce qui n’a pas empêché le séditieux gouvernement autonome de Catalogne de proclamer des résultats où le nombre des votes exprimés dans certaines localités était supérieur à la population de celles-ci… Le risque de morcellement de l’Espagne existe. Il existait avant ce prétendu référendum et continue à exister après. Le séparatisme se consacre depuis des décennies à préparer le terrain, bénéficiant de la connivence des différents gouvernements se succédant à Madrid, et l’actuelle apathie du gouvernement du Parti Populaire ne contribue qu’à transmettre aux séparatistes l’impression qu’ils peuvent agir en toute impunité.

    A quelle logique obéit exactement le gouvernement de Catalogne ?

    A la logique installée depuis la Constitution de 1978, pour le moins. En effet, en introduisant le terme « nationalités » appliqué à certaines des communautés autonomes qu’elle créait, celle-ci a ouvert la voie au séparatisme. Séparatisme qui, de plus, s’est vu favorisé par les lois électorales mises en place à cette période et qui sont toujours en vigueur aujourd’hui. En vertu des nouveaux statuts d’autonomie, les gouvernements régionaux aux mains des nationalistes se sont trouvés détenteurs de tous les moyens et ressorts (l’enseignement, les moyens de communication, l’ordre public, les budgets, le contrôle des subventions et des amendes, etc.) pour créer une réalité nouvelle, et ce depuis l’école même : une histoire totalement inventée et falsifiée dans laquelle la Catalogne (qui, en réalité, n’a jamais constitué un royaume indépendant et qui n’est apparue comme entité politique qu’au sein de la Couronne d’Aragon au XVIème siècle) serait une nation opprimée. Une langue inventée et imposée, le catalan « pompeufabriste » (de Pompeyo ou Pompeu Fabra, l’ingénieur nationaliste qui l’a conçue) qui cherche à supplanter aussi bien les formes anciennes du catalan que le castillan, langue commune de tous les Espagnols et la plus parlée en Catalogne entre les XVIII et XXIèmes siècles.

    L’extrême corruption de l’administration autonome catalane où il y a plus d’hommes politiques et de hauts dirigeants faisant l’objet de poursuites judiciaires qu’en toute autre communauté autonome d’Espagne, ainsi que le gaspillage, phénomène habituel dans la démocratie espagnole, mais poussé jusqu’au bout ultime de sa signification en Catalogne, tout cela semble avoir incité les politiques nationalistes à la fuite en avant. Si durant des décennies le séparatisme a été fomenté, préférence avait été donnée au recours au chantage contre le reste de l’Espagne et contre la propre société catalane, tandis que depuis quelques années les nationalistes du post-franquisme ont opté pour aller à la ségrégation, s’alliant pour ce faire à l’extrême-gauche.

    Doit-on voir dans ce mouvement en faveur de l'indépendance, une pression d'instances internationales, favorables au démantèlement des vielles nations ?

    Sans doute. Le Porte-étendard du carlisme, S.A.R. Sixte-Henri de Bourbon-Parme, le signalait déjà dans son manifeste de 2001 :

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  • La vie commence à la conception : c'est le ministère américain de la santé qui le reconnaît

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    ETATS-UNIS : LE MINISTÈRE DE LA SANTÉ RECONNAIT QUE LA VIE COMMENCE À LA CONCEPTION

      

    Le ministère de la santé américain, dans sa proposition de plan stratégique pour  2018-2022, « reconnait que la vie commence à la conception ». Le plan stratégique actuel, rédigé sous l’administration Obama, parle d’accomplir sa mission « à travers des programmes et des initiatives couvrant un large éventail d’activités, servant les américains à toutes les étapes de la vie ». Dans le prochain plan, les termes « dès la conception » ont été  ajoutés à la fin de cette phrase. Il rappelle aussi que « l’objectif ultime est d’améliorer les résultats des soins de santé pour toutes les personnes, y compris les enfants à naitre ». De plus, l’expression « mort naturelle » en référence à la fin de vie a été ajoutée dans le nouveau plan, « suggérant que la fin de vie ne devrait pas être accélérée par l’intervention humaine ». Le projet de document est ouvert aux commentaires du public jusqu'au 27 octobre. S'il est approuvé, il remplacera le plan quinquennal précédent de l'administration Obama.

    Des personnalités « prolife » ont rejoint le ministère de la santé depuis l’élection de Donald Trump : Teresa Manning, secrétaire adjointe aux affaires de la population, supervisant le financement fédéral des programmes de planification familiale, Charmaine Yoest, ancienne présidente d’Americans United for Life, secrétaire adjointe aux affaires publiques, et Matthew Bowman, avocat qui a travaillé pour Alliance Defending Freedom (cf. Une nouvelle directrice pour le planning familial américain).

    Source: Aleteia, John Burger (14/10/2017)

  • Le communisme, cette idée chrétienne devenue folle

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    De Jean-Claude Guillebaud sur le site de l'hebdomadaire La Vie :

    Le communisme, une idée chrétienne devenue folle 

    L'aspiration à l'égalité humaine dont procède le marxisme est l'essence même du christianisme. Mais pour les communistes, tous les moyens sont bons pour y parvenir, même la violence, pervertissant ainsi l'idéal évangélique.

    Les rapports entre le marxisme et le christianisme sont plus étroits qu'on ne l'imagine. Le marxisme n'a-t-il pas instrumentalisé et déshonoré l'universalisme ou l'aspiration à l'égalité d'inspiration judéo-chrétienne ? Il singeait surtout la « promesse » omniprésente dans les textes bibliques, par exemple dans la seconde épître de Pierre : « Mais nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où la justice habitera » (II Pierre 3, 13). À ce titre, le marxisme a pu être présenté comme une hérésie chrétienne ou une sanglante « contrefaçon » du christianisme.

    Chrétiens sous le communisme : une histoire occultée

    Ce dernier terme avait été utilisé par Pie XI dans son encyclique Divini redemptoris, en 1937.  « La doctrine communiste, écrivait-il, a pour moteur une contrefaçon de la rédemption des humbles. » Raymond Aron, de la même façon, avait classé en 1944 ce qu'il nommait « l'eschatologie socialiste » parmi les religions séculières (et donc hérétiques) « qui prennent dans les âmes de nos contemporains la place de la foi évanouie et situent ici-bas, dans le lointain de l'avenir, sous la forme d'un ordre social à créer, le salut de l'humanité ».

    L'hérésie léniniste consistait en une absolutisation temporelle conduisant inévitablement au crime.

    Mais on peut prolonger la réflexion. La philosophie hégélienne de l'Histoire dont le communisme procédait, la dialectique léniniste des derniers temps et de la « société communiste idéale » démarquaient directement et laïcisaient la thématique augustinienne de la Cité de Dieu, censée remplacer un jour la Cité terrestre. Une différence s'y trouvait toutefois ajoutée, mais de taille : Lénine faisait de la Cité promise un absolu, un résultat « chimiquement pur », dont l'avènement justifiait les moyens employés pour y parvenir, y compris les pires. La dictature du prolétariat devait permettre que naisse une cité idéale, débarrassée des contradictions de la société bourgeoise. 

    Chez Augustin, au contraire, les deux cités demeuraient « enchevêtrées jusqu'à la parousie »c'est-à-dire la fin des temps. Si la Cité terrestre « annonce » la Cité céleste, elle reste imparfaite et porteuse du péché. L'hérésie léniniste consistait donc en une absolutisation temporelle conduisant inévitablement au crime. C'est en cela qu'elle fut une perversa imitatio(« imitation perverse ») du christianisme.

    Les cathos de gauche se sont-ils fourvoyés avec le communisme ?

    L'histoire divinisée devint l'horizon promis aux hommes, un horizon « premier », c'est-à-dire indépassable. Pour se rapprocher d'une fin pareillement divinisée, tous les moyens devenaient légitimes, y compris la violence. On se souvient de la formule de Karl Marx sur « la violence accoucheuse de l'Histoire ». Une autre expression, de Hegel cette fois, insistait sur la « ruse de la raison ». Elle fut convoquée par les marxistes afin d'expliquer comment la violence, qui est un mal, pouvait accoucher d'un bien : l'avancée de l'Histoire humaine.

    L'espérance est aussi patiente que la philosophie de l'Histoire est impatiente ; elle est attentive quand l'autre est implacable.

    Le travestissement du messianisme originel en « philosophie de l'histoire » est assez bien résumé par cette idée d'impatience que Stéphane Mosès (mort en décembre 2007), philosophe juif et spécialiste de Franz Rosenzweig, analysait avec clarté. Pour Mosès, la mystique juive met en garde contre la tentation de l'impatience, c'est-à-dire d'une intervention prématurée des hommes dans le déroulement de l'Histoire. La responsabilité du monde à venir et le refus d'un destin prédéterminé n'impliquent nullement la précipitation.

    L'espérance chrétienne, quant à elle, fait toute sa place à l'attente. Saint Augustin l'évoque à plusieurs reprises dans ses Confessions. En outre, le messianisme juif comme l'espérance chrétienne expriment une exigence d'absolu qu'aucune réalité historique ne pourra satisfaire immédiatement sans la trahir. L'espérance est donc aussi patiente que la philosophie de l'Histoire est impatiente ; elle est attentive quand l'autre est implacable. 

    C'est en ce sens que le communisme fut bien, pendant trois quarts de siècle, une hérésie judéo-chrétienne. Cette hérésie fut meurtrière, mais relativement brève (moins d'un siècle), si on la compare au manichéisme par exemple, que saint Augustin combattait déjà au Ve siècle et qui, lui, aura été influent pendant près de 1000 ans. « Le monde est plein d'idées chrétiennes devenues folles », disait l'écrivain britannique Gilbert Keith Chesterton (mort en 1936). Le communisme, assurément, fut l'une d'elles.

  • Pourquoi, d'après Henri Hude, le pape a raison

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    D'Henri Hude, sur son blog :

    François a raison. Pourquoi il a raison.

    Un flot de critiques.

    Les récentes déclarations du pape François recommandent envers les migrants une politique d’accueil, et envers l’islam une attitude bienveillante. Ces déclarations font l’objet de critiques, notamment de la part de certains catholiques, s’ajoutant à celles qui ont suivi la publication d’Amoris laetitia.

    Ces critiques peuvent différer entre elles par la forme et le ton, elles convergent quant au fond et quant à la sévérité. Concernant l’islam, le pape est accusé ou d’ignorance, ou de dissimulation, ou d’illusion et de déni, surtout quand il en parle comme d’une « religion de paix ». Concernant les migrants, il est accusé carrément d’idéalisme et d’utopie, de manque de bon sens et de prudence, d’inconscience et d’irresponsabilité, d’atteinte aux intérêts légitimes de nations européennes, de trahison de la chrétienté dans une guerre de civilisations, enfin d’innovations théologiques hasardeuses, contraires aux enseignements du Catéchisme de l’Eglise catholique et de la doctrine sociale de l’Eglise, notamment sur le bien commun et sur les nations.

    Un grand politique.

    Contrairement à ces critiques, j’estime d’abord que je n’ai pas à estimer si le pape est catholique. Il l’est par définition, ou alors il faut cesser d’être catholique[1].

    Ensuite, mon opinion est que le pape est un grand politique, non pas de type machiavélien, mais de type jésuite. La nuance peut échapper, elle est pourtant fondamentale. Le jésuite Baltasar Gracian (L’art de la prudence, 1647, traduction française, 1684, Rivages, 1994) m’a toujours semblé beaucoup plus intelligent que Machiavel. C’est en le lisant que j’ai senti se dissoudre l’opposition superficielle inventée par Max Weber et rebattue depuis entre une soi-disant « éthique de responsabilité » et une soi-disant « éthique de conviction ».

    Pour être un grand politique, contrairement à ce qu’on peut penser, il n’est besoin ni d’hypocrisie, ni de cynisme, bien qu’il faille beaucoup d’habileté et de finesse. Pour se passer des bas moyens, il faut avoir une vision juste et un projet équitable.

    Pour avancer sur les questions de l’immigration, de l’islam, et d’une conduite chrétienne et prudente dans ces domaines, j’ai choisi de ne pas me perdre en explications de textes, mais de proposer des éléments de réflexion. 

    PREMIER ELEMENT DE REFLEXION : PARTIR GAGNANT

    Si je comprends bien, le pape François n’agit pas en fonction d’une déchristianisation tenue pour inéluctable et encore moins en gérant d’une décroissance de l’Eglise acceptée comme une fatalité. Ceux qui le critiquent se comportent comme s’il fallait seulement ralentir à coup de négations et de réactions le rétrécissement d’une peau-de-chagrin. Ce défaitisme n’est pas justifié. L’humanisme moderne des Lumières a pratiquement cessé d’exister. Le nihilisme postmoderne n’est qu’une phase transitoire, aucunement capable de le remplacer comme source spirituelle du monde humaniste. L’empire américain, qui structure encore notre monde, est en pleine confusion. La démocratie et la solidarité sont à repenser devant la mondialisation qui les remet en question. La révolution industrielle prend une ampleur inédite, et repose la question de la spécificité et de la place de l’homme. Dans un tel contexte de transition et de progrès, la foi chrétienne a évidemment un rôle majeur à jouer dans la nouvelle culture humaniste qui se prépare et dont le monde entier a besoin.

    L’idée que les peuples ne reviendront pas au catholicisme est certainement vraie si les catholiques ne suivent pas la direction tracée par le pape. Mais s’ils la suivent, elle est probablement fausse.

    Que nous enseigne en effet l’expérience ? En Russie, 70% des citoyens se définissent aujourd’hui comme chrétiens orthodoxes. Ils étaient 10% en 1991. C’est une lame de fond, qui concerne aussi bien les classes populaires que les plus aisées et les intellectuels. J’ai pu le constater moi-même en discutant avec des universitaires russes. La pratique n’est pas à un tel niveau, mais les non-pratiquants se reconnaissent orthodoxes.

    L’expérience montre donc en réalité une extrême résilience des structures de fond d’une culture de tradition chrétienne, quelle qu’ait été l’empreinte de l’athéisme et du laïcisme agressif d’Etat. Les laïques français sont des catho-laïques. La forme entière du christianisme, surtout du catholicisme, subsiste dans les rejets dont il fait l’objet, pour des raisons diverses parfois bien compréhensibles. Bien souvent, on a vu les peuples s’éloigner de l’Eglise, en raison d’objections légitimes et substantiellement catholiques contre l’étroitesse d’esprit des églises nationales elles-mêmes en difficulté avec Rome.

    Certes, l’expérience montre aussi qu’une grande pauvreté morale peut coexister avec un retour réel profond de la foi et que la société qui se presse aux portes des églises est toute cabossée. Ces faits tendent à justifier l’intuition du pape sur l’Eglise-hôpital de campagne et sur la pastorale de la miséricorde.  Son problème est d’anticiper le retour des peuples à l’Eglise en préparant l’Eglise et en se disposant à gérer l’immense problème pastoral que cela va poser.

    Chez nous, le nihilisme, quand il va jusqu’au bout, finit en ceci : rien. Le vide. La nature a horreur du vide. L’idéologie laisse place au gros bon sens. L’homme se redécouvre animal religieux. Si l’islam arrive à remplir en partie ce vide, il n’y a aucune raison pour que le christianisme n’y arrive pas, et bien davantage. Le déclic se produira quand les chrétiens auront clairement repris l’initiative culturelle, ce qui ne saurait manquer de se produire. Il ne s’agit pas de faire du tapage avec des idées réactionnaires, mais de retrouver la crédibilité et l’universalité de la foi. D’un point de vue culturel et politique, il s’agit de travailler au renouveau de l’humanisme afin d’y intégrer les progrès innombrables de notre époque.

    A SUIVRE

    [1] Inutile de rappeler ici l'enseignement de Vatican I (1870). L'infaillibilité pontificale ne concerne que les matières de foi et de moeurs, en connexion directe avec le salut éternel. Le pape n'est donc évidemment pas infaillible à jet-continu sur tous les sujets. En particulier, ses opinions politiques personnelles n'engagent que lui. Il faut donc savoir trier loyalement, dans une déclaration, en fonction du contexte et du genre littéraire, ce qui relève de l'essentiel dont il a la charge et ce qui n'est que contingence, méritant toutefois en général attention sérieuse et respectueuse.