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Politique - Page 62

  • Soudan : la destruction des églises à l'ordre du jour

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    De Vatican News (Jean-Benoît Harel) :

    Au Soudan, «la destruction des églises, c'est presque l'ordre du jour»

    Depuis avril 2023, le Soudan connait une guerre sanglante entre l’armée soudanaise et un groupe paramilitaire, les Forces de soutien rapide (FSR). Plus de 6 millions de personnes ont été déplacées selon l’ONU. Un prêtre missionnaire dans le sud du pays décrit les difficiles conditions de vie des déplacés et l’importance de la place de l’Église dans le soutien humanitaire et spirituel.

    «Il y a de la peur parce que nous ne savons pas quand nous serons attaqués.» C’est dans ce climat d’inquiétude permanente que vit le père Jean*, missionnaire dans le sud du Soudan. Des dizaines de milliers de déplacés ont afflué dans le sud du pays, trouvant un abri dans les écoles et les églises. Le père Jean témoigne du rôle de l’Église dans cette tragédie humanitaire: «De nombreuses personnes ont été traumatisées par des conflits armés dans les différents coins du Soudan. Notre rôle c’est avant tout la disponibilité pour accueillir les gens qui fuient pour les recevoir et les assister, financièrement et spirituellement.»

    Une situation humanitaire intenable

    Pour les déplacés soudanais, les structures d’aides sont peu nombreuses alors que la situation politique reste extrêmement volatile et dangereuse. Le conflit déclenché le 15 avril entre le chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, et son adjoint devenu rival, le général Mohamed Hamdane Daglo, a fait plus de 10 000 morts selon une estimation de l'ONG Armed Conflict Location & Event Data Project (Acled), considérée comme largement sous-évaluée.

    Alors que les bombardements continuent de toucher durement des habitations civiles, le prêtre missionnaire depuis six ans dans le pays, affirme que seules l’Église, et quelques ONG n’ayant pas quitté le pays, peuvent répondre à la détresse des déplacés.  

    Toutefois, le conflit entre l’armée et les forces paramilitaires n’est pas le seul au Soudan. «Dans l’Ouest du Soudan, c'est devenu une sorte de conflit tribal: les populations d’origine arabe chassent ceux qui sont noirs» explique le père Jean.

    «Les églises ont été attaquées, pillées, vandalisées»

    Dans ce contexte difficile, les chrétiens ne sont pas épargnés. Comme lieu de rassemblement pouvant contenir des richesses, «les églises ont été attaquées, pillées, vandalisées» raconte l’homme d’Église. «Le système en lui-même persécute les chrétiens: sur le plan politique, c'est impossible d'avoir les chrétiens dans les hauts niveaux, et sur le plan éducatif, aucun chrétien n’enseigne dans les écoles de l'État».

    Les écoles n’ont pas ouvert leurs portes depuis le début du conflit, et la vie paroissiale est également bouleversée puisque certains déplacés sont logés dans les églises. Le missionnaire appelle à prier «pour que la paix puisse revenir au Soudan, parce que les gens sont fatigués. Notre souhait est que les belligérants puissent s'asseoir et discuter ensemble d’une solution possible pour le Soudan de demain».

    Témoignage d'un missionnaire au Soudan sur les exactions dont sont victimes les églises.

    *le prénom du père a été modifié pour des raisons de sécurité.

  • Que restera-t-il de la France d’avant dans la France d’après ?

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    Le site "Pour une école libre au Québec" a retranscrit les propos de Jérôme Fourquet et Jean-Pierre Le Goff dans le cadre des Rencontres du Figaro (video) :

    École, famille, immigration : que restera-t-il de la France d’avant dans la France d’après ?

    Évoquer la France d’hier pour comprendre celle de demain et ausculter notre présent : c’est la tâche à laquelle se sont attelés Jérôme Fourquet et Jean-Pierre Le Goff dans le cadre des Rencontres du Figaro.

    20 novembre 2023

    LE FIGARO. - Vous avez publié, Jean-Pierre le Goff, La France d’hier il y a cinq ans et cette année vous poursuivez cette plongée dans le passé avec Mes années folles (Robert Laffont). Aujourd’hui, que reste-t-il de la France d’hier ?

    Jean-Pierre LE GOFF. – Pas grand-chose, répondrais-je spontanément. Mais encore faut-il s’entendre sur ce qu’on appelle la France d’hier et de quelle période historique au juste il est question. La France d’hier dont je parle est celle de la seconde moitié du XXe siècle, des années 1950 et 1960, en sachant qu’entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et les années 1960, il s’est produit une modernisation rapide du pays qui l’a profondément transformé.

    Pour le dire de façon schématique, au lendemain de la guerre, la France reste encore un pays rural avec des traditions ancestrales, des valeurs de stabilité et de modération liées à la civilisation paysanne. Le christianisme continue d’imprégner la société et le catholicisme demeure la religion de la grande majorité des Français. Il existe également un mouvement ouvrier dynamique et structuré avec ses syndicats, ses associations d’entraide et d’éducation populaire, au sein duquel dominent le Parti communiste et la CGT. Au tournant des années 1950 et 1960, la France entre dans une nouvelle étape de la modernité marquée par le développement de la société de consommation, des loisirs et de ce qu’on appelle alors les « mass medias ».

    La France d’hier, celle des années 1950-1960, c’est celle qui reste encore liée à une histoire ancestrale et qui, en même temps, se modernise rapidement pour aboutir à une nouvelle société qui va entraîner sur une échelle de masse des changements de mentalités et de comportements dans les domaines de la consommation, des loisirs et des mœurs. L’acquisition de nouveaux biens de consommation, la valorisation de la vie privée et des loisirs comme lieux de l’épanouissement participent d’un individualisme hédoniste qui se développe dès cette époque et commence à mettre en question la centralité du travail et la solidité des appartenances et des engagements collectifs. C’est précisément dans ce contexte de bouleversement rapide de la société française et de l’allongement de la scolarité que va se développer le «peuple adolescent» (expression que j’emprunte à Paul Yonnet). On ne comprend rien à mai 68 et à la révolution culturelle qui va suivre sans prendre en compte cette nouvelle situation historique dans l’ensemble de ses aspects. N’est-ce pas de cette France-là que nous avons hérité ?

    Jérôme Fourquet , votre livre s’appelle La France d’après. Philippe de Villiers, en 2005, disait : «La France d’après, c’est la France d’après la France…»

    Jérôme FOURQUET. – Nous sommes encore en France, il subsiste encore un certain nombre de vestiges de ce pays décrit par Jean-Pierre Le Goff , mais s’est ajouté, comme sur une toile bigarrée, toute une série d’ingrédients absolument nouveaux. Toutes les évolutions évoquées se sont accélérées depuis une trentaine d’années. La centralité du travail était encore valide dans les têtes au début des années 1990. Lorsque l’Ifop interroge les Français à cette époque, 60 % d’entre eux disent que le travail est très important dans leur vie, contre 31 % pour les loisirs. Aujourd’hui, 21 % des Français considèrent que le travail est très important dans leur vie, et on est passé à 42 % sur la thématique des loisirs. Nous sommes dans un moment tectonique où de vieilles plaques survivent, et de nouvelles émergent, ce qui donne ce paysage kaléidoscopique. Un autre changement majeur réside dans l’accroissement spectaculaire des influences culturelles étrangères, et notamment l’américanisation du pays qui s’est manifestée en profondeur dans tous les tissus de la société. Ce processus commencé dès les années 1950 s’est surmultiplié pour aboutir à un produit totalement inédit que j’appelle La France d’après.

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  • Elections RDC : Après une petite semaine de campagne, le pouvoir se lézarde ?

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    Lu dans « La Libre Afrique » (Hubert Leclercq) :

    « En pleine campagne présidentielle, le report du scrutin refait surface.

    Arrivé au pouvoir au terme d’un accord avec son prédécesseur Joseph Kabila, le président congolais Félix Tshisekedi entend prolonger son bail à la tête de la République démocratique du Congo en remportant le scrutin présidentiel prévu le 20 décembre.

    Pour parvenir à ses fins, après avoir rompu son accord avec Joseph Kabila, la présidence s’est organisée pour installer ses hommes à tous les échelons de la future élection. Elle a acheté une large majorité parlementaire, avant d’imposer ses juges à la Cour constitutionnelle et de placer son candidat à la tête de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni).

    RDC : La campagne présidentielle est lancée sur les chapeaux de roues

    « Fort de cet attelage, Félix Tshisekedi pensait jouer sur le velours et pouvoir envisager un second mandat en toute sérénité.

    Mais la première semaine de campagne présidentielle a démontré que cette belle assurance ne passait pas le cap de la rencontre avec l’électorat. Dès les premiers meetings dans le Kongo-central, la mécanique présidentielle s’est heurtée à la colère d’une population qui n’a, notamment, pas oublié le Registre des appareils mobiles (RAM) et la taxe qu’il a induite qui a frappé toutes les recharges téléphoniques et donc tous les Congolais. Malgré la disparition depuis quelques mois de cette taxe – jamais votée au parlement – la population a réclamé des comptes au candidat-président aux cris de “voleurs”. La même petite musique s’est répétée dans d’autres meetings qui peinaient à attirer les foules, malgré les moyens de l’État détournés au profit du candidat.

    RDC : Plainte en Belgique contre le patron de la Demiap, le général Ndaywell

    L’épine Katumbi

    « Le scénario de 2023 n’est pas sans rappeler celui qui a prévalu en 2018. À l’époque, tous les moyens de l’État avaient été captés au profit d’Emmanuel Shadary, le dauphin de Kabila. Le pouvoir en place disposait d’une majorité au Parlement, d’une Cour constitutionnelle et d’une Ceni à sa botte. Pourtant, malgré cet avantage, la campagne d’Emmanuel Shadary s’est heurtée à la fronde du terrain qui cherchait à s’affranchir de la kabilie après dix-sept années de pouvoir sans partage et deux ans d’une cohabitation forcée qui avait encore détérioré l’image d’un régime incapable de se renouveler.

    Ici, après cinq années d’une gestion aussi chaotique qu’erratique, le pouvoir de Félix Tshisekedi, bâti sur une composante ethnique, montre qu’il est en grande souffrance, incapable de ramener la paix dans l’Est, devant affronter de nombreuses poches d’insécurité dans plusieurs provinces, sans oublier le poids de la prédation du premier cercle du régime.

    RDCongo : Le match Tshisekedi – Katumbi peut commencer

     En 2018, la population s’était rangée derrière Martin Fayulu, candidat commun de l’opposition. En 2023, cette opposition n’est pas parvenue à se fédérer, mais elle a vu émerger un candidat qui s’est immédiatement érigé en principal – si pas unique – adversaire du président sortant : Moïse Katumbi. L’ancien gouverneur du grand Katanga, privé de course à la présidence en 2018.

    L’homme a pris le temps de se bâtir une machine politique à travers son parti Ensemble pour la République, il a fédéré quelques “petits” candidats mais surtout il s’est lancé dans un rallye électoral digne “d’une campagne à l’américaine”, comme l’explique un observateur kinois. Katumbi est populaire, il est déterminé et il a clair pour son public. En face de lui, Félix Tshisekedi est dans les cordes. Derrière ces deux hommes, c’est le vide. Les Mukwege, Fayulu, Sesanga sont restés scotchés sur la ligne de départ. Manque de moyens, de relais, ils sont déjà irrémédiablement largués.

    Report du scrutin ?

    RDC : Pourquoi la présidentielle de 2023 est en grand danger

    Au niveau de la Ceni, nous n’avons pas de preuve qu’il y aura bel et bien élection le 20 décembre. Et s’il devait y en avoir, nous n’avons pas de certitude que ça va se dérouler dans les meilleures conditions de transparence. Il y a donc un risque de désordres dans notre pays”. C’est ainsi que le cardinal Ambongo s’est adressé aux catholiques ce dimanche 26 novembre, relançant les craintes d’un report du scrutin à un peu plus de trois semaines de l’échéance. Jusqu’ici, tant le président Tshisekedi que le président de la Ceni Denis Kadima ont rejeté cette éventualité malgré un fichier électoral défaillant, des millions de cartes d’électeurs défectueuses et une cartographie des bureaux de vote introuvable. Le mandat de Félix Tshisekedi court jusqu’au 24 janvier 2024, au-delà de cette date, il devra remettre ses pouvoirs entre les mains du président du Sénat… sauf improbable consensus pour prolonger son “règne” de quelques mois. Son régime défaillant, son incapacité à régner et ses mauvaises relations avec la plupart de ses voisins augure de bien des difficultés pour trouver ce compromis. Dans ce contexte, la RDC risque de faire rapidement face à des défis colossaux porteurs de tous les dangers pour la stabilité du pays et de toute la région. »

  • « La bêtise se concentre désormais dans les milieux qui se disent encore « progressistes » »

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    Du site de Front Populaire via artofuss.blog :

    Pierre-André Taguieff : « La bêtise se concentre désormais dans les milieux qui se disent encore « progressistes »

    26/11/2023

    ENTRETIEN. D’où vient la bêtise ? En tout cas, elle n’est pas le monopole d’une catégorie de la population, et nul n’y échappe totalement. Dans Le Nouvel Âge de la bêtise, l’historien des idées Pierre-André Taguieff tente, de manière érudite et précise, d’en déceler les fondements.

    Le Nouvel Âge de la bêtise

    Front Populaire : Vous évoquez le « nouvel âge » de la bêtise. Comment pourrait-on distinguer la bêtise d’aujourd’hui de celle d’hier ? Peut-on catégoriser les formes de bêtises à travers l’histoire ?

    Pierre-André Taguieff : Dans mon livre, je me suis principalement intéressé à la bêtise propre aux élites intellectuelles modernes, celles qui se tiennent au courant des progrès scientifiques et techniques et s’en émerveillent comme celles qui pestent en langage savamment codé contre le « monde mauvais » qui est le nôtre en appelant à le détruire, et non sur la bêtise ordinaire des gens ordinaires. Dans les deux cas, cependant, la bêtise « consiste à vouloir conclure », comme l’a dit Flaubert en 1850.

    Mais soyons modestes lorsque nous osons parler de la bêtise, car nous croyons trop souvent pouvoir la regarder de haut ou de loin. Or, elle nous touche de près, elle est aussi bien en nous que chez les autres, dans ce que nous disons comme dans ce que nous faisons. Question de degré ou d’intensité. Milan Kundera parlait justement de la « bêtise consubstantielle à l’être humain » (1986). Il reste que, dans les pays occidentaux, ses formes historiques et culturelles sont variables, car elles sont tributaires des idéologies politiques en présence comme de l’état des sciences et des techniques, et tout particulièrement des technologies de l’information et de la communication. À cet égard, l’explosion des réseaux sociaux a eu pour effet de diffuser dans l’espace mondial les croyances dénuées de sens et de multiplier les débats absurdes, expressions de la nouvelle bêtise de masse.

    La bêtise se concentre désormais dans les milieux qui collectionnent les « bonnes causes » selon l’esprit du temps. Disons les milieux plus ou moins militants qui se disent encore « progressistes ». La défense desdites « bonnes causes » alimente la vanité des imbéciles, qui se félicitent d’être « du bon côté », et donc, par là même, intelligents. C’est ainsi qu’ils fanfaronnent. Dans sa conférence de mars 1937 sur la bêtise, Robert Musil rappelait le vieil adage « Vanité et bêtise poussent sur la même tige » avant d’affirmer qu’« il y a depuis toujours entre bêtise et vanité un lien étroit ».

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  • Irak : la Babylone moderne qui persécute les chrétiens et exile le patriarche, dans le silence de Rome

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    De Sandro Magister sur Diakonos.be :

    Irak, Babylone moderne. Qui persécute les chrétiens et exile le patriarche, dans le silence de Rome

    « Nous avons demandé l’ouverture d’un Synode spécial pour les Églises orientales catholiques. Toutes connaissent aujourd’hui des situations de guerre : l’Ukraine, le Liban, l’Arménie, la Syrie, l’Irak, l’Érythrée, la Terre sainte ».

    C’est l’archevêque majeur de l’Église grecque catholique ukrainienne, Sviatoslav Chevtchouk, qui a révélé avoir adressé cette demande au Pape. Avec mille bonnes raisons. Au Moyen-Orient, les Églises sont attaquées presque partout et les chrétiens sont au bord de l’extinction, comme c’est déjà le cas pour les Juifs dans les pays arabes.

    Et l’un des endroits où ils sont le plus en danger, c’est l’Irak. En 1915, un génocide parallèle à celui des Arméniens a conduit à l’extermination de 800 000 chrétiens. Mais en 2003 encore, avant la guerre, on comptait encore un million et demi de chrétiens, dont la plupart vivaient à Bagdad. Aujourd’hui, il n’en reste plus que 150 000.

    Quand le Pape François s’est rendu en Irak, en mars 2021, la dévastation que l’État islamique avait perpétré quelques années plus tôt dans la Plaine de Ninive, berceau historique des chrétiens d’Irak, était encore visible.

    Mais aujourd’hui encore, dans la Plaine de Ninive, on interdit aux chrétiens de retourner habiter dans leurs maisons et de cultiver leurs champs. Ils en sont empêchés par des soi-disant chrétiens membres d’une brigade armée nommé Babylone, composée de milices extrémistes chiites inféodées à l’Iran, avec à leur tête Rayan Al-Kildani, un chaldéen comme le patriarcat catholique auquel il prétend appartenir.

    On trouvera un petit indice du drame que vivent aujourd’hui les chrétiens en Irak dans les quelques lignes du communiqué officiel dans lequel le Saint-Siège a rendu compte de l’audience accordée le 18 novembre par le Pape François au président irakien Abdel Latif Jamal Rachid, là où il est dit que « l’on a répété la nécessité de garantir à tous les chrétiens irakiens la possibilité de former une partie vibrante et active de la société et du territoire, en particulier dans la Plaine de Ninive ».

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  • "Nous avons décidé avec beaucoup de détermination de déconstruire ce qui peut faire le sens même de l’existence de la civilisation que nous recevons en partage" (François-Xavier Bellamy)

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    De François-Xavier Bellamy (FXBELLAMY.fr) :

    L’espérance est une forme de radicalité

    Entretien initialement paru dans la revue Valeurs Actuelles du 9 novembre 2023.

    Quelle serait aujourd’hui notre raison d’espérer ?

    Il faut regarder l’espérance pour ce qu’elle est : un acte de la volonté qui ne se cherche pas d’abord des raisons de se rassurer, mais qui s’impose de se battre comme si une chance existait, même quand toute la réalité semble nous dire qu’il n’y en a plus. Là réside la radicalité de l’espérance. Le courage de l’espérance, d’une certaine façon, c’est le courage désespéré. Comme le dit Bernanos, pour connaître l’espérance, il faut non pas avoir des raisons d’être optimiste, mais au contraire, avoir été au bout du désespoir. Et, ayant affronté le désespoir, se dire que si jamais il existe un chemin, si jamais il y a une chance que tout ce à quoi nous tenons et qui semble disparaître se relève et se ranime, cette seule chance même improbable vaut la peine qu’on engage notre vie entière pour pouvoir la rendre possible.

    De quoi les évènements récents sont-ils le nom ?

    Du retour du tragique de l’histoire. Derrière l’Arménie aux prises avec l’Azerbaïdjan, ou Israël attaqué par le Hamas, se découvre, en réalité, le même visage, même si chacun de ces conflits est singulier. Mais ce qui me frappe le plus, c’est, face à ce retour du tragique, le sentiment que nous n’avons plus la main, que nous n’avons plus la capacité d’agir et de décider du destin de notre monde et du nôtre.

    C’est ce que vivent particulièrement tous ceux qui servent l’État, et qui sont concrètement confrontés à l’impuissance publique. Je pense aux policiers entendant le président de la République dire qu’on n’empêchera jamais le terrorisme. Je pense aux professeurs qui savent très bien que personne ne les protègera quand le premier fou furieux aura décidé de les sacrifier. Je pense aux infirmières qui voient l’hôpital s’effondrer autour d’elles sans pouvoir rien y faire. Tous ceux qui devraient être le bras de la force publique sont aujourd’hui les spectateurs désolés de son impuissance.

    De quoi souffre l’Occident dont ne souffrent pas les autres parties du monde ?

    De quoi sommes-nous le nom ? Quelle est notre mission dans l’histoire ? Quelle est notre vocation ? Aujourd’hui, il est plus simple pour un Chinois, pour un Saoudien, et même d’une certaine manière pour un Américain, de savoir quelle est la place que chacun occupe dans l’histoire, et le rôle qu’il faut y jouer. Nous, nous avons décidé avec beaucoup de détermination de déconstruire ce qui peut faire le sens même de l’existence de la civilisation que nous recevons en partage. Sur France Info, j’ai entendu un élève de Dominique Bernard témoigner sur le professeur qu’il était : « Il parlait comme un professeur de français en utilisant des mots que personne ne comprend ». Et il prenait pour exemple « aparté », qui lui paraissait un étrange reliquat obsolète d’une langue déjà disparue. La mort de Dominique Bernard est le symptôme de la faillite de l’école. On a laissé derrière nous des jeunes assez décérébrés pour adhérer à l’islamisme qui prospère aujourd’hui sur TikTok et dans les quartiers. Dans sa lettre à un djihadiste, Philippe Muray écrit : « Chevauchant vos éléphants de fer et de feu, vous êtes entrés avec fureur dans notre magasin de porcelaine. Mais c’est un magasin de porcelaine dont les propriétaires, de longue date, ont entrepris de réduire en miettes tout ce qui s’y trouvait entassé. (…) Vous êtes les premiers démolisseurs à s’attaquer à des destructeurs. »

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  • Emission KTO : "la foi prise au mot par Léon Bloy (1846-1917) ":

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    Bloy images (27).jpg« Figure souvent méconnue de nos jours, Léon Bloy fut pourtant une figure flamboyante de la littérature française du XIXe siècle. Profondément catholique, ne vivant que pour l'absolu et détestant le « Bourgeois » - ce « cochon qui voudrait mourir de vieillesse » - son oeuvre est marquée par un style violent, éclatant, volontiers pamphlétaire. On ne saurait, toutefois, minimiser l'incroyable drôlerie qui se dégage des critiques de ses congénères. « Dans son rapport à l'absolu et à la foi, Bloy s'est rendu insupportable à ses contemporains, avec beaucoup de méthode, d'énergie et de compétence. Mais, Bloy, au fond, c'est un peu le sel. S'il n'y a pas de Léon Bloy, avec quoi salera-t-on ? », s'amuse François Angelier, auteur et producteur de l'émission « Mauvais genre » sur France Culture. Ce nouveau numéro de La Foi Prise au Mot présente le portrait d'un esprit tourmenté mais aussi profondément mystique pour qui tout était symbole. »

  • TikTok : une arme qui s'inscrit dans la stratégie chinoise pour contrôler l'esprit de l'adversaire

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    Un article de Nita Farahany paru sur le Guardian le 25 mars 2023 :

    TikTok fait partie de la campagne de guerre cognitive de la Chine

    Les armées s'empressent de mettre au point des armes qui pourraient un jour attaquer directement l'esprit humain ou le mettre hors d'état de nuire. Nous ignorons ce contexte plus large à nos risques et périls.

    Des rapports militaires chinois traduits suggèrent que la guerre passe de la destruction des corps à la paralysie et au contrôle de l'esprit de l'adversaire. L'appel lancé par l'administration Biden aux propriétaires chinois de TikTok pour qu'ils vendent leurs parts dans l'application sous peine d'interdiction par les États-Unis n'est donc que le début d'une longue partie de Whac-A-Mole dans le cadre d'une stratégie plus large de lutte contre la guerre cognitive - avec l'esprit humain comme champ de bataille.

    Si l'interdiction de TikTok peut éliminer la première et la plus grosse taupe, elle ne tient pas compte de l'évolution plus large vers la guerre cognitive en tant que sixième domaine d'opérations militaires en cours, qui comprend les campagnes d'influence de la Chine sur TikTok, la collecte massive de données personnelles et biométriques des citoyens américains et leur course au développement d'armes qui pourraient un jour attaquer directement ou désactiver l'esprit humain. Nous ignorons ce contexte plus large à nos risques et périls.

    En novembre 2020, François du Cluzel, chef de projet au Nato Act Innovation Hub, a publié un rapport intitulé Cognitive Warfare (Guerre cognitive), dans lequel il identifie le domaine humain avec les nations qui s'empressent d'armer les neurosciences. Le gouvernement américain a dressé une liste noire d'instituts et d'entreprises chinoises qui, selon lui, travaillent sur de dangereux "processus biotechnologiques destinés à soutenir les utilisations finales militaires chinoises", y compris "des prétendues armes de contrôle du cerveau". L'Armée populaire de libération (APL) chinoise investit massivement dans les opérations du domaine cognitif, notamment dans la recherche sur l'IA en matière de logiciels, de matériel et de prise de décision inspirés du cerveau.

    Nathan Beauchamp-Mustafaga, spécialiste de la Chine à la Rand Corporation, estime qu'il s'agit ni plus ni moins d'une "évolution de la guerre, qui passe des domaines naturels et matériels - terrestre, maritime, aérien et électromagnétique - au domaine de l'esprit humain". L'APL, dit-il, espère "façonner ou même contrôler la pensée cognitive et les capacités de prise de décision" de l'ennemi. Des campagnes de désinformation aux armes modernes ciblant le cerveau, la "guerre des cerveaux" devient rapidement une réalité.

    Des plateformes comme TikTok illustrent l'influence cognitive en façonnant les croyances et les préférences de sa vaste base d'utilisateurs tout en collectant des données et en développant des profils psychogènes de ses utilisateurs. L'algorithme de TikTok a le pouvoir de modeler l'opinion publique et d'exploiter les données des utilisateurs pour façonner leurs préférences, leurs préjugés et leurs croyances. Je l'ai constaté de mes propres yeux. Après une conférence que j'ai donnée au Forum économique mondial de Davos, des influenceurs de TikTok ont sorti une partie de la conférence de son contexte et l'ont amplifiée sur la plateforme. Les vidéos ont été vues des millions de fois. Ma propre tentative de lutter contre la désinformation sur la plateforme n'a reçu qu'une infime partie des vues, tout comme les tentatives des mêmes influenceurs dont les vidéos sont devenues virales. Il semble plus facile de diffamer quelqu'un qui met en lumière des pratiques autoritaires que d'amplifier son message sur l'utilisation abusive des neurotechnologies par le régime, qui fait déjà froid dans le dos.

    La collecte de données biométriques étrangères sur les Américains augmente, les utilisateurs fournissant involontairement des données de reconnaissance faciale par le biais des filtres et des jeux de TikTok. Mais l'attention portée actuellement à TikTok ne doit pas nous faire oublier que la Chine collecte des données biométriques sensibles par le biais d'autres technologies qu'elle a déployées aux États-Unis. Un exemple est le dispositif Flowtime, un casque neurotechnologique utilisé par de nombreux Américains pour la méditation, les jeux et d'autres usages, produit par Hangzhou Enter Electronic Technology Co, Ltd ("Entertech"), une société basée en Chine. Entertech a également vendu des dizaines de milliers de casques équipés de capteurs EEG à la State Grid Corporation of China - une entreprise publique chinoise de distribution d'électricité - afin qu'elle puisse mesurer la fatigue et d'autres activités cérébrales de ses travailleurs en temps réel sur le lieu de travail. Entertech a accumulé des millions d'enregistrements de données EEG brutes provenant d'individus du monde entier, ainsi que des informations personnelles et l'utilisation d'appareils et d'applications par ces individus.

    L'aspect le plus alarmant de la guerre cognitive est le développement d'armes de contrôle du cerveau. Des scientifiques financés par la Fondation nationale chinoise des sciences naturelles ont exhorté la Chine à investir dans la science du cerveau militaire (MBS), en menant des recherches sur les effets nocifs de diverses armes sur les tissus cérébraux et sur la mise au point d'armes d'interférence des ondes cérébrales et d'infrasons. Selon eux, le cerveau est le "quartier général" du corps humain et les armes "attaquant précisément le "quartier général"" deviendront bientôt "l'une des stratégies les plus efficaces pour déterminer la victoire ou la défaite sur le champ de bataille". Alors que la communauté du renseignement américaine a récemment écarté la possibilité que le syndrome de La Havane ait été causé par un adversaire étranger, l'armée américaine a testé l'énergie pulsée sur des animaux pour tenter de reproduire les effets du syndrome de La Havane.

    La lutte contre la guerre cognitive nécessite une approche à multiples facettes qui ne se limite pas à l'interdiction d'applications telles que TikTok. Nous devons agir rapidement pour garantir aux individus des normes et des droits mondiaux qui garantissent leur droit à la liberté cognitive et leur droit à l'intimité mentale, à la liberté de pensée et à l'autodétermination de leur cerveau et de leurs expériences mentales.

    Nous devons également sensibiliser le public aux risques associés aux plateformes numériques et aux dispositifs neurotechnologiques en lui donnant des informations concrètes sur les risques pour lui-même et pour la sécurité nationale. L'éducation des utilisateurs aux dangers potentiels et la promotion de la culture numérique permettront aux individus de prendre des décisions éclairées concernant leur présence en ligne et les appareils qu'ils utilisent.

    La lutte pour nos esprits exige une stratégie globale à long terme qui associe les droits, la politique, la technologie, l'éducation et la coopération internationale. Encourager un dialogue ouvert et la transparence entre les gouvernements, le secteur privé et les citoyens favorisera la confiance et facilitera la compréhension collective de la bataille pour nos cerveaux. En agissant maintenant, nous pouvons mettre en place une défense solide contre les menaces en constante évolution qui pèsent sur notre liberté cognitive et sur l'intégrité de notre nation, en garantissant les fondements du droit de penser librement pour les générations futures.

    Nita Farahany est l'auteur de The Battle for Your Brain : Defending Your Right to Think Freely in the Age of Neurotechnology (St Martin's Press 2023) et professeur de droit et de philosophie Robinson O Everett à l'université Duke.

  • Prochaines élections en RDC : l’opposition parlera-t-elle d’une seule voix ? Ce sera difficile…

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    « La Libre Afrique » fait le point avec Hubert Leclercq :

    Félix-Tshisekedi-campagne-2023.jpg« Moins de quarante jours avant le passage par les urnes en République démocratique du Congo pour les présidentielles et les législatives nationales et provinciales.

    Un scrutin qui est loin d’être acquis, vu les défis qui se dressent encore devant la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), les dimensions gigantesques du pays et le manque criant d’infrastructures.

    Pour tenter de respecter les impératifs du calendrier constitutionnel, le patron de la Ceni, Denis Kadima Kazadi, a loué deux avions au Kenya et acquis une flotte de petites embarcations afin de dispatcher les milliers de machines à voter dans tout le pays. “Tout est trop tardif, explique un député de l’opposition qui souligne : “l’impact des contingences météorologiques. On est en saison des pluies, tout déplacement est compliqué dans certaines zones du pays. C’est chaque année comme ça, la Ceni devait l’anticiper”, poursuit-il.

    Qu’importe, le pouvoir en place continue de marteler que les scrutins se tiendront le 20 décembre coûte que coûte. “Souvenez-vous de la prophétie de Denis Kadima quand il avait annoncé chez vous (à Bruxelles lors d’un séminaire sur les élections en RDC, organisé en décembre 2022 par l’institut Egmont, NdlR) que les élections ne seraient pas parfaites et qu’il ne fallait pas vouloir le beurre et l’argent du beurre, pour reprendre ces mots”, rappelle un expert politique présent ce jour-là. “Cela va être les élections les plus cochonnées de l’histoire. Il faut s’attendre à ce que la moitié des bureaux ne soient même pas ouverts”, annonce un opposant, proche de l’ancien président Joseph Kabila qui évoque le dernier communiqué de la mission d’observation des catholiques et des protestants publié ce lundi 13 novembre qui constate que “3 706 bureaux de vote ont été dupliqués 2,3 voire 4 fois”. Le même kabiliste évoque aussi la réunion de ce lundi dans le cadre de concertation entre la Ceni et les représentants des candidats à la présidence. “Une nouvelle démonstration du forcing envers et contre tout de Denis Kadima pour organiser des élections impossibles qui vont générer tant de frustrations qu’il faut craindre le pire au lendemain du scrutin”.

    RDCongo : Le match Tshisekedi – Katumbi peut commencer

    Rendez-vous à Pretoria

    C’est dans ce contexte de vives tensions politiques qui ne cessent de croître dans un pays miné par une véritable guerre dans le Kivu, des violences à caractère ethnique sur plusieurs fronts sur toute l’étendue du territoire, que cinq candidats à la présidence se parlent en Afrique du Sud. À partir de ce lundi, les premiers lieutenants de Katumbi, Fayulu, Mukwege, Sesanga et Matata sont réunis à Pretoria, à l’invitation d’une l’ONG sud-africaine déjà active il y a cinq ans, à Genève, dans le même exercice de désignation d’un candidat commun. À l’époque, c’est Martin Fayulu qui s’était imposé. “Être désigné à ce stade ne suffit pas pour gagner des élections”, explique Luc Malembe, un des porte-parole de Martin Fayulu qui insiste “il faut gagner les élections nationales et, surtout, faire en sorte que les voix des électeurs comptent vraiment”.

    « On est conscient de l’attente de la population pour une candidature commune”, enchaîne Jean-Pierre Muongo, le directeur de campagne de Delly Sesanga. “Notre objectif est de dégager les grandes lignes d’un programme commun qui doit nous permettre de bâtir ce front de l’opposition en 48 heures. C’est court mais la majorité des négociateurs ne sont pas des novices. On peut y arriver si tout le monde joue le jeu.”

    La détermination est présente dans les QG contactés mais tous savent que la tâche sera difficile. “Avant de parler d’un candidat commun, il faut que la Ceni vide les questions autour du fichier électoral”, reprend-on dans le camp Fayulu. Le candidat “unique” de l’opposition de 2018 est loin de faire l’unanimité à Pretoria. Son inscription à la présidentielle en dernière minute, après avoir demandé aux membres de son parti de ne pas participer aux législatives, interrogent plusieurs participants à cette réunion. “C’est un comportement pour le moins étrange”, assure un proche de Matata, qui pointe “la faiblesse de ce candidat qui n’aura donc pas d’élu à l’Assemblée nationale.” “Denis Mukwege est aussi parti seul”, enchaîne un autre lieutenant.

    Hervé Diakiese, le porte-parole d’Ensemble pour la République, le parti pour de Moïse Katumbi a insisté début de semaine dernière sur la volonté de son candidat de se mettre au service du pays. “Ce qui ne veut pas dire que Katumbi va accepter de s’effacer au profit d’un autre candidat”, explique un proche de Fayulu.

    RDC : « Denis Mukwege sera le facteur X de l’élection de 2023 »

    « Un candidat commun, c’est possible”, explique un membre de l’équipe de Sesanga, “sera-t-il commun aux cinq qui se retrouvent à Pretoria ? C’est loin d’être gagné”. Le scénario de Genève, où un candidat est porté par l’ensemble des acteurs présents avant que deux candidats (Tshisekedi et Kamerhe) renient leur engagement le lendemain, est dans toutes les têtes. “Cet embrouillamini n’a pas empêché Fayulu de remporter le scrutin et Tshisekedi de devenir iniquement Président de la République. Le clan Kabila n’a pu se maintenir au pouvoir. Tshisekedi doit être conscient qu’il abat sa dernière carte et que la mobilisation et le contrôle de l’appareil de l’État ne sont plus suffisants face à la détermination du peuple et aux moyens technologiques qui peuvent être mis en place pour contrôler le fichier.”

    « 2018 n’est pas 2023”

    « La déception face au régime en place nous pousse à trouver une voie d’entente”, explique un proche de Sesanga. “Ceux qui ne joueront pas le jeu seront montrés du doigt par la population”.

    Pourtant, malgré ces déclarations ; le doute est clairement de mise. “2023 n’est pas 2018, explique le professeur Bob Kabamba, politologue à l’Université de Liège. “Il y a cinq ans les poids lourds qu’étaient Bemba et Katumbi étaient sur la touche. Ils étaient les moteurs externes de la conciliation. Cette année, il n’y a plus de profil similaire. Les cinq candidats qui se retrouvent à Pretoria ont engagé des frais pour cette candidature et n’ont pas nécessairement envie de céder leur place. L’autre grande question porte sur les élections elles-mêmes. Le doute reste de mise sur la tenue du scrutin malgré les propos rassurants du président de la Ceni. Certains candidats savent qu’ils ne feront pas le poids, mais ils veulent exister et monnayer leur ralliement si les élections sont retardées et que tout le monde doit se retrouver à la table des négociations.”

    RDC : Perquisitions en série, Katumbi et Kalonda dans le viseur d’un régime de plus en plus dictatorial

    L’interrogation Denis Mukwege 

    La figure de Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix 2018 est au cœur des biens des interrogations. “L’homme a un ego surdimensionné”, explique un homme d’affaires congolais qui le connaît “depuis de longues années. Son prix Nobel n’a rien arrangé. Il ne se retirera jamais au profit d’un autre candidat”. “Il est entré dans la course pour être président, les calculs politiques, ce n’est pas pour lui”, ajoute un autre businessman de l’est du pays, qui poursuit : “Ses amis occidentaux le portent aux nues, mais au pays, il manque cruellement d’assise, de popularité”.

    Katumbi et la mauvaise expérience de 2018

    Moïse Katumbi est aussi parmi les candidats qui ont déjà injecté beaucoup d’argent dans la campagne. “Mais il pourrait faire un pas de côté s’il est convaincu, explique un diplomate occidental. “Mais il faudra le convaincre. Il ne faut pas oublier qu’entre 2016 et 2018, c’est lui qui a porté financièrement l’opposition congolaise. Quand Tshisekedi est arrivé au pouvoir, il a vite oublié ce passé. Katumbi a investi beaucoup d’argent et voit aujourd’hui le clan Tshisekedi lui tailler des croupières jusque chez lui, à Lubumbashi. Dans ce contexte, on voit mal le candidat n°3 se retirer”, poursuit le diplomate.

    RDC : Salomon Kalonda, le prisonier encombrant

    Félix Tshisekedi sait que Moïse Katumbi est son adversaire le plus dangereux. Il coche toutes les cases pour être l’outsider n°1 depuis que la Cour constitutionnelle a validé sa candidature : il est très populaire à l’intérieur et l’extérieur du pays, il a un vrai parti, les moyens financiers et il a affiché sa détermination. “Il est fort possible de sortir de Pretoria sans accord à 5 mais avec, malgré tout, un candidat qui sortirait renforcé et qui pourrait agréger d’autres candidats qui ne sont pas à Pretoria. Katumbi est le plus à même de réussir ce pari”, conclut le diplomate. »

    Bref, les cinq cadors de l’opposition sont entrés en négociation en Afrique du Sud, mais sans grand résultat : à un mois des élections, Tshisekedi semble le plus probable en l’absence d’une candidature unique de l’opposition. Pourtant, le faible bilan du Président Tshisekedi ne plaide pas en faveur de sa réélection mais qu’est-ce que l’opinion démocratique au Congo : mwana soko mobali ? (Belgcath)

  • L’épiscopat albanais demande la promulgation d'une loi «prévoyant le délit d'apologie du communisme»

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    De Vatican News :

    23 novembre 2023

    Albanie, l'épiscopat demande une criminalisation de l’apologie du communisme

    Dans une lettre adressée aux plus hautes instances institutionnelles, les prélats du pays des Balkans expriment leurs inquiétude face à des résurgences de l'ancienne dictature et préconisent de suivre la voie suivie par ceux qui, en Europe, ont banni le nazisme et le fascisme, afin de «garantir un développement pacifique de la vie sociale du peuple albanais».

    En Albanie, l’épiscopat demande la promulgation d'une loi «prévoyant le délit d'apologie du communisme», à l'instar de ce qu’ont mis en place les pays européens à l’encontre du nazisme et du fascisme après la Seconde Guerre. La requête a été formulée par le président de la Conférence épiscopale et archevêque métropolitain de Shkodra dans une lettre adressée au président du Parlement, Lindita Nikolla, au président de la République, Bajram Begaj, et au Premier ministre, Edi Rama. Mgr Angelo Massafra y indiquait également la nécessité de mettre en œuvre les résolutions parlementaires et présidentielles prises par le passé et qui allaient en ce sens. Ils souhaitent qu’une attention soit portée aux livres d'histoire afin qu’ils «écrivent la vérité sur le communisme en Albanie», que les prisons et les lieux de torture «soient préservés en tant que musées» et qu'il y ait une récompense «pour les personnes qui ont été torturées» pour les «persécutés politiques et les survivants des prisons». Enfin, ils réclament des décrets ou des règlements «définissant des règles claires sur les décorations, les titres d'honneur et les médailles, afin d'éviter l'évaluation et l'exaltation des fonctionnaires des organes de la dictature communiste».

    Le bien-être social du peuple

    Cette demande des évêques albanais intervient à l'issue de l'Assemblée ordinaire au cours de laquelle, expliquent-ils, ils ont réfléchi à la nécessité de garantir le «bien-être social» du peuple «qui passe par la résolution des conflits déterminés par l'histoire» de l'Albanie. Les évêques considèrent donc comme urgente «la mise en œuvre de la justice sociale comme garantie de la paix et de la fraternité nationale».

    Les évêques notent «des régurgitations récurrentes du néo-communisme et des formes d'exaltation de l'ancienne dictature communiste qui offensent et provoquent des frictions» dans le pays. Ils constatent que «certaines chaînes de télévision diffusent encore des films produits par la dictature qui, de facto, maintiennent le communisme en vie et inoculent aux nouvelles générations, petit à petit, les principes du dictateur» et que les livres d'histoire «ne disent pas la vérité sur le communisme en Albanie». Ils ont par ailleurs découvert que dans «les lieux touristiques, on vend des objets souvenirs du dictateur et on fait l'éloge du dictateur». Enver Hoxha a dirigé le parti unique, le parti du travail d’Albanie de l’établissement du régime communiste en 1944 jusqu’à sa mort en 1985.

    La paix pour le développement

    L'Église catholique albanaise, rappellent ensuite les évêques, «est favorable au pardon, met toute son énergie dans la recherche sincère de la paix et rappelle que nos martyrs ont pardonné à ceux qui les ont injustement accusés, à ceux qui les ont torturés et à ceux qui auraient voulu les fusiller». Il estime également qu'il est de son «devoir de dénoncer le mal» et de décourager sa propagation effrénée, et réaffirme enfin sa volonté de «faciliter le cheminement de la nation vers la création de conditions de vie plus sereines et propices à un véritable développement, qui ne peut se faire que dans la paix».

  • Nigeria : de plus en plus de religieux sont kidnappés

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    Lu sur le Tagespost :

    Nigeria : de plus en plus de religieux sont kidnappés

    Dans ce pays africain, 23 prêtres, religieuses et séminaristes ont été kidnappés en 2023, soit plus que dans tout autre pays.
    Le séminariste Na'aman Danlami
    Le séminariste Na'aman Danlami a été tué lors d'une attaque contre le presbytère du village de Fadan Kamantan, dans l'État de Kaduna.

    Selon les informations dont dispose l'organisation humanitaire, il ne se passe pas un mois sans au moins un enlèvement depuis avril. L'un des incidents les plus récents s'est produit le 3 novembre lorsque le pasteur Andrew Anana a été enlevé à Godogodo, dans l'État de Kaduna. Il a pu s'enfuir au bout de quelques heures. Le prêtre avait déjà été kidnappé une fois en 2021. Quelques jours plus tôt, des hommes armés avaient enlevé trois religieuses, un séminariste et leur chauffeur. Ils ont été libérés au bout d'une semaine.

    Bien que la plupart des personnes enlevées ne soient entre les mains de leurs ravisseurs que pendant une courte période, il existe des exceptions tragiques. L'un des cas les plus dramatiques s'est produit le 17 octobre, lorsque Godwin Eze, un novice bénédictin , et deux candidats monastiques ont été enlevés à Eruku, dans l'État de Kwara, à l'ouest du Nigeria. Alors que les deux postulants étaient libérés, le frère Godwin a été abattu et son corps jeté dans une rivière, selon le monastère.

    Un séminariste meurt dans un incendie criminel

    Le 7 septembre, il y a eu deux agressions contre des aspirants prêtres, dont une mortelle. A cette époque, le séminariste Ezekiel Nuhu avait été enlevé dans l’État de Kaduna. Il a été libéré au bout de deux mois. Le même jour, le séminariste Na'aman Danlami a été tué lors d'une attaque contre le presbytère du village de Fadan Kamantan, dans l'État de Kaduna. Deux prêtres ont réussi à s'enfuir pour se mettre en sécurité, mais Danlami est mort brûlé vif dans le bâtiment qui a été incendié.

    « Church in Need » documente les cas de membres du clergé catholique assassinés, kidnappés ou emprisonnés à tort dans le monde entier depuis 2022. Les chiffres seront publiés à la fin de l'année. L'année dernière, il y a eu 118 incidents individuels, dont 16 prêtres et religieuses tués à cause des persécutions.

  • La situation en RDC reste une des zones les plus conflictuelles du monde et compte des millions de victimes passées sous silence

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    Une tribune de Fatou Elise Ba publiée sur le site de l'IRIS :

    La République démocratique du Congo : un cas significatif de « crise oubliée »

    22 novembre 2023

    Avec la récente intensification de la violence dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), un nombre record de déplacés forcés a été recensé par lOrganisation internationale pour la migration (OIM), soit 6,9 millions de personnes en situation de déplacement principalement interne mais également en direction des pays voisins (Ouganda, Rwanda, Tanzanie). Loin d’être un sujet très médiatisé, dans un contexte de guerre en Ukraine et de conflit israélo-palestinien, la situation complexe en RDC reste malgré tout une des zones les plus conflictuelles du monde et compte des millions de victimes passées sous silence ces trois dernières décennies.

    Un cycle interminable de violences banalisées

    Selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), la RDC est l’un des pays du monde où l’on compte le plus de déplacés forcés. L’escalade de la violence et la répétition des situations conflictuelles causent de grandes souffrances aux civils et un contexte d’instabilité constante. En effet, de nombreux groupes armés non étatiques sont très actifs dans l’est de la RDC, notamment au Nord Kivu et en Ituri. La zone a été récemment témoin d’une nouvelle accélération des exactions envers les populations civiles. Sur le seul mois de septembre, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a relevé une détérioration de la situation et fait état de plus de 8200 violations des droits de l’Homme. Ce contexte est directement lié aux affrontements impliquant le Mouvement du 23 mars (M23) et les Forces armées de la République démocratique du Congo (FRADC), à tel point que les opérations humanitaires à destination des civils sont en péril. La fin du mois d’octobre 2023 a été marquée par une prise de contrôle par le M23, des villes et villages stratégiques du Nord Kivu proches de Goma. À noter que le M23 existe déjà depuis plus d’une décennie et reste l’un des acteurs principaux de déstabilisation dans les régions de l’est. Il est notamment accusé de nombreux massacres. Ce groupe armé base son existence sur des fondements communautaires « protutsis ». Il a accéléré son avancée depuis l’année dernière, participant à la dégradation de la situation sécuritaire.

    En novembre 2022, Human Right Watch avait alerté sur la résurgence du M23 et le recrutement forcé en masse des civils. Soutenu par le Rwanda, le M23 participe à de nombreuses exactions à caractère « ethnique ». L’armée congolaise se serait manifestement, elle aussi, adonnée a bon nombre d’abus et collaborations contestées avec des groupes armés locaux, et ceci malgré la déclaration du président Felix Tshisekedi en mai 2022. La fibre dite « ethnique » est massivement revendiquée par les groupes armés tels que le M23 et représente un des objets phares d’instrumentalisation du conflit. Un type de revendication hélas loin d’être nouvelle dans la région des grands lacs.

    La violence envers les civils s’est installée depuis la première guerre du Congo (1996) avec le recours régulier aux massacres, pillages, exactions et tortures multiples. Depuis le début des conflits, l’utilisation du viol envers les femmes et les filles comme « arme de destruction massive » est une pratique banalisée par les groupes armés dans l’est de la RDC selon le docteur Denis Mukwege, prix Nobel de la Paix 2018 et candidat aux prochaines élections présidentielles. Les ONG sur place, ainsi que quelques médias, ont collecté de nombreux témoignages de survivantes à la limite de l’entendement, qui mettent en évidence un climat de terreur et dont les femmes et les filles sont les plus menacées. Or, il est difficile de traduire les auteurs de ces actes devant la justice dans un contexte d’instabilité récurrente. La pratique des violences sexuelles, rapts, exécutions sommaires et mutilations génitales féminines représentent un mode d’action privilégié pour déstabiliser la zone ce qui augmente largement les stigmatisations envers les femmes. Des violences basées sur le genre tellement systématiques qu’elles sont tout de même massivement perpétuées même hors des situations de conflits. Ces agissements se sont accrus depuis l’année dernière et constituent des crimes de guerre selon Amnesty International. En 2022, 38 000 cas de violences basées sur le genre ont été signalés au Nord-Kivu, et une augmentation de 37% a été notifiée par l’ONU depuis le premier trimestre 2023. De nombreux cas d’agressions sexuelles ont aussi été décomptés dans les camps de déplacés autour de Goma. De plus, les femmes et les filles font face à une grande précarité et plusieurs se sont résignées au travail du sexe pour survivre. Les enfants représentent aussi un public particulièrement vulnérable en temps de conflit. La RDC vient notamment d’enregistrer un nouveau record d’enfants tués, mutilés, enlevés et violés en 2023 selon l’ONU, et ceci pour la troisième année consécutive. Ce contexte est particulièrement favorable pour le développement des trafics humains en tout genre. Les enfants sont facilement enrôlés du fait de la proximité géographique des groupes armés avec les communautés, et certains, en très bas âge, sont utilisés comme explosifs humains.

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