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Religions - Page 5

  • « Je ne m'agenouille que devant Dieu » : les derniers mots d'un prêtre tué en Birmanie

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    D'Andrés Henríquez sur CNA :

    « Je ne m'agenouille que devant Dieu » : les derniers mots d'un prêtre tué en Birmaniebouton de partage sharethis

    Deux femmes qui ont été témoins du meurtre du père Donald Martin Ye Naing Win au Myanmar la semaine dernière ont raconté comment le prêtre a « affronté sans peur » les hommes armés qui lui ont ôté la vie.

    Dans une déclaration à l'agence de presse pontificale Fides , les deux témoins - qui sont enseignants et collaborateurs paroissiaux de la paroisse Notre-Dame de Lourdes du village de Kangyi Taw - ont déclaré que lorsque une dizaine de miliciens, « clairement ivres ou sous l'influence de drogues », ont rencontré Ye Naing Win, ils lui ont ordonné de s'agenouiller.

    « Je ne m’agenouille que devant Dieu », répondit calmement le prêtre au chef des hommes armés. Il leur demanda ensuite : « Que puis-je faire pour vous ? Y a-t-il quelque chose dont nous puissions parler ? »

    Immédiatement, l’un des hommes a frappé Ye Naing Win par derrière avec un poignard qui était encore dans son fourreau. Cependant, avec ce coup, il a également touché accidentellement le chef du groupe armé. Déjà dans un état de rage ivre et à cause de la réponse que lui avait donnée le prêtre, le chef a sorti un couteau et a commencé à le poignarder « à plusieurs reprises et brutalement dans le corps et à la gorge ».

    Ye Naing Win a enduré l'attaque en silence, « comme un agneau mené à l'abattoir », ont déclaré les témoins.

    « Donald n’a pas prononcé un mot ni un gémissement. Il a subi la violence insensée sans réagir, comme un homme innocent », affirme Fides. « Les autres hommes sont restés là et ont assisté au meurtre ».

    Une fois l'attaque terminée, « le groupe d'hommes a quitté les lieux », a ajouté l'agence pontificale. 

    Les villageois, « sous le choc et en larmes », ont récupéré le corps du prêtre, l’ont lavé et l’ont traité avec honneur et respect.

    Le témoignage des deux femmes, indique l'agence Fides, a été enregistré et envoyé au gouvernement d'unité nationale du Myanmar en exil, qui s'est déclaré « profondément attristé par l'assassinat du curé Donald Martin de Mandalay » et s'est engagé à « punir les auteurs de l'homicide conformément à la loi ».

    Les Forces de défense populaire du district de Shwebo ont annoncé l'arrestation de 10 suspects, qui, selon elles, appartiennent à « un groupe de défense local ».

    « Comme on sait qu'ils appartiennent aux forces armées, le Gouvernement d'unité nationale et le ministère de la Défense prendront des mesures légales en appliquant la loi prévue pour les militaires », ont expliqué les autorités du pays asiatique.

    Le gouvernement d’unité nationale a déclaré qu’il « condamne fermement les attaques contre les civils, y compris les chefs religieux, par toute organisation ».

  • À la Maison Blanche, il y a une chaire de théologie politique; et voici comment Trump y enseigne

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (en français sur diakonos.be) :

    À la Maison Blanche, il y a une chaire de théologie politique. Et voici comment Trump y enseigne

    (s.m.) Impensable en Europe mais pas aux États-Unis, la photo ci-dessus montre un Donald Trump inspiré à la Maison Blanche entouré d’un groupe de prédicateurs évangéliques qui lui imposent les mains en invoquant sur lui les bénédictions divines.

    Il s’agit des leaders religieux qui composent le « Faith Office », le département de la foi institué par Trump le 7 février par décret présidentiel avec effet immédiat. La dame en blanc à droite est celle à laquelle il a confié la direction du département, Paula White, une figure éminente de cette « théologie de la prospérité » qui fit l’objet de la critique évère d’un éditorial de « La Civiltà Cattolica » du 21 juillet 2018.

    Mais davantage encore que la « prospérité » comme signe de la faveur divine, la polémique qui oppose aujourd’hui Trump aux Églises protestantes historiques et à l’Église catholique a pour objet les migrants qu’il a commencé à expulser des États-Unis.

    Déjà pendant la cérémonie religieuse inaugurale de sa présidence dans la Washington National Cathedral, Trump n’a pas caché son irritation face aux reproches qui lui étaient adressés par Mariann Edgar Budde, évêque de l’Église épiscopalienne.

    Ensuite, ce sont les protestations de nombreux évêques catholiques qui se sont abattues sur lui, avec à leur tête le président de la Conférence épiscopale, Timothy P. Broglio, en conflit également avec ce que le vice-président de Trump, le catholique converti J.D. Vance, avait déclaré à leur encontre.

    Mais par-dessus tout, mardi 11 février, le Pape François est intervenu en personne, à travers une lettre adressée aux évêques des États-Unis condamnant de la manière la plus ferme le « programme de déportation de masse » mis en branle par la présidence Trump.

    Cette lettre s’articule en dix points et dans le sixième, le Pape contredit précisément les déclarations de Vance dans un entretien à Fox News du 29 janvier, en faveur de la primauté à accorder, dans l’amour du prochain, « à ceux de sa propre maison » et ensuite à ceux qui sont plus éloignés et puis à nouveau au reste du monde, comme l’ont enseigné saint Thomas, saint Augustin et l’apôtre Paul avant eux dans la première lettre à Timothée chapitre 5, verset 8. Un « ordo amoris » esquissé par Vance que le Pape François renverse en assignant la primauté au pauvre, même plus lointain, en s’appuyant sur la parabole du bon Samaritain.

    Trump n’est certainement pas de nature à se laisser impressionner par cette entrée en scène du Pape. Mais quelle que soit la manière dont ce conflit évoluera, il illustre qu’aux États-Unis, la religion joue un rôle très important dans l’arène politique, aujourd’hui comme hier, et chaque président a interprété ce rôle à sa manière, avec des attitudes qui auraient été impensables dans d’autres pays de l’Occident sécularisé.

    Et c’est justement ce que décortique pour nous Giovanni Maria Vian, historien et professeur de littérature chrétienne ancienne à l’Université de Rome « La Sapienza », ancien directeur de « L’Osservatore Romano » de 2007 à 2018, dans la reconstitution convaincante qui va suivre. Ce texte a été publié dans le journal « Domani » du 9 février 2025, et nous le reproduisons ici avec l’autorisation de l’auteur. À la Maison Blanche, il y a une chaire de théologie politique. Et voici comment Trump y enseigne.

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  • Quand des millions de musulmans se convertissent au christianisme malgré les risques de persécution

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    De Stanislas Gabaret sur La Sélection du Jour :

    Des millions de musulmans se convertissent au christianisme malgré les risques de persécution

    « Quiconque change de religion, tuez-le. » La phrase attribuée au prophète Mahomet (haddith al-Bukhari 3017) envers les convertis de l'islam est impitoyable. Mais depuis le milieu du XXe siècle, leur nombre ne fait qu'augmenter à travers le monde : ils seraient aujourd'hui près de 10 millions à avoir embrassé le christianisme, plus de la moitié en Indonésie. Les persécutions prévues sont au rendez-vous, comme celle en cours en Algérie, sans toutefois parvenir à supprimer ce souffle dans la maison de l'islam.

    Dans plusieurs pays musulmans, régis par la charia, l'apostasie est passible de la peine de mort : on retrouve sans surprise l'Arabie Saoudite, l'Afghanistan et l'Iran, mais c'est aussi le cas de quelques régions du Nigéria ou de certains États d'Asie du Sud-Est. D'autres gouvernements, comme ceux du Pakistan, de l'Algérie et du Maroc, disposent d'un cadre légal qui criminalise l'offense à la religion ou au sacré et s'avère très élastique pour persécuter les « incroyants ». Même en France, les convertis au christianisme subissent de lourdes menaces. Ils sont condamnés au mieux à une forme de mort sociale traduite par le rejet des amis et de la famille, au pire, à toute sorte de violences, jusqu'au meurtre.

    Pourtantmalgré les risques encourus, le nombre de conversions au christianisme (tous courants confondus) explose. Une étude universitaire datant de 2015, menée par des chercheurs du Texas et de Singapour, estime qu'elles sont passées de 200 000 dans les années 1950 à 10 millions dans les années 2010. Si des statistiques fiables restent difficiles à déterminer  entre chiffres possiblement gonflés par l'enthousiasme des communautés chrétiennes et convertis qui préfèrent rester cachés  ce rapport offre un aperçu intéressant sur une dynamique en expansion partout dans le monde. D'après ses estimations, les principaux pays concernés sont l'Indonésie (6,5 millions de convertis), suivent le Nigéria (600 000), les États-Unis (450 000), l'Éthiopie (400 000), l'Algérie (380 000), le Burkina Faso (200 000), la Tanzanie (180 000), le Bangladesh (130 000), l'Iran (100 000), le Cameroun (90 000), le Kenya (70 000) et l'Arabie Saoudite (60 000). Il faudrait rajouter le cas de la Géorgie où une province entière (l'Adjarie), peuplée de 400 000 personnes, s'est tournée vers la religion orthodoxe.

    En France, depuis 10 ans, environ 5 % des baptêmes catholiques d'adultes concernent des ex-musulmans. Ils étaient 350 sur 7135 baptêmes en 2024 et presque deux fois plus si l'on intégrait dans ce groupe ceux dont l'un des deux parents est musulman. Cela sans prendre en compte les conversions chez les évangélistes, qui sont souvent les plus zélés missionnaires. Dans plusieurs cas, les ex-musulmans rejoignent d'abord le protestantisme pour se tourner ensuite vers la foi catholique. En 2021, un rapport du think tank ECLJ (European Center for Law and Justice) proposait une fenêtre situant entre 4000 et 30 000 personnes en France, le nombre de musulmans ayant rejoint le christianisme.

    David Garrison, titulaire d'un doctorat à l'Université de Chicago, est auteur d'un livre intitulé Un souffle dans la maison de l'islam (2014). Il y propose une synthèse de trois années de voyages à travers le monde pour constater l'ampleur du phénomène et soutient qu'il y a aujourd'hui plus de conversions de l'islam au christianisme que jamais dans l'histoire. Selon une méthodologie simple, l'auteur compte les « mouvements vers le Christ » dans Dar al'Islam, « la maison de l'islam », le lieu de la soumission à Dieu qui s'étend sur les 49 pays dans lesquels l'islam est majoritaire. La méthodologie de Garrison s'applique à considérer un mouvement vers le Christ comme tel qu'à partir du recensement de 100 églises construites ou 1000 baptêmes. Il en ressort que, pendant près de 1300 ans, les tentatives d'évangélisation du monde musulman se sont révélées infructueuses sur le plan comptable. Ce ne serait qu'à partir du XIXe siècle que l'on pourrait trouver trace de deux « mouvements » selon les critères de Garrison. Ceux-ci ont été initiés par deux autochtones : l'un en Éthiopie grâce au cheik Zekaryas, un musulman converti, et l'autre en Indonésie grâce à un évangéliste local : Radin Abas Sadrach, « l'apôtre de Java ». Les mouvements se sont multipliés par la suite : 11 au cours du XXe siècle et 69 au XXIe pour un total de 82 mouvements vers le Christ dans toute l'histoire.

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  • Pourquoi les églises sont-elles bombardées en Birmanie ?

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    De Luke Coppen sur le Pillar :

    Pourquoi les églises sont-elles bombardées en Birmanie ?

    11 février 2025

    Lorsque le pape François a établi le diocèse de Mindat en Birmanie à la fin du mois de janvier, l'église locale du Sacré-Cœur de Jésus a été élevée au rang de cathédrale. À peine 12 jours plus tard, des bombes ont frappé le bâtiment, le rendant inutilisable.

    Des bombes ont frappé à plusieurs reprises des églises catholiques en Birmanie depuis que ce pays d'Asie du Sud-Est a plongé dans la guerre civile en 2021.

    Pourquoi les bombes continuent-elles de tomber ? Que s'est-il passé exactement lors du dernier incident ? Et y a-t-il une chance que les frappes cessent ?

    Pourquoi les attentats à la bombe contre des églises continuent-ils à se produire ?

    Le Myanmar, également connu sous le nom de Birmanie, est un pays à prédominance bouddhiste comptant environ 55 millions d'habitants et bordant la Thaïlande, le Laos, la Chine, l'Inde et le Bangladesh.

    Le pays souffre de cycles de violence depuis qu'il a obtenu son indépendance de la Grande-Bretagne en 1948. Le Myanmar compte 135 groupes ethniques officiellement reconnus, dont certains ont cherché à faire sécession de ce qu'ils considèrent comme un État dominé par le peuple Bamar (ou Birmans), le groupe le plus important.

    La dernière flambée de violence a été déclenchée par un coup d'État militaire le 1er février 2021, qui a vu la détention des dirigeants démocratiquement élus du Myanmar, le président Win Myint et la conseillère d'État Aung San Suu Kyi, qui a remporté le prix Nobel de la paix en 1991.

    L'armée a tenté d'écraser une vague de manifestations massives qui a entraîné la mort de centaines de manifestants pro-démocratie. La minorité catholique du pays, qui compte environ 750 000 personnes, a été prise dans la violence. L' image d'une religieuse agenouillée, suppliant les soldats de ne pas attaquer les manifestants, est devenue l'une des images les plus marquantes du conflit.

    Les manifestations et la réponse répressive qui a suivi ont donné un nouvel élan aux groupes insurgés du pays, dont certains combattent les forces de l’État depuis des décennies.

    En 2025, la Birmanie est devenue une mosaïque de territoires contrôlés par différents groupes armés. Face à ce champ de bataille extrêmement complexe, la junte militaire au pouvoir a eu recours en grande partie aux frappes aériennes. Elle aurait mené 2 155 frappes de ce type au cours des six mois allant de juin à décembre 2024.

    Au cours des quatre dernières années, des bombes ont été lancées à plusieurs reprises sur des églises catholiques. Parmi les cibles notables figurent l’ église du Sacré-Cœur à Doukhu, dans l’État de Kayah, en mai 2021, le complexe de la cathédrale de Loikaw, dans l’État de Kayah, en novembre 2023, et deux églises du village de Lungtak, dans l’État de Chin, en mai 2024.

    D’autres moyens ont également contribué à la destruction de l’église. En mai 2021, quatre catholiques ont été tués par des obus d’artillerie qui se sont abattus sur l’église du Sacré-Cœur à Kayanthayar, dans l’État de Kayah. Des soldats auraient incendié l’ancienne église de l’Assomption à Chan Thar, dans la région de Sagaing, en janvier 2023. Et fin 2024, une attaque de drone a gravement endommagé l’église Saint-Michel de Mon Hla, dans la région de Sagaing, où le plus éminent catholique du Myanmar, le cardinal Charles Bo, est né en 1948.

    La minorité catholique est-elle simplement une victime collatérale d’une guerre civile destructrice ou les soldats ciblent-ils délibérément les églises ?

    Benedict Rogers, militant britannique des droits de l’homme et auteur de trois livres sur la Birmanie, estime que les faits indiquent l’existence d’une stratégie délibérée.

    « Le bombardement d’une église dans l’État Chin n’est que le dernier d’une série d’attaques militaires contre des centaines de lieux de culte. Il ne fait aucun doute que les églises sont délibérément ciblées, pour plusieurs raisons », a-t-il déclaré à The Pillar le 10 février.

    « Le régime est alimenté par une idéologie nationaliste bouddhiste birmane extrémiste qui le rend particulièrement intolérant envers les minorités ethniques et religieuses. »

    Il a ajouté : « Les églises sont un symbole de la foi et de l’identité des communautés que le régime réprime particulièrement. En outre, les églises sont également des centres communautaires essentiels, fournissant souvent des services de santé, d’éducation et d’autres services humanitaires à la population, et sont donc ciblées pour cette raison. L’armée les considère également comme des sympathisants de la résistance. »

    « Les églises ne sont bien sûr pas les seules cibles : l’armée a attaqué des mosquées et même des monastères bouddhistes parmi les bouddhistes qui s’y opposent, ainsi que des hôpitaux, des écoles et des maisons. »

    Que vient-il de se passer dans le diocèse de Mindat ?

    Le mois dernier, le Vatican a annoncé que le pape François avait créé un nouveau diocèse en Birmanie. Il a établi le diocèse de Mindat sur un territoire qui appartenait auparavant au diocèse de Hakha, dans l'État Chin occidental, à la frontière avec le Bangladesh.

    Selon le Vatican, le nouveau diocèse, centré sur la ville de Mindat, dessert 14 394 catholiques sur une population totale de 358 866. La paroisse du Très Sacré-Cœur de Jésus de Mindat a été désignée comme église cathédrale.

    La violence fait rage autour de Mindat depuis le début de la guerre civile. La bataille de Mindat, l'un des premiers affrontements militaires majeurs après le coup d'État, a eu lieu en avril 2021. L'escarmouche a opposé la junte au pouvoir à la Force de défense du Chinland, un groupe rebelle formé quelques jours plus tôt.

    Depuis lors, les combats ont reflué et reflué dans la région. La Force de défense du Chinland a récemment déclaré la zone « libérée », indique Fides.

    Le 6 février, plusieurs bombes ont frappé la cathédrale nouvellement baptisée de Mindat, endommageant les vitraux ainsi que le toit. Heureusement, les catholiques avaient déjà évacué les lieux, il n'y a donc eu aucune victime. Le prêtre local, le père Paulinus, a décrit l'attaque comme « une blessure dans notre cœur », mais a déclaré que la communauté réparerait les dégâts.

    Y a-t-il une perspective de paix ?

    En bref, il y a peu de chances que les armes se taisent au Myanmar dans un avenir proche.

    La résolution du conflit n’est pas considérée comme une priorité absolue au sein de la communauté internationale, malgré les appels répétés du pape François à une résolution.

    Aucune des deux parties en guerre civile ne semble en mesure de remporter une victoire décisive. Selon certaines estimations, la junte militaire contrôlerait moins d'un quart du pays, ce qui laisse penser que la guerre civile pourrait se poursuivre pendant des années encore.

    Pendant ce temps, le Myanmar souffre également de crises économiques et humanitaires dévastatrices , ainsi que de catastrophes telles que des inondations et des glissements de terrain .

    Face à ces sombres perspectives, les catholiques du Myanmar et du monde entier se tournent vers la prière. Le 1er février, jour du quatrième anniversaire du coup d’État, la fondation pontificale Aide à l’Église en Détresse a organisé une journée de prière pour les victimes du « conflit oublié ».

    Le cardinal Bo a quant à lui exhorté les catholiques à rechercher l'intercession de la Vierge Marie.

    « Dans un monde souvent plongé dans la tourmente et les conflits, nous tournons nos regards vers Marie, la Mère de la Paix », a-t-il déclaré lors d’un événement organisé avant la fête de Notre-Dame de Lourdes.

    « Son acceptation inébranlable nous invite à cultiver la paix intérieure et à devenir des ambassadeurs de la paix dans notre monde troublé. 

  • Quand la synodalité est contredite par les faits; journal de guerre de l’Église syro-malabare

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (en français sur diakonos.be) :

    Quand la synodalité est contredite par les faits. Journal de guerre de l’Église syro-malabare

    En l’espace de quelques semaines, le Pape François a élevé de simple prêtre à évêque, puis cardinal et enfin préfet du Dicastère pour le dialogue interreligieux l’Indien George Jacob Koovakad, 51 ans, qui est depuis quatre ans – et sera encore à l’avenir – l’organisateur de ses voyages à travers le monde.

    Fort heureusement, le nouvel élu ne devra s’occuper que du dialogue « ad extra » avec les autres religions parce que pour ce qui est du dialogue « ad intra », il est issu d’une Église qui ne pourrait pas être plus divisée, et même en opposition frontale avec le Pape.

    Mgr Koovakad appartient à l’Église catholique syro-malabare, qui compte 4,5 millions de fidèles qui résident pour la plupart dans le Sud de l’Inde, dans l’État du Kerala, où il a été ordonné évêque le 24 novembre dernier. Il s‘agit d’une Église dont les origines remontent aux premiers siècles, elle a été fondée par l’apôtre Thomas dont le tombeau est vénéré à Chennai (Madras), elle appartient à la famille syro-orientale, avec un gouvernement autonome de modèle synodal et elle est dotée d’une liturgie eucharistique propre, y compris la très ancienne anaphore d’Addai et Mari qui est la seule à ne pas inclure les paroles de Jésus sur le pain et le vin offerts comme son corps et son sang.

    Depuis le XVIè siècle, après l’arrivée des Portugais, l’Église syro-malabare a été fortement latinisée, avant de récupérer, avant et après le Concile Vatican II, certaines de ses caractéristiques ancestrales. L’une d’elles concerne la position des célébrants pendant la « Qurbana », la messe. En 2021, le synode de l’Église syro-malabare tout entière a défini définitivement et à l’unanimité que les célébrants devaient être tournés vers le peuple pendant la liturgie de la parole et la bénédiction finale, mais avec le dos au peuple et tournés vers l’autel pendant la liturgique eucharistique.

    C’est là que les romains s’empoignèrent. Car la quasi-totalité des nombreux prêtres du siège primatial, l’archéparchie d’Ernakulam-Angamaly, désobéirent à l’ordre et s’obstinèrent à célébrer toute la messe tournés vers le peuple. L’archevêque majeur de l’archéparchie, le cardinal George Alancherry, déjà mal vu de ses fidèles et durement mis en cause dans une affaire de malversation, ainsi que son administrateur apostolique nommé par le Pape, l’archevêque Andrews Thazhath, par ailleurs ancien président de la Conférence épiscopale indienne, se sont retrouvés presque seuls contre tous à défendre la décision du synode.

    Le climat s’était dégradé à tel point que Mgr Thazhath devait célébrer la messe sous protection policière pendant que les factions rivales s’affrontaient physiquement jusque dans les églises et qu’il a fallu fermer la cathédrale de Sainte-Marie à Ernakulam pendant plusieurs mois.

    Pendant ce temps, à Rome, le Pape François avait mis en branle le synode sur la synodalité, avec l’intention ouvertement déclarée d’étendre à toute l’Église ce modèle de gouvernement collégial. Et c’est donc le Pape qui souhaitait avant toute chose que les normes décidées par le synode syro-malabar de 2021 soient respectée.

    À l’été 2023, pour mettre un terme à la controverse, le Pape a dépêché en ces terres rebelles, en tant que délégué expert en la matière, le jésuite Cyril Vasil, archevêque de l’éparchie grecque catholique de Košice en Slovaquie et ancien Secrétaire du Dicastère pour les Églises orientales.

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  • Les chrétiens syriens "invités" à se convertir à l'Islam

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    Du Tagespost :

    Malgré les promesses du nouveau régime

    Les chrétiens syriens appelés à se convertir

    Selon l'organisation humanitaire Aide à l'Église en Détresse, la ségrégation, le port du voile forcé, la conversion forcée et les attaques contre les chrétiens se produisent dans certaines régions de Syrie.

    3 février 2025

    Depuis la chute du régime d'Assad, la liberté religieuse des chrétiens en Syrie semble avoir été restreinte . Comme l'a rapporté lundi l'organisation humanitaire catholique Aide à l'Église en Détresse (AED), cette discrimination de la part des islamistes se produit de manière sporadique et plus fréquemment dans certaines régions du pays. Jusqu’à présent, aucune déclaration générale ne peut être faite sur la manière dont les chrétiens sont traités : il existe de grandes différences régionales.

    Selon des sources locales de l'organisation humanitaire en Syrie, dans « certains endroits » des « sièges séparés pour les femmes et les hommes dans les transports publics » sont en train d'être installés. Dans certains endroits, l’obligation pour les femmes de porter le voile est à nouveau activement appliquée. Selon la déclaration de l'Aide à l'Église en Détresse, l'absence d'une administration unifiée après le coup d'État déterminerait le succès de ces mesures.

    Des incidents se produisent également dans les zones chrétiennes

    La situation des chrétiens dans les villes de Homs et Hama, dans l’ouest de la Syrie, est particulièrement précaire : « Les gens évitent de sortir dans la rue après 17 heures. « Il y a des djihadistes en déplacement qui utilisent des mégaphones pour appeler les gens à se convertir à l'islam », expliquent les contacts de l'organisation humanitaire ACN. Les femmes qui apparaissent sans voile en public s’exposent à de fortes critiques publiques. « La peur y est très grande. « Beaucoup de chrétiens restent à la maison et ne peuvent pas aller travailler. »

    Des conditions complètement différentes sont observées dans la région frontalière avec le Liban, où la majorité de la population est chrétienne. Dans la « Vallée des Chrétiens », la situation est « largement pacifique ». Les incidents se produisent uniquement sur les voies d’accès. « Il y a des cas où des chrétiens ont été invités à se convertir à l’islam à des barrages routiers. « S'ils refusent, ils seront empêchés de poursuivre leur voyage », a rapporté une personne de contact au sujet des incidents. Certains voyageurs ont même été volés.

    L’ambiance est à « un optimisme prudent »

    Bien que les dirigeants islamistes aient déclaré après le changement de régime qu'ils voulaient respecter la liberté religieuse, de nombreux chrétiens ont encore considéré cette promesse « avec scepticisme », selon l'ACN. Les contacts ont néanmoins fait état d'un état d'esprit « prudemment optimiste », alors que l'organisation humanitaire a dû garder ses sources d'information « anonymes pour des raisons de sécurité ».

    Dans la capitale Damas, qui est un centre médiatique et politique majeur, le nouveau régime est « soucieux de conserver une image positive », a déclaré un contact cité par l'organisation humanitaire. « Il existe néanmoins des incidents isolés, comme l’obligation faite aux femmes de porter le voile ou l’interdiction faite aux femmes et aux hommes de sortir ensemble dans la rue s’ils n’ont aucun lien de parenté. » Des informations sur des incidents similaires proviennent également de Alep au nord du pays.

    Offres de coopération entre représentants d'églises

    Plusieurs représentants de l’Église ont désormais exprimé leur volonté de coopérer avec le nouveau régime. Les dirigeants islamistes ont assuré aux chrétiens lors de plusieurs entretiens qu'ils respecteraient pleinement leurs droits et ont souligné à plusieurs reprises le statut des chrétiens en tant que partie intégrante et séculaire de la société syrienne, a déclaré un contact de l'église à ACN : Les chrétiens ne se contenteraient pas cela d’être « étiqueté comme une minorité religieuse ou traité comme des citoyens de seconde classe ».

    Selon les contacts locaux de l’Aide à l’Eglise en Détresse, l’ambiance parmi les chrétiens est pleine d’espoir : « Nous sommes heureux que le régime d’Assad soit tombé et nous espérons une Syrie meilleure. Mais nous ne devons pas considérer comme acquis que tout va bien aujourd’hui. » Dans le contexte de l’élaboration d’une nouvelle constitution, la communauté chrétienne en Syrie exige l’égalité des droits avec tous les autres groupes ethniques et religieux. (DT/jmo)

  • La foi est bonne pour votre famille et vos enfants : quelques preuves et encouragements

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    De sur le CWR :

    La foi est bonne pour votre famille : quelques preuves et encouragements

    La plupart des Américains (mais pas seulement) se soucient effectivement du développement spirituel de leurs enfants, mais il existe encore dans la société moderne un courant hostile à « imposer » sa foi.

    Les recherches démontrent systématiquement que la religion est bénéfique pour vous et vos enfants. L’importance de transmettre la foi à vos enfants n’est peut-être pas un point controversé pour les lecteurs d’un site Web catholique, mais les parents peuvent être encouragés à savoir que les preuves soutiennent largement l’éducation catholique. Bien que les données soient convaincantes, notre obligation de transmettre la foi est basée sur la recherche.

    Comme nous le verrons plus loin, la Bible nous exhorte explicitement à élever nos enfants dans la foi. Le Catéchisme de l’Église catholique insiste sur nos devoirs : « Par la grâce du sacrement du mariage, les parents reçoivent la responsabilité et le privilège d’évangéliser leurs enfants . » (paragraphe  2225 ; italiques dans l’original). Les résultats positifs associés à une évangélisation réussie de nos propres enfants sont bien documentés.

    Le professeur Christian Smith a mené une étude nationale sur la jeunesse et la religion, en interrogeant un large groupe de jeunes à plusieurs reprises sur plusieurs années et en donnant naissance à un certain nombre d’ouvrages et d’articles universitaires. Lorsque Smith a étudié les catholiques âgés de 18 à 23 ans, dans son livre Young Catholic America paru en 2014 , il explique en détail comment les catholiques pratiquants sont plus susceptibles d’être en bonne santé physique et plus susceptibles d’être heureux.

    Le livre de 2010 du professeur Kendra Creasy Dean, Almost Christian: What the Faith of Our Teenagers is Telling the American Church, utilise également certaines des données de cette étude pour conclure :

    Bien que les jeunes religieux n’évitent pas les comportements et les relations problématiques, ceux qui participent à des communautés religieuses sont plus susceptibles de réussir à l’école, d’avoir des relations positives avec leur famille, d’avoir une vision positive de la vie, de porter leur ceinture de sécurité – la liste est longue, énumérant un éventail de résultats pour lesquels les parents prient.

    Les chercheurs mormons sont parvenus à des conclusions similaires. D’autres chercheurs  notent que :

    Il existe une littérature abondante dans les sciences sociales et comportementales sur les associations entre religion, spiritualité et bien-être à l’âge adulte. Selon les types de mesures de la religiosité et de la spiritualité utilisées et les résultats évalués, les résultats obtenus chez les adultes soutiennent des associations positives faibles mais significatives entre la religiosité et les composantes du bien-être, notamment la toxicomanie, la santé mentale, la santé physique et la satisfaction générale dans la vie.

    Stephen Cranney,  professeur  à l’Université catholique d’Amérique et spécialiste des données,  explique simplement : « La religion est presque toujours associée au fait d’être plus heureux. » Cranney fait remarquer que nous savons désormais beaucoup de choses sur « si les personnes religieuses ou non religieuses sont plus heureuses » du point de vue des « statistiques et des preuves empiriques ».

    En analysant des centaines d’articles sur la relation entre la santé et les mesures de la religion et de la santé ou du bonheur, la grande majorité des études montrent que les personnes religieuses sont plus heureuses. En examinant les données de 25 pays, le professeur Ryan Burge  a découvert  un lien entre le fait d’être religieux et le bien-être autodéclaré, en particulier chez les personnes religieuses aux États-Unis.

    Des écrivains célèbres, comme l'actuel vice-président JD Vance,  font également référence à ce type de recherche. Si les stéréotypes médiatiques peuvent dépeindre les croyants comme malheureux, les faits montrent le contraire.

    Bien sûr, la preuve que la transmission de la foi conduit à de bons résultats n’est pas la raison pour laquelle j’enseigne la foi à mes enfants. Je les élève dans la foi catholique parce que je crois que c’est la vérité. Je ne trouve rien dans la Bible ou dans notre tradition qui recommande aux enfants de se faire leur propre opinion sur la foi.

    Dans le Deutéronome, par exemple, juste après le célèbre verset Shema (Écoute, Israël), les Israélites reçoivent l’instruction suivante : « Ces paroles que je te prescris aujourd’hui seront dans ton cœur ; tu les inculqueras à tes enfants, et tu en parleras quand tu seras dans ta maison, quand tu iras en voyage, quand tu te coucheras et quand tu te lèveras. » (Deutéronome 6:4-7).

    Le Psaume 78 rejette l’idée de cacher la foi à ses enfants et encourage plutôt les parents à « raconter à la génération future les hauts faits de l’Éternel, sa puissance et les prodiges qu’il a accomplis ». Dieu « a commandé à nos pères de l’enseigner à leurs enfants, afin que la génération future les connaisse, les enfants à naître, et qu’ils se lèvent et les racontent à leurs enfants, afin qu’ils mettent leur espérance en Dieu, qu’ils n’oublient pas les œuvres de Dieu et qu’ils observent ses commandements… » (Psaume 78:4-7).

    Cette réflexion ne se limite pas à l’Ancien Testament. Saint Paul exhorte les pères à élever leurs enfants « dans la discipline et l’instruction du Seigneur » (Ep 6, 4).

    La plupart des Américains se soucient  en effet du développement spirituel de leurs enfants, mais il existe encore dans la société moderne une certaine opposition à ce que l'on « impose » sa foi. De temps à autre, on rencontre des gens, parfois  même des gens intelligents,  qui prétendent que les parents ne devraient pas imposer leur religion à leurs enfants.

    Cette idée moderne de laisser vos enfants choisir leur religion ne fait pas partie de notre foi, alors que la Bible et le Catéchisme nous confient la responsabilité d’élever nos enfants dans la foi. C’est également une approche malsaine. Vous n’auriez pas l’impression de manipuler vos enfants si vous leur serviez des bagels au lieu de brownies glacés au petit-déjeuner ; vous ne devriez pas vous sentir mal de leur transmettre la foi.

    Le monde peut être en désaccord, mais il a tort.

  • L’Inde classée 11e sur 50 pays par l’Indice mondial de persécution des chrétiens 2025

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    Du site "Ad extra" :

    L’Inde classée 11e sur 50 pays par l’Indice mondial de persécution des chrétiens 2025

    24/01/2025

    Selon l’Indice mondial de persécution des chrétiens 2025, publié le 15 janvier par World Watch Research (WWR), le département de recherche de l’organisation Portes Ouvertes, l’Inde est classée 11e parmi les 50 pays où les chrétiens de toutes dénominations sont le plus persécutés. Le rapport 2025, qui étudie la période du 1er octobre 2023 au 30 septembre 2024, souligne que « pour un pays qui se décrit comme la plus grande démocratie au monde, le niveau de violence contre les chrétiens depuis cinq ans est extrêmement élevé ».

    En 2024, l’Inde est classée 11e sur 50 pays où les chrétiens de toutes confessions sont le plus persécutés (sur un total de 100 pays étudiés). Ce sont les chiffres donnés par l’Indice mondial de persécution des chrétiens 2025, le nouveau rapport (publié le 15 janvier) par l’organisation Portes Ouvertes.

    Dans son chapitre consacré à l’Inde, le rapport commence par rappeler de brefs détails sur le pays d’Asie du Sud. Sur plus d’1,4 milliard d’habitants, on compte environ 73,2 millions de chrétiens (soit 5 % de la population). La religion majoritaire est l’hindouisme (1,05 milliard de fidèles soit 73,1 %). La première religion minoritaire est l’islam (198,5 millions de fidèles soit 13,8 %), suivie du christianisme. Parmi les autres religions principales, on compte le sikhisme, le bouddhisme, le jaïnisme et le bahaïsme, entre autres.

    La définition de la persécution telle qu’elle est utilisée par l’analyse de WWR (World Watch Research), le département de recherche de l’organisation Portes Ouvertes, est large et non exhaustive : « Toute hostilité vécue et résultant de l’appartenance à la foi chrétienne. Ceci peut comprendre des comportements, des paroles ou des actes hostiles ciblant les chrétiens. » Cette définition inclut notamment toute « restriction, pression, discrimination, opposition, désinformation, injustice, intimidation, marginalisation, intolérance ou violence ».

    Quatre motifs principaux de persécution sont donnés pour l’Inde, par ordre d’importance (du plus au moins fort) : le nationalisme religieux, l’hostilité ethnoreligieuse, la paranoïa dictatoriale et l’oppression clanique. Parmi les principaux vecteurs de persécution antichrétienne, on compte en particulier des responsables religieux non-chrétiens, des groupes religieux violents, des partis politiques, des membres du gouvernement, des chefs de groupes ethniques, de simples citoyens notamment en foule, ainsi que des proches (la propre famille d’un particulier).

    « Ils veulent nettoyer le pays de l’islam et du christianisme »

    Le rapport explique que durant la période étudiée (du 1er octobre 2023 au 30 septembre 2024), les communautés chrétiennes ont été de plus en plus menacées par les extrémistes hindous qui voient tous les chrétiens comme étrangers à la nation indienne : « Ils veulent nettoyer le pays de l’islam et du christianisme, et n’hésitent pas à utiliser la violence pour atteindre ce but. Les convertis au christianisme depuis des origines hindoues subissent l’essentiel des persécutions antichrétiennes en Inde et sont constamment sous pression afin qu’ils reviennent à l’hindouisme, en particulier via des campagnes appelées Ghar Waspi [‘revenir à la maison’]. Ils sont souvent attaqués physiquement et parfois tués. »

    L’organisation cite ensuite quelques exemples de violations signalés au cours de l’année dernière. Dans le district de Jiribam au Manipur, dans l’extrême nord-est de l’Inde, un homme de la tribu Meitei (majoritairement hindoue), appelé Soibam Saratkumar Singh, a été porté disparu durant plusieurs semaines, avant que son corps soit retrouvé le 6 juin 2024. Alors que ses ravisseurs étaient inconnus, des membres du groupe ethnique ont provoqué un déchaînement de violence en détruisant trois villages de la minorité ethnique Kuki (majoritairement chrétienne). Un homme Kuki a notamment été enlevé et porté disparu depuis (The Hindu, 8 juin 2024). Les violences ethnoreligieuses entre les deux groupes au Manipur se poursuivent depuis début mai 2023.

    Par ailleurs, en janvier 2024 dans le district de Betul au Madhya Pradesh (dans le centre du pays), un groupe de personnes appartenant au Bajrang Dal (une organisation de jeunesse politico-religieuse hindoue affiliée au Rashtriya Swayamsevak Sangh, vieille organisation ultranationaliste hindoue, et prônant la suprématie des hindous en Inde) a envahi une école missionnaire chrétienne en accusant la direction de l’établissement de conversions forcées (The Observer Post, 9 janvier 2024).

    Le 12 juin 2024, une foule issue de la même organisation du Bajrang Dal (affiliée au RSS) s’est attaquée à des familles chrétiennes dans le district de Jagdalpur, dans l’État du Chhattisgarh (dans le centre de l’Inde), en provoquant plusieurs blessés et en forçant les familles à signer un pacte de « reconversion » à l’hindouisme avant de les bannir de leurs villages. Leurs champs et leurs maisons ont été détruits et les autorités locales n’ont entrepris aucune action pour les protéger à ce jour (Maktoob Media, 25 juin 2024).

    Les élections générales de 2024, un frein contre la progression du nationalisme hindou ?

    Quelques exemples de développements positifs sont cependant évoqués par le rapport. Ainsi, au niveau national, les élections générales de 2024 (au cours desquelles le Premier ministre Narendra Modi, pro-hindou, a été réélu mais sans majorité absolue et « partiellement humilié ») peuvent être considérées comme un frein contre la progression du nationalisme hindou. Toutefois, « l’Inde est un État fédéral, et les élections régionales ont vu un nombre croissant d’États contrôlés par le parti du BJP », signale l’organisation Portes Ouvertes.

    Le rapport précise que les régions les plus difficiles pour les chrétiens en Inde tendent justement à se trouver dans les États contrôlés par le BJP (actuellement 13 États), notamment ceux d’Uttar Pradesh, du Manipur et du Chhattisgarh « où les persécutions ont été particulièrement intenses ces deux dernières années »« Pour un pays qui se décrit comme la plus grande démocratie au monde, le niveau de violence contre les chrétiens depuis cinq ans est extrêmement élevé », conclut le rapport. « La plus grande force derrière cela vient des groupes extrémistes hindous qui ciblent les religions considérées comme ‘étrangères’ au pays [telles que l’islam et le christianisme]. »

    Les grandes tendances pour l’Inde sont résumées ainsi : l’hostilité sociale contre les chrétiens a progressé ; un BJP affaiblit n’exercera probablement aucune pression morale sur les activités des groupes favorables à l’hindutva (l’idéologie nationaliste hindoue) ; enfin, un contrôle renforcé est constaté sur les médias, et l’espace réservé à l’expression libre et dissidente risque de continuer de se réduire à l’avenir.

  • L'élection de Trump et le vote des catholiques

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    De sur The Catholic Thing :

    Ce que pensaient les catholiques le jour des élections

    18 janvier 2025

    Lorsque Donald Trump a perdu l’élection très serrée de 2020 face à Joe Biden, 51 % des catholiques l’ont soutenu, tout comme 61 % des évangéliques et 35 % des électeurs juifs. En 2024, Trump a reçu la majorité des voix nationales grâce au soutien de 58 % des catholiques, 68 % des évangéliques et 39 % des électeurs juifs. Il s’agit d’un retour remarquable, fondé sur une coalition de personnes de la classe moyenne et de la classe ouvrière de toutes les religions et de toutes les ethnies.

    Pour avoir une idée de ce qui a motivé les catholiques et les autres Américains à voter le 5 novembre, les sondeurs et conseillers de Trump McLaughlin Associates ont réalisé une enquête post-électorale nationale qui aborde en profondeur les problèmes et les attitudes. John McLaughlin, un ami de plus de 30 ans, a eu la gentillesse de partager avec moi ses conclusions, dont certaines m'ont surpris, en particulier le sondage sur l'avortement.

    Voici un aperçu des résultats de l’enquête :

    Parmi les catholiques qui ont voté pour Trump, 90 % ont déclaré avoir voté pour lui. Seulement 10 % ont déclaré avoir voté contre Harris. En revanche, 28 % des catholiques qui ont soutenu Harris ont voté contre Trump.

    Lorsqu'on a demandé aux catholiques à quel moment ils savaient quel candidat ils allaient soutenir, 61 % ont indiqué qu'ils avaient pris leur décision avant la fête du Travail. Douze pour cent sont restés indécis jusqu'au début du mois de novembre.

    Une majorité de catholiques (56 %) estiment que le Parti républicain saura mieux répondre aux problèmes qui les concernent le plus. 61 % d’entre eux estiment que le Parti républicain est le mieux placé pour améliorer l’économie et créer davantage d’emplois. 63 % des catholiques pensent que le Parti républicain saura sécuriser la frontière ; 58 % pensent que le Parti républicain saura mieux lutter contre la criminalité.

    Une majorité des électeurs (44 %) se déclare en faveur d'un gouvernement plus petit et de services moins nombreux, 35 % d'entre eux étant favorables à une augmentation des largesses gouvernementales. Le sentiment des catholiques est en phase avec celui des Américains : 48 % sont en faveur d'un gouvernement plus petit et 37 % d'un gouvernement plus nombreux.

    En ce qui concerne le caractère de Trump, malgré les critiques constantes des médias à son encontre – et les démocrates qui le qualifient de nazi, de menace pour la démocratie et de criminel condamné – 51 % des électeurs et 58 % des catholiques ont perçu Trump comme le candidat le plus sympathique.

    Taux d’approbation le jour du scrutin :

      Trump Harris Biden
           
    catholique 62% 47% 46%
    Évangélique 69% 33% 31%
    juif 45% 91% 83%
    Athée 41% 62% 55%

    Avis favorable :

      Trump Harris
         
    catholique 58% 47%
    Évangélique 64% 33%
    juif 41% 81%
    Athée 35% 65%

    La question économique est la plus importante pour les électeurs. 47 % d'entre eux ont déclaré avoir des difficultés financières, tout comme 49 % des catholiques.

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  • Inde : les fondamentalistes hindous se déchaînent contre les chrétiens

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    D'Angéline Tan sur la NBQ :

    Inde : les fondamentalistes hindous se déchaînent contre les chrétiens

    Rien qu’en 2024, plus de 70 cas de violence contre les communautés chrétiennes ont été signalés chaque mois, soit une augmentation de 700 % en 10 ans de gouvernement nationaliste. L'État de l'Uttar Pradesh est le plus dangereux. Appel des associations chrétiennes au respect de la Constitution.

    16_01_2025

    Alors que la nouvelle année commence, les chrétiens en Inde sont de plus en plus exposés aux violences des extrémistes hindous du pays, qui estiment que tous les Indiens devraient être hindous.

    Un récent rapport du United Christian Forum (UCF) basé à New Delhi, intitulé « Violence Monitor Report 2024 », a révélé que de janvier à novembre 2024, 745 incidents de violence contre des chrétiens ont été enregistrés à travers le pays.

    Selon le même rapport, sur les 673 cas de violences et de discrimination présumées jusqu'en octobre 2024, seuls 47 ont donné lieu à une action formelle de la police sous la forme de premiers rapports d'information (FIR). Par ailleurs, selon le même rapport de l'UCF, l'Uttar Pradesh est l'État indien où se sont produits le plus grand nombre d'accidents.

    L'UCF a également souligné que le nombre d'incidents violents antichrétiens n'a cessé d'augmenter au cours de la dernière décennie . En 2014, peu avant que le parti nationaliste hindou Bharatiya Janata (BJP) n’accède au pouvoir fédéral, moins de 100 incidents de violence contre des chrétiens ont été enregistrés. Cependant, en 2018, ce nombre s’élevait déjà à près de 300 incidents et augmente chaque année depuis lors.

    « Selon les plaintes reçues via la hotline dédiée, il y a eu 127 incidents en 2014, 142 en 2015, 226 en 2016, 248 en 2017, 292 en 2018, 328 en 2019, 279 en 2020, 505 en 2021 et 601 en 2022 », il a expliqué un communiqué de presse de l'UCF, cité par UCA News .

    AC Michael, coordinateur de l'UCF, a déclaré à UCA News que ces chiffres n'incluent pas les agressions contre les chrétiens et leurs églises dans le Manipur déchiré par la guerre, où les violences sectaires, qui ont débuté en mai 2023, ont fait 250 morts et 60 000 personnes déplacées, pour la plupart Chrétiens.

    "Et tout cela malgré l'article 25 de la Constitution indienne, qui garantit le droit de choisir la religion de son choix", a déclaré Michael, ancien membre de la Commission des minorités de l'Inde, avant de demander au gouvernement du Premier ministre Narendra "d'envisager d'établir une enquête nationale pour examiner les cas croissants de persécution des minorités chrétiennes en Inde.

    Le BJP et les groupes hindous alliés soutiennent l’idée de faire de l’Inde une nation hindoue théocratique et s’opposent aux activités de conversion et même aux missions villageoises, les considérant comme des tactiques visant à convertir les tribus crédules et les villageois socialement pauvres.

    L'UCF a déclaré qu'en plus des incidents de violence qu'elle a documentés, il y avait probablement de nombreux autres incidents qui n'ont pas été signalés par les victimes pour diverses raisons. « La police locale est de connivence avec les auteurs des violences et ferme les yeux sur les crimes commis contre les chrétiens », a déclaré l'association de défense des droits de l'Union populaire pour les libertés civiles (PUCL).

    Le 31 décembre, 30 groupes religieux ont envoyé une lettre au président indien Droupadi Murmu et au Premier ministre Narendra Modi pour les exhorter à une action immédiate et décisive contre les foules violentes menaçant les minorités religieuses, a rapporté UCA News . Les signataires de la lettre comprennent l'avocat de la Cour suprême A.C. Michael, sœur Mary Scaria, l'avocat et président de l'UCF Michael Williams.

    Le 1er janvier, le révérend Vijayesh Lal , secrétaire général de l'Evangelical Fellowship of India (EFI), a déclaré à UCA News que la lettre « met en évidence les abus des lois anti-conversion, les menaces croissantes contre les libertés religieuses et les politiques d'exclusion qui privent les chrétiens dalits de droits statut de caste. »

    « La multiplication des discours de haine, notamment de la part des élus, a poussé la population à commettre des actes de violence contre les chrétiens. La foule a perturbé les rassemblements chrétiens pacifiques et a menacé les chanteurs en toute impunité », a déclaré Lal, faisant allusion à plusieurs incidents survenus pendant la période de Noël.

    «La liberté de distribuer et de vendre des textes religieux comme la Bhagavad Gita (le livre sacré des hindous) aux coins des rues et sur les marchés hebdomadaires est un témoignage des valeurs chères à l'Inde, inscrites dans notre Constitution. Les chrétiens, en revanche, sont régulièrement battus s'ils distribuent la Bible ou même seulement une petite partie de celle-ci", a poursuivi Lal.

    « Ces disparités dans le traitement des différentes confessions portent atteinte à l’article 25 de notre Constitution, qui garantit à tous les citoyens le droit de professer, de pratiquer et de diffuser librement leur religion. »

    Le rapport de l'UCF intervient à un moment où l'on s'inquiète de l'insuffisance de la réponse du gouvernement indien à la violence religieuse, notamment aux incidents violents survenus à Manipur. L'animosité envers les chrétiens s'est accrue lorsque Modi a remporté un troisième mandat en juin 2024, menant son parti Bharatiya Janata (BJP), à orientation hindoue, aux élections nationales indiennes.

    Le nord de l'Uttar Pradesh, l'État le plus peuplé de l'Inde, est devenu l'endroit le plus risqué pour les chrétiens , le gouvernement de l'État, dirigé par le parti Bharatiya Janata (BJP), ayant encore renforcé une loi anti-conversion déjà stricte.

    Le projet de loi de l'Uttar Pradesh sur l'interdiction des conversions illégales de religion (amendement), adopté le 20 juillet 2024, prévoit une peine maximale d'emprisonnement à perpétuité et renforce les dispositions contre les conversions fausses ou forcées. En outre, l'amendement permet à toute personne de déposer une plainte pour violation de la loi, contrairement à ce qui était prévu précédemment, lorsque la plainte ne pouvait être déposée que par la victime de la conversion ou un proche.

  • "L’Église de notre époque ne se comporte pas comme une épouse amoureuse de Jésus-Christ."

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    De Mgr Eleganti, docteur en théologie, sur Katholisches Info traduit sur "Benoît et moi" :

    10 Jan 2025

    Je commencerai par une remarque préliminaire : la synodalité au sens de la consultation et de l’écoute mutuelle et de la considération, au sens de la reconnaissance mutuelle de la position propre donnée par Dieu (ministère et charisme), est pour moi une évidence. Ce n’est pas de cela qu’il s’agit dans ce qui suit, car cela ne souffre pas de discussion. Ce qui m’importe, c’est ce qui suit:

    L’Église de notre époque ne se comporte pas comme une épouse amoureuse de Jésus-Christ.

    Par « Église », je n’entends pas les croyants individuels, auxquels le reproche ne s’applique pas, mais ce qui est absent dans la proclamation officielle de l’Église d’aujourd’hui à tous les niveaux.

    L’Église veut être une Église ouverte au dialogue, inclusive, apprenante et, dans toutes ses positions, flexible et fluide, qui ne condamne personne ni rien, et encore moins une Église qui sait mieux ou qui connaît la vérité. La « fluidité » dans tous les domaines et positions est sa caractéristique. C’est pourquoi toutes les décisions prises en son sein doivent faire l’objet d’un processus permanent et être fondamentalement révisables. Rien n’est éternel. Le « processus » est un autre mot pour l’ « Esprit Saint ». La « nouvelle ouverture » promue en conséquence s’appelle « synodalité ».

    Encore une fois, il est frappant de constater que l’Église synodale parle très peu de Jésus-Christ, mais beaucoup de tout (autre chose) : Notamment de ses propres formes d’organisation et de communication, de ses outils spirituels et de ses structures, des questions sur son propre pouvoir de définition dans le fonctionnement de l’Eglise.

    Ici aussi, le mot magique est « synodalité », synonyme dans ce contexte d’une hiérarchie aplatie entre laïcs et ordonnés. L’accent est mis sur le sacerdoce universel des baptisés, comme cela a déjà été le cas pour les mêmes raisons à l’époque de la Réforme.

    Cette Église parle à tous, ce qui est à saluer, et veut inclure tout le monde sans condition. Elle considère de manière générale et sans distinction tous les hommes comme des enfants de Dieu, indépendamment de leur religion et de leur confession. Elle se montre inconditionnelle à leur égard en leur promettant le salut, quels que soient leur mode de vie et leurs croyances.

    Mais concrètement, selon l’Évangile et la tradition apostolique, il n’y a pas d’autre chemin vers le salut que celui de Jésus-Christ. Et nous devrions le proclamer, et non pas simplement nous reposer sur lui. JÉSUS-CHRIST lui-même connaît en tout cas des conditions d’admission au royaume de Dieu, à commencer par la foi en LUI, le FILS DE DIEU.

    L’Église ne parle plus aujourd’hui d’un danger pour le salut éternel, même lors des enterrements et dans le contexte interreligieux. Pourtant, en 2000 ans d’histoire de l’Église qui viennent de s’écouler, c’était la question de toutes les questions et l’axe principal de la prédication : « Mais le salut vient par JÉSUS-CHRIST ! ».

    [Aujourd’hui], on espère en toute confiance que le défunt ou tous les hommes entreront dans la paix de Dieu, peu importe comment ils ont vécu ou ce qu’ils ont cru ou non, aimé ou combattu, éventuellement par la violence. Le rejet explicite de JÉSUS-CHRIST n’apparaît pas comme un problème ou comme un problème qui sera tranché positivement post-mortem, même pour les personnes qui adhèrent à d’autres religions. Seuls les missionnaires comme Saint François Xavier voulaient encore sauver des âmes et baptiser ou sauver ainsi le plus de personnes possible.

    Cette église offre beaucoup de choses. Elle est ouverte sur le plan pastoral. Mais elle ne parle plus de JÉSUS-CHRIST comme réponse à tout, comme « DIEU de DIEU, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré et non créé, de même nature que le PÈRE » (Credo).
    .
    C’est là que l’esprit des membres de l’Église du présent et de l’avenir est violemment ébranlé. On n’entend pas cette profession de foi dans leur bouche (à mon humble avis). Au mieux, on y croit encore vaguement, plutôt pas, ou alors avec d’énormes réductions ou domestications de ce scandale. Ad extra, par exemple dans le dialogue interreligieux, on n’en entend pas parler. En revanche, on y apprend des choses faciles à digérer sur le plan social, psychologique, pastoral et interreligieux.

    Il est surtout question d’« être humain ».

    Pour cette sorte de chrétiens, JESUS-CHRIST est une solution parmi d’autres, au mieux l’option préférée, mais pas la seule valable, irréfutable, exclusive et indispensable pour aller vers Dieu, vers la vérité et dans (cette) vérité vers soi-même (Romano Guardini) ou mieux encore : pour être sauvé ! 

    Je doute souvent que ces baptisés et très souvent ceux qui sont au service de l’Église soient vraiment profondément convaincus de la divinité de JESUS-CHRIST et de son caractère absolu ou universel (je ne parle pas ici d’amour du prochain, mais de dures exigences de vérité). On ne le sent pas et on ne le lit pas.

    En réalité, l’Église ne devrait parler au monde que de JÉSUS-CHRIST. Elle n’a en effet rien d’autre, de meilleur, à proposer. On en lit peu dans ses derniers documents. Au lieu de Le présenter à chaque cœur humain comme la vie par excellence ; comme la lumière qui éclaire et met en lumière tout ce qui se trouve dans sa vie ; comme l’onguent qui soulage et guérit toute douleur ; comme la vérité qui concerne tout le monde ; comme le Dieu concret à côté duquel il n’y en a pas d’autre ; comme Dieu visible qui s’adresse à tout homme et lui demande d’entrer dans sa vie et dans son cœur ; comme accomplissement par excellence ; comme unique voie de salut ; comme rédempteur et pardon de nos péchés – la liste est longue – elle proclame la « synodalité », définitivement hors sujet pour ceux dont il s’agit en premier lieu dans leur mission auprès des peuples.

    L’Église contemporaine ne joue plus l’atout qui empoche toutes les cartes [Die Kirche der Gegenwart spielt die Karte, die alle auf dem Tisch liegenden sticht und einstreicht, nicht mehr aus – traduction peu sûre, ndt] qui sont sur la table. Elle jette dans le jeu toutes sortes de cartes nouvellement créées pour inclure des coéquipiers ou des personnes qui souhaitent en faire partie ou qui ont quitté le jeu parce qu’elles estiment avoir de mauvaises cartes. Mais elle ne gagne pas un seul tour. D’autres raflent la mise. Le christianisme – et c’est JÉSUS-CHRIST (Romano Guardini) – se dilue et n’est majoritairement plus transmis, du moins chez nous.

    Pourquoi ? Parce que les joueurs ne sont ni amoureux de Jésus-Christ, ni convaincus de lui au sens exclusif du terme. Parce qu’ils ne considèrent plus JESUS-CHRIST comme la carte maîtresse qui bat toutes les autres. De toute façon, elle n’est plus jouée aujourd’hui sur le plan interreligieux.

    Les joueurs discutent d’autres choses. L’essentiel est d’être ensemble, fraternellement, et d’essayer de rester dans le jeu ou le dialogue. Chacun peut participer. Les règles sont en train d’être renégociées au sein de l’Église, afin de ne pas faire preuve d’un esprit de vainqueur ou de rejet vis-à-vis de ceux qui ne partagent pas la même foi et qui pensent différemment ou qui sont « autrement catholiques » (un néologisme créé par Mgr Bätzing [pour mémoire, président de la conférence des évêques allemands, principal promoteur de la « Voie synodale », ndt]).

    Mais la partie est perdue pour les raisons décrites. C’est la carte maîtresse qui n’est pas jouée, quelle qu’en soit la raison. L’essentiel est de rester dans le jeu, mais au détriment des participants. Des règles (ou des vérités) exclusives qui signifieraient l’exclusion des joueurs et des co-joueurs ne sont pas respectées par toutes les parties et sont considérées comme dépassées. Cela ne s’est jamais produit jusqu’à présent ; mais cela se passe sous nos yeux.

    « Apocalypse now ! » Un coup d’œil au Catéchisme de l’Église catholique (11 oct. 1992) aiderait tout le monde.

    « Nul ne vient au PÈRE que par MOI ! » est toujours valable.

    *Mgr Marian Eleganti OSB, docteur en théologie, a été de 1999 à 2009 abbé de l’abbaye bénédictine de St. Otmarsberg dans le canton de Saint-Gall, puis évêque auxiliaire du diocèse de Coire de 2009 à 2021. Mgr Eleganti tient un blog personnel.

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    Les contributions de Mgr Eleganti jusqu’à présent :

  • Inde : des responsables religieux exhortent Modi à mettre un terme à la spirale de violence contre les chrétiens

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    D'Anto Akkara sur CNA :

    Des responsables religieux indiens exhortent Modi à mettre un terme à la spirale de violence contre les chrétiensbouton de partage de courrier électroniquebouton de partage sharethis

    Bangalore, Inde, 7 janvier 2025

    Dans un appel adressé au Premier ministre indien Narendra Modi, plus de 400 dirigeants chrétiens et civils ainsi que 30 groupes religieux ont appelé à « une action immédiate et décisive… pour freiner la montée de la violence contre les chrétiens, en particulier pendant les prières et les célébrations de Noël ».

    « Nous crions vers vous du plus profond de notre cœur alors que nous sommes attaqués dans des villages et des villes de plusieurs États le jour de Noël », ont déploré les dirigeants chrétiens de diverses confessions dans leur appel conjoint, également envoyé au président fédéral Droupadi Murmu, le 31 décembre.

    « Rien que pendant cette période de Noël, au moins 14 incidents visant des chrétiens ont été signalés, allant des menaces et perturbations aux arrestations et aux attaques directes, soulignant une tendance alarmante à la montée de l'intolérance et de l'hostilité », indique l'appel signé par des dizaines d'éminents prêtres catholiques, de dirigeants laïcs et de groupes de défense.

    De récents incidents de violence et d'hostilité ont eu lieu, notamment lorsque des groupes hindous ont crié avant les services de Noël devant une cathédrale catholique à Lucknow, et lorsque des antagonistes ont forcé le personnel à retirer les décorations de Noël dans une école préparatoire de l'État du Gujarat, dans l'ouest du pays.

    Des chanteurs de Noël ont également été arrêtés et des enseignants menacés dans l'État central du Madhya Pradesh, tandis qu'un livreur de nourriture a été dépouillé de sa robe de Père Noël dans la ville de Bangalore.

    L'appel a souligné que ces incidents se sont produits « seulement deux jours après que [Modi], dans son discours à nos prélats catholiques, a condamné ceux qui incitent à la violence et répandent la discorde, provoquant des perturbations dans la société ».

    Lors de la célébration de Noël organisée par la Conférence des évêques catholiques d'Inde (CBCI) à New Delhi, le 23 décembre, Modi a déclaré que « les enseignements du Seigneur Christ célèbrent l'amour, l'harmonie et la fraternité. Il est important que nous travaillions tous pour renforcer cet esprit ». « Cependant, cela me fait mal au cœur de voir des tentatives de propagation de la violence et de perturbation de la société. Il est essentiel que nous nous unissions pour relever de tels défis », avait déclaré Modi à l’époque.

    John Dayal, un chroniqueur catholique parmi les signataires de l'appel, a affirmé dans une interview accordée à CNA le 3 janvier que Modi avait fait preuve d'« hypocrisie » dans son discours. « Après avoir exprimé sa « douleur » face aux incidents violents, Modi n’a pas mentionné un seul incident parmi les deux cas quotidiens de violence haineuse ciblée en 2024 dans le pays. Au lieu de cela, il a cité l’attaque sanglante du marché de Noël en Allemagne comme exemple. C’est de la duplicité et c’est ce qui encourage les fondamentalistes hindous belliqueux », a déclaré Dayal.

    Le Forum chrétien uni (UCF), une organisation œcuménique qui surveille les incidents antichrétiens, a rapporté en décembre que le nombre d'actes de violence survenus tout au long de l'année 2024 avait atteint 745 fin novembre. « En réalité, les chiffres sont bien plus élevés. De nombreux autres incidents qui ont pu se produire mais qui n’ont pas été signalés sur notre ligne d’assistance téléphonique ne sont pas inclus dans le nombre total », a déclaré à CNA AC Michael, le coordinateur catholique de l’UCF.

    Le gouvernement Modi a récemment envoyé un émissaire spécial au Bangladesh à propos des récentes atrocités commises contre les hindous dans ce pays, mais l’UCF a exhorté le gouvernement Modi « à envisager la mise en place d’une enquête nationale dirigée par un secrétaire du gouvernement indien pour examiner ces incidents de persécution de la minorité chrétienne en Inde. »

    Les chrétiens ont exhorté le gouvernement du parti nationaliste hindou Bharatiya Janata à « émettre des directives claires aux gouvernements des États sur la protection des droits constitutionnels à la liberté religieuse, à initier un dialogue régulier avec les représentants de toutes les communautés religieuses et à protéger le droit fondamental de professer et de pratiquer librement sa foi ».

    « L’inclusion et l’harmonie sont vitales non seulement pour la structure morale de la nation, mais aussi pour sa prospérité économique et sociale », ont-ils déclaré dans l’appel.

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    Anto Akkara est un journaliste de Bangalore, en Inde. Il est correspondant régulier du National Catholic Register. Outre ses reportages internationaux, Akkara a écrit des livres et produit des documentaires relatant l'histoire des martyrs de Kandhamal. Il a reçu le prix St. Titus Brandsma pour le journalisme.