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  • Synode : des influenceurs appelés à la rescousse face à la désertion des plus jeunes

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    Du site de Famille Chrétienne :

    Des influenceurs appelés à la rescousse pour le synode

     

    Même constat en France que dans les autres pays : la jeune génération catholique a largement boudé les réunions diocésaines du synode sur la synodalité. Nom trop pompeux, manque de temps, horaires des réunions peu arrangeants, manque d’intérêt ? Difficile de se faire une idée précise des causes de ce délaissement. Toujours est-il que les synthèses qui ont découlé de cette phase de consultations diocésaines ne se révèlent pas forcément à l’image de ceux qui constituent les forces vives de l’Eglise.

    Pour ne pas en rester là, des influenceurs espagnols ont décidé de changer de méthode avant qu’il ne soit trop tard : aller chercher les jeunes sur leur propre terrain, celui que Benoît XVI avait baptisé le « continent numérique ». Ils ont élaboré un questionnaire en ligne qu’ils ont ensuite présenté au Vatican. Bien plus que dans les salles paroissiales, ils ont espoir d'y pêcher les avis et idées de la jeunesse et de tous les catholiques connectés avant que ne démarre l’Assemblée synodale des évêques où les décisions seront prises.

    « Il ne faudra pas pleurer après le synode ! »

    Et c’est ainsi qu’il y a quelques semaines, plusieurs prêtres français très présents sur les réseaux sociaux ont été contactés par le dicastère pour la communication… « Je ne m’y attendais pas du tout, le secrétaire du pape Mgr Lucio Adrian Ruiz m'a demandé si je pouvais contribuer à faire connaître ce questionnaire aux jeunes français et à tous les catholiques adeptes d’internet », raconte à Famille Chrétienne le père Gaspard Craplet, qui compte près de 23 000 abonnés sur TikTok. Responsable de la pastorale des jeunes pour l’association de prêtres Saint-Jean Marie-Vianney, il s’est ainsi prêté au jeu alors qu’il était en plein camp de montagne avec des lycéens, et a publié le 13 juillet une vidéo face au Mont Blanc, lançant cet appel : « Le pape a besoin de vous ! »

    « L’Eglise se met dans une disposition d’écoute, il faut vraiment que les jeunes en profitent avec ce questionnaire, ou bien il ne faudra pas pleurer après le synode ! Ajoute-t-il pour Famille Chrétienne. Ils ont plein de choses à dire à l’Eglise, et ils ont notamment un attachement plus marqué à la Tradition que les personnes âgées qui ont donné le ton aux synthèses envoyées à Rome. S’ils veulent le défendre, il faut qu’ils sachent saisir cette occasion. » Mais le prêtre prévient tout de même certaines ardeurs : « L’Eglise n’est pas non plus une démocratie participative. Sinon on ferait voter tous les saints du Ciel ! Il faut simplement l’avoir en tête pour ne pas être déçus ».

    Relais de prêtres célèbres sur les réseaux sociaux

    D’autres prêtres devenus célèbres comme le frère Paul-Adrien ou le plus controversé père Matthieu Jasseron ont également diffusé l’appel. « Aujourd’hui j’ai été contacté par le Vatican en mp sur insta », lance le frère Paul Adrien dans une courte vidéo visible sur sa chaîne Youtube. « Toi qui m’écoutes, tu intéresses le Vatican ! En fait ce que je suis en train de te proposer, c’est de participer au début d’une grande histoire d’amour entre l’Eglise et les réseaux sociaux, donc on y va ! »

    Une enquête rapide avec des questions ouvertes et fermées

    Concrètement, l’enquête en ligne consiste en un bref questionnaire avec des réponses à choix multiples qu’il faut cocher. (Il faut d'abord s'inscrire et valider la démarche en cliquant sur le lien reçu par mail. )  A la fin, une question ouverte avec trois « recommandations que vous feriez à l’Eglise pour qu’elle soit plus proche des gens ? ». Parmi les questions fermées : « Quand les gens parlent de l’Eglise, à quoi l’identifiez-vous ? »« Quelles sont les raisons qui poussent les gens, selon vous, à s’éloigner de l’Eglise ? », « Avec qui vous sentez-vous plus proche dans l’Eglise ? » ou encore « Pensez-vous que les messages que l’Eglise vous adresse sur les médias sociaux sont clairs et opportuns ? »

    Tous peuvent répondre, et pas uniquement les jeunes. Il faut simplement indiquer sa tranche d’âge à la fin. Il est possible d’activer une traduction automatique en français du questionnaire sur Google, bien qu’il soit rédigé en espagnol. Si elle est légèrement approximative, elle permet tout de même de comprendre les questions de manière fluide. Certains regrettent qu’elles soient trop orientées ou ne laissent pas suffisamment de place à la libre expression.

    « Cette enquête n’est pas parfaite mais elle a le mérite d’exister, autant en profiter », souligne le père Gaspard Craplet. Sans avoir donné de date précise, le dicastère pour la communication a fait savoir que la collecte des réponses prendrait fin début août. C’est donc le moment ou jamais de saisir son clavier.

     
  • Sainte Brigitte de Suède, co-patronne de l'Europe (23 juillet)

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    ste_br10.jpgLors de l'audience générale du mercredi 27 octobre 2010, place Saint-Pierre, Benoît XVI a consacré sa catéchèse à sainte Brigitte de Suède :

    Chers frères et sœurs,

    En la veille fervente du grand Jubilé de l’An 2000, le vénérable serviteur de Dieu Jean-Paul II proclama sainte Brigitte de Suède co-patronne de toute l’Europe. Ce matin, je voudrais présenter sa figure, son message, et les raisons pour lesquelles cette sainte femme a beaucoup à enseigner — aujourd’hui encore — à l’Eglise et au monde.

    Nous connaissons bien les événements de la vie de sainte Brigitte, car ses pères spirituels rédigèrent sa biographie pour promouvoir son procès de canonisation immédiatement après sa mort, en 1373. Brigitte était née 70 ans auparavant, en 1303, à Finster, en Suède, une nation du nord de l’Europe qui, depuis trois siècles, avait accueilli la foi chrétienne avec le même enthousiasme que celui avec lequel la sainte l’avait reçue de ses parents, des personnes très pieuses, appartenant à de nobles familles proches de la maison régnante.

    Nous pouvons distinguer deux périodes dans la vie de cette sainte.

    La première est caractérisée par son mariage heureux. Son mari s’appelait Ulf et était gouverneur d’un important territoire du royaume de Suède. Le mariage dura vingt-huit ans, jusqu’à la mort d’Ulf. Huit enfants furent issus de ce mariage, dont la deuxième, Karin (Catherine) est vénérée comme sainte. Cela est un signe éloquent de l’engagement éducatif de Brigitte à l’égard de ses enfants. D’ailleurs, sa sagesse pédagogique fut appréciée au point que le roi de Suède, Magnus, l’appela à la cour pour une certaine période, dans le but d’introduire sa jeune épouse, Blanche de Namur, à la culture suédoise.

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  • « L’Église ne peut se payer le luxe d’une guerre civile liturgique »

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    Tribune de Jean Bernard, collaborateur au mensuel « La Nef », publiée dans le quotidien « La Croix » : Le pape François a formulé, avec sa lettre Desiderio desideravi, « une réflexion profonde » sur la beauté de l’Évangile. Mais, selon Jean Bernard, cette lettre n’est peut-être pas de nature à apaiser les tensions réactivées par le pape autour de la liturgie (20.07.2022) :

    Avec sa lettre Desiderio desideravi, le pape François vient d’adresser à l’Église entière, le jour de la fête des saints Pierre et Paul, une réflexion profonde sur la « beauté incomparable de la liturgie ». Pour le Saint-Père, l’enjeu de notre époque est de « retrouver la capacité de vivre pleinement l’acte liturgique », tâche qui n’est pas aisée pour l’homme moderne tant celui-ci a perdu « la capacité de s’engager dans l’action symbolique qui est une caractéristique essentielle de l’acte liturgique ».

    À lire aussi Liturgie : le pape François appelle à « abandonner nos polémiques »

    Le pape nous décrit ainsi, en des pages denses, ce que la liturgie doit être mais également ce qu’elle ne doit pas être, à savoir, d’un côté, un « esthétisme rituel qui ne prend plaisir qu’à soigner la formalité extérieure d’un rite ou se satisfait d’une scrupuleuse observation des rubriques », et, de l’autre, la « banalité débraillée », la « superficialité ignorante » et le « fonctionnalisme pratique exaspérant ». Pour échapper à ces deux travers, François souligne l’importance de la formation liturgique.

    Un contexte de tensions liturgiques

    Mais il n’aura toutefois échappé à personne que, si la lettre Desiderio desideravi invite à une réflexion et à une action à long terme, elle ne peut être détachée du contexte dans lequel elle a été écrite, à savoir la reprise des tensions liturgiques après la publication du motu proprio Traditionis custodes. D’ailleurs, dans sa lettre, le pape François fait explicitement référence à ce dernier texte, notamment pour rappeler que le missel de Paul VI est « l’unique expression de la lex orandi du rite romain » et qu’il convenait que l’unité dans la prière « soit rétablie dans toute l’Église de rite romain ».

    À lire aussi « Au-delà des querelles liturgiques, le pape nous fait contempler le souffle qui doit habiter toute liturgie »

    Reste qu’il n’est pas certain que Desiderio desideravi soit de nature à apaiser les tensions, et ce pour deux raisons. La première est que cette lettre ne fera pas, ou peu, revenir les fidèles attachés à la forme traditionnelle vers le nouveau Missel, ce d’autant que beaucoup d’entre eux, venant à l’origine de paroisses où ce missel est célébré, ne sont pas disposés à y retourner. À cet égard, il convient de ne pas se méprendre sur les motifs d’une telle attitude : ceux-ci sont à rechercher non pas dans une hostilité de principe à Vatican II (sauf pour la Fraternité Saint-Pie-X) mais dans la conviction – fondée ou non – que la réforme liturgique n’a pas rempli toutes ses promesses et surtout qu’une autre réforme liturgique inspirée des principes du Concile aurait été possible, davantage respectueuse du développement organique de la liturgie.

    À lire aussi « Sur la liturgie, François n’a pas les mêmes réflexes que certains de ses prédécesseurs »

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  • Et encore un "motu proprio"... Cette fois, c'est le tour de l'Opus Dei

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    De Vatican News (Alessandro De Carolis) :

    Opus Dei: un motu proprio pour protéger le charisme et promouvoir l'évangélisation

    Avec le motu proprio «Ad charisma tuendum», le Pape ordonne le transfert des compétences concernant l’Opus Dei vers le dicastère pour le clergé. Il établit également que son prélat (plus haute autorité de l'institution) ne peut plus être investi de l'ordre épiscopal. Mgr Fernando Ocáriz, actuel prélat, a fait part de sa réaction.

    Quarante ans après la Constitution apostolique Ut sit, par laquelle Jean-Paul II érigea l'Opus Dei en prélature personnelle, François apporte des modifications sur la base de Praedicate Evangelium, dans le but de «protéger le charisme» et de «promouvoir l'action évangélisatrice que ses membres mènent dans le monde», en diffusant «l'appel à la sainteté dans le monde, à travers la sanctification du travail et des engagements familiaux et sociaux». Cette nouvelle orientation est établie par le motu proprio Ad charisma tuendum, promulgué ce vendredi 22 juillet, par lequel le Pape modifie certains articles de Ut sit, en les harmonisant avec ce qui a été établi par la constitution apostolique publiée le 19 mars dernier.

    Le charisme plus que l'autorité hiérarchique

    Le premier article de ce nouveau motu proprio, sur la base de l'article 117 de Praedicate Evangelium, établit que le dicastère de référence pour l'Opus Dei ne sera plus celui des évêques mais celui du clergé, auquel le prélat, la plus haute autorité de l'Opus Dei, soumettra un rapport annuel sur l'état de la prélature.

    Le prélat lui-même, contrairement au passé, ne pourra plus être nommé évêque et ce - explique-t-on à l'article 4 du motu proprio - afin de «renforcer la conviction que, pour la protection du don particulier de l'Esprit, il faut une forme de gouvernement fondée davantage sur le charisme que sur l'autorité hiérarchique». Par conséquent, le titre qui reviendra au prélat de l'Opus Dei sera celui de protonotaire apostolique surnuméraire avec le titre de révérend monseigneur.

    Dans l’esprit du Concile

    Rappelant la «grande espérance» avec laquelle l'Église a manifesté «sa sollicitude maternelle et son attention vers l'Opus Dei» au moment de sa constitution en prélature, selon les paroles du Pape Jean-Paul II à cette occasion, le document papal ajoute qu’il «s'agit de confirmer la prélature de l'Opus Dei dans la sphère authentiquement charismatique de l'Église, en précisant son organisation conformément au témoignage du fondateur, saint Josémaria Escriva de Balaguer, et aux enseignements de l'ecclésiologie conciliaire concernant les prélatures personnelles». Ces nouvelles dispositions entreront en vigueur le 4 août 2022.

    Avant tout, un père

    Acceptant «filialement» ce que François a ordonné, le prélat de l'Opus Dei, Mgr Fernando Ocáriz, espère dans une lettre envoyée aux membres de la prélature que l'invitation du Pape «résonnera puissamment en chacun d'entre eux» comme une «occasion de comprendre en profondeur l'esprit que le Seigneur a insufflé à notre fondateur et de le partager avec de nombreuses personnes dans le milieu familial, professionnel et social».

    En ce qui concerne la figure du prélat, tout en exprimant sa gratitude «pour les fruits de communion ecclésiale que représentait l'épiscopat du bienheureux Álvaro et du père Javier», Mgr Ocáriz reconnaît dans la lettre que «l'ordination épiscopale du prélat n'était pas et n'est pas nécessaire pour diriger l'Opus Dei. Le désir du Pape de souligner maintenant la dimension charismatique de l'Œuvre nous invite à renforcer le climat de famille, d'affection et de confiance : le prélat doit être un guide, mais, avant tout, un père».

    Un gouvernement au service du charisme

    La lettre du prélat est accompagnée d'une série de huit questions et réponses sur le sens du motu proprio et ses implications les plus directes sur la vie des membres de la prélature. Concernant le rapport entre charisme et hiérarchie, «il est rappelé que le gouvernement de l'Opus Dei doit être au service du charisme - dont nous sommes les administrateurs, et non les propriétaires - afin qu'il croisse et porte du fruit, avec la foi que c'est Dieu qui opère tout en tous», est-il expliqué.

    L’Opus Dei, également appelé Prélature de la Sainte Croix et Opus Dei, a été fondée en 1928 par saint Josemaría Escrivá de Balaguer, et compte aujourd'hui environ 90 000 membres à travers le monde.  

    Comme l'écrit un commentateur sur le "Forum catholique" :

    "Deux hypothèses : 
    Soit il s'agit du nouvel indice de prolifération normative du pontificat. 
    Soit de la volonté de contrôler une institution susceptible de s'opposer à certaines tendances actuelles...
    Dans les deux cas : aucun débat, aucune consultation, aucune synodalité !"

  • Pensionnats canadiens : un autre son de cloche

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    Du site "Pour une école libre au Québec" (archive 30 juin 2021) :

    Ce qu’on ne dit jamais : certains Autochtones ont grandement apprécié leur pensionnat

    Élèves autochtones (Adeline Racette et Emily Bone) du pensionnat d’Assiniboia, à Winnipeg, Manitoba.

    Alors que les églises catholiques du Canada sont vandalisées ou incendiées, il est bon de se rappeler que deux éminents autochtones ont attribué à leurs pensionnats le mérite de leur réussite dans la vie. Il s’agit du dramaturge cri de renommée mondiale Tomson Highway et de la défunte chef de bande dénée d’Inuvik, Cece Hodgson-McCauley. En outre, un certain nombre de personnes ont écrit des récits à la sénatrice Lynn Beyak, aujourd’hui à la retraite, témoignant avoir eu des expériences positives ou avoir entendu des récits de première main de bonnes expériences dans les pensionnats. En 2015, Tomson Highway a déclaré au désormais défunt Huffington Post Canada qu’il avait passé neuf des « années les plus heureuses » de sa vie dans un pensionnat. L’école, appelée le pensionnat Guy Hill, était gérée par les Missionnaires Oblats de Marie Immaculée. Né dans le nord du Manitoba, Highway a été envoyé au pensionnat à l’âge de six ans et y est resté jusqu’à l’âge de 15 ans, rentrant chez lui pour les deux mois de vacances d’été. Il a ensuite été mis en pension dans des familles d’origine européenne tout en terminant ses études secondaires à Winnipeg. « Tout ce qu’on entend, ce sont les choses négatives ; personne ne s’intéresse au positif, à la joie dans cette école », a déclaré Highway au journaliste Joshua Ostroff à propos de Guy Hill. « Neuf des années les plus heureuses de ma vie, je les ai passées… dans cette école », a-t-il poursuivi. « J’ai appris votre langue, pour l’amour de Dieu. Avez-vous appris ma langue ? Non, alors qui est le privilégié et qui est le défavorisé. »

    M. Highway a laissé entendre qu’il y avait autant d’histoires « positives » sur les pensionnats que d’histoires « négatives » entendues par l’enquête « Vérité et réconciliation du Canada » sur le système de pensionnat qui a vu des dizaines de milliers d’enfants des communautés nordiques emmenés loin de leurs familles pour leur éducation. Il a également attribué à son école sa réussite, et aux autres pensionnats la réussite d’autres anciens élèves. « Vous avez peut-être entendu des histoires négatives de la part de 7 000 témoins dans le processus », a déclaré le dramaturge primé. « Mais ce que vous n’avez pas entendu, ce sont les 7 000 rapports qui étaient des histoires positives. Il y a aujourd’hui beaucoup de gens qui ont réussi dans ces écoles, qui ont des carrières brillantes et qui sont des gens très fonctionnels, très heureux, comme moi. J’ai une carrière internationale florissante, et cela ne serait pas arrivé sans cette école ».

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  • L'Eglise, bouc émissaire de la politique coloniale de l'Etat canadien

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    De Luca Marcolivio sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    ENTRE LES INCENDIES ACTUELS ET L'HISTOIRE

    Le Canada et les écoles indigènes, l'Eglise comme bouc émissaire (archive du 8-7-2021)

    Une vingtaine d'églises, dont beaucoup sont catholiques, ont été incendiées ou vandalisées au Canada après la découverte de tombes anonymes d'enfants. À l'origine, il y a le rôle des écoles résidentielles voulues par le gouvernement depuis le XIXe siècle pour l'assimilation des autochtones canadiens, qui mouraient souvent, en l'absence d'aide, de maladie et de faim. Et aujourd'hui, Trudeau s'attaque à l'Église, en essayant de faire oublier les fautes de l'État.

    Au Canada, un choc historique entre l'État et l'Église a lieu. Entre les charniers mis au jour et les églises brûlées, comme souvent, la vérité se cache dans les plis de l'histoire.

    Fin mai déjà, 215 restes d'enfants amérindiens ont été découverts dans une fosse commune sur le terrain d'une ancienne école catholique à Kamloops, en Colombie-Britannique. L'école était l'un des nombreux pensionnats créés au XIXe siècle pour l'éducation des jeunes autochtones. En apprenant la nouvelle, lors de l'Angélus du 7 juin, le pape François a exprimé sa proximité avec la communauté catholique et l'ensemble du peuple canadien " traumatisé par cette nouvelle choquante. " Le souverain pontife avait alors demandé de "faire la lumière" sur un fait qui "accroît encore la conscience de la douleur et de la souffrance du passé."

    Puis, pour coïncider avec la Journée nationale des peuples autochtones, célébrée au Canada le 21 juin dernier, deux églises ont été incendiées. En l'espace d'un mois, une vingtaine d'incendies et d'actes de vandalisme graves ont été recensés contre des églises, pour la plupart catholiques. Au moins deux des incidents ont été qualifiés par la police canadienne d'incendies criminels possibles. Rien ne permet, du moins pour l'instant, d'établir un lien de causalité entre les deux phénomènes, d'autant que le sud-ouest du pays a été frappé par une vague de chaleur sans précédent. Il est cependant inconcevable de penser que les très hautes températures aient pu également provoquer des incendies dans les lieux de culte.

    La deuxième et plus importante découverte a eu lieu le 23 juin, à l'ancien pensionnat indien de Marieval, dans la province de la Saskatchewan. Pas des fosses communes mais 751 tombes anonymes. Cadmus Delorme, chef de la communauté de Cowess, l'a annoncé. "La nouvelle selon laquelle des centaines de tombes non marquées ont été découvertes dans la Première Nation de Cowessess est absolument tragique, mais pas surprenante", a tweeté Perry Bellegarde, chef national de l'Assemblée des Premières Nations.

    Les représentants des Premières nations eux-mêmes attendent des excuses officielles de l'Église catholique pour son rôle dans le système des pensionnats mis en place par le gouvernement canadien. Ce "génocide culturel" a été reconnu en 2015 par la Commission Vérité et Réconciliation, qui a estimé qu'environ 6 000 enfants sont morts dans ces écoles. Les jeunes élèves des écoles catholiques ou d'autres confessions chrétiennes, affirment les accusateurs, étaient maintenus dans des conditions sanitaires épouvantables, maltraités, soumis à une inculcation forcée et parfois abusés.

    Le Premier ministre canadien Justin Trudeau, depuis son entrée en fonction en 2015, a appuyé sur l'accélérateur de l'enquête et impulsé une série d'initiatives pour commémorer les victimes. C'est encore Trudeau qui a demandé des excuses officielles au pape François. Le premier ministre canadien a déclaré avoir parlé "personnellement" avec le pontife, insistant sur "l'importance qu'il y a non seulement à ce qu'il s'excuse, mais aussi à ce qu'il s'excuse auprès des Canadiens autochtones sur le sol canadien". Je sais que les dirigeants de l'Église catholique, a ajouté M. Trudeau, examinent très activement les mesures qui peuvent être prises.

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  • Internats pour enfants autochtones au Canada : l'histoire falsifiée et 52 églises incendiées

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    Un entretien avec Pablo Munoz Iturrieta sur Kath.Net/news (archive du 29 juillet 2021) :

    Corps retrouvés au Canada : un publiciste parle de " falsification de l'histoire " !

    L'auteur et humaniste Pablo Munoz Iturrieta contredit la description par l'Église catholique d'un "génocide" des Indiens du Canada dans une interview accordée à Kathpress - 52 incendies d'église à ce jour

    Il n'y a pas eu de "génocide" des enfants autochtones dans les écoles confessionnelles du Canada au début du 20e siècle, qui ont été systématiquement spoliés de leur culture, maltraités, tués par des mauvais traitements et enterrés dans des fosses communes par les religieux : Avec cette critique des récents reportages des médias, le publiciste et scientifique canadien Pablo Munoz Iturrieta attire l'attention. Comme l'a expliqué l'Argentin d'origine dans une interview accordée à Kathpress jeudi, les faits historiques s'y opposent clairement. Une "falsification de l'histoire" aux conséquences déjà dévastatrices est pratiquée, a-t-il déclaré.

    Depuis la fin du mois de mai, des informations sur la découverte de plus d'un millier de cadavres d'enfants à proximité de ce que l'on appelle les "pensionnats" - principalement des internats pour autochtones gérés par l'Église catholique, qui ont existé de la fin du XIXe siècle jusqu'aux années 1980 - ont provoqué un tollé dans le monde de l'information. On savait depuis longtemps que ces tombes, qui n'étaient pas marquées par leur nom, existaient : une commission gouvernementale au Canada s'était chargée d'une réévaluation, qui a rédigé son rapport final en 2015, a souligné M. Munoz. Toutes les trouvailles actuelles y avaient déjà été répertoriées.

    Justin Trudeau a maintenant ramené ces découvertes de corps dans la discussion afin de donner du poids à sa politique indigène. Le Premier ministre canadien avait également demandé au Pape François de venir au Canada et, au nom de l'Église, de demander aux parents du peuple indigène connu sous le nom de "Premières Nations" le pardon des souffrances infligées au cours de l'histoire. Le philosophe et théologien a fait remarquer qu'il ne fallait pas oublier que l'État canadien était responsable de l'éducation et qu'il commandait les écoles confessionnelles.

    Pas de "rééducation" forcée

    Ce dont l'Église est accusée est largement indéfendable, a souligné M. Munoz. Il n'y a certainement pas eu d'"imposition" de la culture chrétienne, puisque les indigènes étaient chrétiens depuis longtemps, avec leur propre clergé indigène depuis le milieu du 17e siècle. "Les missionnaires étaient extrêmement prudents avec la culture des indigènes. Le fait qu'ils parlent encore leur langue aujourd'hui est principalement dû aux prêtres catholiques", dit-il. De même, l'enseignement dans les pensionnats catholiques se faisait principalement dans les langues indigènes.

    Au début des écoles indigènes, les familles y envoyaient volontairement leurs enfants, ce qui permettait une meilleure alimentation, une protection contre le froid en hiver et l'apprentissage d'un métier. En 1920, le Canada a introduit l'enseignement obligatoire. Même après cela, l'Eglise n'a pas eu recours à la force de la police pour emmener les enfants, comme certains le prétendent, a déclaré M. Munoz. "Mais il y a des rapports selon lesquels certains élèves sont tombés malades de la tuberculose et les tribus ne voulaient plus envoyer leurs enfants à l'école par peur de l'infection." Un examen médical d'entrée pour les nouveaux élèves a été introduit en conséquence, a-t-il dit.

    Cause de mortalité : principalement des infections

    En tout état de cause, la tuberculose - pour laquelle la vaccination n'a été introduite au Canada que vers 1950 - et surtout la pandémie de grippe espagnole de 1918 à 1920 ont également été la principale cause de décès des enfants dont les corps sont aujourd'hui en cause, a souligné le publiciste canadien. Au lieu d'être enterrés dans des "fosses communes", les morts étaient enterrés dans leurs propres tombes, chacune avec sa propre croix. Le fait que les noms n'aient pas été écrits dessus était un respect pour une tradition indigène correspondante, a déclaré Muñoz. Cependant, les noms des personnes décédées ont été enregistrés dans les dossiers - "ce qui ne serait jamais arrivé dans le cas d'un véritable génocide".

    M. Munoz n'a pas nié qu'il y ait eu des cas d'abus sexuels sur des enfants dans les pensionnats, en plus d'une violence dans l'éducation très discutable du point de vue actuel - qui était autrefois répandue dans toutes les écoles. Une réévaluation est importante ici, mais il faut aussi faire la différence : "Les cas d'abus connus aujourd'hui dans l'Église catholique du Canada concernent principalement les années 1970 et 1980, alors que les écoles indigènes étaient déjà en voie de disparition." Établir un lien direct avec les cadavres des enfants n'est pas approprié, a-t-il dit.

    Déjà 52 incendies d'église

    Le scientifique, blogueur et auteur catholique, qui enseigne dans plusieurs universités au Canada, aux États-Unis et en Argentine, est très préoccupé par les conséquences du récit sur le corps des enfants, qui repose sur des exagérations. Par exemple, a-t-il dit, 52 églises ont déjà été incendiées et, dans certains cas, réduites en cendres au Canada au cours des deux derniers mois, y compris des églises historiques dans des réserves autochtones et des lieux de culte appartenant à des communautés de migrants de diverses confessions. "Le gouvernement n'a rien fait jusqu'à présent pour mettre un terme à cette situation ou pour enquêter sur ce qui se passe et découvrir qui sont les auteurs de ces actes", s'est plaint M. Muñoz.

  • L'histoire des pensionnats du Canada

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    Du Dr. Douglas Farrow sur le Catholic World Report (*) (traduction avec https://www.deepl.com/translator) :

    L'histoire des pensionnats du Canada

    Les organisations religieuses qui ont géré les pensionnats sont-ils les vrais coupables, comme beaucoup le supposent ? Un examen attentif montre que cette supposition est erronée.

    13 juillet 2021

    Le sentiment est une chose dangereuse. La vérité et la réconciliation souffrent toutes deux de son instrumentalisation".

    Au cours des quinze dernières années, une douzaine d'églises au Canada, dont beaucoup étaient au service des populations autochtones, ont été incendiées. Une douzaine d'autres, la plupart dans des contextes non autochtones, ont été vandalisées. "Brûlez tout", a tweeté le directeur de l'Association des libertés civiles de Colombie-Britannique, sous les acclamations de la communauté juridique elle-même.

    Le chaos s'est installé après la découverte des restes de centaines de jeunes autochtones, enterrés près des pensionnats dans lesquels ils étaient inscrits en vertu d'une politique soutenue par la Loi sur les Indiens de 1876, dont les amendements de 1894 et 1920 ont rendu obligatoire la fréquentation des pensionnats ou des écoles industrielles pour ceux qui n'avaient pas accès aux écoles de jour. La dernière de ces écoles, dont beaucoup étaient gérées par l'Église catholique, a fermé ses portes en 1996. Pendant plus d'un siècle, environ 140 000 enfants sont passés par ces écoles. Plus de quatre mille d'entre eux - peut-être jusqu'à dix mille - sont décédés pendant qu'ils les fréquentaient ou sont morts peu après.

    Comment cela est-il possible ? Qui est responsable ? Les organisations religieuses qui administraient les pensionnats sont-elles les véritables coupables, comme beaucoup le supposent ? Un examen attentif montre que cette supposition est erronée. Comme nous le verrons, la tragédie et les crimes qu'elle a entraînés - des crimes que certains qualifient à tort de génocide - ont commencé par la violation des droits parentaux imposée par le gouvernement, une erreur qui se répand à nouveau aujourd'hui.

    Une politique progressiste

    Au moment de sa mise en place, la politique des pensionnats était considérée comme une politique progressiste. Un ministre méthodiste, Egerton Ryerson (1803-82), a été nommé surintendant principal de l'éducation pour le Haut-Canada en 1844. Il a introduit les commissions scolaires, les manuels scolaires standardisés et l'éducation gratuite pour tous. Le ministère des Affaires indiennes a rapidement fait appel à ses conseils et a commencé à utiliser ses méthodes afin d'intégrer les enfants autochtones dans le nouveau monde dans lequel ils allaient vivre. Il soutenait que les peuples autochtones devaient recevoir une éducation dans des pensionnats confessionnels exclusivement anglais, un système qui impliquait de déraciner les enfants de leurs foyers et de leurs coutumes tribales.

    Le premier pensionnat, le Mohawk Institute de Brantford, en Ontario, avait ouvert ses portes en 1831. Il était encore imprégné de l'esprit du premier évêque de la Nouvelle-France, saint François de Laval (mort en 1708), qui s'était efforcé, bien avant l'ère Ryerson, de fournir un système complet d'éducation aux peuples dont il avait la charge, et de les protéger contre le commerce de l'alcool et d'autres menaces à leur bien-être. (À cette époque, on amenait les écoles aux autochtones plutôt que les autochtones aux écoles). Au moment de la Confédération en 1867, il y avait huit établissements de ce genre, mais les choses commençaient à changer.

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  • La condition des femmes s'aggrave en Afrique et en Asie

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    D'Anna Bono sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    La condition des femmes s'aggrave en Afrique et en Asie

    21-07-2022

    Selon le rapport annuel du WEF, les inégalités entre hommes et femmes (dans 146 pays) n'ont diminué que de 0,2 point depuis 2021. La faute à la pandémie, certes, mais aussi à l'impact important de certaines régions du monde où les normes tribales et l'islam pèsent lourd. Il faudra 197 ans pour combler l'écart en Asie du Sud.

    Le 13 juillet, le Forum économique mondial (WEF) a présenté au public le Global Gender Gap Index 2022, un rapport qui mesure chaque année depuis 2006 les inégalités entre les hommes et les femmes, au niveau mondial, par nations et par zones géopolitiques, et estime le temps encore nécessaire pour combler le fossé entre les hommes et les femmes et parvenir à une égalité totale. Quatre domaines sont pris en compte : participation et opportunités économiques, éducation, santé et survie, et participation politique. Chaque zone comprend plusieurs paramètres. L'écart dans la sphère économique, par exemple, est analysé en tenant compte de paramètres tels que l'accès au marché du travail, l'écart de rémunération à emploi égal, les revenus du travail et le pourcentage de femmes occupant des postes professionnels hautement qualifiés. 

    L'indice mondial 2022 a été calculé à partir de données collectées dans 146 pays, dont 102 font l'objet d'un suivi continu depuis 2006. Le premier fait à souligner est la différence considérable selon les zones considérées. L'écart le plus proche d'être comblé est celui de la santé, complété à 95,8% (contre 95,7% dans l'indice 2021). Vient ensuite l'enseignement scolaire, achevé à 94,4%, mais en recul de 0,8 point (il était à 95,2%). L'écart en matière de participation économique, tout en s'améliorant de 1,6 point, n'est surmonté qu'à 60,3%, l'écart en matière de participation politique est inchangé à 22%.

    La moyenne générale de réussite est de 68,1%, ce qui représente une amélioration de seulement 0,2 point par rapport à l'année précédente. Les crises déclenchées par la pandémie de COVID-19 et surtout par la manière dont la maladie a été traitée par certains gouvernements ont entraîné un recul du statut des femmes dans de nombreux pays. Dans certains cas, les données indiquent que la pandémie a fait reculer la situation de l'égalité des sexes d'une génération. Par exemple, contrairement à d'autres crises économiques qui ont pénalisé la main-d'œuvre masculine dans le passé, la pandémie a fait perdre beaucoup plus d'emplois aux femmes. Cela s'explique en partie par le fait que de nombreuses femmes ont cessé de travailler pour s'occuper des enfants et des frères et sœurs qui restaient à la maison pendant les périodes de verrouillage total. Aujourd'hui, nombre d'entre eux éprouvent des difficultés à réintégrer le monde du travail. La fermeture des écoles pendant de longues périodes a également eu des répercussions sur le parcours scolaire de nombreuses filles et jeunes femmes qui ne sont pas retournées à l'école à la fin de l'urgence sanitaire : parce que, là où les mariages précoces sont répandus, elles se sont entre-temps mariées, sont devenues mères ou simplement parce que leur famille a décidé de les faire interrompre leurs études. En Asie et en Afrique notamment, lorsqu'un élève abandonne l'école pour une raison quelconque, il lui est plus difficile de revenir si c'est une fille. L'abandon scolaire précoce touche nettement plus les filles.

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  • Le Chili va-t-il renouer avec la Révolution ?

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    De Jean-Baptiste Noé sur Aleteia.org :

    Chili : vers une Constitution d’inspiration communiste ?

    21/07/22

    Le projet chilien de nouvelle Constitution est en rupture avec l’histoire récente du pays et les tentatives de conciliation mises en place depuis 1990. Pour le géopoliticien Jean-Baptiste Noé, ce retour au communisme des années 1970 fait entrer le pays dans une zone de turbulence pour le référendum d’approbation.

    La réforme de la Constitution est l’un des sujets politiques majeurs du Chili, nombreux étant ceux qui veulent revenir sur le texte de 1990. Un processus long et compliqué a été mis en place après les très violentes émeutes de 2019. Un premier texte vient d’être présenté par le nouveau président chilien, qui doit désormais être approuvé par le peuple lors d’un référendum prévu pour le 4 septembre prochain. Les Chiliens ont donc deux mois pour débattre du texte présenté. La campagne s’annonce houleuse, d’autant que le vote sera obligatoire. Une donnée importante, sachant que l’abstention avait dépassé les 50% lors du référendum sur la création d’une assemblée constituante. 

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  • Chine, Etats-Unis, Ukraine... De quel bois se chauffe la diplomatie vaticane ? Les réponses de Mgr Gallagher, le "ministre des affaires étrangères du Vatican"

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    Sur le site de la revue jésuite America, Gerard O'Connell interviewe le "ministre des Affaires étrangères du Vatican", Mgr Paul R. Gallagher :

    Interview : L'archevêque Gallagher parle de la diplomatie du Vatican, de l'Ukraine et de la menace de la Troisième Guerre mondiale

    18 juillet 2022

    L'archevêque Paul Gallagher est le secrétaire du Vatican pour les relations avec les États depuis sept ans et demi. Le 11 juillet, il a accordé une large interview au correspondant du Vatican en Amérique, Gerard O'Connell, dans laquelle il a évoqué la situation géopolitique mondiale, la guerre en Ukraine et les relations entre la Russie et le Vatican.

    Il a également évoqué l'accord provisoire du Saint-Siège avec la Chine sur la nomination des évêques, l'arrestation du cardinal Joseph Zen, l'inquiétude du Vatican concernant la situation en Terre Sainte, les relations entre le Saint-Siège et les États-Unis, l'adhésion du Saint-Siège à la convention des Nations unies sur le changement climatique, la visite du pape au Canada et les éventuelles visites papales dans d'autres pays. Il a conclu en décrivant les développements qu'il aimerait voir dans le monde au cours des deux ou trois prochaines années.

    L'interview est présentée en trois parties.

    Partie I : Un monde en conflit

    S'exprimant depuis son poste d'observation au Vatican et ses rencontres au fil des ans avec des chefs d'État, des ministres de haut rang et des chefs religieux de tous les continents, Mgr Gallagher a exprimé sa profonde inquiétude face aux conflits et à la polarisation des pays du monde entier. "Nous arrivons à une situation très dangereuse dans le monde entier", a-t-il déclaré, "et il ne faudrait pas grand-chose pour que les choses empirent encore" et pour arriver à "un monde en conflit". Il a souligné l'urgence de "faire en sorte que nos institutions multilatérales fonctionnent mieux" et a préconisé un engagement énergique aux niveaux politique, diplomatique et ecclésial "pour guérir" les conflits.

    Il a évoqué la guerre en Ukraine et sa récente visite dans ce pays, ainsi que les relations entre le Vatican et le Kremlin. "Il est difficile de voir une solution à l'horizon", a-t-il déclaré, tout en soulignant la nécessité de "garder vivant l'espoir du dialogue et de la négociation." Il a confirmé que le pape avait l'intention de se rendre à Kiev, peut-être dès le mois d'août.

    En tant que secrétaire aux relations avec les États depuis novembre 2014, vous avez acquis une vue d'ensemble extraordinaire de la situation à travers le monde. Comment lisez-vous la situation géopolitique du monde actuel ?

    Je pense que c'est une situation de conflit et de polarisation sans précédent. Pour en revenir à la première expression du pape selon laquelle nous vivons la "troisième guerre mondiale par morceaux", tout le monde pensait qu'il disait n'importe quoi ou du moins très imprudemment, mais tout s'est avéré exact. L'autre jour, j'ai donné une conférence à un groupe de femmes religieuses, et nous avons pris quatre cartes de différentes parties du monde. J'ai parcouru les pays avec elles, et il était étonnant de constater que presque partout dans le monde, il existe une forme de conflit ; il ne s'agit peut-être pas d'une guerre, mais d'une polarisation sociale ou d'un conflit entre différents systèmes politiques au sein d'un pays.

    Mais, certainement, la chose la plus inquiétante, le vrai danger est que vous avez des centres de conflit dans le monde entier, et il y a un danger que vous ayez une sorte d'infection croisée et que tous les points se rejoignent soudainement, et nous nous retrouvons dans un monde en conflit, pas seulement des régions ou des pays et des continents, mais un monde en conflit. Je pense que c'est la réalité d'aujourd'hui. Je pense que c'est ce à quoi nous devons travailler, que ce soit au niveau politique, diplomatique ou ecclésial, nous devons reconnaître la réalité de ce conflit et essayer de le guérir.

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