De Jonathan Liedl sur le National Catholic Register :
Retour aux années 60 ? L'Académie pontificale pour la vie pousse à s'écarter de la doctrine sur la contraception sexuelle
Un document rompt avec cinq décennies d'enseignement papal post-conciliaire ; ses partisans pressent le Pape François de rendre ses revendications officielles.
13 juillet 2022
Il y a cinquante-cinq ans, le pape Paul VI promulguait Humanae Vitae, une encyclique qui clarifiait sans équivoque l'opposition permanente de l'Église à la contraception artificielle. Bien que cet enseignement se soit heurté à la résistance de plusieurs théologiens et même d'évêques à l'époque, il a été réaffirmé et développé par les enseignements papaux ultérieurs, depuis Evangelium Vitae de saint Jean-Paul II jusqu'à la version actuelle du Catéchisme de l'Église catholique récemment révisée par le pape François, qui décrit cette pratique comme "intrinsèquement mauvaise".
Aujourd'hui, un institut du Vatican, ironiquement créé à l'origine par le grand pape et saint polonais décédé, pousse à un "changement de paradigme" dans la théologie morale qui inclurait un abandon de l'enseignement établi sur la contraception, mais aussi sur l'euthanasie et les formes de conception artificielle.
Les révélations sont incluses dans un texte récent publié par l'Académie Pontificale pour la Vie (APV), un groupe de réflexion ecclésial établi par Saint Jean Paul en 1994 pour étudier et fournir des conseils "sur les principaux problèmes de la biomédecine et du droit, relatifs à la promotion et à la défense de la vie, surtout dans la relation directe qu'ils ont avec la moralité chrétienne et les directives du Magistère de l'Eglise".
L'APV vient de publier 'Theological Ethics of Life : Scripture, Tradition, and Practical Challenges', une synthèse de 528 pages des actes d'un séminaire théologique organisé par l'APV en 2021; elle la décrit comme "une contribution qui élabore une vision chrétienne de la vie en l'exposant dans la perspective d'une anthropologie appropriée à la médiation culturelle de la foi dans le monde d'aujourd'hui".
"Un changement radical"
L'introduction du texte, rédigée par Mgr Vincenzo Paglia, président de l'Académie depuis 2016, décrit le "changement de paradigme" de la théologie morale qu'il introduit comme "à la fois descriptif et conceptuel, car il suit un schéma à la fois argumentatif et narratif, théorique et sapientiel, phénoménologique et interprétatif."
"Le texte opère un changement radical, passant pour ainsi dire de la sphère au polyèdre", écrit Mgr Paglia. "Il ne s'agit pas d'un manuel de formules ou d'un catalogue de cas qui peuvent être sortis du contexte de l'argumentation globale. Il s'agit plutôt d'une exposition fondamentale de la vision chrétienne de la vie, illustrée dans ses aspects existentiels les plus pertinents pour la nature dramatique de la condition humaine et abordée dans la perspective d'une anthropologie appropriée à la médiation culturelle de la foi dans le monde d'aujourd'hui."
Une partie de ce changement par rapport aux approches précédentes de la théologie morale est liée, selon le texte, aux critères directeurs du "dialogue élargi", qui incorpore intentionnellement les perspectives non seulement de diverses positions théologiques, mais aussi de non-catholiques et de non-croyants.