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Actualité - Page 294

  • Deux critères pour réutiliser au mieux les églises fermées

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso (traduction de Diakonos.be)

    Églises fermées. Deux critères pour les réutiliser au mieux

    Marcel Proust était prophétique quand il voyait, en 1904 déjà, bien trop d’ « églises assassinées » par décision du gouvernement français qui les transformait « selon leur bon plaisir en musées, salles de conférences ou en casinos ». Aujourd’hui en France, il y a même pire, avec trois églises incendiées en moins d’une semaine, en janvier dernière, au terme d’une série d’actes hostiles contre les lieux de culte dont la seule faiblesse est d’être sans cesse plus vides de fidèles.

    Plus que d’agressions, des milliers d’églises en Europe souffrent de l’abandon. Avec toujours moins de catholiques à la messe, elles se retrouvent vides. Et elles finissent donc par être fermées. En Allemagne, aux Pays-Bas, en Belgique, les chiffres donnent le vertige. Mais en Italie aussi, le nombre d’églises désaffectées est en augmentation. Ici, au moins, les églises appartiennent non pas à l’État mais à l’Église et elles jouissent donc d’une tutelle spontanée et durable de la part de leurs communautés diocésaines et paroissiales respectives. Mais quand ces communautés s’étiolent et disparaissent, c’est la fin pour leurs églises respectives. Elles risquent sérieusement d’être vendues et de se retrouver sur le marché, transformées par exemple en supermarchés ou en discothèques, ou à tout le moins en quelque chose d’opposé à leur raison d’être.

    Au Vatican, certains ont essayé de trouver des solutions pour remédier à cette situation. À la fin de l’année 2018, le Conseil pontifical de la culture présidé par le cardinal Gianfranco Ravasi avait organisé un colloque à la Grégorienne avec des délégués des évêchés d’Europe et d’Amérique du Nord sur le thème : « Dio non abita più qui ? » [Dieu n’habite-t-il plus ici ?]. Ce colloque a permis de faire émerger des « lignes directrices » qui déconseillaient « des réaffectations commerciales à but lucratif » et qui encourageaient en revanche des « réaffectations solidaires », à finalité « culturelle ou sociale » : musées, salles de conférences, librairies, bibliothèques, archives, laboratoires artistiques, centres Caritas, dispensaires, réfectoires pour les pauvres, et autres. Restant sauve « la transformation en logements privés » dans le cas « d’édifices plus modestes et dépourvus de valeur architecturale ».

    Mais plus de quatre ans après ce colloque, le risque continue à peser toujours plus lourdement. Le nombre d’églises désaffectées est en croissance accélérée, avec l’exigence encore plus forte d’identifier des critères de réaffectation qui aient du sens.

    C’est ce que tente de faire le père Giuliano Zanchi dans le dernier numéro de « Vita e Pensiero », la revue de l’Université catholique de Milan. Le P. Zanchi est prêtre du diocèse de Bergame, professeur de théologie et directeur de l’autre mensuel de la même université, la « Rivista del Clero Italiano », c’est un grand expert d’art et de thèmes liés à la frontière entre esthétique et sacré.

    Dans un article intitulé « Diversamente chiese, la posta in gioco » [églises autrement, les enjeux], le P. Zanchi suggère de suivre deux critères en matière de réaffectation des églises qui ont cessé d’être utilisées pour le culte mais qui « souhaitent se reproposer à la vie civile dans une fonction de carrefour culturel et de seuil spirituel ».

    Le premier critère, écrit-il, est celui qui « capitalise sur la dignité artistique normalement liée aux édifices historiques qui, dans l’actuel esprit du temps défini comme ‘post-sécularisme’, a acquis universellement la faculté d’agir en tant que repère de transcendance ».

    Ceci parce que « les formes de l’art, et particulièrement celles qui raniment la fascination des périodes de gloire de la culture occidentale, se présentent comme un culte laïc qui hérite clairement des fonctions autrefois remplies par la dévotion religieuse ».

    C’est une fascination qui touche « aussi le citoyen agnostique de la cité contemporaine ». Il y a en effet un « culte social de l’art, qui a ses propres sanctuaires, ses liturgies, ses prêtres, ses mythes, ses sacrements, ses pèlerinages et ses fêtes de précepte » qui à leur tour, tout comme la musique, le cinéma, la littérature, « délimitent un espace particulièrement hospitalier d’un univers de pensée commun et partagé ».

    Pour le dire autrement, « le sacré historique de nombre d’édifices religieux qui ne sont plus utilisés comme lieux de la liturgie a toutes les qualités pour pouvoir héberger ces besoins sociaux bien enracinés et pour être candidats à jouer le rôle de véritables carrefours d’une ‘fraternité culturelle’ dans laquelle animer, dans le respect du débat, des échanges d’idée, de la pluralité et de l’hospitalité, un sens commun de l’humain ».

    Le second critère, poursuit le P. Zanchi, consiste en revanche en « ce besoin typique de la cité contemporaine » de disposer d’espaces-frontières, de seuils, « en mesure de nous renvoyer vers la profondeur et la transcendance, un rôle qui, faute de mieux, est habituellement rempli par les théâtres, les musées, les bibliothèques et d’autres lieux d’un dépassement non utilitariste ».

    Les églises en activité remplissent déjà ce dépassement, ce « désir de spiritualité », même pour celui qui n’y entre pas ou qui est étranger au culte qu’on y célèbre. Mais il faudrait également le maintenir vivant même dans les églises désaffectées.

    Le P. Zanchi écrit : « Dans nos villes, qui restent impitoyablement horizontales, même quand on construit des gratte-ciels qui défient les cieux, nous avons besoin d’espaces susceptibles d’être franchis comme des ‘seuils spirituels’ et qui vivent d’un élan vertical même quand ils restent cachés au rez-de-chaussée de la vie urbaine. Maintenir de toutes les façons possibles cette fonction serait, pour de nombreuses églises désaffectées au culte, un destin cohérent avec leur nature, dans les manières concrètes avec lesquelles tout cela pourrait se produire ».

    Ces deux critères, poursuit le P. Zanchi, « peuvent se croiser entre eux » et l’Église devrait faire tout son possible pour les mettre en pratique elle-même, de sa propre initiative. En effet, si elles sont bien utilisées, ces reliques d’églises pourraient offrir « des espaces de symbolique forte encore en mesure de recueillir, de rassembler, de réunir, autour des besoins que tous ressentent que personne ne voit ».

    Naturellement, tout en sachant bien que, pour y parvenir, la « condition préalable essentielle » c’est qu’il y ait dans l’Église « une vision pastorale spirituellement libre et capable d’imagination, qui ait le sens de la perspective, le talent de la créativité et d’une vision fraternelle de sa propre présence dans le monde ».

    « Et sur ce sujet », conclut le P. Zanchi, « le catholicisme semble encore hésitant ». En Italie et ailleurs.

  • La fête de la Saint-Valentin masque le grand vide qu'a laissé derrière lui le chambardement affectif des années post 68

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    Dans Valeurs Actuelles, l’abbé Danziec souligne que la fête de la Saint-Valentin masque le grand vide laissé par Mai 68  (archive 2020) :

    [Chronique] Père Danziec – La « Saint-Valentin » ou l’imposture de la révolution sexuelle

    Sous des dehors de tendre complicité, voire de messages suggestifs, la célébration de la fête des amoureux masque surtout, selon le Père Danziec, le grand vide qu’a laissé derrière lui le chambardement affectif des années post 68. Etat des lieux.

    Il n’y a pas que les bijouteries Swarovski ou les franchises comme Interflora qui flirtent avec la Saint-Valentin. Même Castorama trouve dans la fête des amoureux de quoi inspirer ses opérations commerciales. Dans une vidéo décalée, l’enseigne de bricolage et de décoration vous propose un véritable kit d’urgence si jamais l’envie vous prend de « reconquérir votre ex »… « Des tournevis pour briser la glace »« des chiffons pour passer l’éponge »« du ruban adhésif pour recoller les morceaux »« des sets de table pour remettre le couvert »« des bougies pour raviver la flamme » : toute une gamme de produits à petit prix pour revivre le grand amour. Si le procédé est original, on doute bien évidemment du résultat.

    Un bouleversement anthropologique

    Car pour expérimenter le grand amour, encore faudrait-il savoir de quoi l’on parle. Dans le refrain de l’un des tubes de son 3ème album – Ne s’aimer que la nuit – le chanteur Emmanuel Moire s’interroge justement : « On pourrait faire l’amour. Mais l’amour, c’est fait de quoi ? » La question révèle tout le drame des relations intimes de notre temps. Et le tragique de la Saint-Valentin en 2020. L’ancien vainqueur de Danse avec les stars, sans le savoir probablement, met le doigt sur l’une des plus graves contradictions de la postmodernité. Doté de capacités extraordinaires, l’homme se trouve en même temps dessaisi du sens des choses. Les progrès développent comme jamais son pouvoir sur la nature mais, en le coupant du réel, ils infantilisent inéluctablement sa raison. Et troublent ses repères. Tel un monarque immature, les décisions de l’homme postmoderne le muent en irresponsable ou en despote, c’est selon. La révolution sexuelle pensait délivrer les désirs humains de leurs contraintes naturelles ou sociales. Elle aura surtout passablement abimé la qualité de leur réalisation. L’ère de la contraception, de l’amour libre et de la décontraction morale a opéré un bouleversement anthropologique majeur dans les relations humaines, et dans ce qu’elles ont de plus intime. Toutes les révolutions ont leur retour de bâtons. La facilité déconcertante avec laquelle est envisagée aujourd’hui l’union de deux êtres dit beaucoup de l’insoutenable légèreté de notre société sur des sujets aussi lourds et sérieux que peuvent être ceux de l’amour, de la fidélité ou de la prévenance de cœur. Non, il n’y a rien d’anodin à déshabiller son être. On ne fait pas l’amour comme l’on fait un gâteau ou un château de sable. Pas plus qu’on ne « fait » la fête ou un enfant. On célèbre quelque chose ; et en cela on offre à l’amour toute sa majesté. On se rencontre, on se retrouve. On échange et on se communique. Dans les choses les plus ordinaires du quotidien comme dans le secret d’une relation. Dans la délicatesse comme dans la tendresse. On se donne d’une façon spéciale. On se transporte aussi. Au final, surtout, on s’élève. Et cela s’apprend. Non pas techniquement, à coup de cours d’éducation sexuelle ou d’objets coquins sensés pimenter ce qui devrait être déjà sublime en soi. Sinon à perdre son âme, l’amour ne saurait devenir un produit de consommation. Imagine-t-on un seul instant le prince charmant assis sur la margelle d’une fontaine proposer à Cendrillon un coup d’un soir ? L’amour, ce ne peut être s’aimer que la nuit. C’est s’aimer pour toujours. La nuance est de taille.

    Les fruits amers de la libéralisation des mœurs : scandales à répétition et prolifération de célibataires

    Le 9 février dernier, lors de ses grands entretiens sur la chaine parlementaire (LCP), Maïtena Biraben a ainsi recueilli sur son divan les confidences de Brigitte Lahaie. Invitée particulière parce qu’ancienne actrice de film pour adultes dans les années 70, celle qui est désormais une animatrice parmi d’autres sur Sud Radio s’inquiète : « Je pense vraiment que si les gens étaient plus heureux dans leur vie amoureuse, la société irait mieux. » Mais comment cette dernière pourrait-elle aller mieux quand on la prive de toute transcendance et que l’on nie à cette vie amoureuse les exigences liées à sa survie ? Aimer son conjoint, aimer son pays, aimer sa famille, aimer son Seigneur imposent des sacrifices et réclament fidélité. L’appétit de l’autre, la complétude que l’on trouve dans la fusion des cœurs demande un pas à pas, une approche lente et progressive, un dévoilement prudentiel. Tout le contraire du déshabillage empressé, de « la hâtive et irrépressible jouissance, la brûlure que donne au corps le seul contact d’un corps, le plaisir gâché et gaspillé » dont parle Brasillach avec un indéniable talent dans l’une des plus belles pages de son roman Les Sept Couleurs. Le monde érotisé ne rend pas les gens davantage heureux. Le tout sexuel réduit l’amour humain à sa pesanteur terrestre quand, au contraire, sa dimension charnelle devrait lui donner des ailes.

    La Saint-Valentin, loin de célébrer l’amour vrai, exploite les passions humaines pour mieux en tirer profit. Et se rire d’elles ensuite. Or l’ironie de l’amour libéré est sévère. 50 ans après mai 68, à l’heure de tous les possibles et de toutes les permissivités, l’état de l’amour dans la société, entre scandales à répétition et prolifération des célibataires, laisse à désirer. Plutôt que de jouir sans entrave, il est temps de rappeler qu’il s’agit plutôt d’aimer sans limite. Jusqu’à l’oubli de soi. Jusqu’au don de sa vie. Et parfois même son sacrifice. Le sublime ou un ouvrage intime nécessite des efforts, du courage, de l’abandon. De la patience aussi. Si Rome ne s’est pas faite en un jour, l’amour ne saurait se dessiner en une nuit. Il est le travail d’une vie. Et selon saint Jean de la Croix, nous serons même jugés sur lui.

  • Les Syriens abandonnés

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    De François Brousseau sur le site du Devoir :

    L’abandon des Syriens

    13 février 2023

    Un malheur n’arrive jamais seul. L’adage s’applique tragiquement aux Syriens frappés aujourd’hui par ce séisme.

    Certes, plus de 80 ou 85 % des décès rapportés à la suite des séismes des 6 et 7 février, selon des décomptes encore officieux qui vont changer, l’ont été du côté turc de la frontière turco-syrienne.

    Il n’est pas question de minimiser la gravité de ce drame pour la Turquie et les Turcs. Mais au moins, la Turquie a un État à peu près fonctionnel, même corrompu et autoritaire. Dans les heures qui ont suivi le séisme, elle a vu des secouristes de plusieurs dizaines de pays accourir pour tenter de sauver des vies alors qu’il en était encore temps. La Turquie a des alliés, elle est membre de l’OTAN (même comme « mouton noir »). C’est un pays relativement accessible, y compris aux médias étrangers ; la couverture de la tragédie y a été étendue.

    Rien de tel en Syrie. Le pays est un État paria, mafieux, dysfonctionnel, au ban de la communauté internationale, soumis à des sanctions et à une forme de blocus qui l’isole du reste du monde. Un État incapable — ou peu désireux — d’aider les populations touchées, surtout lorsqu’elles se trouvent dans des zones échappant à son contrôle.

    Dans la partie « syrienne » touchée par le séisme, le territoire est militairement fragmenté. La frontière nord est presque hermétiquement fermée.

    À l’extrême ouest, c’est l’ultime bastion djihadiste, à Idlib et aux alentours, où se sont accumulés les déplacés, au fil des défaites de la rébellion : des millions de personnes à la merci des aléas de l’aide humanitaire.

    Plus à l’est, il y a des zones sous contrôle turc (armée ou milices associées) et, au-delà, le gouvernement autonome kurde. Au sud-ouest de la région sinistrée, ce sont les zones gouvernementales : Hama, Lattaquié et surtout Alep, martyre de la guerre (destruction d’Alep-Est en 2016 par les forces du régime et l’aviation russe), durement touchée de nouveau.

    Devant cette catastrophe à cheval sur une frontière, on tend à oublier le côté syrien du drame. Et même quand on ne l’oublie pas… que faire, et comment ?

    Le responsable des secours de l’ONU, Martin Griffiths, l’a reconnu lui-même ce week-end : « Jusqu’à présent, nous avons fait défaut aux gens du nord-ouest de la Syrie. Ils se sentent à juste titre abandonnés ; nous devons corriger cet échec au plus vite. »

    La Syrie, c’est une série de drames empilés les uns sur les autres. Une guerre presque terminée mais pas complètement, avec des bombardements occasionnels qui continuent. La petite ville de Marea, sous contrôle turc, à quelques kilomètres de la frontière, a subi mardi — au lendemain du séisme ! — des tirs de roquettes à l’origine obscure : régime de Damas ? Forces kurdes ?

    Un pays dans les ruines fumantes de la guerre avec ses séquelles : appauvrissement général, infrastructures démolies, absence de l’État et de toute reconstruction. Plus les épidémies, COVID mais aussi choléra… et maintenant le tremblement de terre, catastrophe dans la catastrophe.

    L’acheminement de l’aide humanitaire est un casse-tête, un jeu du chat et de la souris. Qui est responsable des blocages ? Question complexe.

    Les sanctions occidentales, comme le répètent le régime et de nombreux citoyens de bonne foi, exaspérés par leur misère, voyant que le régime n’en souffre pas ? Mais l’aide humanitaire est explicitement exclue des restrictions. La source principale des aides (insuffisantes) qui passent par le nord depuis des années est européenne et américaine.

    Qui limite au strict minimum l’ouverture des points de passage humanitaires au nord (Bab al-Hawa) ? C’est Damas, soutenu au Conseil de sécurité par la Russie, invoquant un « viol de souveraineté ». La Turquie n’est pas innocente non plus.

    L’autre solution pour l’acheminement, c’est de passer par le sud, par Damas, où le régime prélève depuis des années sa « dîme » sur les rares dons humanitaires, quand il ne les confisque pas carrément. D’où la méfiance des donateurs : mais est-ce que ça se rendra seulement aux gens qui en ont besoin ?

    Le Monde rapportait ce week-end, dans un reportage déchirant côté syrien, que des soldats russes (plusieurs dizaines de milliers sont toujours en Syrie) patrouillent dans des zones dévastées (Lattaquié), mais sans intervenir dans les secours, frustrant la population locale. Que font les Russes ? Que font les Iraniens, censés être solidaires du peuple syrien ?

    Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, un convoi de plusieurs dizaines de camions provenant de la zone kurde (où se trouvent également quelques centaines de militaires et conseillers américains) aurait été longuement bloqué vendredi et samedi. Ce seraient apparemment des forces pro-turques… qui, à cause de leur propre guerre contre les Kurdes, empêchent des civils décimés de recevoir l’aide qui pourrait les sauver.

    L’isolement, l’oubli et l’impasse des Syriens, dans ce drame, sont à pleurer.

    François Brousseau est chroniqueur d’affaires internationales à Ici Radio-Canada. francobrousso@hotmail.com

  • L'Eglise de Bruxelles au pied du mur

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    De Bosco d'Otreppe sur la Libre de ce 13 février 2023 :

    Face au manque de prêtres, les paroisses de Bruxelles doivent se réorganiser

    extraits

    ... l’Église de la capitale (est jetée) dans une nouvelle ère : au vu du manque de vocations, le temps n’est plus au regroupement des paroisses comme il y a dix-huit ans. Les catholiques doivent désormais fondamentalement repenser l’organisation des unités pastorales (qui rassemblent les paroisses). Il est donc (presque) fini, le temps où celles-ci s’articulaient autour de la figure d’un prêtre - pièce maîtresse de l’organigramme - qui déléguait quelques missions aux laïcs. (...)

    Certes, Mgr Kockerols pourrait transférer des prêtres venus d’autres diocèses ou d’autres pays (et c’est encore ce qu’il fait). Mais il faut aller plus loin, assure-t-il : les structures institutionnelles de l’Église sont à bout de souffle, elles ne correspondent plus à la réalité du terrain, l’heure n’est plus à boucher des trous qui se multiplieront. (...)

    Pour pérenniser, renforcer et unir ces initiatives, l’Église devra choisir ses fronts, note en substance Luc Terlinden, vicaire général de l’archidiocèse de Malines-Bruxelles. La réflexion sur l’organisation des paroisses ira donc de pair avec une lente, mais "inéluctable", réduction du nombre de clochers. Le système des unités pastorales qui regroupent quatre ou cinq clochers est transitoire. Bien que trouver une nouvelle affectation pour un lieu de culte ne soit pas toujours facile, "certains fermeront et nous allons vers la mise en avant de plusieurs grands pôles missionnaires [rayonnants, NdlR], poursuit Luc Terlinden. Nous ne pourrons plus tenir le maillage territorial qui s’est tissé ces derniers siècles. (...)

    Il paraît loin, le mitan du XXe siècle au cours duquel l’Église inaugurait une basilique nationale, parmi les plus grandes du monde, sur le sommet de Koekelberg. Désormais, elle bûche pour lui trouver un curé. ...

  • Les ricanements de ceux qui dénigrent "Vaincre ou mourir" et qui croient que les vaincus n’ont pas le droit d’être fiers

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    De Guillaume Perrault sur le site du Figaro via artofuss.blog :

    Guerre de Vendée: ces vérités qui dérangent

    11 février 2023

    GRAND RÉCIT – Le film «Vaincre ou mourir», de Paul Mignot et Vincent Mottez, a heurté ce qui demeure un tabou dans une partie de l’opinion: dépeindre les guerres de Vendée du point de vue des insurgés. Le film, pourtant, rend compte fidèlement d’une plaie béante de l’histoire de France.

    Le film Vaincre ou mourir, qui décrit les guerres de Vendée du point de vue des insurgés et en dépeignant le chef le plus flamboyant de «l’armée catholique et royale», Charette, a suscité des attaques hargneuses mais a aussi rencontré son public. La bataille des mémoires autour des guerres de Vendée dure depuis plus de deux siècles et les controverses sur les responsabilités des tueries de civils n’ont pas cessé depuis la chute de Robespierre (juillet 1794) et la fin de la Terreur. Reste qu’un accord devrait pouvoir se dégager, dans une démocratie mature, pour respecter et faire connaître des faits avérés et d’une exceptionnelle gravité. Les ricanements suscités par Vaincre ou mourir prouvent que, dans certains secteurs de l’opinion, le refus de savoir subsiste. En contraignant à affronter des vérités qui dérangent toujours, ce film aura donc fait œuvre utile et méritoire.

    À lire aussi : Vaincre ou mourir: le Puy du Fou raconte le général Charette et la guerre de Vendée pour son premier film

    L’insurrection vendéenne naît en mars 1793 comme une révolte contre la conscription. En réaction aux défaites militaires aux frontières (la France révolutionnaire avait déclaré la guerre à l’Autriche, liée par une alliance à la Prusse, puis à l’Angleterre, la Hollande et l’Espagne), la Convention a décidé, le mois précédent, la levée de 300.000 jeunes hommes à tirer au sort parmi les célibataires de chaque commune. Les maires sont chargés d’assurer la désignation des conscrits. La décision de Paris provoque des résistances paysannes voire des débuts de sédition dans de nombreuses régions, mais celles-ci sont bientôt réprimées. Il en va autrement dans ce qu’on appellera bientôt « la Vendée militaire », territoire bien plus vaste que l’actuel département du même nom. La région insurgée regroupe le sud de la Loire-Atlantique, le sud-ouest du Maine-et-Loire, les deux tiers nord de la Vendée d’aujourd’hui et le nord-ouest des Deux-Sèvres. Le bocage vendéen et les Mauges, qui forment un ensemble d’une centaine de kilomètres de côté, en constituent l’épicentre. C’est ce territoire, à cheval sur l’Anjou, le Poitou et les confins de la Bretagne, qui va se soustraire, quelques mois, à l’autorité de la Convention.À Cholet, où a fleuri l’industrie textile, de jeunes paysans et tisserands des environs envahissent la petite ville et tuent le commandant de la garde nationale, manufacturier « patriote »

    Le drame commence début mars 1793, alors que les tirages au sort se préparent dans les communes. À Cholet, où a fleuri l’industrie textile, de jeunes paysans et tisserands des environs envahissent la petite ville et tuent le commandant de la garde nationale, manufacturier «patriote» (le terme, à l’époque, désigne les partisans de la Révolution). La violence gagne la partie ouest du bocage, dans le marais breton-vendéen. La bourgade de Machecoul est occupée par des milliers de paysans, qui tuent 15 à 25 « patriotes » les 11 et 12 mars, puis 80 à 120 prisonniers républicains à partir du 27 mars en représailles de l’exécution de 100 à 200 prisonniers « blancs » à Pornic. Au nord, près de la Loire, des ruraux s’emparent de Saint-Florent-le-Vieil. Le 19 mars, 3.000 soldats républicains, partis de La Rochelle pour Nantes, sont mis en déroute à Pont-Charrault. La jacquerie est devenue une insurrection.

    À VOIR AUSSI – «Pas comédien pour faire de la politique»: Hugo Becker répond à la polémique autour de Vaincre ou mourir

    «Pas comédien pour faire de la politique»: Hugo Becker répond à la polémique autour de Vaincre ou mourir

    À lire aussi : Vendée, l’épopée des géants

    Rien ne distinguait pourtant l’esprit public de ce qui deviendra la Vendée militaire des attentes du reste de la France, à la veille de la Révolution, si l’on en croit les Cahiers de doléances rédigés lors de l’hiver 1788-1789. La région a vu mourir sans regret l’antique édifice féodal lors de la nuit du 4 août 1789. Mais la situation s’est très vite dégradée. Les administrateurs des nouveaux départements et districts, partisans et relais du nouveau régime, étaient, aux yeux des ruraux, ses principaux bénéficiaires. N’avaient-ils pas été les acquéreurs empressés des propriétés du clergé nationalisées, les fameux biens nationaux, qui privaient l’Église des moyens d’assurer son rôle social et éducatif traditionnel ?

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  • Selon les ordres de la Rome pontificale , la chasse aux « Tradis » continue…

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    De Solène Tadié dans le National Catholic Register

    10 février 2023

    Pourquoi le Vatican a-t-il ordonné une visite apostolique du diocèse de Toulon ?

    « À première vue, une paire d'interventions directes de Rome dans l'administration d'un diocèse français connu pour ses vocations florissantes semble déroutante.

    Cette semaine a vu un nouveau coup dur pour le diocèse de Toulon-Fréjus, aujourd'hui le plus grand pôle d'attraction des vocations sacerdotales en France :

    Dans une déclaration du 7 février, la nonciature apostolique en France a annoncé la décision du Dicastère pour les évêques "par mandat du pape François", d'ordonner une visite apostolique du diocèse, qui est situé dans la région du Var, dans le sud-est de la France.

    La brève déclaration conseillée à l'intervention du Vatican découle du constat d'"un certain nombre" de difficultés non précisées, et s'inscrit dans le prolongement de la visite fraternelle de novembre 2020 effectuée par l'archevêque métropolitain Jean-Marc Aveline de Marseille.

    A la différence de cette visite pastorale antérieure, la visite apostolique est définie comme "extraordinaire" parce qu'elle est effectuée par une autorité en dehors des normes de la communauté ou du diocèse, dans le cadre d'une mission temporaire axée sur la résolution de problèmes spécifiques. Elle sera dirigée par Mgr Antoine Hérouard de Dijon.

    Cette annonce fait également suite à la décision sans précédent du Vatican, en juin 2022, de suspendre jusqu'à nouvel ordre les ordinations sacerdotales et diaconales dans le diocèse.

    À première vue, cette paire d'interventions directes de Rome dans l'administration d'un diocèse français connu pour ses vocations florissantes peut sembler déroutante, surtout compte tenu de la pénurie de vocations ailleurs en France. Alors pourquoi le Vatican a-t-il jugé nécessaire d'intervenir avec autant de force ?

    Des sources proches du dossier pointent quant à elles des problèmes de gestion ecclésiastique liés à la « logique du nombre » suivie par Mgr Dominique Rey depuis sa prise de fonction à Toulon-Fréjus dans les années 2000, et à une trop grande permissivité envers les communautés traditionalistes à la suite du motu proprio Traditionis Custodes du Pape François  qui en 2021 a imposé de nouvelles restrictions à la célébration de la messe traditionnelle en latin.

    Problèmes de discernement

    Selon les derniers chiffres publiés sur l'Annuaire pontifical 2022 cités par le site suisse Cath.ch, fin 2021, le diocèse comptait 215 prêtres incardinés, ce qui représente une augmentation par rapport à l'année 2000 (187) et dépasse même le nombre 1950 (210).

    Mais des questions sont associées à ces chiffres apparemment impressionnants en une période de crise accablante des vocations sacerdotales en France - surtout à la lumière du fait qu'un nombre élevé d'abandons du ministère sacerdotal ont également été observés dans le diocèse, selon le site Internet de l'Église catholique suisse.

    Mgr Rey, issu de la charismatique communauté de l'Emmanuel, a parfois été accusé d'accueillir indistinctement des prêtres et des communautés ecclésiales de nombreux pays différents, entraînant dans certains cas des échecs attribués à un "manque de discernement" et à un "manque de suivi". de la part de l'évêque, comme l' a souligné l'expert du Vatican Jean-Marie Guénois dans le journal français Le Figaro .

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  • Disney : une wokisation qui ne cesse de gagner du terrain

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    De Julien Tellier sur Boulevard Voltaire :

    L’inexorable wokisation de Disney

    9 février 2023

    Il était une fois une société qui faisait rêver petites filles et petits garçons avec ses histoires de chevaliers courageux et de princesses à délivrer. Mais patatras ! Le grand méchant wokeen avait décidé autrement. Fini les récits sexistes qui corsettent les femmes et vive la diversité ! Fini les récits hétéronormés, place aux LGBTQIA+. C’est à peu près, en quelques lignes, l’histoire qu’ont connue les studios Disney, ces dernières années. Avec le lancement de sa propre plate-forme vidéo Disney+, concurrente directe du non moins woke Netflix, les choses ne se sont pas arrangées. Disney multiplie les séries et les films progressistes. She-HulkMiss MarvelAndor, autant de productions woke dans l’air du temps.

    En réalité, tout cela cache une stratégie commerciale bien rodée. Derrière cet attachement à la diversité, à la différence et au progrès, la Walt Disney Company cherche à plaire à un public plus jeune de plus en plus séduit par les contenus numériques. Mais à trop vouloir donner des gages de progressisme, on finit par lasser les gens. Disney+ subit les orientations politiques hasardeuses des productions du géant de l’industrie. Les trois derniers mois de l’année 2022 sont catastrophiques. Au total, près de 2,4 millions de personnes ont quitté la plate-forme. Après une croissance importante, cette dernière voit une inexorable fuite de ses abonnés. Nouvelle d’autant plus fatale qu’elle s’ajoute aux 11,3 milliards de dollars de pertes depuis son lancement. À qui revient la responsabilité d’un tel échec ? Contactée pour comprendre ce phénomène, la petite souris a fait la sourde oreille.

    Le tournant woke

    Début 2021, la plate-forme Disney+ a décidé de faire un grand nettoyage. Peter PanLes Aristochats et Dumbo à la trappe ! Pour lutter contre l’insoutenable racisme que véhiculent ces films pour enfants, un bandeau signale désormais leur contenu raciste qui s’inscrit dans une époque particulière. Le progrès étant inarrêtable, un spectacle La Belle et la Bête où Belle serait « grosse, noire et queer » avait été annoncé en grande pompe par la firme. Après La Petite Sirène noire, les employés gender fluids, le quota d’homosexuels et la suppression des sept nains, la ligne blanche – neige – fut définitivement franchie.

    L’implication politique de Disney est allée loin et lui a coûté très cher. En mars 2022, la Floride a voté une loi contre la propagande LGBT à l’école, qui fut publiquement désapprouvée par l’ex-président de la firme Bob Chapek. Ni une ni deux, le gouverneur de Floride Ron DeSantis a mis fin au statut particulier dont bénéficiait le parc d’attractions Disney World. Déjà, à l’époque, certains actionnaires, comme Vivek Ramaswamy, fondateur de la société d’investissement Strive Asset Management, exhortait Disney à « indiquer clairement qu’il ne prendra[it] plus de position politique sur des questions sans rapport avec ses activités commerciales principales », dans une lettre adressée à son PDG. Et de poursuivre : « L’entreprise doit indiquer clairement qu’elle tiendra fermement cette promesse et qu’elle ne vacillera pas, quelle que soit l’importance d’une cause sociale particulière pour les employés de Disney ou ses abonnés sur Twitter. » Chaque enfant apprend à tourner sept fois sa langue dans sa bouche, Bob aurait dû s’en souvenir. Éjecté de son poste par les actionnaires du groupe à la souris, certains espèrent voir le vent tourner.

    Un retour qui promet… du vent

    Le retour de Bob Iger à la tête de Disney – qu’il occupait déjà entre 2005 et 2020 – a nourri les espoirs des lassés du progressisme. Mais que nenni ! La LGBTisation du géant de l’industrie du divertissement se poursuit. Dernier chef-d’œuvre en date ? La nouvelle série animée The Proud Family: Louder and Prouder. Destinée à un jeune public, cette série met en avant une adolescente noire adoptée par deux hommes homosexuels partant à la découverte de l’histoire de l’esclavage aux États-Unis. On est loin des promesses de Bob Iger qui déclarait, en décembre dernier, lors d’une conférence, vouloir s’éloigner des polémiques : « Est-ce que j’aime que l’entreprise soit impliquée dans la controverse ? Bien sûr que non. Cela peut être distrayant et avoir un impact négatif sur l’entreprise. Et dans la mesure où je peux travailler pour calmer les choses, je vais pour faire ça. » La poudre aux yeux… C’est ça, la magie de Disney.

  • Rome : lorsque la règle du droit cède la place à la loi du pouvoir

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    De JD Flynn sur The Pillar :

    Le pari de Roche - et la loi du pouvoir au Vatican

    Dans la mise en œuvre de "Traditionis custodes", le cardinal Arthur Roche a été critiqué pour une approche qui semblait arroger une autorité à son office, au-delà du texte du motu proprio.

    10 février 2023

    Dans les mois qui ont suivi la promulgation de Traditionis custodes par le pape François, il est revenu au cardinal Arthur Roche, préfet du bureau de la liturgie du Vatican, d'interpréter la politique du pape et de s'engager auprès des évêques diocésains chargés de la mettre en œuvre dans leurs églises locales.

    Le Dicastère pour le culte divin supervisant ce processus, Mgr Roche a été critiqué pour son approche qui semblait arroger à son bureau une autorité supérieure à celle qui lui a été conférée dans Traditionis custodes, ou dans la réorganisation de la Curie romaine en 2022, d'ailleurs.

    Dans le droit canonique de l'Église, l'autorité gouvernementale découle généralement de la fonction ecclésiastique, c'est-à-dire d'un ensemble spécifiquement défini de prérogatives et d'obligations découlant de la nomination officielle à une fonction particulière.

    Mais si Roche a fait l'objet de critiques au cours des derniers mois, il a également fait preuve d'une grande perspicacité quant à la manière dont les choses fonctionnent parfois dans l'Église ; quoi qu'en dise le droit canonique, l'autorité gouvernementale - ou du moins un réel pouvoir pratique - est parfois acquise par ceux qui agissent comme s'ils l'avaient et convainquent les autres de la même chose. Les décrets sont importants, c'est certain, mais dans la vie administrative de l'Église, la perception est parfois plus puissante qu'un décret.

    "Le pouvoir réside, dit George RR Martin, là où les hommes croient qu'il réside".

    Au cours des mois qui ont suivi la promulgation de Traditionis custodes, Roche a semblé à certains observateurs du Vatican parier, un coup de dé à la fois, sur l'idée que tant que le Dicastère pour le culte divin vise une interprétation robuste de la réforme liturgique du pape, il peut aussi centraliser l'autorité liturgique en son sein, bien au-delà de ce que dicte le droit canonique, et avec très peu de résistance ou de correction.

    Le cardinal a pris un grand risque en décembre 2021, lorsque son bureau a affirmé un ensemble d'interprétations apparemment normatives des dispositions liturgiques du pape, et s'est réservé certains pouvoirs qui, dans le texte même de Traditionis custodes, semblaient appartenir aux évêques diocésains.

    Et ces derniers mois, Roche a fait un autre pari - en disant à au moins certains évêques américains qu'ils n'ont pas l'autorité de se dispenser de certaines dispositions de Traditionis custodes, même si - de l'avis de nombreux canonistes - le texte papal lui-même ne soutient pas cette affirmation.

    Des sources ont confirmé au Pillar cette semaine qu'un diocèse californien avait été récemment informé que les évêques diocésains ne sont pas autorisés à déroger à l'interdiction de Traditionis custodes d'autoriser la forme extraordinaire de la Messe dans les églises paroissiales.

    Dans une lettre adressée à au moins quelques évêques américains, le Dicastère pour le culte divin a noté que si les évêques diocésains sont généralement autorisés à déroger aux lois disciplinaires universelles, ils ne peuvent pas déroger à ces normes si leur dispense est réservée au Saint-Siège. C'est, bien sûr, la politique établie dans le canon 87 du Code de droit canonique.

    Mais le dicastère a ensuite fait une déclaration qui a donné du fil à retordre aux juristes canoniques - à savoir que toutes les dispositions de Traditionis custodes sont réservées au Saint-Siège, et que les évêques diocésains n'ont donc aucun pouvoir de dispense sur ses normes.

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  • Les beaux jours de la bêtise

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    D'Emmanuelle Ducros sur l'Opinion :

    La pièce «En attendant Godot» annulée faute de parité : Absurde 1- Beckett 0

    La réalité, c’est ce qui s’est passé au centre culturel des étudiants de l’université de Groningen, aux Pays-Bas. Histoire abondamment relatée par la presse britannique.

    Un jeune metteur en scène, Oisín Moyne, irlandais comme Beckett, avait prévu de monter En attendant Godot. Travail entamé en novembre, première représentation programmée le mois prochain. Vous connaissez l’idée : on attend Godot, un personnage qui n’arrive jamais, ce qui donne matière à réflexion sur la saugrenuité de la vie.

    C’est Godot qui attendra, sans doute jusqu’aux calendes grecques, la pièce a été purement et simplement annulée par la direction de l’université. Et ça donne pas mal à réfléchir sur l’absurdité d’une culture de l’anathème.

    Pourquoi ?

    L’université reproche au metteur en scène d’avoir attribué les cinq rôles de la pièce à des hommes. Ce qui n’est pas très étonnant, puisque les personnages de Vladimir et Estragon, de Pozzo et Lucky, et du garçon qui apparaît à la fin du premier acte, sont masculins.

    Beckett y tenait tellement qu’avant sa mort en 1989, il a édicté des consignes précises en ce sens, qui s’appliquent à toutes les productions de Godot. Des hommes, uniquement. Ses ayants-droits ont d’ailleurs systématiquement attaqué en justice les metteurs en scène qui ont tenté de contourner la règle.

    L’université de Groningen ne l’entend pas de cette oreille.

    Pas de femme sur scène, pas de Beckett. «J’ai essayé de leur expliquer que c’est une question légale, que nous sommes une petite troupe de théâtre amateur qui ne peut pas se permettre un procès. Rien n’a pu les faire changer d’avis», explique le metteur en scène qui a ferraillé pendant des semaines.

    La justification de l’Université est surréaliste : «Beckett a explicitement déclaré que cette pièce devait être jouée par cinq hommes. Mais les temps ont changé. L’idée que seuls les hommes conviennent à ce rôle est dépassée et même discriminatoire».

    Rideau. Si Beckett refuse de se plier à titre posthume aux lubies inclusivo-égalitaristes en carton-pâte, qu’il disparaisse. Et tout ça au nom d’une «communauté ouverte et inclusive», dans un lieu de culture, de connaissance et de savoir. J’ai cherché des façons de définir ça. Peut-être censure accueillante ? Véto de tolérance ? Excommunication bienveillante ? La preuve, en tous cas, qu’on peut se prévaloir d’une infinie grandeur d’âme et avoir l’esprit le plus étroit du monde.

    D’autant plus incompréhensible que la décision lèse... des femmes.

    Toute l’équipe de production, essentiellement féminine. Incrédule, la productrice compte «On a aussi des trans, on a des non-binaires, la majorité de la production appartient à la communauté LGBT». Là, on est carrément dans une notion de discrimination de sororité.

    Les accusations de «panique morale» vont pleuvoir ... comme à chaque fois qu’on s’inquiète de ce genre de dérive. Qu’on brandisse la panique morale, autant qu’on voudra. C’est toujours mieux que brûler les œuvres parce qu’on pense le public trop bête pour faire la part des choses et comprendre ce qu’est une œuvre façonnée par un artiste et une époque.

    Il y a pire que la panique morale, il y a les ciseaux d’Anastasie manipulés avec toute la bonne conscience de la vertu.

    Ce n’est plus En attendant Godot, c’est Oh les beaux jours de la bêtise.

  • A Liège : Un nouveau défi pour l’association de fidèles « Sursum Corda » - La restauration de l’église du Saint-Sacrement continue….

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    A Liège, le 26 novembre 2003, l’association de fidèles « Sursum Corda » relevait son premier défi : racheter l’église du Saint-Sacrement pour pérenniser son affectation naturelle.

    Elle entreprit par la suite de réaliser un plan complet de réhabilitation de ce superbe monument du XVIIIe siècle avec l’aide des pouvoirs publics et du mécénat.

    Une première phase du chantier fut dédiée à la restauration de la façade monumentale et du parvis, d'une partie de la maçonnerie et des charpentes de la nef : elle s’est achevée en juillet 2021.

    La seconde phase porte sur la restauration du choeur et de la tour de l’église, comme on peut le lire dans les deux pièces jointes à cette information: l’une par Mgr Delville, évêque de Liège, et l’autre par M. l’abbé Marc-Antoine Dor, Recteur de l’église du Saint-Sacrement qui, l’un comme l’autre, en appellent à la générosité du public invité à se joindre à l’entreprise lancée une nouvelle fois par l’association de fidèles  « Sursum Corda »

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  • Le projet de document final de l'Assemblée continentale synodale européenne à Prague

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    Du Pillar :

    10 février 2023

    Conclusion du projet de document final de l'Assemblée continentale synodale européenne à Prague

    Au terme de quatre jours d'écoute et de dialogue, sur la base des résonances suscitées par le document de travail de l'étape continentale au sein des Églises dont nous sommes issus, en tant qu'assemblée continentale européenne, nous nous rendons compte que nous avons vécu une expérience profondément spirituelle à travers la méthode synodale.

    Nous rendons grâce à l'Esprit, qui nous a guidés, pour le don que nous avons reçu. Et ici, nous souhaitons le partager. Nous approfondissons les connaissances que les communautés ecclésiales de notre continent ont acquises à travers les processus synodaux, ainsi que les tensions et les questions auxquelles les églises européennes sont confrontées.

    Surtout, nous avons ressenti une fois de plus la douleur des blessures qui marquent notre histoire, en commençant par celles que l'Église a infligées par les abus perpétrés par des personnes exerçant un ministère ou une charge ecclésiale, et en terminant par celles causées par la violence impitoyable de la guerre qui défigure l'Ukraine et du tremblement de terre qui a dévasté la Turquie et la Syrie.

    Notre travail a été riche et passionnant, mais non sans problèmes et difficultés. Il nous a permis de regarder dans les yeux l'Église d'Europe, avec tous les trésors des deux grandes traditions latine et orientale qui la composent. Avec une conscience qui s'est développée au cours de l'assemblée, nous sentons aujourd'hui que nous pouvons affirmer que notre Église est belle, avec une variété qui est aussi notre richesse. Nous sentons que nous l'aimons encore plus profondément malgré les blessures qu'elle a infligées et pour lesquelles elle doit demander pardon afin de pouvoir passer à la réconciliation, à la guérison de la mémoire et à l'accueil des blessés.

    Nous sommes convaincus que ces sentiments remplissent également le cœur de toutes les personnes qui se sont engagées dans le parcours du Synode 2021-2024 depuis septembre 2021. Tout au long des jours de l'assemblée, nous avons vécu une forme de Pentecôte, qui nous a fait expérimenter pour la première fois qu'il est possible de se rencontrer, de s'écouter et de dialoguer, à partir de nos différences et au-delà des nombreux obstacles, murs et barrières que notre histoire met sur notre chemin.

    Nous devons aimer la diversité au sein de notre Église et nous soutenir mutuellement dans l'estime, forts de notre foi dans le Seigneur et de la puissance de son Esprit. C'est pourquoi nous souhaitons continuer à marcher dans un style synodal. Plus qu'une méthodologie, nous la considérons comme un mode de vie de notre Église, de discernement communautaire, et de discernement des signes des temps.

    Concrètement, nous voulons que cette assemblée continentale ne reste pas une expérience isolée, mais devienne un rendez-vous périodique basé sur l'adoption générale de la méthode synodale qui imprègne toutes nos structures et procédures à tous les niveaux. Dans ce style, il sera possible d'aborder les thèmes sur lesquels nos efforts doivent mûrir et s'intensifier : l'accompagnement des blessés, le protagonisme des jeunes et des femmes, l'apprentissage des personnes marginalisées.

    Le style synodal nous permet également d'aborder les tensions dans une perspective missionnaire, sans être paralysés par la peur, mais en puisant dans l'énergie pour continuer le chemin. Deux tensions en particulier sont apparues dans notre travail. La première encourage l'unité dans la diversité, en échappant à la tentation de l'uniformité. La seconde lie la disponibilité à l'accueil comme témoignage de l'amour inconditionnel du Père pour ses enfants au courage de proclamer la vérité de l'Évangile dans son intégralité. C'est Dieu qui promet : l'amour et la vérité se rencontreront.

    Nous savons que tout cela est possible parce que nous en avons fait l'expérience au cours de cette assemblée, mais plus encore parce que la vie des églises dont nous venons en témoigne. Nous pensons ici, en particulier, au dialogue œcuménique et interreligieux, qui ont trouvé un fort écho dans nos travaux. Mais surtout, nous croyons que cela est possible parce que la grâce s'en mêle. Construire une Église de plus en plus synodale, en effet, est une manière de mettre en œuvre concrètement l'égalité en dignité de tous les membres de l'Église, fondée sur le baptême, qui nous configure comme enfants de Dieu, et les membres du Corps du Christ, coresponsables de la mission unique d'évangélisation confiée par le Seigneur à son Église.

    Nous sommes confiants que la suite du Synode 2021-24 pourra nous soutenir et nous accompagner en particulier en abordant au niveau de l'assemblée synodale certaines priorités :

    - L'approfondissement de la pratique, de la théologie et de l'herméneutique de la synodalité. Nous devons redécouvrir quelque chose qui est ancien, qui appartient à la nature de l'Église et qui est toujours nouveau. C'est une tâche qui nous incombe. Nous faisons les premiers pas sur un chemin qui s'ouvre à mesure que nous le parcourons.

    - Le sens d'une Église entièrement ministérielle comme horizon d'une réflexion sur les charismes et les ministères, ordonnés et non ordonnés, et les relations entre eux.

    - Les formes d'un exercice synodal de l'autorité. Par exemple, le service d'accompagnement de la communauté et de sauvegarde de l'unité, et les décisions engagées et courageuses sur le rôle des femmes dans l'Église et sur leur plus grande participation à tous les niveaux, également dans les processus de décision et de décision.

    - Des intentions autour de la liturgie, afin de re-comprendre synodalement l'Eucharistie comme source de communion.

    - La formation à la synodalité de tout le peuple de Dieu, avec une attention particulière au discernement des signes des temps, en vue de la réalisation de la mission commune.

    - Le renouvellement du sens vivant de la mission, en surmontant la fracture entre foi et culture, pour revenir à porter l'Évangile au cœur des gens.

    - Trouver un langage capable de conjuguer tradition et aggiornamento, mais aussi et surtout faire route ensemble avec les gens, au lieu de parler d'eux, ou de leur parler.

    Aimer l'Église, la richesse de sa diversité, n'est pas une forme de sentimentalisme pour elle-même. L'Église est belle parce que le Seigneur la veut ainsi en vue de la tâche qui lui est confiée d'annoncer l'Évangile et d'inviter toutes les femmes et tous les hommes à entrer dans la dynamique de communion, de participation et de mission qui constitue sa raison d'être, animée par la vitalité pérenne de l'Esprit.

    Aimer notre Église européenne signifie alors renouveler notre engagement à réaliser cette mission, même sur notre continent, dans une culture marquée par les nombreuses diversités que nous connaissons. Adsumus, Sancte Spiritus. Amen.

  • Communion anglicane : le torchon brûle

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    D'Harriet Sherwood sur The Guardian :

    Les anglicans en colère contre les bénédictions homosexuelles remettent en question l'aptitude de Justin Welby à diriger.

    Un groupe représentant les églises du sud du monde se réunira pour envisager une action radicale suite à la décision du Conseil de l'Europe.

    10 février 2023

    Les églises anglicanes conservatrices des pays en développement se réuniront la semaine prochaine pour envisager une action radicale suite à la décision de l'Eglise d'Angleterre de bénir les couples de même sexe dans les mariages civils, en disant qu'elles remettent en question "l'aptitude de l'archevêque de Canterbury à diriger" l'Eglise mondiale.

    La Global South Fellowship of Anglican Churches (GSFA), qui représente des églises dans 24 pays et provinces, dont le Nigeria, le Kenya, l'Ouganda et le Rwanda, a déclaré que la nouvelle position de l'Église d'Angleterre "va à l'encontre de l'opinion majoritaire de la Communion anglicane".

    La "réalité" de la décision de l'Eglise (anglicane) d'Angleterre est un rejet de la doctrine selon laquelle le mariage est l'union à vie d'un homme et d'une femme, a-t-elle ajouté.

    Lundi, une douzaine de dirigeants d'églises clés du Sud devraient examiner les mesures à prendre pour occuper une position dominante dans la Communion anglicane, reléguant Justin Welby, qui, en tant qu'archevêque de Canterbury, dirige l'église mondiale de 85 millions de personnes, à un rôle marginal.

    Afin d'éviter une rupture irréparable, M. Welby a déclaré qu'il ne bénirait pas personnellement les mariages homosexuels. Mais les dirigeants conservateurs de l'Église ont mis en garde contre de profondes répercussions après le vote historique de l'organe directeur de l'Église, le Synode général, jeudi.

    Samy Fawzy Shehata, archevêque d'Alexandrie en Égypte, a déclaré au synode que "franchir la ligne de la bénédiction des unions homosexuelles aliénera 75% de la Communion anglicane" et "conduira finalement à une communion altérée et brisée". Il a exhorté l'Église catholique à ne pas "renoncer à sa position unique d'Église mère de la Communion anglicane".

    Stephen Kaziimba, l'archevêque d'Ouganda, a déclaré dans un communiqué vendredi : "Dieu ne peut pas bénir ce qu'il appelle le péché. Les membres de l'Église catholique se sont éloignés de la foi anglicane et sont maintenant de faux enseignants."

    Avant le vote du synode, l'archevêque Justin Badi Arama, chef de l'église anglicane du Sud-Soudan, a déclaré que Welby "ne défendait pas la vérité biblique", et que son rôle de leader moral de l'église mondiale avait été "gravement compromis".

    Henry Ndukuba, le primat de l'église massive du Nigéria, devait rencontrer ses évêques vendredi pour discuter de leur réponse.

    Le Gafcon, une coalition d'églises conservatrices, a déclaré que l'Église d'Angleterre avait "autorisé la bénédiction du péché" et qu'elle "avançait pas à pas pour accepter pleinement la pratique de l'homosexualité comme faisant partie de la vie et de la pratique de l'Église anglaise".

    Le GSFA, qui prétend représenter 75 % de l'Église anglicane mondiale, a déclaré qu'il prendrait "des mesures décisives pour réinitialiser la Communion anglicane". Ses membres ne quitteront pas l'Église mondiale, mais "c'est avec une grande tristesse qu'ils doivent reconnaître que l'Église d'Angleterre a désormais rejoint les provinces avec lesquelles la communion est compromise".

    Les Églises conservatrices ont déjà rompu leurs relations avec les Églises des États-Unis, du Canada, du Brésil, de la Nouvelle-Zélande, de l'Écosse et du Pays de Galles, qui offrent des mariages religieux aux couples de même sexe ou bénissent leurs mariages civils.

    Au cours du débat synodal, Folli Olokose, vicaire d'origine nigériane du diocèse de Guildford, a déclaré qu'un vote en faveur de la bénédiction des unions homosexuelles reviendrait à "planter un clou dans le cercueil de la Communion anglicane".

    Martin Warner, évêque de Chichester, a averti que l'égalité des mariages "minerait la confiance au sein de la Communion anglicane et serait considérée dans certains des pays les plus pauvres du monde comme un nouvel impérialisme".

    Contrairement à l'Eglise d'Angleterre, dont les assemblées diminuent d'année en année alors que les données officielles montrent que le christianisme est désormais une religion minoritaire en Angleterre, les églises du Sud connaissent une croissance rapide en taille et en influence.

    Lors du synode, M. Welby a été au bord des larmes lorsqu'il a reconnu que la bénédiction par l'Église des unions homosexuelles pourrait mettre les anglicans de certains pays en grand danger. "Des gens [vont] mourir, des femmes [vont] être violées, des enfants [vont] être torturés... Il ne s'agit pas seulement de ce que les gens disent, mais de ce qu'ils vont souffrir", a-t-il déclaré. "Je vous prie de croire qu'il n'y a rien dans ma vie, mon cœur ou mes prières qui arrive aussi haut que la sécurité et l'épanouissement des gens que j'aime dans la Communion anglicane."