D'Antonio Spadaro sur Avvenire.it :
Le Pape : J'ai vu les évêques unis et familiers entre eux et avec les autochtones.
4 août 2022
Dans Civiltà Cattolica, le père Spadaro raconte la rencontre de Bergoglio avec les jésuites au Québec. Du véritable sens du chemin synodal de l'Église à la liturgie, des abus à la moralité
Dans le nouveau numéro "double" (numéros 4131-4132) de la revue "La Civiltà Cattolica", le directeur, le Père Antonio Spadaro, raconte le dialogue du Pape avec ses confrères jésuites lors de son récent voyage au Canada. La réunion s'est déroulée selon le format questions-réponses. Voici des extraits de l'article publié dans "La Civiltà Cattolica".
Nous sommes le 29 juillet, le dernier jour du voyage apostolique du pape François au Canada. L'étape au Québec est sur le point de se terminer et celle d'Iqaluit, dans le Nord, où la rencontre avec les Inuits doit commencer. L'entretien avec les jésuites est prévu pour 9 heures, mais le pape entre dans le hall du palais archiépiscopal avec un quart d'heure d'avance. Sont présents 15 jésuites de la province canadienne, qui couvre le pays et Haïti. La Congrégation provinciale, prévue depuis un certain temps, est en cours, et le Père provincial est donc absent. Après les premières salutations spontanées dès l'entrée du Pape, le Père Marc Rizzetto, de la communauté de Québec, a adressé un accueil cordial à François au nom des personnes présentes et des plus de 200 jésuites de la Province. (...) À la fin, il offre au pape un cadeau : la photo d'un papillon, que le pape admire, tout en faisant une blague : "Voir cette belle photo me fait douter". Il est si beau qu'il pourrait être un piège des Jésuites. Je ne sais pas si c'est un papillon ou une chauve-souris !". Et il provoque ainsi l'hilarité des personnes présentes (...).
Saint Père, nous sommes dans un processus de réconciliation qui n'est pas terminé. Nous sommes en voyage. Quelles sont les consolations de votre pèlerinage ?
(...) Vous voyez, le plus important est précisément le fait que l'épiscopat a accepté, a relevé le défi et est allé de l'avant. Celui-ci du Canada était un exemple d'épiscopat uni. Et lorsqu'un épiscopat est uni, il peut alors bien faire face aux défis. Je témoigne de ce que j'ai vu. Je tiens donc à le souligner : si tout va bien, ce n'est pas à cause de ma visite. Je suis juste la cerise sur le gâteau. Ce sont les évêques qui ont tout fait avec leur unité. Il est alors bon de signaler humblement que la partie autochtone est vraiment capable de bien traiter la question et de s'engager. En bref, ce sont les miracles qui peuvent se produire lorsque l'Église est unie. Et j'ai constaté une certaine familiarité entre les évêques et les autochtones. Bien sûr, il ne faut pas se le cacher, il y a des gens qui travaillent contre la guérison et la réconciliation, dans la société comme dans l'Église. Même ce soir, j'ai vu un petit groupe traditionaliste protester, et dire que l'église est autre chose... Mais cela fait partie des choses. Je sais seulement que l'un des pires ennemis de l'unité de l'Église et des épiscopats est l'idéologie. Poursuivons donc ce processus sur la route. J'ai aimé la devise du voyage, qui le dit clairement : Marcher ensemble. Marchez, mais ensemble. Vous connaissez le dicton : "Si vous voulez aller vite, allez-y seul, si vous voulez aller en sécurité, allez-y accompagné".