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Eglise - Page 174

  • Diane Montagna interroge Edward Feser sur « Dignitas infinita »

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    Du Catholic Thing :

    Diane Montagna interroge Edward Feser sur « Dignitas infinita ».

    Edward Charles Feser est un philosophe catholique américain. Il est professeur agrégé de philosophie au Pasadena City College de Pasadena, en Californie.

    4 MAI 2024

    Note : Le texte d'aujourd'hui est plus long que ce que nous publions habituellement à TCT, mais l'importance du sujet et le sérieux avec lequel il est traité ici font qu'il vaut la peine d'être lu - jusqu'à la fin. - Robert Royal

    DIANE MONTAGNA (DM) : Dignitas infinita s'ouvre sur l'affirmation suivante : « Toute personne humaine possède une dignité infinie, inaliénablement fondée sur son être même, qui prévaut dans et au-delà de toute circonstance, état ou situation qu'elle peut rencontrer. » Cependant, saint Thomas d'Aquin écrit : « Dieu seul est d'une dignité infinie, et c'est pourquoi lui seul, dans la chair qu'il a assumée, a pu satisfaire l'homme de manière adéquate ». (Solus autem Deus est infinitae dignitatis, qui carne assumpta pro homine sufficienter satisfacere poterat).

    Lors de la conférence de presse organisée au Vatican pour présenter la nouvelle déclaration, le cardinal Victor Manuel Fernández a fait remarquer que l'expression « dignité infinie » était tirée d'un discours prononcé en 1980 par le pape Jean-Paul II à Osnabrück, en Allemagne. JPII avait alors déclaré : « Dieu nous a montré avec Jésus-Christ « Avec Jésus-Christ, Dieu nous a montré de manière insurpassable comment il aime chaque homme et le dote ainsi d'une dignité infinie ».

    La nouvelle déclaration semble fonder explicitement cette dignité sur la nature, et non plus seulement sur la grâce. La Déclaration fait-elle donc disparaître la distinction entre le naturel et le surnaturel ?

    EDWARD FESER (EF) : L'un des problèmes de Dignitas infinita, comme de certains autres documents publiés pendant le pontificat du pape François, est que les termes théologiques clés ne sont pas utilisés avec précision.  Une grande partie de la force des déclarations découle de leur puissance rhétorique plutôt que d'un raisonnement minutieux.  Il faut donc être prudent lorsqu'on essaie de déterminer ce qui en découle strictement.  Ce que l'on peut dire, en revanche, c'est que c'est précisément à cause de cette imprécision que l'on risque de donner l'impression d'autoriser certaines conclusions problématiques.  L'effacement de la frontière entre le naturel et le surnaturel en est un exemple.  Par exemple, la réalisation de la vision béatifique conférerait évidemment à l'être humain la plus haute dignité dont il est capable.  Par conséquent, si nous disons que les êtres humains ont par nature, et pas seulement par grâce, une « dignité infinie », cela pourrait sembler impliquer que, par nature, ils sont orientés vers la vision béatifique.

    Les défenseurs de la Déclaration souligneront sans doute que le document lui-même ne tire pas une conclusion aussi extrême.  Et c'est vrai.  Le problème, cependant, est que la Déclaration ne prévoit ni n'aborde exactement ce qui est exclu ou non en attribuant une « dignité infinie » à la nature humaine.  Pourtant, dans le même temps, la Déclaration met fortement l'accent sur cette notion et sur ses implications radicales.  C'est une recette pour créer des problèmes, et le document lui-même crée de tels problèmes dans son application de la notion de « dignité infinie » à la peine de mort, entre autres sujets.

    Par ailleurs, l'importance de la remarque du pape Jean-Paul II dans les années 1980 a été largement surestimée.  Il a fait référence à la « dignité infinie » en passant dans un discours mineur, de faible poids magistériel, consacré à un autre sujet.  Il n'en tire pas non plus de conclusion nouvelle ou capitale.  Il s'agissait d'une remarque spontanée plutôt que d'une formule précise, et il ne l'a pas faite dans le cadre d'un traitement doctrinal formel et soigneusement réfléchi de la nature de la dignité humaine.  Quoi qu'il en soit, il ne fonde pas cette notion de dignité infinie sur la nature humaine elle-même.

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  • Une tentative pour transformer la condamnation de l'"idéologie du genre" par le pape en un soutien à cette idéologie

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    D'Ed. Condon sur The Pillar :

    Lire le pape François à l'envers sur l'idéologie du genre

    2 mai 2024

    Le pape François a déclaré que les personnes transgenres devaient être "acceptées et intégrées dans la société" dans une lettre privée adressée à la fondatrice d'un ministère catholique dissident.

    La lettre était adressée à Sœur Jeannine Gramick, cofondatrice de New Ways Ministry, une organisation qui fournit une assistance pastorale aux personnes LGBT qui s'identifient comme telles et qui a appelé à des changements dans l'enseignement de l'Église sur la sexualité. 

    François a rédigé cette note en réponse à une lettre de Mme Gramick après la publication de Dignitas infinita, la déclaration du bureau doctrinal du Vatican sur la dignité humaine, qui, selon elle, "nuit aux personnes transgenres que j'aime" en raison de son rejet de l'idéologie du genre.

    Selon Mme Gramick, François a répondu en proposant une compréhension de "l'idéologie du genre" qu'elle n'avait "jamais entendue auparavant" et, dans un message publié sur le site web de New Ways, a suggéré que les opinions exprimées par François signifiaient qu'il devrait soutenir les opérations chirurgicales de changement de sexe pour les personnes transgenres.

    Mais bien que déplorant que "les mêmes mots aient des significations différentes pour des personnes différentes", Mme Gramick a semblé avancer un argument contraire à ce que Dignitas infinita enseigne, et a tenté de transformer la condamnation de l'"idéologie du genre" par le pape en un soutien à cette idéologie.

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    Dans Dignitas infinita, le Dicastère pour la doctrine de la foi a déclaré que "le respect de son propre corps et du corps d'autrui est crucial face à la prolifération des revendications de nouveaux droits avancées par la théorie du genre". 

    "Cette idéologie envisage une société sans différences sexuelles, éliminant ainsi le fondement anthropologique de la famille", a déclaré la DDF, tout en affirmant que "la dignité du corps ne peut être considérée comme inférieure à celle de la personne".

    Le Catéchisme de l'Église catholique nous invite expressément à reconnaître que "le corps humain participe à la dignité de "l'image de Dieu". Cette vérité mérite d'être rappelée, surtout lorsqu'il s'agit de changer de sexe, car l'être humain est inséparablement composé d'un corps et d'une âme", peut-on lire dans la déclaration.

    C'est cette section, selon Mme Gramick, qui "nuit" aux personnes transgenres et qui l'a incitée à écrire au pape, décriant l'utilisation du terme "idéologie du genre" et expliquant que, bien qu'elle "ne puisse pas comprendre pourquoi certaines personnes transgenres cherchent des "interventions de changement de sexe"" (qu'elle appelle également "interventions médicales d'affirmation du genre"), elle "a [souligné dans l'original] écouté leurs histoires". 

    La sœur a ensuite avancé un argument qui assimile essentiellement l'acceptation des personnes transgenres, telle que préconisée par le pape François, à l'acceptation des chirurgies de changement de sexe, que le pape et la DDF rejettent tous deux.

    Ce faisant, Mme Gramick a insisté sur le fait que la condamnation par François d'une idéologie qui "annule les différences" entre les sexes et les genres est une approbation (peut-être involontaire) de la chirurgie de changement de sexe parce que les personnes transgenres sont, en vertu de leur état, tout particulièrement et fortement conscientes de ces mêmes différences.

    "Les personnes transgenres ne décident pas volontairement que leur identité de genre diffère de leur apparence corporelle", a-t-elle affirmé. "Elles prennent cette décision après mûre réflexion, détresse et douleur. L'Église devrait aider à soulager la douleur afin que la personne puisse devenir une dans son esprit et dans son corps, comme Dieu l'a voulu.

    Mais l'argument de M. Gramick semble passer à côté du point fondamental soulevé par François et expliqué en détail dans la déclaration du DDF : imaginer que l'on puisse "changer de sexe" par des moyens cosmétiques revient à affirmer la négation du sexe incarné en tant que réalité objective.

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  • Le nouveau mobilier liturgique de Notre-Dame de Paris ne fait pas l'unanimité

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    De Samuel Martin sur Boulevard Voltaire via artofuss.blog :

    Mobilier liturgique de Notre-Dame de Paris : pauvres modernes !

    1er mai 2024

    Dans le cadre de l’exposition « Grands décors de Notre-Dame » aux Gobelins (dont nous dirons beaucoup de bien, ce week-end) est présenté le nouveau mobilier liturgique de Notre-Dame de Paris. L’ancien mobilier ayant été détruit par l’effondrement de la croisée du transept lors de l’incendie, c’était l’occasion de revenir sur la lente dénaturation du chœur – nous nous plaçons sur le plan patrimonial – menée de Vatican II à Mgr Lustiger. Occasion manquée : l’orgueil moderne a encore son mot à dire.

    Les chaises des fidèles ont été créées par une « désigneuse », Ionna Vautrin. Il est dit qu’elles « dialogueront avec le mobilier liturgique tout en répondant à la musicalité du rythme créé par les colonnes et les arches de la nef ». Des chaises musicales, en somme. Elles sont décrites comme « confortables ». Peut-être. Je ne les ai pas essayées. Mais elles n’en ont pas l’air, confortables, avec leur dossier très bas. Qui ne s’est pas assoupi pendant un trop long sermon dans une de ces bonnes vieilles chaises ordinaires, en assise paillée, avec un dossier digne de ce nom ? Mon instinct me dit que ces chaises de chêne massif ne s’y prêteront pas.

    Le mobilier liturgique est présenté par des maquettes réduites. Le baptistère a l’air d’un coquetier pour œuf d’autruche géante. On ne pourra pas le rater, car il sera placé dans l’axe de la nef. L’autel a l’air d’un pain de savon (parfum chocolat) ou d’une enclume. La chaise cathédrale a été comparée à un cercueil… Tout cela a été conçu par Guillaume Bardet. Encore un designer, comme Ionna Vautrin. On ne leur en veut pas : ils sont designers, ils ont livré un travail de designers, fonctionnel et décoratif – comme lorsque sont commandées à Ionna Vautrin des loupiottes pour le TGV ou quand Guillaume Bardet dessine un lampadaire tripode. Mais pour l’art chrétien, on repassera. Et là, on en veut à Mgr Ulrich, l’archevêque de Paris.Guillaume Bardet. Maquette du baptistère à l’échelle 1/5e. 2023.

    Présentant ses choix en juin dernier, Mgr Ulrich expliquait qu’il voulait un mobilier liturgique « durable dans le temps ». Souci patrimonial ? On aimerait qu’il en aille ainsi mais Mgr Ulrich, à la tête du diocèse lillois et chancelier de l’Université catholique de Lille, a laissé partir l’Évangéliaire de Saint-Mihiel (« l’un des manuscrits médiévaux les plus précieux au monde ») au musée Getty de Los Angeles pour 8,4 millions d’euros (2020). Il a autorisé la destruction de la chapelle Saint-Joseph à Lille (2021). Emmanuel Macron et lui ont décidé de virer des vitraux de Viollet-le-Duc pour les remplacer par des créations. On l’a compris : le durable dans le temps, c’est pour ce que lui, Mgr Ulrich, décide et fait faire. Son zèle pour la transmission est sélectif.

    En ce XXIe siècle où nous n’avons plus de tradition d’art chrétien, plus d’artistes qui s’y consacrent (ce fut le cas de toute une génération entre les deux guerres), où nous n’avons plus de prélats qui maîtrisent ces questions (Mgr Aupetit était du même tonneau), la prudence aurait été de mise. Mais l’orgueilleux désir de laisser sa marque est le plus fort.

    Et nous n’en sommes pas au bout : le réaménagement de Notre-Dame va être total. Outre le chœur, on craint que les chapelles latérales ne soient dépecées de leurs candélabres et de leurs statues, en tout cas malmenées par un souci de « décoration d’intérieure ». Et l’art ? Et la piété filiale ?

    Sur les réseaux sociaux, les réactions sont plutôt négatives. Si certains ont jugé « moderne » le nouveau mobilier, comme si de soi la modernité était une qualité, d’autres n’ont pas mâché leurs mots. Ainsi de Didier Rykner, le directeur de La Tribune de l’art, qui est à l’origine de la pétition pour le maintien des vitraux de Viollet-le-Duc : « C’est quand même d’une médiocrité… Indigne d’une cathédrale » (à propos des chaises). D’autres y voient un « affront »du mobilier « tout droit sorti d’un catalogue IKEA »« du mobilier funéraire ». Un prêtre suisse n’y voit qu’« épouvantables mochetés ». Aux lecteurs de BV de se faire un avis !

    Grands décors de Notre-Dame. Jusqu’au 21 juillet 2024. Galerie des Gobelins, 42, avenue des Gobelins, 75013 Paris. Metro : Gobelins (ligne 7). Du mardi au dimanche de 11h à 18h.

  • Quand l'Académie pontificale des sciences prête sa tribune à un gouverneur américain pro-avortement

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    De Luca Volontè sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Gavin Newsom, un "catholique avorteur" à l'Académie pontificale des sciences

    3 mai 2024

    Du 15 au 17 mai, l'Académie pontificale des sciences invite Gavin Newsom, gouverneur de Californie, comme conférencier. Un écologiste ultra qui promeut la transition verte la plus radicale et aussi un avorteur convaincu, ainsi qu'un grand défenseur des thèses LGBT. De quelle écologie va-t-on parler ? De l'intégrale ?

    Hier, la Préfecture de la Maison pontificale a annoncé que le 10 mai au matin, à l'Auditorium de Via della Conciliazione, le Pape François participera aux États généraux de la natalité, dont le thème sera "Être là. Plus de jeunes, plus d'avenir", ce qui démontre l'intérêt des différents gouvernements italiens pour les initiatives visant à promouvoir la natalité.

    C'est une belle confirmation que le pape s'impliquera cette année encore, comme c'est le cas depuis la première édition en 2021 sous le règne de Mario Draghi, dans le défi de notre pays en faveur de la natalité. Mais cela se heurte d'autant plus à l'invitation au Vatican, et comme orateur, à la prochaine session de l'Académie des sciences du 15 au 17 mai, du gouverneur démocrate de Californie Gavin Newsom, super-avorteur et promoteur systématique de l'idéologie LGBT. Donner une telle "tribune" à ceux qui tuent l'être humain sans défense et défigurent l'être créé est un grave scandale.

    Le gouverneur Newsom représente et se bat pour promouvoir l'exact opposé de l'"écologie humaine et intégrale", car c'est précisément l'humain et son intégrité qu'il veut éliminer. La conférence de l'Académie pontificale réunira d'autres maires et gouverneurs du monde entier qui examineront les solutions au changement climatique. M. Newsom, quant à lui, devrait s'adresser au pape François et évoquer les récents incendies, inondations et sécheresses qui ont frappé la Californie, son objectif d'une Californie 100 % verte d'ici à 2045 et l'interdiction, dans dix ans, de la vente de voitures aux hydrocarbures dans l'État.

    Nombreux sont ceux qui, aux États-Unis, considèrent les voyages internationaux de M. Newsom comme des tentatives d'acquérir une expérience internationale en vue de l'élection présidentielle de 2028. "M. Newsom ne va pas dire au pape François qu'il va mettre en danger des millions de Californiens parce que l'énergie verte ne remplace pas l'énergie produite par les usines de combustibles fossiles qui ferment en Californie", a récemment déclaré Russ Wayne, un analyste nord-américain réputé dans le domaine de l'énergie. Peut-être serait-il opportun que le pape François remette en cause la moralité de Newsom qui, en favorisant l'énergie verte à tout prix, condamne des millions de Californiens à la pauvreté énergétique dans les années à venir, ainsi qu'à la mort dans le ventre de leur mère. Pauvres Californiens.

    Veerabhadran Ramanathan, un océanographe de l'université de San Diego qui fait partie de l'Académie pontificale du pape François et a contribué à l'organisation de l'événement, a déclaré au Los Angeles Times que les invitations étaient limitées aux maires et gouverneurs internationaux, y compris deux autres gouverneurs démocrates : la lesbienne pro-avortement et transgenre Maura Healey du Massachusetts et la super-avorteuse Kathy Hochul de New York.

    S'il est vrai que l'écologie intégrale ou humaine, ou quelle que soit la définition que les néo-environnementalistes du pape François veulent lui donner, inclut également l'homme et le plus faible d'entre eux, c'est-à-dire l'enfant mâle et femelle conçu et créé, inviter ceux qui investissent des rivières d'argent en faveur du meurtre des innocents et de la promotion de pratiques chirurgicales et chimiques transsexuelles abusives, violant à jamais les enfants et les filles, est à tout le moins contradictoire et radicalement immoral.

    Il ne suffit certainement pas, pour soulager la conscience des organisateurs, d'affirmer que Gavin Newsom se déclare catholique, à l'instar des avorteurs dévots Joe Biden et Nancy Pelosi. Il est vrai que Gavin Newsom se vante de ses propres affiches pro-avortement, placées dans plusieurs États, dans lesquelles il utilise des phrases blasphématoires qui polluent les citations de l'Évangile.

    Cependant, à ce jour, s'il n'y a pas de nouvelles de dernière minute, pour l'Église catholique, la Bible, la science (et la raison), la vie humaine est telle dès la conception et doit être respectée et protégée, et il en va de même pour la sexualité biologique, un don du Créateur que l'idéologie et la pratique très dangereuses du "genre et du transgenre" veulent remplacer par des "désirs désordonnés".  Récemment, comme il l'a fait ces dernières années, Gavin Newsom a lancé de nouveaux appels aux habitants d'autres États qui protègent la vie des enfants à naître, pour qu'ils se rendent en Californie afin d'obtenir les avortements souhaités.

    Ces semaines-ci, l'amendement constitutionnel de l'État et 13 autres projets de loi visant à étendre et à rendre l'accès à l'avortement presque gratuit sont en cours d'examen. Sans oublier que la Californie elle-même s'est déclarée le premier "État sanctuaire" en 2022 pour les enfants transgenres de n'importe quel État, punissant même les parents non consentants d'une peine de prison. Que le pape et l'Académie du Vatican fassent ce qu'ils veulent, mais qu'ils crient au scandale.

  • Stigmates, transverbération, bilocation... : ces phénomènes mystiques qui ont marqué la vie de Padre Pio

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    De Constantin de Vergennes sur France Catholique :

    « Padre Pio lisait dans les âmes des pénitents »

    Stigmates, bilocation… Comment interpréter les phénomènes mystiques qui ont jalonné la vie du saint de Pietrelcina ? Entretien avec Yves Chiron, auteur de Padre Pio. Vérités, mystères, controverses (éd. Tallandier).

    1er mai 2024

    Parmi les phénomènes mystiques les plus spectaculaires que connut Padre Pio, le plus visible est celui des stigmates…

    Yves Chiron : La stigmatisation a été progressive : des douleurs, intermittentes, aux mains et aux pieds à partir d’août ou septembre 1910 ; des marques visibles à partir de septembre 1911 mais qui ne furent pas permanentes ; puis le 20 septembre 1918, survient une apparition du Christ souffrant qui marqua Padre Pio, aux mains, aux pieds et sur le côté, de stigmates qui resteront sanglants et visibles jusqu’à sa mort, cinquante ans plus tard. Le sens spirituel de ces stigmates a été donné par le Christ lui-même lors de cette apparition du 20 septembre : « Je t’associe à ma Passion. » Padre Pio a revécu, par participation, la Passion du Christ et a souffert pour le salut des âmes.

    Selon vous, sont-ils crédibles ?

    Ces stigmates ont été constatés par trois médecins mandatés successivement par les autorités ecclésiastiques dès 1919 et contestés aussi très tôt par d’autres médecins – notamment le Père Gemelli, qui avait été médecin avant d’entrer chez les franciscains. En 1921, le pape Benoît XV nommera un visiteur apostolique, Mgr Rossi, chargé d’enquêter sur Padre Pio, sa vie religieuse et les phénomènes extraordinaires dont il bénéficiait. Il interrogera notamment le religieux sur les stigmates et les examinera attentivement. Le rapport qu’il a rédigé n’a été publié qu’en 2008. C’est un document précieux qui conclut à l’authenticité des stigmates.

    Padre Pio a aussi connu trois épisodes de transverbération… En quoi cela a-t-il consisté ?

    La transverbération est un phénomène mystique très rare dans la vie des saints. Sainte Thérèse d’Avila, sainte Véronique Giuliani, sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus l’ont connu. Padre Pio l’a vécu trois fois : en août 1912, en août 1918 et en décembre 1918. C’est une grâce surnaturelle. Il s’agit d’une « blessure d’amour » que lui inflige au cœur « un personnage céleste » qui porte « une très longue lame de fer avec une pointe bien effilée, et de cette pointe il semblait que sortait du feu ». Cette blessure fut aussi une « consolation divine », un « feu » et une « douceur » en même temps, dira Padre Pio. La transverbération a fait de lui une « victime d’amour ».

    Le phénomène mystique le plus troublant est sans doute la bilocation…

    La bilocation – être à deux endroits en même temps – est un phénomène extraordinaire de la vie mystique que Padre Pio a connu dès 1905, dans les premiers temps de sa vie religieuse et qu’il a expérimenté à de nombreuses reprises dans les décennies suivantes. La bilocation est contraire aux lois de la physique, de l’espace et du temps. Padre Pio a décrit ce phénomène lors de la visite apostolique de 1921 : « Je constate que je suis en présence de telle ou telle personne, dans tel ou tel lieu ; mais je ne sais pas si je me suis transporté là en esprit, ou si quelque représentation du lieu ou de la personne s’est présentée à moi, je ne sais pas si c’est avec le corps ou sans le corps que j’ai été présent. » Les spécialistes de la mystique s’accordent à dire que la présence du saint dans un autre lieu n’est pas physique, mais qu’il apparaît dans un autre lieu à la personne qu’il vient secourir. Dans tous les cas, la bilocation a un motif spirituel : Padre Pio vient assister un mourant ou vient au secours d’une personne en péril ou encore vient réconforter une âme.

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  • "La rencontre profonde avec Jésus" est la clé de la transmission de la foi (cardinal Goh de Singapour)

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    De Matthew Bunson sur le National Catholic Register :

    EXCLUSIF : Le cardinal William Goh de Singapour : " La rencontre profonde avec Jésus " est la clé de la transmission de la foi

    Dans un entretien exclusif avec EWTN News, l'archevêque parle du pape François, qu'il décrit comme un "phare de miséricorde et de compassion", du Synode sur la synodalité, du fait d'être cardinal et de ses espoirs pour l'Église en Asie.

    30 avril 2024

    Le pape François a récemment annoncé son intention de se rendre en Asie du Sud-Est en septembre pour visiter l'Indonésie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Timor oriental et Singapour. L'île-nation de Singapour est l'une des régions d'Asie les plus diversifiées sur le plan ethnique et religieux et compte environ 395 000 catholiques. Cette nation, petite mais stratégiquement importante, a également la densité urbaine la plus élevée d'Asie, mais elle est classée comme le pays ayant la meilleure qualité de vie. Comme partout ailleurs, elle est confrontée aux menaces du sécularisme et du relativisme, ainsi qu'à la perte des valeurs traditionnelles, en particulier l'attachement à la famille et le respect des personnes âgées.

    Le berger spirituel de l'Église de Singapour est le cardinal William Goh, archevêque depuis début 2013 et cardinal depuis 2022. Le 19 avril, dans sa résidence de Singapour, il s'est entretenu avec Matthew Bunson, vice-président et directeur éditorial d'EWTN News, sur le prochain voyage du Saint-Père, le Collège des cardinaux, le processus synodal et les défis et opportunités pour l'Église en Asie.

    Dans la transcription éditée ci-dessous, le cardinal Goh, 66 ans, observe que "la plupart d'entre nous" au sein du Collège des cardinaux "ne se connaissent pas", un désavantage pour un organe qui sera un jour appelé à choisir un successeur au pape François. Le cardinal suggère également la nécessité d'un "autre niveau" pour le synode sur la synodalité au-delà de sa deuxième et dernière assemblée en octobre, à savoir un synode réservé aux évêques. Le synode actuel, qui comprend des évêques, des membres du clergé et des laïcs, "ne peut pas vraiment être considéré comme un synode théologique dogmatique", dit-il, parce que tous les délégués ne sont pas formés à la théologie.

    Éminence, je vous remercie de m'avoir accordé votre temps. Je sais que vous êtes un homme très occupé, encore plus occupé maintenant avec l'annonce de la visite du pape François à Singapour. J'aimerais commencer par une question sur vous-même. Vous êtes natif de Singapour ?

    Oui.

    Pourriez-vous nous parler de votre cheminement de foi, en particulier de celui qui vous a conduit à la prêtrise, à l'épiscopat et maintenant au Collège des cardinaux ?

    Mon cheminement de foi est vraiment rétrospectif. Lorsque je regarde ma vie, je constate qu'il s'agit d'un parcours rempli de foi, mais que c'est vraiment une grâce de Dieu. Ma famille n'est pas extrêmement religieuse, à l'exception peut-être de ma mère. Mais quand j'étais jeune, étant introverti, au lieu de rejoindre mes camarades de classe pour jouer avant les cours, j'allais à l'église pour prier le chapelet, à l'âge de 7 ans. À l'âge de 12 ans, j'apportais l'office divin, même si je ne savais pas de quoi il s'agissait. Puis j'ai rejoint les servants d'autel. J'ai également fait partie des Croisés. Puis nous avons créé le Club du Rosaire, où 100 jeunes venaient tous les soirs à l'école. ... Pendant la récréation, ils venaient prier le Rosaire, 60 d'entre eux ; au lieu d'aller à la récréation, de manger, ils venaient prier. Plus tard, j'ai été très attiré par cette vocation et je suis entré au séminaire ; j'ai été ordonné, puis j'ai été prêtre assistant pendant quelques années, puis on m'a envoyé à Rome pour poursuivre mes études. [À mon retour, j'ai enseigné au séminaire pendant 22 ans.

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  • "Tradition" : le vrai sens à retrouver

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    De Stefano Fontana sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    La tradition, le vrai sens à retrouver

    Il existe deux visions de la "tradition" dans l'Eglise d'aujourd'hui. La vision classique et celle de la théologie moderne, influencée par Gadamer et aujourd'hui dominante, qui voit la tradition comme une réinterprétation continue. Mais seule la première est correcte et l'Église doit la redécouvrir.

    2_5_2024

    L'idée correcte de ce qu'est la "tradition" est d'une importance fondamentale pour l'Église catholique. À notre époque, nous avons été témoins d'interventions du Magistère qui ont bouleversé la vision traditionnelle de la question. Nous nous souvenons par exemple de la modification du catéchisme souhaitée par le pape François concernant la peine de mort. La raison invoquée était que la conscience de l'humanité sur ce sujet avait changé. Cela nous laisse perplexes car, si c'est vrai, il faut s'attendre à d'autres changements de doctrine motivés par l'évolution de la conscience sociale. En effet, beaucoup craignent que même la doctrine sur l'homosexualité contenue dans le catéchisme ne soit remplacée par une doctrine plus actuelle.

    L'exhortation apostolique Amoris laetitia a modifié de nombreux aspects doctrinaux : le sens de l'adultère, le sens du péché, l'existence pour la théologie morale d'actions toujours injustes, le rôle de la conscience, les conditions d'accès aux sacrements, etc. Même la déclaration Fiducia supplicans contredisait divers principes hérités de la tradition, comme le sens de la bénédiction ou le jugement à porter sur la cohabitation d'un couple de même sexe. De nombreux milieux soutiennent que l'enseignement sur la contraception énoncé dans Humanae vitae doit être révisé et, plus généralement, le pontificat actuel de François est interprété comme le point de vue à partir duquel il convient de passer la tradition au crible, et non l'inverse.

    Pour faire court, il existe deux visions de ce qu'est la "tradition" dans l'Église d'aujourd'hui. La première peut être qualifiée de traditionnelle. Elle considère que le dépôt des vérités révélées a déjà été définitivement transmis par l'Écriture et la tradition apostolique, qui sont les deux sources de la révélation. Rien ne peut être ajouté. Ce que le Magistère enseigne en outre n'est pas nouveau, mais constitue une explication de ce que l'Église a toujours cru. Pensez par exemple à l'Immaculée Conception ou à l'Assomption de Marie au Ciel en corps et en âme. L'autre vision soutient que la tradition n'a pas pris fin avec la mort du dernier apôtre, mais qu'elle se poursuit parce qu'elle est fondée sur l'interprétation des événements salvifiques et de l'Écriture, une interprétation qui se poursuit dans le temps, sinon les événements de Jésus-Christ ne seraient plus significatifs pour les gens de notre époque. Pour cette deuxième vision, l'Église interprète toujours, a interprété l'Église apostolique et interprète l'Église de François. La tradition serait la sédimentation sans fin des interprétations et le dogme serait essentiellement historique.

    Ce conflit de visions de la tradition a été défini par la naissance de l'herméneutique moderne, principalement contenue dans le livre Vérité et méthode de Hans-Georg Gadamer, un élève de Martin Heidegger. Sa philosophie a tellement pénétré la théologie catholique qu'elle l'a modifiée structurellement, de sorte qu'on la retrouve aujourd'hui partout. Gadamer a fourni le cadre philosophique de la deuxième version de la tradition évoquée ci-dessus. Selon lui, un texte, n'importe quel texte, est quelque chose d'autonome par rapport à son ou ses auteurs. Cela s'applique également aux Évangiles. Un texte, une fois publié, a une vie autonome, une vie qui s'enrichit de l'histoire de ses effets. Après sa parution, en effet, le texte est interprété, puis réinterprété, et ces interprétations successives (l'histoire des effets précisément) y trouvent un contenu nouveau que les auteurs eux-mêmes n'avaient pas prévu d'y mettre. L'interprète réécrit le texte et les interprétations successives l'enrichissent. Comment se déroule l'interprétation d'un texte ? L'interprétation part toujours de pré-compréhensions et de pré-jugements dus au contexte personnel, social et culturel dans lequel elle s'inscrit et dont elle ne peut se défaire. De temps en temps, cela jette une nouvelle lumière sur le texte, permettant de saisir des détails originaux, ce qui constituerait la tradition. Aujourd'hui, nous pouvons dire que nous comprenons mieux les Dialogues de Platon que Platon lui-même. Nous pouvons dire, toujours dans la perspective de Gadamer, que nous connaissons les Évangiles mieux que les Apôtres. C'est pourquoi on peut dire que la révélation se poursuit et qu'elle se poursuit.

    Il s'ensuit que ce ne sont plus les enseignements du passé qui serviront de guide et de critère aux enseignements d'aujourd'hui. Ce ne sera plus Rerum novarum qui "jugera" tous les Frères, mais l'inverse, et si François dit quelque chose de nouveau, de différent et même de contraire à saint Jean-Paul II, c'est pire pour ce dernier, puisque l'histoire des effets s'est poursuivie par la suite et, avec elle, l'enrichissement du sens du dépôt. La doctrine de la peine de mort a-t-elle été modifiée en faisant appel à la nouvelle sensibilité sociale en la matière ? Rien de mal, et même beaucoup de bien, car la précompréhension se fait toujours à partir d'un contexte qui éclaire le texte pour mieux le comprendre.

    L'herméneutique de Gadamer est une autorité "dogmatique" dans la théologie catholique d'aujourd'hui. Nous devons cependant décider de la remettre en question, sans craindre d'être considérés comme démodés.

  • Six prélats pourraient avoir plus à dire sur l'avenir du monde que n'importe lequel des personnages les plus en vue dont parlent généralement les observateurs du Vatican

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    De John L. Allen Jr. sur Crux Now :

    L'empreinte catholique sur six états-clés pourrait façonner l'avenir du monde

    2 mai 2024

    ROME - Si vous demandiez aux observateurs chevronnés du Vatican de nommer les six prélats les plus importants de l'Église catholique aujourd'hui, au-delà du pape lui-même, vous obtiendriez probablement un échantillon assez représentatif des principaux papabili, c'est-à-dire des candidats perçus pour être le prochain pape.

    La liste comprendrait probablement les cardinaux Matteo Zuppi de Bologne, président de l'ultra-influente conférence épiscopale italienne, Pietro Parolin, secrétaire d'État du souverain pontife, Péter Erdő de Budapest, considéré comme le principal candidat de l'opposition conservatrice, et ainsi de suite, la liste étant entièrement composée de hiérarques considérés comme en lice pour le poste suprême.

    Voici une série de noms que la plupart des prétendus experts en affaires ecclésiastiques ne citeraient certainement pas :

    Mgr Martin Kmetec, archevêque d'Izmir (Turquie)
    Mgr Paolo Martinelli, vicaire apostolique d'Arabie méridionale
    Mgr Antonius Franciskus Subianto Bunyamin, évêque de Bandung, Indonésie
    Mgr Sithembele Anton Sipuka, évêque d'Umtata, Afrique du Sud
    Mgr Andrews Thazhath, archevêque de Trichur (Inde)
    l'archevêque Jaime Spengler de Porto Alegre (Brésil).

    Pourtant, si l'on prend au sérieux Cliff Kupchan de l'Eurasia Group, ces six prélats pourraient avoir plus à dire sur l'avenir du monde que n'importe lequel des personnages les plus en vue dont parlent généralement les observateurs du Vatican.

    En effet, ces hommes sont les présidents élus des conférences épiscopales catholiques des six "swing states" qui, selon M. Kupchan, président de l'une des plus importantes sociétés de conseil en gestion des risques au monde, auront un impact considérable sur la géopolitique dans les années à venir, comme l'indique un récent essai publié dans Foreign Policy.

    Ces États sont le Brésil, l'Inde, l'Indonésie, l'Arabie saoudite, l'Afrique du Sud et la Turquie. Tous sont membres du G-20 et ont déjà cherché à accroître leur importance et leur influence. Plus important encore, aucun d'entre eux n'est clairement aligné sur une superpuissance et ils ne se font pas l'écho des positions d'un bloc mondial, de sorte que leur position sur une question donnée peut avoir une influence considérable.

    Par exemple, aucun de ces six États n'a soutenu les sanctions économiques imposées à la Russie en raison de la guerre en Ukraine, ce qui est considéré comme une raison majeure pour laquelle le FMI prévoit que l'économie russe connaîtra une croissance de 0,7 % cette année, ce qui est loin d'être le coup financier paralysant que les puissances occidentales espéraient lorsque le régime de sanctions a été conçu.

    M. Kupchan cite plusieurs autres raisons pour lesquelles ces États sont importants.

    Tout d'abord, dans un monde de plus en plus multipolaire, les relations régionales sont plus importantes que jamais, et ces six États sont des leaders régionaux. Aucun ne semble captif d'une idéologie particulièrement dure, ce qui leur permet d'adopter une approche plus réaliste et transactionnelle de la politique étrangère, renforçant ainsi leur impact.

    Ces six États se sont également révélés capables d'exploiter les rivalités entre les superpuissances que sont les États-Unis, la Chine et la Russie, en obtenant alternativement des concessions et des faveurs de la part de chacune d'entre elles, sans jamais vraiment s'engager en faveur de l'une plutôt que de l'autre. Les six États ont également des économies en croissance qui mettent l'accent sur l'expertise scientifique et technique, ce qui les positionne pour une croissance et une pertinence à long terme.

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  • La dimension politique de la défense de la loi naturelle; le cas français

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    Si l'article ci-dessous concerne la France, nul n'aura de difficulté à s'en inspirer pour analyser la situation dans notre pays, en épinglant tout particulièrement la passivité des évêques face à la multiplication de lois contraires à l'ordre naturel chrétien.

    De l'abbé Claude Barthe sur Res Novae :

    La dimension politique de la défense de la loi naturelle

    L’avalanche de lois « sociétales » en France depuis plus d’un demi-siècle, toutes étant des atteintes directes à la loi naturelle, a provoqué dans une partie du monde catholique une délégitimation diffuse ou expresse des institutions politiques les ayant édictées, cela au sein du déferlement individualiste de l’après-68 et de cette sorte d’explosion en plein vol de l’Église en état de Concile.

    Le « mariage » homosexuel et la constitutionnalisation de l’avortement ont porté chez ces mêmes catholiques le climat à l’incandescence. D’où la question : que faire ? En France, la Manif pour tous, contre le « mariage » homosexuel, et la Marche pour la vie, contre les lois du « droit » à l’avortement, ont mobilisé un militantisme catholique très conséquent. Avec un succès malheureusement nul quant à l’abrogation ou l’aménagement des lois en question, même s’il est sensible dans l’ordre du témoignage public et d’une certaine cohésion apportée aux groupes y résistant au sein d’une société hostile. Mais l’effet ne pourrait-il pas être plus important, non pas sans doute quantitativement mais qualitativement ?

    D’où un débat lancé par le bimensuel L’Homme nouveau, avec un article du 9 mars 2024 de Thomas Lassernat, « « Les Survivants », lutter sans renforcer le système ? »[1], qui estimait que les formes récurrentes de militantisme pro-vie n’avaient fait que renforcer les structures institutionnelles qui engendraient les mauvaises lois. Puis avec un dossier, « Cinquante ans de résistance à l’avortement : peut-on faire un bilan ? » (6 avril 2024), avec deux articles de Michel Janva[2] et Jean-Pierre Maugendre[3], qui répondaient à la position de Lassernat en estimant avec des nuances que la manifestation publique est la seule présentement possible pour mettre le débat sur la place publique, et un article de Philippe Maxence[4], appelant à s’interroger en priorité sur une sortie de la démocratie moderne et citant la phrase du radio-message de Pie XII de juin 1941 : « De la forme donnée à la société, en harmonie ou non avec les lois divines, dépend et s’infiltre le bien ou le mal des âmes. »

    Dans la ligne de celle de Philippe Maxence, nous voulons ici émettre des réflexions sur les plus grands fruits que pourrait porter ce combat catholique, à savoir un début au moins de remise en cause de sa source institutionnelle, mais aussi plus immédiatement de ses métastases dans l’Église, et par le fait une consolidation de l’ensemble du monde catholique dans sa détermination à faire régner le Christ dans les institutions.

    La désintégration progressive de la morale publique au nom du « droit nouveau » (Immortale Dei, 1885)

    La Déclaration des Droits de l’Homme de 1789 a consacré la rupture révolutionnaire : désormais, le pouvoir n’émane plus de Dieu, comme l’affirme saint Paul aux Romains 13, 1 mais « le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la nation » (art. 3), et la loi « expression de la volonté générale » (art. 6) est décrochée de sa référence à la loi de Dieu.

    Cependant, tous les éléments de l’ordre social traditionnel n’ont pas disparu d’un coup et des pans entiers de la loi naturelle ont par exemple subsisté dans la législation concernant le mariage et la famille qui, sauf par le divorce, n’ont été profondément remis en cause qu’à partir des années soixante du siècle dernier[5]. Il reste que, dans le principe, la société politique avait d’un coup cessé de répondre aux principes du droit naturel et chrétien. Et cette novation s’est manifestée dès août 1792.

    La journée du 10 août, consécration de la Révolution a été immédiatement suivie par la loi 30 août 1792 instituant que « le mariage est soluble par le divorce » puis par celle du 20 septembre 1792, instituant la laïcisation de l’état civil et du mariage, le mariage civil étant le seul reconnu par la loi. À quoi s’est ajoutée sous le consulat l’obligation de faire précéder le mariage religieux, s’il avait lieu, par le mariage civil (loi du 10 germinal An X –  8 avril 1802), ce qui sera consacré par le Code civil et par le Code pénal. Cette disposition tyrannique au regard de la liberté de l’Église ne sera d’ailleurs jamais abrogée, pas même lors de la séparation de l’Église et de l’État de 1905 : la célébration en France du mariage religieux reste soumis à la célébration préalable du mariage républicain.

    La Restauration réaffirma l’indissolubilité du mariage et abolit le divorce par la loi du 8 mai 1816, obtenue par Louis de Bonald qui, contre les Lumières, considérait le mariage comme « pierre angulaire de la société » et le divorce comme « un poison révolutionnaire ». Il fut rétablit par la IIIème République, avec la loi Naquet du 27 juillet 1884, et subit ensuite divers aménagements, notamment la possibilité de le décider contractuellement par consentement mutuel des époux (loi du 11 juillet 1975).

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  • Le mois de mai, mois de Marie, à Binche-Estinnes

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    Du site du CIPAR :

    Mai, mois de Marie

    Au cours de ce mois de mai 2024, l’église Saint-Vincent d’Haulchin (dans la paroisse de Binche-Estinnes, dans le diocèse de Tournai) accueillera une exposition consacrée à la Vierge Marie. La piété chrétienne a consacré depuis longtemps le mois de mai à la dévotion envers Marie, Mère de Dieu et des chrétiens. Dans chacune de nos paroisses et dans chaque foyer chrétien, le mois de mai était autrefois l’occasion de cérémonies et d’exercices de dévotion spéciaux en l’honneur de Marie. A défaut de ces célébrations, n’hésitons pas à profiter du mois de mai pour visiter l’un ou l’autre sanctuaire ou participer à un pèlerinage marial si nombreux dans notre pays.

    La dévotion mariale en Belgique et ailleurs

    C’est justement pour mettre en valeur ce riche patrimoine marial de Belgique et d’ailleurs que l’église d’Haulchin accueillera cette exposition sur la Vierge Marie. Son objectif est double : d’abord, il s‘agit de présenter la plupart des représentations des scènes de la vie de Notre Dame, qui furent une grande source d’inspiration pour les artistes de tous les temps, à travers la présentation de statues, icônes, images diverses, médailles…Ensuite, le second objet résidé dans la présentation de différents sanctuaires mariaux – certains très connus et d’autres moins – de Belgique et du monde.

    Le contenu riche et diversifié de cette exposition permettra au visiteur de mesurer la place si importante que la Vierge Marie tient dans la vie de l’Eglise et dans le cœur des fidèles chrétiens. N’hésitez pas à venir nombreux en l’église d’Haulchin visiter cette belle exposition, témoignant des merveilles accomplies par Marie à travers les siècles !

    Pour plus d’infos : tél. 0478 33 43 66 (Michael Deneufbourg, sacristain)

    Michael Deneufbourg

    Pourquoi le mois de mai est associé à Marie? Nous vous invitons à lire cet article très intéressant.

  • Liège Fête-Dieu : autour du jeudi 30 mai 2024

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    Liège Fête-Dieu autour du jeudi 30 mai 2024 (source)

    La Fête-Dieu, fête du Corps et du Sang du Christ, célèbre la présence de Jésus à nos côtés, dans notre quotidien. Il est réellement présent dans le pain et le vin consacrés. Il nous donne vie.

    Programme complet de la Fête-Dieu à Liège (doit encore être mis à jour)

    Dimanche 26 mai

    14h00 : Vernissage de l’exposition à l’Eglise du Saint SacrementBvd d’Avroy 132
    « Le bienheureux Jean Soreth (1394-1471), « ine glwére d’amon nos-ôtes » ? – Au temps du sac de Liège, vie contemplative, prédication populaire et vie eucharistique. »

    Visite accessible le dimanche après-midi et en semaine de 10h00 à 12h00 et de 14h00 à 16h00, sauf le jeudi. Entrée libre.

    17h00 : Vêpres en l’honneur du Saint-Sacrement (office composé par sainte Julienne) à l’église du Saint-Sacrement

    Lundi 27 mai

    20h : Grande conférence d’ouverture par le père Etienne Kern, recteur du sanctuaire de Paray-le-Monial : « Le 350ème anniversaire des apparitions du Sacré-Coeur et leur lien avec la Fête-Dieu » au sanctuaire de Cornillon

    Mardi 28 mai

    17h00-19h00 Vêpres suivies de l’adoration, le chapelet et la bénédiction eucharistique à l’église du Saint-Sacrement.

    Mercredi 29 mai

    9h00-17h00 : Journée d’adoration chez les sœurs de Notre-Dame des Anges, Rue E. Vandervelde 67.

    15h00 à 17h00 : théâtre de marionnettes sur sainte Julienne de Cornillon et le bienheureux Jean Soreth à l’église du Saint-Sacrement

    Jeudi 30 mai

    9h30  Laudes par la communauté des bénédictines à la basilique Saint-Martin.

    10h00-18h00  Journée d’adoration à Saint-Martin De 10h à 12h puis de 14h à 17h à l’église du Saint-Sacrement et de 9h30 à 17h00 à la cathédrale.

    19h00  778ème Eucharistie solennelle de la Fête-Dieu, Basilique Saint-Martin, présidée par Mgr Jean-Pierre Delville.

    20h15 Procession solennelle des peuples du monde « Louez le Seigneur, tous les peuples : fêtez-le, tous les pays ! Ps 116 » de Saint-Martin à la cathédrale Saint-Paul, arrêts à Sainte-Croix, Place Saint-Lambert, Opéra, Vinâve d’ile, Cathédrale.

    21h30-24h00 NightFever & 1.000 bougies pour la paix, Cathédrale Conversion de Saint Paul.

    Toute la nuit : nuit d’adoration à la cathédrale.

    Vendredi 31 mai

    9h00 Eucharistie à la cathédrale Saint-Paul, et introduction à la journée d’adoration.

    10h00-17h00 Journée d’adoration, Cathédrale Saint-Paul, animée par le Mouvement Eucharistique Liégeois (MEL).

    12-14h : Adoration du Saint-Sacrement à l’Eglise du Saint-Sacrement.

    19h45-20h30 : « Audition concertante » à l’église des Bénédictines de la Paix-Notre-Dame – florilège de chants médiévaux interprétés par la Schola Gregoriana de l’Université Cardinal Wyszynski de Varsovie, dir. Michal Slawecki. Entrée libre.

    Samedi 1 juin

    9-17h : Journée d’adoration en divers endroits du diocèse.

    10-14h : Conférence-rencontre pour l’unité des chrétiens à l’Espace Prémontrés

    11h-13h : Service au restaurant « Kamiano » d’un repas complet pour les sans-abri. Les personnes intéressées à venir servir le repas peuvent s’annoncer par mail: liege@santegidio.be – Maison Kamiano, rue Jonruelle 8 à Liège

    15h00  Sainte Messe en latin à Tancrémont suivie de la Procession de la Fête-Dieu au sanctuaire de Tancrémont.
    Route de Tancrémont 718, 4860 Theux  (messe traditionnelle en latin – forme extraordinaire)

    18h : Messe grégorienne solennelle de la Fête-Dieu célébrée par Mgr Delville, évêque de Liège au Saint-Sacrement, avec avec la Schola Gregoriana de l’Université Cardinal Wyszynski (Michal Slawecki) ; orgue : Patrick Wilwerth. A 19h30 : bénédiction du Saint-Sacrement et vénération de la relique de Sainte Julienne de Cornillon l’église du Saint-Sacrement.

    Dimanche 2 juin

    Journée de la Fête du Corps et du Sang du Christ partout en Belgique, trouvez vos horaires de messes sur www.egliseinfo.be, le GPS des clochers.

    A la fin des messes dans les UP : Bénédiction Urbi sur les parvis des UP, prière spéciale pour confier la ville ou la commune.

    9-17h : Messe de la Fête-Dieu et journée d’adoration au Sanctuaire de Sainte-Julienne du Mont-Cornillon avec les sœurs clarisses.

    10h : Eucharistie à la cathédrale de Liège, présidée par le chanoine Jean-Pierre Pire, doyen de Liège.

    10h : Célébration des confirmations à Wanze par Mgr Jean-Pierre Delville

    14h00 : Marche contée le long du ruisseau sainte Julienne, au départ du centre de loisirs, rue de la Vaulx à Retinne

    15h00 à 17h00 : théâtre de marionnettes sur sainte Julienne de Cornillon et le bienheureux Jean Soreth à l’église du Saint-Sacrement

    Sanctuaire Notre-Dame de Banneux
    10h30 Messe internationale 
    14h00 Procession du Saint Sacrement dans le Sanctuaire suivie du Salut et la Bénédiction des malades,
    16h00 Messe en français 

    Mardi 4 juin

    18h : Messe de la bienheureuse Eve de Saint-Martin présidée par Mgr Jean-Pierre Delville

    20h : Film-débat « Sacerdoce »

    Mercredi 5 juin

    15h00 à 17h00 : théâtre de marionnettes sur sainte Julienne de Cornillon et le bienheureux Jean Soreth à l’église du Saint-Sacrement

    19h30 : Conférence de Monseigneur Jean-Pierre Delville à l’église du Saint-Sacrement : « Jean Soreth, fondateur des carmélites, interpelle les Liégeois en 1451 »

    Dimanche 9 juin

    17h00 : concert – Ensemble polyphonique  « Praeludium » et Ensemble à cordes « Darius »  (dir. Patrick Wilwerth) : concert « Inspiration Bach », Pachelbel et Bruhns à l’église du Saint-Sacrement

  • Vatican et guerre en Ukraine : deux langages opposés

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (Diakonos.be) :

    Sur la guerre en Ukraine, le Vatican tient deux langages opposés. Les voici côte à côte

    Le Saint-Siège tient deux langages différents au sujet de la Russie et de l’Ukraine. Des langages très différents entre eux, voire contradictoires.

    Le premier, c’est celui du Pape François, qui depuis des mois justifie inlassablement ses appels à la paix par ces deux raisons : « la guerre est toujours une défaite » et « ceux qui y gagnent le plus sont les fabricants d’armes ».

    Plusieurs parties ont déjà objecté au pape que ces deux raisons ne collent pas à la réalité, à moins de considérer la victoire militaire contre l’Allemagne nazie comme une défaite et la défense armée de sa propre vie et de sa propre liberté comme une pratique suspecte.

    Mais rien ne semble entamer les convictions de Jorge Mario Bergoglio. Ce dernier a également exprimé son opinion personnelle aussi bien sur ce qui serait à l’origine de l’agression contre l’Ukraine que sur la manière de la faire cesser.

    La genèse de cette agression serait selon lui attribuée au fait que « l’OTAN était aller aboyer aux portes de la Russie sans comprendre que les russes sont impérialistes et non permettent à aucune puissance étrangère de s’approcher de leurs frontières ».

    Tandis que pour faire cesser la guerre, il demande simplement à l’Ukraine de reconnaître sa défaite, de déposer les armes et de négocier avec l’envahisseur, bref d’avoir « le courage de se rendre, d’agiter le drapeau blanc ».

    Il faut ajouter que ce langage du pape est également celui qui trouve le plus grand écho dans les médias, et que l’on répète à chaque fois qu’il prend la parole.

    Tandis que l’autre langage tenu par le Saint-Siège reste quant à lui dans l’ombre, et n’est que peu relayé : il s’agit de celui de la Secrétairerie d’État vaticane et celui – moins officiel mais également plus argumenté et révélateur – de « La Civiltà Cattolica ».

    Un second langage qu’il est bon de mettre en évidence.

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