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Foi - Page 599

  • Scalfari /Pera : deux monstres sacrés face au pape François

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    Sur le site de « Monde et Vie » le 22 juillet :

     « Début juillet s’est tenue la dernière réunion du G20 et à cette occasion’ La Repubblica’ a publié un entretien avec le pape François par l’inénarrable Eugenio Scalfari. Eugenio Scalfari, âgé de 93 ans est une figure du journalisme italien. Fondateur de La Repubblica. revendiquant son athéisme, il fut de tous les combats de la gauche italienne depuis la Seconde Guerre mondiale. En 2013 ses interviews-fleuve du pape François dans lesquelles celui-ci exprimait des positions souvent aventurées sur Dieu, le Bien et le Mal, ont fait grand bruit et provoqué un certain embarras de la part du Saint-Siège : présentées sur le site du Vatican, elles en ont été retirées précipitamment quand Scalfari lui-même confessa sa pratique d’un journalisme “artistique” et sa retranscription « de mémoire » de ses entretiens avec le pape, sans notes ni magnétophone. Il avait alors 89 ans. Entretiens néanmoins publiés par la Librairie Éditrice Vaticane. Cette amitié « presque parfaite et insolite » entre le chef de l’Église et un non croyant est née ainsi : « le pape sait naturellement que je ne suis pas croyant, mais il sait aussi que j’apprécie énormément la prédication de Jésus de Nazareth que je considère comme un homme et non un Dieu. Le pape du reste sait que Jésus s’est incarné réellement, est devenu homme jusqu’à ce qu’il soit crucifié. La “Resurrectio” est en effet la preuve qu’un Dieu devenu homme redevient Dieu seulement après sa mort. Ces choses, nous nous les sommes dites de nombreuses fois ». Fasciste puis de gauche. On remarquera la ligne théologique horizontale à laquelle Scalfari associe (nolens volens ?) le pape. Tout l’entretien est de la même eau, le pape demandant à Scalfari pourquoi il devrait lever l’excommunication de Spinoza, ou canoniser Pascal… On croit rêver enfin quand le pape sollicite les lumières du journaliste sur la déontologie dans les médias. Mais le clou de l’entretien, la vraie raison pour laquelle il a convoqué Scalfari au Vatican est sa vision géopolitique de la question migratoire « Je crains, explique François, des alliances assez dangereuses entre des puissances qui ont une vision déformée du monde : Amérique et Russie, Chine et Corée du Nord, Poutine et Assad dans la guerre en Syrie. (…) Le danger concerne l’immigration. Notre problème principal (…) est celui des pauvres, des faibles, des exclus dont les immigrés font partie. (…) Certains pays qui ont peu de pauvres craignent l’invasion des migrants. Voilà pourquoi le G20 m’inquiète : il touche surtout les pays du tiers-monde. (…). Les peuples pauvres sont attirés par les continents et les pays d’ancienne richesse. Le colonialisme partit d’Europe. Il y eut des aspects positifs dans le colonialisme, mais aussi négatifs. En tout état de cause, l’Europe devint plus riche et sera donc l’objectif premier des peuples migrants. » Et le pape de conclure : « Les pays (occidentaux) redeviendront actifs s’ils acceptent une vérité : ou bien l’Europe devient une communauté fédérale, ou elle ne comptera plus pour rien dans le monde ». Et Scalfari de donner au final sa vision de l’entretien : « j’ai souvent écrit que François est un révolutionnaire. Il pense à béatifier Pascal, il pense aux pauvres et aux immigrés, il appelle de ses vœux une Europe fédérale. Nous n’avons jamais eu un pape comme celui-ci ».

    Dès le lendemain paraissait dans le quotidien Il Mattino une réponse magistrale du philosophe et ancien président du Sénat Marcello Pera, ami de longue date du pape Benoit XVI.Du socialisme au catholicisme. Magistrale, car Marcello Pera est un homme politique et un philosophe italien d’envergure. Tandis que Scalfari flirtait avec le fascisme dans les années quarante, avant de se tourner résolument vers la gauche idéologiquement la plus radicale, l’évolution politique de Marcello Pera fut bien différente. Philosophe de renommée internationale, spécialiste de la philosophie des sciences, il évolua du socialisme au catholicisme libéral. Dans les années 2000 il commence à se rapprocher du christianisme, suivant l’injonction pascalienne de vivre comme si Dieu existait. De 2001 à 2006 il fut président du Sénat, et c’est à cette période qu’il se lie d’amitié avec le cardinal Ratzinger, avec lequel il publie en 2004 un ouvrage écrit à quatre mains : Sans racines. L’Europe, le relativisme, le christianisme, l’Islam. Sénateur de centre droit de 2006 à 2013, il poursuit ses travaux apologétiques, alimentés par son activité politique. Il publie en 2008 Pourquoi nous devons nous dire chrétiens, Le libéralisme, l’Europe et l’éthique, vivant plaidoyer en faveur des racines chrétiennes de l‘Europe. Prônant un catholicisme qui se vit dans toutes les sphères de la vie sociale, il pointe les dangers d’une Europe sans mémoire, d’une société où les droits et désirs individuels deviennent la mesure de l’action politique. C’est dire si ce face-à face entre deux monstres sacrés de la vie intellectuelle italienne, à propos de la question migratoire, est crucial.Dans l’entretien d’Il Mattino, les critiques de Marcello Pera envers les prises de position politiques du pape François sont extrêmement dures. Fustigeant ses appels répétés à l’accueil inconditionnel et massif par l’Europe des immigrés, « au-delà de toute compréhension rationnelle », il demande : « quel est l’objectif de tout cela ? (…) Le pape fait cela parce qu’il déteste l’Occident, il aspire à le détruire, comme il veut détruire la tradition chrétienne, le christianisme tel qu’il s’est réalisé dans l’histoire ». Et de poursuivre : « il n’y a pas non plus de justifications évangéliques qui justifieraient ce que dit le pape. C’est un pape qui fait seulement de la politique (…). Il a une vision sud-américaine d’un justicialisme péroniste qui n’a rien à voir avec la tradition occidentale des libertés politiques ni avec sa matrice chrétienne ». Évoquant l’absolue nouveauté de ce pontificat – « Bergoglio n’est intéressé en rien par le christianisme en tant que doctrine, par l’aspect théologique » – il affirme que le pape « n’est pas préoccupé par le salut des âmes mais seulement par la sécurité et le bien-être social », provoquant une crise politique et religieuse de plus en plus incontrôlable, aux conséquences majeures. Le pape « suggère à nos Etats de se suicider, il demande à l’Europe de ne plus être elle-même ». Après cette critique politique vient le diagnostic religieux : « Un schisme caché est présent dans le monde catholique, produit avec obstination et détermination par Bergoglio, et de la part de ses collaborateurs, avec malveillance ». Le 8 juillet, le pape twittait : « Les migrants sont nos frères et sœurs qui cherchent une vie meilleure loin de la pauvreté, de la faim et de la guerre », et le 11 « L’Europe a un patrimoine idéal et spirituel unique au monde qui mérite d’être reproposé avec passion et une fraicheur renouvelée ». Que doit-on comprendre ? Que les immigrés clandestins vont faire vivre l’Europe avec une fraicheur renouvelée ? Ou que l’Europe, si elle veut revivre, doit régler les flux migratoires à ses frontières, comme le Catéchisme catholique en reconnaît le droit et le devoir à tout pays souverain ?    

    Marie d’Armagnac »

    Ref. deux monstres sacrés face au pape François

    Et si la papauté reprenait un peu de hauteur ?

    JPSC

     

  • Que faire pour réformer l’Eglise ? Se réformer soi-même

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    De Michel Janva sur le blog « Salon beige » :

    « Prions pour le pape, la curie et nos pasteurs. Lu sur Infocatho :

    ‘Nous allons bientôt fêter Notre-Dame de l’Assomption, figure de l’Eglise triomphante. Prions-la pour l’Eglise militante et tout spécialement pour nos pasteurs. Malheureusement, l’Épouse sans tache est trop souvent défigurée par les péchés de ses fils. Ainsi avons-nous appris avec effroi la nouvelle de ces orgies homosexuelles, où la drogue coulait à flot, à deux pas de Saint-Pierre de Rome ; ou encore les “ennuis” du Cardinal Pell.

    Mais, plus grave encore peut-être, la foi elle-même est parfois abandonnée par ceux-là mêmes qui ont reçu du Christ mandat de l’annoncer jusqu’aux extrémités de la terre.

    Mais, ces prières doivent aussi s’accompagner de notre propre réforme intellectuelle, morale et spirituelle. Mère Teresa répondait malicieusement  à un journaliste qui l’interrogeait sur ce qui n’allait pas dans l’Eglise : “Vous et moi.” Ce sont nos péchés qui défigurent l’Eglise qui, malgré tout, demeure sous les souillures l’Épouse immaculée du Verbe de Dieu.

    Nous vous proposons donc, amis lecteurs d’Infocatho, de vous inscrire ici, soit pour jeûner, au moins une fois avant le 15 août, soit pour réciter une dizaine de chapelet, pour l’Eglise, le Pape et nos pasteurs, et notre propre conversion.’

    Michel Janva »

    JPSC

  • Pourquoi de nombreux catholiques allemands abandonnent-ils l'Eglise ?

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    De Delphine Nerbollier sur le site du journal La Croix :

    Allemagne, pourquoi les catholiques quittent l’Eglise ?

    En 2016, 162 000 Allemands ont cessé d’acquitter leur impôt ecclésiastique et ainsi « quitté » les rangs de l’Église catholique.

    Ils étaient un peu plus de 4 000 dans le diocèse d’Essen (Ouest de l’Allemagne), qui a lancé une vaste étude pour comprendre les motivations de ses anciens fidèles.

    En quoi consiste cette étude ?

    Elle cherche à comprendre les raisons qui poussent certains à quitter les rangs de l’Église. Elle a été menée en avril et mai via un formulaire très complet mis en ligne sur le site Internet du diocèse. 3 000 personnes y ont participé, de manière volontaire, dont 305 ayant déjà quitté l’Église catholique. 41 ont ensuite pris part à un entretien qualitatif, par téléphone, d’une durée de 40 à 70 minutes.

    Que ressort-il de cette enquête ?

    « L’éloignement » et « le manque de lien » avec l’Église sont les deux raisons principales motivant les sorties. C’est ce que constate Ulrich Riegel, professeur à l’université de Siegen et l’un des deux théologiens ayant dirigé l’étude.

    « Derrière ces deux notions se cache le fait que l’Église est perçue comme une institution basée sur des intérêts de pouvoir et des manigances », explique-t-il dans les pages du magazine diocésain Bene« Elle est jugée peu crédible alors que les messages et les comportements de certains représentants religieux divergents ».

    A LIRE : L’Eglise allemande aide les femmes à accéder aux postes à responsabilité

    À cela s’ajoutent des « raisons plus concrètes », comme le montant de l’impôt religieux, mais aussi de « mauvaises expériences personnelles ». Par ailleurs, le célibat des prêtres, l’image de la femme, la position de l’Église sur l’homosexualité, ou encore les scandales de pédophilie reviennent aussi en force dans les réponses des participants, sans toutefois « mener directement à un départ », ajoute Ulrich Riegel.

    Pour le théologien, une chose est sûre : « Les sorties d’Église sont le résultat d’un processus de long terme ». Son collègue, Tobias Faix, de l’institut de recherche Empirica à Kassel, a lui aussi codirigé cette étude et rappelle « qu’il n’y a jamais une seule raison » motivant le départ d’un paroissien. « Plusieurs facteurs se combinent jusqu’au jour où on se dit : ça suffit ». Pour Tobias Faix, ces processus sont « longs et émotionnellement difficiles surtout pour les personnes âgées ». La question de l'impôt n’est donc souvent qu’un déclencheur. « Personne ne quitte l'église pour faire des économies », assure Tobias Faix, sur le site www.katholisch.de.

    Lors de cette enquête qualitative, Ulrich Riegel a constaté un autre phénomène. « Certains, même s’ils sont peu nombreux, jugent l’Église insuffisamment pieuse et incapable de s'acquitter de sa mission, à savoir célébrer l’Eucharistie et sauver les âmes. »

    Quelles suites ?

    Compte tenu de la variété des motivations mises en évidence par cette enquête, les mesures à prendre ne sont pas évidentes. Comme le résume le théologien Ulrich Riegel, il est difficile de se contenter de plaider « pour un abandon de l’impôt religieux et pour des prêches plus modernes ».

    D’ici l'automne, les chercheurs vont aussi se pencher sur les raisons qui poussent des dizaines de milliers de paroissiens à rester au sein de l’Église, sans toutefois participer activement à la vie de la communauté. Le diocèse souhaite ensuite développer des stratégies pour mieux répondre aux attentes de ses paroissiens et organisera une conférence sur le sujet en 2018.

    Certaines idées circulent déjà comme la possibilité de créer une permanence destinée aux personnes qui s’interrogent. « Les gens disent souvent ne pas trouver de partenaires pour parler », explique Tobias Faix. « Ils ne se sentent ni écoutés ni pris au sérieux. Quitter l'Église est alors un dernier cri de protestation. »

    Delphine Nerbollier (en Allemagne)

    Les prises de position du cardinal Marx seraient-elles susceptibles de ramener des ouailles à l'église ?

  • L'Institut du Christ-Roi se développe

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    De Philippe Maxence sur le site du bi-mensuel « L’Homme Nouveau » (27 juillet)

    Mgr Wach.jpg« Mgr Gilles Wach (à gauche sur la photo) est le fondateur et le prieur général de l'Institut du Christ-Roi Souverain Prêtre (ICRSP) société de Vie Apostolique en forme canoniale de Droit Pontifical dont la principale mission est la formation de futurs prêtres en son séminaire de Gricigliano (Italie). Il a bien voulu répondre à nos questions sur le développement de cet institut et sur la portée du motu proprio Summorum Pontificum dont on a fêté le 7 juillet dernier les dix ans d'application.

     

    L'Institut du Christ Roi Souverain Prêtre (ICRSP) que vous dirigez a eu la grâce de plusieurs ordinations cette année encore. Les vocations ne se tarissent donc pas ?

    Notre Institut a effectivement depuis plusieurs années la grâce de nombreuses ordinations sacerdotales, 29 depuis 2015 dont 6 cette année. Nos maintenant 106 chanoines exercent leur ministère sur trois continents, dans treize pays. C'est S.E.R. le Cardinal Burke  qui cette année encore nous a fait l'honneur de venir ordonner nos prêtres, tandis que S.Exc.R. Mgr Pozzo, secrétaire de la Commission Pontificale Ecclesia Dei est venu ordonner 13 diacres et sous-diacres pour notre Institut.
    Ces vocations viennent du monde entier, en particulier d'Europe et de France. Notre maison de formation, le séminaire international Saint-Philippe-Néri de Gricigliano, situé à côté de Florence en Italie, s'apprête à recevoir en septembre 2017 plus de 20 nouveaux séminaristes en première année de formation. A ceux-là s'ajoutent une quinzaine de jeunes hommes qui vont passer une année de discernement dans nos maisons aux États-Unis, en Angleterre, en Allemagne, en Italie, en France.
    Au total, c'est une centaine de vocations que nous accueillons actuellement pour les former au sacerdoce, dont 9 diacres.

    Notre Institut compte également des oblats, c'est à dire de jeunes hommes qui se sentent destinés à se consacrer au sacerdoce de Jésus Christ Souverain Prêtre par une vie de prière liturgique avec nos chanoines, et par le service rendu au ministère sacerdotal dans notre Institut, sans avoir vocation à devenir prêtres. Ils sont actuellement une dizaine dans notre Institut, et autant en formation dans nos différentes maisons. Ils représentent 10% de nos membres, ce qui est une part importante et souvent méconnue de notre Institut ; leur aide est pourtant précieuse dans nos apostolats ; grâce à Dieu, leur nombre aussi est en croissance.

    Je n'oublie pas nos sœurs Adoratrices, qui elles aussi attirent de nombreuses vocations, probablement cinq ou six nouvelles postulantes entreront dans les mois qui viennent. Cette branche féminine de notre Institut, présente dans trois pays, compte maintenant près de quarante religieuses. Elles apportent une grande aide à nos prêtres, d'abord dans la prière à leurs intentions, mais aussi en participant à divers labeurs apostoliques.

    Quelle est la spécificité de votre Institut qui explique l'attirance toujours nombreuse de jeunes hommes (ou de jeunes filles pour la branche féminine) en son sein ?

    Je constate tout d'abord que ces vocations viennent pour la plupart d'elles-mêmes frapper à notre porte ; il n'y a pas chez nous de communication "pastorale" particulière sur ce sujet. Plusieurs de nos prêtres et de nos séminaristes ont connu notre Institut seulement à travers nos sites internet ! Tous ces jeunes hommes sont attirés par le sens du Beau, principalement dans la liturgie. Bon nombre d'entre eux découvrent la forme extraordinaire tardivement, et ils y trouvent la réponse à cette soif intérieure qui les brûle.

    Notre vie canoniale, qui met à la première place la célébration du Saint Sacrifice de la Messe et le chant de l'Office Divin, est en quelque sorte le moyen voulu par la Providence pour l'épanouissement de ces vocations. C'est à travers cette liturgie soignée que nous participons dès ici-bas à la splendide liturgie de la Jérusalem céleste.

    Ces vocations, tout en restant résolument apostoliques, recherchent aussi une communauté pour éclore. A l'école de nos saints patrons, saint François de Sales pour sa spiritualité centrée sur la charité, saint Thomas d'Aquin pour les études et saint Benoît pour la liturgie, ces jeunes gens approfondissent au fur et à mesure et se nourrissent davantage du charisme propre de notre Institut.

    Il semble donc que la Providence continue de nous envoyer des vocations tant que nous demeurons fidèles à mettre Dieu à la première place par une vie liturgique soignée et par une observation fidèle de la forme canoniale de nos Constitutions telles qu'elles ont été reconnues par le Saint-Siège.

    Il en est de même pour nos sœurs Adoratrices qui "suivent le même esprit, prient pour la sanctification des prêtres, et particulièrement des membres de l’Institut, dont elles soutiennent l’apostolat."
     

    Institut international, vous venez d'ouvrir, je crois, un nouveau lieu d'apostolat en Angleterre, mais vous êtes aussi présent ailleurs ?

    Notre Institut est effectivement en plein extension, et à l'issue de notre Chapitre Général qui se tiendra fin août, nous pourrons annoncer notre implantation dans plusieurs nouveaux apostolats, aux États-Unis, en France, en Angleterre, etc. Nous essayons de répondre, partout où cela est compatible avec notre vie communautaire, aux demandes des évêques qui souhaitent dans leur diocèse avoir l'aide de chanoines de l'Institut et faire bénéficier leurs fidèles des richesses de la forme extraordinaire du rite romain.

    Le développement de notre apostolat en Angleterre est à ce titre en effet significatif. Deux évêques nous ont depuis plusieurs années accueillis avec une très grande bienveillance dans leurs diocèses, l'évêque de Shrewsbury, S.Exc.R. Mgr Davies, qui a conféré les Ordres mineurs à nos séminaristes cette année, et l'évêque de Lancaster, S.Exc.R. Mgr Campbell. Ils nous ont confié la charge de splendides sanctuaires dont l’un (New Brighton) était fermé au public, faute d’entretien suffisant. Nos sanctuaires ont la mission de promouvoir la dévotion Eucharistique et la célébration de tous les Sacrements dans la forme extraordinaire. Pour la rentrée prochaine, S.Exc.R. Mgr Campbell confie à notre Institut une nouvelle église à Preston, dédiée à Saint Thomas de Cantorbéry et aux Martyrs Anglais ; elle sera désormais desservie par l’Institut comme sanctuaire pour la dévotion aux Martyrs anglais (les catholiques, principalement des prêtres, qui furent martyrisés pour leur foi entre 1535 et 1679 - beaucoup provenant du comté du Lancashire, dont dépend Preston), dont l’église possède actuellement plusieurs reliques insignes. Mgr Campbell a aussi donné son accord à l'ouverture d'une école où nos chanoines œuvreront. Enfin, en novembre 2017, une maison de formation pour l’Institut sera aussi ouverte, où de jeunes hommes pourront apprendre le français et suivre une formation préparatoire à leur entrée éventuelle dans l’Institut (comme séminaristes ou comme oblats).

    D'un pays à l'autre, et même d'un continent à l'autre puisque nous sommes présents de l'île Maurice aux États-Unis, en passant par le Gabon et bien sûr la plus grande partie des pays d'Europe, les mentalités sont très différentes, mais il existe un point commun : les fidèles restent universellement assoiffés de Dieu. L'on mesure partout les immenses bienfaits que la présence d'un prêtre ou d'une communauté de prêtres peut apporter en ouvrant grand le trésor des sacrements : que ce soit dans les paroisses, églises, chapelles, écoles, hôpitaux ou toute autre œuvre qui nous est confiée.

    Le 7 juillet dernier, nous avons fêté les 10 ans du motu proprio Summorum Pontificum. Quel bilan en tirez-vous ?

    Le Motu Proprio Summorum Pontificum de Benoît XVI avait pour objectif de permettre une diffusion aussi large et généreuse que possible de la forme extraordinaire du rite romain.
    Celui-ci a déjà porté de nombreux fruits sur ce plan là, et dans le monde entier nous avons pu assister à la multiplication des célébrations dans l'usus antiquior, aussi bien par des prêtres appartenant à des communautés dépendant d'Ecclesia Dei que par des religieux ou des prêtres diocésains : la Messe traditionnelle a en quelque sorte enfin retrouvé en pratique le droit d'exister, même si l'on peut regretter que l'application ait été bien parcimonieuse et réticente dans un certain nombre d'endroits où toutes les conditions sont pourtant remplies.

    Ce Motu Proprio restera dans l'Histoire comme l'un des actes majeurs du Pontificat de Benoît XVI, sa portée ne se limite absolument pas aux groupes de fidèles, d'ailleurs de plus en plus nombreux, qui en bénéficient directement. La liturgie traditionnelle a été officiellement rendue à l’Église, et par le même fait, l’Église a été rendue à la liturgie. Comme le notait à l'époque le Cardinal Ratzinger, la crise dans l’Église provient d'abord de la crise dans la liturgie, et dans cette perspective, c'est seulement par une restauration de la liturgie qu'une solution à cette crise peut être espérée. La Providence suscitera certainement de grands liturges et hommes de prières comme furent Durand de Mende, Mgr Gromier ou ces deux fils de Saint Benoît : dom Guéranger au XIX° et le cardinal Schuster au XX°.

    Permettez-moi de vous citer quelques phrases que Dom Guéranger écrivait dans son Introduction à l'Année liturgique :

    Or, sur cette terre, c'est dans la sainte Église que réside ce divin Esprit. Il est descendu vers elle comme un souffle impétueux, en même temps qu'il apparaissait sous l'emblème expressif de langues enflammées. Depuis lors, il fait sa demeure dans cette heureuse Épouse; il est le principe de ses mouvements; il lui impose ses demandes, ses vœux, ses cantiques de louange, son enthousiasme et ses soupirs. De là vient que, depuis dix-huit siècles, elle ne se tait ni le jour, ni la nuit ; et sa voix est toujours mélodieuse, sa parole va toujours au cœur de l’Époux.
    Tantôt, sous l'impression de cet Esprit qui anima le divin Psalmiste et les Prophètes, elle puise dans les Livres de l'ancien Peuple le thème de ses chants ; tantôt, fille et sœur des saints Apôtres, elle entonne les cantiques insérés aux Livres de la Nouvelle Alliance ; tantôt enfin, se souvenant qu'elle aussi a reçu la trompette et la harpe, elle donne passage à l'Esprit qui l'anime, et chante à son tour un cantique nouveau ; de cette triple source émane l'élément divin qu'on nomme la Liturgie. La prière de l’Église est donc la plus agréable à l'oreille et au cœur de Dieu, et, partant, la plus puissante.
     

    La sainte liturgie est ce pont dressé vers le Ciel qui nous met en contact direct et immédiat avec le Seigneur. Œuvre d’amour par excellence, le culte divin constitue le renouvellement, l’actualisation, la continuation de la Passion du Christ ; et de découvrir à la médiocrité du siècle la miséricorde du Sauveur, et d’en dispenser les innombrables faveurs. Que ce soit dans la sainte Eucharistie – le Sacrement d’amour par antonomase -, la vie sacramentelle ou le chant de l’office divin, Notre-Seigneur continue à inonder le monde de ses grâces.

    Je suis convaincu que la grande richesse de la forme extraordinaire encourage et stimule ce contact de l'âme avec Dieu, que ce soit l'âme du prêtre qui célèbre le saint Sacrifice ou l'âme des fidèles qui y participent. Nos prédécesseurs dans la Foi ont pendant des siècles puisé dans ce réservoir comme à une fontaine d'eau vive, et le pape Benoît XVI a rouvert un accès facile à ce trésor : ne nous lassons pas de le faire découvrir !

    La liturgie romaine traditionnelle est essentiellement théocentrique. N'est ce pas ce qui manque terriblement à notre monde actuel : la présence de Dieu ?
    Si Dieu ne règne pas par sa présence, Il règne par son absence et c’est l’enfer. C’est un peu paraphraser ce que disait le grand Cardinal Pie, évêque de Poitiers au XIXe siècle :

    ‘de toute façon, Dieu règne toujours, soit par les malheurs dus à son absence, soit par les bienfaits de sa présence’.

    Donnons la primauté à Dieu en tout, et d'abord dans le culte qui lui est dû ; l’Église et l'humanité ne s'en trouveront que mieux ; voilà le vrai remède. Que l'Esprit Saint ouvre les cœurs et les esprits à ses ministres sacrés pour en faire des instruments humbles et fidèles à son service ».

    Ref. L'Institut du Christ-Roi se développe : notre entretien avec Mgr Wach

    JPSC

  • Emmanuel Macron : « Je veux remercier l’Église et les catholiques »

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    De Samuel Pruvot dans l’hebdomadaire « Famille chrétienne » 

    « Présent au premier anniversaire de l’assassinat du père Jacques Hamel à Saint-Étienne du Rouvray, le Président a remercié la communauté catholique pour sa foi et son apport à la France. Des paroles inédites qui l’engagent pour l’avenir.

    On croyait rêver un peu en entendant le Président à la tribune, ce matin, à Saint-Etienne du Rouvray. Non seulement Emmanuel Macron a remercié « l’Église de France, Monseigneur Lebrun, les catholiques de France, les Sœurs de Saint-Vincent de Paul (…) d’avoir trouvé dans leur foi et leur prière la force du pardon. » Mais son intervention faisait écho à celle de Mgr Lebrun qui, quelques minutes auparavant, avait insisté sur la nécessité d’éclairer les ténèbres de notre France postmoderne : « Notre société ne sait plus où elle va après la mort, et se croit libre de faire tout ce que chaque individu souhaite, y compris abréger sa vie ou l’empêcher de naitre. »

    « Celui qui a des oreilles, qu’il entende »

    Ce plaidoyer de Mgr Lebrun pour la vie – et cette condamnation explicite de toutes les formes d’atteinte à la vie humaine – n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Le Président écoutait attentivement l’archevêque, assis au premier rang, sur une place noire de monde. Un peu plus tôt, lors d’une liturgie eucharistique d’une simplicité désarmante, à l’image du père Jacques Hamel, Mgr Lebrun avait commencé son homélie par ces mots tirés de l’Evangile selon saint Matthieu : « Celui qui a des oreilles, qu’il entende ».

    « La République n’est pas le règne du relativisme. Au cœur de nos lois et de nos codes forgés par l’Histoire, il est une part qui ne se négocie pas, une part sur laquelle on ne porte pas la main, une part, j’ose le mot, sacrée. Cette part, c’est la vie d’autrui. »

    Emmanuel Macron

    Emmanuel Macron a entendu à sa façon. À l’extérieur de l’église après la messe, il a déclaré, lentement, en pesant chaque mot : « La République n’est pas le règne du relativisme. Au cœur de nos lois et de nos codes forgés par l’Histoire, il est une part qui ne se négocie pas, une part sur laquelle on ne porte pas la main, une part, j’ose le mot, sacrée. Cette part, c’est la vie d’autrui. » Certains y verront une tentative de récupération politique ; certains se souviendront de certaines déclarations de Nicolas Sarkozy. Mais d’autres y reconnaitront une (heureuse) ouverture à la dimension religieuse en ces circonstances graves.

    Les croyants, pas des citoyens de seconde zone

    Sur la stèle offerte par la mairie, on peut lire des extraits de la Déclaration universelle des Droits de l’homme de 1948. Cela a pu étonner pour un hommage à un martyr. « La stèle porte un défi, celui de l’universel où la lumière ne peut rejoindre quelques-uns au détriment des autres », explique Mgr Lebrun. Mais il faut lire le texte gravé sur le monument pour comprendre. Ce qui est en jeu ici n’est rien de moins que la liberté religieuse en France : « Le visage du père Hamel semble regarder vers l’article 18 de la déclaration universelle, poursuit l’archevêque : “Toute personne a droit à la liberté de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de manifester sa religion seul ou en commun”. Ce regard est-il un hasard ? Je crois plus à la providence. »

    Pour Mgr Lebrun, il était essentiel de rappeler que les croyants n’étaient pas des citoyens de seconde zone. « La communauté catholique veut participer à la vie commune, par ses membres et en tant que communauté. Elle croit que sa mission est sur la Terre comme au Ciel. » Le Président a bien entendu cette requête, secrète et légitime, qui monte du cœur de tous les catholiques affectés par l’assassinat du père Hamel. « Le visage de Jacques Hamel est devenu le visage de ce qui en nous refuse cette culture de mort et ce terrorisme arrogant. Dans sa vie humble toute offerte aux autres les Français ont reconnu une part d’eux-mêmes. »

    « Je suis Jacques Hamel » aurait pu ajouter Emmanuel Macron. Tant il est vrai que son sang est celui de la France. Mais bien au-delà, a conclu l’archevêque, « le sang du père Hamel est de la même composition que le sang de Jésus ; il crie avec tous les martyrs. Il appelle à la fraternité, sans exclusion. »

    Ref. Emmanuel Macron : « Je veux remercier l’Église et les catholiques »

    JPSC

     

  • L’ancien président du Sénat italien est-il un complotiste ?

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    Lu sur le site de notre consoeur du site « Benoît et moi » cette traduction de l’interview de Marcelle Pera qui vient de paraître dans la « Fede Quotidiana » sous le titre « En cours, une pesante attaque contre Benoît XVI » :

    «Je n'aime pas les interprétations complotistes (la dietrologia), mais j'ai le sentiment qu'on est face à une attaque lourde contre le pape émérite»: ce sont les mots du sénateur et philosophe Marcello Pera - président émérite du Sénat, lié à Benoît XVI par une relation d'estime profonde et d'amitié -, dans cette interview avec La Fede Quotidiana. Pera commente les développements récents, après la publication du rapport de l'Église allemande sur les cas présumés d'abus sexuels dans le chœur de la cathédrale de Ratisbonne.

    - Pera, ce rapport est sorti presque en même temps que le message du Pape Émérite pour la mort du cardinal Meisner, une nécrologie qui a suscité pas mal de maux d'estomac. Qu'en pensez-vous?

    « Je n'aime pas, et je n'ai jamais aimé les interprétations complotistes, mais j'ai la sensation que commence, ou qu'a commencé et est déjà en acte une attaque lourde contre le pape émérite, une attaque qui prend pour cible son frère et le Cardinal Müller lui-même». 

    - Expliquez mieux ...

    « La cible, au moins en Allemagne, c'est le pape émérite. Et ce n'est pas quelque chose qui date d'aujourd'hui, que ce soit bien clair. Je n'exclus pas qu'un certain rapport puisse être utilisé comme instrument pour offenser Benoît XVI, pour maculer sa personnalité, en utilisant des personnes qui lui sont chères, ou qui sont proches de lui».

    - Tout part donc de l'Allemagne?

    « Une partie de l'Eglise allemande n'a jamais vraiment aimé Benoît XVI. Je pense à Kasper, qui a toujours été théologiquement un adversaire de Benoît XVI et est maintenant totalement aligné sur les positions de Bergoglio. D'un autre côté, la Curie romaine est elle aussi divisée intérieurement et il n'est pas exagéré de parler de luttes intestines».

    - Pourquoi, selon vous, pourrait-il y avoir une attaque contre le pape émérite?

    « Parce qu'il était et est le bastion de la doctrine catholique, celui qui a toujours essayé par tous les moyens de la faire connaître, et n'a jamais fait de compromis, comme c'est le cas aujourd'hui, avec l'esprit du temps. Vouloir ternir son image serait une victoire des milieux laïcistes, et peut-être protestants. L'Eglise d'aujourd'hui est en état de siège». 

    - Vous êtes critique envers Bergoglio, pourquoi?

    « J'ai beaucoup de réserves au sujet de son interprétation de la doctrine catholique et de son interprétation correcte. Il me semble qu'il va à l'encontre de la tradition juste et consolidée, et cligne de l'oeil à l'esprit mondain. Il en résulte une sorte d'humanisme philanthropique, et je nourris beaucoup d'inquiétude. Même en ce qui concerne l'islam et les immigrants, Bergoglio a une attitude de capitulation qui ne me plaît pas du tout, tout comme son alignement sur des positions doctrinales discutables. Il fait beaucoup de politique et il me semble complaisant tant sur les principes que sur l'islam ».

    - Vous parlez avec Benoît XVI. Est-il préoccupé par l'état de l'Eglise catholique?

    « Je préfère ne pas répondre».

    - Alors disons les choses autrement: pensez-vous que le pape émérite soit préoccupé?

    « Je pense qu'il l'est. Sa nécrologie pour la mort du cardinal Meisner le prouve. Elle prouve qu'il y a en lui une profonde inquiétude pour la situation actuelle de l'Eglise».

    Mise à jour

    Dans un post du 18 juillet, Giuseppe Rusconi revenait, sur l'«interview lucide et amère de Marcello Pera» (titre de son article), du 9 juillet à “Il Mattino” de Naples ( Marcello Pera contre le Pape), la qualifiant d' «extrêmement lucide, éclairante, à encadrer», et ajoutait un peu plus tard un post-scriptum:

    "Suite à notre article, le président émérite du Sénat italien nous a proposé une réflexion supplémentaire sur le sujet:

    «Je ne suis pas seulement amer, je suis aussi très préoccupés par notre avenir. Et encore plus par le conformisme qui dans l'Église (en particulier dans la hiérarchie) s'installe, et ne pense pas à cet avenir. Le jour où le christianisme sera réduit à une doctrine qui parle de justice sociale, de pauvres, d'immigrés, de travail, d'environnement, de syndicats, de constitutions politiques, etc., la Croix aura définitivement capitulé devant l'esprit du temps. Bien sûr, la belle épouse du Christ ne disparaîtra pas, mais il faudra attendre longtemps pour voir la fin des dégâts qui sont faits aujourd'hui». 

    Ref. Une pesante attaque contre Benoît est en cours

    L’Eglise des anges et des saints (on parlait dans le langage de jadis de l’Eglise « triomphante ») dont la tête est Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, ne saurait évidemment disparaître mais c’est le Christ lui-même qui a posé la question à ses disciples : lorsqu’il reviendra dans la gloire au jour du jugement de ce monde, le Fils de l’Homme y trouvera-t-il encore la foi ? Elle demeure posée à chacun d’entre nous et jusqu'à la consommation des siècles.

    JPSC

  • Procession à Ekaterinbourg : 60.000 personnes ont commémoré le martyre du Tsar Nicolas II et de sa famille dans la nuit du 16 au 17 juillet 1917

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    JPSC

  • La mort de Max Gallo, laïc, républicain... et catholique

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    De Laurent Grzybowski sur le site de l'hebdomadaire "La Vie" :

    Max Gallo : “Pourquoi je prie“

    « La France a besoin de retrouver ses racines chrétiennes ! » Qui l’affirme ? Max Gallo, ardent défenseur des valeurs républicaines et laïques, écrivain de son état. Après les biographies de Napoléon, de De Gaulle et de Victor Hugo, l’ancien porte-parole de François Mitterrand, soutien de Jean-Pierre Chevènement durant la présidentielle [de 2002], s’attaque [à l'époque], via une trilogie romanesque, à l’histoire des premiers chrétiens. L’occasion pour lui, dans un étonnant prologue dont nous publions quelques extraits, de confesser sa foi en Dieu.

    Pourrait-on qualifier de conversion l’expérience que vous décrivez dans le prologue de votre roman

    Le mot me paraît beaucoup trop fort. Je me suis toujours défini comme catholique, même si je ne suis pas pratiquant. J’ai été baptisé dans une famille qui était laïquement catholique. Cette rencontre avec un événement inattendu, à l’église Saint-Sulpice, m’a brusquement obligé à réfléchir sur la place du christianisme, dans nos sociétés occidentales. C’est ce qui m’a décidé à écrire cette nouvelle grande fresque historique autour des trois personnages qui ont marqué l’histoire de notre pays : Martin de Tours, Clovis et Bernard de Clairvaux.

    Il y a tout de même ce cri du cœur : « Je suis croyant ! » Aviez-vous déjà eu l’occasion d’exprimer cette conviction ?

    Il m’est arrivé de le dire, mais jamais de manière aussi précise. Peut-être parce que quelque chose s’est déclenché en moi qui m’a incité à le manifester. Peut-être aussi parce que les questions religieuses, liées aux événements du 11 septembre, et l’attitude d’une religion comme l’islam me conduisent aujourd’hui à affirmer ma propre appartenance avec plus de force. Non pas pour afficher je ne sais quelle supériorité, mais pour exprimer une identité autrement que par un creux ou par une absence.

    Mon travail d’écrivain consiste précisément à essayer de donner une image la plus complète possible de la diversité de notre histoire nationale. 

    Mais la laïcité républicaine que vous défendez si chèrement ne peut-elle tenir lieu d’identité ?

    Cela n’est pas contradictoire. Laïc et républicain, je suis également catholique. Ce serait une imbécillité que de vouloir opposer ces deux appartenances. Ceux qui refusent de vibrer au souvenir de Reims et ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération ne comprendront jamais l’histoire de France. Mon travail d’écrivain, depuis quelques années, consiste précisément à essayer de donner une image la plus complète possible de la diversité de notre histoire nationale. Les Chrétiens s’inscrivent dans le droit fil d’une biographie de Napoléon, de De Gaulle ou de Victor Hugo. Tout cela tourne en fait autour d’une interrogation sur les fondations de notre collectivité nationale et de l’identité française.

    À sa manière, votre démarche ne rejoint-elle pas celle de Régis Debray, chargé par l’Éducation nationale de réfléchir au problème de la culture religieuse à l’école ?

    De fait, alors qu’il n’y a eu aucune concertation entre nous, je constate que nos démarches convergent. Il nous faut revisiter notre histoire. La France n’est pas née en 1789. Elle est d’abord la fille aînée de l’Église. Si on ne prend pas en compte cette dimension, on ne peut rien comprendre à notre passé. Bien qu’il soit laïc, et qu’il ait été parfois anticlérical, le modèle républicain français doit beaucoup à la tradition catholique. On ne peut absolument pas séparer ces deux réalités, même si on peut comprendre qu’il y ait pu y avoir des oppositions liées à des périodes de tension. Tel est le paradoxe de notre histoire. Un travail doit être mené au plan intellectuel pour réconcilier les Français avec leur histoire, avec toute leur histoire, et pour ne pas laisser s’interrompre le fil de la mémoire. Car l’amnésie est une tragédie pour l’individu comme pour la collectivité.

    Pourquoi avoir choisi, pour votre nouveau roman, Martin de Tours, Clovis et Bernard de Clairvaux ?

    Ces trois personnages correspondent à trois moments clés de notre histoire. Martin, le premier évangélisateur des Gaules, est celui qui, à la fin du IVe siècle, a contribué à populariser le christianisme qui, jusque-là, était plutôt le fait des élites et des fonctionnaires. Cet homme a tellement marqué notre histoire que son prénom est le plus porté en France, soit comme nom de famille, soit comme nom de commune. Clovis, lui, fut le chef de la tribu des Francs qui donnèrent leur nom à la France. Son baptême, en 499, fait entrer notre pays dans une nouvelle ère. Cinq cents ans plus tard, avec saint Bernard, nous découvrons l’avènement d’une Europe chrétienne à travers la construction de quelque deux cents abbayes en moins de 50 ans. Ces trois figures m’ont permis d’explorer les fondements de notre nation.

    (...)

    En 2009, Max Gallo témoigne dans La Vie de ce qu'être Français veut dire pour lui

    Les Français ont-ils besoin de retrouver leurs racines ?

    La France souffre d’un très grand déficit de sens. Elle ne sait plus où elle va, ni même ce qu’elle est, peut-être parce qu’elle ne sait plus d’où elle vient. Le XXe siècle, ses guerres et ses totalitarismes, n’a épargné personne. Mais là où d’autres ont su trouver un nouvel élan, qu’il s’agisse des États-Unis, de la Chine, de l’Angleterre ou de l’Allemagne réunifiée, notre pays semble être resté en rade. De toutes les grandes nations, nous sommes la plus blessée symboliquement. Nous n’avons plus de grand dessein. Le problème de la France aujourd’hui ne se résume pas à la question des retraites ou de la sécurité, mais à celle de notre identité. À quelle communauté appartenons-nous ? Quel est notre projet collectif ? Ces questions méritent aussi une réponse spirituelle.

    J'ai redécouvert le sens de la prière, celle que je pratiquais durant mon enfance.

    Cette prise de conscience a-t-elle changé quelque chose dans votre existence ?

    Curieusement, j’ai redécouvert le sens de la prière, celle que je pratiquais durant mon enfance. Elle est pour moi un moment d’apaisement personnel. On a tous des tensions dans une journée, le soir, le matin et le fait de prier m’apaise. Plus profondément, face à tous les fanatismes et à toutes les tentations sectaires, il me paraît nécessaire de prendre le temps de nous arrêter pour nous poser quelques questions fondamentales, spirituelles, qui touchent au sens de la vie. À cet égard, le christianisme est une religion qui, me semble-t-il, essaie d’éviter les fermetures tout en prenant en compte la demande de spiritualité très forte de nos contemporains. Cette religion s’appuie sur une conviction très forte et très novatrice : il y a du divin et du sacré dans chaque homme. Cette conviction est aussi la mienne.

    Extraits : Le jour où tout a basculé…

    Dans ces passages, Max Gallo raconte un événement spirituel qui a inauguré une nouvelle étape de sa vie. Extraits du prologue des Chrétiens, volume 1, le Manteau du soldat.

    « J’attendais sur les marches de l’église Saint-Sulpice, ce samedi 20 octobre 2001. Le baptême d’Antoine, le fils de Rémi et d’Angela, avait été fixé à seize heures. J’avais accompagné les parents et le nouveau-né et j’avais échangé quelques mots avec le père V., dominicain, qui s’apprêtait à officier. C’était un homme imposant, au visage énergique, au regard voilé. Il m’avait pris par le bras et m’avait entraîné dans une marche autour du baptistère octogonal.

    – Je connais vos livres, m’avait-il dit. Vous êtes en chemin. Vous recherchez l’unité. Pourquoi n’entreprendriez-vous pas un grand livre sur les chrétiens ? La manière dont la Gaule a été évangélisée, est devenue la France, reste mal connue, mystérieuse, opaque même pour la plupart des Français. Qui connaît la vie de saint Martin, les circonstances du baptême de Clovis, ou l’œuvre de pierres et de mots de Bernard de Clairvaux ? Voilà les trois colonnes qui soutiennent l’édifice de la foi dans notre pays. Pensez-y !

    (...) J’aime la place Saint-Sulpice, qui s’étend devant le lieu de culte comme un vaste parvis, un immense carré de lumière. (...) Une partie de ma vie (...) s’était déroulée là, dans l’un des immeubles d’angle (...). Et c’est là (...) qu’un après-midi d’une sinistre année, il y a trente ans, on vint m’annoncer le suicide de ma fille de seize ans. (...) Sans réfléchir, comme par instinct, je m’étais précipité dans l’église, m’y étais agenouillé.

    J’avais récité les prières de mon enfance que j’avais cru oubliées et qui, à cet instant, me revenaient en mémoire comme les seules paroles capables non pas d’atténuer la douleur, mais de me faire accepter ce qui m’apparaissait inconcevable. J’avais eu le désir de m’allonger sur les dalles de la nef, devant l’autel, bras en croix, et de rester là, immobile. J’avais alors pensé – depuis lors, cette brûlure n’a jamais cessé d’être vive – que je n’avais pas fait baptiser ma fille, qui était née sans que sa mère ni moi souhaitions sa venue au monde. Nous avions même plusieurs fois évoqué l’idée que nous pouvions – que nous devions – interrompre cette grossesse survenue trop tôt, alors que nous n’étions encore que des étudiants tout juste sortis de l’adolescence. Mais, en ce temps-là, l’avortement était une aventure qui par ailleurs nous révulsait. Et nous avions renoncé à la courir.

    Pourtant, dans cette église Saint-Sulpice, le jour de la mort de ma fille, j’ai su – j’ai cru – que Dieu nous l’avait reprise parce que nous ne l’avions pas assez désirée pour être heureux de sa naissance, et que nous avions négligé de la faire baptiser.

    Au moment où j’allais m’abattre sur les pierres de la nef, un ami qui m’avait suivi depuis le bureau m’avait entouré les épaules et soutenu, me guidant hors de l’église. J’avais été ébloui par l’insolente lumière de cette journée d’un juvénile été. Et j’étais longuement resté sur les marches, face à la place, incapable de faire un pas, de retourner dans la vie après cette mort.

    Et je me retrouvais là, trente ans plus tard, sur le seuil de cette même église, avec encore cette blessure, cette faille qui me déchirait. Mais dont je m’étais lâchement et habilement accommodé tout au long de ces années. (...) J’avais dissimulé le suicide de ma fille ; le sentiment de culpabilité qui m’avait frappé, là, dans cette nef, avait fait resurgir en moi tout ce que j’avais conservé de croyance, mais, au fil des années, si j’avais gardé cette plaie ouverte, j’avais à nouveau chassé Dieu de mes pensées, repris par les combats et les débats à ras de terre qui emplissent nos vies de bruits et de fureurs.

    J’avais écrit livre après livre comme on élève un parapet. Je ne me souvenais plus d’avoir jamais délibérément évoqué la foi, la religion de tant d’hommes, ou dessiné la figure de Dieu. Mon ciel était vide. Et mes amis d’alors – ceux que je reconnaissais, ce jour d’octobre, s’engouffrant dans l’église Saint-Sulpice – avaient oublié eux aussi leur attachement à la religion de leurs origines. (...)

    L’avenir, nous en étions persuadés, ne pouvait plus appartenir aux vieilles religions qui dépérissaient. Et d’abord à la nôtre, la catholique. Nous ne la pleurions pas, bien au contraire. Qu’elle soit ensevelie sous ses compromissions avec les pouvoirs, que les églises vides soient transformées en salles de bal ou de conférences ! Et que les prêtres se marient, deviennent aussi gris que la foule ! Amen!

    Nous ricanions quand quelqu’un rappelait la prétendue prophétie de Malraux selon laquelle le XXIe siècle serait spirituel ou ne serait pas.

    En ce samedi 20 octobre 2001, alors que les commentateurs évoquaient les prémices d’une guerre de religions, proclamée déjà, organisée par les terroristes islamistes, Rémi, celui que nous considérions comme le plus rigoureux d’entre nous, qui avait aussi pris le plus de risques personnels, allait présenter son fils au père V. afin que celui-ci traçât sur le front d’Antoine le signe de croix, puis l’aspergeât par trois fois d’eau bénite. Ainsi vont les vies.

    Dehors, j’ai vu arriver les derniers invités, Gisèle, Claude, Sami. Ils m’ont salué d’un geste timide de la main comme pour s’excuser d’être là, eux aussi. Gisèle s’est approchée.

    – Je n’ai jamais assisté à un baptême, m’a-t-elle soufflé. Puis elle a interrogé d’une voix teintée d’inquiétude :

    – Tu n’entres pas ? (...)

    Elle imaginait peut-être que j’incarnais à cette place une sorte de protestation, une présence amicale doublée d’une posture anticléricale, comme celle de ces farouches athées qui accompagnent le cercueil d’un ami défunt jusqu’à l’entrée de l’église, mais refusent de mettre le pied dans la nef. J’ai deviné que Gisèle hésitait, tentée de se joindre à moi.

    – Je viens, lui ai-je dit. Je suis croyant.

    Elle a paru décontenancée, a secoué la tête, ri trop fort, puis s’est éloignée en répétant :

    – Toi alors, comme Rémi... Il y avait un brin de mépris, de l’étonnement et même un peu d’affolement dans sa voix. J’ai détourné la tête. J’ai pensé à tous ceux qui ne viendraient pas. Et je me suis soudain souvenu d’une pensée de saint Augustin (...) Je l’ai murmurée, ému aux larmes. Elle me parlait de ma fille, mais aussi de Nikos, de Pierre, de Louis, nos amis qui ne viendraient pas assister au baptême d’Antoine.

    Nikos s’était suicidé dans les années 70, comme s’il avait découvert avant tous les autres la faillite de ce siècle, le nôtre. Pierre avait été assassiné, mais avait tant de fois provoqué les tueurs que sa mort était annoncée ; sans doute même l’avait-il souhaitée. Quant à Louis, qui avait tenté de penser notre monde, sa tête avait fini par éclater, il était devenu fou et criminel. Manquaient aussi à ce baptême ceux qui avaient choisi de se perdre dans les méandres des pouvoirs exercés sur les hommes et les choses, de n’être plus que des ambitieux, des possédants aveugles et sourds, des avides.

    J’ai commencé à remonter les marches en me récitant cette pensée de saint Augustin: " Voyez ces générations d’hommes sur la terre comme les feuilles sur les arbres, ces arbres, l’olivier et le laurier, qui conservent toujours leurs feuilles. La terre porte les humains comme des feuilles. Les uns poussent tandis que d’autres meurent. Cet arbre-là non plus ne dépouille jamais son vert manteau. Regarde dessous, tu marches sur un tapis de feuilles mortes."

    Je suis entré. Le père V. avait commencé d’officier. À ma vue, il s’est interrompu un bref instant. Il m’a semblé qu’il ne s’adressait plus qu’à moi, disant que nous devions tous méditer le sermon de saint Bernard. Sa voix était assurée, il détachait chaque mot, et j’eus l’impression qu’il avait posé sa main sur ma nuque, qu’il me forçait à baisser la tête.

    – " Le Verbe est venu en moi, et souvent. Souvent il est entré en moi et je ne me suis pas aperçu de son arrivée, mais j’ai perçu qu’il était là, et je me souviens de sa présence. Même quand j’ai pu pressentir son entrée, je n’ai jamais pu en avoir la sensation, non plus que de son départ. D’où est-il venu dans mon âme? Où est-il allé en la quittant ? "

    J’ai levé les yeux. Je n’ai manqué aucun des gestes du père V. Et j’ai laissé, sans essayer de les masquer, les larmes envahir mes yeux, puis glisser sur mon visage.

    Je suis sorti le premier du baptistère et suis resté dans la pénombre de la nef.

    Le père V. (...) est venu à moi. (...)

    Nous avons parlé jusqu’à ce que la nuit, percée çà et là par les flammes oscillantes des cierges, envahisse l’église. (...) Oui, l’heure était maintenant venue de renouer les fils à l’intérieur de soi, de chacun de nous, et aussi pour les autres. (...) Puis il s’est levé et nous nous sommes approchés de l’autel. (...) Le père V. s’est agenouillé et je l’ai imité.

    Peut-être n’avais-je plus prié, vraiment prié, depuis la mort de ma fille. »

  • Rome : la ligne "opposée" au pape François décapitée

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    Lu sur le site web « Benoît et moi » :

    « Selon les standards du pontificat de François, pendant la plus grande partie de 2017 les choses ont été relativement tranquilles à Rome. La grande controverse des deux dernières années, le débat sur la communion pour les divorcés-remariés, était entré dans une sorte d'impasse, avec des évêques du monde entier en désaccord et le pape lui-même gardant un silence délibéré. Un long acte du pontificat semblait fini; la question était de savoir quels drames étaient encore à venir.

    Le dernier mois en a fourni quelques-uns. Dans une succession rapide, quatre cardinaux importants ont quitté la scène. Le premier, George Pell, était à la fois le responsable des réformes financières du pape et un adversaire majeur de la communion pour les remariés. Il est retourné dans son Australie natale pour faire face à des accusations d'abus sexuel - des accusations qui représentent soit le point culminant des révélations dans la sinistre comptabilité de l'Eglise, soit (comme les défenseurs de Pell le soulignent) un signe que les scandales d'abus sont devenus une licence pour la chasse aux sorcières.

    Le second cardinal, Gerhard Müller, était à la tête de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, l'office chargé de la sauvegarde de la doctrine catholique. Souvent marginalisé par François, il avait marché prudemment sur la corde raide à propos du document du pape sur le mariage, Amoris Laetitia, insistant sur le fait qu'il ne changeait pas l' enseignement de l'église sur le remariage et les sacrements tout en minimisant les signaux que le pape lui-même pensait autrement. Son mandat de cinq ans expirait; ceux-ci sont souvent renouvelés, mais ce ne fut pas le cas cette fois, et d'une manière si brusque que l'Allemand habituellement circonspect se plaignit publiquement .

    Le troisième cardinal, Joachim Meisner, était un archevêque à la retraite de Cologne et un vieil ami de Benoît XVI. Il avait été l'un des signataires des dubia - les questions publiques que quatre cardinaux ont posées l'an dernier à François au sujet d'Amoris Laetitia, remettant de fait en question son orthodoxie. Il est mort dans son sommeil à 83 ans - peu de temps après que Müller, son compatriote, l'eût appelé pour lui apprendre qu'il avait été viré.

    Le quatrième, Angelo Scola, était un autre confident de Benoît XVI et l'un des principaux candidats à la papauté lors du dernier conclave. Il s'est retiré comme archevêque de Milan cinq jours après le départ de Müller.

    Ces quatre départs très différents ont un effet combiné: ils affaiblissent la résistance à François au plus haut niveau de la hiérarchie. Et ils soulèvent la question du reste de son pontificat: avec l'opposition au sommet clairsemée, et l'éclipse de la vision de Benoît/Jean-Paul II, jusqu'où le pape a-t-il l'intention d'aller?

    Il est clair que François a des amis et des alliés qui veulent qu'il avance vite. Ils considèrent le changement ambigu sur le divorce et le remariage comme une proof of concept [preuve de faisabilité] de la façon dont l'église peut changer sur un plus large éventail de questions, où ils ont récemment fait des incursions et des appels - intercommunion avec les protestants, prêtres mariés, relations homosexuelles, euthanasie, diaconat féminin, contrôle artificiel des naissances, etc.

    De même en politique, où l'hostilité manifeste du pape envers le populisme trumpien a été influencée par certains de ses amis dans une critique radicale de tout engagement catholique avec la droite politique, et en particulier l'alliance catholique américaine avec les évangéliques protestants [article de la Civiltà Cattolica; voir dieuetmoilenul.blogspot.fr].

    De même aussi pour les questions liturgiques, où il se dit que la main tendue de François à la Fraternité saint Pie X, (...), pourrait conduire d'abord à la réintégration de la FSSPX, puis à la suppression de la liturgie pré-Vatican II pour tous les autres - utilisant de fait la FSSPX pour mettre le traditionalisme en quarantaine.

    Si jusqu'à présent, le pontificat de François a été une sorte de révolution à mi-chemin, ses ambitions quelque peu contrariées et ses changements restés ambigus, ce genre d'idées rendrait la révolution beaucoup plus radicale.

    Mais le pape lui-même reste à la fois plus prudent que ses amis - les hommes qu'il a nommés pour succéder à Müller et Scola sont des modérés, pas des radicaux - et peut-être aussi plus imprévisible.

    Ses nominations les plus libérales peuvent prendre de l'avance sur lui, comme dans le cas de Charlie Gard, le bébé anglais mourant dont les médecins et le gouvernement veulent empêcher les parents de payer pour un traitement improbable. L'Académie pontificale pour la vie, remodelée par le pape, qui accueille désormais des membres pro-choix et favorables à l'euthanasie, a publié une déclaration qui semblait soutenir le gouvernement contre les parents. Mais peu de temps après, François est intervenu pour soutenir les droits des parents (1), suscitant chez ses alliés une bousculade quelque peu défensive.

    Ce petit exemple ouvre une perspective plus large. Nous savons que François est un pape libéral, mais en dehors du débat sur le remariage, nous ne savons pas quelle priorité il attribue à tel ou tel objectif progressiste.

    Chez de nombreux progressistes, il y a une ambition palpable, le sentiment qu'une opportunité radicale de mettre en échec le catholicisme conservateur pourrait enfin être à portée de main. Mais il y a aussi une inquiétude palpable, puisqu'il n'est pas évident que l'avenir à long terme de l'Eglise soit progressiste - avec une Eglise africaine en croissance et une européenne en déclin, un sacerdoce dont les rangs les plus jeunes sont souvent assez conservateurs, et peu de preuves que l'ère François ait amené un renouvellement soudain.

    Dans quelle mesure François partage-t-il ces sentiments - l'ambition, l'anxiété? Le prochain acte de ce pontificat le dira.

    NDT

    (1) Ross Douthat est moins bien informé que les italiens: c'était sous la pression populaire (le standard de Sainte Marthe avait littéralement été pris d'assaut) que le Pape s'est vu contraint de soutenir les parents de Charlie dans un tweet tardif, accouché aux forceps, encore a-t-il fait le service minimum (voir ici la synthèse de Marco Tosatti: Le Pape et Charlie) » 

    Ref. La résistance à François décapitée

    La génération Jean-Paul II (et Benoit XVI) a, certes, vécu : elle a duré plus de trente ans. Celle du pape Bergoglio a quatre ans : irréversible ? rendez-vous dans trente ans (au plus tard)...

    JPSC

  • Eglise : le come back de la génération des années 70

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    Du site de France catholique, la traduction de cet article de Christine Vollmer paru sur "The catholic thing"  :

    Christine de Marcellus Volmer, nouvelle collaboratrice à "The Catholic Thing" est présidente de "PROVIVE" au Vénézuela, coordinatrice de "Curriculum Alive mondial", et a été membre du Conseil Pontifical de la Famille (1990 - 2016) et de l’Académie Pontificale pour la Vie (1994 - 2016). Elle a également été membre de la délégation du Saint-Siège à l’ONU (1990 - 1995).

    Quand les vagues déferlent sur la barque de Pierre

    Les fidèles de l’Église qui ont vécu attentivement et avec enthousiasme les papautés de Paul VI, St. Jean-Paul II et Benoît XVI sont dans l’angoisse. Soudain, avec bien des jolis discours, la clarté de l’enseignement catholique semble troublée. Que se passe-t-il ? Que faire pour nous tenir sans peur attachés à la lumière ?

    Lucidité et vérité qui avaient marqué la seconde moitié du XXe siècle par l’enseignement de ces grands Pontifes, touchant des millions d’hommes Catholiques ou non, suscitaient amour et respect envers l’Église catholique de Rome qui avait eu tendance à somnoler après la seconde guerre mondiale puis était remise brutalement en question dans les années 1960 et 1970.

    Une grande révolte s’emparait de la culture occidentale. La Doctrine était rejetée, la famille, bouleversée, la tradition, renversée, au lieu de refléter la sagesse lentement accumulée au fil des siècles, ridiculisée au point que la morale devenait "intolérance", "fanatisme", et que la maîtrise de soi perdait tout sens.

    Les années 1980 virent alors le commencement de changements dans les mœurs comme dans les législations, qui emplissaient les croyants de toutes religions de confusion et de détresse. Au sein de l’Église Catholique, la hiérarchie — formée précédemment — maintint un semblant d’orthodoxie ; mais les écarts étaient tolérés et (pour les jeunes de cette époque) la coexistence de deux catégories de prêtres était évidente.

    Prêtres et évêques fidèles adhérèrent à l’Encyclique prophétique de Paul VI en 1968, Humanae vitae même s’ils ne la comprenaient pas totalement alors. À l’opposé, ceux formés à la permissivité et au relativisme des années 1960 la toisaient de haut. S.S. Paul VI nota avec justesse que « les fumées de Satan s’étaient infiltrés dans l’Église. » C’était alors une rude époque pour les jeunes couples, et pour les parents qui voyaient de plus en plus leurs jeunes adopter une morale sexuelle contraceptive.

    L’enseignement adouci dans les séminaires amena nombre de jeunes prêtres à croire que "l’autorité" n’a aucun droit à imposer des normes de morale, et il a participé à l’apparition de prêtres homosexuels qui commettaient d’horribles actes de pédérastie. Les efforts pour camoufler cette honteuse réalité par l’appellation "maladie" (pédophilie) taisait qu’en une grande majorité de cas il s’agissait de jeunes adolescents. Certains évêques, par lâcheté (ou pire) protégeaient ces prêtres, comme chacun sait.

    Pourquoi le tolérait-on ?

    On le tolérait car la génération des années 1960 - 1970, alors en position de force, était hostile à l’obligation de morale et de discipline. La permissivité dominait ses convictions.

    L’apparition surprenante, captivante, de Carol Wojtyla, St. Jean-Paul II, avec sa présentation saisissante des vérités de toujours des Évangiles, et sa remise des pendules à l’heure dérangeait la génération "1960". Mais elle souleva et stimula la génération suivante, les fidèles prêtres, religieux, laïcs, partout dans le monde.

    Il vint ayant connu la guerre, le nazisme, le communisme, et toutes sortes de perversités, et il détenait la logique Évangélique et la Bonne Nouvelle concernant la personne humaine et le salut. De plus, son savoir s’était approfondi par les peines endurées par les jeunes et les couples, parmi les malheureux, héros comme simples gens. Il électrisait le monde, suscitant par ses explications un mode de vie à suivre. Il ne proposait pas de solutions faciles, mais bonnes. Il nous offrait des explications claires sur ce que nous sommes et devrions être pour vivre le message de l’Évangile de nos jours.

    Succédant à Jean-Paul II, Benoît XVI s’occupa du mal qui s’était infiltré aux niveaux les plus élevés de l’Église. Il sanctionna et exclut le Père Marcial Maciel et ouvrit une enquête sur les rumeurs alors répandues d’homosexualité et de malversations financières au sein de la Curie. Nous n’avons pas connaissance du contenu du rapport établi alors, mais nous savons qu’il déclencha une immense panique au sein de certains cercles à Rome.

    Les trois décennies de brillante évangélisation mondiale par les Papes Jean-Paul II et Benoît XVI eurent un succès fantastique parmi les laïcs et dans toute une génération nouvelle de prêtres désireux de pouvoir enseigner la vraie foi Catholique et sa morale.

    Mais au sein de la génération précédente un grand nombre déplorait la renaissance des convictions et la force de la foi revenue. Nombre d’évêques et cardinaux dans le monde moderne étaient mal à l’aise alors que leur laisser-aller permissif se heurtait à cette nouvelle vigueur. Certains de ces prélats âgés et fort influents, décidèrent, nous l’avons appris, de "préserver" l’Église de ce qu’ils considéraient comme un enseignement vieillot et rigide.

    On nous dit qu’ils constituèrent le "Club St. Galien" — une "mafia" — afin de planifier les manœuvres pour imposer un changement de cap à la Barque de Pierre. Profitant de la tolérance des papes précédents, qui ne les avaient jamais repris pour leur laxisme doctrinal, ce "Club St. Galien" réussit à promouvoir une candidature au Saint-Siège. Jorge Bergoglio fut élu.

    La génération des années 1970 détient maintenant le pouvoir dans l’Église. De cette génération, dans le monde des affaires comme en politique, beaucoup sont à la retraite. Beaucoup d’entre eux furent frappés par les drames — sexe, drogue — qui ont détruit leurs propres enfants. Mais au sein de l’Église il en reste bon nombre — et ils tiennent les rênes.

    La scandaleuse fresque "homoérotique" commandée par Mgr. l’Archevêque Vincenzo Paglia pour sa cathédrale à Terni [N.d.T. : exécutée par un "artiste" homosexuel, cette gigantesque fresque représente hommes, femmes et enfants nus enlacés dans des positions obscènes.] n’a pas empêché sa désignation de responsable pour changer radicalement les services du Vatican concernant la Vie et la Famille, le Conseil Pontifical pour le Famille, l’Académie Pontificale sur la Vie, et l’Institut Jean-Paul II pour les Études sur la Famille.

    L’archevêque Paglia (sûrement un prochain cardinal) a également mis en place un "Programme d’Éducation Sexuelle" en cinq langues, qui contredit d’importants principes de l’enseignement de l’Église en matière sexuelle.

    Nous assistons actuellement ainsi à une large fracture au sein de l’Église. Le troupeau des fidèles Catholiques pratiquants est encore plus motivé que jamais pour vivre et répandre l’authentique doctrine sociale et morale Catholique. Mais il assiste à la promotion de prélats formés à la permissivité et à la relativité. Les scandales "drogue et sexe" au sein même du Vatican ne semblent pas freiner le rejet et le remplacement des catégories traditionnelles de morale et de genre si merveilleusement confirmées par nos récents grands Pontifes.

    Notre cap nous dirige vers des eaux très agitées, et nous ne devons pas céder au découragement. Restons fidèles à notre Seigneur, vivant, et à Son enseignement en ces temps d’épreuve. De jeunes prêtres et laïcs et les nombreux mouvements de fidèles doivent s’accrocheer fermement à la Vérité, unis dans la prière et l’action jusqu’à ce que se calme la tempête. Jésus, nous avons confiance.

    Source : https://www.thecatholicthing.org/2017/07/15/when-waves-break-over-the-barque-of-peter/

    NOTA : je m’interroge sur l’utilité de publier le lien avec l’article décrivant la fresque obscène de la Cathédrale de Terni. : https://www.lifesitenews.com/news/leading-vatican-archbishop-featured-in-homoerotic-painting-he-commissioned À mon avis, il vaut mieux se rincer l’œil avec de l’eau bénite qu’avec une telle fresque.

  • Vient de paraître : le magazine « Vérité et Espérance-Pâque Nouvelle » : n° 103, été 2017

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    Le magazine trimestriel « Vérité & Espérance – Pâque Nouvelle » édité par l’association « Sursum Corda » (responsable de l'église du Saint-Sacrement à Liège) a publié sa livraison de l’été 2017. Tiré à 4.000 exemplaires, ce magazine abondamment illustré parcourt pour vous l’actualité religieuse et vous livre quelques sujets de méditation.

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    Au sommaire de ce numéro n° 103 (été 2017) : 

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    Fête-Dieu 2017 à Liège 

    Brève histoire du sacrement de pénitence (V et fin)

    A propos de l’affaire Mercier : Savonarole réanimé à Louvain-la-Neuve

    contrat Delta ingenieur stabilité340.jpg 

    Rome et le monde : 

    Les 90 ans de Benoît XVI

    Emmanuel Macron et Dieu

    La célébration du centenaire des apparitions de Fatima

    Liturgie : l’héritage de Benoît XVI en péril ? 

    Belgique:

    L’ « Affaire Mercier » et le rôle d’une université catholique

    Les Frères de la Charité de Belgique autorisent l’euthanasie dans leurs centres psychiatriques

    Le régime des cultes en Belgique : reconnaître la primauté de l’Etat ou obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes

    Sans Mgr Léonard, plus de vocations ?

     

    Secrétaires de Rédaction : Jean-Paul Schyns et Ghislain Lahaye

    Editeur responsable: SURSUM CORDA a.s.b.l. ,

    Vinâve d’île, 20 bte 64 à B- 4000 LIEGE.

    La revue est disponible gratuitement sur simple demande :

    Tél. 04.344.10.89  e-mail : sursumcorda@skynet.be 

    Les dons de soutien à la revue sont reçus  avec gratitude au compte IBAN:

     BE58 0016 3718 3679   BIC: GEBABEBB de Vérité et Espérance 3000, B-4000 Liège

     

     JPSC

  • Que deviendra la graine de la sagesse de Dieu déposée en nous ? Prédication du Père Michel-Marie Zanotti-Sorkine pour le 15e dimanche du temps ordinaire

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    Prédication (archive du 10 juillet 2011) pour le 15e dimanche du temps ordinaire par le père Michel-Marie Zanotti-Sorkine (Mt 13, 1-23).

    http://www.delamoureneclats.fr / http://www.unfeusurlaterre.org

    Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 13,1-23.

    Ce jour-là, Jésus était sorti de la maison, et il était assis au bord de la mer. 
    Auprès de lui se rassemblèrent des foules si grandes qu’il monta dans une barque où il s’assit ; toute la foule se tenait sur le rivage. 
    Il leur dit beaucoup de choses en paraboles : « Voici que le semeur sortit pour semer. 
    Comme il semait, des grains sont tombés au bord du chemin, et les oiseaux sont venus tout manger. 
    D’autres sont tombés sur le sol pierreux, où ils n’avaient pas beaucoup de terre ; ils ont levé aussitôt, parce que la terre était peu profonde. 
    Le soleil s’étant levé, ils ont brûlé et, faute de racines, ils ont séché. 
    D’autres sont tombés dans les ronces ; les ronces ont poussé et les ont étouffés. 
    D’autres sont tombés dans la bonne terre, et ils ont donné du fruit à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un. 
    Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! » 
    Les disciples s’approchèrent de Jésus et lui dirent : « Pourquoi leur parles-tu en paraboles ? » 
    Il leur répondit : « À vous il est donné de connaître les mystères du royaume des Cieux, mais ce n’est pas donné à ceux-là. 
    À celui qui a, on donnera, et il sera dans l’abondance ; à celui qui n’a pas, on enlèvera même ce qu’il a. 
    Si je leur parle en paraboles, c’est parce qu’ils regardent sans regarder, et qu’ils écoutent sans écouter ni comprendre. 
    Ainsi s’accomplit pour eux la prophétie d’Isaïe : ‘Vous aurez beau écouter, vous ne comprendrez pas. Vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas. 
    Le cœur de ce peuple s’est alourdi : ils sont devenus durs d’oreille, ils se sont bouché les yeux, de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n’entendent, que leur cœur ne comprenne, qu’ils ne se convertissent, – et moi, je les guérirai.’ 
    Mais vous, heureux vos yeux puisqu’ils voient, et vos oreilles puisqu’elles entendent ! 
    Amen, je vous le dis : beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu. »
    Vous donc, écoutez ce que veut dire la parabole du semeur. 
    Quand quelqu’un entend la parole du Royaume sans la comprendre, le Mauvais survient et s’empare de ce qui est semé dans son cœur : celui-là, c’est le terrain ensemencé au bord du chemin. 
    Celui qui a reçu la semence sur un sol pierreux, c’est celui qui entend la Parole et la reçoit aussitôt avec joie ; 
    mais il n’a pas de racines en lui, il est l’homme d’un moment : quand vient la détresse ou la persécution à cause de la Parole, il trébuche aussitôt. 
    Celui qui a reçu la semence dans les ronces, c’est celui qui entend la Parole ; mais le souci du monde et la séduction de la richesse étouffent la Parole, qui ne donne pas de fruit. 
    Celui qui a reçu la semence dans la bonne terre, c’est celui qui entend la Parole et la comprend : il porte du fruit à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un. » 

    Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris