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Foi - Page 10

  • La synodalité contre l’épiscopat ?

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    De George Weigel sur le NCR :

    La synodalité contre l’épiscopat ?

    COMMENTAIRE : Certains enseignements cruciaux de l’Église ont été remis en question, voire contredits, par divers aspects du projet de synodalité.

    Concile Vatican II
    Concile Vatican II (photo : Lothar Wolleh / Domaine public)

    Après avoir défini , dans des limites strictes, l'infaillibilité de l'enseignement pontifical sur la foi et les mœurs, le premier concile du Vatican entendait aborder la question parallèle de l'autorité des évêques dans l'Église. Mais la guerre franco-prussienne interrompit Vatican I en 1870 ; le concile ne fut jamais convoqué à nouveau, et il revint au deuxième concile du Vatican de préciser qui exerce l'autorité, et comment, dans l'Église.

    Vatican II l'a fait dans deux documents : sa Constitution dogmatique fondamentale sur l'Église ( Lumen Gentium ) et son Décret concernant la fonction pastorale des évêques dans l'Église ( Christus Dominus ). Ces textes enseignaient que les évêques de l'Église sont les héritiers des apôtres nommés par le Christ ; que les évêques forment un « collège » successeur du « collège » apostolique d'Actes 15 ; et que ce « collège », avec et sous sa direction, l'évêque de Rome, a « le pouvoir suprême et plénier sur l'Église universelle ».

    Vatican II a corrigé un déséquilibre dans la relation entre le pape et les évêques, qui s'était insinué dans la théologie et la pratique catholiques depuis Vatican I, en enseignant que les évêques sont de véritables vicaires du Christ dans leurs Églises locales, et non de simples administrateurs de l'Église catholique, Inc., exécutant les instructions du directeur général à Rome. Il en est ainsi car l'ordination à l'épiscopat confère à l'évêque les trois fonctions de docteur, de sanctificateur et de gouverneur. Le bon exercice de l'autorité épiscopale dépend de la communion de l'évêque local avec l'évêque de Rome. L' autorité elle-même est une réalité sacramentelle conférée par la réception des ordres sacrés au plus haut degré.

    Ces enseignements cruciaux sont désormais remis en question, voire contredits, par divers aspects du projet de synodalité, encore amorphe, mais néanmoins protéiforme.

    Le 15 septembre 1965, le pape Paul VI institua un Synode des évêques qui se réunirait occasionnellement pour l'assister dans son gouvernement de l'Église universelle. Ce nouvel organisme était un synode des évêques ; il ne s'agissait pas d'un parlement où les différents états de l'Église (clergé, religieux consacrés, laïcs) jouaient des rôles équivalents. Le Synode de Paul VI était donc une expression de l'enseignement de Vatican II sur l'épiscopat comme « collège » gouvernant l'Église en union avec le pape.

    La situation a radicalement changé en octobre 2023 et octobre 2024, lorsque le « Synode des évêques » est devenu le « Synode » : un organisme composé d’évêques, de religieux consacrés, de prêtres et de laïcs, tous disposant du droit de parole et de vote. La composition de cet organisme novateur a été délibérément conçue pour réunir dans la salle du Synode un nombre suffisant de voix exprimant les points de vue « corrects », et son fonctionnement a été soigneusement contrôlé (certains diraient même manipulé) par le biais du processus dit des « Conversations dans l’Esprit ».

    Le cardinal Mario Grech, secrétaire général du Synode, a informé l'épiscopat mondial qu'un nouveau processus synodal de trois ans, culminant avec une « Assemblée ecclésiale » en 2028, évaluera la mise en œuvre des Synodes de 2023 et de 2024. Lors de cette « Assemblée ecclésiale » – un terme sans précédent dans la tradition catholique –, les évêques ne seront qu'un élément parmi d'autres, et en préparation de l'Assemblée, ils devront « accompagner » leur peuple, c'est-à-dire le guider. Ainsi, l'enseignement de Vatican II sur l'autorité des évêques en tant qu'organe directeur de l'Église, avec et sous l'autorité du Pape, continue d'être fortement atténué.

    Il y a ensuite la constitution apostolique Praedicate Evangelium de 2022 , qui reconfigure la Curie romaine. Selon ce texte, le fondement de l'autorité dirigeante dans les départements de la Curie (dicasters) est la nomination papale à une fonction, point final, et non l'autorité dirigeante conférée sacramentellement par les Ordres sacrés.

    Lorsque les cardinaux de l'Église se sont réunis en août 2022 pour discuter des nouvelles structures de la Curie, le cardinal George Pell a demandé au cardinal Gianfranco Ghirlanda, une influence majeure sur Praedicate Evangelium : « Cela signifie-t-il qu'une religieuse ou une laïque pourrait être préfète du Dicastère pour les évêques ? » Le cardinal Ghirlanda a répondu allègrement : « Oh, cela n'arriverait jamais. » Ce à quoi le cardinal Pell a répondu, à juste titre : « La question, Votre Éminence, n'est pas de savoir si cela arriverait ; la question est de savoir si cela peut arriver. »

    Dans cet échange, le cardinal Pell était la voix authentique du concile Vatican II. Le cardinal Ghirlanda, quant à lui, était la voix de l'autocratie papale absolutiste, une distorsion de l'ecclésiologie caractéristique de la pensée catholique entre Vatican I et Vatican II.

    Vatican II a rejeté de manière décisive le tsarisme catholique, apportant une correction à la conception que l'Église avait d'elle-même, que Jean-Paul II et Benoît XVI ont tous deux considérée comme l'une des grandes réussites du Concile.

    L'incendie ecclésiastique des douze dernières années a été marqué par de nombreuses ironies. Le retour de l'autocratie papale parmi les progressistes catholiques, et la dégradation des évêques qui en a résulté, est certainement l'une des plus frappantes – et des plus inquiétantes.

  • Alors que la société n’est plus chrétienne : que faire ?

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    D'Emmanuel Cabello sur didoc.be :

    La société n’est plus chrétienne : que faire ?

    8 avril 2025

    La sécularisation suscite de nombreux débats. Voici une brève réflexion sur la question.

    C’est en 380 que l’empereur Théodose a proclamé le christianisme religion officielle et obligatoire de l’empire romain. Depuis lors, le christianisme, dans ses diverses branches orientales et occidentales (catholicisme, protestantisme, anglicanisme), a joui d’un monopole religieux et moral en Europe qui s’est étendu à l’Amérique. Au fil des siècles, ce monopole a subi une érosion. Il a fortement décliné dans la deuxième moitié du 20ème siècle jusqu’à disparaître en ces premières décennies du 21ème : aujourd’hui ni la foi ni la morale ne sont inspirées par les chrétiens, devenus minoritaires. Ce constat mériterait des nuances géographiques et chronologiques qui débordent du cadre de ce bref article.

    A l’heure actuelle, dans certains milieux, le christianisme est jugé avec sévérité et même combattu : on lui reproche le rôle hégémonique et oppresseur qu’il aurait joué dans le passé. Par ailleurs, certains « concurrents » tentent de remplir le vide qui s’est créé : l’agnosticisme relativiste, le transhumanisme athée, l’islam, un écologisme qui déborde ses compétences et s’affirme comme religion civile.

    Pour les générations plus âgées de chrétiens, cette évolution est vécue comme une épreuve. Mais il convient de raison garder — une raison éclairée par la foi — pour aborder la question : « Que faire ? »

    Certains — parmi eux des « chrétiens » — diront que la société n’a pas besoin d’être chrétienne. Pour eux, il suffirait, au nom de l’humilité, que quelques-uns de ses membres le soient, sous-entendant par là qu’ils doivent renoncer au droit et au devoir de travailler à un bien commun inspiré par l’Evangile. Nous reviendrons sur cette objection.

    En première instance, il faut bien constater qu’au beau milieu de la « concurrence », le christianisme est assez bien placé : il surpasse — et de loin — l’horizon fermé des idéologies sans transcendance ; au démiurge technologique — qui prétend refaire l’humanité — il oppose une vision splendide de l’homme, image et ressemblance de Dieu ; il refuse de réduire l’homme à un intrus qui perturberait l’ordre de la nature ; il présente un message d’une grande cohérence, qui résiste à l’épreuve de la raison, et qui promeut la paix, l’égale dignité de tous, la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Le christianisme révèle un Dieu miséricordieux, qui nous a donné la plus grande preuve de son amour en prenant notre nature et en donnant sa vie pour tous les hommes, les destinant à une éternité de bonheur.

    La question est alors : comment présenter ce message de façon pertinente à un monde apparemment indifférent ?

    Il ne s’agit évidemment pas de l’imposer par la force. Que dire de l’idée — qui circule dans certains milieux catholiques — que la seule voie serait le témoignage silencieux d’une vie chrétienne cohérente ?

    Dans les premières pages de l’Evangile selon saint Jean, on lit qu’André et Philippe ont rencontré Jésus, et qu’André en a parlé d’emblée à son frère Simon : « Nous avons trouvé le Messie ! » Philippe fait de même avec son ami Nathanaël. Dans les Actes des Apôtres, saint Luc nous raconte qu’Aquila et Priscille, écoutant la prédication d’Apollos, le prennent à part pour lui exposer plus précisément la doctrine du Christ.

    Bien plus proche de nous, le Concile Vatican II nous a laissé un « Décret sur l’apostolat des laïcs », où nous pouvons lire les paroles suivantes (au n. 6) : « Les laïcs ont d’innombrables occasions d’exercer l’apostolat d’évangélisation (…) Cet apostolat ne consiste pas dans le seul témoignage de la vie ; le véritable apôtre, cherche les occasions d’annoncer le Christ par la parole, soit aux incroyants pour les aider à cheminer vers la foi, soit aux fidèles pour les instruire, les fortifier, les inciter à une vie plus fervente, car la charité du Christ nous presse ».

    Il va de soi que le Concile ne prétend pas demander aux laïcs de devenir des prédicateurs itinérants. Il leur rappelle en premier lieu le devoir joyeux d’éduquer leurs enfants dans la foi. Mais il y d’autres possibilités pour un fidèle laïc de transmettre son amour à Jésus-Christ, car un chrétien cohérent ne reste pas dans sa tour d’ivoire, fermé à l’amitié sincère et aux besoins de ceux qui l’entourent. De cette amitié et de ce service surgiront de multiples occasions de proposer le trésor du message chrétien, par l’exemple et par la parole.

    Un autre aspect important de l’apostolat des laïcs réside dans leur contribution au bien commun, à travers leur travail quotidien. C’est dans leur milieu familial, dans leur occupation professionnelle, au sein de leur engagement social que les laïcs peuvent contribuer à insuffler un esprit chrétien dans toutes les structures de la société. Ils participent ainsi, avec une intention droite, au moyen de leur compétence professionnelle et animés d’un esprit de service, à l’œuvre de la création et de la rédemption, en vivant la charité et en promouvant la justice.

    Il n’y a ici aucun danger d’hégémonie et d’oppression si le chrétien, dans son apostolat personnel et dans l’exercice de sa profession, sait respecter et promouvoir un pluralisme légitime dans le domaine politique, économique, social, etc. Car il n’y a pas une solution chrétienne à chaque problème du monde mais des solutions de chrétiens et d’autres personnes de bonne volonté.

    En conclusion : entre la prétention d’une hégémonie et le modèle à minima du témoignage silencieux, il y a un vaste espace pour l’initiative apostolique des laïcs : une tâche difficile mais exaltante, à réaliser sans le moindre complexe. « La charité du Christ nous presse » (2 Co 5, 14).

    Emmanuel Cabello est prêtre, Docteur en Sciences de l’Education et en Théologie.

  • Au Nigeria, le christianisme connaît une croissance spectaculaire

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    © AED

    De Jonas Soto & Filipe d’Avillez sur zenit.org :

    Nigeria : Le christianisme connaît une croissance spectaculaire

    Entretien avec Mgr Habila Daboh

    9 avril 2025

    Première publication le 4 avril 2025 par l’AED

    Mgr Habila Daboh, évêque du diocèse de Zaria, au Nigeria, s’est entretenu avec l’AED de la situation difficile vécue par les chrétiens dans le nord du pays, mais a également insisté sur le fait que, malgré tout, son peuple est heureux, parce qu’il a Jésus-Christ.

    Les chrétiens du nord du Nigeria doivent faire face à de nombreuses difficultés. Les activités djihadistes, la criminalité et les rivalités tribales constituent une menace directe pour leur sécurité et leur vie, aggravée par l’imposition de la charia dans de nombreuses régions. Néanmoins, dans un entretien avec l’AED, Mgr Habila Daboh, évêque de Zaria, a déclaré que « le nombre de chrétiens augmente de façon spectaculaire dans le nord du Nigeria ».

    Mgr Habila Daboh, évêque de Zaria. ©AED

    Mgr Habila Daboh, évêque de Zaria. ©AED

    Mgr Daboh a expliqué que depuis l’époque coloniale, les missionnaires ont été dissuadés d’œuvrer dans le nord, qui était majoritairement musulman. Lorsque le christianisme a commencé à s’implanter dans la région, l’harmonie prévalait, mais un afflux récent d’idées fondamentalistes au sein de la communauté musulmane a envenimé l’atmosphère. « Nous avons grandi ensemble avec les différentes groupes ethniques », a déclaré l’évêque, originaire de la région. « La vie se déroulait normalement. Nous partagions le repas de Noël avec les musulmans, et pendant leurs célébrations, ils partageaient leur repas avec nous. Nous mangions ensemble, nous jouions au football ensemble, nous allions sur les mêmes marchés, nous nous baignions dans les mêmes ruisseaux. Puis les extrémistes sont arrivés, prétendant que si vous n’êtes pas musulman, alors vous ne devriez pas être en vie, et la vie est devenue terrible pour les chrétiens. » « C’est de là que vient la tension actuelle. Les extrémistes pensent que nous ne devrions pas être dans cette région. Comme ils voient que nous nous développons, ils nous considèrent comme une menace pour la communauté musulmane. »

    « Mon peuple a soif d’éducation »

    L’évêque a rappelé un incident paradoxal de 2020, lorsque quatre de ses séminaristes ont été enlevés. Trois d’entre eux ont finalement été relâchés, mais l’un d’eux, Michael Nnadi, a été assassiné. À l’époque, les gens ont commencé à penser que d’autres séminaristes abandonneraient, par peur.  « Il est intéressant de noter que c’est l’inverse qui s’est produit, car de nombreux jeunes garçons ont commencé à postuler. Ils veulent devenir prêtres. Et quand on leur demande pourquoi, ils répondent qu’ils veulent prêcher Jésus-Christ. Malgré les tensions, nous avons des gens qui sont zélés, qui s’intéressent au christianisme, et c’est pourquoi le christianisme prospère dans le nord du Nigeria. »

    Alors que les groupes djihadistes les plus extrémistes tels que Boko Haram sont fermement opposés à toute forme d’éducation occidentale, l’évêque de Zaria a insisté sur le fait que les chrétiens sont investis dans leurs études. « Mon peuple a soif d’éducation. Quand ils sont éduqués, ils sont libérés. Avec l’éducation, ils peuvent trouver de la nourriture par eux-mêmes. Avec l’éducation, ils sauront ce qui est bien et ce qui est mal. »

    Pour ces raisons, Mgr Daboh a déclaré à l’AED qu’il croyait que même s’ils étaient constamment menacés et que de nombreux chrétiens étaient déplacés, son peuple trouvait le bonheur au milieu des épreuves. « Mon peuple est un peuple heureux. Malgré les difficultés, malgré la pauvreté, malgré la persécution, mon peuple reste un peuple heureux », a-t-il dit. « Ils sont heureux parce qu’ils ont le Christ. » 

    Nigeria : Le christianisme connaît une croissance spectaculaire | ZENIT - Français

  • La rencontre de Jésus avec le jeune homme riche; catéchèse du pape François

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    PAPE FRANÇOIS

    CATÉCHÈSE DU SAINT-PÈRE
    PRÉPARÉE POUR L'AUDIENCE GÉNÉRALE DU 9 AVRIL 2025

    source

    Mercredi 9 avril 2025

    Cycle – Jubilé 2025. Jésus-Christ notre espérance II. La vie de Jésus. Les rencontres 4. Le jeune homme riche. Jésus posa son regard sur lui (Mc 10,21)

    Chers frères et sœurs,

    Aujourd'hui, nous nous penchons sur une autre rencontre de Jésus relatée dans les Évangiles. Cette fois-ci, la personne rencontrée n'a pas de nom. L'évangéliste Marc la présente simplement comme « un homme » (10,17). Il s’agit d’un homme qui depuis sa jeunesse a respecté les commandements, mais qui, malgré cela, n'a pas encore trouvé le sens de sa vie. Il le cherche. C'est peut-être quelqu'un qui n'a pas pris de décision jusqu'au bout, malgré l’apparence de personne engagée. Au-delà des choses que nous faisons, des sacrifices ou des succès, ce qui compte vraiment pour être heureux, c'est ce que nous portons dans notre cœur. Si un navire doit prendre la mer et quitter le port pour naviguer en haute mer, il a beau être merveilleux, avec un équipage exceptionnel, s'il ne tire pas sur le lest et les ancres qui le retiennent, il n'avancera jamais. Cet homme s'est construit un navire de luxe, mais il est resté au port !

    Alors que Jésus poursuit son chemin, cet homme court vers lui, s'agenouille devant lui et lui demande : « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ?» (v. 17). Remarquez les verbes : « que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ». Puisque l'observation de la Loi ne lui a pas donné le bonheur et la sécurité d'être sauvé, il se tourne vers le Maître Jésus. Ce qui est frappant, c'est que cet homme ne connaît pas le vocabulaire de la gratuité ! Tout lui semble dû. Tout est un devoir. La vie éternelle est pour lui un héritage, quelque chose qui s'obtient de droit, par le respect méticuleux des engagements. Mais dans une vie vécue ainsi, même si c'est certainement pour le bien, quelle place peut avoir l'amour ?

    Comme toujours, Jésus va au-delà de l’apparence. Alors que cet homme met en avant son bel curriculum, Jésus va plus loin et regarde à l'intérieur. Le verbe utilisé par Marc est très significatif : « posant son regard sur lui » (v. 21). C'est précisément parce que Jésus regarde à l'intérieur de chacun de nous qu'il nous aime tels que nous sommes vraiment. Qu'est-ce qu’il aura vu à l'intérieur de cette personne ? Que voit Jésus lorsqu'il regarde en nous et qu'il nous aime, malgré nos distractions et nos péchés ? Il voit notre fragilité, mais aussi notre désir d'être aimés tels que nous sommes.

    En posant son regard sur lui - dit l'Évangile - « il l'aima » (v. 21). Jésus aime cet homme avant même de l'inviter à le suivre. Il l'aime tel qu'il est. L'amour de Jésus est gratuit, à l'opposé de la logique du mérite qui assaillait cette personne. Nous sommes vraiment heureux lorsque nous réalisons que nous sommes aimés de cette manière, gratuitement, par grâce. Et cela vaut également dans les relations entre nous : tant que nous essayons d'acheter l'amour ou de mendier l'affection, ces relations ne nous rendront jamais heureux.

    La proposition que Jésus fait à cet homme est de changer sa manière de vivre et d'être en relation avec Dieu. En effet, Jésus reconnaît qu'en lui, comme en chacun de nous, il y a un manque. C'est le désir que nous portons dans notre cœur d'être aimés. Il y a une blessure qui nous appartient en tant qu'êtres humains, la blessure par laquelle l'amour peut passer.

    Pour combler ce manque, il ne faut pas « acheter » de la reconnaissance, de l'affection, de la considération, mais en revanche « vendre » tout ce qui nous alourdit, pour rendre notre cœur plus libre. On n’a pas besoin de continuer à prendre pour soi, mais plutôt de donner aux pauvres, de mettre à disposition, de partager.

    Enfin, Jésus invite cet homme à ne pas rester seul. Il l'invite à le suivre, à rester dans un lien, à vivre une relation. Ce n'est qu'ainsi qu'il sera possible de sortir de l'anonymat. Nous ne pouvons entendre notre nom que dans une relation, dans laquelle quelqu'un nous appelle. Si nous restons seuls, nous n'entendrons jamais notre nom appelé et nous continuerons à rester des « untel », anonymes. Peut-être qu'aujourd'hui, précisément parce que nous vivons dans une culture de l'autosuffisance et de l'individualisme, nous nous trouvons plus malheureux parce que nous n'entendons plus notre nom prononcé par quelqu'un qui nous aime gratuitement.

    Cet homme n'accepte pas l'invitation de Jésus et reste seul, parce que les ballasts de sa vie le maintiennent au port. La tristesse est le signe qu'il n'a pas pu partir. Parfois, nous pensons qu'il s'agit de richesses et ce ne sont que des fardeaux qui nous retiennent. L'espoir est que cette personne, comme chacun de nous, changera tôt ou tard et décidera de prendre le large.

    Sœurs et frères, confions au Cœur de Jésus tous ceux qui sont tristes et indécis, afin qu'ils puissent sentir le regard aimant du Seigneur, qui s'émeut en nous regardant tendrement de l’intérieur.

  • Plus de 20 300 chrétiens ont été massacrés dans le sud-est du Nigeria depuis 2015

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    De Ngala Killian Chimtom sur Crux Now :

    Un rapport indique que les terroristes et les forces nigérianes ont tué plus de 20 000 chrétiens dans le sud-est du Nigéria

    7 avril 2025

    YAOUNDÉ, Cameroun – Un nouveau rapport indique que plus de 20 300 chrétiens ont été massacrés dans le sud-est du Nigeria depuis 2015.

    Selon l'ONG d'inspiration catholique International Society for Civil Liberty and the Rule of Law Intersociety, les meurtres ont été perpétrés par une pléthore d'organisations djihadistes, notamment les bergers djihadistes peuls, les militants djihadistes du delta du Niger, les bandits djihadistes peuls, les justiciers musulmans peuls ainsi que l'armée nigériane déployée dans la région.

    Le rapport, signé par le président du conseil d’administration d’Intersociety, Emeka Umeagbalasi, indique que les groupes djihadistes qui ont infiltré le Nigeria – en particulier le Sud-Est – sous l’administration de Muhammadu Buhari, ont été responsables d’environ 9 800 décès liés au djihad depuis juin 2015.

    En outre, environ 10 500 citoyens non armés ont été tués par des officiers et du personnel des forces armées nigérianes, prétendument ciblés en raison de leur appartenance ethnique et de leur religion, selon le rapport.

    Le rapport d'Intersociety affirme également que plus de 40 fidèles traditionnels de l'État d'Anambra sont détenus depuis plus de trois mois dans un centre de détention illégal, dépassant largement la durée de détention de 60 jours prévue par la loi. Pire encore, aucune poursuite sérieuse n'a été engagée contre eux, et le gouvernement a donc perdu tout fondement juridique et moral pour « maintenir sans enquête les 40 fidèles traditionnels détenus dans un centre de détention illégal (la Maison du Lion des milices d'État à Awka) pendant plus de 60 jours ».

    Les gouverneurs blâmés

    Alors que les massacres de chrétiens en terre Igbo s’aggravent, Intersociety a accusé dans son rapport les gouverneurs des quatre États de l’est, Enugu, Anambra, Ebonyi et Imo, d’un silence complice – un « silence de cimetière ».

    Ces attaques, qui se sont intensifiées depuis 2015-2016 et ont connu une forte augmentation en 2020-2021, auraient saturé une grande partie des 78 zones de gouvernement local de ces États. Ces régions seraient menacées ou subiraient des attaques, tantôt secrètes, tantôt ouvertes, ciblant principalement les populations trado-judéo-chrétiennes sans défense de l'arrière-pays.

    Ils ont également été accusés d’avoir mené de graves attaques et d’avoir supprimé les droits fondamentaux des citoyens à pratiquer les médecines traditionnelles africaines, considérées comme les précurseurs de la médecine moderne, ainsi que les religions traditionnelles africaines, considérées comme les racines ancestrales du christianisme en terre Igbo.

    « L’ensemble de ces événements a mis en danger des vies et des biens et menacé les droits fondamentaux de ces peuples sans défense à l’identité ethnique et religieuse, y compris le droit de naître, de se développer et de vivre dans un environnement sécurisé et protégé », indique le rapport.

    « Il faut également souligner que de nombreuses activités djihadistes des bergers djihadistes peuls et de leurs alliés dans les États d'Anambra, d'Enugu, d'Imo et d'Ebonyi, sous leur surveillance gouvernementale, sont rarement signalées ou couvertes et réprimées ou censurées sous leur surveillance », poursuit-il.

    « Plusieurs rapports abondent également, révélant des achats de terres aveugles par des tiers pour les djihadistes dans le Sud-Est par des personnes déléguées ou des intermédiaires liés à distance au gouvernement de l'État ou fédéral, y compris de hauts fonctionnaires du gouvernement ou des personnes nommées ou d'autres personnes proches de leur gouvernement », indique le rapport.

    Intersociety note que l'acte d'accusation des quatre gouverneurs s'étend également aux commissaires à la sécurité intérieure, aux conseillers spéciaux en matière de sécurité et aux responsables de la sécurité communautaire, des opérations de vigilance et de la résolution des conflits frontaliers, tous nommés pendant le mandat des gouverneurs inculpés.

    Interdictions de voyager demandées pour les gouverneurs inculpés

    Intersociety s'est engagé à lancer une campagne internationale pour empêcher les quatre gouverneurs – Peter Mbah (Enugu), Charles Soludo (Anambra), Francis Nwaifuru (Ebonyi) et Hope Uzodinma (Imo) – de se rendre dans des pays démocratiques qui respectent la liberté religieuse et les droits des citoyens. Ces pays comprennent le Royaume-Uni, les États-Unis, les pays de l'Union européenne et le Canada.

    « Nous osons également dire que ceux qui aident, encouragent, promeuvent, financent et commettent des abus et des violations de la liberté religieuse internationale au Nigéria ou dans n’importe quelle partie de celui-ci ne doivent plus avoir droit à aucun répit, quels que soient leurs prétentions et leurs camouflages », indique le rapport.

    Il est temps d'ajouter le Nigéria et les djihadistes peuls aux listes « CPC » et « terroristes » aux États-Unis.

    Compte tenu de la persécution continue des chrétiens au Nigéria et du pouvoir meurtrier des bergers djihadistes peuls, Intersociety exhorte non seulement le gouvernement américain à redésigner le Nigéria comme un pays particulièrement préoccupant, « pour des abus flagrants et des violations de la « liberté religieuse internationale », mais aussi à désigner les bergers djihadistes peuls comme « une entité particulièrement préoccupante ».

  • Oui Il est vraiment ressuscité ! Cinq soirées exceptionnelles entre Pâques et Pentecôte au Prieuré des Croisiers à Hannut

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    Oui Il est vraiment ressuscité !

    Un parcours spirituel entre Pâques et Pentecôte

    Après la joie de Pâques, la liturgie nous invite à approfondir le mystère de la Résurrection. Que signifie vraiment la victoire du Christ sur la mort ? Comment cette réalité transforme-t-elle nos vies aujourd’hui ?

    Pour répondre à ces questions, nous vous proposons cinq soirées exceptionnelles au Prieuré des Croisiers à Hannut. Ces rencontres, organisées par les groupes de prière L’Eau Vive et Ephata ainsi que par l’asbl Naître et Renaître, seront des moments d‘information, de réflexion, de prière autour de la Résurrection de Jésus et de son impact sur notre foi et notre quotidien.

     Pourquoi ces rencontres ?
    À travers des enseignements, des témoignages, nous découvrirons comment la Résurrection éclaire notre existence, nourrit notre espérance et nous appelle à une vie renouvelée. Chaque soirée abordera une facette essentielle de ce mystère, en s’appuyant sur la Parole de Dieu, la tradition de l’Église et des figures inspirantes.

     Quand et où ?
     Lieu : Prieuré des Croisiers, Drève du Monastère, Hannut
     Horaires : 20h - 21h30

    Le programme des rencontres :

     Jeudi 24 avril – Oui, Il est vraiment ressuscité
    Que nous dit l’Évangile sur la résurrection de Jésus ? Comment les apôtres ont-ils réagi face à cet événement bouleversant ? Avec l'Abbé B. Villers.

     Jeudi 8 mai – Les signes de la mort et de la résurrection de Jésus
    Nous explorerons les mystérieux témoignages matériels liés à la Passion et à la Résurrection : le linceul de Turin, le voile de Manopello et le linge d’OviedoAvec Jean-Luc Moens.

     Jeudi 15 mai – Année sainte, Jubilé et Résurrection
    Quelle est la signification d'une Année Sainte et d’un Jubilé dans la tradition chrétienne ? En quoi sont-ils liés à la Résurrection du Christ ? Avec l'Abbé Kokot du Sanctuaire de l’Enfant Jésus de Prague.

     Jeudi 22 mai – Bienheureux Carlo Acutis : une vie proche de Jésus ressuscité
    Carlo Acutis, jeune bienheureux du XXIe siècle, a fait de l’Eucharistie "son autoroute vers le Ciel". Découvrez comment son amour pour Jésus ressuscité nous interpelle aujourd’hui. Avec le Père Fabien Lambert, prêtre de la paroisse de Salzinnes.

     Jeudi 5 juin – La miséricorde du Père révélée par la Résurrection
    La Résurrection n’est pas seulement un triomphe sur la mort, mais aussi la révélation ultime de l’Amour et de la Miséricorde du Père. Avec Imma Cendros.

    Pourquoi ne pas passer à côté de cette opportunité ?

    Ces cinq soirées sont une invitation à faire une pause dans nos vies souvent trépidantes pour recentrer notre regard sur l’essentiel. Chacun de nous est en quête de sens, d’espérance et de lumière dans un monde où tout va vite. Prenez le temps de vous arrêter, de réfléchir et de partager avec d’autres croyants cette grande joie de la Résurrection. Vous en ressortirez éclairé, renouvelé et fortifié dans votre foi.

    N’attendez plus et rejoignez-nous pour vivre ensemble ce parcours de foi et d’espérance !

    Pour information marc.fichers@gmail.com 019/51.38.04

  • Pologne : la confession des enfants est menacée; un texte de loi interdisant la confession aux moins de 18 ans est en débat 

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    D'Anne Van Merris sur zenit.org :

    La confession des enfants est menacée en Pologne

    Un texte de loi interdisant la confession aux moins de 18 ans est en débat 

    8 avril 2025

    En Pologne, l’Église catholique est inquiète. Suite à une pétition présentée au Parlement polonais, un texte de loi a été proposé en janvier 2025 prévoyant l’interdiction du sacrement de la confession aux enfants de moins de 18 ans.

    Disposant d’un délai de trois mois pour examiner la proposition, le Parlement n’a donné à ce jour aucune décision officielle. Soutenue par certains médias, la pétition a été initiée en octobre 2024 par l’artiste et militant Rafał Betlejewski, et a recueilli environ 13 000 signatures.

    Une autre pétition avait déjà été présentée au parlement polonais en 2023, mais avait été rejetée pour non-respect des exigences formelles.

    Selon Rafał Betlejewski, le sacrement de confession serait un « vestige du Moyen-Âge », une expérience traumatisante et humiliante pour les enfants, et pratiquée par des hommes célibataires sans formation psychologique adéquate. 

    Retour à « l’ère stalinienne » ?

    L’Église catholique conteste fermement ce texte en soulignant l’importance du sacrement de la confession pour toute personne qui le demande, qu’elle soit jeune ou non. L’archevêque de Varsovie, Mgr Adrian Galbas, a qualifié cette initiative d’« absurde et étrange ».

    Pour Mgr Stanisław Gądecki, archevêque émérite de Poznań et ancien président de la Conférence épiscopale polonaise, cette proposition de loi est un « non-sens absolu ». Elle évoque la « répression de l’ère soviétique » pratiquée sous le régime communiste. L’archevêque souligne en outre que la confession existe depuis près de 2 000 ans dans la culture chrétienne, et que les fidèles ont besoin d’une formation à chaque étape de leur vie. « Il est essentiel de permettre aux jeunes de se confesser car la formation d’une personne commence dès la naissance et non à partir de 16 ou 18 ans » a ajouté Mgr Gądecki : « Tous les sacrements font progresser la personne ».

    Le P. Rafał Główczyński, prêtre salésien bien connu en Pologne sous le surnom de « prêtre du quartier », s’est aussi insurgé via les réseaux sociaux contre cette proposition de loi. « La confession n’a jamais eu vocation à effrayer les enfants, mais à les aider à grandir dans la foi » a-t-il déclaré.

    La confession des enfants est menacée en Pologne | ZENIT - Français

  • 8 avril 2005 : l'homélie du cardinal Ratzinger lors des funérailles de Jean-Paul II

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    OBSÈQUES DU SOUVERAIN PONTIFE JEAN-PAUL II

    HOMÉLIE DU CARD. JOSEPH RATZINGER

    (source)

    Place Saint-Pierre
    Vendredi 8 avril 2005

    «Suis-moi», dit le Seigneur ressuscité à Pierre; telle est sa dernière parole à ce disciple, choisi pour paître ses brebis. «Suis-moi» – cette parole lapidaire du Christ peut être considérée comme la clé pour comprendre le message qui vient de la vie de notre regretté et bien-aimé Pape Jean-Paul II, dont nous déposons aujourd’hui le corps dans la terre comme semence d’immortalité - avec le cœur rempli de tristesse, mais aussi de joyeuse espérance et de profonde gratitude.

    Tels sont les sentiments qui nous animent, Frères et Sœurs dans le Christ, présents sur la place Saint Pierre, dans les rues adjacentes et en divers autres lieux de la ville de Rome, peuplée en ces jours d’une immense foule silencieuse et priante. Je vous salue tous cordialement. Au nom du Collège des Cardinaux, je désire aussi adresser mes salutations respectueuses aux Chefs d’État, de Gouvernement et aux délégations des différents pays. Je salue les Autorités et les Représentants des Églises et des Communautés chrétiennes, ainsi que des diverses religions. Je salue ensuite les Archevêques, les Évêques, les prêtres, les religieux, les religieuses et les fidèles, venus de tous les continents; et de façon particulière les jeunes, que Jean-Paul II aimait définir comme l'avenir et l’espérance de l’Église. Mon salut rejoint également tous ceux qui, dans chaque partie du monde, nous sont unis par la radio et la télévision, dans cette participation unanime au rite solennel d’adieu à notre Pape bien-aimé.

    Suis-moi – depuis qu’il était jeune étudiant Karol Wojtyła s’enthousiasmait pour la littérature, pour le théâtre, pour la poésie. Travaillant dans une usine chimique, entouré et menacé par la terreur nazie, il a entendu la voix du Seigneur: Suis-moi! Dans ce contexte très particulier il commença à lire des livres de philosophie et de théologie, il entra ensuite au séminaire clandestin créé par le Cardinal Sapieha et, après la guerre, il put compléter ses études à la faculté de théologie de l’université Jagellon de Cracovie. Très souvent, dans ses lettres aux prêtres et dans ses livres autobiographiques, il nous a parlé de son sacerdoce, lui qui fut ordonné prêtre le 1er novembre 1946. Dans ces textes, il interprète son sacerdoce en particulier à partir de trois paroles du Seigneur. Avant tout celle-ci: «Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous partiez, que vous donniez du fruit, et que votre fruit demeure» (Jn 15, 16). La deuxième parole est celle-ci: «Le vrai berger donne sa vie pour ses brebis» (Jn 10, 11). Et finalement: «Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour» (Jn 15, 9). Dans ces trois paroles, nous voyons toute l’âme de notre Saint-Père. Il est réellement allé partout, et inlassablement, pour porter du fruit, un fruit qui demeure. «Levez-vous, allons!», c’est le titre de son avant-dernier livre. «Levez-vous, allons!» – par ces paroles, il nous a réveillés dÂ’une foi fatiguée, du sommeil des disciples d’hier et d’aujourd’hui. «Levez-vous, allons!» nous dit-il encore aujourd’hui. Le Saint-Père a été ensuite prêtre jusqu’au bout, parce qu’il a offert sa vie à Dieu pour ses brebis, et pour la famille humaine tout entière, dans une donation de soi quotidienne au service de l’Église et surtout dans les épreuves difficiles de ces derniers mois. Ainsi, il s’est uni au Christ, le bon pasteur qui aime ses brebis. Et enfin, «demeurez dans mon amour»: le Pape, qui a cherché la rencontre avec tous, qui a eu une capacité de pardon et d’ouverture du cœur pour tous, nous dit, encore aujourd’hui, avec ces différentes paroles du Seigneur: en demeurant dans l’amour du Christ nous apprenons, à l’école du Christ, l’art du véritable amour.

    Suis-moi! En juillet 1958, commence pour le jeune prêtre Karol Wojtyła une nouvelle étape sur le chemin avec le Seigneur et à la suite du Seigneur. Karol s’était rendu comme d’habitude avec un groupe de jeunes passionnés de canoë aux lacs Masuri pour passer des vacances avec eux. Mais il portait sur lui une lettre qui l’invitait à se présenter au Primat de Pologne, le Cardinal Wyszyński et il pouvait deviner le but de la rencontre: sa nomination comme évêque auxiliaire de Cracovie. Laisser lÂ’enseignement académique, laisser cette communion stimulante avec les jeunes, laisser le grand combat intellectuel pour connaître et interpréter le mystère de la créature humaine, pour rendre présent dans le monde d’aujourd’hui l’interprétation chrétienne de notre être – tout cela devait lui apparaître comme se perdre soi-même, perdre précisément ce qui était devenu l’identité humaine de ce jeune prêtre. Suis-moi – Karol Wojtyła accepta, entendant la voix du Christ dans l’appel de l’Église. Et il a compris ensuite jusqu’à quel point était vraie la parole du Seigneur: «Qui cherchera à conserver sa vie la perdra. Et qui la perdra la sauvegardera» (Lc 17, 33). Notre Pape – nous le savons tous – n’a jamais voulu sauvegarder sa propre vie, la garder pour lui; il a voulu se donner lui-même sans réserve, jusqu’au dernier instant, pour le Christ et de ce fait pour nous aussi. Il a fait ainsi l’expérience que tout ce qu’il avait remis entre les mains du Seigneur lui était restitué de manière nouvelle. Son amour du verbe, de la poésie, des lectures, fut une part essentielle de sa mission pastorale et a donné une nouvelle fraîcheur, une nouvelle actualité, un nouvel attrait à l’annonce de l’Évangile, même lorsque ce dernier est signe de contradiction.

    Suis-moi ! En octobre 1978, le Cardinal Wojtyła entendit de nouveau la voix du Seigneur. Se renouvelle alors le dialogue avec Pierre, repris dans l’Évangile de cette célébration: «Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? Sois le pasteur de mes brebis !» À la question du Seigneur, Karol, m’aimes-tu ? l’Archevêque de Cracovie répond du plus profond de son cœur: «Seigneur, tu sais tout: tu sais bien que je t’aime». L’amour du Christ fut la force dominante de notre bien-aimé Saint-Père; ceux qui l’ont vu prier, ceux qui l’ont entendu prêcher, le savent bien. Ainsi, grâce à son profond enracinement dans le Christ, il a pu porter une charge qui est au-delà des forces purement humaines: être le pasteur du troupeau du Christ, de son Église universelle. Ce n’est pas ici le moment de parler des différents aspects d’un pontificat aussi riche. Je voudrais seulement relire deux passages de la liturgie de ce jour, dans lesquels apparaissent des éléments centraux qui l’annoncent. Dans la première lecture, saint Pierre nous dit – et le Pape le dit aussi avec saint Pierre: «En vérité, je le comprends: Dieu ne fait pas de différence entre les hommes; mais, quelle que soit leur race, il accueille les hommes qui l’adorent et qui font ce qui est juste. Il a envoyé la Parole aux fils d’Israël, pour leur annoncer la paix par Jésus Christ : c’est lui, Jésus, qui est le Seigneur de tous» (Ac 10, 34-36). Et, dans la deuxième lecture, – saint Paul, et avec saint Paul notre Pape défunt – nous exhorte à haute voix : «Mes frères bien-aimés que je désire tant revoir, vous, ma joie et ma récompense; tenez bon dans le Seigneur, mes bien-aimés» (Ph 4, 1).

    Suis-moi ! En même temps qu’il lui confiait de paître son troupeau, le Christ annonça à Pierre son martyre. Par cette parole qui conclut et qui résume le dialogue sur l’amour et sur la charge de pasteur universel, le Seigneur rappelle un autre dialogue, qui s’est passé pendant la dernière Cène. Jésus avait dit alors : «Là où je m’en vais, vous ne pouvez pas y aller». Pierre lui dit : «Seigneur, où vas-tu ?». Jésus lui répondit : « Là où je m’en vais, tu ne peux pas me suivre pour l’instant; tu me suivras plus tard» (Jn 13, 33.36). Jésus va de la Cène à la Croix, et à la Résurrection – il entre dans le mystère pascal; Pierre ne peut pas encore le suivre. Maintenant – après la Résurrection – ce moment est venu, ce «plus tard». En étant le Pasteur du troupeau du Christ, Pierre entre dans le mystère pascal, il va vers la Croix et la Résurrection. Le Seigneur le dit par ces mots, «Quand tu étais jeune ... tu allais où tu voulais, mais quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller» (Jn 21, 18). Dans la première période de son pontificat, le Saint-Père, encore jeune et plein de force, allait, sous la conduite du Christ, jusqu'aux confins du monde. Mais ensuite il est entré de plus en plus dans la communion aux souffrances du Christ, il a compris toujours mieux la vérité de ces paroles: «C’est un autre qui te mettra ta ceinture ...». Et vraiment, dans cette communion avec le Seigneur souffrant, il a annoncé infatigablement et avec une intensité renouvelée l’Évangile, le mystère de l’amour qui va jusqu’au bout (cf. Jn 13, 1).

    Il a interprété pour nous le mystère pascal comme mystère de la Divine miséricorde. Il écrit dans son dernier livre la limite imposée au mal «est en définitive la Divine miséricorde» (Mémoire et identité, p. 71). Et en réfléchissant sur l’attentat, il affirme : «En souffrant pour nous tous, le Christ a conféré un sens nouveau à la souffrance, il l’a introduite dans une nouvelle dimension, dans un nouvel ordre: celui de l’amour [...]. C’est la souffrance qui brûle et consume le mal par la flamme de l’amour et qui tire aussi du péché une floraison multiforme de bien» (ibid., p. 201-202).

    Animé par cette perspective, le Pape a souffert et aimé en communion avec le Christ et c’est pourquoi le message de sa souffrance et de son silence a été si éloquent et si fécond.

    Divine miséricorde : le Saint-Père a trouvé le reflet le plus pur de la miséricorde de Dieu dans la Mère de Dieu. Lui, qui tout jeune avait perdu sa mère, en a d’autant plus aimé la Mère de Dieu. Il a entendu les paroles du Seigneur crucifié comme si elles lui étaient personnellement adressées: «Voici ta Mère». Et il a fait comme le disciple bien-aimé : il l’a accueillie au plus profond de son être (eis ta idia : Jn 19, 27) – Totus tuus. Et de cette Mère il a appris à se conformer au Christ.

    Pour nous tous demeure inoubliable la manière dont en ce dernier dimanche de Pâques de son existence, le Saint-Père, marqué par la souffrance, s’est montré encore une fois à la fenêtre du Palais apostolique et a donné une dernière fois la Bénédiction Urbi et Orbi. Nous pouvons être sûrs que notre Pape bien-aimé est maintenant à la fenêtre de la maison du Père, qu’il nous voit et qu’il nous bénit. Oui, puisses-tu nous bénir, Très Saint Père, nous confions ta chère âme à la Mère de Dieu, ta Mère, qui t’a conduit chaque jour et te conduira maintenant à la gloire éternelle de son Fils, Jésus Christ, notre Seigneur. Amen.

  • Pakistan : les chrétiens toujours victimes de viols et d'agressions

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    De Paolo Affatato sur Vatican News :

    Au Pakistan, les chrétiens toujours victimes de viols et d'agressions

    Dans les villes de Sheikhupura et Faisalabad, les minorités, notamment celles chrétiennes, sont victimes de persécutions et d'intolérance. Selon le frère capucin Lazar Aslam basé à Lahore, «la violence reste préoccupante, les filles sont souvent forcées de se marier et de se convertir, et les fausses accusations sont une dure réalité pour beaucoup».

    L'intolérance rampante à l'égard des chrétiens au Pakistan continue de susciter l'inquiétude dans les communautés de croyants. Et de ternir une période qui a vu chrétiens et musulmans célébrer ensemble et partager des moments de prière pendant les temps spéciaux du Carême et du Ramadan, qui ont coïncidé en 2025, offrant de précieuses opportunités de dialogue et de rencontre.

    Accusations de blasphème

    Parmi les incidents contre les chrétiens qui ont marqué les dernières semaines figure la récente agression de Waqas Masih, 22 ans, agressé par l'un de ses supérieurs dans l'usine où il travaillait à Sheikhupura, dans la province du Pendjab. Dans une réthorique qui s'est répétée dans plusieurs autres cas, Waqas a été accusé à tort d'un prétendu blasphème, c'est-à-dire d'avoir profané des pages du Coran. Il a alors refusé de se convertir à l'islam pour échapper à ces fausses accusations. Frappé à plusieurs reprises au cou, Waqas a été grièvement blessé et hospitalisé à Lahore dans un état grave, tandis que son agresseur a été arrêté.

    Violé parce que chrétien

    Outre l’histoire de Waqas, un horrible crime a été commis le 25 mars près de l'autoroute traversant le Pendjab. Trois criminels ont attaqué un couple chrétien marié, Adnan Masih et Shumaila, qui se rendait à Faisalabad en moto. Le couple a été arrêté par les voleurs armés qui lui ont dérobé la somme de 800 roupies et un téléphone portable.

    Cependant, lorsque l'identité chrétienne du couple a été découverte, la violence a changé de ton et de modalités. Les malfrats ont commencé à utiliser un langage abusif, empreint de mépris et de cruauté, qui a abouti au viol collectif de la femme, sous les yeux de son mari.

    Le sénateur Khalil Tahir Sindhu, un avocat catholique qui a rendu visite à la famille (le couple a trois enfants) à Faisalabad, a manifesté sa solidarité et son soutien aux deux victimes. L'avocat a révélé que des proches de l'un des accusés avaient même menacé les victimes pour qu'elles ne portent pas plainte, ce qu'elles ont fait «pour demander justice, car de tels crimes de haine ne peuvent rester impunis», a-t-il déclaré, en félicitant la police qui a réussi à identifier et à arrêter les criminels en temps voulu. Réitérant l'engagement du gouvernement en faveur de la justice, le sénateur Sindhu a souligné que «la Constitution du Pakistan garantit la protection de tous les citoyens sans discrimination de culture, d'ethnie ou de foi».

    La vulnérabilité des minorités

    «Ces incidents, a souligné le frère capucin de Lahore, le père Lazar Aslam, montrent la vulnérabilité et la discrimination auxquelles sont confrontés les groupes minoritaires au Pakistan, en particulier les chrétiens. La violence à l'encontre des minorités religieuses reste préoccupante. Les filles sont souvent forcées de se marier et de se convertir, et les fausses accusations sont une dure réalité pour beaucoup». Dans une telle situation, rappelle le père Aslam, les catholiques pakistanais se tournent vers le témoignage du serviteur de Dieu Akash Bashir, ce jeune catholique que tout le monde considère comme un martyr parce qu'en 2015, il a sacrifié sa vie pour empêcher une attaque terroriste contre sa paroisse. Son témoignage a uni des croyants de toutes confessions: des chrétiens mais également des musulmans.

  • Saint Jean-Baptiste de la Salle (7 avril) (KTO)

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    Pourquoi surnommait-on notre saint « Monsieur ailleurs » ? On l'aura compris, parce que, ne tenant point en place, véritable ambassadeur de l'amour de l'homme pour l'homme, saint Jean-Baptiste de la Salle conjugua le verbe aimer aux quatre coins d'une France perturbée où la Régence ne tardera pas à succéder à la mort du roi Louis XIV. Sa devise : « Souris au monde et le monde te sourira ». Convaincu qu'on ne peut chasser la solitude que par la solidarité, il n'a de cesse de prêcher que le monde est à aimer « avec les yeux de la foi ». Stupéfiante personnalité que celle de saint Jean-Baptiste de la Salle, dont la Communauté des Frères des Écoles Chrétiennes est, de nos jours, plus prospère que jamais : présence effective dans 79 pays du monde, 90.000 éducateurs, en partie laïcs, 4.500 frères et un million d'élèves et étudiants de tous âges, un millier d'oeuvres éducatives lasalliennes, enfin, qui prennent leur place du jardin d'enfants aux centres universitaires. « Une communauté qui s'ouvre à de jeunes hommes dont le coeur se laisse pénétrer par des vents de grand large ». Où l'on constate que saint Jean-Baptiste de La Salle ne manqua point de courage. Qui a dit que les saints sont devenus des saints parce qu'ils ont eu le courage de recommencer tous les jours ? Mais, ce courage, mot que d'aucuns traduiront par « volonté de fer », contraste paradoxalement, comme on le verra, avec une sensibilité exacerbée. Jean-Baptiste de La Salle est incontestablement une personnalité hors du commun devant laquelle on se sent tout petit. Mais, rassurons-nous : ce n'est pas péché mortel que de se sentir tout petit. Aucun péché n'est mortel, d'ailleurs. Ce qui est mortel, c'est d'oublier de vivre.
  • Marie "corédemptrice" ?

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    La «Corredentrice» tra '600 e '700 - di Padre Paolo M. Siano |  Corrispondenza romana

    De l'abbé Claude Barthe sur Res Novae :

    Défense de la doctrine de la Corédemption de la Sainte Vierge

    Beaucoup espéraient, lorsque Jean XXIII annonça la réunion d’un second concile du Vatican, que serait incluse dans les textes de cette assemblée la doctrine de la Corédemption de Marie et de sa Médiation universelle des grâces. Il n’en fut rien, mais Paul VI proclama solennellement un nouveau titre de la Sainte Vierge, celui de Mère de l’Église, le 21 novembre 1964, sur lequel je reviendrai.

    Un colloque sur la Corédemption de la Sainte Vierge va se tenir à Paris, à la Maison internationale de la Cité Universitaire, les 23 et 24 mai prochains[1], qui traitera notamment de la question mariale à Vatican II et dont les conférences tendront à relever le caractère traditionnel de cette doctrine.

    En sens inverse, le 9 mars 2025, l’abbé Michel Viot a donné une émission de Radio-Courtoisie sur le thème : « Marie Corédemptrice, une explication dogmatique superflue », que l’on peut retrouver sur le site de la radio[2].

    En restant comme il se doit dans une « marge de fraternité », comme disait le P. Clément Dillenschneider qui a beaucoup œuvré pour la défense de cette doctrine, je ferai ici de même, essentiellement en évoquant ses fondements et aussi ses possibles développements.

    Lire la suite sur Res Novae

  • La logique déconcertante de la miséricorde triomphante (5e dimanche de carême)

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    Evangile : Jean, chapitre 8, vv 1-11 

    Jésus s'était rendu au mont des Oliviers ; de bon matin, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s'assit et se mit à enseigner. Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu'on avait surprise en train de commettre l'adultère. Ils la font avancer, et disent à Jésus : « Maître, cette femme a été prise en flagrant délit d'adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, qu'en dis-tu ? » Ils parlaient ainsi pour le mettre à l'épreuve, afin de pouvoir l'accuser. Mais Jésus s'était baissé et, du doigt, il traçait des traits sur le sol. Comme on persistait à l'interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d'entre vous qui est sans péché, qu'il soit le premier à lui jeter la pierre. » Et il se baissa de nouveau pour tracer des traits sur le sol. Quant à eux, sur cette réponse, ils s'en allaient l'un après l'autre, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme en face de lui. Il se redressa et lui demanda : « Femme, où sont-il donc ? Alors, personne ne t'a condamnée ? » Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »

    Homélie du Père Joseph-Marie Verlinde (Homélies.fr(Archive 2007)

    Le fil rouge de la liturgie de ce cinquième dimanche de carême, nous est donné par l’antienne d’ouverture : « Rends moi justice ô mon Dieu, soutiens ma cause contre un peuple sans foi » (Ps 42, 1). Le Seigneur a entendu la voix du psalmiste, et par la bouche du prophète Isaïe (1ère lect.), il annonce un nouvel Exode, qui arrachera définitivement son peuple à toute forme d’oppression et de violence pour l’installer sur une terre nouvelle où règneront la paix et la justice.

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