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Foi - Page 12

  • Vincent de Paul (27 septembre)

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    stvincent.JPG_1301592635.jpgSaint Vincent de Paul (source)

    Né en 1581 dans une famille modeste à  Pouy  dans les Landes rebaptisé aujourd'hui Saint-Vincent-de-Paul, ce petit paysan manifeste très jeune une vive intelligence. Son père vend deux bœufs pour payer ses études d'abord chez les Cordeliers de Dax puis à la faculté de théologie de Toulouse. En 1600, il est ordonné prêtre à Château-l'Évêque et devient en 1604 bachelier en théologie.

    Au cours d'un voyage de Marseille à Narbonne par mer, Vincent de Paul est capturé par des pirates, emmené à Tunis et vendu comme esclave à un alchimiste qui se convertit après deux années en sa présence. Vincent réussit finalement à s'enfuir et se rend à Paris en 1608. Il devient aumônier de la reine Margot puis curé de Clichy en 1612 où il restaure l'église et crée une école cléricale. 

    En 1613, Vincent entre comme précepteur dans la maison d'Emmanuel de Gondi, général des galères de France.  Il se confronte à la puissance de la noblesse et à la misère des paysans. Cette prise de conscience qu'il appelle sa " conversion " lui fait renoncer à ses privilèges pour consacrer sa vie au service des plus démunis : les mendiants, les forçats, les enfants martyrs, les vieillards et les malades abandonnés. Pour lutter contre cette pauvreté et organiser la charité, il fonde en 1617 avec des dames de diverses conditions sociales, la première " confrérie de la Charité ". Il est alors curé de Châtillon-sur-Chalaronne. De retour chez le comte de Gondi, il se fait missionnaire sur ses terres et est nommé aumônier général des galères en 1619.

    En 1632 afin de poursuivre l'évangélisation du monde rural, Madame de Gondi met à disposition de Vincent, les moyens financiers pour fonder une congrégation de prêtres missionnaires qui prend le nom de " Lazaristes ". Ces prêtres seront rassemblés et formés dans des écoles appelées " séminaires ".

    La France entière se couvre alors d'un vaste réseau de "Charité". D'humbles filles de villages venues spontanément servir les pauvres aux côtés des "Dames" de la Charité, sont dispersées dans une multitude de confréries.  Louise de Marillac une veuve pieuse appartenant à la haute noblesse, collaboratrice de Vincent, perçut la nécessité de les regrouper afin d'améliorer leur formation et leur accompagnement dans leur service tant corporel que spirituel. En novembre 1633, elle reçoit chez elle les six premières "Filles", ce seront les "Filles de la Charité". 

    En 1734, Vincent fonde avec Louise l'Institution des Filles de la Charité" appelées aussi "Sœurs de Saint-Vincent-de-Paul". Ces religieuses sans uniformes oeuvrent sans voiles, c'était une nouveauté pour l'Église, qui n'admettait pas les religieuses hors des cloîtres.

    A partir de 1632, les guerres dévastent les provinces, Vincent y organise inlassablement les secours. L'année 1633 voit l'institution de la "Fondation de la confrérie de l'Hôtel-Dieu" à Paris où interviennent les Filles de la Charité. On lui doit la création des hôpitaux de Bicêtre pour les aliénés, de la Pitié et de la Salpétrière pour les pauvres ainsi que l'Hôpital du Saint Nom-de-Jésus à Paris pour les vieillards. Dès 1638 débute l'oeuvre des "Enfants Trouvés", Vincent créa pour cela un établissement pour ces enfants.

    Le corps épuisé, mais l'esprit et le cœur toujours vifs et inventifs («l'amour est inventif jusqu'à l'infini» disait-il), Vincent mourut à Saint-Lazare le 27 septembre 1660. Il sera canonisé par le pape Clément XII, le 16 juin 1737. 

    Saint Vincent est considéré comme le grand apôtre de la charité et le précurseur de l'action sociale dont on trouvera ici un beau témoignage.

  • Les cardinaux Chow et Cupich : des bergers défaillants ?

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    De George Weigel sur le CWR :

    Augustin et les bergers défaillants

    Que pourrait dire l’évêque d’Hippone du Ve siècle de deux évêques du XXIe siècle, le cardinal Stephen Chow, SJ, de Hong Kong et le cardinal Blase Cupich de Chicago ?

    Détail de "Saint Augustin" (1645-50) de Philippe de Champaigne (1602-1674). [WikiArt.org]
    Chaque année, pendant deux semaines, l'Église médite sur le long sermon de saint Augustin, « Sur les pasteurs dans la Liturgie des Heures ». Sa lecture est loin d'être aisée pour ceux qui sont chargés de la cura animarum , le « soin des âmes ».

    Prenons par exemple cet avertissement sévère d’Augustin :

     On vous a déjà parlé des mauvaises choses que désirent les bergers. Voyons maintenant ce qu'ils négligent. Vous n'avez pas affermi ce qui était faible, guéri ce qui était malade, pansé ce qui était blessé,  c'est-à-dire ce qui était brisé.  Vous n'avez pas rappelé la brebis égarée, ni recherché celle qui était perdue. Ce qui était fort, vous  l'avez détruit. Oui, vous l'avez abattue et tuée. La brebis est faible, et donc, imprudente et non préparée, elle peut céder aux tentations.

    Le berger négligent oublie de dire au croyant : « Mon fils, viens au service de Dieu, tiens ferme dans la crainte et la justice, et prépare ton âme à la tentation. » Un berger qui dit cela fortifie celui qui est faible et le rend fort…

    Mais quel genre de bergers sont-ils qui, par peur de les offenser, non seulement ne préparent pas leurs brebis aux tentations qui les menacent, mais leur promettent même le bonheur terrestre ?

    Que pourrait donc dire l’évêque d’Hippone du Ve siècle de deux évêques du XXIe siècle, le cardinal Stephen Chow, SJ, de Hong Kong et le cardinal Blase Cupich de Chicago ?

    Alors que l'Église lisait « Des pasteurs », le cardinal Chow s'est exprimé à Parramatta, en Australie, où il a insisté sur l'absence de persécution religieuse à Hong Kong : « Pékin veut préserver la liberté religieuse à Hong Kong, car Hong Kong est importante pour la Chine. » Le régime de Pékin, a insisté le cardinal, prend l'Église catholique au sérieux et s'efforce de la comprendre.

    Comment cette tentative de compréhension peut-elle s’étendre, se demande-t-on, à la compréhension de Jimmy Lai, de Hong Kong, dont la foi catholique dans la dignité humaine et la liberté l’a maintenu en isolement pendant plus de 1 600 jours alors qu’il était poursuivi sur la base d’accusations absurdes de menace à la « sécurité nationale » ?

    Contrairement à son prédécesseur, le cardinal Joseph Zen, SDB, le cardinal Chow n'a pratiquement rien fait pour soutenir le prisonnier politique le plus célèbre du catholicisme du XXIe siècle ou pour tendre la main à la famille de Jimmy Lai.

    Augustin ne trouverait-il pas cela négligent de la part d'un berger ?

    De plus, comment cette prétendue tentative de « comprendre » l’Église catholique implique-t-elle que le régime chinois remplace les images sacrées des églises chinoises par des pancartes prônant la « pensée Xi Jinping » ? Comment la compréhension du catholicisme peut-elle s’accorder avec le fait d’obliger des prêtres de Hong Kong à se rendre à Pékin pour y être endoctrinés dans la « sinisation » de la religion, ce qui signifie la subordination complète de la vérité catholique à l’idéologie communiste chinoise ?

    Alors que le cardinal Chow déformait la réalité de la situation catholique à Hong Kong et en Chine, son frère le cardinal Blase Cupich de Chicago défendait sa décision de décerner un prix pour « l’ensemble de sa carrière » au sénateur Dick Durbin de l’Illinois – un hommage qui donnerait certainement à réfléchir à saint Augustin, et précisément parce qu’agir ainsi implique un échec pastoral flagrant à éloigner un membre de l’Église de la tentation.

    Tout au long de sa carrière politique, Dick Durbin a défendu le prétendu « droit » à l'avortement ; il bénéficie actuellement d'une cote de popularité de 100 % auprès de la NARAL (National American Association for the Advancement of Colored People). Durbin a également défendu le prétendu « mariage homosexuel ».

    Dans les deux cas, le noble prédécesseur du cardinal Cupich, feu le cardinal Francis George, OMI, a essayé de persuader le sénateur de son erreur : non seulement parce que la doctrine catholique établie enseigne que le fait de prendre volontairement une vie humaine innocente est une abomination et que le « mariage » entre personnes du même sexe est une absurdité, mais parce que les vérités morales que nous pouvons connaître par la raison – les vérités morales qui devraient guider les législateurs dans une république pluraliste – nous disent exactement la même chose.

    Durbin, privilégiant visiblement les orthodoxies woke du Parti démocrate aux vérités enseignées par la foi et la raison, a obstinément refusé de changer d'avis et s'est depuis lors obstiné à défendre (et même à promouvoir) l'indéfendable. En raison de son obstination concernant l'autorisation d'avortement, le sénateur Durbin s'est vu, à juste titre, interdire de recevoir la communion dans le diocèse de Springfield, où il réside, par un courageux pasteur, l'évêque Thomas Paprocki.

    Il est absurde que l'archidiocèse de Chicago honore un tel homme pour l'ensemble de sa carrière. Si le cardinal Cupich l'ignore, le sénateur Durbin pourrait peut-être avoir la décence de refuser la distinction, arguant que son acceptation fragiliserait encore davantage l'unité de l'Église catholique de l'Illinois.

    Les cardinaux Chow et Cupich méritent autant de prières que de critiques, des prières pour qu'ils prennent On Pastors au sérieux. Car ils pourraient rencontrer Augustin aux Grandes Assises, et lorsqu'il leur demandera ce qu'ils pensaient faire, « maintenir le dialogue ouvert » pourrait ne pas être une réponse satisfaisante.

    George Weigel est chercheur principal distingué au Centre d'éthique et de politique publique de Washington, où il est titulaire de la chaire William E. Simon d'études catholiques. Il est l'auteur de plus de vingt ouvrages, dont « Témoin de l'espérance : la biographie du pape Jean-Paul II » (1999), « La fin et le commencement : le pape Jean-Paul II : la victoire de la liberté, les dernières années, l'héritage » (2010) et « L'ironie de l'histoire catholique moderne : comment l'Église s'est redécouverte et a mis au défi le monde moderne de se réformer » . Ses ouvrages les plus récents sont « Le prochain pape : l'office de Pierre et une Église en mission » (2020), « Pas oubliés : élégies et souvenirs d'une distribution diversifiée de personnages, la plupart admirables » (Ignace, 2021) et « Sanctifier le monde : l'héritage vital de Vatican II » (Basic Books, 2022).
  • Les saints Côme et Damien (26 septembre)

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    Du site du Centre catholique des médecins français :

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    Le martyre des saints Côme et Damien par Fra Angelico (Musée du Louvre)

    St-Côme et St-Damien

    Histoire (IIIe siècle)

    SAINT COME ET SAINT DAMIEN

    Frères jumeaux, Côme et Damien étaient d'origine arabe. Ils étaient nés à Egée, en Cilicie (Asie Mineure), au IIIe siècle, et appartenaient à une famille noble et chrétienne. L'hagiographie conte qu'ils étaient "fort habiles dans l'art médical" et qu'ils parcouraient "villes et bourgades, guérissant les malades et délivrant, au nom de celui qu'on appelle le Christ, ceux qui sont possédés des esprits immondes". Or ils exerçaient leur art gratuitement: ils étaient ainsi devenus les Anargyres, "ceux qui repoussent l'argent". Battant en brèche l'autorité du proconsul Lysias, juge en la ville d'Egée, ils lui furent amenés. Après mille tortures qui ne parvinrent pas à les éprouver, ils subirent le martyre vers l'an 287. L'Église honore ces deux saints guérisseurs le 27 septembre; leurs noms sont inscrits parmi beaucoup d'autres dans les litanies des saints et, distinction plus rare et plus insigne, ils le sont aussi au canon de la messe.

    Au VIIIe siècle, un diplôme de Charlemagne donnant l'église de Luzarches à l'Abbaye de Saint-Denis nous apprend qu'elle était déjà placée sous le vocable de Saint-Côme et Saint-Damien. Au XIIe siècle, Jean de Beaumont, seigneur de Luzarches qui avait été parmi les premiers à se croiser, reçut, lors de son retour par Rome, des reliques des saints Côme et Damien pour prix de ses hauts faits en faveur de la chrétienté. Il en fit deux parts, une pour Luzarches et une pour Paris. A Luzarches, ces reliques furent d'abord déposées dans une collégiale dont la construction commença en 1180 et dont seuls subsistent à l'heure actuelle quelques vestiges. Puis en 1320 elles furent transférées en l'église paroissiale au cours d'une procession solennelle dont la chronique a gardé le souvenir: "Jeanne de Bourgogne, épouse de Philippe V le Long, vient à Luzarches le jeudi 23 octobre 1320 honorer les reliques des deux martyrs. La translation de ces reliques dans des châsses d'argent donne lieu à l'évêque de Paris et au chapitre de Luzarches de mander de la capitale des chirurgiens pour faire leur rapport de ces saintes reliques ".

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  • 1-2 octobre : 31ème pèlerinage familial de tradition à Foy-Notre-Dame

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    cliquer sur l'image pour l'agrandir

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    Le pèlerinage traditionnel de Foy-Notre-Dame (Rochefort, Belgique) se tiendra les :

    • Samedi 4 octobre 2025 : pèlerinage des jeunes, avec marche, enseignements et messe, pour former la jeunesse à une foi joyeuse et enracinée.
    • Dimanche 5 octobre 2025 : pèlerinage des familles, marqué par la messe traditionnelle et une procession mariale vers le sanctuaire de Notre-Dame de Foy, protectrice des pèlerins depuis le XVIIᵉ siècle.

    Ce pèlerinage est :

    • profondément enraciné dans la Tradition liturgique et spirituelle de l’Église,
    • soutenu par les autorités diocésaines,
    • ouvert à tous, avec un prix volontairement très accessible, afin que jeunes, familles nombreuses et fidèles attachés à la liturgie traditionnelle puissent y participer largement,
    • marqué par une atmosphère joyeuse, fervente et familiale.

    Toutes les informations sont disponibles sur https://www.pelefoy.be

  • Des exorcistes du monde entier se réunissent à Sacrofano pour combattre le Malin à l'ère de l'IA (et le pape Léon les encourage).

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    De Franca Giansoldati sur Il Messaggero :

    Des exorcistes du monde entier se réunissent à Sacrofano pour combattre le mal à l'ère de l'IA (et le pape Léon les encourage).

    Parce que le Malin existe et doit être combattu même dans les nouvelles frontières du numérique, l'Église a modernisé sa stratégie pour le traquer : en 2014, la première Association Internationale des Exorcistes (AIE) a été fondée et a récemment approuvé ses nouveaux statuts. Cette organisation, de droit pontifical, est placée sous l'égide du Dicastère du Vatican pour le Clergé. En bref, traquer le diable est une affaire très sérieuse, qui n'a rien à voir avec les excès de la superstition ou les représentations naïves de petits êtres cornus comiques vêtus de rouge, armés de flammes et d'une fourche. Tout d'abord, le texte des nouveaux statuts clarifie d'emblée la nécessité de « promouvoir des initiatives » pour « empêcher la dérive » des fidèles vers des « formes d'occultisme ». Oui, car depuis des années, les exorcistes les plus influents, à commencer par le Père Francesco Bamonte, président de l'AIE qui a succédé au légendaire Père Amorth récemment décédé, ont compris que le Mal, à l'ère de l'intelligence artificielle, s'étend vers de nouvelles frontières. Pendant ce temps, l’occultisme gagne des adeptes et les outils sont devenus plus raffinés.

    L'association

    L'association, approuvée par le pape François en 2014 et aujourd'hui encouragée par le pape Léon XIV à poursuivre ses activités, a pour objectif de partager, de croiser et d'analyser toutes les expériences d'exorcismes et de phénomènes maléfiques afin d'« apporter une aide toujours plus efficace à ceux qui ont réellement besoin d'un exorciste ». Parmi les nombreux cas traités, seul un faible pourcentage concerne la possession démoniaque. C'est pourquoi les exorcistes consultent des médecins et des psychiatres renommés. La formation de base des prêtres nommés par les évêques pour exercer ce ministère devient un aspect fondamental et, depuis plusieurs années, l'AIE promeut des rencontres quasi académiques, naturellement à huis clos. La collaboration avec les diocèses et les évêques est achevée ; la fonction d'exorciste n'est plus une activité à part entière. Le concept est clair : la chasse aux démons est une activité multidisciplinaire. 

    Le sommet

    Il y a quelques jours, un sommet s'est conclu à Sacrofano, où plusieurs exorcistes ont dressé un tableau complexe. Un prêtre mexicain, le père Andrés Esteban Lopez Ruiz, a ainsi abordé les problèmes que peut (parfois) engendrer le Nouvel Âge, car il « se nourrit d'ésotérisme et de néognosticisme ». Selon lui, il transcende clairement la morale chrétienne, avec « des conséquences néfastes ». Le père Bamonte, exorciste du diocèse de Rome, a insisté sur les dommages pastoraux causés par la parapsychologie, qui, bien sûr, est dénuée de tout fondement scientifique et « prétend expliquer les phénomènes dits paranormaux par ses interprétations rationalistes », selon le bulletin de l'AIE. 

    Le père Mauro Billetta, exorciste, psychologue et psychothérapeute palermitain, a quant à lui illustré comment distinguer efficacement l'œuvre du diable des maladies psychiatriques. Névrose, dépression et schizophrénie. La collaboration avec les médecins est cruciale. D'autres experts ont mis en évidence le lien entre néo-occultisme et intelligence artificielle. Dans ces cas, le diable peut s'infiltrer précisément à travers les failles de nouvelles techniques de divination, grâce à des algorithmes permettant la collecte de données personnelles, voire des formes de nécromancie et de communication avec les défunts.

  • Charlie Kirk : un martyr ?

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    Du Père Raymond J. de Souza sur le NCR :

    Qu'est-ce qu'un martyr ? Et Charlie Kirk en est-il un ?

    COMMENTAIRE : L'assassinat de Charlie Kirk le 10 septembre a relancé le débat sur le martyre.

    Lors de la grande commémoration organisée en l'honneur de Charlie Kirk, il a été déclaré martyr à plusieurs reprises. Le vice-président J.D. Vance a notamment qualifié Kirk de « martyr de la foi chrétienne », tandis que le président Donald Trump l'a qualifié de « martyr de la liberté de l'Amérique ».

    Survenant juste une semaine après que le pape Léon XIV ait présidé un service œcuménique en commémoration des martyrs du 21e siècle à Rome, la considération de Kirk comme martyr fait écho aux débats catholiques du 20e siècle sur ce qui constitue le martyre, alors que la catégorie traditionnelle s'est élargie et que le nombre de martyrs a considérablement augmenté.

    La définition classique d'un martyr est celle d'une personne violemment tuée par haine de la foi ( odium fidei ) et qui accepte volontairement cette mort plutôt que l'infidélité. Le martyre inclut donc à la fois l'intention du meurtrier et ses dispositions. Par exemple, les présidents américains assassinés ne sont pas considérés comme des martyrs religieux, car la haine de la foi n'était pas le motif de leurs assassins.

    Un facteur crucial dans l'examen du cas de Kirk serait la motivation de son meurtrier. Bien que des informations aient été publiées à ce jour à ce sujet, elle n'est pas encore totalement établie avec certitude. Si la foi chrétienne de Kirk était importante pour lui et qu'il en parlait ouvertement, elle n'a peut-être pas été la raison de son assassinat. Il est possible d'être un martyr politique tout en étant un chrétien fervent sans être, à proprement parler, un « martyr de la foi chrétienne ».

    Le XXe siècle a été marqué par le cas de nombreuses personnes tuées non pas pour leur foi en soi , mais pour leurs actes, fruit de leur foi. Le siècle s'est ouvert avec l'une des plus éminentes d'entre elles, sainte Maria Goretti. Elle fut assassinée par un catholique, lui aussi, qui n'avait aucun mobile antireligieux. La jeune Maria ayant résisté à ses avances sexuelles, il l'a poignardée dans un accès de rage.

    Elle fut canonisée comme martyre en 1950, non pas pour avoir défendu la foi catholique, mais parce qu'elle fut tuée pour son adhésion héroïque à l'enseignement chrétien sur la chasteté. La catégorie du martyre fut ainsi pratiquement élargie à ceux qui refusaient une chose contraire à la foi, même si la foi elle-même n'était pas attaquée.

    La Seconde Guerre mondiale a vu naître des martyrs qui ont fait un choix positif, ancré dans leur foi, au risque de mourir. Saint Maximilien Kolbe est le plus célèbre d'entre eux, car il s'est proposé de prendre la place d'un autre homme condamné à la famine dans le bunker d'Auschwitz.

    Durant la même guerre, les neuf membres de la famille Ulma furent tués pour avoir abrité des Juifs, un risque héroïque qu'ils prirent en obéissant à leur compréhension de la parabole du Bon Samaritain. Le Père Kolbe et les Ulma firent preuve d'une charité héroïque malgré les conséquences fatales de leur acte.

    Le cas du Père Kolbe a été très controversé. Il a été béatifié par le pape saint Paul VI en 1971, mais pas comme martyr, bien que le Saint-Père se soit plu à le qualifier, de manière informelle, de « martyr de la charité ».

    Lors de la canonisation du père Kolbe en 1982, le pape Jean-Paul II a nommé une commission spéciale pour examiner le cas. La commission a conclu que le frère franciscain conventuel, aussi admirable fût-il, n'était pas un martyr. Jean-Paul II a rejeté la décision de la commission, déclarant lors de la canonisation que désormais, Kolbe serait « vénéré aussi comme un martyr ! »

    La famille Ulma a été béatifiée en tant que martyrs en 2021. Près de 40 ans après la canonisation de saint Maximilien, il n'y avait aucun doute quant à leur considération comme tels.

    Ainsi, une nouvelle catégorie de martyrs « aussi comme » fut inaugurée.

    Les assassins de saint Óscar Romero étaient vraisemblablement baptisés et n'avaient aucune haine particulière pour la foi catholique. Ils voyaient en l'archevêque un puissant défenseur de la justice, une voix qui criait contre leurs escadrons de la mort. Il constituait un obstacle à leur règne violent, « également » en raison de son devoir de pasteur chrétien.

    Il y a dix jours, lors de la commémoration des martyrs et témoins de la foi du XXIe siècle, le pape Léon XIV a évoqué la « force évangélique » de sœur Dorothy Stang, une religieuse américaine des Soeurs de Notre-Dame de Namur qui a passé trois décennies en Amazonie à défendre le bien-être des pauvres sans terre et à s'opposer aux éleveurs qui souhaitaient convertir la forêt tropicale en pâturages. Elle a été assassinée par des agents de ces éleveurs – peut-être d'autres catholiques – qui ne contestaient pas de questions doctrinales. Sœur Dorothy n'a pas été officiellement déclarée martyre, mais son cas s'inscrit dans la lignée de ceux, par exemple, tués par la violence privée de la mafia. L'une d'elles, la juge italienne Rosario Livatino, a été béatifiée comme martyre en 2021, victime d'un tueur à gages de la mafia.

    « Ce sont des femmes et des hommes, religieux, laïcs et prêtres, qui paient de leur vie leur fidélité à l'Évangile, leur engagement pour la justice, leur combat pour la liberté religieuse là où elle est encore bafouée, et leur solidarité avec les plus défavorisés », a déclaré le pape Léon XIV. Ils sont honorés comme des saints et saintes, et « aussi » comme des défenseurs de la justice, de la liberté religieuse, des exemples d'œuvres de miséricorde corporelle.

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  • Le cardinal Müller parle de Charlie Kirk, du « jubilé LGBT », de la menace croissante de l’islam et de la "Rencontre mondiale sur la fraternité humaine"

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    De la plate-forme en ligne de Diane Montagna :

    INTERVIEW : Le cardinal Müller parle de Charlie Kirk, du « jubilé LGBT » et de la menace croissante de l’islam

    « En tant que théologien dogmatique, je ne veux pas être diplomate. L'Église catholique doit proclamer la vérité, mais aussi contredire les mensonges. »

    Dans la première partie de cette interview en deux parties, Son Éminence revient sur l’assassinat brutal du conservateur chrétien et fondateur de Turning Point USA , Charlie Kirk, le qualifiant de « martyr pour Jésus-Christ ».

    ***

    Diane Montagna : Votre Éminence, vous connaissez bien les États-Unis. Souhaitez-vous commenter l’assassinat de Charlie Kirk ?

    Cardinal Müller : Charlie Kirk a été victime d’une idéologie athée, dont les adeptes ont éclaté en célébrations sataniques suite au meurtre odieux d’un mari et père de famille exemplaire. Le diable s’empare toujours de ceux qui haïssent la vie et la vérité. Car, selon les paroles du Seigneur Jésus-Christ, le diable est « meurtrier dès le commencement » et « père du mensonge » (Jean 8, 44). Et seuls ceux qui entendent la parole de Dieu sont de Dieu (cf. Jean 8, 47).

    Charlie Kirk était un chrétien fervent. D'un point de vue surnaturel, il est mort non pas victime d'un assassinat politique, mais martyr de Jésus-Christ – non pas au sens de ceux qui sont canonisés, mais comme témoin (du grec martys ) tout au long de sa vie. Il a donné sa vie à la suite de son Seigneur, en sacrifice pour la vérité selon laquelle l'homme est créé à l'image de Dieu, homme et femme, et en opposition aux mensonges et à l'automutilation promus par la soi-disant « transidéologie » et les « soins affirmatifs de genre ». Il a défendu et vécu pour la beauté et la sainteté du mariage et de la famille, tels qu'ils ont été ordonnés par Dieu le Créateur, et a défendu la dignité de chaque vie humaine, de la conception à la mort naturelle.

    Comme vous le savez sûrement, la femme de Charlie Kirk était catholique et ses amis proches ont révélé qu'il assistait à la messe et priait le rosaire.

    Oui, et il a récemment loué Sainte Marie comme modèle et « solution » aux maux de notre époque. Par son « oui » à l’Incarnation de Dieu, elle est devenue la Mère de Jésus, l’unique Rédempteur de l’humanité, qui seul nous délivre du mensonge, du péché, de la mort et de toutes les idéologies meurtrières.

    Nous demandons au Seigneur Jésus et à Sainte Marie d'apporter du réconfort à la femme et aux enfants de Charlie.

    Parlons de Rome. Quels changements avez-vous constatés depuis l'élection du pape Léon XIV ?

    On y retrouve une proclamation de l’Évangile davantage centrée sur le Christ, un ordre plus grand et une moindre importance accordée aux questions d’importance secondaire pour l’Église, comme la migration, qui est avant tout la tâche de l’État.

    Certes, l’Église peut apporter son aide par des œuvres caritatives, mais notre première mission est de prêcher l’Évangile à tous et d’évangéliser ceux qui viennent en Europe, non seulement pour leur fournir une aide matérielle, mais pour leur donner la vérité.

    De nombreux musulmans arrivent, et nous ne pouvons pas les laisser imposer leur religion à notre culture. Nous devons affronter cela avec le message de l'amour de Dieu, car l'image qu'ils se font de Dieu – un dictateur dont la volonté arbitraire doit être aveuglément obéie – n'est pas celle que Jésus nous a donnée. Dieu est notre Père, notre Créateur, qui nous a créés à son image et à sa ressemblance. Nous sommes ses enfants, et par le Saint-Esprit, nous pouvons devenir les amis de Dieu, les amis de Jésus-Christ.

    C’est le message dont nous devons témoigner, en particulier dans les pays européens qui se sont lassés de leur foi chrétienne et ont été sécularisés par les idéologies du nationalisme, du fascisme, du communisme et maintenant du wokisme, qui menacent de détruire à la fois les personnes et leur identité.

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  • La « manière appropriée » de célébrer la liturgie selon Léon XIV

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    D'Ed. Condon sur The Pillar :

    La « bonne manière » de célébrer la liturgie selon Léon XIV

    Dans une interview récemment publiée, le pape Léon XIV a abordé les conflits liturgiques qui agitent l'Église latine et le sujet de la messe latine traditionnelle. Dans ses remarques, le pape a déploré la « politisation » et la « polarisation » de la liturgie de l'Église, y compris la célébration de la forme ordinaire.

    Pape Léon XIV. Crédit : Vatican Media.

    Interrogé sur les restrictions imposées à la célébration de la messe latine, Léon XIV a noté qu'il n'y avait « aucun problème » à célébrer la forme ordinaire de la liturgie en latin, et a également noté « l'abus » de la forme ordinaire de la liturgie comme un facteur potentiel de popularité de la forme extraordinaire.

    Dans un certain sens, le pape semble suggérer que, même s’il a été poussé à assouplir les restrictions de Traditionis custodes , il pourrait être davantage intéressé par une réforme et un renouveau liturgiques plus larges comme moyen de désamorcer la polarisation dans la liturgie.

    Si tel est le cas, la question pourrait devenir de savoir s’il est prêt à intervenir de manière aussi décisive sur la gestion diocésaine de la forme ordinaire que ses prédécesseurs l’ont été pour l’extraordinaire – et si de nombreux dévots des textes liturgiques préconciliaires seraient influencés par cet effort.

    Dans sa première longue interview accordée à Crux en juillet et publiée la semaine dernière , le pape Léon XIV a été interrogé sur les « divisions entourant la messe latine traditionnelle ».

    Reconnaissant avoir déjà reçu « plusieurs demandes » concernant la forme extraordinaire de la liturgie et Traditionis custodes, Léon XIV a déclaré : « Entre la messe tridentine et la messe de Vatican II, la messe de Paul VI, je ne sais pas trop où cela va nous mener. C’est évidemment très compliqué. »

    Mais, a ajouté le pape, « on dit toujours "la messe latine". Eh bien, vous pouvez dire la messe en latin dès maintenant. Si c'est le rite Vatican II, il n'y a aucun problème. »

    « Je pense que parfois, disons, l'abus de la liturgie de ce que nous appelons la messe de Vatican II n'a pas été utile aux personnes qui recherchaient une expérience plus profonde de prière, de contact avec le mystère de la foi qu'elles semblaient trouver dans la célébration de la messe tridentine », a déclaré Léon XIV.

    « Encore une fois, nous sommes devenus polarisés, de sorte qu'au lieu de pouvoir dire, eh bien, si nous célébrons la liturgie de Vatican II d'une manière appropriée, trouvez-vous vraiment une telle différence entre cette expérience et cette autre ? »

    Pour de nombreux catholiques ayant une expérience plus directe des excès liturgiques — ou comme le dit Léon XIV, des abus — dans la forme ordinaire que dans la forme extraordinaire, le résumé du pape semblera probablement raisonnable, voire encourageant.

    Les nouveautés et innovations liturgiques, ou même un laxisme de base envers les rubriques, sont une plainte constante au sein de l’Église depuis des décennies, à tel point que le pape François a même reconnu les « distorsions insupportables » de la forme ordinaire dans sa lettre d’accompagnement à Traditionis custodes , sans toutefois sembler élaborer un plan pour les combattre.

    Pourtant, beaucoup de ceux qui désirent sincèrement, comme le dit le pape, « une expérience plus profonde de la prière, de contact avec le mystère de la foi », remarqueront également que, bien que l’usage de la langue latine reste généralement sans restriction au niveau diocésain, de nombreuses autres pratiques liturgiques traditionnelles autorisées par le GIRM sont fortement contrôlées.

    Dans le sillage de Traditionis custodes, par exemple, plusieurs évêques diocésains américains ont pris des mesures pour empêcher les prêtres de célébrer la forme ordinaire de la messe ad orientem , soit en interdisant purement et simplement cette pratique, comme à Détroit, soit en exigeant que les prêtres reçoivent une permission épiscopale explicite pour le faire, comme à Chicago.

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  • Les chrétiens d'Irak triplement marginalisés

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    De Thibault van den Bossche sur le site de l'ECLJ :

    La triple marginalisation des chrétiens d’Irak

    22 Septembre 2025

    À l’approche des élections législatives irakiennes de novembre 2025, une trentaine de candidats chrétiens briguent les cinq sièges réservés à leur communauté au Parlement fédéral. Mais cette vitrine démocratique ne peut plus cacher la réduction à peau de chagrin de la communauté chrétienne d’Irak. Héritiers de deux millénaires de présence en Mésopotamie, les chrétiens subissent aujourd’hui une triple marginalisation : la spoliation de leurs terres et un véritable génocide patrimonial, la fragilité de leur représentation institutionnelle et politique, ainsi que des pressions sociales et économiques qui compromettent leur survie dans le pays.

    On n’entend plus parler de l’Irak, et l’on croit qu’elle se reconstruit d’elle-même grâce à son pétrole. « Mais c’est faux, les communautés religieuses minoritaires, en particulier les chrétiens et les yézidis, ont toujours besoin d’aide », alerte Pascale Warda, cofondatrice de l’ONG Hammurabi (HHRO) et ancienne ministre de l’Immigration et des Réfugiés (2004-2005). Les autorités irakiennes n’ont pas encore compris que la reconnaissance des droits des minorités constitue un atout stratégique : les marginaliser fragilise l’unité nationale, tandis que leur intégration renforcerait l’Irak à tous les niveaux.

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  • Pourquoi Léon XIV a évité une tempête médiatique à la François lors de sa première interview

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    De Jonathan Liedl sur le NCR :

    Pourquoi Léon XIV a évité une tempête médiatique à la François lors de sa première interview

    ANALYSE : Comment la perception papale façonne ce qui est considéré comme une controverse

    Le pape Léon s'exprime lors de la messe du 21 septembre 2025, à l'église Sainte-Anne au Vatican.
    Le pape Léon XIV prononce un discours lors de la messe du 21 septembre 2025 en l'église Sainte-Anne au Vatican. (Photo : Francesco Sforza / Vatican Media)

    La première interview du pape Léon XIV a été accueillie sans trop de remous. Des médias grand public aux conservateurs catholiques (et même à certains traditionalistes), le principal message est que le pape se préoccupe avant tout de l'unité de l'Église et qu'aucun bouleversement majeur n'est à prévoir.

    Il convient de noter que cette réaction est très répandue.

    Ce n’est pas seulement parce que l’époque des bombes papales lâchées lors d’interviews ou de conférences de presse en vol, une caractéristique du pape François, semble révolue.

    Mais parce que lors de sa conversation avec Elise Allen de Crux , le pape Léon XIV a dit certaines choses qui, si elles avaient été prononcées par le pape François, auraient probablement généré une controverse généralisée.

    Et pourtant, quand Léon les a prononcés, ils ne l'ont pas fait. Et il convient de se demander pourquoi.

    Par exemple, considérez ce que le pape d'origine américaine a déclaré à propos de l'enseignement de l'Église sur la sexualité et le mariage : « Je pense que nous devons changer d'attitude avant même d'envisager de modifier la position de l'Église sur une question donnée. Je trouve très improbable, surtout dans un avenir proche, que la doctrine de l'Église concernant la sexualité et le mariage change. » 

    Si le pape François avait déclaré que des changements doctrinaux dans ces domaines étaient peu probables en raison de la nécessité de suivre un ordre ecclésial – et non en raison de l'immuabilité fondamentale de ces enseignements –, cela aurait provoqué une tempête médiatique. Les gros titres se seraient emparés de cette citation, soulignant que François était potentiellement ouvert au prétendu « mariage homosexuel », même si ce n'était pas « dans un avenir proche ».

    Mais à part les suspects habituels, comme le militant LGBTQ et père jésuite James Martin d'un côté et certains traditionalistes de l'autre, peu de gens semblaient intéressés à pousser la rhétorique du pape Léon dans cette direction.

    Pourquoi pas?

    Oui, Léon a dit beaucoup plus sur le sujet au cours de l’interview, affirmant l’idée que l’Occident est « fixé » sur l’identité sexuelle, que les personnes s’identifiant comme LGBTQ devraient être accueillies comme fils et filles de Dieu et non parce qu’elles s’identifient comme gays ou lesbiennes, et que l’Église doit continuer à se concentrer sur la « famille traditionnelle » et le mariage. 

    Mais un contexte similaire n'a pas empêché les médias de présenter la célèbre phrase du pape François de 2013, « Qui suis-je pour juger ? », comme une bombe laissant entrevoir des changements radicaux dans l'approche de l'Église en matière de moralité sexuelle — malgré le fait que François ait cité le Catéchisme approuvé par saint Jean-Paul II et son interdiction de discrimination injuste comme base de son commentaire et ait réaffirmé le caractère pécheur des actes sexuels entre personnes de même sexe.

    La différence de traitement de la rhétorique des deux papes est encore plus claire lorsque nous examinons la manière dont le pape Léon XIV a évoqué l’hypothétique « ordination des femmes » au diaconat dans sa récente interview. 

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  • 24 septembre : Bienheureuse Vierge Marie de la Merci

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    Source

    24 septembre : Bienheureuse Vierge Marie de la Merci

    La libération de tout esclavage

    Au Moyen Âge, le terme « merci » désignait une forme concrète de compassion, tournée surtout vers ceux qui vivaient en marge de la société : en particulier, les chrétiens retenus prisonniers. C’est à cette cause que se consacrèrent avec ferveur saint Pierre Nolasque et ses disciples, qui fondèrent une communauté religieuse engagée dans la libération des prisonniers chrétiens en danger de perdre leur foi. C’est pourquoi on les appela les Frères de la Merci et leurs couvents prirent le nom de « maisons de la Merci ». Profondément attachés à la Vierge Marie, qu’ils considéraient comme l’inspiratrice de leur mission, ils lui donnèrent le titre de « Notre-Dame de la Merci » ou « de la Miséricorde ».

    Convaincus que la Vierge Marie avait joué un rôle déterminant dans la naissance de leur Ordre, les religieux inscrivirent officiellement son nom dans la dénomination de la Congrégation. Dès 1272, dans les premières Constitutions de l’Ordre, son nom complet fut établi : Ordre de la Bienheureuse Vierge Marie de la Merci pour la rédemption des esclaves.

    La première église fondée par les Mercédaires fut construite en 1249 et dédiée à sainte Marie. L’image vénérée en ce lieu commença à être identifiée comme « Sainte-Marie de la Merci », et, de là, le culte se diffusa partout où les membres de l’Ordre s’installèrent.

    Lors de la colonisation et de l’œuvre missionnaire en Amérique, à partir du second voyage de Christophe Colomb en 1493, les Mercédaires emportèrent avec eux la dévotion à la Vierge de la Merci. Ce culte s’enracina profondément dans le nouveau continent, où les habitants, touchés par la piété populaire, commencèrent à l’appeler « Notre-Dame de la Merci », une expression qui souligne sa générosité à accorder les grâces reçues du Christ.

    Vu le grand essor de cette dévotion, l’Église en reconnut la portée universelle. Dès 1616, sous le pontificat du Pape Pie V, puis à nouveau en 1684 et en 1696, la fête de Notre-Dame de la Merci fut officiellement étendue à l’ensemble du monde catholique, fixant le 24 septembre comme date liturgique de sa célébration.

    Cette invocation mariale exprime la tendresse de la Mère de Dieu envers ceux qui sont opprimés, emprisonnés ou en danger de perdre leur foi. Elle présente Marie comme une figure rédemptrice qui poursuit l’œuvre salvifique du Christ en faveur des pauvres et des prisonniers. En elle se reflète puissamment la miséricorde divine, incarnée comme un Évangile vivant qui annonce la libération et l’espérance.

  • « Voyez plus profond ; élevez votre regard ! » L'homélie de Mgr Warin pour la bénédiction abbatiale du nouveau Père Abbé de l’Abbaye de Leffe

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    Pauvre Eglise ! Elle n'a plus vraiment la cote. Souvent on ne la ménage pas.

    Parfois elle est carrément malmenée.

    Dans la sensibilité démocratique de notre époque, il n'est pas rare que sa structure hiérarchique apparaisse surannée. Régulièrement on lui reproche de ne pas savoir évoluer avec son temps, l'obligation du célibat, le refus d'ordonner des femmes, ou encore ses prises de position en matière de début ou de fin de vie.

    Certains voudraient confiner la foi dans le domaine du privé. Ils disent : « Les convictions religieuses ou autres de chacun sont une affaire de conscience personnelle. » Mais nous ne pouvons nous résigner à une privatisation de la foi, à la relégation de la foi dans le privé. Pourquoi ? Parce que le pluralisme bien compris n'implique pas la mise sous éteignoir des convictions, mais bien leur mise en dialogue.

    Aussi parce que – à moins de trahir la parole du Seigneur – nous ne pouvons renoncer à être « sel de la terre » et « lumière pour le monde » (cf. Mt 5, 13-14). Ou encore, parce que comme les apôtres de la première génération qu'on voulait faire taire, nous ne pouvons pas ne pas parler. Nous chrétiens devons dire ce qui nous habite, « rendre compte de l'espérance qui est en nous », mais – comme l'apôtre Pierre le précise dans sa Première Lettre – « avec douceur et respect » (cf. 1P 3, 15-16). Sans imposer. Comme le Seigneur Jésus qui disait : « Si tu veux... » Nous chrétiens devons être des proposants de la foi.

    L'Eglise ne doit pas peser sur le monde. Il demeure que l'Eglise a des faiblesses et même des péchés. Elle est la barque de Pierre, un vieux rafiot de deux mille ans. Et trop souvent l'équipage passe une bonne partie de son temps à se chamailler. Les uns voudraient refaire le vieux rafiot tout à neuf et misent sur des changements structurels. Les autres pensent que la véritable réforme doit venir d'un ressourcement spirituel ; ils disent : « On s'occupe trop des canalisations et pas assez des sources ! »

    L'Eglise vit à l'occasion des tensions. Incontestablement elle a des défauts et des manies. Et comme on peut perdre patience devant les manies de ses parents, il peut nous arriver d'être durs vis-à-vis d'elle. Car même à l'intérieur de l'Eglise, on n’est pas toujours tendre. Il est vrai que quand on est dans la cuisine, on voit mieux comment se prépare la soupe...

    En cette fête de la Dédicace de notre église cathédrale Saint-Aubain, que vous avez choisie, cher Père Abbé, pour la célébration de votre bénédiction abbatiale, deux réflexions... tout simplement.

    Un : l’Eglise est faite de pauvres pécheurs, nous. En conséquence, il ne faut pas rêver d'une Eglise qui, telle une montgolfière au-dessus des villages et des pâturages, planerait au-dessus des faiblesses et des tensions. L'Eglise a des défectuosités. Mais n'est-il pas bien d'aimer une handicapée ? L'Eglise nous a engendrés dans la foi. Madeleine Delbrêl disait : « Un fils est tout de suite jugé, qui se permet de juger sa mère. » Nous qui marchons à la suite du Christ, ne devons-nous pas, chaque jour, épouser un peu plus avec ses bons côtés mais aussi avec ses côtés moins heureux, l'Eglise présentée par le passage de l'Apocalypse comme « l'épouse de l'agneau » ?

    Dans son opuscule « Messagers de la joie », le cardinal Danneels écrit : « Il est difficile (...) à des jeunes gens de devenir prêtres s'ils ne vivent pas dans un milieu où on aime l’Eglise. Ce qui ne signifie pas qu'il faille taire ou diminuer ses fautes. Bien des saints ont vigoureusement dénoncé l'Eglise dans sa hiérarchie et dans ses membres.

    Mais jamais sans tendresse. Qu’on songe (...) à Catherine de Sienne, qui envoyait ses lettres les plus sévères au Pape d'Avignon, tout en l'appelant « il dolce Christo in terra » (« le doux Christ sur la terre »). Nous n'aurons pas de vocations si nous ne parvenons pas à créer des lieux où l'Eglise soit vraiment aimée » (p. 37).

    Deuxième réflexion. Attention de ne voir que l'architecture de l'Eglise, et pas assez le mystère. La vision de l'Eglise n'est-elle pas parfois faussée par le regard extérieur des médias ou l'animosité ? Si je reste en dehors d'une église, les vitraux ne me permettent pas d'en voir vraiment le dedans. Par contre, tout s'illumine si je pénètre à l'intérieur.

    Les lectures de cette liturgie nous disent au fond : « Voyez plus profond ; élevez votre regard ! »

    Dans sa réalité glorieuse et idéale de la Parousie, l'Eglise est « la cité sainte, la Jérusalem qui descend du ciel d'auprès de Dieu » (Ap 21,10). Elle vient du ciel, car elle n'est pas une réalisation humaine, mais une communauté fondée et animée par Dieu.
    Ne devons-nous pas toujours à nouveau apprendre à porter sur l'Eglise un regard intérieur, profond : le regard de la foi ? L’Eglise, si facilement décriée, est néanmoins sacrement du salut pour le monde.

    Quant au passage de l'Evangile de Jean, proclamé dans le cadre de cette fête, il suggère que, comme le Temple de Jérusalem, l'Eglise a besoin de temps à autre d'une bonne purification, d'un bon coup de balai. Mais aussi que l'Eglise est corps mystique du Christ : le Temple dont il parlait, c’était son corps (cf. Jn 2,21).

    Le Christ fait réellement corps avec l'Eglise. Il est vrai que l'Eglise est un rafiot vieux de nos trahisons et de nos lâchetés. Mais n'oublions pas que son patron, c'est quelqu'un : « Même le vent et la mer lui obéissent » (Mc 4,41) ! Et quelqu'un qui est marié avec elle. C'est pourquoi ce n'est pas de sitôt que le vieux rafiot sera conduit au cimetière des bateaux !

    Cher Père Abbé, dans un instant avec tous les saints, nous allons prier Dieu notre Seigneur de vous combler de sa grâce, vous qui avez été élu pour gouverner cette abbaye. N'oubliez jamais cela : l'engagement de l'homme est précédé du don de Dieu.

    Au moment de même où vous vous engagez, Il s'engage lui aussi, et lui d'abord.
    N’omettez pas de vous appuyer sur lui, sur la grâce qu'il vous fait aujourd'hui et qui ne vous fera jamais défaut. Alors, ce ne sont pas vos richesses que vous apporterez à vos frères, mais les trésors de Dieu. Et au lieu de faire du bien, vous ferez des miracles !

    + Pierre Warin
    Bénédiction abbatiale du nouveau Père Abbé de l’Abbaye de Leffe, le P. Christophe MONSIEUR,
    Collégiale de Dinant, le 20 septembre 2025, en la Dédicace de l’église cathédrale.
    Lectures : Ap 21, 9b-14 / Jn 2, 13-22.