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Enseignement - Education - Page 133

  • Le rêve éveillé de Christian Laporte

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    Le chant du cygne d’Anvers au milieu des décombres de l’Eglise belge transporte de joie l’éditorialiste de « La Libre Belgique », qui écrit sous le titre « une ‘squadra belga’ dirigée par Mgr Bonny? » :

     " Dans un peu moins d’un an, l’Eglise catholique fêtera le cinquantenaire de la fin du concile Vatican II. Le début des "sixties" chrétiennes marqua d’autant plus les Belges que nos évêques et théologiens avaient joué un rôle de pointe à ce grand "remue-méninges" qui ouvrit l’Eglise à la société contemporaine. A tel point qu’on parla de la "squadra belga" dont la contribution fut décisive dans la rédaction de moult documents toujours d’actualité.

    Un demi-siècle plus tard, il n’est pas interdit de penser que, sans réorganiser radicalement l’institution comme en 1962-1965, notre corps épiscopal soit de nouveau à la pointe, notamment lors de la seconde partie du synode sur la famille où l’on annonce des ouvertures aux familles nouvelles et aux divorcés remariés, malgré les combats d’arrière-garde des conservateurs.

    Eminemment centriste, donc ni exagérément progressiste ou ni outrancièrement conservatrice, l’Eglise belge de l’après-guerre avait donné le ton en insistant sur la liberté de conscience et le sens des (bons) compromis.

    La lettre de l’évêque d’Anvers au synode puis ses propos forts dans "De Morgen" montrent que cet esprit - ou l’Esprit ?- souffle toujours sur l’Eglise belge qui est souvent sur la même longueur d’ondes que le pape François. Sans en appeler à la révolution qui n’a jamais été la marque de fabrique de l’institution, Mgr Bonny estime tout comme le Pape que l’heure est venue d’intégrer certaines mutations sociétales. Peu importe au fond qu’il devienne archevêque demain, sa "joie évangélique" sera d’avoir contribué à rouvrir toutes grandes les fenêtres de l’Eglise..."

    Laissons-le à ses mirages. 

    L’Eglise belge n’est plus que l’ombre de ce qu’elle était en 1960 et ses restes anémiques bien incapables de fournir la moindre squadra épiscopale que ce soit.

    On peut au demeurant s’en réjouir, si l’on jette un regard rétrospectif sur l’effondrement inexorable où l’esprit du concile qui habite Monsieur Laporte l’a conduite, tout comme ses consoeurs et voisines néerlandaise ou allemande, pour ne citer qu’elles.

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  • Mgr Bonny : la version française de l’interview accordée au journal « De Morgen »

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    Encore le sexe, toujours le sexe. Un ami vient de nous faire parvenir l’interview complète de Mgr Bonny parue sur ce thème dans le "Morgen", avec sa traduction française que nous publions intégralement ci-après (JPSC) : 

    « Interview. L’évêque  d’Anvers  Mgr Johan Bonny  pose un regard sur le catholicisme de demain.

    « L’Église n’a rien à gagner avec l’équivoque»

    Cela a commencé avec une lettre. Johan Bonny a interpellé le Vatican afin qu’ils ouvrent leurs portes aux homosexuels et aux couples divorcés. Mais aujourd’hui, l’évêque d’Anvers va un pas plus loin, il plaide pour une bénédiction des relations holobis (homosexuel, lesbiennes, bisexuel). « Il existe une diversité de relations dont l’Église peut reconnaître la qualité.»

    Bonny entra en offensive en 2014. Le Pape « du renouvellement » François lui a donné des ailes. C’est ce qui explique pourquoi Bonny écrivit sa lettre à Rome. L’évêque d’Anvers se heurta au même moment aux démons du passé. En effet, il y a peu de temps encore, grand fut l’indignation lorsqu’un prêtre, reconnu coupable dans le passé d’abus sexuel sur mineur, fut nommé à Middelkerke.  L’Évêque de Bruges, Jozef De Kezel déclara, après coup, avoir commis une erreur de jugement.

    Bonny, qui a servi pendant une longue période à Bruges, est très embarrassé par cette histoire, mais ne veut pas critiquer De Kezel. « Ce n’est pas mon rôle de juger d’une décision d’un collègue. L’Évêque De Kezel a lui-même dit avoir manqué de jugement quant au caractère délicat de cette nomination.  Il a dit avoir formellement pris la bonne décision,  mais l’aspect sociétal y manquait. C’est alors qu’on se retrouve dans l’impasse.»

    Comprenez-vous  l’indignation publique ?

    « Naturellement, je comprends tout à fait. Il existe un traumatisme  autour des abus sexuels dans l’Église, l’indignation provient des couches profondes de ce traumatisme. L’Église doit tenir compte de cela. En même temps, il faut aussi être juste. Notre comportement doit aller à la rencontre des émotions des victimes, mais doit également être en accord avec les règles de justice élémentaire et les droits de la défense. La justice fait elle aussi constamment cet examen de « peser le pour et le contre », cherchant la solution la plus juste.

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  • La quatrième demande du Pater : quel pain demandons-nous?

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    Extrait du magazine trimestriel « Vérité et Espérance/Pâque Nouvelle », n° 93, Noël 2014 publié par l’association « Sursum Corda » (responsable de l’église du Saint-Sacrement à Liège)

    LA QUATRIÈME DEMANDE DU PATER

    Cf. Mt 6, 11 ; Lc 11, 3

    COMPLÉMENTS 

    Les quelques considérations qui suivent prolongent celles qui étaient proposées sous le titre « Pain et Trinité » (V & E- Pâque Nouvelle n° 91), concernant le pain que nous demandons chaque jour dans l’oraison dominicale.

    1

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    « Ne vous souciez pas, pour votre vie,

    de ce que vous mangerez... » Mt 6,25

    Le pain naturel, et plus généralement, représentés aussi par lui, les biens matériels dont nous avons besoin, il semble, à première vue, que sainte Thérèse d’Avila ne veuille pas qu’on les demande : « Notre Maître est et sera toujours riche et puissant. Il ne conviendrait donc pas que nous, ses serviteurs, nous lui demandions de quoi manger ; nous savons bien que notre Maître y veille et y veillera encore. » (Le chemin de la perfection, ch. 36) Mais à lire la suite, on peut comprendre que la recommandation s’adresse plus spécifiquement surtout à ses religieuses, puisqu’elle ajoute : « Ainsi donc, mes sœurs, demande qui voudra de ce pain matériel ! » (Ibidem)

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  • Jésus et les pharisiens : une réflexion pour le dimanche de la Sainte Famille

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    En ce dimanche dédié à la Sainte Famille, Denis Crouan publie  cette réflexion sur son site « Pro Liturgia » :

    jesus_10 (1).jpg« Au cours du Synode sur la famille, on a vu se dégager deux tendances. La première était celle des évêques désireux d’assouplir certaines règles concernant la communion aux divorcés-remariés ; la seconde, celle des évêques désireux d’en rester à la pratique actuelle. On a entendu des tenants de la première tendance traiter les tenant de la seconde de “pharisiens”, au motif qu’ils étaient fermés à l’amour et à la compassion qu’on trouve dans les enseignements de Jésus. Accusation assez facilement reprise par des journalistes peu au fait de la doctrine et de la théologie.

    Accusation assez curieuse, aussi, quand ont sait que dans les Evangiles, ceux qui sont présentés comme étant ouverts au divorce et au remariage sont précisément les... Pharisiens !

    Reprenons quelques passages de l’Ecriture : Mat. 19, 1-9 : « Or, quand Jésus eut achevé ces discours, il quitta la Galilée et vint dans le territoire de la Judée, au delà du Jourdain. Des foules nombreuses le suivirent, et là il guérit leurs malades. Des Pharisiens l’abordèrent pour le mettre à l’épreuve, et dirent : “Est-il permis à l’homme de répudier sa femme pour quelque motif que ce soit ?” Il répondit : “N’avez-vous pas lu que celui qui (les créa), au commencement, les fit mâle et femelle, et qu’il dit : A cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair ? Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni !” Ils lui dirent : “Pourquoi donc Moïse a-t-il prescrit de donner un acte de divorce et de la répudier ?” Il leur dit : “C’est à cause de votre dureté de cœur que Moïse vous a permis de répudier vos femmes : mais, au commencement, il n’en fut pas ainsi. Or je vous dis que celui qui répudie sa femme, si ce n’est pour adultère, et en épouse une autre, commet un adultère.” »

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  • Juger…ne pas juger : le piège de la miséricorde

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    PN 93 255.jpgExtrait de "Vérité et Espérance/Pâque Nouvelle", n° 93, Noël 2014, édité par l'association "Sursum Corda" (responsable de l'église du Saint-Sacrement, au Boulevard d'Avroy à Liège):

    « Dans les esprits les mieux disposés, une grave confusion règne depuis longtemps à propos de la faculté de juger. Combien de fois n’avons-nous pas entendu un plus ou moins sentencieux : “Tu ne peux pas juger !”, trancher d’autorité toute discussion autour d’un constat évident voire d’une simple appréciation. On pourrait rétorquer : “En m’accusant de juger, tu portes à ton tour un jugement sur moi ; pourquoi fais-tu toi-même ce que tu m’interdis ?” On voit ainsi que notre vie quotidienne est faite d’un nombre incalculable de ces actions de l’intelligence qu’on appelle jugements : choisir ses mots avant de parler, critiquer un livre, acheter cet objet ou pas, prendre ce chemin ou un autre... On comprend que l’interdit de juger mentionné plus haut se confond dans le sens commun avec un interdit de condamner, mais cette acception est déjà un abus de sens, car juger c’est d’abord peser, estimer, jauger et pas forcément condamner, sachant que tout jugement peut déboucher aussi sur un acquittement et une libération.

    Cette confusion – qui crée un grave obscurcissement de la pensée - est due pour une grande part aux diverses définitions du mot jugement. En effet, ce même mot recouvre en français (et dans la plupart des langues européennes) plusieurs sens différents et complémentaires qu’il convient de départir pour mieux les comprendre et circonscrire leur champ d’application.

    Le jugement est à la fois une faculté (le pouvoir de l’entendement et du goût), un acte (un processus de décision) et le résultat d’un acte de décision (une proposition, une sentence). Or, ces activités ne sont désignées que par un seul mot : juger. Quand le philosophe Emmanuel Kant (1724-1804) disserte sur la faculté de juger, il n’entend pas donner des leçons aux juges d’instruction, mais décrire comment la réalité se présente à l’intelligence au moyen de l’observation et des mots. René Descartes (1596-1650) distinguait, quant à lui, la puissance de connaître (l’intelligence) et la puissance d’élire (la volonté), c’est-à-dire la capacité à porter librement des jugements sur ce que l’entendement permet de connaître. Ces questions philosophiques sont passionnantes et ont été largement traitées dans de savants ouvrages. Nous nous contenterons de présenter ici quelques exemples concrets qui vont éclairer la toute-puissance despotique du “Tu ne peux pas juger”.

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  • La majorité des évêques allemands favorables à l’accès aux sacrements des divorcés remariés

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    La Conférence des évêques allemands vient de publier, dans un fascicule regroupant des textes du synode sur la famille, le rapport final de leur groupe de travail sur l’accompagnement des divorcés remariés. Adopté « à une large majorité », il prévoit leur accès « sous conditions » aux sacrements de l’Eucharistie et de la réconciliation. D’Anne-Bénédicte Hoffner dans le journal « La Croix » :

    Après l’achèvement de la troisième assemblée générale extraordinaire du Synode des évêques sur « Les défis pastoraux de la famille dans le contexte de l’évangélisation », la Conférence des évêques allemands publie un fascicule intitulé « Textes et documents sur le synode des évêques 2014 », annonce un communiqué publié lundi 22 décembre sur son site Internet.

    Celui-ci regroupe un certain nombre de textes romains sur le synode (dont la traduction en allemand de la « relatio synodale qui est une partie du document préparatoire du Synode des évêques en 2015 »), mais aussi plusieurs contributions des évêques allemands eux-mêmes.

    Parmi ces dernières figure la réponse de la conférence épiscopale allemande au questionnaire adressé par le secrétariat du Synode en octobre 2013 à tous les diocèses, la campagne de communication de l’Église catholique allemandes sur le thème « Faites-vous confiance! Dix bonnes raisons de se marier ». Mais surtout le fascicule – à commander en version papier ou téléchargeable en version électronique – publie le rapport, inédit jusqu’ici, d’un groupe de travail interne à la conférence épiscopale intitulé « Voies théologiquement responsables et pastoralement adaptées pour un accompagnement des divorcés remariés ». Un rapport final qui a été présenté et adopté en conseil permanent le 23 juin 2014 (1).

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  • Quand un pape « doctrinal » nous racontait Noël…

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    retable-0008a-H-arch (1).jpeg« François (1) voulut qu'un bœuf et un âne soient présents dans la grotte de Greccio (*) dans la nuit de Noël. Il avait dit à Jean, le noble: «Je voudrais réveiller en pleine réalité le souvenir de l'enfant tel qu'il est né à Bethléem, et toutes les difficultés qu'il eut à endurer dans son enfance. Je souhaite voir de mes yeux corporels ce que c'est de coucher dans une mangeoire et de dormir sur le foin, entre un bœuf et un âne».  Depuis lors, le boeuf et l'âne ont eu leur place dans toutes les crèches - mais d'où proviennent-ils réellement? Il est bien connu que les récits de Noël du Nouveau Testament ne les mentionnent pas. Lorsque nous étudions cette question, nous découvrons un facteur important dans toutes les coutumes de Noël et, en fait, dans toute la piété de Noël et de Pâques de l'Eglise, à la fois dans la liturgie et dans les coutumes populaires.  

    Le boeuf et l'âne ne sont pas simplement des produits de l'imagination pieuse: la foi de l'Église dans l'unité de l'Ancien et du Nouveau Testament, leur a donné leur rôle comme un accompagnement de l'événement de Noël. Nous lisons dans Isaïe: «Le bœuf connaît son propriétaire, et l'âne la maison de son maître, mais Israël ne la connaît pas, mon peuple ne comprend pas» (1:3). 

    Les Pères de l'Eglise ont vu dans ces paroles une prophétie qui anticipait le nouveau peuple de Dieu, l'Église composée de Juifs et de païens. Devant Dieu, tous les hommes, Juifs et Gentils, étaient, comme le bœuf et l'âne, sans raison ni connaissance. Mais l'enfant dans la crèche a ouvert leurs yeux afin qu'ils reconnaissent maintenant la voix de leur Maître, la voix de leur Seigneur. 

    Il est frappant de constater dans les images médiévales de Noël combien les artistes donnent aux deux animaux des visages presque humains et comment ils se tiennent devant le mystère de l'enfant et se prosternent dans la conscience et la révérence. Mais après tout, ce n'était que logique, puisque les deux animaux ont été considérés comme le symbole prophétique du mystère de l'Église - de notre propre mystère, puisque nous ne sommes que des bœufs et des ânes vis-à-vis du Dieu éternel, des bœufs et des ânes dont les yeux sont ouverts le soir de Noël, afin qu'ils puissent reconnaître leur Seigneur dans la crèche.

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  • Des catholiques secoués par le pape

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     Rusé et impulsif, compassionnel et brutal, doctrinaire et pastoral ? la personnalité contradictoire de François n’est pas un modèle de lisibilité.  Pourtant, tous les sondages montrent sa popularité planétaire, ou plutôt celle de  l’image médiatique sur laquelle il peut prendre appui . Mais au sein de l'Eglise, ses méthodes de travail et certaines de ses idées suscitent de la résistance. Enquête sur la façon dont ce pape d'un style nouveau est reçu, en sens divers, chez les intellectuels catholiques français. Un article de Jean Sévillia dans Le Figaro Magazine du 20/12/2014. (JPSC) :

    "Rusé. L'an dernier, dans une interview recueillie par les revues jésuites, c'est le pape lui-même qui se définissait ainsi : « Je peux peut-être dire que je suis un peu rusé (un po'furbo), que je sais manoeuvrer (muoversi), mais il est vrai que je suis aussi un peu ingénu. » Historien de l'Eglise, coordinateur d'un Dictionnaire du Vatican (1), Christophe Dickès confirme : « Face à un obstacle, Jean-Paul II fonçait en le contournant, et Benoît XVI trouvait une issue par le haut. François, lui, manoeuvre, calcule, en sachant où il veut aller. Il est rusé. Ingénu, j'en suis moins sûr... La façon dont il a mené le synode sur la famille, sans se prononcer lors des débats mais en contrôlant l'assemblée à travers une équipe choisie par lui, est digne des manoeuvres d'un pape de la Renaissance. »

    Après vingt et un mois de pontificat, Jorge Mario Bergoglio garde sa part de mystère. Bien vu hors de l'Eglise, populaire auprès des foules qui se pressent devant Saint-Pierre de Rome, comment est-il reçu, en France, par les intellectuels catholiques qui se sont sentis particulièrement en phase avec ses prédécesseurs ? Chez ceux que nous avons interrogés, certaines caractéristiques du pape François font l'unanimité. « C'est un homme de combat intérieur, de prière, de tradition ignatienne du discernement », souligne l'essayiste François Huguenin. « On sent chez lui une exigence spirituelle absolue, ajoute Gérard Leclerc, éditorialiste à Radio Notre Dame et à France catholique.Et on ne peut sûrement pas lui reprocher d'être laxiste, car ses appels à la pénitence et à la purification s'inscrivent dans la morale multiséculaire de l'Eglise. »

    Dès qu'on aborde les changements apportés par le pape, cependant, les avis divergent. « Il a osé mettre en cause bien des situations acquises et des préjugés, aussi bien en ce qui concerne la curie que la vie au Vatican », se réjouit  la philosophe Chantal Delsol. « C'est un chef, renchérit François Huguenin. Il a beaucoup d'autorité, d'où un décalage entre son discours d'évêque de Rome, adepte de la collégialité dans l'Eglise, et les faits : François gouverne seul, dans la plus pure tradition de la monarchie pontificale. » Collégialité, le terme dérange toutefois Gérard Leclerc, non dans son principe, mais au souvenir d'un passé pas si lointain : « Au nom de ce concept, on a vu se mettre en place, après Vatican II, des logiques d'appareil qui ont suscité, en France, un épiscopat monocolore. Il a fallu toute l'énergie de Jean-Paul II pour imposer Jean-Marie Lustiger au poste de cardinal-archevêque de Paris, nomination qui a été un tournant. Attention aux mots que l'on emploie. »

         Familier des deux papes précédents, Gérard Leclerc avoue être parfois « dérouté »par le style du pape François : « Il apparaît souvent comme un homme d'humeur, de réaction immédiate, de parole directe. Il n'y a certes pas de rupture doctrinale avec Benoît XVI, mais l'expression d'une pensée théologique construite et articulée à une authentique stratégie pastorale est encore à venir. La notion de périphérie, par exemple, demanderait à être précisée. » 

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  • Le pendule de Bergoglio, entre capitalisme et révolution

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    Parmi les mystères relatifs au pape François, il y a celui de l’idée qu’il se fait de l’économie mondiale. En ces matières, comme dans d’autres, la pensée du pontife est fluide, difficile à saisir. Lu à ce propos sur le site « chiesa » de Sandro Magister  (extraits) : 

    « Après avoir lu l'exhortation apostolique "Evangelii gaudium", le document qui constitue le programme de son pontificat, certains l’ont classé parmi les marxistes impénitents. D’autres ont tiré de ce même document une conclusion opposée et ils dépeignent Jorge Mario Bergoglio comme un grand ami de l’économie de marché. 

    Vis-à-vis de la première de ces deux définitions, celle qui fait de lui un communiste, le pape a pris ses distances à de nombreuses reprises, au point d’en faire un sujet de plaisanterie. Vis-à-vis de la seconde, qui le présente comme un ami du capitalisme, il ne l’a pas fait. Mais il n’est pas du tout certain qu’elle corresponde à sa pensée.[…]

    Le 4 décembre dernier, l'Acton Institute a décerné la plus haute de ses récompenses annuelles, le Novak Award 2014, à un jeune et brillant économiste finlandais, Oskari Juurikkala, qui a consacré son discours de réception précisément au thème : "Une reconnaissance de l’économie de marché par le pape François".

    Le prix lui a été remis à Rome, à quelques pas du Vatican, dans les locaux de l’Université Pontificale de la Sainte-Croix, qui est gérée par l'Opus Dei […]

    Lors de cette cérémonie, le discours de Juurikkala a été contrebalancé par Carlo Lottieri, philosophe du droit et membre de l'Institut Bruno Leoni, un "think tank" qui est lui aussi très nettement de tendances libérales.

    Lottieri, qui enseigne à l'université de Sienne et, en Suisse, à la faculté de théologie de Lugano, continue à voir en François non pas un ami mais un adversaire des libertés économiques, en raison notamment de l'expérience "péroniste" qu’il a assimilée en Argentine, une expérience "jamais vraiment terminée et dans l’ensemble désastreuse".

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  • Place Saint-Pierre à Rome : un tango « géant » pour les 78 ans du pape François ?

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    Géant ? Plutôt une anecdote dont les médias comme "Paris-Match" ont de suite fait un événement : venus de toute l'Italie, et même pour certains de plus loin, ils se sont, parait-il, levés aux aurores pour être aux premières loges lors de l'audience générale de 10H00, ce mercredi 17 décembre. À l'arrivée du pape François sur la place, ils ont agité un foulard blanc tandis que d'autres parmi les 13.000 fidèles présents - un petit score pour les audiences papales - lui ont offert un gâteau ou lui ont tendu du maté, la boisson traditionnelle argentine. 

    image (8).jpg« Vers midi, lorsque sonne d'ordinaire l'heure de la dispersion après le départ du Pape, de nombreux couples, avec ou sans foulard blanc, ont commencé à danser sur la place à l'extérieur de la colonnade. Sur des airs de vieux tangos populaires diffusés par la sono des organisateurs, les couples surtout âgés évoluaient sur la place dans une ambiance joyeuse. «Bon anniversaire, pape François! Elargissez le cercle», s'est exclamée Cristina Carmorani, professeur de danse de Conventello, près de Ravenne (nord-est), qui a lancé l'initiative «Un tango pour François» sur Facebook. Elle avait assuré avoir reçu plus de 3200 inscriptions pour offrir symboliquement au Pape cette danse sensuelle née dans les bas-fonds de Buenos Aires. » (1) A chacun sa culture : les uns préfèrent Mozart, les autres le Tango de la Pampa. De gustibus

    (1)  Un tango géant à Rome pour l'anniversaire du Pape

    JPSC

  • Rome : rappel à l’ordre modéré pour les religieuses américaines de la LCWR

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    Contrairement aux jeunes Franciscains traditionalistes de l’Immaculée, les religieuses américaines progressistes et vieillissantes  de la Leadership Conference of Women Religious (LCWR), se sentent aujourd’hui mieux écoutées à Rome. A lire sur le site de « La Croix ». Extraits :

    « Une première page se tourne pour les religieuses américaines dans leurs relations tendues avec Rome. Le cardinal João Braz de Aviz, préfet de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée, a présenté mardi 16 décembre le rapport final de la visite apostolique auprès des religieuses des États-Unis. Le document de dix pages, rendu public en anglais dans une salle de presse comble, est l’aboutissement d’une enquête inédite lancée il y a tout juste six ans à travers le pays entier à la suite des préoccupations du prédécesseur du cardinal Braz de Aviz, le cardinal Franc Rodé, à l’égard de libertés prises par les religieuses outre-Atlantique avec l’enseignement de l’Église catholique, selon Rome. « Une certaine mentalité séculière s’est répandue parmi les familles religieuses, peut-être même un certain esprit féministe », critiquait le cardinal slovène en 2009 […]

    La délicate mission de passer en revue les 341 ordres catholiques du pays a été confiée par le cardinal Rodé à une compatriote des religieuses inspectées, Mère Mary Clare Millea, supérieure générale des Apôtres du Sacré-Cœur de Jésus, présente hier à Rome. Son équipe, constituée d’autres religieuses américaines, a travaillé de 2009 à 2012, effectuant des visites de terrain auprès de 90 ordres religieux après une première phase de collecte d’informations (vocations, formations, situation financière, relations avec l’épiscopat, statuts, pratiques liturgiques et communautaire, rapport à l’autorité au sein des congrégations).

     […] De cette radioscopie complète de l’état de la vie religieuse féminine aux États-Unis ressort d’abord son vieillissement prononcé. Le pays compte 50 000 religieuses aujourd’hui, dépassant pour la plupart les 75 ans, contre 125 000 religieuses au milieu des 1960. Toutefois, ce chiffre passé est présenté dans le rapport comme un pic historique inhabituel et non une tendance ordinaire. Une mise au point appréciée par la présidente de la LCWR.

    Face toutefois au déclin très net des vocations, le rapport distingue les efforts abandonnés par certains ordres devant l’écart générationnel devenu trop large pour la cohabitation entre jeunes novices et sœurs âgées et d’autres couronnés de succès. « Nous recevons plein de demandes », se félicitait mardi pour sa part une jeune sœur, en habit, venue de New York et assistant sœur Mary Donovan, présidente des 125 ordres de religieuses plus traditionnels, non affiliés à la LCWR. Représentant 20 % des religieuses américaines, ces ordres ont cependant « le vent en poupe », comme le souligne Radio Vatican. « L’âge moyen de (nos) sœurs est de 53 ans », a rappelé, hier, sœur Donovan : « Bien en dessous de la tendance générale ».

     […] Face à ce phénomène, de nombreuses religieuses ont cherché à transmettre le charisme initial de leur fondateur à des laïcs. Le rapport indique que le Vatican « apprécie ces moyens créatifs de partager les dons de charisme », demandant toutefois aux ordres de bien respecter la « différence essentielle » entre leurs religieuses et les laïcs associés.

    Le Vatican lance d’autres rappels à l’ordre, brefs mais incisifs, aux religieuses américaines. Elles doivent en particulier s’assurer que leurs « pratiques spirituelles et ministère » sont en « harmonie avec l’enseignement catholique sur Dieu, la Création, l’incarnation et la rédemption ». Le Vatican leur demande aussi « d’évaluer leur pratique actuelle de la liturgie et de la prière ».

    Sur la forme toutefois, le Vatican a veillé mardi à présenter ses recommandations sous un jour aimable, tout en respect et écoute mutuels. La publication survient, de fait, en plein démarrage de l’année de la vie religieuse destinée à en soutenir le renouveau. La présidente de la LCWR a déclaré apprécier au final un rapport au « ton réaliste et encourageant », qui n’est « pas un document de remontrance ou de solutions simplistes ». Selon elle, les religieuses membres de la LCWR, lisant le rapport, se sentiront « renforcées ».

    Ref. Le Vatican lance un rappel à l’ordre mesuré aux religieuses américaines

    JPSC

  • Une Eglise qui ne juge plus

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    Dans la Nuova Bussola Quotidiana, l’archevêque de Ferrare (Italie), Mgr Negri appelle l’Eglise à se ressaisir. La traduction de son message se trouve sur le site de notre consoeur de « Benoît et moi". Extraits : 

    « […] Le scandale de la situation actuelle de l'Eglise - et j'utilise délibérément le mot «scandale» - c'est que l'Église a été jetée en pâture à la presse. L'Eglise est un instrument manipulable et manipulé par la presse, une presse qui en Italie (et ailleurs! ) est à 90% d'empreinte laïciste et anti-catholique. Nous en sommes donc au paradoxe que la mentalité laïciste est maîtresse dans notre propre maison, prétendant décider qui sont les vrais orthodoxes et qui sont les hétérodoxes, quelle est la position correcte et quelle est la position du Saint-Père, pour qu'ensuite chacun prétende, ou se vante d'un crédit auprès du Saint-Père. Et donc, nous assistons impuissants à une manipulation qui est avilissante, c'est-à-dire qu'elle avilit la foi de notre peuple. Parce que nos gens ont une expérience de foi réelle et personnelle qui n'a rien à voir avec le plan d'Eugenio Scalfari et d'autres.

    Ceux-ci peuvent être des outils qui indiquent une position, mais le dialogue - comme l'a dit à plusieurs reprises Benoît XVI au Synode sur l'évangélisation - est l'expression d'une identité forte. Forte non pas de moyens, mais forte de raisons. S'il y a une identité forte, il est inévitable que cette identité, en prenant position, rencontre des hommes, des situations, des conditions, des problèmes, des difficultés; donc entre en dialogue avec ceux qui ont une autre position. Mais s'il n'y a pas d'identité, le dialogue est une illusion. Le dialogue est la conséquence d'une identité, il ne peut pas être l'objectif. L'objectif est l'évangélisation.

    C'est un moment bien défini par cette déclaration de Paul VI à Jean Guitton , quelques mois avant sa mort: «À l'intérieur du catholicisme semble prédominer parfois une pensée de type non-catholique, et il peut arriver que cette pensée non-catholique au sein du catholicisme devienne demain la plus forte. Mais elle ne représentera jamais la pensée de l'Église. Il faut que subsiste un petit troupeau, aussi petit qu'il soit». C'est une déclaration qui requiert d'assumer un critère de jugement auquel fait suite un comportement.

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