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Défense de la Vie - Page 11

  • 4 mars 2024 : le lundi noir de l'homicide sacralisé

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    Un ami nous a fait parvenir cette analyse de Patrick de Pontonx :

    LE LUNDI NOIR DE L’HOMICIDE SACRALISÉ

    1.- Dans un profond petit livre intitulé « La dernière avant-garde » (Cerf, 2023), Romaric Sangars évoque la foi que tant de nos contemporains, spécialement des élites, accordent au Progrès. Ce n’est pas une première. Cette foi, depuis le XIXe siècle, donne à croire aux foules qu’une chose est bonne à proportion qu’elle est nouvelle et que le déterminisme des « avancées » sociales, morales et techniques, les rapproche toujours infailliblement de leur Bonheur. Le développement inouï des sciences informatiques étend considérablement les ailes de cette illusion millénariste.

    Cette idéologie a beau être ringarde en son scientisme, elle avance toujours dans l’histoire, selon la dynamique exponentielle qui lui est propre. Elle aveugle toujours plus les hommes à mesure qu’elle déshumanise leurs esprits et leurs regards, en les éloignant davantage de la lumière divine qui féconde l’ordre de la nature créée. Chemin faisant, même les sanglantes expériences rencontrées, générations après générations, ne leur servent de rien.

    « Dachau et Hiroshima n’ont pas suffi à nuancer » la foi des progressistes, dit l’auteur, « ni le délabrement de l’environnement tant naturel que culturel, pourtant flagrant. Ils croient, comme deux et deux font quatre, que les choses ne peuvent aller qu’en s’améliorant, et qu’il n’y a par conséquent qu’à s’abandonner au train du temps pour parvenir à destination ».

    Les expériences individuelles de la grisaille qui s’étend sur le monde, de la pulvérisation des relations et des sociétés humaines, et des désespoirs qu’elle entraîne, ne suffisent pas davantage à dessiller les yeux. Même au fond du malheur, la religion du Progrès demeure chevillée au corps d’une humanité qui ne se voit pas pourrir sur pied à mesure qu’elle « progresse ». L’attrait fasciné de « l’Avenir radieux » a pénétré les tréfonds de sa conscience, dont le seul mal perçu est celui d’une « réaction » qui contrarierait sa marche au chaos. Si le démuni lui-même rêve de jours meilleurs, c’est par le phantasme d’un gain de hasard et d’une participation plus grande aux fruits de la Consommation engendrés par le Progrès.

    La corrélation de la marche hallucinée de ce Progrès et de la barbarisation de l’homme qu’elle implique est si manifeste que Romaric Sangars va jusqu’à dire de ses acteurs : « Ils s’adonneront de nouveau à l’anthropophagie convaincus d’être à la proue de l’Histoire ».

    Il s’agit là assurément d’une caricature, mais en aucun cas d’une boutade. Le phénomène est si étendu et si profond dans la structuration des esprits de ce temps, en tout cas dans le monde qualifié « d’occidental », que le pape Jean Paul II, on le sait, a pu parler de « culture de mort », c’est-à-dire de terreau d’un anti-humanisme létal.

    2.- Les politiciens français contemporains ne vont pas, assurément, jusqu’à proposer à leurs concitoyens de faire de l’anthropophagie une avancée nouvelle de l’esprit de Progrès.

    Ils ne sont cependant pas en reste.

    L’introduction de l’avortement dans la Constitution française, en ce Lundi Noir 4 mars 2024, établit désormais comme principe structurant et comme norme légale supérieure de cette société l’homicide volontaire d’enfants à naître. Les bruyantes protestations contraires des progressistes ne changent rien à la nature brutale et inhumaine de cet acte, pas plus que son travestissement juridique.

    A ceux qui nous objecteraient que l’avortement n’est pas un crime puisque la loi dit que c’est un droit, il appartiendrait de nous expliquer pourquoi, pour ne citer que cet exemple, la destruction de millions d’ukrainiens en 1932-1933 serait un crime puisqu’elle a été inaugurée par la loi du 7 août 1932 sur le « vol ou la dilapidation de la propriété socialiste ». En réalité, ce n’est pas le droit positif qui détermine la nature des choses ; c’est cette dernière qui fonde la légitimité du droit. Cet ordre entre l’un et l’autre est si manifeste que la Cour européenne des droits de l'homme elle-même voit en la dignité de la personne, qui est une propriété essentielle de la nature humaine, le fondement de tous les droits, fussent-ils fondamentaux eux-mêmes.

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  • France : signer l'Appel à une politique de prévention de l'avortement

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    De l'ECLJ :

    Appel à une politique de prévention de l’avortement

    27,104 SIGNATURES

    TEXTE DE L'APPEL

    Le recours massif à l’avortement est un problème social et de santé publique auquel la société doit répondre par une politique de prévention.

    L’avortement est un problème de santé publique

    Chaque année, en France, près de 215 000 femmes mettent un terme à leur grossesse ; plus de 8 millions d’avortements ont été pratiqués depuis 1975 ce qui représente un quart des naissances. Le taux d’avortement en France demeure l’un des plus élevés d’Europe et augmente en particulier chez les jeunes : près de 10 % des lycéennes franciliennes ont avorté et 31 % ont déjà pris la « pilule du lendemain » au moins une fois.

    L’avortement a des conséquences indéniables, culturelles, démographiques, économiques et sociales considérables. 42 % des femmes ayant avorté avant l’âge de 25 ans vivent une dépression. La moitié des femmes mineures ayant avorté souffrent d’idées suicidaires. Les femmes qui avortent ont trois fois plus de risques de subir des violences physiques, mentales ou sexuelles que les femmes qui ont mené à terme leur grossesse.

    Selon un sondage IFOP de 2016, 89 % des Françaises reconnaissent que « l’avortement laisse des traces psychologiques difficiles à vivre pour les femmes » et 72 % d’entre elles estiment que « la société devrait davantage aider les femmes à éviter le recours à l’IVG ».

    Il est possible de réduire le recours à l’avortement 

    L’avortement n’est pas une fatalité ; de nombreux pays sont parvenus à en réduire le recours par des politiques de prévention.

    En Italie, par exemple, le nombre d’avortements a chuté de 56 % entre 1982 et 2013, atteignant 102 000, soit moitié moins qu’en France pour une population à peine moindre. Les taux d’avortement et de contraception y sont parmi les plus faibles d’Europe. En Allemagne, le nombre d’IVG est passé de 135 000 à 99 000 entre 2001 et 2015, et de 13 000 à moins de 5 300 en Lettonie entre 2004 et 2013, etc.

    Aux États-Unis, le taux de grossesse adolescente a été réduit de moitié entre 1990 et 2010 grâce à une campagne visant à la responsabilisation et à la valorisation de la sexualité et de la vie humaines. Le nombre d’élèves de terminale se déclarant abstinents a doublé, passant de 33 % à 66 %, provoquant une réduction des deux tiers des avortements chez les jeunes, un recul des maladies sexuellement transmissibles et une amélioration de leur équilibre affectif et psychologique.

    De nombreuses mesures concrètes de prévention méritent d’être mises en œuvre, visant en particulier à mieux éduquer les jeunes, à aider les femmes et à responsabiliser les pères.

    Réduire le recours à l’avortement doit être une priorité 

    Réduire le recours à l’avortement n’est pas seulement un devoir pour le bien des femmes, des enfants et de toute la société, c’est également une obligation contractée par la France en droit international. La France s’est en effet engagée à soutenir la famille, la maternité et les enfants « avant comme après la naissance » (Convention relative aux droits de l'enfant), à « réduire le recours à l’avortement » et à « prendre des mesures appropriées pour aider les femmes à éviter l’avortement » (Conférence du Caire, 1994). Le Conseil de l’Europe a également invité les Etats européens « à promouvoir une attitude plus favorable à la famille dans les campagnes d’information publiques et à fournir des conseils et un soutien concret pour aider les femmes qui demandent un avortement en raison de pressions familiales ou financières » (APCE, 2008).

    L’appel

    Le recours massif à l’avortement est un problème social et de santé publique qui touche toute la société et engage notre avenir.

    Nous appelons les responsables politiques à prendre l’engagement de mettre en œuvre une véritable politique de prévention de l’avortement, en particulier auprès des jeunes.

    Pour ALLER PLUS LOIN

    Téléchargez le Rapport de l’ECLJ pour une politique de prévention de l’avortement (50 p., novembre 2016).

    Commandez le livre Droit et prévention de l'avortement en Europe, LEH Editions, 270 p., novembre 2016.

     droit prévention avortement LEH

    Articles thématiques :

    Sur Causeur : Veut-on entraver tout débat sur l’IVG ?

    Sur GènéthiqueL’avortement ne pourra jamais être un « droit fondamental », ni une « liberté »

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    Sur AleteiaPourquoi l'avortement est-il devenu un « dogme » ?

  • France : le sens des scènes de liesse après l’inscription de la liberté d'avorter dans la Constitution

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    De Jeanne Smits sur Réinformation TV :

    Le sens des scènes de liesse après l’entrée de la liberté de l’« IVG » dans la Constitution

    liesse liberté IVG constitution

    Une « standing ovation » a accueilli dans l’hémicycle géant du château de Versailles les résultats du vote des sénateurs et des députés en faveur de l’inscription de l’avortement dans la Constitution de la Ve République. Sur la place du Trocadéro, ce ne furent que hurlements de joie, cris, larmes, danses au rythme d’ABBA, pendant que les féministes pleuraient d’émotion et saluaient l’aboutissement de cinquante ans de « combat » depuis l’adoption de la loi Veil en décembre 1974. D’abord, le premier ministre Gabriel Attal l’a fait applaudir debout pendant près d’une minute par l’ensemble des parlementaires. A l’heure des résultats de vote : 780 votes « pour », seulement 72 contre et 50 abstentions, les illuminations de la Tour Eiffel ont commencé à scintiller et un panneau lumineux s’est affiché pour laisser défiler des messages en plusieurs langues : #MonCorpsMonChoix, #IVGConstitution. L’heure était à la liesse collective autour de cette « sacralisation » du permis de tuer, et le mot « historique » était sur toutes les lèvres en cette soirée en vérité hystérique. Comme un sabbat de sorcières ou une danse païenne rituelle célébrant le sacrifice humain…

    Ces démonstrations d’euphorie n’ont pas de sens eu égard à l’objet de ce qui a été si largement approuvé : la « liberté garantie » de pouvoir subir une intervention médicale mettant fin à la vie portée par une femme – à la vie d’un des êtres qu’elle aurait le plus chéris au monde s’il avait pu voir le jour. On n’acclame pas en vociférant le droit, fût-il constitutionnel, de subir une extraction de molaire ou une ablation d’amygdale. Tout cela ne se comprend que si l’embryon est un être à part, un gêneur qu’on écarte parce qu’il vous met devant une responsabilité et un devoir rejetés, une manifestation de la bonté de l’existence et de la générosité de Dieu qui donne la vie, et la donne en abondance.

    Journée hystérique, pas historique : la liesse des sectateurs de l’IVG

    Ces cris de satisfaction étaient ceux d’une caste qui a pris le pouvoir dans les domaines politique et médiatique et entraîné avec elle une grande partie du peuple : cris de haine et d’orgueil rejetant avec superbe la loi de Dieu et le respect de la vie qu’Il donne, ricanement démoniaque dans le sillage de celui qui nous promet d’être « comme des dieux », et qui n’est que meurtre et mensonge. L’assassinat des tout-petits est à sa gloire, son mensonge est de dire que ces innocents ne sont rien, alors que créés à l’image et à la ressemblance de Dieu, ils sont appelés à la Rédemption et à la vie sans fin auprès de la Trinité bienheureuse.

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  • France : la hiérarchie catholique unanime contre l'inscription de l'avortement dans la Constitution

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    De Philippe Oswald sur la Sélection du Jour :

    La hiérarchie catholique unanime contre l'inscription de l'avortement dans la Constitution

    « La France sera le premier pays au monde à protéger dans sa Constitution la liberté des femmes à disposer de leur corps » s'est écrié le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, en se félicitant d'avance du « vote historique » des sénateurs, le 29 février. Quatre heures de débats auront suffi pour dégager une majorité de 267 voix contre 50 (cf. Gènéthique magazine, 29 février). Le vote du Sénat a ouvert la voie à l'inscription de l'avortement dans la Constitution par l'ensemble des parlementaires réunis ce lundi en congrès à Versailles. Sur X (ex-Twitter), Emmanuel Macron s'est immédiatement réjoui du vote des sénateurs : « Je me suis engagé à rendre irréversible la liberté des femmes de recourir à l'IVG en l'inscrivant dans la Constitution. Après l'Assemblée nationale, le Sénat fait un pas décisif dont je me félicite. » A l'issue du Congrès, totalement prévisible, « le président devrait promulguer la révision constitutionnelle le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes », annonce La Croix (29 février).

    Si des personnalités et des associations se sont publiquement opposées à l'inscription de l'avortement dans la Constitution de la France, l'Église catholique est la seule institution mondiale à l'avoir totalement désavouée. Alors qu'on évoque actuellement des désaccords au sein de sa hiérarchie sur des sujets tels que l'accueil des migrants ou la bénédiction de couples homosexuels, elle apparaît soudée face à l'avortement, en dépit de l'opinion publique (huit Français sondés sur dix se disent favorables à l'inscription de l'IVG dans la Constitution). Le 7 février, après le vote de l'Assemblée nationale française (30 janvier), le directeur de Radio Vatican et du site Vatican News, Massimiliano Menichetti, s'étonnait d'un tel projet : « Comment est-il possible de juxtaposer dans la charte fondamentale d'un État le droit qui protège la personne et celui qui sanctionne sa mort ? » Il se faisait ainsi l'écho fidèle du pape François qui, lors de sa visite à Marseille, en septembre dernier, s'était publiquement ému du sort des « enfants à naître, rejetés au nom d'un faux droit au progrès, qui est au contraire une régression de l'individu ». Deux ans plus tôt, le 15 septembre 2021, le Pape avait fait une réponse des plus « carrées » au journaliste d'American Magazine, Gerard O'Connell : « Qui pratique l'avortement tue, sans demi-mesure. » Expliquant pourquoi « l''Église est si dure sur cette question », il avait ajouté : « ... si elle acceptait cela, c'est comme si elle acceptait le meurtre au quotidien. » (Zenit, 16 septembre 2021). Dans son exhortation apostolique Evangelii Gaudium (2013, n°213), le pape François plaide pour « les enfants à naître, qui sont les plus sans défense et innocents de tous , en pleine cohérence avec ses prédécesseurs, notamment Jean-Paul II qui avait solennellement dénoncé « la suppression délibérée d'un être humain innocent » dans l'encyclique Evangelium Vitae (1995, n°58).

    Le mois suivant le voyage du Pape à Marseille, la Conférence des évêques de France avait rappelé son « inquiétude à l'idée que la liberté d'avorter puisse être inscrite dans la Constitution » (CEF, 29 octobre 2023). Après le vote du Sénat, elle a fait part de sa « tristesse », redisant « que l'avortement, qui demeure une atteinte à la vie en son commencement, ne peut être vu sous le seul angle du droit des femmes. » La CEF achève son communiqué en assurant qu'elle « sera attentive au respect de la liberté de choix des parents décidant, même en des situations difficiles, de garder leur enfant, et de la liberté de conscience des médecins et de tous les personnels soignants, dont elle salue le courage et l'engagement » (CEF, 29 février).

    Plusieurs évêques ont argumenté dans le même sens sur le site de leur diocèse. « Une société qui constitutionnalise la culture de mort, qu'elle en ait conscience ou non, se fragilise elle-même en profondeur » a averti Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre, dénonçant « une dangereuse inversion des valeurs » dans une déclaration (29 février). Mgr Luc Crepy, évêque de Versailles, lieu du Congrès, a publié ce message (27 février) : « Avec tous les évêques de France, je redis ma tristesse et ma profonde opposition devant cette évolution. C'est bien au contraire le respect de toute vie, de sa conception à sa mort naturelle, qui devrait être reconnu comme faisant partie du socle commun sur lequel se fonde notre société »« Les parlementaires, réunis en Congrès le 4 mars, s'honoreront-ils d'un sursaut de conscience ou bien deviendront-ils responsables devant l'histoire de la plus grande transgression qui soit, celle de l'interdit de tuer ? » interpelle Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne (1er Mars). La veille du vote des sénateurs, Mgr Olivier de Germay, archevêque de Lyon, primat des Gaules, avait pointé cette « contradiction » : « Si la loi était adoptée, la France mettrait au même niveau l'égale dignité de toute vie humaine  principe à valeur constitutionnelle  et la liberté d'accès à l'avortement. Comment expliquer une telle contradiction ? » (Église catholique à Lyon, 27 février, en lien ci-dessous).

    Pour aller plus loin :

    L’IVG dans la Constitution ?

    >>> Lire le communiqué sur le site : Eglise catholique à Lyon

    Lire aussi : France: le Vatican dénonce le "droit" à supprimer une vie humaine

  • Communiqué de Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron à propos de l’inscription de l’IVG dans la Constitution française

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    Communiqué de Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron à propos de l’inscription de l’IVG dans la Constitution française

    C’est avec consternation que nous apprenons les résultats du vote du Sénat, à la suite de l’Assemblée nationale, ouvrant la voie à l’inscription dans la Constitution française de « la liberté garantie à la femme d’avoir recours à l’IVG ». 50 sénateurs seulement se sont courageusement élevés contre l’idéologie dominante. C’est une nouvelle avancée de la « culture de mort » (Jean Paul II) ou de la « culture du déchet », tant décriée par le Pape François.

    La France, qui détient déjà le triste record du nombre annuel d’avortements (233 000 en 2022), sera l’un des premiers pays à inscrire l’IVG dans la Constitution comme un droit fondamental, performance qui devrait assurément nous faire honte. La classe politique est-elle si dénuée de conscience éthique pour en arriver à un si déplorable résultat ? Les députés et les sénateurs se laisseront-ils interpeller par ces paroles fortes de saint Jean Paul II : « Lorsqu’une majorité parlementaire ou sociale décrète la légitimité de la suppression de la vie humaine non encore née, même à certaines conditions, ne prend-elle pas une décision ‘tyrannique’ envers l’être humain le plus faible et sans défense ? La conscience universelle réagit à juste titre devant des crimes contre l’humanité dont notre siècle a fait la triste expérience. Ces crimes cesseraient-ils d’être des crimes si, au lieu d’être commis par des tyrans sans scrupules, ils étaient légitimés par l’assentiment populaire ? » (Évangile de la vie n. 70). Car, ce qui est présenté comme une victoire du droit des femmes est en réalité une nouvelle atteinte contre la vie humaine en son commencement, autrement dit : un « crime abominable » (Concile Vatican II), le « meurtre délibéré d’une personne humaine innocente », comme l’a rappelé avec force le Pape saint Jean Paul II dans son encyclique l’Évangile de la Vie.

    N’y a-t-il pas d’ailleurs une offense faite à la science, une sorte de régression scientifique, quand on invoque « le droit de la femme à disposer de son corps », comme si la génétique moderne n’avait pas montré depuis longtemps que l’embryon est dès la première cellule fécondée un organisme vivant, distinct de celui de sa mère et dont la molécule d’ADN contient toute l’information génétique qui fera de cet embryon telle ou telle personne humaine, avec toutes ses caractéristiques propres ?

    À travers ce projet de loi constitutionnelle, on prétend ni plus ni moins valoriser la femme contre l’enfant à naître qui demeure le grand oublié des débats. Ce faisant, on est loin de résoudre le problème des femmes, souvent contraintes à avorter en raison de difficultés sociales et économiques, environ 70% des femmes ayant recours à l’IVG. Les nombreuses confidences reçues au confessionnal de la part de femmes ayant eu recours à l’avortement – et beaucoup de psychologues pourraient en dire autant – nous confirment dans l’idée que l’avortement est toujours un drame et une source de profonds traumatismes pour la femme.

    Les parlementaires, réunis en Congrès le 4 mars, s’honoreront-ils d’un sursaut de conscience ou bien deviendront-ils responsables devant l’histoire de la plus grande transgression qui soit, celle de l’interdit de tuer ? En tout cas : « Dieu se fera le juge exigeant de toute violation du commandement ‘tu ne tueras pas’, placé à la base de toute la convivialité de la société. Il est le ‘goël’, c’est-à-dire le défenseur de l’innocent » (Évangile de la Vie n. 53).

    J’invite donc les fidèles du diocèse qui le pourront à prier et à jeûner à cette intention, le lundi 4 mars, alors que le Congrès sera appelé à ratifier ce projet de loi constitutionnelle.

    Bayonne, le 1er mars 2024.

     

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  • CLARA Life exprime sa solidarité avec les femmes, les professionnels de santé, et les défenseurs de la vie en France

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    CLARA Life exprime sa solidarité avec les femmes, les professionnels de santé, et les défenseurs de la vie en France

    Bruxelles, 29 février 2024 - Face à l'adoption par le Sénat français de la réforme inscrivant l'IVG dans la Constitution française, CLARA Life exprime sa profonde préoccupation. Cette décision, bien qu'elle soit un choix législatif mais immorale d'un pays voisin, renforce notre détermination à soutenir les femmes en difficulté et à protéger la vie dès sa conception.

    Nous réitérons notre engagement à proposer des alternatives à l'IVG en Belgique, en offrant aux femmes enceintes des services d'écoute, d'accompagnement et d'orientation. Nous défendons aussi ardemment les droits des médecins à exercer leur clause de conscience, un principe fondamental de leur éthique professionnelle, malheureusement rejeté par le Sénat français.

    En cette période cruciale, CLARA Life renouvelle sa solidarité avec les femmes, les professionnels de santé, et tous les défenseurs de la vie en France. Nous poursuivons notre mission de promouvoir une culture de la vie, en valorisant chaque existence humaine et en apportant un soutien concret aux femmes et aux familles.

    Dans cet esprit, nous vous invitons chaleureusement à nous rejoindre à la Marche pour la Vie, un événement phare pour la défense de la vie, qui se tiendra à Bruxelles, Place Poelaert, le 21 avril 2024 à 14h. Cet événement sera l'occasion de manifester notre soutien aux valeurs que nous chérissons et de renforcer notre communauté engagée pour la vie.

    Ensemble, faisons entendre notre voix pour la protection de la vie à tous ses stades. Rejoignez-nous dans cette marche pacifique et unie pour un avenir où chaque vie est valorisée et respectée. 

    Pour CLARA Life,
    Wouter Suenens, Président

    Notre mission se poursuit. Mais votre contribution est cruciale. Pour plus de détails sur l'emploi des dons, cliquez iciChaque don renforce notre combat pour la vie et la dignité humaine.

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    • La Marche a besoin de votre générosité
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    MERCI BEAUCOUP

  • Triste France...

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    De Gènéthique magazine :

    IVG dans la Constitution : le vote téléguidé des sénateurs

    29 février 2024

    La tension est palpable à 16h30 au Sénat lorsque l’examen du projet de loi visant à inscrire l’avortement dans la Constitution débute. La pression politique et médiatique des derniers jours pèse sur les épaules des sénateurs, et laisse penser qu’ils ne pourront résister à la vague des promoteurs de l’avortement. Quatre heures de débats suffiront à modifier la Constitution par 267 voix contre 50. Le sujet de l’avortement annihile-t-il tout courage politique ?

    Un ton solennel, un débat qui se veut juridique

    Le garde des Sceaux emprunte un ton particulièrement solennel pour ouvrir le débat, tout en mettant la pression. « J’ai l’honneur de demander au Sénat l’inscription dans notre Constitution de la liberté des femmes de disposer de leurs corps […]. Une démocratie ne peut maîtriser son destin si les femmes qui y vivent ne peuvent maîtriser le leur ». Il joue aussi la carte du plaidoyer juridique, affirmant que le principe d’une Constitution « est aussi de réunir l’ensemble des droits et libertés fondamentales ». Mais encore qu’il est nécessaire d’accorder une valeur constitutionnelle à la liberté de la femme, quand la liberté de conscience ou le principe de sauvegarde de la dignité de la personne humaine contre toute forme de dégradation seraient les seuls à l’avoir. Ou que la « liberté garantie » ne serait pas un « ovni juridique ». Enfin, il veut rassurer : « si je devais résumer cette révision constitutionnelle, je dirais : protection de la loi Veil, pas extension ».

    Philippe Bas (LR) répondra à cet exposé par la défense de son amendement visant à supprimer le terme « garantie » (cf. IVG dans la Constitution : un quasi plébiscite des députés en première lecture). « Les libertés sont garanties du seul fait qu’elles sont inscrites dans les textes constitutionnels. […] Quand on ajoute un mot dans la Constitution, c’est bien pour qu’il ait une portée. […] Si nous ajoutons ce terme “garantie” nous allons susciter chez le juge un travail d’interprétation […] qui pourrait mettre en péril l’équilibre entre les droits de l’enfant à naître et la liberté de la femme d’interrompre sa grossesse » souligne-t-il. Bruno Retailleau (LR) insistera à son tour : « sur le plan juridique, une “garantie” est l’obligation d’assurer quelque chose à quelqu’un. On peut mettre en cause le garant en cas de manquement ». Mais cela ne suffira pas. L’amendement est rejeté par 214 voix contre 104, présageant déjà le vote final.

    Alain Milon (LR) tentera, à son tour, de répondre au garde des Sceaux en défendant la clause de conscience des médecins (cf. « L’inscription de l’IVG dans la Constitution menace la liberté de conscience du personnel médical »). « A l’instar de ceux qui pourraient un jour contester le droit à l’IVG, d’autres pourraient également contester le droit de conscience des professionnels de santé » relève-t-il (cf. IVG : « la disparition de la clause de conscience conduirait des soignants à démissionner »). Mais cette tentative retombera vite à plat, ses pairs la rejetant à 219 voix contre 85.

     Une idéologie qui s’impose : incohérence entre votes et propos

    Les habituels discours féministes sont déclamés. Selon Anne Souyris (Groupe Ecologiste – Solidarité et Territoires) : « En votant la constitutionnalisation de l’IVG, nous gravons dans le marbre “mon corps m’appartient” ». Selon Mélanie Vogel (Groupe Ecologiste – Solidarité et Territoires) « nous choisissons de ne plus jamais revenir en arrière ». Elle se félicite en outre de « faire de la politique en grand et en vrai [avec] Aurore Bergé, Mathilde Panot,… ». Dominique Vérien (UC) se préoccupe quant à elle : « Des réseaux militants s’activent pour remettre en cause ce droit (…) la campagne d’autocollants des anti-IVG sur les vélos, ce n’est pas aux Etats-Unis, c’est en France ! »

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  • Peut-on réellement consentir à mourir ?

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    De gènéthique.org (lettre mensuelle de février 2024) :

    Consentement et fin de vie : consentir à mourir ?

    27 FÉV, 2024

    Alors qu'en France le projet de loi sur la fin de vie devrait être prochainement discuté, même si le calendrier n’est pas clairement fixé (cf. Fin de vie : un calendrier difficile à fixer), Aline Cheynet de Beaupré, professeur de Droit privé à l’Université d’Orléans et spécialiste des sujets bioéthiques, nous éclaire sur la question du consentement face à l’euthanasie ou au suicide assisté. Peut-on réellement consentir à mourir ?

    Lire les questions de fin de vie sous l’angle juridique du consentement met en exergue la profonde complexité du sujet. Consent-on à l’euthanasie pour mourir ou ne plus souffrir ? L’euthanasie est-elle demandée ou proposée ? Les questions sont nombreuses.

    En droit des contrats, le consentement désigne la manifestation de volonté des parties. Cum-sentire c’est « sentir avec », soulignant ainsi l’accord, la conformité ou l’acquiescement à quelque chose. Appliqué à la fin de vie, le chemin simple allant de l’« offre » à l’« acceptation de l’offre », valable en droit des contrats, devient à la fois flou et complexe, mais aussi juridiquement insatisfaisant et malmenant le consentement.

    Consentir par avance ?

    Les évolutions observées à l’étranger en matière d’euthanasie montrent que le « demandeur » peut craindre, ou vouloir prévenir, une souffrance future. Au moment de sa « demande de mort provoquée », il n’est donc pas un patient, mais un « futur potentiel patient » vis-à-vis de pathologies ou de symptômes qui ne sont pas (encore) là. Comment décider par avance d’une situation inconnue, existentielle et changeant notre vision des choses ?

    Selon le Code de la Santé Publique (CSP), les directives anticipées[1] peuvent être rédigées par une personne atteinte d’une maladie grave ou qui « pense » être proche de sa fin de vie, ou par une personne qui « pense » être en bonne santé ou n’est pas atteinte d’une maladie grave. Les deux « modèles » sont prévus pour « le cas où je ne serais plus en mesure de m’exprimer au moment de la fin de ma vie ». La loi Leonetti de 2005 leur a conféré une valeur légale, mais leur statut juridique est imprécis.

    Ces « directives » ne sont en effet pas impératives, et les soignants peuvent ne pas les suivre lorsqu’elles apparaissent « manifestement inappropriées ». Tel fut, par exemple, le cas pour homme demandant non pas qu’on arrêtât les traitements, mais qu’on le maintînt en vie. Au regard de sa situation, la demande a été considérée comme étant « manifestement inappropriée »[2] (cf. Conseil constitutionnel : les directives anticipées pourront être écartées).

    Les « exemples » médiatisés de Line Renaud ou de l’ami de Marina Carrère d’Encausse confirment la complexité du problème. Line Renaud a fait un AVC en 2019, mais aucune directive anticipée n’a été évoquée autour de cet « incident ». Idem pour le compagnon de Marina Carrère d’Encausse. Pourtant, les discours véhiculés dans ces deux « histoires » invitent à des directives à spectre large de « non maintien en vie ».

    En cas de directives anticipées, le rédacteur, qu’il soit malade ou non, n’est pas assisté d’un soignant. S’il est malade, il serait pourtant « bon » que ses « directives » soient « éclairées » par un professionnel. S’il n’est pas malade, il est encore plus « seul » pour prendre des options, gravissimes et vitales, sur des sujets qu’il ignore : la maladie, la souffrance et la mort. Le consentement est dès lors tout sauf « éclairé ».

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  • Université de la vie 2024 en Belgique : RDV dès la première semaine de mars ! 

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    Université de la vie 2024 en Belgique : 

    RDV dès la première semaine de mars ! 

    Parier sur la vie, est-ce raisonnable ? 

    Peut-on encore PARIER SUR LA VIE et sur l’AVENIR aujourd’hui ? L'Institut Européen de Bioéthique vous propose de participer à la formation bioéthique conçue par Alliance Vita et que nous replaçons dans le contexte belge. 

    Ne manquez pas ce rendez-vous unique !

    En Belgique, pas moins de sept villes organisent la formation : 

    Bruxelles, Tournai, Mons, Hannut, Liège, Namur et Louvain-la-Neuve. 

    Je m'inscris

    BRUXELLES

    MONS

    TOURNAI

    NAMUR

    HANNUT

    LIEGE

    LOUVAIN-LA-NEUVE

  • Tusk : la fin de la Pologne chrétienne ?

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    De Solène Tadié sur le National Catholic Register :

    L'avènement du gouvernement Tusk annonce-t-il une érosion de la culture chrétienne en Pologne ?

    ANALYSE : Sous l'impulsion des politiques progressistes du nouveau gouvernement national, le paysage socioculturel semble changer rapidement dans un pays qui reste l'un des plus catholiques d'Europe.

    20 février 2024

    VARSOVIE, Pologne - Depuis les récentes élections législatives d'octobre 2023, une atmosphère explosive règne en Pologne, et ces affrontements politiques et idéologiques n'ont pas épargné l'Église, qui reste une institution centrale dans la vie de cette nation d'Europe de l'Est. 

    Le nouveau gouvernement, dirigé par l'ancien président du Conseil européen Donald Tusk, a prêté serment le 13 décembre, mettant fin à huit années de règne du parti de droite Droit et Justice (PiS). 

    Bien que le parti conservateur reste techniquement le plus important du pays, avec plus de 35 % des voix lors des élections du 15 octobre, il a perdu sa majorité parlementaire au profit d'une coalition composée des partis centriste Coalition civique (KO), de centre-droit Troisième voie (Trzecia Droga) et de la Gauche (Lewica).

    Soutenu par les dirigeants de l'Union européenne, qui étudient actuellement la possibilité de débloquer les 76 milliards d'euros du Fonds de relance Covid que la Commission européenne a gelés depuis 2022 en raison des préoccupations de l'UE concernant l'indépendance du système judiciaire polonais, le nouvel exécutif a déjà mis en œuvre une série de mesures et d'interventions destinées à liquider l'héritage de son prédécesseur.

    Méthodes brutales

    À cette fin, le gouvernement du premier ministre Tusk a eu recours à des méthodes jugées brutales, voire autoritaires, par ses opposants et certains commentateurs étrangers. Le cas le plus emblématique est l'arrestation spectaculaire au palais présidentiel des anciens ministres du Droit et de la Justice Mariusz Kamiński et Maciej Wąsik, le 9 janvier. 

    Les deux députés avaient été condamnés en 2015 par un tribunal polonais de première instance pour abus de pouvoir et graciés cette année-là alors qu'ils faisaient appel de la décision du tribunal par le président Andrzej Duda, qui, en tant que chef de l'État, dispose d'un pouvoir constitutionnel illimité pour accorder des grâces. L'affaire a ensuite déclenché une bataille juridique entre les juges de la Cour suprême et de la Cour constitutionnelle. 

    En juin dernier, la Cour suprême a invalidé les grâces présidentielles au motif qu'elles avaient été accordées avant la fin de la procédure judiciaire. La Cour constitutionnelle, pour sa part, a confirmé la validité des grâces, mais son autorité est remise en question par certains experts juridiques, notamment à la suite d'un arrêt rendu en 2021 par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH), selon lequel la Cour polonaise n'est pas fondée en droit en raison de la présence d'un juge nommé par le parti conservateur PiS par l'intermédiaire du président Duda, qui est aligné politiquement sur le PiS. 

    Cette situation a conduit certains observateurs à craindre l'émergence d'une crise constitutionnelle à long terme.

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  • Robert Badinter : un opposant résolu à l’euthanasie

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    D' sur le site du Figaro :

    «Nul ne peut retirer la vie à autrui dans une démocratie» : quand Robert Badinter s’opposait à l’euthanasie

    9 février 2024

    En 2008, le célèbre avocat avait défendu le «droit à la vie» comme «le premier des droits de tout être humain». La justice était à son sens «mieux placée» que la loi pour répondre à la complexité de situations de fin de vie douloureuses.

    «Le droit à la vie est le premier des droits de tout être humain – c'est le fondement contemporain de l'abolition de la peine de mort – et je ne saurais en aucune manière me départir de ce principe»Robert Badinter s’est éteint dans la nuit du 8 au 9 février avant l’aboutissement du nouveau débat sur l’aide active à mourir souhaité par Emmanuel Macron.

    Mais le père de l'abolition de la peine de mort, ancien garde des Sceaux et président du Conseil constitutionnel, avait pris position sur ce sujet à plusieurs reprises. «L'État a-t-il le pouvoir et le droit de dire : ’Puisque vous voulez mourir, je vais vous tuer’ ?», avait-il lancé en 2008, auditionné sur les répercussions juridiques d'une exception d'euthanasie dans le cadre d’une mission parlementaire présidée par le député LR Jean Leonetti. L’opinion publique était alors en plein émoi après l’affaire Chantal Sébire, une femme de 52 ans atteinte d'une tumeur au visage incurable et «extrêmement douloureuse» qui avait demandé le droit d'anticiper sa mort avant de se suicider.

    Loin d'une pensée «stoïcienne» ou «extrêmement religieuse» selon laquelle la souffrance devrait être acceptée jusqu'au bout, Robert Badinter avait fait valoir devant les députés que «la vie d'autrui n'est à la disposition de personne»«Tout être humain a droit au respect de sa vie, y compris de la part de l'État, surtout en démocratie», avait martelé le célèbre avocat. Le corollaire de ce «respect à la vie» est «la liberté de se suicider», avait-il estimé, soulignant que «chacun est maître de son corps, et donc libre de disposer de son corps et de sa vie». Attaché à cette liberté, il n’imaginait cependant pas qu’elle puisse s’exercer à l’aide d’un «service d'assistance au public, ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre», pour ceux qui auraient décidé de mettre fin à leurs jours «L'être humain est fragile. L'angoisse de mort est présente. Par moments, chez chacun, elle connaît une très forte intensité. Chez certains, face à une épreuve, il y a une tentation de mort qui est inhérente à la condition humaine. L'existence d'un service prêt à vous accueillir pour répondre à cette tentation me paraît présenter un risque d'incitation au suicide», avait-il réagi.

    Sénateur PS à l'époque, cet ancien proche de François Mitterrand se disait agacé par la «fureur de légiférer de notre temps pour répondre à l'appel médiatique». D'autant que le droit pénal avait à ses yeux non seulement «une fonction répressive» mais aussi «une fonction expressive» traduisant les valeurs essentielles de notre société : «Sur ce point, je ne changerai jamais. Nul ne peut retirer la vie à autrui dans une démocratie».

    Si on légalise l'exception d'euthanasie, vous aurez des zones d'ombre. Au sein d'une famille, certains diront : « Non, grand-mère ne voulait pas mourir ! », et d'autres : « Si, elle m'a dit qu'elle voulait mourir ! »

    Robert Badinter

    Sur l’exception d’euthanasie, Robert Badinter avait soulevé d’autres difficultés. Comme concevoir qu’une autorisation de tuer puisse dépendre d’«un comité quelconque»«aussi honorable soit-il»«en dehors de toute décision de justice». Il avait aussi rappelé sa méfiance en matière de «juridiction d'exception», notamment «quand il s'agit de principes fondamentaux». De plus, l’introduction de cette notion dans la loi, et donc dans le droit, n’aurait pas empêché les procès : «Si on légalise l'exception d'euthanasie, vous aurez des zones d'ombre. Au sein d'une famille, certains diront : « Non, grand-mère ne voulait pas mourir ! », et d'autres : « Si, elle m'a dit qu'elle voulait mourir ! » Il m'est arrivé de connaître de telles situations et d'entendre de tels propos», avait-il averti.

    Face à la complexité de telles affaires, la justice était, à son sens, «la mieux placée» pour répondre. Y compris en acquittant les auteurs d’une euthanasie réalisée par compassion. «Créer une législation pour des cas exceptionnels n'est pas la bonne façon de les résoudre, avait défendu cet homme de loi. La façon de les résoudre, c'est de déférer ces cas à ceux qui ont le devoir d'en connaître et de voir comment faire en sorte que justice soit rendue, y compris par un acquittement qui reconnaîtra publiquement – et c'est un avantage pour le bénéficiaire – qu'il n'y a pas homicide au sens où on l'entend communément».

  • Le Vatican condamne avec fermeté l'inscription de l'avortement dans la Constitution française

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    De Loup Besmond de Senneville  sur le site du journal La Croix :

    « L’avortement est un meurtre », la charge du Vatican contre l’inscription de l’IVG dans la Constitution

    Les médias officiels du Vatican ont publié mercredi 7 février un éditorial dans lequel le plus petit État du monde s’alarme d’une possible modification de la Constitution française garantissant la liberté d’avorter.

    En apparence, cela ressemble à un article parmi d’autres. Mais le texte publié sur le site de Vatican News, le média du plus petit État du monde, mercredi 7 février est bel et bien une prise de position officielle. La France s’apprête à se doter d’une « Constitution contraire à la vie », s’alarme le Vatican dans un édito publié, sous la plume de l’un des responsables de sa communication, Massimiliano Menichetti.

    « Comment est-il possible de juxtaposer dans la charte fondamentale d’un État le droit qui protège la personne et celui qui sanctionne sa mort ? », interroge ainsi le Vatican, après avoir rappelé qu’aux yeux du pape François, « l’avortement est un meurtre ».

    Dans ce texte, le Vatican déplore que l’embryon ne soit pas considéré comme une personne à part entière. « Nous vivons dans une société technologiquement avancée, informatisée et connectée, écrit ainsi Massimiliano Menichetti. La croissance de l’être humain dès sa conception n’est plus un secret depuis des décennies. »

    Pour une politique de soutien aux femmes enceintes

    « Une société ne se mesure pas à ses interdits, mais à sa capacité d’aimer, et « la liberté grandit avec l’amour », peut-on encore lire dans cette prise de position, qui rappelle des mots prononcés par François en octobre 2021. « L’humanité a toujours condamné toute théorie eugénique, mais les embryons continuent d’être manipulés et sélectionnés comme s’ils étaient des matériaux et non des personnes, poursuit l’auteur de l’édito. Dans ce contexte, l’avortement est à la fois prémisse et conséquence. »

    Le Vatican plaide pour la mise en place d’une politique de soutien aux femmes enceintes, prenant l’exemple de « centres de soutien » existant en Italie. « De nombreuses vies seraient pourtant sauvées (…) si les femmes étaient soutenues sur les plans économique, juridique, psychologique, religieux et social, au moment dramatique où l’avortement semble être la seule solution. »

    Ton très ferme

    Cette prise de position très ferme intervient quelques jours après la très large approbation par les députés français, le 30 janvier, de l’inscription dans la constitution de la « liberté garantie » pour les femmes d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse (IVG).

    Si le ton de cette longue tribune est particulièrement ferme, le texte publié mercredi 7 février est en droite ligne avec les priorités du Saint-Siège, qui rappelle régulièrement, sur le plan diplomatique, son opposition à l’avortement. L’inscription de l’interruption volontaire de grossesse dans la Constitution est, de fait, depuis plusieurs semaines, l’un des sujets de divergence entre le Vatican et le gouvernement français, au même titre que la dissuasion nucléaire.

    Sur ces dissensions avec le Saint-Siège, qui tiennent clairement à une divergence sur des points de morale de l’Église catholique, la diplomatie française a pour habitude d’expliquer le positionnement défendu dans l’Hexagone, avant d’acter les divergences.

    Vatican News, un outil d’influence

    Depuis des années, les médias du Vatican sont utilisés par la diplomatie papale comme un outil d’expression et d’influence. Ainsi, Andrea Tornielli, le directeur des médias du Vatican, et Mgr Paul Gallagher, le « ministre des affaires étrangères » du pape se rencontrent tous les jeudis matin pour faire un point sur les dossiers internationaux.

    La veille de la publication du texte sur l’avortement, Vatican News avait ainsi mis en ligne un article sur les conséquences négatives de la suspension du financement de l’UNRWA, principale agence de l’Organisation des Nations unies (ONU) chargée de l’aide aux Palestiniens. « La suspension des financements laissera deux millions de personnes affamées », pouvait-on ainsi lire sur le site officiel du Vatican. Une prise de position très claire, comme l’est celle à l’égard du gouvernement français et de son projet d’inscrire l’IVG dans la Constitution.