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Politique - Page 240

  • Accord entre la Chine et le Vatican : un évêque chinois préfère démissionner

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    De Claire Lesegretain sur le site du journal La Croix :

    Un évêque chinois démissionne, doutant de l’accord entre Pékin et le Saint-Siège

    Dans un discours prononcé dimanche 4 octobre, Mgr Vincent Guo Xijin, évêque de Mindong depuis 2016, mais non reconnu par le gouvernement chinois jusqu’en 2018, a annoncé sa démission de toute fonction publique et son retrait pour prier.

    06/10/2020

    « Je suis incompétent. Je n’ai pas de talent. Je ne suis plus capable de suivre cette époque très rapide. Je ne veux pas être un obstacle au progrès. » C’est en ces termes que Mgr Vincent Guo Xijin, 62 ans, lors de sa dernière messe publique dimanche 4 octobre, a expliqué sa décision de démissionner de toutes ses fonctions publiques et de se retirer pour se consacrer à la prière.

    Ordonné prêtre en 1984 pour le diocèse de Mindong (dans la province du Fujian, au sud-est de la Chine), qui compte environ 90 000 catholiques, très majoritairement dans les structures dites « clandestines » de l’Église chinoise, Mgr Guo a été consacré évêque coadjuteur de Mindong en décembre 2008, puis a succédé à Mgr Vincent Huang Shoucheng à la mort de celui-ci, en juillet 2016.

    Un diocèse test de la normalisation

    Mais s’il fut reconnu comme l’évêque légitime de Mindong par le pape, Mgr Guo Xijin ne le fut pas par les autorités communistes chinoises, qui préférèrent désigner Mgr Zhan Silu, ordonné en 2000 en dehors de la communion avec Rome.

    Après avoir dû assister à des « sessions d’études » durant une vingtaine de jours avant la Semaine sainte 2018, Mgr Guo semblait avoir accepté que les Églises clandestine et officielle du diocèse fusionnent. Et ce, afin de ne pas nuire à la signature de l’accord entre la Chine et le Saint-Siège, mettant fin à un schisme datant de 1957.

    La situation difficile et complexe de Mgr Guo fut ainsi au cœur des négociations entre le Vatican et la Chine en 2018 et de la reconduction de leur accord le mois dernier. Et le diocèse de Mindong a été perçu comme un « test » pour la normalisation des relations avec le gouvernement et la réconciliation des communautés catholiques officielles (dite aussi « patriotiques ») et clandestine.

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  • Fratelli tutti : le testament politique du pape François ?

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    Fratelli tutti" : la nouvelle encyclique du pape François sur la fraternité  et l'amitié sociale | Fondation Jean-Rodhain

    De Roberto de Mattei sur Corrispondenza Romana (traduction de Benoît et moi) :

    Fratelli tutti?

    La troisième encyclique du pape François, Fratelli tutti, signée le 3 octobre à Assise, semble presque être le document conclusif de son pontificat, une sorte de testament politique. Parce que l’encyclique est politique, comme tout le pontificat du pape François. L’un des plus fidèles collaborateurs du pape François, Andrea Tornielli, directeur des communications du Saint-Siège, présentant l’encyclique, n’utilise pas le terme « politique », mais « social », ce qui est en substance la même chose, et écrit :

    « La nouvelle encyclique Fratelli tutti, se présente comme une somme du magistère social de François, et rassemble de façon systématique les idées offertes par les déclarations, discours et interventions des sept premières années de son pontificat ».

    Une origine et une inspiration – dit Tornielli – est certainement représentée par le « Document sur la fraternité humaine pour la paix et la coexistence dans le monde », signé le 4 février 2019 à Abu Dhabi avec le Grand Imam d’Al-Azhar, Ahmad Al-Tayyib. Al-Tayyib est l’un des auteurs les plus cités dans l’encyclique et ce n’est pas une coïncidence si, dans le premier commentaire qu’il a fait sur Twitter, il a écrit que « c’est un message qui restitue à l’humanité sa conscience ». 

    Al-Tayyb et le pape François ont-ils la même conscience de l’humanité ? Mais dans quel sens ? Le pape Bergoglio l’explique : « Nous rêvons comme une seule humanité », « chacun avec la richesse de sa foi ou de ses convictions, chacun avec sa propre voix, tous frères! »(n. 8).

    La vérité absolue n’est pas Jésus-Christ, au nom duquel et dans le baptême duquel les chrétiens sont frères. La fraternité est une valeur supérieure au Christ lui-même, car elle serait capable, selon le pape François, de mettre d’accord les catholiques, les musulmans, les bouddhistes et les athées eux-mêmes, qui ont aussi leur propre foi et conviction.

    Au début de l’encyclique, le pape François rappelle la visite de saint François d’Assise au sultan Malik-al-Kamil en Égypte, la présentant comme une recherche de dialogue, alors que toutes les sources de l’époque nous disent que saint François voulait convertir le sultan et appuyait les croisés qui combattaient en Terre Sainte. Mais la rencontre entre saint François et le sultan a échoué et le pape Bergoglio semble vouloir montrer qu’il est plus capable que saint François de réaliser le projet, à partir du document d’Abu Dhabi.

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  • Québec : 26 lieux de culte "requalifiés"

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    De François Gloutnay sur Présence (site canadien d'information religieuse) :

    Des églises bientôt converties en musées, salles de concert et centre des congrès

    Le Conseil du patrimoine religieux du Québec vient de dévoiler la carte interactive des 26 lieux de culte qui recevront cette année une subvention du nouveau programme qu'il gère et qui vise la requalification des lieux de culte patrimoniaux excédentaires. 

    2020-10-06

    Si les résultats des études de faisabilité commandées sont positifs, une vingtaine d'églises du Québec pourraient devenir, dans les prochains mois, sinon les prochaines années, des centres multifonctionnels, un lieu de mise en valeur de la villégiature et de la pêche au saumon, un atelier communautaire artistique, une salle de concert, un musée d'art social et même un centre régional des congrès.

    Le Conseil du patrimoine religieux du Québec vient de dévoiler la carte interactive des 26 lieux de culte qui recevront cette année une subvention du nouveau programme qu'il gère et qui vise la requalification des lieux de culte patrimoniaux excédentaires.

    C'est la ministre de la Culture et des Communications Nathalie Roy qui a annoncé, le jeudi 3 septembre 2020, l'octroi d'une somme de 5 M$ à ce programme afin de «donner une seconde vie à d'anciens lieux de culte et [de] redonner leur accès aux citoyens».

    Les propriétaires de quatre lieux de culte ont ce jour-là appris qu'ils se partageront la moitié de cette somme afin de mener à terme leur projet. Les municipalités de Saint-Ubalde, de Saint-Vallier et de Saint-Mathieu pourront ainsi transformer leur église locale en centre multifonctionnel grâce à des subventions respectives de 540 000 $, 680 000 $ et 561 465 $. De son côté, la Corporation d'innovation et de développement économique des Îles-de-la-Madeleine pourra convertir l'église Saint-André de Cap-aux-Meules en un incubateur d'entreprises grâce à un octroi de 626 812 $.

    Les projets de requalification de vingt-deux lieux de culte ont aussi obtenu des subventions plus modestes (une moyenne de 24 000 $). Les promoteurs de ces projets pourront réaliser des études techniques et se doter d'un plan d’affaires avant d'entreprendre la transformation des lieux de culte qu'ils convoitent.

    La municipalité de Saint-André-d'Argenteuil souhaite, par exemple, transformer l'église anglicane Christ Church en musée. Le Domaine Forget de Charlevoix voudrait de son côté convertir l'église Saint-Irénée en lieu de diffusion et d'enseignement de la musique et de la danse. Quant au Centre d'action bénévole de Port-Cartier, il entend établir ses nouveaux bureaux dans l'église Saint-Alexandre.

    Plusieurs municipalités québécoises ont aussi entrepris des études afin de vérifier combien il leur en coûterait pour transformer l'église locale en bibliothèque ou en salle de spectacle.

    À Percé, les élus municipaux rêvent plutôt d’édifier un Centre des congrès à l’intérieur de l'église Saint-Michel. À Saint-Hyacinthe, le conseil municipal réfléchit à la faisabilité d'un musée d'art social à l'intérieur de l'église Notre-Dame-du-Rosaire. La Corporation du patrimoine religieux de Rivière-du-Loup veut, de son côté, entreprendre des démarches afin de trouver une nouvelle vocation à l'église Saint-François-Xavier, fermée au culte depuis janvier 2020 en raison de problèmes structurels.

  • Haut-Karabakh : les Arméniens se battent pour leur survie mais l'Union Européenne regarde ailleurs

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    De Philippe Oswald sur La Sélection du Jour :

    6 octobre 2020

    Les Arméniens du Haut-Karabakh se battent pour leur survie mais l’UE regarde ailleurs

    C’est un conflit aux racines historiques profondes. Il oppose les Arméniens chrétiens aux musulmans de l’ancien Empire turc que veut aujourd’hui ressusciter le « calife » Erdogan. À mi-chemin entre le génocide des Arméniens en 1915 et notre époque, un autre dictateur, un des pires que la Terre ait jamais portés, a semé les graines de la zizanie qui ressurgit aujourd’hui : Staline. C’est lui qui a machiavéliquement rattaché le Haut-Karabakh (ou Nagorny Karabakh, le « Haut-Jardin noir ») très majoritairement chrétien à la « République socialiste d’Azerbaïdjan » musulmane, pour mieux soumettre les Arméniens après les avoir géographiquement séparés (relevons au passage que les totalitarismes communistes et nazis ont l’un et l’autre privilégié leurs rapports avec des musulmans pour les utiliser contre les chrétiens). Alors que se disloquait l’Union soviétique, les Arméniens ont conquis de haute lutte leur liberté, y compris ceux du Haut-Karabakh qui ont fait sécession de l’Azerbaïdjan au terme d’une guerre de cinq ans (1988-1994) entre Azéris et Arméniens – ceux-ci soutenant leurs compatriotes séparatistes – qui avait fait 30 000 morts entre 1988 à 1994. Des flambées de violence se déclencheront sporadiquement après le cessez-le-feu intervenu en 1994. En 2016, les Azéris avaient tenté de reprendre le Haut-Karabakh dans une « guerre de quatre jours » qui avait encore causé une centaine de victimes, de part et d’autre.

    Le 12 juillet dernier et pendant plusieurs jours, l’armée azerbaïdjanaise avait de nouveau attaqué – sans succès – l’Arménie, dont les frontières sont pourtant unanimement reconnues par la communauté internationale. Puis, le 27 septembre au matin, l’Azerbaïdjan a relancé les hostilités contre les Arméniens « séparatistes » du Haut-Karabakh (dont l’indépendance n’est pas reconnue par la communauté internationale). Militairement, le rapport de forces semble aujourd’hui disproportionné. L’Azerbaïdjan dispose d’une manne pétro-gazière qui lui a permis d’acquérir des drones d’attaque produits en Israël et en Turquie. Les Arméniens affirment que des avions F-16 turcs sont intervenus pour frapper des positions arméniennes non seulement au Haut-Karabakh, mais aussi en Arménie. Selon Erevan (capitale de l’Arménie) un de ses avions SU-25 a été abattu par un F-16, le 29 septembre. En outre, Bakou (capitale de l'Azerbaïdjan) utiliserait contre les civils arméniens des armes à sous munitions proscrites par le droit international.

    Après dix jours de conflit, les victimes ne se comptent plus seulement parmi les combattants des deux camps mais dans la population civile. En particulier à Stepanakert, la capitale du Haut-Karabakh (50 000 habitants environ), frappée depuis le week-end dernier par des bombardements de plus en plus intenses, notamment par des drones dont le maniement implique vraisemblablement le concours de militaires turcs. Le 24 septembre, soit trois jours avant la nouvelle agression azerbaïdjanaise, l’Observatoire syrien des droits de l’homme dénonçait l’envoi par la Turquie en Azerbaïdjan de djihadistes qui ont sévi contre les populations kurdes et chrétiennes en Syrie. La France a pointé la responsabilité de la Turquie dans cette présence de djihadistes au Haut-Karabakh, « un fait très grave, nouveau, qui change aussi la donne », a réagi Emmanuel Macron, le 1er octobre. Vladimir Poutine, sans accuser directement la Turquie, a exprimé sa « profonde préoccupation », lors d'un entretien avec le Premier ministre arménien. L’Azerbaïdjan est ouvertement soutenu par Erdogan qui multiplie les déclarations belliqueuses, tandis que l’Arménie espère la médiation du groupe de Minsk, coprésidé par la France, les États-Unis et la Russie sous l’égide de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), pour établir un cessez-le-feu.

    Et pendant ce temps, que fait l’Union Européenne ? Elle déplore, exhorte à la fin des combats, mais ne sanctionne toujours pas la Turquie. « Face à la Grèce et à Chypre, au Proche-Orient hier, aujourd'hui contre l'Arménie, la Turquie menace tout ce à quoi nous tenons. Mais les chefs d'État et de gouvernement d'Europe n'ont même pas osé parler de sanctions... Comment consentir encore à cette incroyable lâcheté ? » demande le député européen François-Xavier Bellamy, ce 6 octobre, dans une vibrante intervention faisant suite aux tièdes conclusions du Conseil européen (en lien ci-dessous).

  • Dans l'ombre de Trump : Mike Pence, le "bon soldat"

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    De Nicolas Bérubé sur le site de La Presse (Canada) :

    Mike Pence, le bon soldat dans l’ombre de Trump

    Le vice-président doit se tenir prêt à prendre la tête du pays

    Responsable du groupe de travail de la Maison-Blanche sur le nouveau coronavirus, le vice-président Mike Pence pourrait devoir assumer les fonctions de la présidence, si la santé de Donald Trump devait se détériorer davantage.

    Dans le livre A Soldier of the Great War, l’auteur Mark Helprin raconte l’histoire d’un jeune soldat de la Première Guerre mondiale qui devient un héros à un moment-clé de l’histoire de l’Europe.

    Mike Pence, qui a déjà affirmé qu’A Soldier of the Great War était son roman favori, pourrait à sa façon devoir devenir un héros dans l’histoire surréelle d’octobre 2020 aux États-Unis.

    Le vice-président de 61 ans devrait assumer les fonctions de la présidence, si la maladie de Donald Trump venait à l’empêcher de gouverner. Le test de COVID-19 subi par Mike Pence s’est avéré négatif vendredi.

    « Trump est vivant et est toujours le porte-étendard, alors Mike Pence serait loyal s’il devait remplacer Trump pendant quelques semaines, ou quelques mois », explique en entrevue téléphonique Jaime A. Regalado, analyste politique et professeur émérite de sciences politiques à la California State University.

    Pratiquement tous les politiciens républicains ont peur de prendre des décisions qui iront à l’encontre de ce que Trump veut, dit-il.

    Avec Pence, on se retrouverait avec un adulte dans la pièce, si vous voulez, mais il devrait aussi faire attention de ne pas décevoir la base qui appuie Trump.

    Jaime A. Regalado, analyste politique

    Michael LaBossiere, auteur et spécialiste des théories du savoir à la Florida A&M University, note que le style de gouvernance risque de changer.

    « Pence ne déclenchera pas des tempêtes sur Twitter, sa rhétorique sera plus cohérente et moins extrême, dit-il. Pence semble aussi à l’aise de ne pas être tout le temps sous les projecteurs. En bref, les choses seront très calmes. »

    Mais les différences entre les politiques implantées par Pence seront « minimes », dit-il.

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  • Chine : l’accord du 22 septembre 2018 n’a produit aucun effet positif, que du contraire

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    De Sandro Magister (Settimo Cielo) en traduction française sur diakonos.be :

    Loin dans le rouge.  Le bilan décevant de deux années d’accord avec la Chine

    L’accord provisoire et secret signé il y a deux ans avec la Chine est arrivé à échéance le 22 septembre et le Saint-Siège voudrait le renouveler pour au moins deux années supplémentaires.

    Les signaux qui arrivent de Chine sont discordants.  Mais paradoxalement, l’attaque frontale menée contre l’accord par le Secrétaire d’État Mike Pompeo, d’abord dans un texte publié sur « First Things » et ensuite pendant sa visite à Rome le 1er octobre, pourrait jouer en faveur d’une entente, étant donné que Pékin – fait remarquer Gianni Cardinale, l’expert de l’Église en Chine, dans le journal « Avvenire » – « est disposée à faire davantage de concessions envers des interlocuteurs critiqués plutôt que loués par Washington ».

    À en juger par ce qu’il reste de liberté de religion en Chine, l’accord du 22 septembre 2018 n’a produit aucun effet positif.  C’est plutôt tout le contraire, si l’on s’en tient à des sources d’information telles qu’Asia News, UCA News et Bitter Winter.

    Mais l’accord portait sur une question bien circonscrite : la nomination des évêques catholiques en Chine.  Et même en n’évaluant que ce seul point, le bilan est décevant.

    *

    Tout d’abord, il faut tenir compte du fait qu’il y a 135 diocèses et préfectures apostoliques en Chine et qu’au moment de la signature de l’accord, seules 73 d’entre eux étaient dirigées par un évêque.  Aujourd’hui, ceux qui ont un évêque à leur tête sont au nombre de 74, à peine une unité de plus.  Il y a donc pratiquement autant de diocèses qui continuent à rester vacants, malgré que l’objectif du Saint-Siège, avec la signature de cet accord, était justement de combler ces vides.

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  • Fratelli tutti : une encyclique très politique du pape François sur la fraternité universelle

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    fratelli-tutti.jpgEn la fête du « Poverello » d’Assise, le pape François publie ce dimanche 4 octobre une très longue (270 pages!) encyclique intitulée «Tous frères». Première réaction à chaud de Jean-Marie Guénois sur le site web du « Figaro » :

    « C’est le texte le plus politique du pape François: une lettre encyclique intitulée «Fratelli tutti», «Tous frères» avec ce sous-titre «Sur la fraternité et l’amitié sociale», publiée le 4 octobre, où il pourfend «le racisme», un «virus qui mute», certaines «formes de nationalisme» fondées sur «le repli sur soi (...), des attitudes xénophobes, le mépris», le «populisme malsain» qui «cache le mépris des autres» et les «visions libérales individualistes» et leurs «intérêts économiques effrénés» fondé sur «le dogme de foi néolibéral», alors que «la grande question, c’est le travail» pour tous.

    Il s’agit, au contraire, de construire une  «autre logique» par une «bonne politique» non guidée par la seule économie. Une politique «noble» dont «l’âme serait la charité sociale» ou «l’amour social», en vue d’une «société fraternelle» où les «migrants» notamment et les plus pauvres doivent avoir leur «droits» où qu’ils soient.

    Une société où « les mouvements populaires rassemblant des chômeurs, des travailleurs précaires» doivent donc avoir leur «place» pour une «économie populaire et de production communautaire». Ce sont en effet des «poètes sociaux» qui doivent édifier une «politique sociale» non pas «vers les pauvres» mais «avec les pauvres».

    S’appuyant sur la parabole du Bon Samaritain, le pape estime par conséquent «inacceptable» que des chrétiens fassent «prévaloir certaines préférences politiques» qui n’iraient pas dans ce sens car «la dignité inaliénable de chaque personne» surpasse «son origine, sa couleur, sa religion» et institue «la loi suprême de l’amour fraternelle». Le pape parle même de «mystique de la fraternité» qui a pour finalité la «fête de la fraternité universelle».

    François insiste en particulier - et de façon nouvelle - sur trois points précis:

    Sur les frontières tout d’abord. Les «limites et les frontières des Etats ne peuvent pas s’opposer» à l’arrivée d’un migrant car il n’est pas un «usurpateur». Ainsi «personne ne peut être exclu, peu importe où il soit né» puisque «chaque pays est également celui de l’étranger». Il est donc «important d’appliquer aux migrants arrivés depuis quelque temps et intégrés à la société le concept de ‘citoyenneté’» et «renoncer à l’usage discriminatoire du terme ‘minorités’». En effet, «les migrants, si on les aide à s’intégrer, sont une bénédiction, une richesse, un don qui invitent une société à grandir».

    Sur la «propriété privée» ensuite, François rappelle qu’elle n’est pas exclusive mais elle est «secondaire» et donc relative à sa «fonction sociale» d’aider les plus pauvres. Il y a une «subordination de toute propriété privée à la destination universelle des biens de la terre et par conséquent, le droit de tous à leur utilisation».

    Troisième nouveauté, déjà évoquée dans des discours mais confirmée dans cette encyclique, la notion de «guerre juste». Elle n’est plus pensable et François demande de transformer les budgets d’armement, en un «fond mondial» de lutte contre la faim. «Nous ne pouvons plus penser à la guerre comme une solution, du fait que les risques seront probablement toujours plus grands que l’utilité hypothétique qu’on lui attribue. Face à cette réalité, il est très difficile aujourd’hui de défendre les critères rationnels, mûris en d’autres temps, pour parler d’une possible guerre juste. Jamais plus la guerre». Ce qui suppose «l’impératif» de «l’élimination totale des armes nucléaires» au titre d’un «objectif ultime».

    Une encyclique inspirée par le grand imam du Caire

    Autre originalité de cette encyclique - dans la tradition catholique, une encyclique synthétise l’enseignement d’un pape sur une question précise, ici le social et le politique - elle a été inspirée par la pandémie mondiale du Covid-19 mais aussi, révèle François, par le grand imam du Caire, Ahmad Al-Tayyeb, cité à cinq reprises au fil des 270 pages. Ils avaient rédigé ensemble un appel commun, à Abou Dhabi (Emirats Arabes Unis) en février 2019 qui est reproduit à la fin du texte. Dans ce cadre, le pape remet d’ailleurs en cause la «violence fondamentaliste» dans «l’une ou l’autre religion» sans accuser l’islamisme.

    C’est sur le tombeau de Saint François, à Assise, apôtre de la pauvreté sous lequel François a placé son pontificat lors de son élection le 13 mars 2013, que le pape a signé symboliquement cette troisième encyclique, samedi 3 octobre dans l’après-midi. La précédente encyclique de François, «Laudato Si» a été publiée il y a cinq ans, elle portait sur l’écologie. »

    Ref. L’encyclique très politique du Pape sur la «fraternité»

    JPSC

  • Espagne : les jeunes se détournent massivement de la foi catholique

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    De Xavier Le Normand sur le site du journal la Croix :

    Les jeunes espagnols se détournent de plus en plus de la foi

    Les faits 

    Selon une étude parue mercredi 30 septembre, de plus en plus de jeunes espagnols se désintéressent de l’enseignement religieux à l’école. De même, ils sont bien plus nombreux que leurs aînés à se déclarer athées ou agnostiques.

    01/10/2020

    Aux termes des accords signés en 1979 entre le Saint-Siège et l’Espagne, tout juste sortie de la dictature franquiste, les écoles du pays doivent obligatoirement offrir aux élèves la possibilité de suivre un enseignement religieux dans leurs locaux. La sélection des professeurs et de la définition des programmes sont assurées par les évêques. Quant aux élèves, ils doivent impérativement choisir entre cette matière – qui est notée comme les autres – ou un autre enseignement.

    Mais, cet équilibre très favorable à l’Église catholique est actuellement remis en cause par la majorité de gauche au pouvoir, qui voudrait rendre cet enseignement totalement facultatif. Âprement défendu par l’épiscopat, cet enseignement intéresse cependant de moins en moins les jeunes espagnols.

    Selon un rapport de la fondation catalane Ferrer i Guàrdia présenté mercredi 30 septembre à la presse locale, 36 % des élèves du primaire et 42 % des élèves du secondaire ont choisi pour l’année scolaire 2017-2018 (les derniers chiffres disponibles) un enseignement alternatif, des chiffres en augmentation. Au total, le nombre des élèves qui ont suivi l’enseignement de religion entre 2013-2014 et 2017-2018 a connu une baisse de 8 %.

    La pratique divisée par deux en 15 ans

    Pourtant, l’Église catholique ne ménage pas ses efforts en recrutant toujours plus de professeurs de religion, dont le nombre a augmenté de plus d’un tiers sur la même période. Ainsi, pour l’année scolaire 2013-2014 il y avait 7,3 professeurs de religion pour mille élèves, contre 10,6 pour l’année 2017-2018. Ces enseignants étant payés par l’État pour les établissements publics ou sous-contrat, il y a fort à parier que ces chiffres devraient renforcer les arguments du camp gouvernemental.

    Ce désintéressement des jeunes pour l’enseignement religieux se manifeste également dans le rapport des Espagnols à la foi : plus ils sont jeunes, plus ils sont susceptibles de se déclarer non-croyant. Plus de la moitié des 18 à 24 ans se déclare athée ou agnostique, quand seulement 10 % des plus de 65 ans déclarent n’avoir pas de religion. Ainsi, en 15 ans, le nombre de catholiques pratiquants a été divisé de moitié.

    Pour l’Église catholique, cet éloignement de la foi a des conséquences très concrètes puisque les Espagnols peuvent choisir de lui verser une partie de leur impôt sur le revenu. Ils étaient ainsi 37 % à le faire en 1998, contre seulement 12 % en 2016. Une baisse importante, qui a toutefois permis de recueillir cette année-là pas moins de 232,7 millions d’euros.

  • Accord avec la Chine : le Vatican manipule les faits

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    De Riccardo Cascioli sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Chine, le Vatican manipule les faits

    1-10-2020

    Le Saint-Siège a décidé de proposer l'extension de l'accord sur la nomination des évêques et a confié à Andrea Tornielli la tâche d'en expliquer les raisons. Mais pour soutenir la positivité de l'accord, Tornielli décrit une réalité chinoise qui n'existe que dans l'imagination de ceux qui veulent cet accord à tout prix.

    Il était clair depuis un certain temps que le Saint-Siège avait l'intention de prolonger l'accord avec la Chine pour la nomination des évêques, qui devait expirer en octobre. Mais l'autre soir, nous en avons eu la confirmation officieuse avec un éditorial paru dans Vatican News sous la plume d'Andrea Tornielli, directeur de la rédaction du département des communications du Saint-Siège, qui a toujours été très proche du pape François.

    Oublions le fait que l'annonce a été faite quelques heures après l'arrivée à Rome du secrétaire d'État américain Mike Pompeo - ce qui lui donne une connotation clairement politique et polémique avec la critique américaine du dialogue du Vatican avec la Chine -, attardons-nous plutôt sur le contenu de l'article qui, pour la première fois, explicite les raisons du Saint-Siège pour continuer sur la voie empruntée.

    L'essentiel du discours est le suivant : l'accord provisoire sur la nomination des évêques aurait peut-être pu produire davantage de fruits, mais des mesures positives ont néanmoins été prises (malgré dix mois de blocage dans l'affaire Covid-19) et il est donc juste de poursuivre dans cette voie. Un discours simple, linéaire et cohérent. Il est dommage que pour obtenir une telle conclusion logique, Tornielli ait modifié les cartes sur la table, et aussi la table elle-même.

    Voyons les différents passages. Tornielli souligne que l'accord en question a "toujours été véritablement pastoral", c'est-à-dire qu'il concerne exclusivement la nomination des évêques : donc pas politique, pas diplomatique et ne concernant même pas "les relations entre le clergé et les autorités du pays". En réalité, l'accord se limite aux procédures de nomination des évêques ; personne ne l'a jamais contesté : ne serait-ce que parce que personne ne connaît le contenu de l'accord (scandaleusement encore tenu secret) et qu'il relève donc des déclarations des parties. Mais cela dit, comment peut-on penser que la nomination des évêques peut être totalement isolée de la condition de l'Église - et donc des catholiques - en Chine ? De ce point de vue, la situation a énormément empiré, la répression est devenue plus intense, contre les gens, contre les lieux de culte et contre tout symbole chrétien.

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  • Louis IX (saint Louis) était-il antisémite ?

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    Du site de l'hebdomadaire "la Vie" :

    Saint Louis était-il antisémite ?

    Encore récemment, Saint Louis a été désigné comme une figure controversée, notamment du fait de sa politique au XIIIe siècle envers les juifs. Explications avec Juliette Sibon, maître de conférences d'histoire médiévale à l'université d'Albi, spécialiste d’histoire économique et socioculturelle des juifs en Provence et en Péninsule ibérique au bas Moyen Âge.

    Interview Sixtine Chartier

    29/09/2020

    Peut-on dire que Saint Louis était antisémite ?

    L’antisémitisme est un concept récent qui ne s’applique pas forcément à Saint Louis. On peut le qualifier plutôt d’anti-juif, c’est-à-dire développant une forme d’hostilité envers les juifs essentiellement fondée sur des motifs religieux. Comme tout chrétien, il a été élevé dans l’anti-judaïsme, qui participait de sa foi et de sa piété de « roi très chrétien ». Il a reçu une éducation assez rudimentaire de ce point de vue. Ce n’était pas un intellectuel ou un monarque éclairé, contrairement à d’autres rois de son temps. À plusieurs moments de son règne, Louis IX a effectivement pris des mesures en direction des juifs. De ce point de vue, il n’est pas en rupture avec ses prédécesseurs. Avant lui, Philippe Auguste avait expulsé les juifs de son domaine royal. Ce n’est pas le cas de Louis IX qui a pris des mesures qui peuvent pour certaines d’entre elles paraître « intégratrices », même si ce terme n’a pas de sens au Moyen Âge puisqu’on est dans une société par nature discriminante. Il s’agissait d’essayer de contrôler leurs activés économiques, de les détourner du commerce, du prêt d’argent. Ces mesures s’inscrivaient dans une politique de roi chrétien, dans un contexte de centralisation du royaume de France au XIIIe siècle.

    « Comment se fait-il que dans l'hémicycle au Sénat on ait une statue du prétendu Saint Louis, que nous appelons Louis IX, lui qui a inventé le port d'un signe distinctif  pour les juifs et brûlé des Torah ? Déboulonnons ! », s’est insurgé Jean-Luc Mélenchon le 21 septembre dernier lors du lancement de l’institut La Boétie. Est-ce juste d’un point de vue historique ?

    Ce que dit Jean-Luc Mélenchon est faux. Ce sont des contrevérités historiques. Louis IX n’a pas inventé le signe distinctif pour les juifs, la rouelle. C’est une création de la papauté. En 1215, sous le pape Innocent III, le canon 68 du concile de Latran IV instaure l’obligation pour « les juifs et les sarrasins » de porter un signe distinctif, le signum en latin, sans précision sur la forme de ce signe. La finalité de cette mesure est d’éviter les unions mixtes. Après le concile, Innocent III indique dans des lettres envoyées aux évêques que cette mesure ne doit pas mettre les juifs en danger. Dans les décennies suivantes, la mesure est reprise dans les conciles provinciaux un peu partout en Occident en précisant un peu la forme que devra prendre ce signum : un chapeau pointu ici, une pièce de tissu circulaire (la rouelle) là... En 1258, le pape Alexandre III envoie une lettre à Louis IX pour lui demander pourquoi cette mesure n’est pas appliquée dans le royaume de France. Ce n’est qu’en 1269, à la fin de son règne, que la mesure est instaurée dans le royaume.

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  • Flor Peeters : un intellectuel catholique belge dans l'enfer nazi

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    De Paul Vaute sur le Passé Belge :

    Un intellectuel catholique dans l’enfer nazi

    Les écrits de Flor Peeters dénonçant les systèmes totalitaires l’ont conduit à Sachsenhausen. Il y a été témoin et victime du régime inhumain des camps ainsi que des collusions entre prisonniers communistes et autorités SS. Sa foi lui a permis de surmonter l’épreuve. Elle a continué de guider son action après la guerre (1941-1945)

      « Florent, je ne souhaite qu’une chose: fais ton devoir! » Ainsi parla sa femme ce jour de septembre 1941 où sept gestapistes armés firent irruption chez lui, à Duffel, pour l’arrêter. Les époux n’allaient plus se revoir avant la fin de la guerre. Pour Flor Peeters (1909-1989), alors enseignant en langues anciennes, plus tard professeur à l’Université de Gand, la grande épreuve allait s’appeler Oranienburg-Sachsenhausen, un des premiers camps de concentration, ouvert dès 1933. Au retour, ce survivant de l’enfer, qui devait en porter à tout jamais les séquelles, fournit un témoignage poignant et réfléchi dans une série de 122 articles publiés d’abord par le quotidien Het Volk, de juillet à décembre 1945, puis réunis en un livre l’année suivante. Une nouvelle vie éditoriale vient d’être conférée à celui-ci [1].

      Ancien élève des jésuites de Turnhout puis étudiant de l’Université catholique de Louvain, docteur en philologie classique et en philosophie, également candidat en droit, celui qui s’était engagé dans les Jeunesses ouvrières du futur cardinal Cardijn dut à son opposition radicale aux totalitarismes d’avoir été déporté. Ce rejet s’était exprimé notamment, en 1937, dans un ouvrage au titre des plus explicites: Het bruine bolsjevisme. Over de christenvervolging in het Derde Rijk (Le bolchevisme brun. Sur la persécution des chrétiens dans le Troisième Reich). En langage vulgaire, on dira qu’il était « brûlé » .   

    Flor Peeters chez lui vers 1950. (Source: archives familiales, dans n. 1, « Verantwoording » )

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  • Déferlante de discours haineux à l'encontre des Grecs, des Arméniens et des Syriens dans la presse turque

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    Une dépêche de l'Agence Fides :

    ASIE/TURQUIE - Déferlement de discours haineux dans la presse turque, en particulier à l'encontre des grecs, des arméniens et des syriens

    28 septembre 2020

    Istanbul (Agence Fides) – En 2019 également, les moyens de communication turcs, sur papier et numériques, ont été porteurs d'un grand nombre de discours haineux – Hate Speech en anglais – à savoir d'interventions dénigrant et incitant au mépris de personnes ou groupes humains identifiés sur une base nationale, ethnique ou religieuse. C'est ce qui ressort du rapport produit annuellement à ce propos en Turquie par la Fondation Hrant Dink, ayant son siège à Istanbul.

    La Fondation, qui porte le nom d'un journaliste turc d'origine arménienne assassiné en 2007, conduit depuis 2009 des enquêtes sur les expressions de haine religieuse et de racisme qui apparaissent dans les moyens de communication turcs. Selon le compte-rendu cité par Agos, revue bilingue turc-arménien publiée à Istanbul, le rapport de la Fondation Hrant Dink relatif à l'année 2019 et basé sur la surveillance de 500 titres nationaux, régionaux et numériques, a enregistré une moyenne de 19 articles par jour contenant des discours dénigrants envers des groupes ou des personnes. Les insultes et les incitations à la haine à base ethnique ou religieuse apparues dans la presse turque au cours de l'année 2019 ont pris pour cible 80 ethnies ou communautés religieuses différentes. Les expressions injurieuses diffusées par les moyens de communication turcs, selon ce que démontre le rapport de la Fondation Hrant Dink, ont concerné de manière particulièrement fréquente et avec un acharnement particulier les arméniens, les syriens et les grecs. (GV) (Agence Fides 28/09/2020)