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L’Esprit des Lettres de juin 2022 : P. François Euvé, René Écochard, P. François Potez
01/07/2022
Jean-Marie Guénois a choisi pour vous des lectures de vacances plus exigeantes que beaucoup de ses confrères. Mais l’été n’est-il pas l’occasion de méditer sur l’essentiel ? Le père François Euvé, aiguillonné par des publications récentes proposant des preuves de l’existence de Dieu, enrichit le débat, de sa plume alerte (La science, l’épreuve de Dieu? chez Salvator). René Écochard fait un remarquable travail de compilation des découvertes et savoirs sur la différence homme-femme, aujourd’hui souvent relativisée. Il nous offre Homme, femme... ce que nous disent les neurosciences chez Artège. Enfin, le père François Potez, dans « La grave allégresse » - être prêtre aujourd’hui, chez Mame, délivre une réflexion sur le sacerdoce fondée sur des années de ministère et d’accompagnement. UNE COPRODUCTION KTO-JDS-LA PROC.
« Ne plus enseigner le latin et le grec, c’est nous couper de nos racines culturelles »
Le Figaro. — Seuls 535 candidats (sur plus de 380 000) ont présenté la spécialité « littérature, langues et cultures de l’antiquité - Latin » au bac 2022, et 237 en « littérature, langues et cultures de l’antiquité - Grec ancien ». Et seuls 3 % des lycéens ont suivi l’option latin en 2021-2022. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Andrea MARCOLONGO. — Je suis bouleversée par ces chiffres et réellement préoccupée. On parle désormais d’une toute petite minorité qui étudie le grec et le latin en France. Je le dis d’abord en tant qu’helléniste, mais aussi en tant qu’italienne, pays où les chiffres sont tout de même différents. Pour moi, c’est très grave. Si on laisse les choses se dérouler ainsi, dans quelques années, il n’y aura plus d’élèves ou d’étudiants français qui suivront des cours de langues anciennes.
— Quelles en sont les raisons ?
— Cette situation nous la devons d’abord à un conformisme de la classe politique et intellectuelle. On ne peut pas reprocher aux élèves et étudiants français de ne pas faire du latin et du grec car ces langues, et les références à ces langues, ont entièrement disparu du débat public. Lors de la dernière campagne électorale, je ne me rappelle pas en avoir entendu parler. Par ailleurs, depuis une dizaine d’années, on a commencé à juger la culture avec un paramètre d’utilité. On a pensé que ces langues n’étaient plus utiles et que le but de l’école était de former des travailleurs. Dans cette perspective, l’enseignement du grec et du latin était inefficient. Il n’y a même pas de débat intellectuel à ce sujet. Le conformisme à l’état pur, c’est de dire que l’on passe à autre chose et que ce n’est pas important.
— La paresse intellectuelle est-elle l’une des raisons de ce déclin ?
— Oui, c’est une paresse intellectuelle généralisée. Cela ne concerne pas que les élèves.
— Il est très rare de voir quelqu’un, issu de la classe politique ou intellectuelle, parler de L’Odyssée, de L’Iliade, d’Homère, des classiques ou des humanités. Les jeunes élèves de 14 ans ne se mettront pas au latin ou au grec seuls. Il faut assumer une responsabilité et pour moi elle est très claire : c’est d’abord celle de la classe politique et intellectuelle.
— Cette baisse de l’enseignement des langues anciennes en France fait écho à la décision de l’université de Princeton en avril 2021 de supprimer de son cursus de lettres classiques l’obligation d’un enseignement du latin et du grec. Les langues anciennes sont-elles rejetées par l’occident ?
— Il faut même parler ici de renoncement intellectuel. Ce n’est plus une remise en cause ou un rejet, c’est un effacement. Pourtant, les classiques servent à réfléchir. Italo Calvino disait que l’enseignement classique est fait pour se définir en rapport, être pour ou contre. Il faut toujours remettre en cause, la discussion avec l’enseignement classique est essentielle, mais pour cela il faut qu’il existe… Sinon, le risque est celui d’un véritable monologue intellectuel. «Je ne suis pas d’accord avec cela, donc la seule solution est d’effacer et supprimer» : c’est très grave de fonctionner comme cela. On forme une génération habituée au monologue et non pas au dialogue. Pour apprendre le dialogue avec l’autre, il faut connaître, et les classiques servent à cela.
Dans le cadre de la programmation spéciale autour de la venue du pape François au Congo et au Soudan du sud, Régis Burnet réunit deux experts de l’Eglise en Afrique pour évoquer non seulement l’histoire de l’évangélisation mais aussi ses enjeux aujourd’hui. L’annulation, ou plutôt le report du voyage du Pape, n’empêche pas KTO de proposer cette fois ci, pour les francophones d’Europe mais aussi pour les centaines de milliers d’Africains qui attendent avec beaucoup d’espoir cette visite, ce complément à notre programmation. Le bibliste Régis Burnet reçoit Jean Pirotte et Mathieu Zana.
« Au milieu de chants, d'applaudissements et de danses sur de la musique congolaise traditionnelle, le pape François a célébré ce dimanche l'utilisation au Zaïre de la forme ordinaire du rite romain dans la basilique Saint-Pierre.
Le pape a commencé son homélie le 3 juillet par le mot esengo , qui signifie « joie » en lingala, le créole d'origine bantoue parlé dans certaines parties de la République démocratique du Congo et par plus de 40 millions de locuteurs à travers l'Afrique centrale.
Le pape François a célébré la messe pour la communauté congolaise de Rome le jour où il devait offrir la messe à Kinshasa avant que son voyage en Afrique ne soit annulé à la demande de ses médecins.
Le pape, dont la mobilité a été limitée en raison d'une blessure au genou, est resté assis tout au long de la messe. François a présidé la liturgie de la Parole et a prononcé l'homélie. Mgr Richard Gallagher a offert la Liturgie de l'Eucharistie.
"Aujourd'hui, chers frères et sœurs, prions pour la paix et la réconciliation dans votre patrie, dans la République démocratique du Congo blessée et exploitée", a déclaré le pape François.
« Nous nous joignons aux messes célébrées dans le pays selon cette intention et prions pour que les chrétiens soient des témoins de paix, capables de surmonter tout sentiment de ressentiment, tout sentiment de vengeance, de surmonter la tentation que la réconciliation n'est pas possible, tout attachement malsain à leur propre groupe qui conduit à mépriser les autres.
Le pape a souligné que le Seigneur appelle tous les chrétiens à être des "ambassadeurs de la paix".
La République démocratique du Congo a connu une vague de violence ces dernières années. On pense que des dizaines de groupes armés opèrent dans la région orientale de la RD Congo malgré la présence de plus de 16 000 casques bleus de l'ONU. Les évêques catholiques locaux ont appelé à plusieurs reprises à la fin de l'effusion de sang.
"Frère, soeur, la paix commence par nous", a déclaré le pape François.
"Si vous vivez dans sa paix, Jésus arrive, et votre famille, votre société change. Ils changent si votre cœur n'est pas en guerre en premier lieu ; il n'est pas armé de ressentiment et de colère ; il n'est pas divisé ; il n'est pas double ; ce n'est pas faux. Mettre la paix et l'ordre dans son cœur, désamorcer la cupidité, éteindre la haine et le ressentiment, fuir la corruption, fuir la tricherie et la ruse : c'est là que commence la paix.
La paix devait être un thème clé du voyage annulé du Pape en Afrique. Le pape François prévoyait de passer du 2 au 5 juillet dans les villes congolaises de Kinshasa et Goma et du 5 au 7 juillet dans la capitale sud-soudanaise Juba.
Après que le Vatican a annoncé que le voyage était reporté en raison du traitement médical en cours pour la douleur au genou du pape, le pape Franics a déclaré le 13 juin : « Nous amènerons Kinshasa à Saint-Pierre, et là nous célébrerons avec tous les Congolais à Rome, il y en a beaucoup. »
Environ 2 000 personnes étaient présentes à la messe inculturée dans la basilique Saint-Pierre le premier dimanche de juillet.
Des femmes vêtues de robes traditionnelles aux couleurs vives ont chanté et dansé en priant le Gloria. Les gens ont applaudi et crié alors que l'archevêque Gallagher encensait l'autel principal.
Les cadeaux ont été apportés à l'autel dans une procession dansante. Les sœurs religieuses sur les bancs se sont déplacées d'un côté à l'autre au rythme de la musique.
A la fin de la messe, le pape François a salué quelques membres de la communauté congolaise locale depuis son fauteuil roulant.
« Que le Seigneur nous aide à être missionnaires aujourd'hui, en compagnie de frère et sœur ; ayant sur ses lèvres la paix et la proximité de Dieu ; portant dans le cœur la douceur et la bonté de Jésus, l'Agneau qui enlève les péchés du monde », a déclaré le Pape.
L'utilisation au Zaïre de la forme ordinaire du rite romain est une messe inculturée formellement approuvée en 1988 pour les diocèses de ce qui était alors connu sous le nom de République du Zaïre, aujourd'hui République démocratique du Congo.
Seule célébration eucharistique inculturée approuvée après le Concile Vatican II, elle s'est développée suite à un appel à l'adaptation de la liturgie dans Sacrosanctum Concilium , Constitution de Vatican II sur la Sainte Liturgie.
Dans un message vidéo en 2020, le pape François a déclaré : "L'expérience du rite congolais de la célébration de la messe peut servir d'exemple et de modèle pour d'autres cultures".
Très bien. Ayant vécu et participé à bien des messes au Congo, je comprends la signification du rite « zaïrois », forme locale du rite romain qui comporte, avec l’usage abondant des encensoirs, des gestes processionnaux sacralisés en cadence, l’invocation eschatologique des ancêtres basantu, l’aspersion d'eau bénite, la préparation pénitentielle et le rite de paix (réconciliation) placés à la fin de la messe des catéchumènes, juste avant l'offertoire et, autre caractéristique de la foi d’un monde spontané, un dialogue vigoureux de la parole entre célébrants et fidèles, comme au temps de saint Augustin en Afrique du Nord…et sans oublier les chants latins restés populaires dans la culture héritée des missionnaires (voir ici les gamins devant la cathédrale Notre-Dame de la Paix à Bukavu :)
Mais alors je ne comprends pas pourquoi le pape actuel refuse d’accepter dans nos régions des formes rituelles issues de la tradition qui font partie du patrimoine tridentin occidental : a fortiori lorsqu’on ne lui conteste nullement la légitimité, en soi, du missel conciliaire de 1970. La querelle obstinée que soulève à cet égard le pape François -là où, c'est un fait, son prédécesseur ne voyait aucune difficulté à l’idée à faire coexister deux formes du rite- me semble un mystère…
Christophe Dickès, Saint Pierre. Le mystère et l’évidence
Pierre, le disciple pardonné
Il est le plus humain, le plus proche de nous, avec ses insuffisances, ses manques, ses erreurs, ses hésitations, ses lâchetés ; il a défendu le Christ l’épée à la main et, quelques heures après, il l’a renié. Pardonné, il devint le chef de l’Eglise qu’il lui avait confiée. Le premier des papes. C’est pour toutes ces raisons que Saint Pierre nous touche tant, qu’il est le plus connu des Apôtres.
La très belle biographie écrite par Christophe Dickès, grand spécialiste de la papauté, s’intéresse à tous les aspects du personnage. Dans une démarche historique respectueuse de la foi, il décrit l’environnement dans lequel est né et a évolué le pêcheur, sa maison et sa famille, son métier, sa place au sein d’une sorte de classe moyenne, ce qui nous plonge dans les réalités de la société juive du temps de Jésus.
Tout au long du récit, on prend conscience du rôle et de la place que Simon, devenu Pierre, occupe dans l’entourage du Christ, notamment lors d’épisodes fameux comme la tempête ou la marche sur les eaux. On voit bien la manière dont il s’impose au sein du groupe, devenant un « porte-parole des disciples », celui qui entretient « un rapport privilégié et particulier avec le Maître ».
Choisi par le Christ pour conduire l’Eglise, il devient « la base et le fondement de la communauté nouvelle et reçoit un pouvoir qu’il pourra exercer en l’absence du Seigneur ». Dans des pages non dénuées d’émotion, Christophe Dickès revient sur l’épisode du reniement. Moment de peur d’un homme « qui n’a pas les épaules pour faire face », mais, rappelle l’auteur, qui ne renie pas la divinité de Jésus mais simplement affirme ne pas le connaître.
Puis vint la résurrection. Là encore Christophe Dickès rappelle que le Christ est apparu en premier à Pierre, « parce qu’il était le chef de tous » et parce qu’il « était nécessaire de le consoler après son reniement. » A partir de là, la biographie décrit en détails le ministère pétrinien, les premiers déchirements de l’Eglise, l’apostolat, Rome et la mort.
Mais l’histoire ne s’arrêta pas là. L’auteur se penche donc sur la place de Pierre dans le christianisme primitif, dans l’art et la littérature et, bien sûr, dans ce phénomène de longue haleine qui imposa la primauté de siège romain sur les autres. Tout cela est passionnant et le lecteur apprendra énormément grâce à cette biographie claire et accessible, nourrie aux meilleures sources.
Christophe Dickès, Saint Pierre. Le mystère et l’évidence, Perrin, octobre 2021, 378 p. — 24,00 €.
Nayla Tabbara, Zeina El-Tibi et Asma Lamrabet constatent la stagnation et le déclin de la condition féminine en Islam, mais elles refusent d’en imputer la responsabilité aux textes fondamentaux de cette religion.
HOMME ET FEMME : MÊMES DROITS, MÊMES DEVOIRS ?
N. Tabbara : « Si l’on prend la peine de revenir aux sources de l’islam, on constate que le Coran s’adresse aussi aux femmes à une époque et dans un contexte où elles avaient rarement une voix » (L’islam pensé par une femme, Bayard, 2018, p. 88). L’auteur cite un verset coranique où Dieu parle « aux croyants et aux croyantes » en énumérant les pratiques vertueuses qui vaudront à chacun « un pardon et une récompense sans limites » (33, 35). Sur ce plan, il y a effectivement égalité entre hommes et femmes, les uns et les autres étant appelés à « gagner » le paradis (cf. aussi Coran 4, 124 ; 9, 72 ; 16, 97).
Le 17 octobre 1985, s’adressant aux Membres de la Congrégation pour le Culte divin, le pape Jean-Paul II déclarait : « La liturgie ! Tout le monde en parle, écrit, ou discute à ce sujet. On la commente, on la loue, on la critique. Mais qui en connaît vraiment les principes et les normes d’application ? La Constitution Sacrosanctum Concilium désignait la liturgie comme la source et le sommet de la vie de l’Église (cf. n.10) : que fait-on pour que cette définition sublime passe dans la réalité ? »
Aujourd’hui, la liturgie demeure l’occasion de nombreux débats et plus de cinquante ans après Vatican II, on remarque que dans un certain nombre d’églises, « quelque chose ne va pas ». Alors que l’Église demande aux fidèles et, en premier lieu, aux prêtres, de s’en tenir exclusivement aux livres liturgiques officiels pour célébrer les Offices, on constate qu’il existe autant de façons de traiter la liturgie qu’il y a de célébrants et de groupes de fidèles. Remettre de l’ordre dans la façon de traiter le Culte divin n’est pas tâche facile : il suffit, en effet, de demander aux pratiquants ce qu’est la liturgie pour voir que les réponses sont multiples, généralement très incomplètes, souvent contradictoires. À force de méconnaître le concile Vatican II et d’en outrepasser les directives, tout le monde s’autorise aujourd’hui à parler, à revendiquer, à exprimer ses opinions... Mais combien écoutent ce que dit l’Église au sujet de « sa » liturgie ? Combien de fidèles se l’approprient ?
Le travail présenté ici se propose d’aider toutes les personnes qui s’intéressent à la liturgie, qu’elles soient pratiquantes ou non, catholiques on non, à retrouver les repères essentiels qui font qu’une messe est incontestablement une messe et non un Office imprégné d’un subjectivisme ou d’un sentimentalisme sans rapport avec la célébration de la foi.
Pour les fêter dignement, ainsi que le 5ᵉ anniversaire* de Philo à Bruxelles, nous avons décidé de vous faire bénéficier gratuitement du replay de la dernière conférence de Stéphane Mercier sur le thème
« Tempéraments et péchés capitaux »
Retrouvez-la dès maintenant en ligne sur la page d’accueil du site internet Philo à Bruxelles :
Notre « exploration » des péchés capitaux et de leur histoire commence dans le désert, là où s’est élaborée notre septénaire des vices. Nous pouvons ainsi prendre la mesure de la pertinence à la fois psychologique, philosophique et théologique de l’analyse proposée par les reclus à l’intention de ceux qui, comme nous, sont dans le monde (bien qu’essayant, autant que possible, de ne pas en être…).
Cependant, dans le désert comme dans le monde, chaque homme jouit de ses propres ressources et souffre de ses faiblesses particulières, liées à l'essence de sa personnalité.
Quelques considérations sur les formes principales du tempérament humain : colérique, mélancolique, sanguin et flegmatique, nous permettront de peut-être mieux nous connaître et comprendre où faire porter nos efforts en tenant compte des dispositions propres de notre caractère.
Quand ?
Vous pouvez écouter gratuitement cette conférence pendant toutes les vacances.
Et même dès maintenant grâce à un simple clic !
Où ?
Chez vous, sur votre lieu de villégiature, en route, derrière le volant, dans le train ou pourquoi pas sur la plage ou dans un verger…
La dernière conférence n’ayant pas pu être diffusée en direct et parce que nous savons combien vous apprécierez cette conférence sur le thème « Tempéraments et péchés capitaux », nous avons décidé de vous offrir un accès à cette dernière vidéo de Stéphane Mercier, pendant toutes les vacances de cet été 2022.
Toutes les autres vidéos – déjà plus de 40 ! – sont également accessibles sur cette page. Il vous suffit de souscrire un abonnement grâce à des tarifs à la portée de toutes les bourses.
Toute l’équipe de Philo à Bruxelles vous dit MERCI pour votre soutien et vous souhaite une bonne écoute !
Plus d’informations
* 5 ans… Oui, il y a cinq ans déjà que nous nous sommes lancés dans l’aventure de Philo à Bruxelles.
Bruges en musiques (accessible du 19 juin au 23 septembre)
Avec pour étape majeure l’hôpital Saint-Jean, joyau du passé médiéval de Bruges, une promenade artistique et musicale dans huit siècles d’histoire de la cité flamande. Avec des extraits d'oeuvres de Guillaume Dufay, Johannes Ockeghem, Josquin des Prés, Joseph Haydn et Arvo Pärt.
Reliée à la mer du Nord après un raz-de-marée au XIIe siècle, Bruges connaît au Moyen Âge un essor fulgurant. Commerçant avec l’Angleterre, les pays de la Baltique et le sud du continent, elle s’impose comme l’une des premières places financières, économiques et artistiques d’Europe. À la fin du Moyen Âge, les musiciens franco-flamands comme Guillaume Dufay, Johannes Ockeghem ou Josquin des Prés y accourent. Au XVe siècle, les ducs de Bourgogne s’emparent de la Flandre, et Bruges connaît son âge d’or. À la Renaissance, elle passe sous la tutelle des Habsbourg. L'atmosphère devient espagnole, les palais résonnent des polyphonies de Francisco Guerrero et Tomas Luis de Victoria, dont la musique religieuse accompagne les processions. Lorsque la branche espagnole de la famille s'éteint à la fin du XVIIe siècle, les Habsbourg d'Autriche en deviennent les nouveaux maîtres. Bientôt, le classicisme viennois de Joseph Haydn résonne en terres flamandes. Mais, privée de son accès à la mer par l’ensablement de ses canaux, la Venise du Nord va peu à peu se transformer en belle endormie. Ce sommeil paisible lui a permis de conserver l’un des plus beaux patrimoines architecturaux d’Europe.
Cœur battant
Après Le King’s College en musiques et Le Louvre en musiques, Christophe Maillet et Gérard Pangon font de l’hôpital Saint-Jean, fondé en 1150 et devenu musée, le cœur battant de la promenade artistique et musicale qu’ils consacrent à Bruges, l’une des villes belges les plus visitées. Illustré par un choix d’œuvres de compositeurs du XVe siècle à nos jours, de Johannes Ockeghem à Arvo Pärt, le documentaire est rythmé par un concert du quatuor à cordes Kitgut Quartet, exécuté dans la chapelle du plus ancien hôpital de l'époque médiévale en Europe, où trône le Retable des deux saints Jean, chef-d’œuvre du primitif flamand Hans Memling.
Mathieu Bock-Côté, 17 juin 2022, à Bruxelles (le lieu de conférence a dû être déplacé à la dernière minute à la « suite de pressions exercées par des personnes opposées au pluralisme démocratique.» (video ci-dessous; commencer à la quatrième minute)
L'introduction du Dossier explique pourquoi, en pleine guerre en Europe, le magazine s'intéresse à la Chine. Le fait est, explique-t-on, qu'"à l'intérieur de ses frontières, le contrôle de la population s'intensifie au point que ce pays sert de modèle pour son propre système de crédit social". Un système qui, aux yeux des Occidentaux, a révélé tout son intérêt lors de la gestion de la "crise sanitaire" de Covid-19.
Le Dossier publie la préface de l'édition française du rapport écrite par Philippe Maxence, directeur des Editions de L'Homme Nouveau.(1).
Suit l'article d'Odon de Cacqueray intitulé "Quelques applications du contrôle social" (pp. 20-21). Une directive de l'Union européenne exige que les véhicules nouvellement construits soient équipés d'une "boîte noire" permettant de recueillir des données en cas d'accident. Aux objectifs positifs s'ajoutent les objectifs négatifs : ces données pourront être consultées par les autorités et les compagnies d'assurance, de sorte que de la "boîte noire" à la surveillance de masse, le pas sera court. Le régime de surveillance de la population se manifeste, explique M. de Cacqueray, par les innombrables caméras que l'on trouve désormais partout, à l'intérieur ou à l'extérieur des bâtiments. La "reconnaissance faciale" peut également être utilisée pour le profilage et le fichage des personnes. Enfin, de Cacqueray parle du passeport santé. Ici, le contrôle du passeport santé et d'un code QR a été délégué à chaque citoyen. Vous finirez par perdre des points de crédit social si vous ne payez pas le stationnement de votre voiture, si vous ne rendez pas visite à vos parents âgés, si vous mangez dans le métro, si vous appartenez à une "secte hérétique", etc.
Vous savez peut-être que dans certaines églises du moyen âge, comme à la cathédrale de Chartres ou à celle de Cologne, un dallage représente un labyrinthe. C’est le signe du mystère de la foi et du chemin, parfois tortueux, qui nous mène à Dieu.
Ce matin, j’ai eu l’occasion d’inaugurer devant la porte de l’église de Cornillon un autre dallage mystérieux : il représente un grand cercle en pierre de sable, de 8 mètres de diamètre, avec une échancrure, comme un morceau de tarte, en pierre calcaire grise. Vous l’avez compris, il s’agit d’une évocation de la vision qu’avait sainte Julienne de Cornillon, avant de promouvoir la fête du saint sacrement. Elle voyait la lune à laquelle il manquait une fraction. Après de nombreuses années, elle comprit que cette vision signifiait l’Église à laquelle il manquait une fête, la fête du S.-Sacrement du corps et du sang du Christ. La vision représentait l’hostie à laquelle il manquait une fraction. L’hostie évoquait la célébration de l’eucharistie et la communion au corps du Christ. Désormais à Cornillon l’esplanade créée devant la porte de l’église entraîne aussi notre contemplation : contemplation de la façade de l’église, contemplation du site du monastère et de la ville de Liège, contemplation du Christ et de l’humanité, grâce à la prière ou la rencontre.
Ainsi, nous aussi comme sainte Julienne, nous sommes invités à contempler le Christ dans son humanité pour découvrir sa divinité. Le Christ partage sa vie, comme il a partagé le pain à la dernière Cène. Ce partage pourrait donner l’impression de faiblesse, car le Christ annonce le don de sa vie, la venue de sa passion, le corps brisé, le sang versé. Pourtant ce partage est une source de vie : comme le dit Jésus à la dernière Cène, « Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi en lui. … Comme je vis par le Père, celui qui me mange vivra par moi » (Jn 6).
Comme l’écrit le pape Urbain IV, « ce pain n’est pas de même nature que le pain commun. On le prend, mais on ne le consume pas ; on le mange, mais il n’en reçoit point d’altération ; car il ne se transforme pas en celui qui l’a mangé; mais, au contraire, si on l’a reçu dignement, il transforme celui qui l’a reçu et il le rend semblable à Lui ». Donc notre communion au corps du Christ nous transforme intérieurement et nous convertit. Comme dit le Lauda Sion, à la strophe 16, « Qu’un seul ou mille reçoivent ce pain, l’un y trouve autant que l’autre ; et, consommé, ce pain ne disparaît pas ».
Le pain partagé est donc le mystère d’un don sans mesure et d’une joie sans mesure ! C’est pourquoi sainte Julienne a eu l’inspiration qu’il fallait une fête pour célébrer ce corps et ce sang du Christ, partagé à toute l’humanité. Ce mystère visible de tous comme la lune est visible de tous au même moment sur toute la terre ! Et ce soir, n’oubliez pas de regardez le ciel, vous verrez la lune à laquelle il manque un morceau, car nous après la pleine lune du dimanche de la Trinité, deux mois après la pleine lune de Pâques, nous fêtons la fête du S. Sacrement, avec la lune à laquelle il manque une portion, une fraction, le pain rompu pour un monde nouveau.
Or ce fut la volonté de Jésus lui-même que de prolonger sa vie terrestre par un signe perpétuel. C’est le geste qu’il a fait à la dernière cène, comme nous le raconte saint Paul dans sa 1e lettre aux Corinthiens (1 Cor 11,23-26) : « Le Seigneur Jésus, la nuit même où il fut livré, prit du pain et rendant grâces, le rompit et dit : prenez et mangez, ceci est mon corps, qui sera livré pour vous ; faites ceci en mémoire de moi ». Donc Jésus, face à la souffrance et à la mort, partage le pain et le vin, en tant que son corps et son sang. Face à la fragilité de sa vie, à l’échec apparent de sa mission, face à la pauvreté des disciples qui vont se sentir abandonnés, Jésus ne baisse pas les bras, il ne tombe pas dans la déprime, encore moins dans la fuite. Il partage cette nourriture essentielle d’un repas, que sont le pain et le vin, en disant qu’ils sont son corps et son sang. Ils représentent une vie fragile, une vie qui va être enlevée. Mais ils représentent en même temps un partage de cette vie et une démultiplication de ses effets : « faites ceci en mémoire de moi ». Le corps et le sang du Christ, donnés en communion, nous associent aujourd’hui à sa vie, à sa mort et à sa résurrection. Notre pauvreté est dépassée, nous sommes rassasiés ; nous recevons une vie nouvelle, par notre communion à la pauvreté du Christ.
Dieu est dans ce partage de la pauvreté et nous communique sa divinité. Et c’est pourquoi, en abrégé, nous appelons « Fête-Dieu » la fête d’aujourd’hui. Nous la célébrons ici dans cette église du Saint-Sacrement d’une manière particulièrement solennelle, dans la forme ancienne du rite romain, parce qu’elle nous permet de garder la richesse de la liturgie ancienne, dans la beauté de ses gestes, ses mots et de ses chants, qui évoquent le mystère d’amour de Dieu qui se donne à nous.
Frères et Sœurs, dans la communion au Christ nous trouvons la vraie vie, et dans la communion à celui qui souffre, nous trouvons la vraie joie. Ainsi la communion au Christ débouche dans une communion en Église.
Alors recevons avec foi le corps du Christ qui nous est donné en communion et soyons des témoins de la vraie vie dans notre monde !