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Société - Page 6

  • Le Centre pour les droits reproductifs, nouveau partenaire de l’OMS

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    Du site de l'ECLJ (Louis-Marie Bonneau) :

    Le Centre pour les droits reproductifs, nouveau partenaire de l’OMS : les États divisés

    17 juin 2024

    Le Centre pour les droits reproductifs (Center for Reproductive Rights – CRR) est un lobby fondé en 1992 et dédié au contentieux juridique au sujet de l’avortement et de la contraception. Le CRR a ainsi intenté de nombreux procès dans des pays dotés de lois pro-vie. Le CRR affirme que son travail a conduit 1,7 milliard de personnes à vivre dans des pays dont les lois sont devenues plus favorables à l’avortement. Ce travail est financé par de nombreuses organisations, dont les Fondations Open SocietyFord et MacArthur. Melinda Gates a également annoncé, en mai 2024, vouloir subventionner à hauteur d’un milliard de dollars des organisations féministes, dont le CRR.

    Le CRR intervient également dans les organisations internationales ; il possède notamment le statut ECOSOC depuis 1997. Comme cela a déjà été démontré, le CRR a promu une approche radicale sur l’éducation sexuelle ou les questions de genre à l’occasion de contributions écrites adressées au Comité des droits de l’homme de l’ONU (CCPR) et au Comité des droits des femmes (CEDAW). Dans ces soumissions, le CRR ne cesse de répéter que l’avortement légal est nécessaire pour améliorer la santé maternelle. De nombreux chiffres prouvent le contraire, et même si cela était vrai, cela est au prix de la mort des enfants que ces femmes portent.

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  • Un message eucharistique en Amérique

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    De Kai Blanc sur le Tagespost :

    Un message eucharistique à l'Amérique

    Deux mois dans la chaleur de l'été avec Jésus en valent la peine si l'on considère le sens de l'adoration eucharistique.

    17 juin 2024

    Sans aucun doute, l’une des questions les plus fréquemment posées à nous, missionnaires, lors de notre voyage eucharistique à travers les États-Unis est : « Pourquoi vous faites-vous cela ? Pourquoi - parmi toutes les autres choses que vous pourriez faire cet été - vous portez-vous volontaire pour parcourir le pays chaque jour pendant deux mois, dans la chaleur ? » La réponse est facile : parce que nous passons jusqu'à dix heures par jour avec l' Eucharistie et donc Jésus a permis de s'approcher très près. Et parce que nous avons le privilège d’inviter des centaines, voire des milliers, chaque jour à connaître Jésus d’une toute nouvelle manière.

    Au cours de la troisième semaine du pèlerinage eucharistique, nous traversons principalement des zones rurales. Nous nous sommes arrêtés à Rochester, la ville épiscopale du célèbre YouTuber Robert Barron . Il dirige le diocèse depuis 2022. Nous avons également traversé le Mississippi du Minnesota au Wisconsin. Les trois groupes de pèlerins des autres routes de pèlerinage ont déjà traversé plusieurs États, alors que nous avons passé tout notre temps au Minnesota sur la route du nord. Il était désormais temps pour nous aussi de faire quelque chose de nouveau.

    Beaucoup de gens redécouvrent leur foi

    La procession d'un État à l'autre était une fois de plus à couper le souffle : dans une zone rurale, plus de 3 000 fidèles nous ont rejoint alors que nous priions sur le pont en direction de La Crosse. Au sommet du pont, Mgr Barron a béni le Mississippi, le fleuve à la source duquel nous étions partis trois semaines plus tôt et qui s'élargit sensiblement à mesure que nous nous dirigeons vers le sud. Lorsque nous sommes arrivés du côté du Wisconsin, Mgr Barron a remis le Saint-Sacrement à l'évêque de La Crosse, qui est ensuite entré dans une arène avec des milliers de croyants et a adoré le reste de la journée.

    De telles expériences sont la véritable raison de notre pèlerinage. De nombreuses personnes redécouvrent leur foi, d’autres approfondissent leur relation avec le Christ, excités par la venue de Jésus dans leur ville natale dans le cadre de cette procession historique. Et à chaque procession, un signal clair est envoyé encore et encore : l’Église catholique est vivante ! Et pas seulement cela : il est florissant et envoie le message public à l’Amérique que Jésus nous attend tous !

    Le pèlerinage est un défi spirituel

    L'invitation de Jésus à se rapprocher de lui s'étend également à nous-mêmes, missionnaires. Et cela soulève une autre question qui nous est souvent posée : « Quel est le plus grand défi de ce pèlerinage ? On pourrait supposer que ce sont les exigences physiques, la marche elle-même ? Mais le défi spirituel est encore plus grand que toute blessure au pied ou tout épuisement physique.

    On pourrait penser de manière romantique : dix heures par jour avec le Saint-Sacrement – ​​c’est un rêve absolu, voire paradisiaque ! Mais le fait que Jésus nous invite également à une relation plus étroite avec lui signifie que nous ne sommes pas encore assez proches de lui. Il y a des chantiers, des problèmes et des blessures spirituelles en chacun de nous qui deviennent de plus en plus évidents au cours de ce pèlerinage. Non, Jésus ne veut pas seulement passer la lune de miel si parfaite avec nous. Il veut aussi nous purifier lors de ce pèlerinage. Et c'est parfois difficile.

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  • Un dimanche de marches pour la vie et la famille dans 10 villes polonaises

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    De Vatican News (Karol Darmoros) :

    Pologne: un dimanche de marches pour la vie et la famille dans 10 villes

    Sous le slogan «Unis pour la vie, la famille et la patrie», des marches pour la vie et la famille ont été organisées ce dimanche 16 juin dans une dizaine de villes en Pologne. La Conférence épiscopale polonaise avait encouragé la participation des fidèles. Les organisateurs entendaient «exprimer leur opposition aux actions portant atteinte au droit à la vie, de la conception à la mort naturelle».

    En ce dimanche 16 juin, des marches sous le slogan «Unis pour la vie, la famille et la patrie» ont eu lieu dans les rues de Varsovie, Cracovie et Gdańsk, mais aussi dans des villes plus petites comme Łęczna, Gryfic ou Dzierżoniów. La marche dans la capitale a débuté à 11h30 par une messe en l'église saint-Alexandre, sur la place des Trois Croix. Les participants se sont ensuite dirigés vers le Parlement et le bureau du Premier ministre, et la marche s'est terminée devant le monument au maréchal Józef Piłsudski, au Belvédère, une impressionnante statue dédiée à l'un des plus grands leaders polonais.

    Les marches pour la vie

    «Nous nous rendons dans les bâtiments des autorités publiques pour exprimer notre inquiétude face à des activités qui portent atteinte à l'ordre social et moral», et «nous demandons aux autorités d'abandonner ce type d'action, qui porte atteinte au droit à la vie depuis la conception jusqu'à la mort naturelle, et de respecter les principes qui découlent de la foi chrétienne et de la civilisation latine», a lancé le coordinateur des Marches pour la vie et la famille, Paweł Kwaśniak, du Centre pour la vie et la famille.

    Il a ensuite précisé que l'objection ne concerne pas seulement les quatre projets en attente au Parlement qui étendent la légalité de l'avortement jusqu'à la 12e semaine de vie de l'enfant à naître. Le Centre pour la vie et la famille s'oppose également aux tentatives visant à nier le principe selon lequel les parents élèvent leurs enfants selon leur conscience. La Marche pour la vie et la famille à Varsovie est accompagnée de la cloche «La voix de l'enfant à naître», qui retentira tout au long du parcours. «Pour éveiller les consciences des députés, des sénateurs, des membres du gouvernement, du premier ministre et du président», a noté Paweł Kwaśniak.

    Des grands rassemblements de famille

    Dans l'interview accordée aux médias du Vatican, Paweł Kwaśniak attire l'attention sur le caractère national des Marches pour la vie familiale qui, dans de nombreuses villes, constituent l'événement public le plus important de l'année. En outre, les marches sont une excellente occasion d'intégrer les familles qui se réunissent lors de pique-niques multigénérationnels. «Nous donnons beaucoup de place aux familles, surtout aux familles nombreuses, pour montrer à toute la société que ces familles existent, qu'elles élèvent des enfants, que l'amour conjugal peut être beau, basé sur la responsabilité, dont le fruit est des enfants acceptés dans le monde et élevés par des conjoints aimants». Par cet exemple, a-t-il poursuivi, les familles peuvent encourager les jeunes à former leurs propres familles, en cultivant l'amour et la responsabilité.

    La voix de l'épiscopat pour la défense de la vie

    Les Marches pour la vie et la famille sont placées sous le patronage de la Conférence épiscopale polonaise. «Nous avons préparé et envoyé aux fidèles une lettre pastorale pour la défense de la vie conçue. Nous savons que l'Église défend la vie dès le début», «qu'elle est un grand don de Dieu et qu'elle est protégée par diverses institutions, mais aussi par la Constitution de la République de Pologne, la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne et la Déclaration des droits de l'homme», a expliqué Mgr Tadeusz Wojda, président de la Conférence épiscopale polonaise, qui a invité les fidèles à participer aux marches.

    Dans leur lettre, lue ce dimanche dans les églises, les évêques polonais ont souligné que la vie, «en tant que valeur suprême de chaque être humain et élément essentiel du bien commun, est un bien fondamental, supérieur à la liberté individuelle des autres». «C'est pourquoi, ont-ils conclu, personne n'a le droit, au nom de la liberté personnelle, de décider de la vie d'une autre personne».

     
  • Peut-on rire de Dieu ?

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    DISCOURS DE SA SAINTETÉ LE PAPE FRANCOIS
    AUX COMEDIENS

    Salle Clémentine
    Vendredi 14 juin 2024

    (source (en anglais) - traduction automatique)

    ________________________________________

    Chers amis, chères amies,

    J'ai le plaisir de vous souhaiter la bienvenue et d'exprimer ma gratitude aux membres du Dicastère pour la culture et l'éducation qui ont organisé cette réunion.

    Je vous tiens en haute estime en tant qu'artistes qui s'expriment à travers le langage de la comédie, de l'humour et de l'ironie. Parmi tous les professionnels qui travaillent à la télévision, au cinéma, au théâtre, dans la presse écrite, dans les chansons et sur les médias sociaux, vous êtes parmi les plus aimés, les plus recherchés et les plus populaires. Certes, c'est parce que vous êtes très bon dans ce que vous faites, mais il y a aussi une autre motivation : vous avez et cultivez le don de faire rire les gens.

    Au milieu de tant de nouvelles sombres, plongés comme nous le sommes dans de nombreuses urgences sociales et même personnelles, vous avez le pouvoir de répandre la paix et les sourires. Vous faites partie des rares personnes qui ont la capacité de s'adresser à tous les types de personnes, de générations et de milieux culturels différents.

    À votre manière, vous fédérez les gens, car le rire est contagieux. Il est plus facile de rire ensemble que seul : la joie nous ouvre au partage et constitue le meilleur antidote à l'égoïsme et à l'individualisme. Le rire permet également de faire tomber les barrières sociales, de créer des liens entre les personnes et d'exprimer ses émotions et ses pensées, contribuant ainsi à la construction d'une culture commune et à la création d'espaces de liberté. Vous nous rappelez que l'homo sapiens est aussi l'homo ludens ! Car le jeu et le rire sont au cœur de la vie humaine, pour s'exprimer, pour apprendre et pour donner un sens aux situations.

    Votre talent est un don précieux. Associé au sourire, il répand la paix dans nos cœurs et parmi les autres, nous aidant à surmonter les difficultés et à faire face au stress quotidien. Il nous aide à trouver le soulagement dans l'ironie et à traverser la vie avec humour. J'aime prier chaque jour avec les mots de Saint Thomas More : "Accorde-moi, Seigneur, un bon sens de l'humour". Je demande cette grâce pour chaque jour, car elle m'aide à aborder les choses avec le bon esprit.

    Vous réussissez également un autre miracle : vous parvenez à faire sourire les gens tout en gérant les problèmes et les événements, petits et grands. Vous dénoncez les abus de pouvoir, vous donnez une voix aux situations oubliées, vous mettez en lumière les abus, vous pointez les comportements inappropriés. Vous le faites sans semer l'alarme ou la terreur, l'anxiété ou la peur, comme d'autres types de communication ont tendance à le faire ; vous incitez les gens à penser de manière critique en les faisant rire et sourire. Vous le faites en racontant des histoires de la vie réelle, en racontant la réalité de votre point de vue unique ; et de cette façon, vous parlez aux gens des problèmes, grands et petits.

    Selon la Bible, au début du monde, alors que tout était créé, la sagesse divine a pratiqué votre forme d'art pour le bénéfice de nul autre que Dieu lui-même, le premier spectateur de l'histoire. Elle est décrite de la manière suivante : "J'étais à ses côtés, comme un maître d'œuvre, et je faisais chaque jour ses délices, me réjouissant sans cesse devant lui, me réjouissant de son monde habité et me réjouissant des fils des hommes" (Prv 8,30-31). Rappelez-vous ceci : lorsque vous parvenez à arracher des sourires complices à un seul spectateur, vous faites aussi sourire Dieu.

    Vous, chers artistes, savez penser et parler avec humour sous différentes formes et dans différents styles ; et dans chaque cas, le langage de l'humour permet de comprendre et de "sentir" la nature humaine. L'humour n'offense pas, n'humilie pas et ne rabaisse pas les gens en fonction de leurs défauts. Alors que la communication d'aujourd'hui génère souvent des conflits, vous savez rapprocher des réalités diverses et parfois contraires. Que de choses à apprendre de vous ! Le rire de l'humour n'est jamais "contre" qui que ce soit, mais il est toujours inclusif, volontaire, suscitant l'ouverture, la sympathie, l'empathie.

    Cela me rappelle l'histoire du livre de la Genèse, lorsque Dieu promet à Abraham qu'il aura un fils dans l'année. Lui et sa femme Sarah étaient âgés et sans enfant. Sarah écoutait et riait intérieurement. Abraham a dû faire de même. Cependant, Sarah a conçu et mis au monde un fils dans sa vieillesse, au moment fixé par Dieu. Sarah dit alors : "Dieu m'a fait rire ; tous ceux qui m'entendront riront de moi" (Gn 21,6). C'est pourquoi ils ont appelé leur fils Isaac, ce qui signifie "il rit".

    Pouvons-nous rire de Dieu ? Bien sûr, nous le pouvons, tout comme nous jouons et plaisantons avec les personnes que nous aimons. La sagesse et la tradition littéraire juives sont passées maîtres en la matière ! Il est possible de le faire sans offenser les sentiments religieux des croyants, en particulier des pauvres.

    Chers amis, que Dieu vous bénisse, vous et votre art. Continuez à remonter le moral des gens, surtout de ceux qui ont le plus de mal à regarder la vie avec espoir. Aidez-nous, avec un sourire, à voir la réalité avec ses contradictions et à rêver d'un monde meilleur ! Avec mes sentiments les plus sincères, je vous bénis et je vous demande, s'il vous plaît, de prier pour moi.

  • "Seule la Révélation sauve, pas le bavardage des grands journaux"

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    Du site de la NBQ :

    Müller : améliorer le monde, c'est bien, mais ce n'est pas le salut

    Persévérer au milieu de la confusion, dans le monde et dans l'Église. "Seule la Révélation sauve, pas le bavardage des grands journaux", affirme le préfet émérite de la doctrine de la foi, interrogé par le rédacteur en chef Riccardo Cascioli.

    15_06_2024

    Persévérer jusqu'à la fin... et regarder vers la fin, qui se trouve au-delà et au-dessus des confusions et des tribulations de ce monde. C'est seulement ainsi que l'on peut ne pas abandonner et aller de l'avant vers le but, qui est la personne de Jésus-Christ. Avec le cardinal Gerhard Ludwig Müller, la nouvelle série des vendredis de la Nuova Bussola Quotidiana entre dans le vif du sujet qui est le leitmotiv de notre campagne estivale de collecte de fonds : persévérer dans la foi - un thème fondamental en ces temps de grande désorientation, a expliqué le directeur Riccardo Cascioli lors de l'ouverture (en rappelant Mt 24, 11-13 : "Il s'élèvera beaucoup de faux prophètes et ils en séduiront beaucoup... l'amour du plus grand nombre se refroidira"). Le cardinal Carlo Caffarra a également noté que "seul un aveugle peut nier qu'il y a une grande confusion dans l'Église", presque élevée au rang de méthode, déclenchant de l'autre côté la tentative de construire une Église sur mesure. "Dans ces oscillations, que signifie persévérer dans la foi ?", a demandé Cascioli au Cardinal Müller.

    "La persévérance est un don", a répondu le cardinal, évoquant le donum perseverantiae de saint Augustin, "parce que nous ne pouvons pas réussir sans la grâce de Dieu" ; autrement, beaucoup, même s'ils ont bien commencé, "quand les problèmes et les tentations arrivent, ils perdent patience ou se sentent abandonnés par les autres croyants, alors qu'il faut toujours se tourner vers Jésus-Christ". Regarder vers Lui nous permet de ne pas céder à la désorientation, car la confusion vient "du diable", d'où proviennent "toutes les contradictions, les tentations et les querelles dans la communauté des fidèles", ainsi que "la façon actuelle de parler selon ce que le monde aime".

    De nombreux conflits dans l'Église tournent aujourd'hui autour de la figure du pape", observe Cascioli, "selon des extrêmes opposés, mais aussi, si l'on veut, selon les deux faces d'une même médaille : d'une part ceux qui disent que "le pape a toujours raison", et d'autre part ceux qui voient qu'il génère des doutes ou des contradictions et pensent qu'alors "il ne peut pas être reconnu comme pape" (parce que même ces derniers pensent en fin de compte qu'il doit toujours avoir raison, et s'il ne peut pas avoir raison, alors il n'est pas pape)". Müller - qui a consacré le volume Il Papa. Ministry and Mission (Cantagalli, Siena 2023) - nous invite à faire la distinction entre la papauté et le pontife individuel, rappelant que Dante Alighieri en a même mis certains en enfer. "Personne, que ce soit le pape ou l'évêque, n'a la garantie de faire tout ce qu'il faut", ils ont eux aussi "besoin de bons collaborateurs, dotés d'une profonde compétence en théologie, en droit canonique", ainsi qu'animés par le désir de "servir l'Eglise et non de se servir eux-mêmes". Même les précédents pontifes n'étaient pas parfaits, chacun ayant sa propre personnalité et ses propres limites.

    Si la désorientation des fidèles est palpable - même face au pontife lui-même qui se contredit, par exemple sur l'admission des candidats homosexuels à la prêtrise, aux divers "oui" puis "non" - où peuvent-ils se tourner pour persévérer ? "La doctrine de l'Eglise est claire", répond le cardinal Müller, qui ajoute que les pasteurs doivent s'exprimer "non pas selon notre bon plaisir, mais selon la nature du sacrement" qui, par exemple, dans le cas du mariage, ne peut se passer de la "correspondance entre l'homme et la femme". Le cardinal évoque également l'époque où "la majorité des évêques a suivi l'hérésie arienne" ou, des siècles plus tard, "en Allemagne et en Angleterre, lors de la Réforme protestante, ils n'ont pas su répondre et résister aux nouvelles erreurs". Il est fondamental que les évêques "n'aient pas intérêt à parler selon l'opinion de la majorité, mais selon la Bible, le catéchisme, le Magistère, les grands théologiens et les pères de l'Église...".

    Le critère décisif est la conformité avec la Révélation : "Seule la Révélation peut nous sauver, et non les ragots ou les gros titres de n'importe quel périodique grand public". Ils étaient peu nombreux à relever le défi posé dans les premiers siècles par les gnostiques, dotés de grands moyens intellectuels, tout comme nous sommes aujourd'hui une minorité face à l'intelligentsia antichrétienne, tout comme l'était la minorité restante dans l'Église au XXe siècle lorsque les grands dictateurs et les faux prophètes faisaient rage, dans l'Allemagne nazie et l'Union soviétique, "mais la vérité nous rendra libres" et le critère "n'est pas que les gens veuillent l'entendre ou non", mais plutôt "la Personne de Jésus-Christ qui a dit : "Je suis le chemin, la vérité et la vie".

    "Celui qui persévère sera sauvé" : Cascioli évoque à nouveau le verset de Matthieu 24,13, soulignant combien il est difficile de comprendre aujourd'hui le salut - but de la persévérance - si l'on réduit le christianisme à "une manière d'améliorer le monde, dans un horizon purement terrestre". "Améliorer le monde est une bonne chose, mais ce n'est pas le salut", répond Müller, car "le salut consiste à surmonter la distance qui existe entre Dieu et nous à cause du péché, qui entraîne la mort. Et pas seulement la mort corporelle, précise-t-il, mais celle qui fait "disparaître le sens profond de notre existence, quand l'intelligence n'atteint pas la vérité, Dieu : mais c'est pour cela que Jésus est venu, pour sauver les hommes". C'est dans cet esprit que nous avons aussi la tâche de "travailler pour la dignité humaine" envers les nécessiteux, en voyant "le Christ en eux" et en ne cherchant pas "le paradis sur terre qui finit ensuite au goulag ou à Auschwitz, nous savons bien que les paradis faits par les hommes sont l'enfer sur terre".

    Il ne faut donc pas "tomber dans un humanisme horizontal, en pensant que les gens ne s'intéressent pas aux sacrements ou à la Parole de Dieu ou à la question fondamentale de Dieu" et se limiter ainsi à travailler pour les migrants ou le climat : "ce sont des tâches de l'Etat ou de la société civile", précise le cardinal, mais "l'Eglise du Christ n'est pas une ONG", elle a été "fondée par Dieu pour le salut éternel", qui est "plus élevé que la santé ou le bien-être dans cette vie limitée". Il ne s'agit pas non plus d'une vision horizontale (et finalement relativiste) de la mission : "Il y a des pasteurs qui soutiennent qu'après tout Dieu est un et que toutes les religions mènent à Dieu", observe Cascioli, "alors la mission serait inutile et l'évangélisation serait condamnée comme du prosélytisme". Pour Müller, cela "est le résultat d'une pensée faible ou d'un manque de foi en Jésus", soulignant que "Jésus a envoyé les apôtres pour continuer sa propre mission, qui vient du Père" et que même ceux qui n'ont pas connu le Christ sont sauvés par lui. Mais nous aussi, si nous sommes chrétiens, "c'est le résultat de la grâce de Dieu" à laquelle nous devons correspondre en témoignant aux autres ; renoncer à la mission "serait de l'égoïsme".

  • Le Pape au G7, une occasion manquée

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    De Stefano Fontana sur la NBQ :

    Le Pape au G7, une occasion manquée

    Le discours sur l'intelligence artificielle était plein de technicités inutiles et pauvre en termes de fondements pour les choix éthiques souhaités. Aucune référence à Dieu et à Jésus, ni à la loi naturelle. Or la personne, la morale et la politique ne tiennent pas sans Dieu.

    15_06_2024

    Hier, à Borgo Egnazia, le pape François s'est adressé aux dirigeants du G7 au sujet de l'intelligence artificielle (IA). Son discours, agrémenté de quelques ajouts spontanés, était plus court que le texte distribué. Ce dernier est en effet bien étoffé et articulé, avec de longues incursions analytiques très techniques dans les subtilités de la question de l'IA. Pour le pape, l'intelligence artificielle découle de l'élan de l'homme vers l'au-delà, comme cela s'est déjà produit avec d'autres inventions techniques au cours de l'histoire.

    Cette fois-ci, cependant, il y a quelque chose de radicalement nouveau : l'outil est fortement ambivalent ("fascinant et formidable à la fois"), il a un impact "cognitivo-industriel" perturbateur qui construira "un nouveau système social", et surtout il peut avoir une certaine indépendance par rapport à l'homme en appliquant des "choix algorithmiques". Le risque est que l'homme soit privé de sa capacité de décision et donc "condamné à dépendre des machines". L'utilisation d'"armes autonomes létales" dans les conflits armés en est un exemple.

    Après avoir longuement analysé, dans le chapitre "Le mécanisme de base de l'intelligence artificielle", les principales possibilités techniques de développement de l'IA et les craintes qu'elles suscitent, François propose deux voies pour aborder le phénomène et le gouverner : la voie éthique et la voie politique.

    La première voie devrait "placer la dignité de la personne au centre d'une proposition éthique partagée". Il a ainsi vanté les mérites de l'événement "Rome Call for all Ethics" de 2020, qui proposait de lancer une "algoéthique", une éthique des algorithmes fondée sur des principes partagés.

    La deuxième voie consisterait à soutenir une bonne politique contre la domination absolue du "paradigme technocratique". La politique ne doit pas être affaiblie, "il faut de la politique". Cette "bonne politique" devrait toutefois tenir compte du fait que la situation mondiale présente de graves déficiences structurelles et que les rustines ne suffisent pas.

    Dans l'ensemble, le texte de François est faible. D'une part, il y a une redondance d'aspects techniques qui ne sont pas nécessaires dans un enseignement pontifical. D'autre part, il y a des références à des solutions éthiques et politiques basées sur un fondement souhaitable (mais non spécifié). Même le concept de personne humaine n'est pas clarifié du point de vue de l'Église catholique, tout en déplorant sa perte dans la société d'aujourd'hui. En résumé, la proposition était la suivante : cherchons ensemble un accord sur certains principes, comme cela a été tenté lors de l'Appel de Rome pour toute l'éthique. Une bonne chose pour une intervention politique, trop peu pour une intervention pontificale.

    La dignité de la personne humaine, par exemple, sur quoi repose-t-elle et comment est-elle défendue ? Du point de vue de l'Église catholique, sa défense n'est pas indifférente à la présence de Dieu dans l'histoire humaine. Or, dans tout son discours, François ne mentionne jamais Dieu, ni même Jésus-Christ. Le "consensus" sur les principes éthiques adéquats, sur quoi doit-il donc se fonder ? La doctrine catholique propose la loi naturelle et la loi morale naturelle, qui ne changent pas et sont donc praticables même à l'époque de l'AI. Elles rendent possible une "grammaire naturelle" qui est la base d'un dialogue et d'un consensus qui n'est pas seulement basé sur la convergence des opinions ou, pire, des intérêts.

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  • Serait-il devenu acceptable de remplacer les enfants par des chiens ?

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    De Judikael Hirel sur La Sélection du Jour :

    Un chien plutôt qu'un enfant ?

    Deux salaires, pas d'enfant et un chien… Quand on préfère ne pas avoir à penser à l'avenir, serait-il devenu acceptable de remplacer les enfants par des chiens ?

    Elle est vétérinaire, journaliste sur RTL, et a écrit un livre sur le sujet  : autant de raisons d'être bien accueillie quand elle affirme avoir donné à son chien Colonel « la place de l'enfant qu'elle a décidé de ne pas avoir ». Dans son livre Pourquoi j'ai choisi d'avoir un chien (et pas un enfant) (Albin Michel), Hélène Gateau vante le lien de parentalité tissé avec son chien, revendiquant le fait d'avoir un chien et non un enfant, au lieu de s'en justifier. « Mon choix de vie reste marginal, mais je suis convaincue que c'est une tendance naissante et grandissante, même si elle est encore rarement revendiquée comme telle », explique-t-elle. « Est-il encore mal vu d'être une quadragénaire, célibataire, sans enfant, mais avec un animal domestique ? », lui demande-t-on. « L'image de la "mémère à chien", celle d'une femme célibataire entourée de toutous, n'a pas totalement disparu. Oser dire que l'on donne une place de roi à son compagnon à quatre pattes, quand on vit seule, reste mal perçu. »

    Comment le chien devient-il le nouvel enfant ? Outre-Atlantique, en tout cas, la tendance s'ancre. Aux couples DINK d'hier (Double Income, No Kids - Double revenu, pas d'enfant) d'hier, s'ajoute désormais le "no kids, one dog", « pas d'enfant, un chien ». Pour autant, est-on censé voir cela comme acceptable, alors qu'en septembre 2022, un sondage IFOP soulignait que 30 % des Françaises en âge de procréer déclaraient ne pas vouloir d'enfants ? « Les chiens et les chats prennent la place des enfants, déclarait il y a peu le pape François, parlant de la chute de la natalité. Ce déni de la paternité et de la maternité nous rabaisse, nous enlève notre humanité. » Hélène Gateau, elle, affirme faire famille avec son chien, parlant même d'alloparentalité : « le fait que des adultes puissent prendre soin d'un être vivant qui n'est pas leur propre progéniture [...] fait partie de ce qui fait que nous sommes des êtres humains. » Mais quand on creuse un peu l'ouvrage, un militantisme certain apparaît derrière le visage d'une "dog mum" (« mère à chien ») bienveillante : « Prendre la parole à travers ce bouquin, pour moi, c'est une sorte de coming out. Je me rends compte aujourd'hui, à travers les retours que j'ai, que j'incarne une forme de « féminisme ». C'est-à-dire que je suis une femme qui a osé prendre la parole sur un choix de vie qui va à l'encontre de la tradition patriarcale et du modèle familial classique. »

    « On a plutôt de la chance, car il nous laisse dormir. »  : ce couple parisien parle de son chien comme d'un enfant. Dans les esprits et dans les villes, ce que l'on appelle désormais la pet-parentalité — de l'anglais pet (animal de compagnie) — semble en tout cas gagner du terrain. « Comment le chien est devenu le nouvel enfant ?, s'interroge Le Monde. « Vous faites attention, c'est notre bébé. Il va certainement pleurer. Je vous laisse son doudou… » Et pourtant, c'est d'un bichon maltais dont on parle... Certains vont même aller jusqu'à promener leur chien dans une poussette ! « Les Français possèdent 7,6 millions de canidés, dont le statut est passé, en quelques années, d'animaux de compagnie à membres à part entière de la famille. Des êtres choyés par des "pet moms" et "pet dads" qui assument leurs excès d'anthropomorphisme. » « Garderie, nounous, cadeaux d'anniversaire ou de Noël, comptes Instagram diffusant les exploits du petit dernier de la portée, rendez-vous chez le véto au moindre tressaillement d'oreilles… et si le chien était devenu le nouvel enfant ? »

    Dans son ouvrage, Hélène Gateau va jusqu'à utiliser le mot « eugénisme ». Un terme qu'elle assume  : « Avoir un enfant, c'est remettre sa vie au destin, la prise de risque est énorme : est-ce que l'enfant va être en bonne santé ? Sera-t-il facile, sympathique ? Va-t-il me rejeter à l'adolescence ? C'est une grande source d'angoisse. Je veux pouvoir garder le contrôle sur ma vie. Avec le chien, je garde ce contrôle en cochant les petites cases importantes pour moi. Quand on a un enfant, on a une forme d'anxiété : perte d'insouciance, perte de sommeil. Peur pour l'avenir aussi. Compliqué de ne pas se projeter. Et moi, j'ai du mal à vivre dans le futur et à faire des projets. Je préfère vivre au jour le jour. Avec mon chien, je me pose moins de questions. » Au fond, tout est dit.

    Pour aller plus loin :

    Comment le chien est-il devenu le nouvel enfant ?

    >>> Lire l'article sur Le Monde

  • Son objectif : être la première femme transgenre à avorter

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    De Gènéthique magazine :

    L’avortement, l’ultime « stéréotype de genre » ?

    13 juin 2024

    Dans une vidéo publiée sur X [1], une femme transgenre, c’est-à-dire une personne née homme et se déclarant désormais femme, affirme vouloir être la première transgenre à subir une transplantation d’utérus, « ovaires et ovules compris », issu d’un homme transgenre. Son objectif, après avoir eu « autant de relations sexuelles homosexuelles avec autant de femmes trans que nécessaire » : être la première femme transgenre à avorter.

    La vidéo a été une première fois diffusée dans l’émission The Megyn Kelly Show l’année dernière. Certains soupçonnent qu’il s’agisse d’une « fausse vidéo ». Peut-être. Mais n’est-elle pas révélatrice ?

    En effet, l’idéologie transgenre, en promouvant l’« identification » à un sexe donné, réhabilite tous les stéréotypes. Un petit garçon se détourne du foot et aime jouer à la poupée, il serait une petite fille ? Un homme s’« identifie » comme femme et il faudrait qu’il se fasse pousser les cheveux, porte des jupes et se maquille ? Et avorte, la pratique étant présenté comme « le » droit de la femme.

    Dans leur ouvrage Transmania, Dora Moutot et Marguerite Stern, qui mentionnent cette vidéo [2], interrogent : « au final la pilule contraceptive, l’avortement (soyons claires, nous sommes pour) et le transgenrisme ne seraient[-ils] pas des formes primitives du transhumanisme célébrées par des féministes qui pensent que la solution pour atteindre l’égalité est de dépasser les rôles biologiques » ? « La première étape du transhumanisme ne serait-elle pas après tout de faire disparaitre les différences entre hommes et femmes ? » « Seule la perception comptera, le goût de la vérité s’estompera, et plus personne ne se souciera du réel », prédisent-elles.

    Effacer l’homme et la femme, nier les différences entre les deux sexes, pouvoir s’« auto-déterminer » au nom du seul ressenti, mais rétablir les stéréotypes, jusqu’aux plus emblématiques (cf. La France inscrit l’avortement dans sa Constitution. Et ensuite ?).

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    [1] Toronto Sun, Trans woman wants uterus transplant so she can be first ever to have abortion, Denett Wilford (11/06/2024)

    [2] Transmania, ed Magnus, p.346

  • Intelligence artificielle : le discours du pape au G7

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    LE PAPE FRANÇOIS PARTICIPE A LA SESSION DU G7 SUR L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
    [13-15 juin 2024] 

    DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS

    Borgo Egnazia (Pouilles, Italie)
    Vendredi 14 juin 2024

    (source)

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    Un outil fascinant et redoutable

    Mesdames et Messieurs !

    Je m’adresse à vous aujourd’hui, dirigeants du Forum intergouvernemental du G7, pour vous présenter une réflexion sur les effets de l’intelligence artificielle sur l’avenir de l’humanité.

    « L’Écriture Sainte témoigne que Dieu a donné aux hommes son Esprit pour qu’ils aient “la sagesse, l’intelligence et la connaissance de toutes sortes de travaux” ( Ex 35, 31) » [1]. La science et la technologie sont donc les produits extraordinaires du potentiel créatif des êtres humains [2].

    Or c’est précisément l’utilisation de ce potentiel créatif donné par Dieu qui est à l’origine de l’intelligence artificielle.

    Cette dernière, comme on le sait, est un outil extrêmement puissant, utilisé dans de nombreux domaines de l’activité humaine : de la médecine au monde du travail, de la culture à la communication, de l’éducation à la politique. Et l’on peut désormais supposer que son utilisation influencera de plus en plus notre mode de vie, nos relations sociales et même, à l’avenir, la manière dont nous concevons notre identité en tant qu’êtres humains [3].

    Le thème de l’intelligence artificielle est cependant souvent perçu comme ambivalent : d’une part, il enthousiasme par les possibilités qu’il offre, d’autre part, il suscite la crainte par les conséquences qu’il laisse présager. À cet égard, on peut dire que nous sommes tous, à des degrés divers, traversés par deux émotions : nous sommes enthousiastes lorsque nous imaginons les progrès qui peuvent découler de l’intelligence artificielle, mais, en même temps, nous sommes effrayés lorsque nous voyons les dangers inhérents à son utilisation [4].

    Nous ne pouvons d’ailleurs douter que l’avènement de l’intelligence artificielle représente une véritable révolution cognitivo-industrielle qui contribuera à la création d’un nouveau système social caractérisé par de complexes transformations historiques. Par exemple, l’intelligence artificielle pourrait permettre la démocratisation de l’accès au savoir, le progrès exponentiel de la recherche scientifique, la possibilité de confier des travaux pénibles à des machines ; mais, en même temps, elle pourrait entraîner une plus grande injustice entre les pays riches et les pays en voie de développement, entre les classes sociales dominantes et les classes sociales opprimées, compromettant ainsi la possibilité d’une “culture de la rencontre” au profit d’une “culture du rejet”.

    L’ampleur de ces transformations complexes est évidemment liée au développement technologique rapide de l’intelligence artificielle elle-même.

    C’est précisément cette avancée technologique vigoureuse qui fait de l’intelligence artificielle un outil fascinant et redoutable et qui appelle une réflexion à la hauteur de la situation.

    Dans ce sens, on pourrait peut-être partir du constat que l’intelligence artificielle est avant tout un outil. Et il va de soi que les bienfaits ou les méfaits qu’elle apportera dépendront de son utilisation.

    C’est certainement vrai, puisqu’il en a été ainsi pour tous les outils construits par l’homme depuis la nuit des temps.

    Notre capacité à construire des outils, en quantité et complexité inégalées parmi les êtres vivants, fait parler d’une condition techno-humaine : l’être humain a toujours entretenu une relation avec l’environnement par l’intermédiaire des outils qu’il a progressivement produits. Il n’est pas possible de séparer l’histoire de l’homme et de la civilisation de l’histoire de ces outils. Certains ont voulu lire dans tout cela une sorte de manque, de déficit de l’être humain, comme si, en raison de ce déficit, il était contraint de donner vie à la technique [5]. Un regard attentif et objectif nous montre en fait le contraire. Nous vivons dans une condition d’ultériorité par rapport à notre être biologique ; nous sommes des êtres déséquilibrés par rapport à notre extérieur, voire radicalement ouverts sur l’au-delà. C’est de là que vient notre ouverture aux autres et à Dieu ; c’est de là que naît le potentiel créatif de notre intelligence en termes de culture et de beauté ; c’est de là finalement que provient notre capacité technique. La technologie est donc la trace de cette ultériorité.

    Cependant, l’utilisation de nos outils n’est pas toujours uniquement orientée vers le bien. Même si l’être humain sent en lui une vocation à l’au-delà et à la connaissance vécue comme instrument du bien au service des frères et sœurs et de la maison commune (cf. Gaudium et spes, n. 16), cela ne se produit pas toujours. Au contraire, il n’est pas rare que, précisément à cause de sa liberté radicale, l’humanité ait perverti les finalités de son être en se transformant en son propre ennemi ainsi que de la planète [6].Les outils technologiques peuvent connaître le même sort. Ce n’est que si leur vocation au service de l’humain est garantie que les outils technologiques révèleront non seulement la grandeur et la dignité unique de l’être humain, mais aussi le mandat qu’il a reçu de “cultiver et garder” (cf. Gn 2, 15) la planète et tous ses habitants. Parler de technologie, c’est parler de ce que signifie être humain et de notre condition unique entre liberté et responsabilité, c’est-à-dire parler d’éthique.

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  • Du Niger au Pakistan, la dure vie des chrétiens sous l'Islam

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    D'Anna Bono sur la NBQ :

    Du Niger au Pakistan, la dure vie des chrétiens sous l'Islam

    Aujourd'hui, Isis se targue d'avoir plusieurs "provinces" en Afrique, dont le Niger. Les djihadistes obligent les chrétiens à se convertir ou à vivre comme des dhimmis. La persécution est à l'ordre du jour. Au Pakistan, la situation n'est pas meilleure : des chrétiens sont tués et des fillettes sont enlevées, converties à l'islam et mariées de force.

    14_06_2024

    Le 29 juin 2014, Abou Bakr al-Baghdadi, chef d'Isis, l'État islamique, proclame califat les territoires conquis par ses djihadistes en Irak et en Syrie. Leur avancée dans les semaines suivantes a conduit des dizaines de milliers de chrétiens à se réfugier en fuyant. Dans la nuit du 6 au 7 août en Irak, près de 150 000 chrétiens ont quitté Mossoul, devenue la capitale du califat, et la plaine de Ninive. La quasi-totalité d'entre eux n'avaient que peu d'effets personnels sur eux et ce peu leur a été arraché par les djihadistes. S'ils étaient restés, ils auraient dû se convertir à l'islam ou vivre en dhimmi, c'est-à-dire avoir la vie sauve et être autorisés à rester chrétiens, mais en échange du paiement d'une sorte d'impôt, dans un statut d'infériorité, discriminés, soumis aux lois islamiques, constamment menacés de mort et d'esclavage s'ils transgressaient les obligations comportementales qui leur étaient imposées.

    En 2017, Isis a été vaincu au Moyen-Orient, mais entre-temps, il s'est enraciné en Afrique, disputant des territoires et s'affiliant à Al-Qaïda. Il compte désormais plusieurs "provinces" : parmi les plus établies et redoutées figurent la province d'Afrique centrale (Iscap), active principalement au Mali, au Burkina Faso et au Niger, la province d'Afrique de l'Ouest (Iswap), au Nigéria et dans la région du lac Tchad, et la province du Grand Sahara (Isgs), en Ouganda, en République démocratique du Congo et au Mozambique.

    Dans les territoires qu'elle contrôle, l'Isis africaine impose ses règles. Les autres chrétiens sont contraints d'accepter le statut de dhimmi ou de fuir. C'est le cas, par exemple, au Niger. Non loin de la capitale Niamey, dans la zone dite des "trois frontières", la région du Liptako Gourma qui relie le Mali, le Burkina Faso et le Niger, le gouvernement, même après l'arrivée au pouvoir d'une junte militaire promettant la sécurité et l'ordre, laisse les trafiquants, les bandes armées et surtout les groupes djihadistes opérer pratiquement sans entrave. Les habitants de la région sont pour la plupart des agriculteurs pauvres. Les djihadistes s'attaquent à leurs cultures et à leur bétail, et ils ont de la chance si leur vie est épargnée. Ils s'en prennent surtout à la minorité chrétienne (plus de 90 % de la population est musulmane). Lorsqu'ils arrivent dans un village, ils l'encerclent en tirant dessus et rassemblent les habitants dans une clairière. Ils identifient ensuite les chrétiens et leur proposent de choisir entre deux options : soit payer un impôt annuel de 50 000 francs Cfa (76 euros) par homme adulte, à partir de l'âge de 15 ans, soit se convertir à l'islam. Ceux qui refusent l'une ou l'autre option doivent quitter le village et tous leurs biens, maison, terre, bétail. Les djihadistes donnent généralement une semaine pour répondre. S'ils refusent de se convertir à l'islam, ils n'ont pas d'autre choix que de partir. En effet, 50 000 Cfa est une somme énorme dans un pays qui est l'un des plus pauvres du monde, où le salaire mensuel moyen se situe entre 55 000 et 75 000 Cfa. De plus, on sait que si l'on paie l'impôt exigé, il sera doublé l'année suivante.

    Au Niger, c'est l'islam du jihad, de la "guerre sainte", qui rend la vie des chrétiens dangereuse et douloureuse. Mais dans le dar al-Islam, comme les musulmans appellent les terres conquises à l'islam, des siècles de persécution, de discrimination et d'hostilité ont habitué de nombreux musulmans à considérer les chrétiens comme inférieurs, privés de leurs droits, comme des citoyens de seconde zone.

    Ces dernières semaines, deux chrétiens ont été tués au Pakistan. Shahid Masih travaillait dans une ferme à Ghang Sheikhupura, un village de la province du Pendjab. Son propriétaire était convaincu qu'il était responsable du vol de quelques chèvres. Le 8 mai, lui et certains de ses amis l'ont kidnappé, ligoté, matraqué et finalement forcé à boire de l'acide. Il est décédé des suites des blessures infligées par l'acide à ses organes internes. Le 25 mai, Nazir Masih, 72 ans, a été attaqué à Sargodha, également dans le Pendjab, par des centaines de personnes furieuses qui s'étaient précipitées sur lui après avoir appris, ce qui s'est avéré infondé, qu'il avait déchiré et jeté dans la rue quelques pages d'un exemplaire du Coran. Il est sauvagement battu et meurt le 3 juin. Effrayés et craignant de nouvelles violences, de nombreux chrétiens du quartier ont fui.

    Saad Hussain Rizvi, chef du parti islamiste Tehreek-e-Labbaik Pakistan, a commenté avec mépris, dans un discours diffusé sur les réseaux sociaux, que l'on ne devrait pas se soucier de la mort d'un "choorha", un terme offensant par lequel les chrétiens sont appelés au Pakistan. En ce qui concerne l'assassinat de Nazir Masih, Rizvi maintient que les responsables sont innocents parce qu'ils ont agi par amour de leur foi. Son parti a organisé une manifestation pour obtenir la libération des auteurs du lynchage. Ils prononcent ouvertement des discours de haine contre les minorités religieuses, incitant les gens à la violence", explique Samson Salamat, président du mouvement civil interreligieux Rwadari Tehreek, dans une interview accordée à l'agence de presse AsiaNews. Ce qui est grave, c'est que l'appareil d'État n'intervient pas, il reste silencieux.

    Il n'intervient pas non plus dans les cas fréquents de filles chrétiennes enlevées qui sont forcées de se convertir à l'islam et d'épouser leurs ravisseurs. Le dernier cas connu concerne Laiba Masih, une petite fille de Faisalabad âgée de 10 ans seulement. Elle a été enlevée en février. Selon la loi, un mineur ne peut pas se marier, ni changer de religion sans le consentement de son père. Or, dans le certificat de mariage, il était écrit qu'elle avait 17 ans. Les parents ont prouvé l'âge réel de Laiba, mais personne, ni la police ni les juges, n'a accepté de libérer la petite fille. Comme tant d'autres avant elle, elle ne rentrera probablement jamais chez elle. Qui se soucie de la vie d'une petite fille qui est, après tout, une infidèle ?

  • La Cour Européenne des Droits de l'Homme valide l’interdiction des signes religieux visibles faite aux élèves belges

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    Du site de l'ECLJ :

    La CEDH valide l’interdiction des signes religieux visibles faite aux élèves belges

    11 juin 2024

    Saisie par trois jeunes Belges musulmanes qui souhaitaient conserver leur voile islamique dans leur établissement scolaire malgré l’interdiction du port de signes religieux visibles, la Cour européenne des droits de l'homme a jugé le 9 avril 2024 que cette interdiction était légitime et proportionnée aux fins d’assurer la protection des droits et libertés d’autrui et de l’ordre public. Malgré les recommandations contraires des Comités onusiens, la jurisprudence de la Cour demeure constante. 

    Dans son arrêt Mikyas et autres contre la Belgique du 9 avril 2024 (n° 50681/20), la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a estimé que l’interdiction pour les élèves de porter des signes religieux visibles, au nom de la neutralité de l’enseignement, « ne heurte pas en soi » l’article 9 de la Convention européenne des droits de l’homme (liberté de religion), et ce même s’il peut exister d’autres conceptions de cette neutralité. L’affaire concerne trois jeunes femmes musulmanes qui indiquent porter le voile islamique en accord avec leurs convictions religieuses.  

    En 2009, le Conseil de l’enseignement officiel organisé par la Communauté flamande décida d’étendre à l’ensemble de son réseau l’interdiction du port de signes convictionnels visibles, voulant ainsi lutter contre « une ségrégation, non seulement entre les écoles, mais aussi entre les élèves du même établissement ». En effet, le Conseil déplorait des pressions sur des jeunes filles pour leur faire porter certains symboles convictionnels. Il regrettait également le fait que le choix de l’école soit exclusivement déterminé par l’autorisation ou non de symboles convictionnels. En 2017, les parents des requérantes, scolarisées dans des établissements du réseau du Conseil, demandèrent à la justice belge que cette interdiction soit déclarée illégale car ils l’estimaient contraire à la liberté de religion. 

    Accusations d’islamophobie et misogynie : la mauvaise foi des requérantes encouragée par l’ONU mais condamnée par la CEDH 

    Devant la CEDH, les requérantes contestent le but légitime d’une telle interdiction. Selon elles, la mesure vise en réalité à « dissuader les jeunes filles musulmanes de s’inscrire dans les établissements scolaires concernés ». Dans leurs observations, le Centre des droits de l’homme de l’Université de Gand et l’Equality Law Clinic de l’Université libre de Bruxelles affirment que l’interdiction litigieuse témoigne « d’une hostilité croissante à l’égard des musulmans » et « invitent la Cour à adopter, pour appréhender la question de la vulnérabilité des jeunes filles musulmanes, une approche intersectionnelle, c’est-à-dire une approche qui prenne en compte non seulement leur religion, mais aussi leur genre, leur âge et leur race ».  

    Cette « approche intersectionnelle » trouve sa justification dans les observations des différents Comités de l’ONU. En 2014, le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale avertissait que l’interdiction du « port de symboles religieux dans toutes les écoles » de la communauté flamande était « susceptible d’ouvrir la voie à des actes de discrimination contre les membres de certaines minorités ethniques ». Des positions similaires furent tenues par le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, le Comité des droits de l’enfant, le Comité des droits de l’homme et le Comité des droits économiques, sociaux et culturels, ce dernier évoquant même en 2020 « le risque de décrochage scolaire causé » par cette interdiction. 

    La Cour écarte en bloc les positions des Comités de l’ONU. D’une part, la question porte sur la « compatibilité de l’interdiction litigieuse avec la Convention européenne des droits de l’homme dont elle assure le respect », et non pas sur la compatibilité avec le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), qui appartient au système onusien. D’autre part, et bien que les articles 18 du PIDCP et 9 de la Convention soient en substance très similaires, la Cour préfère naturellement se référer à sa propre « jurisprudence déjà fournie sur la question présentement en jeu ». À cet égard, elle note qu’il « n’a pas été établi que l’interdiction litigieuse ait été inspirée par une quelconque forme d’hostilité à l’égard des personnes de confession musulmane ». En effet, « l’interdiction litigieuse ne vise pas uniquement le voile islamique, mais s’applique sans distinction à tout signe convictionnel visible ». Enfin, la Cour met en avant que les requérantes avaient librement choisi leurs établissements scolaires, sans qu'elles puissent ignorer l’impératif du respect du principe de neutralité, et avaient accepté de se conformer aux règles applicables. 

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  • Est-ce que la pudeur a encore un avenir ?

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    De didoc.be (Julio Llorente) :

    Revendiquer la pudeur pour exalter la chair

    7 juin 2024

    Est-ce que la pudeur a encore un avenir ?

    José F. Peláez affirme que l’hiver est plus élégant que l’été, et moi qui aime beaucoup les températures élevées et les bouffées de chaleur estivales, je dois me ranger à son avis, à mon grand regret. Si la civilisation, comme l’a écrit quelqu’un, consiste moins à montrer qu’à cacher, moins à affirmer qu’à insinuer, l’été, la saison où on se découvre, n’est pas très civilisé : l’exhibitionnisme esthétique, les vêtements transparents, les débardeurs et les pieds nus abondent à cette époque de l’année. Et les optimistes qui célèbrent tout cela ne manquent pas : enfin libérés des religions qui méprisent la chair, nous célébrons finalement le corps comme beauté ! L’été serait ainsi l’apothéose d’une chair autrefois refoulée, le dépassement définitif d’une gnose qui identifiait corps et péché. Il n’y a plus rien à cacher !

    Je comprends l’euphorie de certains, mais j’ajouterai qu’elle repose sur une idée fausse. Elle repose sur l’idée que l’origine de la pudeur se trouve dans le rejet de la chair. Je ne suis pas d’accord. Seuls ceux qui bénissent les corps peuvent envisager quelque chose d’aussi étrange que de les couvrir. Je soupçonne que nous ne nous habillons pas pour cacher quelque chose de déshonorant, mais pour protéger quelque chose de sacré ; pas pour couvrir notre honte, mais pour sauvegarder notre intimité. Plutôt que du mépris du corps, l’acte de s’habiller découle de son exaltation. Le vêtement n’est pas un cercueil, mais un tabernacle. Il ne cache pas la poussière sous la moquette, mais il protège la pureté, comme les coffres.

    Je peux accepter que l’on impute à la pudeur le péché de donner trop d’importance à la chair ; mais je répondrai avec colère à celui qui dira qu’elle l’enlève. La pudeur, cette vieille vertu que les peuples du Nord, ivres de puritanisme, ont pervertie au point de la rendre odieuse, repose sur le postulat que les corps ne sont pas apparence, mais apparition ; pas superficialité, mais profondeur ; pas épiderme, mais intériorité. S’habiller est donc un jeu d’ombre et de lumière, de dévoilement et de dissimulation. Nous partageons une partie de notre intimité, qui est charnelle, mais nous la gardons aussi pour nous et pour ceux qui nous aiment. Nous la mettons à l’abri des regards indiscrets ou lascifs ; nous la protégeons d’une hypothétique profanation. Nous refusons l’exhibitionnisme pour la même raison que nous refusons la burqa : il annule la tension, il modifie les règles du jeu. Dans un cas, on masque à peine, dans l’autre, c’est tout juste si on se montre.

    Mais, comme je l’ai déjà suggéré, la pudeur n’est pas seulement une question d’habillement, c’est aussi une question de regard. La saison où on se découvre, avec nos quatre membres à l’air, est en fait une occasion spéciale de la purifier. L’impudicité de certains n’est donc qu’une occasion pour la pudeur de tous. L’homme modeste évite la tentation de considérer le corps comme une simple superficialité ; il résiste, comme un Quichotte contre les signes des temps, à le rabaisser au rang de simple amas de cellules, de tissus, d’organes. Et il connaît, grâce à sa hardiesse, des plaisirs que l’homme surexcité ne peut pas même imaginer. Il découvre une beauté physique, je dirais strictement charnelle, même chez la femme la moins gracieuse, car il apprécie dans l’extérieur une intériorité qui transparaît, un moi qui déborde. Son regard élève et n’abaisse pas, rehausse et ne déshabille pas, sanctifie et ne souille pas. L’homme modeste aiguise son regard et entrevoit dans le corps une âme qui se trémousse. Il investit l’exhibitionniste de la dignité sacrée dont lui-même, sans vergogne et contre toute logique, se dépossède. Higinio Marín dit que « la superficie de nos corps est tout sauf superficielle ». Les gens modestes célèbrent son aphorisme et habillent généreusement de leur regard tous ceux qui profitent de la chaleur pour s’exhiber.

    Qu’on ne s’y trompe donc pas. Si nous devons mener pendant l’été une guerre pour la dignité, ce n’est pas parce que nous haïssons la chair, loin de là, mais parce que nous l’aimons. Parce que, comme nos ancêtres, nous apprécions en elle l’expression d’une intériorité qui ne doit pas s’exhiber à la légère.

    Julio Llorente est journaliste. Source : https://alfayomega.es/reivindicar-el-pudor-para-exaltar-la-carne/. Ce texte a été traduit de l’espagnol par Stéphane Seminckx.