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Société - Page 217

  • "Cancel culture" : les nouveaux iconoclastes

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    De Guillaume Bonnet sur le site de France Catholique :

    La «  cancel culture  », des États-Unis à la France

    Les nouveaux iconoclastes

    19 mars 2021

    Inconnue il y a encore quelques mois, l’expression «  cancel culture  », importée des États-Unis, s’est imposée dans l’actualité. Cette «  culture de l’effacement  » entend reformater les esprits, pour les couler dans une idéologie dont le seul moteur semble être le nivellement des consciences. Au prix d’un déracinement systématique.

    Difficile de ne pas songer à la «  novlangue  », le sabir inventé par Orwell dans 1984 pour asseoir la domination totalitaire de Big Brother, quand on considère l’afflux de néologismes, d’acronymes et d’anglicismes – façonnés dans les universités, les salles de rédactions et les ONG – qui trouvent leur terreau dans les réseaux sociaux.

    Déjà, ils s’épanouissent dans le discours public et ne tarderont peut-être pas à s’imposer dans l’intimité des foyers. Dans le camp du bien : les «  wokes   » (comme «  éveillés  »), les «  SJW   » («  social justice warriors  » ou combattants de la justice sociale), les décoloniaux, le mouvement #MeToo…

    Dans le camp du mal : le système patriarcal, l’hétéronormativité, le «  male gaze  » (regard masculin dominateur), les «  Karen   » (les femmes blanches d’âge mûr complices du système-hétéronormé-et-du-racisme-systémique)… Vous ne comprenez rien à ce jargon ? C’est normal. Et tout est fait pour interdire le moindre débat. Le «  Wokistan   » – surnom péjoratif donné à cette nébuleuse idéologique, militante et sentencieuse – a mis au point un outil très efficace pour imposer sa vision du monde : la «  cancel culture  » qui vise à retrancher du paysage, de l’histoire et des cerveaux toute survivance d’un passé honni et tout individu vecteur de schémas archaïques.

    L’horizon indépassable ? Un «  espace de sécurité  » global, d’où serait bannie toute «  micro-agression  », c’est-à-dire toute parole et tout geste qui pourraient blesser telle ou telle communauté – ethnique, sexuelle et autre. Un cauchemar digne de la pire des fictions totalitaires ? Il est déjà réalité dans les universités anglo-saxonnes et le phénomène commence à poindre en France, avec les «  espaces non mixtes  », réservés à seulement à ceux qui peuvent s’estimer ciblés par une «  phobie  » quelconque…

    Les États-Unis en première ligne

    Pas un seul jour sans que l’on n’apprenne un nouvel «  effacement  ». C’est aux États-Unis que se déroulent les opérations les plus spectaculaires. Fin janvier, une commission de San Francisco a décidé de débaptiser 44 établissements qui portent le nom de personnalités supposées avoir «  pratiqué l’esclavage, opprimé les femmes, empêché le progrès social, mené des actions ayant conduit à un génocide  ».

    Dans le collimateur de la commission, non pas d’affreux séides du Ku Klux Klan ou des nostalgiques de la ségrégation, mais Washington, le père de la démocratie américaine, accusé d’avoir possédé des esclaves. Ou Lincoln, qui a aboli l’esclavage mais a ordonné la pendaison de 38 Sioux en 1862. L’univers du sport connaît des purges lexicales majeures, en particulier celui du base-ball avec deux équipes mythiques, les Redskins de Washington et les Indians de Cleveland, rebaptisées car leurs noms étaient jugés offensants pour les populations indiennes.

    L’univers marketing n’est pas en reste. La marque de riz Uncle Ben’s n’a pas manqué d’en faire les frais. Exit l’attachant grand-père noir qui l’incarnait, véhiculant avec lui l’atmosphère des grandes plantations du Sud. Mars, l’actionnaire de la marque, l’a rebaptisée Ben’s Original, et s’est engagé à financer un programme de soutien aux communautés afro-américaines du Mississippi…

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  • Répondre à la "cancel culture" par la transmission et l'enracinement

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    De Véronique Jacquier sur le site de France Catholique :

    «  Répondre par la transmission et l’enracinement  »

    26 juillet 2021

    L’historien Jean-Christian Petitfils fustige une «  cancel culture  » qui se répand jusque dans l’Université et rappelle l’importance de la transmission et de l’enracinement. Entretien.

    Quel regard l’historien que vous êtes porte-t-il sur la «  cancel culture  » ?

    Jean-Christian Petitfils : Initiée en France après la mort tragique de George Floyd en mai 2020 par des associations antiracistes ou des groupuscules de «  défense noire africaine  », la campagne passionnelle et outrancière destinée à abattre les statues, à débaptiser les lycées, les places et les rues portant le nom de grands hommes de notre Histoire, soupçonnés d’esclavagisme ou de colonialisme, est au cœur de cette «  culture de l’effacement  » qui se répand dans le monde occidental.

    Dans ce délire idéologique, où le souci de la vérité historique ne pèse pour rien, on ne sait trop lesquels sont le plus à blâmer, indigénistes, ultra-féministes, militants antiracistes et décoloniaux, islamo-gauchistes, qui ne rêvent que de déconstruire l’histoire de notre pays, ou les hommes politiques et les édiles tétanisés qui mettent genou à terre et se prêtent complaisamment aux injonctions terroristes des discours antiblancs.

    Y a-t-il des statues qu’il serait légitime de déboulonner ?

    Sans doute a-t-on exalté par le passé des individus qui ne le méritaient guère. Le mieux dans ce cas est de condamner leurs statues à l’oubli plutôt que d’agir «  à chaud  » sous l’injonction des manipulateurs. Sinon, où arrêter le curseur ? Quelles victimes choisir ? Jeanne d’Arc, récupérée par l’extrême droite ? Jean-Baptiste Colbert, pour avoir ordonné la rédaction du Code noir ? Louis XIV, pour l’avoir signé ? Voltaire, pour son antijudaïsme enragé ? Napoléon, pour avoir rétabli en 1802 l’esclavage en Guadeloupe et à Saint-Domingue ? Le maréchal Bugeaud, partisan et acteur de la «  terre brûlée  » en Algérie ? Le colonialiste Jules Ferry pour son mépris des «  races inférieures  » ? Charles de Gaulle, qualifié intensément «  d’esclavagiste  » et dont des statues ont été vandalisées ?

    Quels sont les précédents dans l’histoire ?

    Ces précédents, très nombreux, semblent constitutifs de l’histoire de l’humanité. Certains pharaons n’ont-ils pas fait marteler les effigies et les cartouches de leurs prédécesseurs ? Les chrétiens n’ont-ils pas détruit, pour la bonne cause disaient-ils, les idoles païennes, sans se soucier de la culture des peuples indigènes ?

    Faut-il rappeler aussi la grande crise iconoclaste de l’empire romain d’Orient, à partir de Léon III l’Isaurien (VIIIe siècle), qui, interprétant strictement l’interdit biblique de toute image divine, ordonna la destruction massive des icônes du Christ et de la Vierge. Cette crise dura plus d’un siècle.

    La fureur iconoclaste reprit – avec quelle âpre intensité ! – dans l’Europe du XVIe siècle au moment de la Réforme. La déprédation de l’art statuaire catholique s’accompagna de nombreux massacres. Durant les guerres de Religion, le mouvement s’intensifia en France, chaque camp cherchant à éliminer l’autre par la pierre renversée et le sang versé.

    Sous la Révolution, l’abbé Grégoire créa un mot pour dénoncer le phénomène : «  le vandalisme  ». Par fanatisme idéologique, haine de la religion ou de la monarchie, on détruisit des églises, des chapelles, on incendia des châteaux, on abattit des statues de rois, de princes, d’évêques, on vida jusqu’aux tombeaux royaux de Saint-Denis… «  Du passé faisons table rase  », clamera plus tard l’Internationale.

    Plus près de nous, le monde garde en mémoire les sinistres exactions de la Révolution culturelle chinoise, la destruction en 2001 des bouddhas de Bâmiyân en Afghanistan ou la démolition en 2012 des mausolées de Tombouctou au Mali. Personne, en revanche, ne pleure le déboulonnage des statues des dictateurs : Hitler, Staline, Mao, Ceausescu, Saddam Hussein… Heureusement.

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  • Vaccin et fraternité : un appel de la conscience morale

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    Du site du journal La Croix :

    Mgr d’Ornellas : « Vaccin et fraternité, un appel de la conscience morale »

    Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes, et responsable du Groupe bioéthique de la Conférence des Évêques de France, donne des éléments de discernement éthique face à la vaccination

    27/07/2021

    Mgr d’Ornellas : « Vaccin et fraternité, un appel de la conscience morale »
    « Pour ceux qui doutent de la valeur éthique des vaccins, la Congrégation pour la doctrine de la foi à Rome a discerné le 21 décembre que l’usage des vaccins disponibles ne comporte aucune complicité avec le mal. » CORINNE SIMON/CIRIC 

    Si on parlait fraternité ? La petite musique qui circule au sujet de la vaccination serait tout autre, débarrassée des tonalités outrancières que, troublés ou scandalisés, nous avons entendues.

    → À LIRE. Covid-19 : les cultes appellent à la vaccination

    Face au paroxysme de cette outrance, relisons Mgr de Moulins-Beaufort : « Si des réfractaires à la vaccination ont fait usage de l’étoile jaune, c’est une grave confusion de pensée. La Shoah représente une horreur absolue », elle ne peut jamais « devenir un jouet au bénéfice de n’importe quelle cause » ! Sans aller jusqu’à l’outrance, des oppositions à la vaccination s’expriment. Elles sont dues aux divergences entre experts, mais aussi aux tergiversations du gouvernement et à ses dernières décisions. Celles-ci ont pu apparaître comme un chantage à l’exercice de nos libertés individuelles sur lesquelles se fixe, de façon un peu courte, le regard. Du coup, certains se ruent vers le vaccin ; d’autres, irrités, le refusent car cela leur semble une obligation qui ne dit pas son nom et qui discrimine.

    Prendre soin les uns des autres

    La fraternité, elle, élargit le regard. Elle est la valeur cardinale qui nous presse de prendre soin les uns des autres entre adultes et entre générations. En ce temps de pandémie, comment entendre son injonction ? Celle-ci n’est pas d’abord républicaine ; elle est un appel de la conscience morale qui reconnaît les liens unissant les humains entre eux. Tous dotés d’une égale dignité et des mêmes droits de vivre et d’être soignés, ils « doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité ». Ce propos de la Déclaration universelle des droits humains mérite d’être médité !

    → ÉDITO. Vaccination et fraternité

    La fraternité est aussi un appel du cœur. Comment ne pas se laisser toucher par les souffrances sociales dues au virus, et par la douleur de ceux qui ont perdu un être cher sans l’avoir visité ou qui ont subi l’angoisse d’une détresse respiratoire aiguë ! Comment par ailleurs ne pas être attentifs à la santé des plus petits, notamment ceux qui sont destinés à naître !

    Les croyants reconnaissent à quelle fraternité l’unique Père des Cieux les invite. Le chrétien se sait appelé à « aimer en actes et en vérité » : « S’il voit son frère dans le besoin sans faire preuve de compassion, comment l’amour de Dieu pourrait-il demeurer en lui ? » (1 Jn 3,17) La fraternité est une haute valeur éthique, celle de l’amour concret et de l’engagement délibéré en faveur d’autrui. Elle donne sens à la liberté et l’oriente, jusqu’à préférer le bien d’autrui à son propre bien.

    En cette pandémie, la fraternité pousse chacun à considérer les autres comme ses frères et sœurs, et à agir de telle sorte qu’aucun d’entre eux ne soit contaminé par la Covid 19. Comment discerner le juste agir ?

    La confiance est fondamentale face au virus

    Face à ce virus, la confiance est fondamentale. En effet, entre soignants et soignés, la relation est un « pacte de confiance », selon l’admirable formule de Paul Ricœur. Ce 9 juillet, l’Académie de médecine (qui s’est opposée au gouvernement sur la loi de bioéthique) a déclaré : « La vaccination est à ce jour l’approche la plus efficace pour contrôler l’épidémie. »

    Cependant des inquiétudes et des interrogations demeurent, notamment sur l’innocuité de techniques génétiques utilisées pour certains vaccins. Le corps médical doit les entendre et expliquer en toute transparence afin d’éclairer les consciences.

    → À LIRE. Le Vatican approuve les vaccins contre le Covid

    Pour s’éclairer sereinement, chacun peut écouter en confiance l’avis de son médecin. Il évaluera si dans la situation concrète et l’état de santé de la personne, il est bon ou non pour elle d’être vaccinée.

    Pour ceux qui doutent de la valeur éthique des vaccins, la Congrégation pour la doctrine de la foi à Rome a discerné le 21 décembre que l’usage des vaccins disponibles ne comporte aucune complicité avec le mal.

    Le bien commun

    La fraternité nous convie aussi à la solidarité en vue du bien commun auquel appartient la santé de tous. Éviter qu’elle se dégrade chez d’autres à cause de la Covid-19, c’est choisir de participer à l’effort collectif en respectant tous les gestes barrières et en entendant les scientifiques qui estiment qu’atteindre 90 % de personnes vaccinées contribuera à vaincre le virus.

    Personnellement, la fraternité m’a invité à choisir de recevoir le vaccin, comme d’autres. Certains hésitent, ont peur, cherchent à comprendre. C’est légitime. Pour les croyants, prier l’Esprit Saint apaise et clarifie le discernement. Ainsi, devant le choix de se faire vacciner, la fraternité et la confiance ouvrent un chemin de sérénité et de pondération pour que chacun mûrisse sa décision en toute liberté et responsabilité.

  • Qu’est-ce que l’homme ? La question fondamentale que le prochain pape ne pourra plus esquiver

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso, en traduction française sur Diakonos.be :

    Qu’est-ce que l’homme ? Une question que le prochain pape ne pourra plus esquiver

    L’article de Settimo Cielo « Conclave en vue, tout le monde prend ses distances avec le Pape François » a eu un certain retentissement, aussi bien par ses conjectures sur la succession que, plus encore, parce qu’il a mis en évidence les silences singuliers des deux livres jumeaux au départ de cette chronique, l’un et l’autre rédigés par des auteurs prestigieux connus aussi bien en Italie qu’à l’étranger, Andrea Riccardi et Giuseppe De Rita, et tous deux dotés de titres résolument alarmistes sur l’état de santé de l’Église catholique, pour la huitième année du pontificat de Jorge Mario Bergoglio : « La Chiesa brucia » [L’église brûle] et « Il gregge smarrito » [Le troupeau dispersé].

    Le premier silence relevé par Settimo Cielo dans ces deux ouvrages concerne justement le Pape François, et il est d’autant plus significatif qu’ils sont l’œuvre de deux personnalités qui l’ont jusqu’ici soutenu, comme s’ils voulaient à présent prendre leurs distances et penser davantage au successeur qu’à lui.

    Le second silence – certainement le plus évocateur – fait quant à lui l’impasse sur les réels défis que l’Église auxquels l’Église est appelée à faire face aujourd’hui. Dans ces deux livres, quoique riches d’idées intéressantes, on ne trouve rien ou presque, en particulier, sur cette mutation de l’idée de l’homme qui constitue l’apport le plus révolutionnaire de la culture actuelle et qui se trouve aux antipodes de l’anthropologie chrétienne.

    C’est précisément sur cette question que le très réputé Sergio Belardinelli (photo), professeur de sociologie de processus culturels à l’Université de Bologne, mais sans doute plus philosophe que sociologue, nous écrit l’article qui suit.

    Ses intérêts scientifiques portent principalement sur les dynamiques socio-culturelles liées au développement des sociétés complexes, avec une référence particulière à la religion, à la politique, à l’identité culturelle et à la bioéthique. Parmi ses livres les plus récents, on peut citer : « L’altro Illuminismo. Politica, religione e funzione pubblica della verità », Rubbettino 2010; « Sillabario per la tarda modernità », Cantagalli 2012; « L’ordine di Babele. Le culture tra pluralismo e identità », Rubbettino 2018; « All’alba di un nuovo mondo », Il Mulino 2019 (avec Angelo Panebianco).

    Settimo Cielo avait d’ailleurs publié quelques extraits de ce dernier livre lors de sa sortie, ils concernaient eux aussi la question abordée dans cet article et les incertitudes de l’Église quant aux réponses à apporter à ces nouveaux défis :

    > L’Europe vote. Mais l’Église aussi doit décider de son destin

    Entre 2008 et 2012, Belardinelli a également été coordinateur scientifique du « Comitato per il Progetto Culturale » présidé par le cardinal Camillo Ruini.

    *

    Une inattention qui peut coûter cher

    de Sergio Belardinelli

    J’ai lu moi aussi les deux livres dont parle Sandro Magister, mais je n’aurais jamais été capable les raccrocher comme il l’a fait à la perspective d’un prochain conclave. Une piste très alléchante et convaincante qui ne manquera pas de capter l’attention de nombreux vaticanistes et autres experts de questions qui concernent le présent et l’avenir de l’Église catholique.

    Ce qui m’a en revanche frappé également, c’est le peu d’attention que ces deux livres réservent à ce qui constitue pourtant le défi des défis pour l’Église et pour le monde : la question anthropologique.

    Comme Magister le souligne très justement, nous sommes face à une véritable « révolution » concernant notre compréhension de la naissance, de la génération, de la mort, du libre arbitre, qui n’a que peu de choses en commun avec le modèle que l’on trouve dans la Bible.

    Il n’est plus seulement question d’avortement, d’euthanasie ou de procréation artificielle ; mais c’est la spécificité même de la nature humaine, son primat sur les autres êtres vivants et donc la place que l’homme occupe dans ce monde qui sont sérieusement remis en question.

    Il n’est plus simplement question de sauvegarder et de préserver le monde que nous partageons avec les autres êtres vivants, un devoir auquel nous ne pouvons plus nous soustraire de quelque manière que ce soit ; mais selon une certaine culture toujours plus virulente, c’est un peu comme si, en tant qu’hommes, nous aurions en quelque sorte usurpé quelque chose, lésé les doits de quelqu’un d’autre, qu’il s’agisse d’animaux ou de plantes. Sans parler de ce qui pourrait se produire sur les fronts de ce qu’on appelle le « big data » et des intelligences artificielles.

    Étant donné les implications culturelles, sociales et politiques de tous ces aspects, il est frappant qu’on n’en parle presque pas voire pas du tout dans des livres qui prétendent pourtant relancer le rôle de l’Église dans le monde contemporain. S’il est pourtant vrai que l’Église est « experte en humanité », alors le moins que l’on puisse dire c’est que c’est le moment de le démontrer, parce que c’est précisément l’humanité de l’homme lui-même qui est sérieusement remise en question.

    Même si ce point peut sembler discutable, je considère qu’il s’agit pourtant d’un thème sur lequel l’Église aurait beaucoup à dire au monde et qu’elle pourrait même retrouver un certain impact susceptible de mitiger cette dramatique difficulté de parler au cœur des hommes dont parle le livre de Riccardi.

    Mais naturellement, le magistère de saint Jean-Paul II et de Benoît XVI pèse lourdement sur cette importante question anthropologique, avec cette aura de « principes non-négociables » qui l’entoure et l’on préfère donc l’esquiver. Un « vide programmatique », comme l’appelle Magister, qui n’aidera certainement pas le Pape François, et encore moins son successeur.

  • Benoît XVI déplore un manque de foi au sein des institutions ecclésiastiques en Allemagne

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    Du National Catholic Register :

    Benoît XVI déplore le manque de foi dans les institutions ecclésiastiques en Allemagne

    Dans un échange avec Tobias Winstel, le pontife retraité de 94 ans a réfléchi au concept de "Amtskirche", un terme allemand qui peut être traduit par "Église institutionnelle" et qui est utilisé pour désigner le grand nombre de structures et d'institutions financées par les impôts de l'Église en Allemagne.

    26 juillet 2021

    Le pape émérite Benoît XVI s'est dit préoccupé par le manque de foi au sein des institutions de l'Église en Allemagne. Le pape retraité a fait ces commentaires dans une conversation écrite dans le numéro d'août du magazine allemand Herder Korrespondenz, marquant le 70e anniversaire de son ordination à la prêtrise, a rapporté CNA Deutsch, le partenaire d'information en langue allemande de CNA. "Dans les institutions de l'Église - hôpitaux, écoles, Caritas - de nombreuses personnes participent à des postes décisifs qui ne partagent pas la mission intérieure de l'Église et obscurcissent ainsi dans de nombreux cas le témoignage de cette institution", a-t-il déclaré. 

    Dans un échange avec Tobias Winstel, l'homme de 94 ans a réfléchi au concept de "Amtskirche", un terme allemand que l'on peut traduire par "Église institutionnelle" et qui est utilisé pour désigner le grand nombre de structures et d'institutions financées par les impôts de l'Église en Allemagne. Il écrit : "Le mot 'Amtskirche' a été inventé pour exprimer le contraste entre ce qui est officiellement exigé et ce qui est personnellement cru. Le mot 'Amtskirche' insinue une contradiction interne entre ce que la foi exige et signifie réellement et sa dépersonnalisation." Il suggère que de nombreux textes émis par l'Église allemande ont été rédigés par des personnes pour qui la foi était largement institutionnelle. "En ce sens, je dois admettre que pour une grande partie des textes institutionnels de l'Église en Allemagne, le mot 'Amtskirche' s'applique effectivement", a-t-il commenté. Il poursuit : "Tant que dans les textes de l'Église institutionnelle, seul le bureau, mais pas le cœur et l'esprit, parlent, tant que la foi continuera à déserter le monde."

    Benoît XVI, qui était préfet de la Congrégation du Vatican pour la doctrine de la foi avant d'être élu pape, a déclaré : "C'est pourquoi il me semblait important à une époque comme aujourd'hui, de sortir la personne du couvert de la fonction et d'attendre des porte-parole de l'Église un véritable témoignage personnel de foi."

    Au cours de la conversation, Benoît XVI a également abordé une question qu'il avait soulignée en 2011 lors de son dernier voyage en Allemagne en tant que pape. Dans un discours prononcé à Fribourg, une ville universitaire du sud-ouest de l'Allemagne, il avait implicitement critiqué certains aspects de l'Église allemande, évoquant une tendance à donner "plus de poids à l'organisation et à l'institutionnalisation" qu'à la "vocation de l'Église à l'ouverture vers Dieu".

    Dans ce discours, Benoît XVI a appelé à une "Église détachée de la mondanité", utilisant l'expression allemande "entweltlichte Kirche". L'ancien pape a déclaré à Herder Korrespondenz qu'il estimait désormais que ce terme était inadéquat. "Le mot 'Entweltlichung' ['détachement de la mondanité'] indique la partie négative du mouvement qui me préoccupe", a-t-il écrit. "Le positif n'est pas suffisamment exprimé par ce terme". Il s'agit plutôt, selon lui, de sortir des contraintes d'une époque particulière "pour entrer dans la liberté de la foi." Dans cet échange écrit, Benoît XVI a également mis en garde les catholiques contre le danger de rechercher une "fuite dans la doctrine pure". 

    Benoît XVI, qui a été le chef doctrinal du Vatican de 1982 à 2005, a déclaré que la tentative d'un tel vol était "complètement irréaliste". "Une doctrine qui existerait comme une réserve naturelle séparée du monde quotidien de la foi et de ses besoins serait en même temps un abandon de la foi elle-même", a-t-il déclaré.

    Au cours de la conversation, il a également été demandé à Benoît XVI s'il avait été un bon pasteur lorsqu'il servait à l'église du Précieux Sang dans le quartier de Bogenhausen à Munich après son ordination le 29 juin 1951. "Si j'ai été un bon prêtre et un bon pasteur, je n'ose pas en juger", a-t-il répondu, ajoutant qu'il avait essayé "d'être à la hauteur des exigences de mon ministère et de mon ordination."

  • Les tentations totalitaires au cœur des sociétés occidentales

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    D'Anne-Laure Debaecker sur le site "Pour une école librte au Québec" :

    Culte du progrès, croyance au sens de l'histoire, volonté de transformation : tentations totalitaires au cœur des sociétés occidentales

    26 juillet 2021

    Ryszard Legutko a vécu une partie de son existence dans la Pologne communiste. Professeur de philosophie et éditeur d’une revue clandestine, il a expérimenté le fonctionnement d’un régime totalitaire dans ses aspects les plus concrets. Après la chute du mur et le retour de la liberté, il fut stupéfait de voir les ex-communistes s’adapter bien mieux que les anciens dissidents à la démocratie libérale et aux affaires. Il voulut comprendre les raisons de cette étonnante compatibilité.

    En étudiant dans les détails les évolutions récentes de la démocratie libérale, il a découvert qu’elle partage en fait de nombreux traits inquiétants avec le communisme. Culte du « progrès », certitude qu’il existe un « sens de l’Histoire », volonté de transformer la société en luttant contre les adversaires de « l’émancipation et de l’égalité », soumission du suffrage populaire à des instances élitaires non élues, et aboutissement dans les deux cas, derrière le discours de la tolérance, à l’incapacité à tolérer aucune opinion contraire.

    À l’heure où, dans les démocraties occidentales, nombre d’électeurs sentent qu’ils ne sont plus vraiment maîtres de leurs choix politiques et qu’ils doivent même censurer leurs propres opinions, cet ouvrage permet, en remontant le fil des changements récents, d’identifier clairement les erreurs commises et les solutions pour les réparer.

    Professeur de philosophie, ancien ministre de l’Éducation en Pologne et député européen, il a répondu ci-dessous aux questions d’Anne-Laure Debaecker de Valeurs Actuelles.

    Anne-Laure Debaecker. — Votre étude porte sur un sujet peu abordé : les similitudes entre les régimes démocratiques et communistes. Qu’est-ce qui vous a poussé à entreprendre cette enquête ?

    Ryszard Antoni Legutko. — Plusieurs choses m’y ont poussé. La première impulsion était une observation selon laquelle les anciens communistes, après l’effondrement du régime, se sont non seulement transformés du jour au lendemain en démocrates libéraux exemplaires, mais ils ont aussi été accueillis comme des partenaires et amis fiables par les démocrates libéraux, alors que les conservateurs des partis postcommunistes étaient considérés de façon assez hostile.

    Puis, lorsque je me suis engagé dans la politique européenne, j’ai découvert à ma grande consternation que le pluralisme politique était une imposture. Le pouvoir est entre les mains d’un courant politique résolument de gauche et les soi-disant partis conservateurs ne sont plus conservateurs et ont accepté l’ordre du jour de gauche. Pour donner un exemple, le mariage homosexuel a été introduit par les socialistes en France, par les conservateurs en Grande-Bretagne et par les chrétiens-démocrates en Allemagne. Il y a une hégémonie politique et idéologique et quiconque s’oppose au courant dominant est ostracisé, intimidé et parfois puni par la loi. Nous voyons l’émergence de la censure et le politiquement correct est en train de devenir féroce. Il ne s’agit pas seulement du fanatisme de groupes marginaux, mais de la position officielle du courant dominant, c’est-à-dire un large spectre allant de la gauche à la soi-disant droite. Ce politiquement correct n’aurait pas émergé dans un environnement social véritablement diversifié.

    — Certains pourraient vous rétorquer qu’il n’y a pas de comparaison possible entre un régime autoritaire et liberticide tel que le communisme et le régime démocratique, garant des libertés…

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  • Le gouvernement hongrois lance un référendum sur la question de la protection des enfants

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    De Rod Dreher sur The American Conservative :

    Orban : Laissez le peuple voter sur la loi LGBT

    Le Premier ministre hongrois Viktor Orban annonce la tenue prochaine d'un référendum sur la loi d'information LGBT.

    21 JUILLET 2021

    Le premier ministre hongrois Viktor Orban a annoncé une grande nouvelle aujourd'hui. Voici une partie de l'annonce traduite :

    Le gouvernement hongrois lance un référendum sur la question de la protection des enfants, a annoncé mercredi Viktor Orbán. Les questions porteront notamment sur ce que pensent les parents de l'introduction de la propagande sexuelle auprès des enfants dans les établissements d'enseignement public.

    Il y aura également des questions demandant dans quelle mesure les parents sont favorables à l'organisation de conférences dans les écoles sur les traitements de changement de sexe. Le Premier ministre demande à tous de dire non à ces questions ensemble.

    Ces dernières semaines, Bruxelles a attaqué la Hongrie pour ses lois de protection de l'enfance, a déclaré Viktor Orbán. Le Premier ministre a ajouté que l'Union européenne exige une modification de la loi sur l'éducation et la protection de l'enfance.

    [Citation d'Orbán :] "Bruxelles exige maintenant une modification de la loi sur l'éducation et des règles de protection des enfants. Ils regrettent que ce qui est déjà permanent en Europe occidentale ne soit pas possible chez nous. Là-bas, les militants LGBTQ visitent les jardins d'enfants et les écoles, ils dispensent une éducation sexuelle. Ici aussi, ils le veulent, c'est pourquoi les bureaucrates de Bruxelles menacent et engagent des procédures d'infraction, c'est-à-dire qu'ils abusent de leur pouvoir" - a déclaré le Premier ministre. Il a ajouté que l'avenir de nos enfants est en jeu, nous ne pouvons donc pas lâcher prise sur cette question. Lorsque la pression sur notre pays est si forte, seule la volonté commune du peuple peut protéger la Hongrie.

    Les questions du référendum seront les suivantes :

    • Êtes-vous favorable à la tenue d'une séance d'orientation sexuelle dans un établissement d'enseignement public sans le consentement des parents ?
    • Êtes-vous favorable à la promotion des traitements de changement de sexe pour les enfants mineurs ?
    • Êtes-vous favorable à l'offre de traitements de changement de sexe pour les mineurs ?
    • Êtes-vous favorable à la présentation sans restriction aux mineurs de contenus médiatiques à caractère sexuel qui affectent leur développement ?
    • Êtes-vous favorable à la présentation aux mineurs de contenus médiatiques sensibles au genre ?

    C'est un coup d'éclat. L'opposition hongroise n'a pas voté la loi, car elle la considérait comme manipulatrice. Tous les parlementaires étaient d'accord pour dire que les lois hongroises contre la pédophilie devaient être renforcées. Le Fidesz, le parti d'Orban, y a ajouté la loi sur la propagande LGBT interdisant les choses implicites dans ces cinq questions. L'opposition libérale a cru - sans doute à juste titre - qu'il s'agissait d'une manœuvre politique visant à l'obliger à voter pour un projet de loi (le projet de loi sur l'information des LGBT) auquel elle s'oppose, sous peine d'être accusée d'être laxiste en matière de pédophilie. Ils ont raison - c'était une manœuvre politique effrontée et manipulatrice. Néanmoins, la législation elle-même, à mon avis, était correcte et nécessaire. L'autre jour, j'ai discuté avec un critique de la législation, mais lorsque je lui ai expliqué à quel point cette propagande était allée loin aux États-Unis, il était visiblement choqué et a admis qu'il était déconnecté et qu'il n'avait aucune idée que les choses allaient si mal en Amérique.

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  • Quand le Parlement européen vote une résolution pro-avortement et anti-objection de conscience

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    De Philippe Oswald sur la Sélection du Jour :

    La résolution pro-avortement et anti-objection de conscience du Parlement européen

    Un nouvel épisode peu commenté dans le combat mondial qui se déroule actuellement entre les partisans de l’avortement et les défenseurs du droit à la vie : le 24 juin, le Parlement européen a adopté la Résolution Matić sur l’avortement. 378 voix pour, 255 voix contre, 42 abstentions : une victoire, donc, pour la culture de mort camouflée sous ce titre lénifiant : « La santé et les droits génésiques et sexuels dans l’Union, dans le cadre de la santé des femmes ». Qui pourrait en effet s’opposer raisonnablement à la santé des femmes ?

    Pourtant, une majorité de députés des partis de droite, y compris du principal, le Parti populaire européen (PPE), a tenté de faire barrage. Mais c’est l’alliance de libéraux, d’écologistes et de socialistes (majoritaires au Parlement européen depuis les dernières élections européennes) qui l’a emporté. En réalité, seule une minorité de députés du Parlement européen est fermement opposée à « un droit à l’avortement ». Les résolutions alternatives des groupes CRE (Conservateurs et réformistes européens) et PPE ne proposaient pas d’interdire l’avortement eugénique ou l’avortement à la demande. La proposition du CRE rappelait cependant l’incompétence de l’UE s’agissant d’une question de santé, et le droit à l’objection de conscience du personnel soignant. La proposition du PPE dissociait l’avortement de la « santé sexuelle et génésique », et après avoir relevé que l’avortement n’est pas une méthode de contraception, demandait de « tout faire pour réduire le nombre d’avortements ». Vaines tentatives : tous les amendements qui plaidaient pour le devoir et l’intérêt des États à prévenir l’avortement et à aider les femmes furent rejetés en commission parlementaire.

    Si la droite reste timide et désunie face à l’avortement, la gauche est « toujours plus unie et déterminée (…) tant et si bien qu’elle n’est objectivement plus « pro-choix », mais uniquement « pro-avortement », relève Grégor Puppinck, directeur de l’European Center for Law and Justice (ECLJ). La Résolution Matic recommande en particulier de lutter contre la « désinformation » pro-vie. Comme si tout devait être fait, au nom de la santé des femmes, pour les pousser à avorter, sans délai de réflexion, sans discussion, sans alternative.

    L’ennemi à abattre est à présent clairement l’objection de conscience des professions médicales. La Résolution Matić lui consacre trois paragraphes (36 à 38) pour inciter les États à la vider de sa substance sous prétexte qu’elle empêcherait « un traitement efficace pendant la grossesse » ! Et pour faire taire les derniers scrupules, le mot « bébé » qui existait initialement dans la proposition de résolution Matić (cette inadvertance cacherait-elle un retour du naturel au galop ?) a été supprimé lors du vote final du paragraphe 38, relève Grégor Puppinck. En somme, il n’y a plus que pour les animaux qu’il est admis de parler de « bébé » avant la naissance, comme l’actualité vient de le rappeler en France cette semaine avec des titres extatiques sur la gestation d’un « bébé panda » au zoo de Beauval…

    Si le parlement de l’UE n’a pas le pouvoir d’obliger les États à modifier leur législation, la pression augmente. La Résolution Matić est une nouvelle arme pour faire plier les gouvernements conservateurs européens qui, tels ceux de Hongrie et de Pologne, refusent de rentrer dans le moule libertaire, anti-familial et anti-vie, de l’UE. Cela s’inscrit dans un combat planétaire, explique Grégor Puppinck (dans son article sur le « conflit mondial » de l’avortement en lien ci-dessous) : « À chaque fois et en tous lieux, les mêmes lobbies de l’avortement agissent, et à chaque fois, quelques groupes pro-vie chrétiens tentent de résister. » À vrai dire, les défenseurs de la vie ne sont pas moins déterminés que les pro-avortement. Mais ces derniers sont adossés à des multinationales de l’avortement (Fédération Internationale du Planning Familial, Mary Stopes International) qui disposent de fonds colossaux (via les fondations Rockefeller, Ford, Open Society de Soros, Gates, en lien avec la Banque Mondiale ou le Fonds des Nations Unies pour les activités en matière de population) et de complicités dans les grands médias, dans les parlements nationaux et les juridictions (Cour européenne des droits de l’homme, Cour interaméricaine des droits de l’homme, Cour Suprême des États-Unis, ONU). Tout un arsenal qui leur a permis, jusqu’à présent, d’avancer inexorablement. Pas toujours et partout, cependant, tempère Grégor Puppinck : « … nous assistons à un renforcement simultané des deux camps. Les « pro-vie » se renforcent aux États Unis, dans plusieurs pays d’Europe centrale et ont même remporté des victoires en Europe occidentale, tandis que les « pro-mort » renforcent leurs positions dans les instances internationales, et dans les pays pauvres. » Après tout, Goliath aussi avançait avec une totale assurance contre David… « Nous avons le sentiment de l’imminence d’une lutte finale », conclut Grégor Puppinck.

     
    Avortement : un conflit mondial
    ECLJ 02-07-2021
    Avortement : un conflit mondial
    Lire l'article sur : ECLJ
  • De bonnes (et exigeantes) lectures pour l'été

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    Suggestion de l'European Centre for Law & Justice (ECLJ) :

    Adoption de la Résolution Matic

    Madame, Monsieur,

    Le combat pour le droit et la justice serait vain s’il n’était enraciné dans une bonne compréhension du droit naturel et de la morale. C’est là la beauté du droit ; et c’est ce qui fait souvent défaut dans l’enseignement juridique. C’est pourquoi nous souhaitons contribuer à y remédier en vous proposant une série de textes de qualité permettant de comprendre les notions fondamentales telles que la loi, le juste, le bien commun, le droit naturel, ou encore la relation entre le droit et la morale.

    Pour cet été, nous vous proposons deux textes de grande qualité expliquant ce qu’est la « loi » en philosophie et en théologie morales. Il s’agit d’extraits de cours dont la publication nous a été autorisée par leurs éditeurs respectifs. Nous les en remercions vivement. La lecture et l’étude de ces textes peut être très bénéfique aux juristes, étudiants et confirmés.

    • Le Pédagogue : la loi, extrait du « Petit cours » de morale fondamentale, du P. Michel Labourdette, O.P., accessible ici.
    • La loi morale, extrait du cours de théologie morale fondamentale de l’abbé Perrenx, accessible ici.
    Nous vous proposons en outre quelques articles plus spécifiques :
    • La justice selon Aristote, par Michel Bastit, accessible ici.
    • Le regard du jusnaturaliste : la nature humaine, source du droit, par Xavier Dijon, accessible ici.
    • Insaisissable dignité, par Xavier Dijon, accessible ici.
    • Les échelles juridiques de l’eugénisme, par Xavier Dijon, accessible ici.
  • Agression de religieuses et fermeture des urgences d'un hôpital catholique en Inde

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    Une dépêche de l'Agence Fides :

    ASIE/INDE - Agression de religieuses, fermeture des urgences d'un hôpital catholique

    19 juillet 2021

    Mokama (Agence Fides) - La salle d'urgence de l'hôpital catholique de Nazareth à Mokama, au sud-est de Patna, dans l'État indien du Bihar, a été fermée après l'agression subie par les religieux qui y travaillent le 16 juillet. Comme l'a rapporté à l'Agence Fides Sœur Anjana Kunnath, Administratrice de l'hôpital de Nazareth à Mokama, un groupe d'environ 30 personnes a attaqué les Sœurs de la Charité de Nazareth, qui gèrent l'hôpital, en dévastant le service des urgences. Selon la reconstitution des événements, le groupe avait amené un homme avec une grave blessure par balle, mais lorsqu'il a été examiné et traité par le médecin de garde, sa mort n'a été que confirmée. "La foule a insisté sur le fait que l'homme avait encore un battement de cœur. Ils ont menacé et terrorisé le personnel médical, le gardien et les autres patients", raconte Sr Kunnath. La foule a violemment frappé la sœur Aruna Kerketta, qui travaillait aux urgences, tandis que "certains policiers de Mokama sont restés à l'écart pendant que la foule se comportait violemment".

    Le patient, un homme de 40 ans, Pankaj Kumar Singh, a été abattu alors qu'il rentrait du travail en moto. "Il est tragique de perdre soudainement un jeune homme comme cela. Mais il est tout aussi tragique de terroriser les infirmières de garde et le médecin", a déclaré Sr Kunnath en s'adressant à la police, qui avait été alertée par l'administration.

    Actuellement, l'hôpital ne dispose que de services médicaux ambulatoires et hospitaliers pour l'obstétrique et la gynécologie. Il dispose également de services tels que le laboratoire, la radiographie, l'échographie et la pharmacie, ainsi que d'un service de physiothérapie. "Notre établissement est au service de la région et de la population locale, sans aucune discrimination, il est dans l'intérêt de tous de le préserver et de le faire fonctionner", note Sœur Kunnath.

    L'hôpital Nazareth a commencé à fonctionner en 1948 avec 25 lits et s'est progressivement développé pour devenir un établissement de 150 lits en 1965. La congrégation, basée dans le Kentucky aux États-Unis, a lancé ce projet à l'invitation de l’Évêque de Patna et des jésuites locaux. En 1984, l'hôpital a été agrandi pour devenir un établissement de 280 lits avec l'aide d'un organisme de financement allemand.

    Les Sœurs de la Charité de Nazareth ont également lancé plusieurs projets de santé tels que "Mahila Mandals", un programme d'immunisation, un programme de lutte contre la tuberculose et la lèpre. En 2004, l'hôpital a ouvert un centre de soins communautaires pour le traitement des patients atteints du SIDA.

    En plus de 70 ans, l'hôpital a soigné des centaines de milliers de personnes, pour la plupart pauvres, provenant de nombreux districts du Bihar, du Bengale occidental et même des frontières du Népal. Il a également organisé des cours de formation pour les infirmières et le personnel de santé. (SD-PA) (Agence Fides 19/7/2021)

  • France : le Pass sanitaire, "une remise en cause profonde et inédite de notre modèle de société"

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    De François-Xavier Bellamy sur son blog :

    Pass sanitaire : une remise en cause profonde et inédite de notre modèle de société

    François-Xavier Bellamy - pass sanitaire

    Tribune publiée dans Le Figaro du 15 juillet 2021 avec Loïc Hervé, sénateur de la Haute-Savoie et vice-président du parti Les Centristes. Photo : François BOUCHON/Le Figaro

    Les libertés fondamentales, l’égalité des droits, l’amitié civique, ne sont pas des privilèges pour temps calmes : c’est un héritage qui nous oblige.

    Depuis l’apparition du coronavirus, nous sommes passés par bien des expériences inédites, et nous avons vu vaciller, de confinements en couvre-feu, la rassurante et illusoire évidence de nos libertés publiques. Mais il ne faut pas se méprendre : la vraie rupture historique pour notre modèle de société date de lundi dernier, avec les mesures annoncées par le président de la République. Si nous nous sommes opposés, il y a plusieurs mois déjà, à la création du « pass sanitaire » par le Parlement européen et le Parlement français, c’est parce que nous refusons absolument le monde qui se dessine sous nos yeux.

    S’opposer au pass sanitaire n’est pas être « anti-vaccin ».

    Une précision d’abord, dans la confusion et les caricatures du moment : s’opposer au pass sanitaire n’est pas être « anti-vaccin ». La vaccination est un progrès scientifique prodigieux, et l’une des plus belles pages de l’histoire de notre pays est sans doute d’y avoir largement contribué à travers l’œuvre de Pasteur. Mais comment comprendre que cette tradition scientifique aboutisse à la déraison que nous constatons aujourd’hui ? Avec dix-huit mois de recul, nous connaissons désormais le coronavirus : nous savons chez quels sujets il provoque des formes graves, et lesquels il laisse indemne. 93% des victimes du coronavirus en France avaient plus de 65 ans ; 65% avaient un facteur de comorbidité. En-dessous de 40 ans, sans facteur de comorbidité, le risque de mourir du coronavirus est quasi inexistant. Pourquoi alors ne pas adopter la même stratégie de vaccination que celle qui a lieu chaque année face à la grippe saisonnière ? Rappelons que, sans susciter aucune opposition, plus de 10 millions de vaccins ont été administrés l’an dernier contre cette épidémie, majoritairement pour les personnes vulnérables, âgées ou présentant une fragilité particulière. Le nombre de morts est ainsi contenu chaque année, sans qu’il soit jamais question de vacciner toute la population tous les ans au motif qu’il faudrait éviter la circulation du virus. On ne traite pas les plus jeunes d’irresponsables égoïstes parce qu’ils ne se font pas vacciner contre la grippe ! Ce débat doit être mené sans simplisme et sans leçons de morale : oui, on peut être favorable aux vaccins, y compris à une campagne très large pour vacciner les personnes vulnérables face à cette épidémie, et affirmer que la stratégie de masse actuellement choisie semble hors de toute mesure : pourquoi faudrait-il vacciner un adolescent, qui ne risque absolument rien du coronavirus, au motif qu’il faut protéger les personnes âgées, si celles-ci sont vaccinées ? C’est faire complètement l’impasse sur le nécessaire arbitrage entre bénéfice et risque, y compris du point de vue collectif.

    Mais là n’est même pas le problème essentiel, en un sens. Ce que nous n’accepterons jamais, c’est la transformation de nos vies quotidiennes, de nos relations humaines, de notre modèle de société, qui s’accomplira de manière certaine et probablement irréversible par la mise en œuvre du « pass sanitaire ». Pour la première fois dans notre histoire, il faudra présenter un document de santé pour effectuer les actes les plus simples du quotidien – prendre un train, entrer dans un magasin, aller au théâtre… L’accès à un espace public sera différencié selon vos données de santé. Comment une telle révolution peut-elle s’opérer avec une justification si faible , sans débats approfondis, en caricaturant tous ceux qui osent s’en inquiéter ? Rappelons pourtant combien ces contraintes inédites paraissaient inimaginables il y a encore quelques mois : lorsque certains s’inquiétaient que le vaccin puisse devenir le critère d’une existence à deux vitesses, on les traitait de complotistes. Lorsque le pass sanitaire a été créé, le gouvernement jurait que jamais, jamais il ne conditionnerait l’accès à des actes quotidiens – seulement à des événements exceptionnels réunissant des milliers de personnes. C’est d’ailleurs à cette condition explicite qu’un tel dispositif avait été accepté par les autorités administratives compétentes pour la protection des libertés ou des données privées. Le fait que l’État méprise à ce point la parole donnée, sur des sujets aussi graves et en un temps aussi court, a de quoi inquiéter n’importe quel Français sur l’avenir de la liberté.

    Le fait que l’État méprise à ce point la parole donnée, sur des sujets aussi graves et en un temps aussi court, a de quoi inquiéter n’importe quel Français sur l’avenir de la liberté.

    Car c’est bien tout notre modèle de société qui est aujourd’hui menacé. Si le gouvernement a la certitude que la vaccination générale est absolument indispensable, alors il devrait en tirer toutes les conséquences, et la rendre obligatoire. Nous ne pensons pas cela ; mais ce serait au moins, du point de vue démocratique, une décision plus loyale que l’hypocrisie de cette contrainte déguisée. Ce serait surtout éviter de basculer dans ce nouveau monde où l’État contraindra chaque citoyen à contrôler son prochain pour savoir s’il faut l’exclure. Le serveur d’un bistrot sera sommé de vérifier la vaccination et la pièce d’identité d’un client pour pouvoir servir un café ; les mariés devront demander un QR code à leurs invités avant de les laisser entrer ; le patron licenciera un employé s’il n’a pas de pass sanitaire. Et la police viendra sanctionner ceux qui n’auront pas participé efficacement à ce contrôle permanent. Qui peut prétendre qu’un tel dispositif permet de « retrouver la liberté » ? Ne pensez pas que, parce que vous êtes vacciné, vous aurez « une vie normale » : quand on doit présenter dix fois par jour son carnet de santé et sa carte d’identité, pour acheter une baguette ou faire du sport, on n’a pas retrouvé la liberté. Quand chacun doit devenir le surveillant de tous les autres, on n’a pas « une vie normale ».

    Quand chacun doit devenir le surveillant de tous les autres, on n’a pas « une vie normale »

    On nous dira qu’il faut choisir entre le pass sanitaire et le confinement généralisé : ce chantage est absurde. Dès lors que les plus vulnérables sont vaccinés, il n’y a aucune raison de revenir au confinement, aucune raison en particulier de fermer les amphis et d’enfermer les adolescents. Nous n’avons pas à choisir entre deux manières inutiles d’abandonner la liberté. Ce combat n’est pas individualiste, au contraire : c’est se sentir vraiment responsables d’un bien commun essentiel que de défendre cette liberté aujourd’hui gravement menacée. Il y a là un défi de civilisation : face aux modèles autoritaires qui triomphent ailleurs dans le monde, l’Europe et la France doivent montrer qu’une action publique efficace, même en temps de crise, n’impliquera jamais d’abandonner nos principes. Les libertés fondamentales, l’égalité des droits, l’amitié civique, ne sont pas des privilèges pour temps calmes : c’est un héritage qui nous oblige.


  • Discours de Sa Majesté le Roi à l’occasion de la Fête Nationale

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    Discours de Sa Majesté le Roi à l’occasion de la Fête Nationale

    20 juillet 2021

    Mesdames et Messieurs,

    Une catastrophe naturelle sans précédent a frappé une grande partie de notre pays. Nos pensées sont auprès des familles et des proches des victimes et de tous ceux qui sont dans la détresse. Le bilan humain est très douloureux.

    Les inondations ont provoqué d’énormes dégâts dans nos villes et nos villages. Beaucoup ont tout perdu. Souvent le travail de toute une vie, balayé en quelques heures. La Reine et moi n’oublierons jamais nos échanges avec les habitants de Pepinster, de Chaudfontaine, de Rochefort et d’autres communes lourdement touchées.

    Mais dans l’adversité, notre population fait preuve d’une immense solidarité. De tout le pays abonde une aide spontanée aux sinistrés, et d’innombrables volontaires se dévouent sans compter. Je veux leur dire notre gratitude, tout comme à nos partenaires européens venus en soutien.

    Je remercie également toutes les autorités sur le terrain ainsi que les services de secours, les pompiers et l’armée qui ont œuvré sans relâche. Je sais que tous les moyens seront mis en œuvre pour la reconstruction.

    Mesdames et Messieurs,

    Cette tragédie s’ajoute à la longue période de pandémie.

    Ces derniers dix-huit mois, notre pays a traversé une rude épreuve. Nous avons payé un lourd tribut. Nombre d’entre nous ont vécu un drame familial ou professionnel. Nos conditions de vie bouleversées ont eu des conséquences sur la santé mentale de la population, surtout des jeunes. Beaucoup ont souffert de solitude et d’isolement.

    Nous avons dû abandonner nos certitudes, et nous avons dû parfois nous satisfaire de solutions imparfaites. Mais nous avons montré que nous disposons d’une capacité d’adaptation insoupçonnée. 

    La Reine et moi avons été témoins de magnifiques exemples de résilience. Ils méritent toute notre reconnaissance.

    Je salue ici spécialement le personnel soignant qui s’est surpassé durant trois vagues successives de la pandémie – et qui retrouve maintenant toutes les charges accumulées reportées dans l’urgence.

    Mesdames et Messieurs,

    Notre modèle de société, construit sur le socle de la démocratie, s’est révélé être solide et fertile en projets créatifs.

    Nous avons pris conscience de la nécessité de collaborer davantage à tous les niveaux. Car seul, aucun individu, aucun niveau de pouvoir, aucune institution ne peut faire face et s’adapter aux grands changements qui nous attendent.

    Nous avons aussi redécouvert le rôle indispensable de l’Etat et de la fonction publique. Leur étroite collaboration avec les entreprises et la société civile est une des clés du succès de la gestion de la crise sanitaire actuelle.

    Je pense ici plus particulièrement à la production et à la distribution des vaccins.

    Et, grâce aux efforts coordonnés avec tous ces remarquables bénévoles, notre programme de vaccination est une vraie réussite.

    Mesdames et Messieurs,

    Pour construire notre avenir, nous avons nos savoir-faire et notre créativité. Nous avons aussi des valeurs humaines faites de solidarité, de générosité, d’empathie et de courage, toutes ces si belles qualités que nous avons montrées ces derniers mois, ces derniers jours, ces dernières heures.

    J’ai confiance en cette capacité que nous avons de rebondir. Si nous avons pu tenir tout au long des difficultés, c’est grâce à un sursaut d’humanité. C’est là un acquis précieux, à préserver. Il nous permettra d’affronter les défis. Pour notre société. Pour notre planète. C’est cette conviction que je vous partage à l’occasion de la fête nationale.