Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Témoignages - Page 15

  • Haut-Karabakh : la "destruction" des Arméniens de souche est imminente, avertissent les experts

    IMPRIMER

    De Peter Pinedo sur CNA :

    La "destruction" des Arméniens de souche est imminente, avertissent les experts

    Haut-Karabakh

    21 septembre 2023

    La "destruction" d'une enclave de 120 000 chrétiens arméniens dans la région du Haut-Karabakh est imminente, avertit Siobhan Nash-Marshall, une militante des droits de l'homme basée aux États-Unis.

    "L'impact des récentes attaques et du désarmement qui s'ensuit aboutira presque certainement à la destruction du peuple de l'Artsakh", a déclaré Mme Nash-Marshall à CNA.

    En 2011, Mme Nash-Marshall a fondé la Christians in Need Foundation (CINF) pour aider les chrétiens arméniens de la région et, en 2020, elle a créé une école pour les enfants et les adultes du Haut-Karabakh.

    Mme Nash-Marshall a déclaré qu'à mesure que le gouvernement azéri cherche à affirmer son contrôle sur le Haut-Karabakh, également connu sous le nom d'Artsakh, les Arméniens de souche seront expulsés par la force.

    "Il y a des Artsakhtsi qui ne quitteront pas leur patrie, ces terres que leur peuple habite depuis des millénaires. Ils seront expulsés de force ou pire", a déclaré M. Nash-Marshall.

    Pour les Arméniens qui choisissent de partir, Nash-Marshall a déclaré qu'ils "porteront des cicatrices permanentes semblables à celles des descendants des survivants du génocide".

    Que s'est-il passé ?

    Bien que reconnu internationalement comme faisant partie de l'Azerbaïdjan, le Haut-Karabakh est composé presque entièrement d'Arméniens chrétiens qui revendiquent leur souveraineté sous les auspices de la République d'Artsakh.

    Mercredi, les Arméniens de souche de la région séparatiste du Haut-Karabakh ont accepté de déposer les armes et de dissoudre leurs forces militaires à la suite d'une offensive brève mais intense de l'Azerbaïdjan le 19 septembre.

    Les attaques, qui comprenaient des tirs de roquettes et de mortiers, ont été perpétrées par l'Azerbaïdjan sous la direction du président Ilham Aliyev.

    En un peu plus d'une journée, plus de 200 chrétiens arméniens ont été tués, dont 10 civils, et de nombreux autres ont été blessés, a rapporté le New York Times.

    Selon le ministère des affaires étrangères de l'Artsakh, les attaques ont également contraint plus de 10 000 personnes, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées, à évacuer leur domicile.

    Ruben Vardenyan, ancien ministre d'État de l'Artsakh, a appelé le Conseil de sécurité des Nations unies, qui se réunira jeudi après-midi, à prendre des "mesures concrètes" pour protéger les chrétiens arméniens du Haut-Karabakh.

    "Le Conseil de sécurité des Nations unies doit aller au-delà des simples appels à l'action. Finis les discours creux, nous avons besoin de mesures concrètes", a déclaré M. Vardenyan dans un communiqué publié jeudi X. "Actuellement, 120 000 Arméniens sont confrontés à une situation désastreuse, avec des centaines de morts, de blessés et de disparus. "Actuellement, 120 000 Arméniens sont confrontés à une situation désastreuse, avec des centaines de morts, de blessés et de disparus. Nous demandons de toute urgence l'envoi d'une mission de l'ONU dans l'Artsakh/Nagorno-Karabakh".

    M. Vardenyan a déclaré que sans l'aide de la communauté internationale, "le risque d'un nettoyage ethnique massif augmentera inévitablement".

    Le peuple arménien du Haut-Karabakh, qui n'est plus approvisionné en raison du blocus azéri du corridor de Lachin, a un besoin urgent de nourriture, de médicaments et de médecins.

    "Il est impératif que vous agissiez maintenant ! a déclaré M. Vardenyan. "Nous vous implorons de montrer que les mots ont du poids et que l'agression et le recours à la force ne peuvent conduire à une paix durable. Les dictateurs doivent être tenus pour responsables des souffrances qu'ils infligent à l'humanité, et la haine dirigée contre un groupe ethnique, en l'occurrence les Arméniens, est inacceptable."

    Pourquoi ce conflit ?

    L'Arménie et l'Azerbaïdjan se disputent la région du Haut-Karabakh depuis des décennies.

    Depuis décembre 2022, l'unique route reliant le Haut-Karabakh à l'Arménie, connue sous le nom de corridor de Lachin, a été bloquée d'abord par des manifestants alignés sur l'Azerbaïdjan, puis par l'armée azerbaïdjanaise.

    Ce blocus a entraîné ce que M. Vardenyan a précédemment qualifié de "catastrophe humanitaire", en raison d'une grave pénurie de nourriture et de produits de première nécessité.

    Pour la première fois depuis novembre 2020, les tensions dans le Haut-Karabakh ont débouché sur un véritable conflit militaire mardi, l'Azerbaïdjan lançant des frappes de missiles et des offensives sur l'Artsakh.

    Mme Nash-Marshall estime qu'il est probable que le gouvernement azerbaïdjanais poursuive son blocus du corridor de Lachin.

    "Le blocus, à mon avis, était un moyen pour Aliyev. Il a enfermé les personnes qu'il voulait détruire", a déclaré Mme Nash-Marshall. "Maintenant qu'il a envahi les terres de ceux qu'il veut détruire, va-t-il ouvrir la porte de leur prison ?

    Elle craint également que le succès des Azéris ne les encourage à entamer la construction d'une voie ferrée qui traverserait le corridor de Zangezur, dans la province arménienne de Syunik.

    "Une autre partie de moi s'inquiète du précédent que constitue la violation du cessez-le-feu par Aliyev, à savoir le blocus de Lachin", a ajouté Mme Nash-Marshall. "Aliyev va-t-il commencer la construction du corridor de Zangezur à Syunik ?

    Réunion d'urgence du Conseil de sécurité des Nations unies

    Le Conseil de sécurité des Nations unies, à la demande de la France, a tenu une réunion d'urgence jeudi après-midi pour traiter du conflit du Haut-Karabakh.

    Au cours de cette réunion, qui s'est tenue à New York, les représentants de 16 nations différentes, dont les États-Unis, la Russie et la Chine, ont condamné la violence qui s'est déchaînée au cours du conflit, en particulier la violence contre les civils.

    Les représentants ont également salué le cessez-le-feu, mais ont souligné qu'il fallait faire davantage pour protéger les droits de l'homme des Arméniens du Haut-Karabakh.

    Catherine Colonna, ministre française de l'Europe et des affaires étrangères, a déclaré que "ce qui est en jeu, c'est la possibilité pour le peuple arménien du Haut-Karabakh de pouvoir vivre dans le respect de ses droits, de son histoire et de sa culture".

    "La France a pris note de la déclaration faite hier par le Président Aliyev, affirmant sa volonté de vivre en paix avec les Arméniens du Haut-Karabakh et de préserver leurs droits", a déclaré M. Colonna.

    Colonna a ajouté que "si l'Azerbaïdjan veut vraiment parvenir à une solution pacifique et négociée, il doit ici et maintenant fournir des garanties tangibles", notamment que l'Azerbaïdjan s'engage à ne pas utiliser la force meurtrière contre les Arméniens du Haut-Karabakh, à amnistier les autorités qui se sont rendues, à autoriser l'aide humanitaire internationale dans la région et, surtout, à "rétablir sans condition et sans délai le trafic sur le corridor de Lachin".

    Les ministres des affaires étrangères de l'Arménie, Ararat Mirzoyan, et de l'Azerbaïdjan, Jeyhun Bayramov, étaient également présents à cette réunion d'urgence. Les deux ministres ont accusé leurs nations respectives de violer le droit international et d'être responsables de la flambée de violence.

    Malgré les demandes de la France, M. Bayramov n'a pas donné de garanties supplémentaires, se contentant de réitérer la position d'Aliyev selon laquelle le gouvernement azerbaïdjanais souhaite réintégrer pacifiquement la population du Haut-Karabakh au sein de l'Azerbaïdjan.

    Comment la communauté internationale réagit-elle ?

    S'adressant à plus de 15 000 personnes sur la place Saint-Pierre le 20 septembre, le pape François s'est dit troublé par les nouvelles qu'il avait reçues concernant le Haut-Karabagh, où "la situation humanitaire déjà critique est maintenant aggravée par de nouveaux affrontements armés".

    "Je lance un appel sincère à toutes les parties concernées et à la communauté internationale pour qu'elles fassent taire les armes et s'efforcent de trouver des solutions pacifiques pour le bien des populations et le respect de la dignité humaine", a déclaré le pape à la fin de l'audience générale de mercredi.

    Au Congrès américain, le représentant Chris Smith, R-New Jersey, qui a convoqué une audition d'urgence sur la question du Haut-Karabakh au début du mois de septembre, a demandé au président Joe Biden de prendre des mesures immédiates pour aider les Arméniens de la région.

    "Aujourd'hui plus que jamais, le président Biden doit immédiatement pousser le Conseil de sécurité des Nations unies à établir un mandat et une mission de maintien de la paix pour protéger les Arméniens vivant dans le Haut-Karabakh", a déclaré M. Smith dans un communiqué de presse publié mercredi.

    "Le peuple du Haut-Karabakh se trouve dans une situation de grave danger", a-t-il poursuivi. "Ils ont été forcés de désarmer et d'abandonner leur indépendance à un dictateur impitoyable dont le gouvernement a commis à plusieurs reprises des abus horribles contre eux pendant de nombreuses années, a exprimé sa volonté de les nettoyer ethniquement, et a même initié un génocide par la famine avec le blocus du corridor de Lachin."

    "Tragiquement, le président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, a pris le bluff de l'administration Biden en disant qu'il ne tolérerait pas d'attaque", a ajouté M. Smith. "Je demande instamment au président Biden de dépêcher immédiatement des diplomates et des observateurs experts dans la région du Haut-Karabakh pour surveiller la situation et signaler immédiatement toute atrocité ou abus. Les Arméniens qui vivent dans le Haut-Karabakh ont, comme toujours, le droit de continuer à vivre dans leur ancienne patrie - et de le faire en toute sécurité.

    Peter Pinedo est correspondant de CNA à Washington. Diplômé de l'Université franciscaine, Peter a travaillé auparavant pour Texas Right to Life. Il est premier lieutenant dans la réserve de l'armée américaine.

  • L'option Pell pour libérer l'Eglise du cauchemar woke

    IMPRIMER

    De Miguel Cuartero sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana :

    L'option Pell pour libérer l'Eglise du cauchemar woke

    La voix du cardinal australien résonne dans le texte publié en quatre langues qui rassemble les témoignages de ceux qui l'ont connu de près. Il en ressort le portrait d'un "martyr blanc" et d'un géant de la foi résolu contre les idéologies qui ont pénétré jusqu'au monde catholique.

    ECCLESIA 22_09_2023

    Moins d'un an après sa mort, la voix du cardinal australien George Pell ne cesse de se faire entendre dans l'Église et dans la société comme un avertissement et un appel urgent à la repentance face aux tendances néfastes et à la pente dangereuse sur laquelle se trouve l'Église à la veille du Synode sur la synodalité.

    Un livre (en quatre langues : anglais, italien, espagnol et français) qui vient d'être publié en Australie sur la figure et la pensée de celui qui fut archevêque de Melbourne puis de Sydney avant de venir à Rome pour s'occuper personnellement des finances du Vatican, contribue à la diffusion du message du cardinal. Le livre Pell contra mundum (Connor Court Publishing, pp. 240) rassemble plusieurs articles de ceux qui ont connu de près le cardinal et trois textes écrits par Pell lui-même. 

    Il s'agit notamment d'un article publié dans le Spectator de Londres le 11 janvier 2023, dans lequel le cardinal met par écrit sa grave préoccupation pour la situation de l'Église, assiégée par une mentalité mondaine et un rêve synodal qui s'est "transformé en un cauchemar toxique malgré les bonnes intentions professées par les évêques". Un texte qui reprend et résume le mémorandum désormais bien connu qui (signé du pseudonyme Demos) a circulé au Vatican quelques mois avant la mort du cardinal et qui lui a été attribué par la suite.

    Le livre s'ouvre sur une introduction du cardinal indien Oswald Gracias qui se souvient de Pell pour son autorité dans la gestion de deux grands diocèses, son engagement en tant que président de la commission Vox Clara pour la traduction des textes liturgiques en anglais et son rôle dans la réforme financière, mais surtout en tant que "martyr blanc" en raison de la persécution judiciaire et médiatique dont il a fait l'objet pour les abus présumés et du procès épuisant qui lui a valu 404 jours d'isolement dans une prison de haute sécurité jusqu'au jugement final de la Haute Cour australienne qui l'a acquitté à l'unanimité des charges retenues contre lui, les jugeant infondées. Une épreuve qui, selon le cardinal Gracias, permet à Pell d'être compté parmi les "géants" comme Cadinal Mindszenty de Budapest ou Wyszynski de Varsovie. Sa mort, dit Gracias, a privé l'Église "d'une voix claire et courageuse".

    C'est le père Robert A. Sirico - cofondateur de l'Acton Institute for the Study of Religion and Liberty - qui a donné son titre au livre en comparant le cardinal australien à saint Athanase : Athanasius contra mundum, "Athanase contre le monde", dit-on, en raison de la détermination avec laquelle le saint a combattu l'hérésie arienne qui déferlait sur l'empire. Aujourd'hui encore, l'Église est confrontée à une "hérésie monumentale" qui ne concerne toutefois pas la nature du Christ mais celle de l'homme, menacée par l'idéologie woke, dernière des dérives de la pensée moderne, qui vise à réinterpréter non seulement la structure de la société mais aussi celle de la famille et de la nature humaine. Une idéologie qui imprègne de nombreuses propositions qui font leur chemin dans l'Église et qui s'enracine dans la pensée néo-marxiste et post-colonialiste tout en trouvant un appui dans le discours écologique et les revendications de genre. Le cardinal Pell a lutté contre ce danger en élevant la voix sans craindre d'être marginalisé et ridiculisé.

    Sirico poursuit en comparant Pell à un autre rempart de la foi contre les hérésies, St John Henry Newman : "Le processus synodal actuellement en cours", écrit Sirico, "révèle qu'une telle attention aux racines et à la préservation n'est pas présente et n'est pas envisagée". Tout cela met en évidence les parallèles remarquables entre les figures de Newman et de Pell. Les similitudes sont frappantes". "Lorsque l'un d'eux percevait une menace claire pour la tradition apostolique, il se faisait entendre et soulignait le grave problème qui se posait.

    C'est pourquoi la presse et ses ennemis le considéraient comme un 'indietrist' (comme on dit aujourd'hui), alors que son action était déterminée par son désir de préserver et de transmettre la foi qu'il avait reçue et la tradition transmise par les Apôtres 'sans céder aux modes et aux pressions du moment'. On a accusé le cardinal Pell de créer des divisions au sein de l'Église, souligne M. Sirico, mais ce sont plutôt ceux qui "abandonnent la tradition (...) ou cherchent à la miner, à la diluer ou à la rejeter" qui en sont la cause. Le portrait du cardinal Pell est complété par les contributions du journaliste américain George Weigel - vaticaniste et biographe de Jean-Paul II - et de l'économiste australien Danny Casey.

    Pell était un géant, non seulement pour sa carrure, mais aussi pour son courage à condamner la confusion et la tromperie qui règnent dans la société d'aujourd'hui. Parlant de son Australie natale, dans un discours prononcé en 2022 au Campion College de Sydney, Pell a observé que les catholiques, ainsi que les conservateurs sociaux, sont "régulièrement attaqués par des activistes de l'ombre" qui exercent leur domination non seulement dans l'arène politique, mais aussi dans toutes les sphères sociales, dans les écoles, les universités et même dans le monde du sport. La culture de l'effacement (erasure culture) qui "menace les pierres angulaires du libéralisme" a donné naissance à de nouvelles politiques de genre et de race qui considèrent les hommes blancs comme "le pire aspect du passé, du racisme exécré, du colonialisme, du sexisme et du patriarcat". Même sur le changement climatique, à contre-courant de ce que la société et l'Eglise prêchent. Il n'y a pas de position catholique obligatoire sur le changement climatique", a-t-il déclaré, "parce que notre religion enseigne la foi et la morale, et que nous n'imposons aucune croyance scientifique. Chaque personne a le droit d'être insensée si elle pense que c'est juste. La crise climatique n'est pas l'une de mes principales préoccupations, même si j'aime rapporter certains faits établis dans ce climat d'hystérie (...). Mes principales préoccupations sont autres et concernent l'Église catholique et la montée d'une Chine belliqueuse".

    Le livre est donc une contribution précieuse au débat intra-ecclésial souhaité et mis en route par le pape François, car les préoccupations du cardinal Pell sont celles d'une bonne partie des catholiques (laïcs et consacrés) qui regardent aujourd'hui avec une extrême inquiétude le prochain synode des évêques dans l'espoir que la voix du défunt cardinal ne sera pas complètement ignorée et pourra représenter un barrage contre les dérives dangereuses d'un Wokisme de type ecclésial.

    Et de même que Newman était considéré comme le "père absent du Concile Vatican II", de même - si sa voix était entendue, comme celle du cardinal anglais l'a été par les Pères du Concile - nous pourrions définir Pell comme le "père absent du Synode". C'est le souhait des éditeurs du livre et de nombreux catholiques qui ne veulent pas renoncer à défendre la foi et la tradition de l'Église, même face aux défis d'un monde que Pell a regardé avec l'inquiétude propre au regard d'un pasteur.

  • Pie XII a choisi la diplomatie du silence pour sauver des vies

    IMPRIMER

    De Juan Luis Vázquez Díaz-Mayordomo sur Alfa & Omega :

    Vicente Cárcel Ortí assure que "si Pie XII avait parlé, plus de Juifs auraient été tués".

    "Le pape a choisi la diplomatie du silence pour sauver des vies", affirme l'historien Vicente Cárcel Ortí face à la dernière polémique sur le pape Pacelli.

    20 septembre 2023

    "On l'a dit toute ma vie et c'est une controverse qui ne sera jamais résolue", s'exclame l'historien Vicente Cárcel Ortí à l'autre bout du fil depuis Rome. Il réagit à la dernière polémique sur le pape Pacelli et son attitude vis-à-vis de l'Holocauste.

    La lettre de décembre 1942 publiée la semaine dernière, qui révélait au pontife l'existence des fours crématoires de Belzec, a été rejointe par une déclaration du Centre Simon Wiesenthal affirmant que "le pape Pie XII ne devrait jamais être considéré comme saint, car il est resté publiquement silencieux pendant toute la durée de l'Holocauste".

    Cárcel Ortí, l'un des principaux chercheurs sur l'histoire de l'Église à cette époque, souligne que le pape a opté pour la résistance cachée afin de sauver le plus grand nombre de personnes des nazis, "ordonnant que des milliers de Juifs soient aidés et même cachés dans des couvents à Rome et dans toute l'Europe".

    Il aurait pu parler publiquement, mais il y aurait eu plus de morts", ajoute-t-il.  "Même les évêques néerlandais, polonais et allemands lui ont demandé de ne pas s'exprimer afin d'éviter de nouvelles persécutions."

    De plus, prendre position publiquement "c'était s'opposer à un fou comme Hitler, qui projetait de le faire enlever et de le mettre au secret au Vatican", précise l'historien.

    Au contraire, "il a contribué autant que possible à sauver la vie d'un maximum de Juifs". D'ailleurs, "à la fin de la guerre, beaucoup d'entre eux sont allés au Vatican pour s'agenouiller devant lui et le remercier. Et même Golda Meir, Premier ministre d'Israël, a reconnu que dans ces années terribles, la seule personne qui les a aidés au niveau mondial a été le pape".

    Cárcel Ortí révèle que "l'archiviste qui a trouvé cette dernière lettre controversée est un ami et il m'a dit qu'il allait la publier pour que l'on sache que le pape savait ce qui se passait. C'est vrai, mais Pie XII lui-même avouait que "si je me tais, on me critique, mais si je parle, on me critiquera davantage ; ma mission est de sauver le plus de vies possible".

    Aujourd'hui, les partisans de sa canonisation soutiennent que "son silence a été très opportun", dit Cárcel Ortí, "et cela ne signifie pas qu'il ait manqué de courage ou de bravoure. Il a été prudent pour éviter des dommages plus importants".

  • La bienheureuse famille Ulma et notre présent catholique

    IMPRIMER

    De George Weigel sur First Things :

    LA BIENHEUREUSE FAMILLE ULMA ET NOTRE MOMENT CATHOLIQUE

    20 septembre 2023

    Il est rare que le mot "sans précédent" puisse être utilisé pour une Église dont l'histoire s'étend sur plus de deux millénaires. Pourtant, un événement sans précédent s'est produit dans le village polonais de Markowa le 10 septembre, lorsqu'une famille entière, y compris son enfant à naître, a été béatifiée. Il n'est pas tout à fait juste de désigner les nouveaux bienheureux par la formule traditionnelle "Bienheureux Józef et Wiktoria Ulma et leurs compagnons", les "compagnons" en question étant les six enfants vivants des Ulma et leur enfant à naître. Pensons plutôt à la bienheureuse famille Ulma et à ce qu'elle peut signifier pour nous. 

    À partir de la fin de 1942, Józef et Wiktoria Ulma ont hébergé huit Juifs dans le grenier de leur ferme en bois : un crime capital pendant l'occupation allemande de la Pologne au cours de la Seconde Guerre mondiale. Le 24 mars 1944, des gendarmes allemands sont venus à la maison, ont assassiné les Juifs, puis ont abattu Józef et Wiktoria, qui était en fin de grossesse. Les enfants terrifiés - Stanisława (8 ans), Barbara (6 ans), Władysław (5 ans), Franciszek (4 ans), Antoni (3 ans) et Maria (1½ ans) - ont ensuite été abattus. Les corps ont été jetés dans une fosse avant d'être enterrés dans le cimetière de l'église locale. 

    Lorsque j'ai visité le musée des Polonais sauvant les Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, le 23 juillet dernier, et que j'ai prié sur la tombe de la famille Ulma, près de l'église paroissiale Sainte-Dorothée, des leçons pour le catholicisme du XXIe siècle me sont venues à l'esprit.

    La première concerne les sources de l'héroïsme chrétien. Si Józef et Wiktoria Ulma étaient tous deux bien éduqués selon les normes de la Pologne rurale du milieu du XXe siècle, ils n'étaient pas pour autant des théologiens avertis. Ils ont lu la parabole du bon Samaritain (Luc 10:25-37) non pas comme une injonction générale à l'amour du prochain pouvant être adaptée aux circonstances, mais comme une instruction spécifique du Christ Seigneur : si vous rencontrez des personnes en détresse, vous devez les aider, quelle que soit leur identité ethnique ou religieuse et quel qu'en soit le prix. 

    Certains dirigeants catholiques contemporains sont mal à l'aise face à une telle lecture littérale des paroles du Seigneur ; ils suggèrent que le code moral qui découle d'un tel "fondamentalisme" biblique est "rigide", "idéologique" et insuffisamment pastoral. Pourtant, le même sens "rigide" de l'obligation morale fondée sur la Bible qui animait le refuge héroïque des Ulmas pour les juifs persécutés a conduit Fr. Maximilien Kolbe à offrir sa vie dans le bunker d'Auschwitz en échange de celle d'un prisonnier condamné, tout comme il a conduit Mère Teresa à passer sa vie au service des plus pauvres des pauvres, qu'elle considérait comme "Jésus sous son déguisement le plus affligeant" ; tout comme il a conduit l'aumônier de la marine américaine, le père Vincent Capodanno, à sacrifier sa vie pour apporter du réconfort aux Marines blessés et mourants au Viêt-nam. 

    Ni les Ulmas, ni le père Kolbe, ni Mère Teresa, ni le père Capodanno ne se sont livrés à l'évaluation "proportionnaliste" des obligations morales qui est revenue en grâce sous l'actuel pontificat. Ils ont vécu la parabole du Bon Samaritain au pied de la lettre - ceux qui trouvent cela "rigide" et "idéologique" devraient y réfléchir à deux fois. 

    La deuxième leçon concerne la nature du martyre, que la mort de saint Maximilien Kolbe et le drame de la Sainte Famille Ulma invitent l'Église du XXIe siècle à reconsidérer. Traditionnellement, un "martyr" est une personne tuée in odium fidei (en haine de la foi). L'abnégation de Kolbe répondait-elle à cette définition, de sorte qu'il était à la fois un "martyr" et un confesseur de la foi ? Les assassins des Ulmas étaient-ils motivés par l'odium fidei ? La catégorie hybride de "martyr de la charité" est en vogue depuis quelques décennies, depuis que le pape Paul VI l'a utilisée pour Kolbe. Mais il semble que le sacrifice de Kolbe, et celui des Ulmas, satisfasse tout en se développant la définition traditionnelle. 

    Certaines théories politiques modernes enseignent un mépris radical de la dignité et de la valeur de la vie humaine, ou du moins de la dignité et de la valeur de certaines vies humaines. Ce fut certainement le cas du national-socialisme allemand : pour les nazis, les Juifs et les Polonais qui les abritaient étaient des formes de vie inférieures à exterminer. N'est-ce pas là de la haine à l'égard de la foi biblique qui, dans Genèse 1:26, enseigne que tout être humain est créé, comme Adam et Eve, à l'image et à la ressemblance de Dieu ? La haine de ceux qui sont créés à l'image et à la ressemblance de Dieu n'est-elle pas une haine de Dieu ? Et l'odium Dei n'est-il pas une forme d'odium fidei ?   

    Le Synode qui s'ouvre le mois prochain nous invite à être une Église de "communion, de participation et de mission". La Sainte Famille Ulma a vécu en communion avec les Juifs persécutés de la Pologne subcarpatique et a participé au Mystère de la Croix en vivant la mission du Bon Samaritain, à laquelle elle a été appelée par le baptême. Puisse leur exemple inspirer le Synode 2023 à embrasser aussi radicalement la foi catholique.

    La chronique de George Weigel intitulée "La différence catholique" est publiée par le Denver Catholic, la publication officielle de l'archidiocèse de Denver.

    George Weigel est Distinguished Senior Fellow du Ethics and Public Policy Center de Washington, D.C., où il est titulaire de la chaire William E. Simon d'études catholiques.

  • Hakuna, le mouvement ecclésial et de jeunesse catholique en plein essor qui a commencé en Espagne

    IMPRIMER

    Just talk about Christ' - Meet Hakuna, Spain's 'pringado' Catholic youth  movement

    D'Edgar Beltran sur The Pillar :

    Hakuna, le mouvement de jeunes catholiques espagnols "pringado".

    19 septembre 2023

    Si vous êtes un jeune catholique hispanophone, vous avez probablement entendu parler de "Hakuna" - pas la célèbre phrase du "Roi Lion", mais le mouvement ecclésial et de jeunesse catholique en plein essor qui a commencé en Espagne, s'est répandu dans toute l'Europe et a commencé à apparaître dans certaines paroisses des États-Unis également. 

    Et si vous n'avez jamais entendu parler de Hakuna, il y a de fortes chances que vous ayez déjà entendu l'une des chansons du groupe, même sans le savoir.

    De l'extérieur, Hakuna semble être un autre groupe de jeunes catholiques - un parmi tant d'autres.

    Le groupe dit être un mouvement de catholiques dans la vingtaine et la trentaine, qui utilisent la musique pour montrer la beauté de la vie et la beauté du Christ. Ils organisent des heures d'adoration, des conférences de formation, des activités caritatives, des retraites et des activités missionnaires. 

    Ils écrivent également de la musique pop catholique, qui, disent-ils, montre leur "joie radicale". Leurs chansons ont pris de l'ampleur sur Instagram, où le groupe compte près de 100 000 adeptes, et sur YouTube, où leurs chansons sont visionnées des millions de fois. 

    Alors que de nombreux groupes catholiques affirment aujourd'hui ne pas savoir comment attirer les jeunes vers les activités religieuses, Hakuna est en pleine expansion. Rapidement. 

    Moins de dix ans après sa fondation par le père José Pedro Manglano, Hakuna s'est répandu dans près de 40 villes espagnoles, 10 autres pays européens, six pays d'Amérique latine, plus la Corée du Sud et Boston - et le groupe dit qu'il prévoit de commencer bientôt dans d'autres villes américaines.

    Hakuna a vu le jour à Madrid, capitale très sécularisée de l'Espagne, autrefois épicentre catholique de l'Europe, où sont nés d'autres apostolats contemporains avec une spiritualité centrée sur les laïcs, parmi lesquels l'Opus Dei et le Chemin Néocatéchuménal. 

    Le groupe a vu le jour à l'époque où le père Manglano - que les étudiants appellent "Don Josepe" - a emmené une centaine d'étudiants aux Journées mondiales de la jeunesse de Rio de Janeiro en 2013.

    "J'ai rencontré Don Josepe quand j'avais 16 ans, il y a environ 10 ans", a déclaré à The Pillar Victoria González, l'un des premiers membres de Hakuna. 

    "Nous étions un groupe d'amis qui cherchaient à améliorer notre formation spirituelle au-delà de ce que nous recevions à l'école, alors nous lui avons demandé et il a commencé à donner ces conférences dans une église d'Aravaca, dans la banlieue de Madrid. Nous étions 15 ou 20 dans cette petite paroisse de banlieue, la plupart d'entre nous dans les dernières années du lycée ou les premières années de l'université. Don Josepe distribuait des feuilles avec des points sur le sujet qu'il allait aborder et utilisait un tableau noir pour l'expliquer. Ensuite, nous avions une heure d'adoration devant le Saint-Sacrement et c'était à peu près tout", a-t-elle ajouté.

    Après les Journées Mondiales de la Jeunesse de 2013, Manglano, alors prêtre de l'Opus Dei, a emmené son groupe d'étudiants servir pendant un mois à Nova Friburgo, une ville du sud-est du Brésil qui avait été touchée par des catastrophes naturelles.  

    Lors de réunions en Espagne, certains participants se sont demandés ce que cela signifierait de prendre au sérieux un encouragement papal unique, lancé par le pape François à Rio : " Hagan Lío " - ce qui se traduit en gros par " faire du désordre ". 

    "Je n'ai pas pu aller à Rio parce que j'avais commencé à travailler, mais voir comment mes amis sont revenus était incroyable. Quelque chose a changé en eux", a déclaré Mme González. 

    Elle se souvient de conversations enthousiastes sur la manière de vivre apostoliquement en tant que jeunes laïcs catholiques.

    Lire la suite

  • "Chrétiens dans un monde qui ne l’est plus"; que faire ?

    IMPRIMER

    Du site de l'excellente revue La Nef :

    Chrétiens dans un monde qui ne l’est plus

    L’abbaye Notre-Dame de Fontgombault, grande amie de La Nef, fêtait le 9 septembre 2023 les 75 ans de la restauration de l’Abbaye par les moines venus de l’abbaye Saint-Pierre de Solesmes. À cette occasion, le Père abbé a demandé à Christophe et à Elisabeth Geffroy de donner une conférence sur le thème : « Chrétiens dans un monde qui ne l’est plus ».

    Ils commencent dans les premières parties par analyser la déchristianisation en cours, ses causes internes et externes, ce qu’elle est à l’échelle de l’histoire l’Église. Puis ils s’attachent à décrire ce que veut dire un monde qui n’est plus chrétien, avant de proposer des pistes d’actions – notamment, se mettre à l’école des moines.

    PLAN

    • 1/ Un constat peu original : la déchristianisation de l’Occident, accélérée depuis quelques décennies et d’une radicalité effrayante
    • 2/ Comment comprendre cette déchristianisation ?
    • 3/ Le rôle du contexte socio-politique dans cette déchristianisation
    • 4/ Un monde qui n’est plus chrétien : qu’est-ce à dire ?
    • 5/ Dès lors, que faire ? Comment rendre l’homme à sa vocation originelle ?
      a) par l’action, pour que l’homme habite le monde
      b) par le martyre, à l’exemple des moines, pour triompher de Satan
      c) par le sacré, pour que l’homme ait soif de Dieu
    • Conclusion

    Lire le texte de cette conférence sur le site de La Nef

  • Le cardinal Danneels a commis de graves erreurs

    IMPRIMER

    Lu dans Het Laatste Nieuws :

    Rik Torfs réagit à Joe sur la série de la VRT "Godvergeten" : "Le cardinal Danneels a commis de graves erreurs".

    La série Canvas de la VRT 'Godfvergeten' sur la maltraitance des enfants dans l'Eglise suscite beaucoup d'émotions. Lors de l'émission matinale avec Sven & Anke à la station de radio Joe, l'avocat de l'Eglise Rik Torfs (KU Leuven) s'est exprimé sur le sujet. "Le cardinal Danneels a commis de graves erreurs", conclut-il.

    13-09-23

    Dans le documentaire en quatre parties "Godvergeten", des victimes d'abus d'enfants dans l'Église racontent leur histoire.

    "Il va sans dire que les témoignages que nous voyons maintenant dans la série suscitent à nouveau des émotions. Et c'est tout à fait justifié", ajoute M. Torfs. "Il est important que les victimes soient toujours prises en charge aussi longtemps qu'il le faut, jusqu'à leur mort si nécessaire."

    Selon le professeur, de nombreux prêtres et religieux ont personnellement failli à leurs obligations morales. L'Église, en tant qu'institution, n'en a pas fait assez non plus.

    "Lorsque de nombreux scandales sont apparus aux États-Unis dans les années 1990, notre Église était également en cause", estime M. Torfs. "Le cardinal Danneels a lui aussi commis de graves erreurs - et je ne veux pas m'en prendre à lui maintenant qu'il est décédé. Je veux être très clair à ce sujet".

    Selon l'avocat de l'Église, celle-ci a pris de nombreuses mesures après l'affaire Roger Vangheluwe, notamment en mettant en place des lignes d'assistance téléphonique. "Pour l'instant, ils essaient de faire attention, mais bien sûr, ils ne sont jamais sûrs à 100 % qu'il ne se passera rien de plus", a-t-il déclaré.

    "Je comprends très bien les émotions, mais nous devons essayer de rester rationnels. L'Eglise et la foi sont deux choses différentes. L'Eglise est une institution. Les institutions échouent toujours plus ou moins. L'Église a beaucoup trop failli.

    Un lecteur commente (dans De Standaard du 19 septembre, p. 26) :

    La réputation de Danneels

    "Je relève les mots suivants de Terlinden, prononcés récemment : "Je veux remercier mes prédécesseurs qui, chacun avec son charisme propre, ont été de véritables bergers. Je pense en particulier au cardinal Godfried Danneels, qui s'est engagé avec passion pour Dieu et pour les hommes, et qui reste pour moi un exemple". J'ai trouvé que les scènes de Godvergeten avec Danneels étaient les pires et les plus choquantes de cet épisode : j'ai trouvé choquant d'utiliser ses capacités et sa position pour protéger la bonne réputation du club, contre les personnes blessées et vulnérables, avec son timbre de voix béatifique, son ironie, son attitude d'innocence assassinée. Comment Terlinden explique-t-il que Danneels reste un modèle pour lui ? Est-il malade dans le même lit ? Cela ne correspond-il pas à la culture de la dissimulation et du refus de dire la vérité ? Comment Terlinden pense-t-il que cela sera lu par les victimes, qui ont été abusées non seulement par leur agresseur direct, mais aussi par Danneels, le découvreur et protecteur de l'agresseur ?"

  • Pour une Evras respectueuse de la sensibilité des enfants, neutre, transparente et incluant les parents

    IMPRIMER

    La Libre a publié ce 18 septembre un texte signé par une soixantaine de parents :

    ”Nous demandons une Evras respectueuse de la sensibilité des enfants, neutre, transparente et incluant les parents”

    Ce jeudi 7 septembre, la ministre Désir entendait, par voie de presse, rassurer les parents quant à la question de l’Evras dans les écoles. Elle entendait les “ (mettre) en garde contre une campagne de désinformation”, rappelant aux éventuels sceptiques la noblesse de la cause : “Nos intentions sont nobles. On ne va évidemment pas encourager une hypersexualisation chez les jeunes, on ne va pas susciter une orientation sexuelle ou une identité de genre, on ne va pas donner de cours de pratiques sexuelles. C’est inadmissible de faire peur aux parents sur ce sujet”, poursuit-elle.

    Nous, parents, avons des intentions aussi nobles que celles de notre ministre pour l’éducation de nos enfants, et c’est donc tout à fait légitimement que nous nous sommes interrogés quant au contenu des animations Evras. Plusieurs d’entre nous affirmons avoir été témoins, dans les classes de nos enfants, de contenus inappropriés, et refusons la caricature faite de ceux qui manifestent leur désaccord ou interpellent les décideurs. Madame la Ministre, pouvez-vous “écouter” ces quelques exemples vécus ? Trouvez-vous qu’ils soient bénéfiques pour les enfants ?

    • Dans une classe de 6e primaire du Brabant wallon est programmée une animation sur le cyberharcèlement, problématique brûlante d’actualité. Était-il utile d’y intégrer un volet sur l’envoi de “nudes” et de “sexto” (“ c’est quand tu envoies une photo de toi toute nue à ton amoureux pour lui montrer que tu l’aimes”, selon les mots rapportés par une jeune fille à sa maman), en expliquant aux enfants présents (11-12 ans) que, devant le phénomène apparemment grandissant du “revenge-porn”, un nude “safe” se prend des pieds au cou (pour préserver l’anonymat) et sur fond blanc ou beige (pour qu’on ne puisse pas reconnaître la chambre de l’intéressé en cas de diffusion du cliché…) ?
    • Dans une classe de 5e primaire de Bruxelles, lors d’une session Evras organisée sans informer les parents, les animateurs ont parlé érection et masturbation à “ceux qui se sentent garçons”. De retour à la maison, un garçon de 9 ans interpelle son papa : “Dis, Papa, j’en suis à quel grade de l’érection, moi ? ” ; “est-ce que j’ai déjà cartonné mon slip ? ”. Difficile de faire le suivi à la maison sans savoir ce qui s’est dit à l’école. De plus, trop jeune pour comprendre ce contenu, il n’en a retenu que ce qui était vulgaire et associe maintenant la sexualité à quelque chose de sale. Est-ce vraiment le but recherché ?
    • En classe de 4e primaire du BW, les enfants assistent à la pièce de théâtre Et toi tu même qui entend, selon le guide pédagogique qui s’y rapporte, “sensibiliser le public dès son jeune âge et conscientiser les mentalités sur les préjugés des genres”. Le guide précise également que “l’idée ici n’est pas de défendre le féminin à tout prix mais de déstabiliser les idées préconçues sur les hommes et les femmes, de décloisonner les genres, et d’évoquer également, sans la nommer, l’homosexualité”. Était-il utile d’y adjoindre une animation portant notamment sur les droits des adolescents à changer de genre, que ce soit par voie hormonale ou chirurgicale ? Les parents n’étaient pas informés et n’en ont sans doute rien su : l’animateur ne les a-t-il pas discrédités en expliquant que cette animation était nécessaire parce que “certains enfants vivent encore de nos jours dans des familles intolérantes” ? Comment dès lors poursuivre le dialogue si l’enfant se pose des questions suite à l’animation, s’il a entendu que, peut-être, ses parents faisaient partie de ceux qui ont des réactions et des discours “inappropriés” ?
    • Dans une classe de première humanité namuroise, une école fait intervenir le planning familial pour un atelier consacré à la puberté et aux relations affectives et sexuelles. Si le but était vraiment de partir des interrogations des jeunes, comme l’affirme notamment l’enquête de la RTBF, pourquoi les animateurs ont-ils distribué trois questions toutes faites à chaque élève, en leur laissant juste le choix de choisir parmi celles-ci (portant notamment sur “les stéréotypes dans la pornographie”, la masturbation, la différence entre le “sexe assigné à la naissance” et l’ “identité de genre”, etc.) ?
    • Dans une classe de 5e humanité, en province de Liège, les élèves ont été tenus, au cours d’une séance prise en charge par le planning familial, de se positionner “pour” ou “contre” toute une série de sujets (transgenrisme des adolescents, etc.) en argumentant et en se plaçant physiquement d’un côté ou de l’autre de la classe en fonction de leur réponse. Selon les mots de l’élève concernée, l’animatrice, pas du tout neutre, a fait pression pour que les élèves adhèrent à sa pensée. Lors du même atelier, le porno et la masturbation ont été présentés comme “positifs” car diminuant le risque de viols.
    • Dans une classe de 3e maternelle bruxelloise, en vertu d’un projet pilote pris en charge par le planning familial, les enfants sont tenus de regarder un court-métrage dans lequel différents protagonistes de différents âges et sexes s’embrassent. Des parents, devant l’incompréhension de leur enfant face aux images projetées et étonnés de ne pas avoir été mis au courant, se voient répliquer que “si on prévenait les parents, ils ne mettraient pas leurs enfants à l’école le jour de l’animation”.
    • Dans une autre classe de 6e primaire, à l’issue d’un atelier tenu par le planning familial dont les parents n’étaient guère plus informés, une jeune fille interpelle sa maman par ces mots : “t’as de la chance que je t’en parle ! Les animateurs nous ont bien dit qu’on n’était pas obligés, parce que notre corps et notre vie sexuelle ne regardent que nous et ne vous concernent pas”. Or, si comme l’affirme Lionel Rubin, chargé d’études au Centre d’action laïque (Cal), “les animations dispensées à l’école n’ont pas vocation à se substituer à l’éducation familiale, mais bien à la compléter pour permettre une uniformisation de l’information et lutter contre les inégalités entre élèves”, pourquoi ne pas communiquer clairement avec les parents ?

    Tous ces témoignages, et nous en avons d’autres, sont des exemples vécus par nos enfants, venus nous en parler. Dans la majorité des cas, nous n’étions pas au courant de l’organisation de l’animation/de la pièce de théâtre/de l’intervention. La ministre Désir nous répondra peut-être que ces expériences n’ont rien à voir avec l’Evras… Il s’agit pourtant souvent d’équipes de centres de planning, agréés pour ce genre d’animation. Nous, parents, soutenons l’Evras, mais demandons que soit mise en place une Evras neutre, transparente vis-à-vis des parents et respectueuse de la sensibilité des enfants. Une Evras qui réponde de manière adéquate aux questions des enfants en respectant leur âge, sans parti pris idéologique, et sans méfiance a priori vis-à-vis des parents, tout aussi soucieux que la ministre du bien-être de leurs enfants.

    Dans cette optique, nous exigeons qu’un membre extérieur aux équipes Evras, issu du corps éducatif ou PMS/PSE de l’école puisse assister aux animations afin d’en garantir la neutralité, et que les directions travaillent en toute clarté avec les parents. Cela, pourquoi pas, via la création de “comités Evras” qui rassembleraient les différents acteurs de cette problématique (incluant les parents), comme l’a d’ailleurs suggéré Mr Kerckhofs (PTB), lors du débat parlementaire du 7 septembre dernier. C’est seulement ainsi que nous pourrons construire, ensemble, une Evras neutre, scientifique, transparente, et respectueuse des enfants.

    Parents signataires :

    Quentin de Bodman, Albane Bizard, Aline Mazher, Alix d’Abadie, Antoine Nuger, Bénédicte de Clercq, Bénédicte de Langlois, Camille Bressand, Camille Le Grelle, Carmen Greindl, Charles d’Alançon, Charlotte Lapalus, Charlotte Texier, Christopher Afsar, Clement Lauras, David Weynants, Elisabeth Saunier, Elisabeth Terlinden, Emanuela Moro, Emilie Moniquet, Emily Nardella, Emmanuelle Diot, Fleur Janssens, Geoffroy de la Bretesche, Geraldine Nuger, Gregory Montigny, Jean Christophe Piette, Johan Decock, Katarina de Demandolx, Laurent Convent, Madeleine Peillon, Mahaut Housieaux, Marguerite Weist, Maria-Theresa Silvestri, Marie-Alexis Buchet, Marie Huppert, Marie Wart, Marie-Emilie Forest, Mario Tomassi, Martin schneider, Mattei Stefano, Maylis Qennec, Monka Kuseke Bilol, Nancy Chamoun, Nathalie Salmon, Nawal Yassine, Nicolas Dumont, Olivier Caillet, Pascale Cauwe, Pauline Mathy, Raphaelle Benquet, Salome Simao, Sébastien Hendrickx, Véronique Joos, Victoire Roquebert, Vincent Hoellinger, William Penninck

  • Jérôme Lejeune ou les combats auxquels le Pape François a renoncé

    IMPRIMER

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso (traduction de Diakonos.be) :

    Jérôme Lejeune ou les combats auxquels le Pape François a renoncé

    Les batailles dans lesquelles Pape François a renoncé à combattre sont celles pour la défense de la vie à naître et de la vision chrétienne de la procréation et de la famille. Certes, il n’oublie pas de condamner l’avortement ou l’idéologie du « gender », parfois même avec des paroles plus crues que ses prédécesseurs (« sicaires », « assassins », …), mais ces condamnations ne trouvent que peu d’écho dans les médias, et c’est un peu comme s’il s’était adapté à ce silence. Aucune commune mesure et même de loin, par exemple avec le combat acharné que Jean-Paul II a mené en 1994, avant et après la conférence internationale convoquée au Caire par l’Organisation des Nations Unies dans le but déclaré d’« assurer les droits reproductifs », en réalité le droit à l’avortement, et qui est devenu dans les médias du monde entier un défi entre ce pape et les puissants de la terre, à tel point que CNN avait envoyé sur place l’un des plus célèbres correspondants de guerre, Christiane Amanpour.

    Cette année-là, en 1994, le dimanche de Pâques, s’éteignait « un grand chrétien du XXe siècle, un homme pour lequel la défense de la vie était devenu un apostolat », comme le définissait Jean-Paul II dans une lettre d’hommage émue pour ses funérailles.

    Il s’appelait Jérôme Lejeune. Biologiste de réputation internationale et chrétien très intègre, c’est à lui que l’on doit la création de l’Académie pontificale pour la vie, dont il fut le premier président. Trois ans après sa mort, en 1997, Jean-Paul II s’était rendu sur sa tombe dans le village de Chalo-Saint-Mars, non loin de Paris. Sa béatification est en cours et il a été déclaré « vénérable » en 2021. La postulatrice de la cause, Aude Dugast, a publié en 2019 en France une biographie captivante et très documentée du professeur [sous le titre « La liberté du savant » chez Artège]. Cette biographie sortira dans quelques jours, ce 15 septembre, en version italienne aux éditions Cantagalli.

    Le titre du livre est « Jérôme Lejeune. La libertà dello scienziato », on peut l’acheter et consulter les deux premiers chapitres sur le site de l’éditeur.

    Nous en reproduisons un extrait ci-dessous qui témoigne de la vivacité de la bataille dans laquelle le professeur Lejeune s’était engagé sur la vague de la publication en 1987 de l’instruction Donum vitae, signée par celui qui était à l’époque préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, le cardinal Joseph Ratzinger.

    Le récit met en évidence la profonde communion de vision et d’action qui liait le professeur Lejeune à Ratzinger, à Jean-Paul II et à l’archevêque de Paris de l’époque, Jean-Marie Lustiger.

    Mais il met également en évidence la distance au sommet de l’Église entre la vivacité de ces années-là, sur ces thèmes essentiels, et la mollesse actuelle.

    *

    « Évêques, n’ayez pas peur »

    (De « Jérôme Lejeune. La liberté du savant », pp. 385-392)

    En novembre 1987, Jérôme Lejeune part à nouveau pour l’Italie, mais cette fois pour Rome, où il assiste au congrès de la Commission pontificale pour la pastorale de la santé et intervient au synode des évêques pour les laïcs. Comme à chacun de ses séjours dans la Ville Éternelle, Jérôme a le privilège d’être invité à participer à la messe matinale dans la chapelle privée du Saint-Père, qui le retient ensuite pour le petit-déjeuner. C’est, comme toujours, une grande joie pour Jérôme, particulièrement appréciée en ces temps difficiles. Et l’actualité, notamment avec la récente publication de l’instruction Donum vitae, leur fournit bien des sujets de discussion.

    La Congrégation pour la doctrine de la foi propose, dans cette instruction, une réflexion sur le respect de la vie humaine naissante et la dignité de la procréation et Jérôme, qui défend devant les Parlements français et étrangers la dignité de l’embryon humain, apprécie la qualité, la mesure et la beauté de ce document […]

    L’instruction suscite donc de vives réactions et […] dire que Jérôme défend l’instruction Donum vitae, ce n’est pas évoquer seulement ses interviews dans les médias mais aussi les interventions concrètes et courageuses qu’il est appelé à faire, au risque de s’attirer encore les foudres de la communauté scientifique et du grand monde. Cette fois, Jérôme va devoir se confronter à une équipe de médecins de l’hôpital parisien Notre-Dame-du-Bon-Secours, qui comme son nom l’indique est catholique et appartient à une congrégation de sœurs. Ce même hôpital pour lequel, avant la loi Veil, Jérôme était allé, à la demande de la mère supérieure, voir l’évêque auxiliaire de Paris pour qu’il y fasse cesser les avortements. En vain. Mais treize ans plus tard, avec le nouvel archevêque, les choses vont changer.

    Cette fois, le cardinal Lustiger dépêche une enquête auprès de l’hôpital. La supérieure, sœur Jeanne, contacte Jérôme pour le supplier de prendre la place qui se libère au Conseil d’administration. Elle espère qu’il pourra, de l’intérieur, les aider à faire cesser les avortements et les fécondations in vitro initiées en 1984 et pratiquées par le Dr Chartier. […] Le cardinal Lustiger nomme Jérôme au Conseil d’administration de l’hôpital et, le 15 septembre 1987, le Conseil d’administration vote la cessation des avortements et des fécondations in vitro. Les médecins responsables de ces actes illégitimes dans cet hôpital catholique donnent leur démission et partent furieux. Le Dr Chartier en tête.

    Quelques mois plus tard, au début de l’année 1988, commence une campagne de presse dénonçant l’obscurantisme et l’arrogance du magistère romain, représenté par le cardinal Ratzinger et son défenseur, Jérôme Lejeune. Les médias vantent en revanche les mérites du Dr Chartier, présenté élogieusement comme un médecin catholique pratiquant et d’esprit suffisamment ouvert pour critiquer le magistère. La campagne en faveur du Dr Chartier est relayée par des dizaines de médias, dont La Croix. […] Ces remous provoquent l’annulation d’une conférence que Jérôme devait donner sur Donum vitae à l’université catholique de Lille, à l’invitation des étudiants. Quinze jours avant la date prévue, Jérôme reçoit un courrier lui annonçant que le recteur, en apprenant le nom de l’orateur élu par les étudiants, a émis un veto sans appel. « Bel exemple de liberté d’expression dans une faculté dite “catholique”. Le pape est à l’index et il est interdit d’être d’accord avec lui ! » lâche Jérôme en apprenant la nouvelle. […]

    Ce recteur, comme d’autres catholiques favorables aux méthodes de procréation médicalement assistée, reproche effectivement au Vatican de ne pas avoir interrogé les médecins pratiquant des fécondations in vitro. Mais Jérôme est bien placé pour savoir à quel point ces critiques sont infondées, puisque l’Académie pontificale des sciences a, comme d’habitude, interrogé les plus grands spécialistes sur le sujet. Jérôme l’explique au journal Famille chrétienne : « Le Dr Edwards, l’inventeur de la technique, et le Dr Frydman, le promoteur en France de la méthode, ont exposé leurs opinions devant l’Académie pontificale des sciences. »

    Jérôme est encore sollicité sur l’instruction par de nombreux correspondants auxquels il répond entre autres […] : « Le cardinal Ratzinger avec Donum vitae dit aux hommes la vraie morale pour tenter de les protéger d’un abus formidable de la technique capable d’amener un effondrement total des mœurs. Relisez Le meilleur des mondes de Huxley, relisez Goethe et le second Faust et vous verrez l’immense nécessité du rappel (car ce n’est pas une innovation mais une destruction de toute la morale chrétienne) de Donum vitae. »

    Jérôme fait alors sur le cardinal Ratzinger un commentaire qui lui tient à cœur :

    « À propos du cardinal Ratzinger : je l’ai vu et entendu lors d’une séance de travail subir il n’y a pas d’autre mot des attaques personnelles très acerbes et des raisonnements théologiques démentiels sans se départir un instant de son calme et de sa bonté ! Il a ensuite repris tout le sujet traité en quelques minutes, a remis à l’endroit tout ce qui était cul par-dessus tête, avec à chaque instant un respect des personnes que ses interlocuteurs n’avaient guère manifesté. Dans la discussion c’est l’esprit le plus clair et le plus charitable que j’aie jamais rencontré. Il ne s’incline que devant la vérité. Mais il sait la chercher. »

    Quand Jérôme participe à ces débats, pour défendre la beauté de la vie et de la famille humaine, il sait les critiques virulentes dont il va faire l’objet mais […] comme Jean-Paul II, il invite aussi à ne pas avoir peur. C’est d’ailleurs en ces termes qu’il s’adresse aux évêques, au synode pour les laïcs, à Rome, en 1987 :

    « Vous qui êtes pour la famille, on se moquera de vous. On agitera devant vous le spectre de la science prétendument bâillonnée par une morale dépassée, on lèvera contre vous l’étendard tyrannique de l’expérimentation à tout va… Évêques, n’ayez pas peur. Vous avez les paroles de vie ».

  • Joseph de Cupertino (18 septembre), un saint extraordinaire et déroutant

    IMPRIMER

    (Missel.free.fr) La vie de Joseph de Cupertino est assurément l’une des plus extraordinaires et des plus déroutantes de l’hagiographie, mais que son procès de canonisation se soit déroulé sous les yeux desLumières, suffit à garantir que l’Eglise s’est posé toutes les questions qu’on était en droit d’attendre en pareil cas.

    Le père de Joseph Désa, un menuisier de grande vertu, avait si peu d’entendement dans les affaires que sa femme, pour se protéger des agents de justice, dut se cacher dans une étable où elle accoucha (17 juin 1603). L’enfant fut baptisé à Notre-Dame-des-Neiges de Cupertino (diocèse de Nardo), petite ville du royaume de Naples, entre Brindes et Otrante, où il vécut toute son enfance sous la conduite énergique de sa mère, Françoise Zanara. Si, comme le disent les actes de sa canonisation, dès sa plus tendre enfance, à l’âge de cinq ans, il donna de tels signes de sainteté que, pour être déjà vénéré comme un homme parfait, l’âge seul lui manquait, il n’en n’était pas moins extrêmement maladroit, manuellement et intellectuellement. Atteint d’une étrange maladie, il attribua sa guérison à la Sainte Vierge et, résolu à consacrer sa vie à Dieu, il s’imposa de grandes mortifications.

    Lire la suite

  • Godvergeten : le documentaire sur les abus sexuels dans l'Eglise fait des vagues en Flandre

    IMPRIMER

    De Jacques Hermans sur le site de La Libre :

    Abus sexuels dans l’Église : des victimes témoignent dans un documentaire de la VRT qui crée l’émoi en Flandre

    La série sur Canvas permet aux téléspectateurs de prendre la vraie mesure de ce qui s’est passé et de fixer l’ampleur du phénomène.

    16-09-2023

    Godvergeten est un documentaire en quatre épisodes diffusé sur la deuxième chaîne de la télévision publique Canvas. Toute la Flandre en parle ou presque. La série a remis à la une de l’actualité les abus sexuels au sein de l’Église, un fléau que l’institution tente de combattre depuis plus de trente ans. On en a beaucoup parlé et on pensait avoir tourné la page de cet épisode pénible. Et pourtant… Plusieurs centaines de milliers de téléspectateurs ont suivi, deux mardis d’affilée, les deux premiers épisodes de la série réalisée par Ibbe Daniëls et Ingrid Schildermans. Au cours de la deuxième émission, les téléspectateurs ont pu voir pour la première fois le visage de Mark Vangheluwe, le neveu de Roger Vangheluwe, l’ancien évêque de Bruges contraint à la démission en 2010 après avoir reconnu avoir abusé de son neveu pendant de longues années. Cette révélation avait fait les titres de la presse internationale à l’époque, donnant lieu à l’Opération Calice (juin 2010) avec des perquisitions menées dans le cadre de dossiers liés aux abus sexuels dans l’Église. Deux autres épisodes sont programmés pour être diffusés les mardis 19 et 26 septembre.

    Enfer sur terre

    Au cours des deux premières émissions, des victimes et leurs proches ont témoigné des souffrances endurées pendant des années. Certains parlaient pour la première fois face caméra. Ces survivants ont parlé de l’enfer qu’ils ont traversé. Abusées par des prêtres il y a 30 ans ou plus, ces victimes sont marquées à vie. Des personnes vulnérables ont été des proies faciles pour des clercs sans scrupule. Accrocheur, le titre en néerlandais de la série “Godvergeten” (Dieu oublié), signifie par extension : “infernal, ignoble, répugnant.” Humiliées, rejetées, mises sous pression, ces personnes racontent qu’elles gardent des séquelles des sévices subis, même trente ou quarante années après les faits. Le documentaire de Canvas permet aux téléspectateurs de prendre la vraie mesure de ce qui s’est passé et de constater l’ampleur du phénomène.

    ”Je ne suis pas devenu prêtre pour nettoyer tout cela”

    Les évêques flamands avaient annoncé qu’ils communiqueraient sur la question, mais seulement après la diffusion des quatre parties du documentaire, c’est-à-dire après le 26 septembre. Or, les deux premières parties ont provoqué une telle onde de choc en Flandre que Johan Bonny, l’évêque référendaire pour les abus sexuels dans l’Église, a choisi de sortir de son silence, lundi 11 septembre. Au micro de Radio 1, le prélat a regretté que l’on donne l’impression que l’Église n’ait rien fait pendant des années. “Je n’étais pas encore en fonction à l’époque. Je ne suis pas devenu prêtre pour nettoyer tout cela” explique Johan Bonny avant de poursuivre : “Mais depuis 13 ans, croyez-moi, j’y ai pensé tous les jours. Et beaucoup d’autres avec moi, ça, je peux vous le dire le cœur sur la main. Je reconnais bien sûr la souffrance des victimes, mais je dis aussi que nous avons pris nos responsabilités dans cette affaire et nous continuons à le faire.” Peu après, Lode Aerts, l’évêque de Bruges, est lui aussi sorti de son mutisme en adressant un message de sympathie aux victimes et à leurs proches.

    La sortie médiatique, inattendue, de Mgr. Bonny, évêque d’Anvers, a provoqué l’incompréhension. “À ce stade-ci, une digne retenue aurait été préférable”, ont souligné plusieurs observateurs. Par conséquence, la VRT et dans son sillage divers médias flamands, ont remis le sujet à l’ordre du jour. Sylvie Walraevens, journaliste pour Tertio, hebdomadaire chrétien d’actualité en Flandre, a mis le doigt sur l’origine de la problématique. Selon elle, il s’agit d’une “dérive systémique liée à l’immense pouvoir de l’institution qui, aujourd’hui, doit faire preuve d’humilité. L’Église doit veiller à ce que cette génération de victimes soit la dernière”, a-t-elle martelé. Sur les réseaux sociaux, des citoyens ont dénoncé la perversité d’un pouvoir ecclésial et les agissements de prêtres abuseurs.

    Annulation de baptême

    Après avoir regardé les deux épisodes, de nombreux baptisés ont fait le choix personnel, somme toute symbolique, de quitter l’Église en demandant l’annulation de leur baptême. Les diocèses d’Anvers et de Hasselt ont enregistré une hausse d’annulations, sans pour autant pouvoir fournir un chiffre précis. Certains souhaitent une initiative parlementaire réclamant une révision du financement des cultes (art 181 de la Constitution). Le culte catholique se taille la part du lion, soit 80 % des subventions accordées par le ministère de la Justice. Ce montant est calculé selon le nombre d’habitants des paroisses, baptisés ou non.

  • Les couvents et monastères catholiques de Rome ont abrité des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale

    IMPRIMER

    Lu sur The National Catholic Reporter :

    Des recherches catholiques-juives indiquent que des couvents catholiques ont abrité des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale

    7 septembre 2023S

    Des chercheurs ont découvert de nouveaux documents qui corroborent les rapports selon lesquels des couvents et des monastères catholiques de Rome ont abrité des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, fournissant les noms d'au moins 3 200 juifs dont l'identité a été corroborée par la communauté juive de la ville, ont déclaré des responsables le 7 septembre.

    Des chercheurs de l'Institut biblique pontifical, de l'institut israélien de recherche sur l'Holocauste Yad Vashem et de la communauté juive de Rome ont présenté leurs conclusions lors d'un atelier académique organisé le 7 septembre au Musée de la Shoah, qui fait partie de la principale synagogue de Rome.

    La documentation ne semble pas jeter un nouvel éclairage sur le rôle du pape Pie XII pendant l'occupation nazie de Rome. Les historiens ont longtemps débattu de l'héritage de Pie XII, ses partisans insistant sur le fait qu'il a usé d'une diplomatie discrète pour sauver des vies juives et ses détracteurs affirmant qu'il est resté silencieux alors que l'Holocauste faisait rage en Europe, et même lorsque les Juifs romains ont été rassemblés et déportés de l'arrière-cour du Vatican en 1943.

    Selon une déclaration commune de l'Institut biblique pontifical, de Yad Vashem et de la communauté juive de Rome, la nouvelle documentation fournit plutôt les noms et les adresses des Romains qui ont été hébergés dans des institutions catholiques pendant la guerre, ce qui n'avait été rapporté auparavant qu'en termes vagues et en chiffres par le principal historien italien de la période, Renzo de Felice, dans un livre publié en 1961.

    La documentation a été découverte dans les archives de l'Institut biblique, qui est affilié à l'Université pontificale grégorienne, dirigée par les jésuites. Elle répertorie plus de 4 300 personnes qui ont été hébergées dans les propriétés de 100 ordres religieux catholiques féminins et de 55 ordres religieux masculins. Parmi elles, 3 600 sont identifiées par leur nom, et des recherches dans les archives de la communauté juive de Rome "indiquent que 3 200 d'entre elles étaient certainement juives", précise le communiqué.

    "Pour ces derniers, on sait où ils ont été cachés et, dans certaines circonstances, où ils vivaient avant la persécution. La documentation augmente ainsi de manière significative les informations sur l'histoire du sauvetage des Juifs dans le contexte des institutions catholiques de Rome", précise le communiqué.

    Les noms ne sont pas divulgués afin de protéger la vie privée des personnes concernées et de leurs descendants.

    On ne sait pas si l'un des juifs cités a été baptisé. Les archives du Vatican récemment ouvertes sur la papauté de Pie suggèrent que le Vatican s'est efforcé de sauver les Juifs qui s'étaient convertis au catholicisme ou qui étaient les enfants de mariages mixtes catholiques-juifs, selon le livre "The Pope at War", de l'anthropologue David Kertzer, de l'université de Brown.

    Claudio Procaccia, responsable du département culturel de la communauté juive de Rome, a déclaré que les documents ne permettaient pas de savoir si les Juifs identifiés avaient été baptisés. Il a toutefois souligné que ces listes constituaient un "nouvel élément important pour comprendre qualitativement et quantitativement" les personnes hébergées et leurs origines.

    "C'est une étape très importante", a-t-il déclaré lors d'une interview après l'atelier, ajoutant que des recherches supplémentaires étaient nécessaires pour corroborer davantage les noms énumérés et leur histoire, y compris avec d'autres listes dans d'autres archives. Il a ajouté que des divergences risquaient d'apparaître au fil du temps, car on sait que certaines personnes ont prétendu avoir un nom de famille juif pour trouver refuge dans des couvents catholiques, même si elles n'étaient pas nécessairement juives.

    M. Procaccia a fait remarquer que la communauté juive a publié en 2013 ses propres recherches sur le sort des Juifs pendant l'occupation nazie de Rome, intitulées "Après le 16 octobre", date à laquelle, en 1943, plus d'un millier de Juifs de Rome ont été rassemblés et, deux jours plus tard, déportés à Auschwitz.

    Le père Dominik Markl, de l'Institut biblique pontifical et de l'université d'Innsbruck, qui a participé à la coordination des recherches, s'est dit ému par le destin des personnes nommées dans les documents, "celles qui étaient menacées d'être assassinées en raison des persécutions du régime nazi, et les nombreux prêtres et religieuses anonymes qui ont risqué leur propre sécurité pour les aider à survivre".

    Dans une déclaration à l'Associated Press, M. Markl a souligné l'importance de la recherche conjointe entre les universitaires catholiques et juifs sur une question délicate qui a longtemps divisé les universitaires et souvent tendu les relations entre la communauté juive de Rome et le Saint-Siège.

    "Nous sommes extrêmement reconnaissants de la collaboration avec la communauté juive de Rome et Yad Vashem, qui promet d'aboutir à une compréhension plus profonde de l'histoire de la Shoah à Rome et au-delà", a-t-il déclaré.