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Témoignages - Page 191

  • Le cardinal Wim Eijk appelle le pape à clarifier les doutes semés par Amoris laetitia

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    Lu sur le blog « Salon beige »

    « De Jeanne Smits sur RITV :

    "Dans un entretien avec le quotidien néerlandais Trouw, l’archevêque d’Utrecht, le cardinal Wim Eijk vient d’appeler le pape François à apporter de la « clarté » face aux « doutes » semés par l’exhortation post-synodale Amoris laetitia à propos de l’accès à la communion pour les divorcés « remariés ». S’il s’efforce d’affirmer, dans cet entretien paru vendredi dernier, que le pape n’a « jamais, nulle part » déclaré que ces couples pouvaient recevoir le sacrement de pénitence et de l’Eucharistie, il emploie tout de même des mots qui ont été ceux de nombreux évêques, universitaires et théologiens, mais aussi ceux des quatre cardinaux des « Dubia » demandant au pape François de faire la lumière sur cette question, sans jamais recevoir de réponse.

    Le cardinal Wim Eijk, connu pour ses positions fidèles à la tradition de l’Eglise en matière de morale familiale et conjugale, avait déclaré à l’issue des deux synodes sur la famille que l’Eglise catholique ne saurait modifier son enseignement traditionnel sur le refus de la communion aux couples divorcés « remariés », assurant alors que le pape ne changerait pas la doctrine à cet égard.

    « A la suite des deux synodes sur la famille un document a été écrit par le pape, Amoris laetitia. De ce fait des doutes ont été semés. Les divorcés “remariés” peuvent-ils désormais communier ou non ? Ce que l’on voit, un peu, c’est que telle conférence épiscopale gère l’affaire d’une façon, tandis que tel autre la gère d’une manière exactement inverse. Mais bon, ce qui est vrai à l’endroit A ne peut subitement être faux à l’endroit B. A un moment donné on serait content de voir que la clarté soit faite. » 

    [...] Interrogé sur la question de savoir ce qu’il attend du pape François, le cardinal a répondu : « Je dirais : éclairez-nous. A propos de ce point précis. Otez ce doute-là. Sous forme d’un document, par exemple. » [...]"

    Ref. Le cardinal Wim Eijk appelle le pape à clarifier les doutes semés par Amoris laetitia

    Il se fait, malheureusement pour le Cardinal-Archevêque des Pays-Bas, que, dans l'esprit du pape, l’affaire est désormais close, comme l’explique clairement l’Agence Kathnet :

    « Le Vatican a publié dans les “Acta Apostolicae Sedis” (AAS), l’organe officiel du Saint Siège, le document explicatif qui avait été adressé aux évêques de la région pastorale de Buenos Aires suite à l’exhortation post synodale “Amoris Laetitia”, ainsi qu’une lettre du pape François, dans laquelle il donne son approbation au dit document.

    La parution dans les AAS de cette lettre privée du pape aux évêques de la région pastorale de Buenos Aires élève cet écrit au rang de “Lettre Apostolique”.

    Elle contient en outre une contribution du cardinal Pietro Parolin dans laquelle celui-ci précise que la parution des deux documents a été faite sur la demande expresse du pape François qui désire que, aussi bien le document explicatif aux évêques de Buenos Aires que sa propre lettre soient désormais considérés comme des éléments de son “magistère authentique”.

    Le document explicatif à l’adresse des évêques de Buenos Aires, datant de septembre 2016, prévoit au n°6, d’autoriser, au cas par cas, que des personnes “divorcées et remariées civilement” puissent recevoir la communion eucharistique, même si celles-ci ne se déclarent pas prêtes à vivre dans l’abstinence. La réception de la communion pourrait être le résultat d’un processus de discernement accompagné de façon personnelle et pastorale par un prêtre. A l’issue d’un tel processus, il n’y aurait pas obligatoirement une admission aux sacrements : les personnes pourraient aussi librement choisir une autre façon de participer à la vie de l’Eglise.

    Dans sa lettre aux évêques, le pape a expressément approuvé la valeur de ce processus. Le document explicatif se veut exhaustif en ce qui concerne le huitième chapitre d’ “Amoris Laetitia”. Le pape l’affirme sans ambiguïté : ‘Il n’y a pas d’autre interprétation’. »

    Ce point final péremptoire n’empêche évidemment pas de rappeler ici quels sont les divers degrés d’engagement de l’enseignement suprême du pape seul ou du pape et des évêques unis à lui et, spécialement, de préciser que le magistère le plus élevé peut se placer à deux degrés d’autorité :

    1°/ Celui des doctrines irréformables du pape seul ou bien du collège des évêques (Lumen gentium n. 25 § 2 et 3). Ce magistère infaillible, auquel il faut « adhérer dans l’obéissance de la foi », peut lui-même être proposé sous deux formes :

    1. a) les jugements solennels du pape seul ou du pape et des évêques réunis en concile ;
    2. b) le magistère ordinaire et universel (Dz 3011).

    2°/ Et, d’autre part, celui des enseignements du pape ou du collège des évêques avec le pape, sans intention de les proposer de manière définitive, auxquels est dû « un assentiment religieux de la volonté et de l’esprit » (Lumen gentium n. 25 § 1). On parle généralement de « magistère authentique », bien que le vocabulaire ne soit pas absolument fixé.

    C’est  à ce second degré d’autorité du magistère qu’il faut situer celle des deux documents que le pape vient de faire publier au « Moniteur » du Saint-Siège : le même que celui de l’exhortation post-synodale « amoris laetitia » : leur enseignement ne peut plus être remis en cause « nisi gravibus causis » (à moins de graves raisons). Cette clausule signifie, a contrario, qu’il peut l’être dans cette occurrence.

    JPSC

  • Bilan de la Marche pour la Vie à Paris

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    D'Odon de Cacqueray sur le site de l'Homme Nouveau :

    Marche pour la Vie, le pari sur l'avenir

    Marche pour la Vie, le pari sur l'avenirPhotos: © Michel Pourny

    Cécile Edel mère de famille et psychologue est également Présidente de l'asociation Choisir la Vie et Vice-Présidente de la Marche pour la Vie, au lendemain de cette manifestation elle a accepté de répondre à nos questions et dresser un bilan ainsi que des objectis.

    Au lendemain de cette 13e Marche pour la Vie, un premier bilan ? 

    Cécile Edel : Le bilan est bon comme chaque année. Mais il est vrai qu’avec les mauvaises conditions météorologiques que nous avons eues, nous étions encore plus heureux de voir qu’il y avait quand même 40 000 participants1. Donc un grand succès, surtout au moment des états généraux de la bioéthique. Cela permet d’ouvrir le débat sur ces sujets-là. 

    Concernant les prises de parole, l’eurodéputé polonais Marek Jurek était présent, nous n’avons pas vu de politiques français monter à la tribune, est-ce une volonté de votre part ou un manque d’engagement de nos hommes politiques ? 

    C’est un manque d’engagement. Je regrette que parmi tous les députés, et il y en a beaucoup en France, il n’y en ait que très peu qui défendent la vie de la conception à la mort naturelle, de manière très faible. Il y a un manque de députés qui respectent la vie, c’est très clair, surtout depuis l’élection d’Emmanuel Macron. Nous avons face à nous plutôt des députés hostiles, voire très hostiles. 

    La menace de représailles judiciaires qui pèse sur les opposants à l’avortement dissuade-t-elle les personnalités de prendre la parole ? 

    Je ne pense pas. Quand nous observons par exemple le délit d’entrave voté l’année dernière, ce délit d’entrave visait principalement les antennes d’écoute aux femmes en difficulté. Ceux qui sont freinés par ces mesures, ce sont surtout les bénévoles qui aimeraient être engagés dans ces antennes d’écoute, mais qui ont peur des représailles. Les politiques ne sont pas réellement impactés, mais certains sont un peu désespérés de voir que le débat a du mal à s’ouvrir. Je regrette qu’il y ait une telle loi du silence, un tel tabou autour des questions sur l’avortement. Ce qui n’est pas du tout le cas aux États-Unis et nous l’avons vu. La différence devient d’ailleurs énorme avec eux surtout depuis que Donald Trump est intervenu à The March for Life quand nous n’avons toujours pas de politiques qui interviennent à La Marche pour la Vie. 

    500 000 personnes défilent aux États-Unis pour la 45e édition, vous annoncez 40 000 marcheurs pour la 13e Marche pour la Vie en France, constatez-vous une progression d’une année sur l’autre ? Quels sont vos objectifs ? 

    Je suis dans l’espérance. J’étais présente pour la première marche en 2005 et je vois la différence entre 2005 et 2018. Cette différence est énorme au niveau des chiffres bien sûr : nous avons commencé à seulement quelques milliers. Cette différence est également frappante au niveau du pourcentage de jeunes. Il y avait cette année presque 80 % de jeunes de moins de 30 ans voire moins de 25. C’est extrêmement encourageant pour l’avenir. Ces jeunes sont très motivés, très déterminés et n’acceptent aucun compromis sur le respect de la vie. Nous avons pris exemple sur le modèle américain lorsque nous avons créé la Marche pour la Vie en France et d’ici quelques années je pense que nous arriverons à avoir un chiffre très important parce qu’on n’a pas encore réussi à mobiliser toutes les communautés, toutes les familles. 

    Notre objectif n’est pas nécessairement d’être énormément, même si le chiffre aide à gagner. Ce qui est le plus important c’est de garder toujours le même discours, qui est un discours très ferme. C’est notre fidélité, notre clarté et notre détermination qui nous feront gagner.

    Comme d’habitude les chiffres sont discutés…

    Nous fonctionnons avec un comptage au clic qui est fiable, la difficulté réside dans le fait que tous les marcheurs ne font pas le parcours en entier. Certains partent avant la fin quand d’autres nous rejoignent en cours de route. Nous en tenons compte. En étant présents à cette marche nous pouvions constater être au minimum autant que l’année dernière, ce qui une fois de plus, au vu de la météo, est une belle réussite. 

    La Marche pour la Vie est désormais une institution rodée. Prévoyez-vous d’autres actions en plus de ce rendez-vous annuel ?

    La Marche pour la Vie est une association qui regroupe plusieurs associations. Toute l’année ces associations œuvrent de leur côté, avec des moyens qui leur sont propres, leurs spécificités, pour le respect de la vie. Toute l’année il y a un continuum d’actions, pas au nom de la Marche pour la Vie mais au nom des associations qui composent en grande partie la Marche pour la Vie. Notre objectif à long terme est d’arriver à être une force de mobilisation toute l’année, avec des opérations coup-de-poing, des mobilisations en dehors du mois de janvier… Si une loi doit passer en milieu d’année, il faut que nous soyons capables de nous mobiliser. Il faut que nous devenions une vraie force de mobilisation. 

    1. Selon les organisateurs.

  • Un chrétien sur douze subit la persécution

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    Du site "Christianisme aujourd'hui" :

    Un chrétien sur douze souffre pour sa foi

    Un chrétien sur douze souffre pour sa foi

    22.01.18 - Depuis vingt ans, l’Index mondial de la persécution des chrétiens permet de visualiser leur situation autour du globe. Quels enseignements tirer de l’Index 2018, publié en janvier? Entretien avec Michel Varton, directeur de Portes Ouvertes (PO) France.

    Remarquez-vous un intérêt accru des médias pour la situation des chrétiens dans le monde?
    Oui très nettement depuis cinq ans. Ce qui s’est passé au Moyen-Orient, le génocide des chrétiens par Daech, a alerté les médias. Il y a dix ans, si je disais à quelqu’un que je travaille pour une mission qui soutient les chrétiens persécutés, on me répondait: «Ah, ça existe?» Aujourd’hui, on me dit: «Ah, vous devez avoir beaucoup de travail.» C’est parce que la situation va mal que les médias s’intéressent et que les gens sont informés. 

    Qu’est-ce qui vous a surpris dans ce nouvel Index?
    Les tendances se réaffirment. Même en faisant abstraction du fait que notre recherche devient plus pointue, il est possible d’affirmer qu’une augmentation de la persécution est présente. 215 millions de chrétiens sont concernés, donc un chrétien sur douze vit dans une situation de persécution forte.


    On note également une tendance au nationalisme religieux. Partout dans le monde, les gens se mettent derrière des murs, considèrent tout ce qui est externe comme une menace. Souvent, les chrétiens sont considérés comme nouveaux dans le paysage, donc une menace, comme en Inde ou au Népal, ce dernier ayant grimpé en flèche dans l’Index 2018.
    Avec 90% des assassinats de chrétiens, l’Afrique reste le continent de la violence la plus importante. Les trois mêmes pays se retrouvent dans le trio de tête (Corée du nord, Afghanistan et Somalie). Une surprise pourtant: malgré la défaite militaire de Daech au Moyen-Orient, la situation reste grave en Irak. Les chrétiennes n’ont pas le droit de sortir sans un voile à Bagdad ou Bassora. C’est le signe d’une intolérance envers l’Eglise, même dans la partie chiite du pays. Par contre, il y a un semblant d’amélioration en Syrie.

    Le Nigéria compte le plus de chrétiens tués (2000) en 2017. Pourquoi se situe-t-il en bas du classement?
    Le Nigéria a reculé de la douzième à la quatorzième place. Boko Haram a été repoussé vers le
    Cameroun, la grande partie nord-est est libérée et les chrétiens rentrent chez eux. Mais le problème vient maintenant des Peuls Fulhani. Ces nomades musulmans considèrent qu’ils ont le droit de faire pâturer leurs animaux partout: ils incendient les Eglises et les maisons, plus ou moins avec la connivence de la police. C’est un nettoyage religieux dans le nord et dans la ceinture centrale. 

    Pas moins de cinq pays d’Asie centrale se trouvent dans l’Index. L’Azerbaïdjan y fait même son entrée. Pourtant, on entend peu parler de ces pays-là...
    Anciennement communistes et encore avant, islamiques, ces pays sont des dictatures qui voient tout ce qui a trait au religieux comme une menace. De ce fait, les chrétiens sont mis dans le même panier que les djihadistes.
    On pourrait appeler ça du nationalisme pragmatique: l’Etat considère que les chrétiens ne lui sont pas soumis, ni n’appartiennent à la culture. Nées après la chute du communisme, les Eglises sont composées à 100% de nouveaux convertis. Tout est fait pour qu’elles ne grandissent plus.

    Comment les chrétiens occidentaux peuvent-ils se mobiliser?
    La prière est très importante, c’est la première chose qu’on nous demande sur le terrain. Ensuite, Portes Ouvertes propose plusieurs possibilités différentes: des voyages dans les pays où sévit la persécution pour prier et apporter un peu de littérature ou rencontrer et encourager les chrétiens.
    On initie régulièrement des pétitions, comme celle présentée récemment aux Nations Unies. C’est un petit geste de signer mais les chrétiens persécutés sont touchés, c’est une façon de leur dire qu’on est à leurs côtés. 
    Il est également possible d’envoyer des cartes, qui peuvent être une aide très précieuse. Puis le soutien par des dons, par le biais parfois de courses sponsorisées. Notre but, c’est d’être sur le terrain et de mettre sur pied des actions qui permettront la fortification de l’Eglise. 

    Propos recueillis par Sandrine Roulet

  • La béatification d'un Italien martyrisé sous le nazisme

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    De Maria Droujnina sur zenit.org :

    Italie: béatification du martyr du nazisme Teresio Olivelli

    Une célébration présidée par le card. Amato

    La célébration sera présidée par le cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour les causes des Saints, et concélébrée par l’évêque de Vigevano, Mgr Maurizio Gervasoni.

    Teresio Olivelli est né le 7 janvier 1916 à Bellagio (Côme, Italie). Très jeune, il participe déjà à la vie ecclésiale et caritative, et à l’âge de 18 ans, il s’inscrit à l’Action catholique italienne.

    De 1934 à 1938, il fréquente le collège universitaire « Ghislieri » de Pavie, en Lombardie, où il obtient son diplôme en droit. Au cours des années universitaires, il se fait connaître pour sa foi et pour sa charité, en particulier envers les pauvres.

    En 1939, il est nommé professeur adjoint de la chaire de droit administratif à l’Université de Turin. Le 22 mai 1940, il est appelé à Rome à l’Institut national de la culture.

    Au début de la guerre, sa pensée s’adresse toujours aux laissés-pour-compte et aux humbles. Parmi ceux-ci, il y a les soldats engagés dans la campagne de Russie où l’Italie subit des pertes substantielles. Nommé officier des troupes alpines, Teresio demande à se porter volontaire pour la guerre en Russie de façon à rester avec les jeunes soldats et partager leur sort.

    Il revient sain et sauf en Italie au printemps de 1943 et il se consacre à l’éducation des jeunes en tant que recteur du Collège Ghisleri.

    Teresio se range aux côtés de la Résistance catholique avec ceux qui rêvent de liberté et de paix et il fonde à Milan le journal clandestin Il Ribelle (Le rebelle). Son témoignage est clair : il ne se laisse jamais contaminer par l’idéologie, mais cherche continuellement à évangéliser, en mettant à la première place les valeurs chrétiennes et morales.

    Arrêté à Milan le 27 avril 1944, il est conduit d’abord à Flossenburg et puis à Hersabruck, en Allemagne.

    Dans le camp, il accompagne le départ des mourants par la prière et il défend les plus faibles. Sa foi chrétienne, qui s’exprime dans une vie spirituelle intense, dans des attitudes religieuses et des gestes de solidarité, est la principale raison de l’exacerbation des mauvais traitements à son égard.

    Il meurt à 29 ans, le 17 janvier 1945, des suites des coups mortels reçus d’un kapo pour avoir cherché à servir de bouclier par son corps à un jeune prisonnier ukrainien qui était brutalement tabassé.

    Son procès de béatification a été ouvert en 1988 et un décret reconnaissant son martyre a été publié le 17 juin 2017.

  • Un "geek" au service de l'évangélisation

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    D'Olivia de Fournas sur le site de l'hebdomadaire Famille Chrétienne :

    Jean-Baptiste Maillard, le « geek » de l’évangélisation

    MAGAZINE - Le cofondateur de Lights in the dark lance, en février, un Mooc et des formations pour envoyer dans le monde virtuel des missionnaires réels.

    Il débarque gare Montparnasse en costume, cravate rose et trottinette. D’habitude, il profite du trajet Tours-Paris pour évangéliser les voyageurs. Mais, ce matin, ils étaient trop endormis. « Ce sera sans doute au retour », plaisante-t-il.

    La chapelle de la gare fermée, il entre dans le premier bar du coin. D’aussi loin qu’il se souvienne, ce Toulonnais a toujours été volubile et « passionné de Jésus ». Enfant déjà, bien formé par sa mère, il ne manquait pas une occasion de parler du Christ en classe. À 12 ans, son père est muté à Moscou. Pendant trois ans, il est frappé par cette Russie qui renaît de ses cendres et dont les églises se remplissent. Les Moscovites décident de reconstruire la cathédrale du Sauveur détruite soixante-dix ans plus tôt par Staline ? Il en tire une devise : « (Re)mettre Jésus au centre de sa vie. » C’est de ce moment qu’il date son « obsession pour l’évangélisation ».

    Passionné du Web dès 1998, il rejoint une école d’informatique en 2002. Il y apprend à construire des sites Internet. Premier d’une longue série, piexii.com est créé alors que sévissent les affiches du film Amen, barrées d’une croix détournée en croix gammée. Choqué du contre-sens qui fait du pape un complice des nazis, il décide de « favoriser un débat d’historiens plutôt que de chercher une confrontation stérile ». Cela le conduit à Mgr Dominique Rey, rencontre décisive. L’évêque de Toulon lui parle de l’appel de Jean-Paul II à se lancer dans une « nouvelle évangélisation, nouvelle dans son ardeur, dans ses méthodes et dans son expression ». Le jeune homme se sent dès lors envoyé en mission.

    À sa sortie d’école, en 2005, le « geek » est approché par des entrepreneurs roulant en voiture de sport, mais, en visite chez sa sœur religieuse, se brise sérieusement la cheville. Immobilisé pendant un an, le projet tombe à l’eau : adieu, bolides ! « Le Seigneur m’a probablement envoyé une alerte », traduira Jean-Baptiste. Il lance alors « Nous voulons KTO sur la TNT » (150 000 signatures).

    Jean-Baptiste récidive en 2012 avec la série Ainsi soient-ils. La chaîne Arte a oublié de réserver le «.com »... Cette fois, son contre-site présente des vidéos de vrais séminaristes : « Est-il humain de ne pas avoir de relation sexuelle quand on est prêtre ? », expliquent-ils avec humour. S’ensuivent linquisitionpourlesnuls.com (dont la vraie fausse bande-annonce sera vue 80 000 fois), ainsi que missionconclave.com... Mais l’e-missionnaire ne se satisfait pas totalement d’Internet. Il est marqué par un discours de son pape chouchou, Jean-Paul II (il a d’ailleurs appelé son fils Karol) : « Le monde virtuel ne remplacera jamais le monde réel. » Il évangélise aussi dans la rue... ou en boîte de nuit, avec un prêtre ! « Le but de tous ces projets n’est pas de faire de la com’, mais d’évangéliser les non-croyants pour les amener à une vraie rencontre. »

    En 2015, il monte avec sa bande Lights in the dark, une association qui évangélise directement sur Internet, et vit uniquement de dons – il cherche encore de nombreux parrainages. Depuis, on ne l’arrête plus. En février, il lancera un Mooc sur dix semaines pour apprendre à devenir « missionnaire de l’Internet ». D’autres formations sont prévues : Tours (13-14 janvier), Montpellier, Valence, Cergy, Cholet, Lille. L’idée est d’orienter les personnes évangélisées via le Web vers des relais locaux, qui maillent le terrain. Toujours cette idée de rencontrer quelqu’un de visu, après hameçonnage via l’écran : « La foi, c’est comme un site de rencontres, ça se termine souvent dans un bar ! » .

  • Propos d'une migrante du dimanche matin...

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    Réfexions d'une lectrice de belgicatho :

    "Les migrants du dimanche matin... En cette « Journée mondiale du migrant et du réfugié », nos évêques ont tenu à partager fraternellement la table, ou du moins un moment de vie, d’une famille subissant l’éloignement de sa patrie. Un geste à la fois simple et fort, renouvelant l’engagement des papes Benoît XV et St Jean-Paul II, les fondateur et promoteur de cette journée si nécessaire à notre époque. Aussi, j’aimerais profiter de cette occasion afin de les inviter à ma table lors de la prochaine journée de ce genre, car je suis moi aussi une migrante. Une migrante du dimanche matin. En effet, l’extrême pauvreté de ma paroisse géographique me pousse à en franchir les frontières, afin de migrer sous des cieux plus cléments qui sauront, eux, me fournir, ainsi qu’à ma famille, la nourriture spirituelle nécessaire à notre substistance. Nulle possibilité de confession ici, uniquement une absolution collective annuelle... La messe dominicale, devenue célébration eucharistique bi-mensuelle du samedi soir, réserve toujours la surprise de sa validité : ce sera selon l’inspiration du jour du célébrant... Oublions toute autre célébration : la procession annuelle à Notre-Dame n’est plus qu’un souvenir de mon enfance ; l’ostensoir rouille dans la sacristie faute de Salut depuis des lustres ; quant à la préparation au baptême, elle se résume à inscrire les noms des parrain/marraine sur une feuille afin de préparer le registre pour le jour J. Par ailleurs, un conflit atroce fait rage sur ma terre de résidence, entre d’une part le Magistère de l’Eglise, et d’autre part les opinions inverses, hérétiques mais érigées en dogmes par le clergé local ou les laïcs en responsabilité. Conflit dans lequel nous, pauvres fidèles qui ne demandons qu’à suivre l’enseignement de notre Mère la sainte Eglise, servons de chair à canon (à canon 208, s’entend). Il ne s’agit pas ici de préférences secondaires pour un decorum gothique plutôt qu’une architecture moderne, pas plus que de préférer le répertoire de la chorale de la ville voisine : il s’agit simplement de survivre. Rien de moins. Contraints et forcés, nous migrons donc chaque dimanche matin vers une terre d’accueil. Un véritable déracinement pour notre famille : très humainement, nous aimerions retrouver le dimanche sur les bancs de l’église nos familiers des autres jours de la semaine : saluer la boulangère du village d’un signe de tête ou échanger sur le parvis avec les parents que nous côtoyons à la sortie de l’école. Nous nous retrouvons donc parachutés dans un milieu d’accueil où tout nous est étranger : les personnes, les coutumes... Une terre d’asile, certes, où nous acostons de manière volontaire ; mais qui conserve néanmoins son côté dépaysant, voire effrayant, et où les petits gestes d’intégration sont souvent aussi difficiles à poser pour nous que délicats à recevoir pour les autochtones. Nous sommes donc reconnaissants à nos évêques d’insister sur l’accueil favorable à réserver aux migrants, étant entendu qu’ils y incluent ceux du dimanche matin. Cependant, persuadés que la coopération au développement local constitue la solution pérenne à notre problématique migratoire, nous espérons vivement voir venir le jour où notre paroisse géographique refleurira sous l’impulsion de missionnaires 2.0 et saura offrir nourriture et paix à ses paroissiens, qui se tiennent prêts à y collaborer."

  • Bruxelles (Stockel), 7 février 2018 : "Dieu ou rien", une conférence du cardinal Sarah en présence du cardinal De Kesel

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    De Paul Forget :

    Chers Amis,

    Peut-être l'avez-vous appris par divers canaux (CathoBelévénement Facebook...), dans trois semaines, le 7 février, à l'église Notre-Dame de Stockel (Woluwe-Saint-Pierre), le Cardinal Robert Sarah, Préfet de la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements, donnera une conférence sur son ouvrage d'entretiens sur la foi : « Dieu ou rien ».

    Ce proche collaborateur du Pape François est beaucoup sollicité à travers l'Europe et le monde et les personnes qui l'ont lu ou écouté témoignent d'un discours clair et attentif aux nécessités de notre temps, tout en portant une attention toute particulière aux périphéries, qu'il a lui-même côtoyées de façon toute personnelle dans le petit village animiste, en Guinée, où il est né et a grandi.

    Il concélébrera la messe avec le Cardinal De Kesel à 18 h 30.

    Cet homme, que saint Jean-Paul II appelait son « bébé évêque » (qu'il est devenu à 34 ans !), viendra pour la première fois en Belgique, à laquelle il s'est pourtant déjà généreusement intéressé en accordant son soutien à la Marche pour la Vie, il y a deux ans.

    Il partagera une collation avec nous et le Cardinal De Kesel à 19 h 30(inscriptions indispensables : jubilatestock@gmail.com)

    Ce Cardinal, dont Benoît XVI en personne a postfacé le second ouvrage d'entretiens, en écrivant notamment qu'« il a quelque chose à dire à chacun de nous », ne vous laissera certainement pas indifférent. C'est un authentique cardinal de combat, prêt à tout donner pour ce qui est vrai et authentique.

    Il viendra tout spécialement du Saint-Siège et nous présentera son ouvrage « Dieu ou rien » à 20 h 30 et dédicacera ensuite ses livres qui vous seront proposés à la vente.

    Bref, soyons tous, avec notre Archevêque, le Cardinal De Kesel, à l'église Notre-Dame de Stockel, le 7 février. N'hésitons pas à inviter nos proches à ce bel événement !

    Les prêtres qui souhaitent concélébrer peuvent s'inscrire en écrivant à jubilatestock@gmail.com.
    Notez aussi qu'une traduction simultanée sera faite vers le néerlandais.

    La participation aux frais est libre. Mais les frais pour la paroisse sont pourtant bien réels. N'hésitez donc pas à soutenir de votre obole, même modeste, cet événement sur le compte de la paroisse : BE10 0682 0283 4404, en précisant « Cardinal Sarah » en communication. Tout bénéfice sera reversé aux œuvres du Cardinal Sarah.

    Chers Amis, merci !

    Paul Forget

  • Vient de paraître : le magazine trimestriel « Vérité et Espérance-Pâque Nouvelle », n° 105, hiver 2017-2018

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    Le magazine trimestriel « Vérité & Espérance – Pâque Nouvelle » édité par l’association « Sursum Corda » (responsable de l'église du Saint-Sacrement à Liège) a publié sa livraison de l’hiver 2017. Tiré à 4.000 exemplaires, ce magazine abondamment illustré parcourt pour vous l’actualité religieuse et vous livre quelques sujets de méditation. Les articles mentionnés en bleu sont disponibles sur le blog de l'église du Saint-Sacrement (cliquez sur les titres ci-dessous pour y accéder).

    Au sommaire de ce numéro n° 105 (hiver 2017-2018) : 

    contrat Delta ingenieur stabilité339.jpg

    Les conditions du dialogue interconvictionnel 

    Du Livre de Job au Livre éternel

    Aux anathèmes, le Savonarole de l’Ucl répond par un livre

     

    contrat Delta ingenieur stabilité340.jpg

    Rome et le monde : 

    Fêter le cinquième centenaire de la réforme protestante ?

    Liturgie : le pape François désavoue le cardinal Sarah

    Accès des divorcés-remariés à la communion sacramentelle

    Le nouvel archevêque de Paris n’a pas la faveur de l’intelligentsia progressiste

     

    Belgique:

    Un essaimage des Clarisses de Bujumbura à Liège

    Archevêché de Malines-Bruxelles : qu’as-tu fait de «Jérusalem»?

    Que faire de l’abbaye de Marche-les-Dames ?

    Pourquoi le cours de religion est important dans l’enseignement secondaire  

     

    Secrétaires de Rédaction : Jean-Paul Schyns et Ghislain Lahaye

    Editeur responsable: SURSUM CORDA a.s.b.l. ,

    Vinâve d’île, 20 bte 64 à B- 4000 LIEGE.

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  • La fin des Chrétiens d'Orient ?

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    La fin des chrétiens d’Orient ? (Arte)

    87 min.
    Disponible du 09/01/2018 au 10/03/2018
    Prochaine diffusion : vendredi 2 février à 09h25
     
    Ce programme est disponible en vidéo à la demande ou DVD.

    Minée par les persécutions, l'exil et le recul de ses droits, la communauté chrétienne va-t-elle disparaître du Moyen-Orient ? Un saisissant panorama de sa fragile condition dans cinq pays : l'Irak, la Syrie, la Turquie, l'Égypte et le Liban.

    Au début du XXe siècle, un habitant du Moyen-Orient sur quatre était chrétien. Aujourd'hui, ils sont largement minoritaires (11 millions parmi 320 millions de musulmans). Chaque année, des milliers d'entre eux sont massacrés, souvent parce qu'on les assimile à un Occident qui, pourtant, ne les soutient guère. Peu à peu, ils disparaissent de la région qui a vu naître leur religion. Ils descendent en effet des premiers chrétiens qui fondèrent des communautés religieuses au cours du Ier siècle, quand l'Europe était païenne. Au VIIe siècle, ils ont accompagné l'avènement de l'islam. Cet ample et passionnant documentaire explore leur fragile condition dans cinq pays : l'Irak, la Syrie, le Liban, la Turquie et l'Égypte. D'une région à l'autre, leur position minoritaire les conduit souvent à s'allier au pouvoir en place en échange d'une protection incertaine.

    "Pris en étau"
    Les chrétiens d'Orient "ont toujours été pris en étau entre l'Occident d'un côté et l'islam de l'autre", résume l'historien des religions Jean-François Colosimo. En Irak et en Syrie, ils ont fui en masse les persécutions de l'État islamique, qui cherche aussi à effacer les traces de leur culture. Le père Najeeb Michael raconte comment, de façon rocambolesque, il a sauvé des milliers de manuscrits et tableaux, en les embarquant dans des cartons lors de son exode. Décimée en Turquie par le génocide de 1915 puis par l'émigration, plus importante en Égypte mais endeuillée par de récents attentats, la communauté chrétienne n'obtient pas la reconnaissance officielle qu'elle attend des autorités des deux pays. Il n'y a qu'au Liban qu'elle est majoritaire et joue un rôle politique, même si elle a perdu une part de ses prérogatives après l'accord de Taëf de 1989. Au fil des interviews d'historiens, de politologues ou de dignitaire religieux, et des séquences émouvantes auprès des réfugiés ou des communautés religieuses, se dessine un monde éprouvé mais aussi baroque, chaleureux et multiple, réparti en six rites différents : syriaque, byzantin, arménien, chaldéen, copte et maronite. Le film permet de revisiter des pans d'histoire édifiants, du partage désastreux du Moyen-Orient entre l'Angleterre et la France, qui continue de peser sur la région, à l'échec du panarabisme en passant par la façon dont le clan El-Assad a instrumentalisé les religions. Il rappelle aussi que la présence des chrétiens ou d'autres minorités religieuses, comme les yézidis, garantit un reste de pluralité culturelle dans une région que les juifs ont dû quitter. Enfin, le documentaire met en exergue l'esprit de résistance des chrétiens d'Orient et leurs efforts pour préserver leur culture.
  • Lire (ou relire) Susan M. Stanford sur le traumatisme de l'avortement

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    Du site "Critiques libres" :

    Une femme blessée : Le traumatisme de l'avortement de Susan M. Stanford

    couverture

    À Chicago, Susan, 26 ans, professeure de psychologie en faculté, voit son mariage avec Franck, brillant juriste, se déliter peu à peu. Quand elle lui pose la question cruciale de savoir si elle peut espérer agrandir un jour la famille, il refuse en se disant pas prêt à être père. Le couple finit par se séparer. Susan rencontre un autre homme dont elle tombe enceinte. Ne se sentant pas la force de garder cet enfant conçu hors mariage, elle se résigne à avorter. Le traumatisme est tel pour la malheureuse qu’il lui faudra de longues années avant de retrouver le goût de vivre et de regagner la surface grâce à l’amitié de ses proches et surtout à la découverte du pardon et de l’amour divin. Elle doit bientôt quitter un poste de doyenne de l’Université pour ouvrir un cabinet de consultations psychologiques à Detroit où elle s’efforce d’aider d’autres femmes traumatisées par l’épreuve de l’avortement. Elle pratique ainsi une totale reconstruction « psychique et spirituelle » qui porte souvent de très beaux fruits.

    « Une femme blessée » se présente comme le très émouvant témoignage d’une femme honnête et intelligente. À la lumière d’une expérience aussi douloureuse que traumatisante, elle parvient à nous faire partager avec sensibilité et ferveur un message de foi et d’espoir en la vie et en la miséricorde divine laquelle permet aux femmes de se pardonner et de se faire pardonner. Ce chemin de résurrection peut être long et douloureux. Les séquelles psychiques de ce geste terrible pouvant être aussi nombreuses que la dépression nerveuse, le chagrin persistant, le remords chronique, les maladies psychosomatiques, les abus de drogues ou d’alcool et même les tentatives de suicide sans parler de celles purement physiques comme les possibles fausses couches ou grossesses extra-utérines. Un livre important sur une question aussi cruciale que vitale et nettement moins simple que voudraient le faire croire les tenantes de l’IVG fraîche et joyeuse.

     
  • L'assurance de la vie éternelle, ce don absolu

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    De Jules Germain sur aleteia.org :

    Martin Steffens : « L’assurance de la vie éternelle est un don absolu »

    Sorti aux éditions Desclée de Brouwer, "L'éternité reçue" de Martin Steffens, nous ouvre au plus grand des dons que nous fait Dieu : la vie éternelle. Il nous explique pourquoi ce don ne peut être un dû, mais une grâce dont il faut du temps pour en approcher le mystère.

    Comment ouvrir son cœur au don de la vie éternelle ? Nous avons rencontré Martin Steffens à l’occasion de la parution de son ouvrage L’Éternité reçue aux éditions Desclée de Brouwer. Il y poursuit sa profonde réflexion entamée notamment dans le très beau livre Petit traité de la joie. Consentir à la vie, ou encore dans Vivre ensemble la fin du monde. On y retrouve les mêmes interrogations avec cette approche très simple de la fragilité de nos vies comme lieu pour vivre les plus belles grâces.

    Aleteia : Dans votre ouvrage Petit traité de la joie et sous-titré « Consentir à la vie », vous évoquiez déjà cette « sagesse de camomille qui empoisonne la vie ». Que désignez-vous par « sagesse de camomille » et que lui reprochez vous ?

    Martin Steffens : Je reproche à cette sagesse de camomille ce que Hannah Arendt reprochait à la psychologie : elle tente de nous permettre de vivre dans le désert en nous faisant croire qu’on peut se réconcilier avec lui ; comme si l’on pouvait accepter et s’acclimater au tragique et à l’insupportable de l’existence humaine, le rendre acceptable. Alors que ce qui m’intéresse en philosophie, c’est au contraire d’analyser les points sur lesquels l’existence humaine achoppe, pour montrer que là où il y a contradiction, là où l’on est arrêté dans notre élan, dans notre vie, c’est là que quelque chose d’intéressant se passe. Les sagesses camomille sont ainsi ces stratégies de l’homme, inventées par l’homme et pour l’homme, consistant justement à nier cette contradiction, pour éviter d’avoir à s’ouvrir à un au-delà de l’homme.

    Lire aussi : Le grand entretien (1/2). Martin Steffens : « L’amour, c’est continuer d’aimer même quand on n’y trouve plus son compte »

    « La philosophie, dès lors qu’elle pense la mort autrement que comme un scandale profane la vie », écrivez-vous. Pourquoi la mort doit-elle d’abord être perçue comme un scandale ?

    Déjà, je pense qu’elle est spontanément perçue comme un scandale. Ce serait terrifiant si ce n’était pas le cas. La mère qui accueillerait la mort de son enfant comme un simple fait serait quelque chose d’affreux. Ensuite, ce fait bête qu’est l’instinct de survie, c’est aussi la forme dans ce monde que prend le fait que nous avons été faits pour la vie éternelle. La mort est un scandale parce que nous percevons dans le plus intime de nous-mêmes que nous ne sommes pas faits pour elle. Faire taire ce scandale, c’est refuser d’entendre que le cri de la vie contre ce qui la tue est beau. Je reste dans la tradition chrétienne de l’anti gnosticisme : la chair n’est pas une malédiction, la vie n’est pas un séjour pénible dont il faut être libéré. Tout le néoplatonisme, le catharisme, qui revient désormais sous la forme des sagesses orientales, a toujours été combattu par l’Église. L’idéal qui veut surmonter, dépasser ou oublier le corps, ce n’est pas chrétien.

     

     
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  • RDC : « Que les médiocres dégagent » (Cardinal Laurent Monsengwo)

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    On imaginerait évidemment mal l'archevêque De Kesel s'exprimer sur ce ton pour crosser l'un ou l'autre politicien belge: le temps du cardinal Joseph Van Roey, surnommé "le Rhinocéros de Malines", n'est plus qu'un lointain souvenir dans une Belgique déchristianisée. Mais il n'en va pas partout ainsi. Lu sur le site de "La Libre Afrique":

    "L’archevêque de Kinshasa Laurent Monsengwo Pasinya, figure de la puissante Eglise catholique congolaise et du Vatican, ressort la carte du défi frontal au pouvoir en ce début d’année 2018 cruciale pour la République démocratique du Congo (RDC), un an après la médiation de l’épiscopat dans la crise liée au maintien du président Joseph Kabila. « Il est temps que les médiocres dégagent », « barbarie », « mensonge systémique », « brutalités policières »…: il a suffi de quelques mots bien sentis en 48 heures pour que Mgr Monsengwo, 78 ans, fasse honneur à sa réputation d’opposant numéro un. D’autant que les appels à manifester de l’opposition politique ont sonné creux fin 2017 face à l’interdiction et la dispersion systématique de tout rassemblement.

    L’archevêque de Kinshasa, une capitale d’environ 10 millions d’habitants et plus de 130 paroisses, est la figure de proue de l’Eglise romaine dans un pays de quelque 80 millions d’habitants très majoritairement catholiques malgré la prolifération des Eglises évangéliques dite du « réveil » (dont certains avancent qu’elles soutiennent le président Kabila).

    Puissant à Kinshasa, le prélat congolais pèse lourd aussi à Rome. Elevé au rang de cardinal par le pape Benoît XVI, Mgr Monsengwo représente l’Afrique dans le collège des neuf cardinaux nommés par le pape François pour travailler sur la réforme de la Curie.

    Le Vatican lui a apporté son soutien après ses déclarations fracassantes. A Kinshasa, le nonce apostolique, Luis Mariano Montemayor, un Argentin proche du pape, a aussi dénoncé « la réaction disproportionnée des forces de sécurité congolaises » face à la marche des catholiques du 31 janvier.

    Dans un premier temps, Mgr Monsengwo n’avait pas commenté cet appel de laïcs proches de l’Eglise à une marche pour demander au président Kabila de déclarer publiquement qu’il quitterait bien le pouvoir.

    La réponse des forces de sécurité (au moins cinq morts, 134 paroisses encerclés, cinq messes interrompues…, d’après la nonciature) semble avoir réveillé une profonde colère chez cet homme de taille moyenne, qui lit ses homélies à voix basse entrecoupée de longs silences.

    Communiqué souhaitant la fin du « mensonge systémique » et que « les médiocres dégagent », interview à radio Vatican, messe du 4 janvier à la mémoire des martyrs de l’indépendance (*), qu’il compare « aux morts d’aujourd’hui » victimes des « brutalités policières »…: ses prises de position ont suscité une mise en garde du gouvernement frisant la menace de poursuites.

    « Monseigneur Laurent Monsengwo a tenu des propos injurieux à l’endroit des dirigeants du pays ainsi que des forces de l’ordre », a indiqué vendredi un compte-rendu du Conseil des ministres diffusé par le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende Omalanga.

    Archevêque de Kinshasa depuis 2007, Mgr Monsengwo s’inscrit dans l’histoire de l’Église du Congo, engagée depuis l’indépendance de la Belgique, le 30 juin 1960, dans les questions de société, selon le père Léon de Saint-Moulin, jésuite et historien du Congo.

    Noël 2016 déjà. M. Kabila n’a pas organisé d’élections alors que son deuxième et dernier mandat a pris fin le 20 décembre, provoquant des manifestations étouffées dans le sang en septembre et décembre.

    « Il est révolu le temps où l’on cherchait à conserver le pouvoir par les armes, en tuant son peuple. Celui qui respecte la Constitution n’a rien à craindre de la justice », glisse le cardinal pendant la messe de minuit entre deux citations tirées des Evangiles. Quelques jours plus tard, pour enrayer la violence, le puissant épiscopat congolais parraine un accord majorité-opposition prévoyant des élections en décembre 2017 au plus tard.

    Des élections finalement reportées au 23 décembre 2018. Mgr Monsengwo s’est-il senti floué? La conférence épiscopale fait en tous cas savoir qu’elle regrette ce report et demande au président Kabila de déclarer publiquement qu’il ne sera pas candidat à sa propre succession.

    En 2011, le cardinal avait déjà contesté la réélection du jeune chef de l’Etat, en estimant que les résultats de la présidentielle – face à l’opposant historique Etienne Tshisekedi wa Mulumba – n’étaient « conformes ni à la vérité, ni à la justice ».

    A l’époque du président Kabila père (Laurent-Désiré, 1997-2001), alors archevêque de Kisangani, Mgr Monsengwo se montre déjà critique envers le nouveau pouvoir. Pendant les guerres de 1998-2003 qui ravage l’est de l’ex-Zaïre, il doit à un moment quitter cette grande ville du nord-est de la RDC, théâtre d’une guerre entre forces du Rwanda et de l’Ouganda.

    Son parcours politique a commencé sous la dictature du maréchal Mobutu Sese Seko (1965-1997), qui a entretenu des relations ambivalentes avec l’Eglise, entre interdiction des noms chrétiens et accueil du pape Jean-Paul II en 1980.

    Déjà figure morale et populaire, Mgr Monsengwo a pu apparaître dans les années 90 comme le Desmond Tutu congolais en prenant la tête de la Conférence nationale souveraine (CNS) supposée libéraliser le pouvoir, puis d’une sorte de Parlement de transition, avant d’être écarté. Un quart de siècle plus tard, cet homme polyglotte se trouve plus que jamais au centre du jeu en cette année 2018 de toutes les attentes."

    ______

    (*) Le 4 janvier 1959 un match de football à Léopoldville (aujourd’hui Kinshasa) dégénéra en émeute politique violente contestant le fait que l’Abako (alliance des Bakongo) n’aurait pas reçu l’autorisation administrative de manifester ses revendications sur la voie publique. Les forces de l’ordre, surprises par l’ampleur de la manifestation et vite dépassées, ripostèrent sans ménagement au prix d’une cinquantaine de morts. Cet événement inattendu marqua profondément l’esprit des indigènes comme des coloniaux et l’autorité politique belge, s’exprimant par la voix du Roi Baudouin dès le 13 janvier suivant, enclencha une marche forcée du Congo vers  l’indépendance : dix-huit mois plus tard, le jeudi 30 juin 1960, le Congo accéda en effet à une indépendance improvisée, immédiatement suivie par la rébellion de la force publique (5 juillet 1960), un effondrement structurel de l’Etat et une anarchie endémique dont le Congo  actuel continue de subir les conséquences : le temps se venge toujours de ce qu’on fait sans lui.

    Ref.« Que les médiocres dégagent »: Mgr Monsengwo, la bête noire de Kabila et de son régime

    A noter que, malgré les efforts de la Belgique,  deux pays européens -la France et l’Espagne- ont empêché l’Union européenne de voter une résolution condamnant l’attitude de Joseph Kabila. On devine pourquoi.

    JPSC