Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

BELGICATHO - Page 1283

  • Des attaques de grande envergure commandées par les terroristes via internet, c’est pour aujourd’hui !"

    IMPRIMER

    Vu sur le site de RTL :

    Des attaques de grande envergure commandées par les terroristes via internet, un cauchemar pour demain ? "C’est pour aujourd’hui !" (vidéo)

    "Tout le monde utilise internet avec une sécurité extrêment basse"

    RTL Vidéos - Les news en vidéo

    "Des collisions de métro, d’avions commandées par les terroristes, un cauchemar pour demain ?",a demandé Pascal Vrebos au procureur fédéral Frédéric Van Leeuw ce midi dans l'Invité. "C’est pour aujourd’hui ! On a déjà vu cela plusieurs fois, il y a déjà eu plusieurs alertes. Une centrale nucléaire en Slovénie a déjà eu une attaque informatique", souligne le procureur.

    "on a créé une quatrième dimension, il y  a des aspects extrêmement négatifs"

    "On a révolutionné notre façon de communiquer en 10 ans. Il est impossible de revenir en arrière, c’est un aspect de la globalisation, on a créé une quatrième dimension, il y  a des aspects extrêmement négatifs, Daesh joue là-dessus aussi", explique Frédéric Van Leeuw, procureur fédéral. "Ils touchent nos jeunes comme ils ne pouvaient jamais les toucher avant et ils les isolent au niveau d’internet."

    "Nous devons augmenter notre niveau de sécurité"

    "Mais il y a également la même problématique que nous vivons à l’heure actuelle, c’est que nous devons augmenter notre niveau de sécurité. Tout le monde utilise internet, mais avec une sécurité extrêmement basse. C’est une priorité, on risque d’être victime de notre insouciance. C’est important d’être conscient de cela."

  • Seule une âme qui prie peut accomplir des progrès dans la vie spirituelle : le message d'Antoine de Padoue, chantre de l'amour divin

    IMPRIMER

    De BENOÎT XVI, lors de l'AUDIENCE GÉNÉRALE du mercredi 10 février 2010 (source) :

    Chers frères et sœurs,

    Il y a deux semaines, j'ai présenté la figure de saint François d'Assise. Ce matin, je voudrais parler d'un autre saint, appartenant à la première génération des Frères mineurs: Antoine de Padoue ou, comme il est également appelé, de Lisbonne, en référence à sa ville natale. Il s'agit de l'un des saints les plus populaires de toute l'Eglise catholique, vénéré non seulement à Padoue, où s'élève une splendide basilique qui conserve sa dépouille mortelle, mais dans le monde entier. Les images et les statues qui le représentent avec le lys, symbole de sa pureté, ou avec l'Enfant Jésus dans les bras, en souvenir d'une apparition miraculeuse mentionnée par certaines sources littéraires, sont chères aux fidèles.

    Antoine a contribué de façon significative au développement de la spiritualité franciscaine, avec ses dons marqués d'intelligence, d'équilibre, de zèle apostolique et principalement de ferveur mystique.

    Il naquit à Lisbonne dans une famille noble, aux alentours de 1195, et fut baptisé sous le nom de Fernando. Il entra chez les chanoines qui suivaient la Règle monastique de saint Augustin, d'abord dans le monastère Saint-Vincent à Lisbonne, et successivement dans celui de la Sainte-Croix à Coïmbra, centre culturel de grande renommée au Portugal. Il se consacra avec intérêt et sollicitude à l'étude de la Bible et des Pères de l'Eglise, acquérant une science théologique qu'il mit à profit dans son activité d'enseignement et de prédication. A Coïmbra eut lieu l'épisode qui marqua un tournant décisif dans sa vie: c'est là qu'en 1220, furent exposés les reliques des cinq premiers missionnaires franciscains, qui s'étaient rendus au Maroc, où ils avaient subi le martyre. Leur vie suscita chez le jeune Fernando le désir de les imiter et d'avancer sur le chemin de la perfection chrétienne: il demanda alors de quitter les chanoines augustins et de devenir Frère mineur. Sa requête fut acceptée et, ayant pris le nom d'Antoine, il partit lui aussi pour le Maroc, mais la Providence divine en décida autrement. A la suite d'une maladie, il fut contraint de rentrer en Italie et, en 1221, participa au célèbre « Chapitre des nattes » à Assise, où il rencontra également saint François. Par la suite, il vécut pendant quelques temps caché de la manière la plus totale dans un couvent près de Forlì, au nord de l'Italie, où le Seigneur l'appela à une autre mission. Invité, dans des conditions fortuites, à prêcher à l'occasion d'une ordination sacerdotale, il se révéla être doté d'une telle science et éloquence que ses supérieurs le destinèrent à la prédication. C'est ainsi que commença en Italie et en France une activité apostolique si intense et efficace qu'elle conduisit de nombreuses personnes qui s'étaient détachées de l'Eglise à revenir sur leurs pas. Antoine fut également parmi les premiers maîtres de théologie des Frères mineurs, sinon le premier. Il commença son enseignement à Bologne, avec la bénédiction de saint François, qui, reconnaissant les vertus d'Antoine, lui envoya une brève lettre qui commençait par ces paroles: « Il me plaît que tu enseignes la théologie aux frères ». Antoine posa les bases de la théologie franciscaine qui, cultivée par d'autres éminentes figures de penseurs, devait connaître son apogée avec saint Bonaventure de Bagnoregio et le bienheureux Duns Scot.

    Devenu supérieur provincial des Frères mineurs du nord de l'Italie, il poursuivit son ministère de la prédication, l'alternant avec des charges de gouvernement. Ayant conclu la charge de provincial, il se retira près de Padoue, où il s'était déjà rendu trois fois. A peine un an après, il mourut aux portes de la Ville, le 13 juin 1231. Padoue, qui l'avait accueilli avec affection et vénération pendant sa vie, lui rendit pour toujours honneur et dévotion. Le Pape Grégoire IX lui-même, qui, après l'avoir écouté prêcher, l'avait défini « Arche du Testament », le canonisa un an seulement après sa mort, en 1232, notamment à la suite de miracles survenus par son intercession.

    Au cours de la dernière période de sa vie, Antoine écrivit deux cycles de « Sermons », intitulés respectivement « Sermons du dimanche » et « Sermons sur les saints », destinés aux prêcheurs et aux enseignants des études théologiques de l'Ordre franciscain. Dans ces Sermons, il commente les textes de l'Ecriture présentés par la Liturgie, en utilisant l'interprétation patristique et médiévale des quatre sens, le sens littéral ou historique, le sens allégorique ou christologique, le sens tropologique ou moral, et le sens anagogique, qui conduit vers la vie éternelle. Aujourd'hui, on redécouvre que ces sens sont des dimensions de l'unique sens de l'Ecriture Sainte et qu'il est juste d'interpréter l'Ecriture Sainte en recherchant les quatre dimensions de sa parole. Ces Sermons de saint Antoine sont des textes théologiques et homilétiques, qui rappellent la prédication vivante, dans lesquels Antoine propose un véritable itinéraire de vie chrétienne. La richesse d'enseignements spirituels contenue dans les « Sermons » est telle que le vénérable Pape Pie XII, en 1946, proclama Antoine Docteur de l'Eglise, lui attribuant le titre de « Docteur évangélique », car de ces écrits émanent la fraîcheur et la beauté de l'Evangile; aujourd'hui encore, nous pouvons les lire avec un grand bénéfice spirituel.

    Dans ces Sermons, saint Antoine parle de la prière comme d'une relation d'amour, qui pousse l'homme à un dialogue affectueux avec le Seigneur, créant une joie ineffable, qui enveloppe doucement l'âme en prière. Antoine nous rappelle que la prière a besoin d'une atmosphère de silence, qui ne coïncide pas avec le détachement du bruit extérieur, mais qui est une expérience intérieure, qui vise à éliminer les distractions provoquées par les préoccupations de l'âme, en créant le silence dans l'âme elle-même. Selon l'enseignement de cet éminent Docteur franciscain, la prière s'articule autour de quatre attitudes indispensables, qui, dans le latin d'Antoine, sont définies ainsi: obsecratio, oratio, postulatio, gratiarum actio. Nous pourrions les traduire de la façon suivante: ouvrir avec confiance son cœur à Dieu; tel est le premier pas de la prière: pas simplement saisir une parole, mais ouvrir son cœur à la présence de Dieu; puis s'entretenir affectueusement avec Lui, en le voyant présent avec moi; et – chose très naturelle – lui présenter nos besoins; enfin, le louer et lui rendre grâce.

    Dans cet enseignement de saint Antoine sur la prière, nous saisissons l'un des traits spécifiques de la théologie franciscaine, dont il a été l'initiateur, c'est-à-dire le rôle assigné à l'amour divin, qui entre dans la sphère affective, de la volonté, du cœur et qui est également la source d'où jaillit une connaissance spirituelle, qui dépasse toute connaissance. En effet, lorsque nous aimons, nous connaissons.

    Antoine écrit encore: « La charité est l'âme de la foi, elle la rend vivante; sans l'amour, la foi meurt » (Sermones, Dominicales et Festivi, II, Messaggero, Padoue 1979, p. 37).

    Seule une âme qui prie peut accomplir des progrès dans la vie spirituelle: tel est l'objet privilégié de la prédication de saint Antoine. Il connaît bien les défauts de la nature humaine, notre tendance à tomber dans le péché, c'est pourquoi il exhorte continuellement à combattre la tendance à l'avidité, à l'orgueil, à l'impureté, et à pratiquer au contraire les vertus de la pauvreté et de la générosité, de l'humilité et de l'obéissance, de la chasteté et de la pureté. Aux débuts du XIIIe siècle, dans le cadre de la renaissance des villes et du développement du commerce, le nombre de personnes insensibles aux besoins des pauvres augmentait. Pour cette raison, Antoine invite à plusieurs reprises les fidèles à penser à la véritable richesse, celle du cœur, qui rend bons et miséricordieux, fait accumuler des trésors pour le Ciel. « O riches – telle est son exhortation – prenez pour amis... les pauvres, accueillez-les dans vos maisons: ce seront eux, les pauvres, qui vous accueilleront par la suite dans les tabernacles éternels, où résident la beauté de la paix, la confiance de la sécurité, et le calme opulent de l'éternelle satiété » (ibid., n. 29).

    N'est-ce pas là, chers amis, un enseignement très important aujourd'hui également, alors que la crise financière et les graves déséquilibres économiques appauvrissent de nombreuses personnes et créent des conditions de pauvreté? Dans mon encyclique Caritas in veritate, je rappelle: « Pour fonctionner correctement, l'économie a besoin de l'éthique; non pas d'une éthique quelconque, mais d'une éthique amie de la personne » (n. 45).

    Antoine, à l'école de François, place toujours le Christ au centre de la vie et de la pensée, de l'action et de la prédication. Il s'agit d'un autre trait typique de la théologie franciscaine: le christocentrisme. Celle-ci contemple volontiers, et invite à contempler les mystères de l'humanité du Seigneur, l'homme Jésus, de manière particulière le mystère de la Nativité, Dieu qui s'est fait Enfant, qui s'est remis entre nos mains: un mystère qui suscite des sentiments d'amour et de gratitude envers la bonté divine.

    D'une part la Nativité, un point central de l'amour du Christ pour l'humanité, mais également la vision du Crucifié inspire à Antoine des pensées de reconnaissance envers Dieu et d'estime pour la dignité de la personne humaine, de sorte que tous, croyants et non croyants, peuvent trouver dans le crucifié et dans son image une signification qui enrichit la vie. Saint Antoine écrit: « Le Christ, qui est ta vie, est accroché devant toi, pour que tu regardes dans la croix comme dans un miroir. Là tu pourras voir combien tes blessures furent mortelles, aucune médecine n'aurait pu les guérir, si ce n'est celle du sang du Fils de Dieu. Si tu regardes bien, tu pourras te rendre compte à quel point sont grandes ta dignité humaine et ta valeur... En aucun autre lieu l'homme ne peut mieux se rendre compte de ce qu'il vaut, qu'en se regardant dans le miroir de la croix » (Sermones Dominicales et Festivi III, pp. 213-214).

    En méditant ces paroles nous pouvons mieux comprendre l'importance de l'image du Crucifix pour notre culture, pour notre humanisme né de la foi chrétienne. C'est précisément en regardant le Crucifié que nous voyons, comme le dit saint Antoine, à quel point est grande la dignité humaine et la valeur de l'homme. En aucun autre lieu on ne peut comprendre combien vaut l'homme, pourquoi précisément Dieu nous rend aussi importants, nous voit aussi importants, au point d'être, pour Lui, dignes de sa souffrance; ainsi toute la dignité humaine apparaît dans le miroir du Crucifié et le regard vers Lui est toujours une source de reconnaissance de la dignité humaine.

    Chers amis, puisse Antoine de Padoue, si vénéré par les fidèles, intercéder pour l'Eglise entière, et surtout pour ceux qui se consacrent à la prédication; prions le Seigneur afin qu'il nous aide à apprendre un peu de cet art de saint Antoine. Que les prédicateurs, en tirant leur inspiration de son exemple, aient soin d'unir une solide et saine doctrine, une piété sincère et fervente, une communication incisive. En cette année sacerdotale, prions afin que les prêtres et les diacres exercent avec sollicitude ce ministère d'annonce et d'actualisation de la Parole de Dieu aux fidèles, en particulier à travers les homélies liturgiques. Que celles-ci soient une présentation efficace de l'éternelle beauté du Christ, précisément comme Antoine le recommandait: « Si tu prêches Jésus, il libère les cœurs durs; si tu l'invoques, il adoucit les tentations amères; si tu penses à lui, il illumine ton cœur; si tu le lis, il comble ton esprit » (Sermones Dominicales et Festivi, p. 59).

  • "Amoris Laetitia" constitue bien une rupture avec l'enseignement traditionnel de l'Eglise

    IMPRIMER

    De François Rose, philosophe, ce billet paru sur le site de l'hebdomadaire "La Vie" :

    Pourquoi Amoris Laetitia constitue bien une rupture avec l’enseignement traditionnel de l’Église

    Philosophe, François Rose estime que l'exhortation apostolique sur la famille Amoris Lætitia constitue un tournant pour l’Église, comme il l'explique dans son dernier livre Révolution d’Amour expliquée à mon filleul (Salvator). Un tournant qui n'est pourtant pas celui du relativisme, comme semblent le penser certains. Dans ce billet, François Rose répond à un autre philosophe, Thibaud Collin, dans une fructueuse disputatio

    À travers un long article très fouillé, le philosophe Thibaud Collin repose la question de l’exhortation apostolique sur l’amour et son adéquation avec le magistère de l’Église : Amoris Lætitia marque-t-elle une rupture en matière de morale, ou bien est-ce simplement un texte pastoral qui doit se lire dans les conditions doctrinales clairement apposées par saint Jean Paul II dans Familiaris Consortio et Veritatis Splendor ? Pour son explication de texte, Thibaud Collin s’appuie sur l’interprétation qu’en a faite le théologien moraliste Philippe Bordeyne, expert choisi par le pape lors de la deuxième assemblée pour le Synode sur la famille.

    Discernement et croissance 

    Si l’on en croit le Père Bordeyne, « le Pape s’emploie à, parcourir de façon nouvelle la tradition morale de l’Église ». Amoris Lætitia engage l’Église à une attitude sensiblement différente à l’égard des baptisés, en particulier, ceux qui vivent dans des situations matrimoniales irrégulières. « L’attention pastorale à la croissance humaine et spirituelle des personnes » y est centrale et modifie la conduite au cas par cas en ce qui concerne l’admission aux sacrements.

    Ainsi, même, dans certains cas où un fidèle se serait objectivement mis dans une situation durable de péché, l’exhortation offrirait au pasteur la possibilité d’admettre le pénitent à la réconciliation sacramentelle et à la communion eucharistique. C’est en particulier le cas des fidèles divorcés remariés civilement, qui, malgré le caractère pleinement assumé de leur nouvelle union adultérine, pourraient, moyennant un discernement particulier, recevoir le cas échéant l’absolution et la sainte eucharistie. Ce discernement consiste d’une part à éclairer la conscience du pénitent sur la distance qu’il a prise à l’égard de la loi, et d’autre part, à envisager avec lui, la réponse la plus généreuse qu’il puisse donner en direction d’une plus étroite conformité.

    À l’appui de cette nouvelle disposition, le théologien moraliste cite l’article 303 d'Amoris Lætitia : « À partir de la reconnaissance du poids des conditionnements concrets, nous pouvons ajouter que la conscience des personnes doit être mieux prise en compte par la praxis de l’Église dans certaines situations qui ne réalisent pas objectivement notre conception du mariage. Évidemment, il faut encourager la maturation d’une conscience éclairée, formée et accompagnée par le discernement responsable et sérieux du Pasteur, et proposer une confiance toujours plus grande dans la grâce. Mais cette conscience peut reconnaître non seulement qu’une situation ne répond pas objectivement aux exigences générales de l’Évangile. De même, elle peut reconnaître sincèrement et honnêtement que c’est, pour le moment, la réponse généreuse qu’on peut donner à Dieu, et découvrir avec une certaine assurance morale que cette réponse est le don de soi que Dieu lui-même demande au milieu de la complexité concrète des limitations, même si elle n’atteint pas encore pleinement l’idéal objectif. »

    Cette disposition résolument nouvelle à l’égard de la loi morale n’est rien moins qu’une prise en compte de la gradualité dans l’acquisition des vertus morales chrétiennes. Cette gradualité est d’ailleurs le thème de fond de cette exhortation dans la mesure où elle en constitue le principe dynamique. À telle enseigne que le Saint Père explique pour conclure ce même article 303 : « De toute manière, souvenons-nous que ce discernement est dynamique et doit demeurer toujours ouvert à de nouvelles étapes de croissance et à de nouvelles décisions qui permettront de réaliser l’idéal plus pleinement. » Il s’agit bien d’un processus que l’on envisage dans son extension dans le temps, et qui permet à tous les baptisés d’atteindre, au bout du chemin seulement une pleine conformité à la loi.

    Loi et gradualité

    Ainsi, Thibaud Collin oppose à cette impulsion résolument nouvelle, la doctrine rappelée incessamment tout au long de l’histoire de l’Église et formulée en termes claires dans Familiaris Consortio par saint Jean Paul II : « Les époux ne peuvent toutefois considérer la loi comme un simple idéal à atteindre dans le futur, mais ils doivent la regarder comme un commandement du Christ Seigneur leur enjoignant de surmonter sérieusement les obstacles. C’est pourquoi ce qu’on appelle la “loi de gradualité” ou voie graduelle ne peut s’identifier à la “gradualité de la loi”, comme s’il y avait, dans la loi divine, des degrés et des formes de préceptes différents selon les personnes et les situations diverses. »

    Et d’expliquer ainsi : Un acte intrinsèquement mauvais ne peut donc jamais être l’objet d’un discernement droit. Cette notion de discernement n’est-elle pas souvent utilisée, et là en particulier, pour contourner la doctrine, et excuser à bon compte des actes intrinsèquement mauvais ? Une situation objectivement adultérine ne peut donc être l’objet d’un discernement identifiant un adultère vertueux, ou une manière vertueuse de vivre une relation adultérine. La doctrine de l’Église est claire : elle ne fait aucune place pour une double loi morale, c'est-à-dire une loi qui d’un côté exposerait en termes clairs et sans équivoque la volonté aimante et pleine de sollicitude de Dieu, et d’un autre côté, une considération existentielle qui tiendrait compte des circonstances singulières du baptisé et qui permettrait d’en légitimer une effraction.

    Le philosophe rappelle Veritatis Splendor : « Certains ont proposé une sorte de double statut de la vérité morale. En plus du niveau doctrinal et abstrait, il faudrait reconnaître l’originalité d’une certaine considération existentielle plus concrète. Celle-ci, compte tenu des circonstances et de la situation, pourrait légitimement fonder des exceptions à la règle générale et permettre ainsi d’accomplir pratiquement, avec une bonne conscience, ce que la loi morale qualifie d’intrinsèquement mauvais. Ainsi s’instaure dans certains cas une séparation, voire une opposition, entre la doctrine du précepte valable en général et la norme de la conscience de chacun, qui déciderait effectivement, en dernière instance, du bien et du mal. Sur ce fondement, on prétend établir la légitimité de solutions prétendument “pastorales”, contraires aux enseignements du Magistère, et justifier une herméneutique “créatrice”, d’après laquelle la conscience morale ne serait nullement obligée, dans tous les cas, par un précepte négatif particulier. » 

    Confusion ou révolution 

    La démonstration de Thibaud Collin est éloquente. De toute évidence, il y a discontinuité dans l’enseignement de l’Église. Rien d’étonnant à ce que nombre de théologiens et de prélats s’en inquiètent et menacent quelque peu l’unité du corps magistériel. Récemment le cardinal Muller , Préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi a voulu éteindre les feux en déclarant : « "Pour le moment, il est important que chacun de nous garde son sang-froid et ne se laisse pas embarquer dans des polémiques ou pire, en créer ». La Congrégation ne répondra pas aux quatre cardinaux qui ont formulés leurs doutes (dubia) concernant Amoris Lætitia.

    Dans une interview avec Settimo Cielo, le cardinal Muller veut donner tort aux cardinaux qui ont formulé leurs doutes (dubia) concernant l’exhortation, mais en même temps, il semble se ranger à leur interprétation du texte. Il déclare : « Il faut clairement interpréter Amoris Lætitia à la lumière de toute la doctrine de l’Église. » Rien de ce qui est propre à Amoris Lætitia et qui ne serait pas en tous points conforme à l’enseignement de Jean Paul II n’a de légitimité et doit être rangé dans la catégorie des interprétations personnelles et hasardeuses. Pour mieux convaincre les intrépides tentés par le renouveau, il précise : « L’exhortation Familiaris Consortio n’est pas dépassée, non seulement parce qu’il s’agit d’une loi positive du magistère de Jean-Paul II mais surtout parce qu’il a exprimé ce qui fait partie intégrante de la théologie morale chrétienne et de la théologie des sacrements.  La confusion sur ce point est liée au manque d’acceptation de l’encyclique Veritatis Splendor avec la doctrine claire de l'"intrinsece malum". […] Pour nous, le mariage est l’expression de la participation à l’unité entre le Christ époux et l’Eglise, son épouse. Il ne s’agit nullement, comme certains l’ont dit pendant le Synode, d’une vague analogie. » Une déclaration qui va néanmoins à rebours du texte même d’Amoris Lætitia dans lequel le pape François souligne que « l’analogie entre le couple mari-femme et celui Christ-Église est une analogie imparfaite ». 

    Comble de la confusion, Thibaud Collin le rappelle au début de son article, le pape François lui-même précise à propos de son exhortation : « Il s’agit d’un itinéraire d’accompagnement et de discernement qui oriente les fidèles à la prise de conscience de leur situation devant Dieu. Le colloque avec le prêtre, dans le for interne, concourt à la formation d’un jugement correct sur ce qui entrave la possibilité d’une participation plus entière à la vie de l’Église et sur les étapes à accomplir pour la favoriser et la faire grandir. Étant donné que, dans la loi elle-même, il n’y a pas de gradualité (cf. FC, n.34), ce discernement ne pourra jamais s’exonérer des exigences de vérité et de charité de l’Évangile proposées par l’Église ».

    Révolution d'amour

    Comment le Saint Père peut il lui-même rappeler d’un côté  « dans la loi, il n’y a pas de gradualité » et de l’autre engager le fidèle à un discernement moral dynamique, par lequel il peut considérer, « avec une certaine assurance morale », que même si « sa situation ne répond pas objectivement aux exigences générales de l’Évangile », il reconnaîtra « sincèrement et honnêtement que c’est, pour le moment, la réponse généreuse qu’on peut donner à Dieu » ? N’y a-t-il pas opposition entre l’exigence de vérité à laquelle est appelé tout fidèle dans Véritatis Splendor, et ce discernement « au cas par cas » proposé dans Amoris Lætitia, à distance d’une « doctrine froide et sans vie » (AL 59). 

    Autrement dit, est-il possible de faire l’unité entre l’enseignement de l’Église et la nouveauté qui émane d’Amoris Lætitia ? La réponse est : oui, moyennant une révolution du regard sur la loi. Croire que la loi, expression de l’amour divin, ne peut prévaloir sur l’amour divin même n’est pas nécessairement sombrer dans le relativisme. Le relativisme, que l’on a raison de craindre, repose sur l’absence de point fixe à partir duquel on discerne une situation. Jusqu’à lors, la doctrine catholique a servi de rempart contre le relativisme. Point fixe universel, il a été le phare qui conduisait tous les hommes collectivement. 

    Avec Amoris Lætitia, le Saint Père ne veut rien changer à la loi, mais il veut rappeler aux baptisés que la loi est une interprétation objective de l’injonction divine. Et ce qui est premier (au plan ontologique) ce n’est pas la loi, c’est l’injonction divine. Et cette injonction est fondamentalement personnelle. « Il posa son regard sur le jeune homme et l’aima ». Elle appelle chaque homme dans sa singularité la plus viscérale, au cœur même de son histoire contingente, histoire toujours piégée dans un entrelacs de liens biologiques, psychologiques, intellectuels qui le contraigne à une stratégie du moindre mal. Chaque pas répond à l’appel intérieur, mais à n’en pas douter, et dans de nombreux cas pour nos congénères, le premier pas, et peut-être encore, les pas suivants resteront dans la zone de l’amoralité. Mais qu’importe, puisque la fin est entendue et poursuivie. Avec Amoris Lætitia, le Saint Père engage chaque baptisé à écouter cet appel intérieur et singulier qui le convoque au lieu même de son désir le plus profond.  Car lorsqu’on a rencontré l’amour de Dieu, ce qui mobilise, ce n’est plus tant la loi, mais l’injonction divine, plantée au creux des reins et qui met en marche. Car l’homme d’aujourd’hui marqué par l’individualisme a soif d’une loi de préférence, d’une loi d’élection personnelle qui l’atteigne lui seul, au centre même de sa personne.  

    Avec Amoris Lætitia, le pape François tourne son Église vers le cœur de chaque baptisé, afin qu’elle l’aide à entendre son propre appel divin. Car, « dans cette église, rappelle-t-il, comme dans une pyramide inversée, le sommet est situé en dessous de la base. Pour ceux qui exercent cette autorité, ils sont appelés "ministres" parce que, selon le sens originel du mot, ils sont les plus petits de tous. Ils sont au service du peuple de Dieu » (Discours du Pape François le 17 octobre 2015 pour le 50e anniversaire du synode des évêques, 19). Ainsi, à travers cette nouvelle mission, la charge première revient non plus au docteur, mais au pasteur, afin que, l’aidant a formuler ce que le baptisé entend au fond de son histoire, il déploie son sensum fidei. A l’infaillibilité pontificale qui touche à l’expression de la doctrine, il oppose ainsi une infaillibilité du peuple de Dieu, engageant chaque baptisé à l’écoute de l’Esprit. Déjà, dans Evangelii Gaudium il écrit : « le Peuple de Dieu est saint à cause de cette onction qui le rend infaillible "en croyant" » (EG, 119). Et il précise : « Cela signifie que quand il croit il ne se trompe pas, même s’il ne trouve pas les paroles pour exprimer sa foi. » Rendant ainsi la parole au peuple des baptisés, il le renvoie à la seule loi véritable, celle que l’Esprit susurre à l’oreille de chacun  et qu’il est capable d’entendre : « Raisonner ainsi suppose que soient dépassées les oppositions “simplistes” entre situations régulières et situations irrégulières, puisque tout le saint peuple fidèle de Dieu est destinataire de la grâce miséricordieuse qui remet en marche. » 

    Comme le souligne Thibaud Collin, la conscience est ce sanctuaire dans lequel l’homme reçoit la lumière divine lui permettant de conduire sa vie. Et citant le bienheureux John Newman : « Cette loi divine, en tant qu’elle est appréhendée par des esprits humains, s’appelle la conscience ». Car la conscience est le lieu même ou l’homme reçoit cette injonction divine  qui l’appelle au cœur de son histoire présente, toujours déjà engagée dans une concupiscence originelle, et dans laquelle, le prochain acte de  conversion ne peut être parfois, qu’un acte encore délictueux, mais qui ne sera plus véritablement un péché. Car le péché n’est pas d’abord une infraction à la loi morale mais une déroute (amartia en grec) à l’égard de la fin à laquelle chacun est appelé singulièrement. Et c’est cette fin singulière qui constitue le véritable point fixe. Le point de référence par lequel on discerne et juge d’un acte décidant si celui-ci est, selon les termes de Saint Thomas,  bien « orienté au bien et à la fin ultime qui est Dieu ».

  • Quand Jacques Testart invite à résister au transhumanisme

    IMPRIMER

    Sur genethique.org, en trois parties :

    « Résister au transhumanisme » est la conférence inaugurale du colloque « Critique de la raison transhumaniste » , qui s’est tenu au...

  • La neutralité des médias, cette chimère

    IMPRIMER

    De Jean-Michel Beaussant sur le site de l'Homme Nouveau :

    La chimère de la neutralité médiatique

    L’unanimisme des médias officiels et asservis à la publicité lors de la dernière campagne présidentielle démontre une fois de plus qu’il n’y a pas plus de neutralité de l’information qu’il n’y en a dans l’enseignement dépendant de l’Éducation nationale. À quand une vraie presse à la recherche de la vérité ?

    Les élections auront démontré une nouvelle fois l’impossible neutralité journalistique, analogue à l’impossible neutralité scolaire. Comme l’Éducation nationale a son école unique et laïciste restreignant la saine pluralité des écoles au nom du pluralisme (anti-)dogmatique, la grosse presse d’information a sa pensée unique repoussant la pluralité réelle des convictions sous couvert du même système soi-disant pluraliste. Soljénitsyne l’avait ainsi découvert : « Si l’on prend la presse occidentale dans son ensemble, on y observe des sympathies dirigées en gros du ­même côté (celui où souffle le vent du siècle), des jugements maintenus dans certaines limites acceptées par tous, peut-être aussi des intérêts corporatifs communs – et tout cela a pour résultat non pas une concurrence mais une certaine unification. (…) L’Occident, qui ne possède pas de censure, opère pourtant une sélection pointilleuse en séparant les idées à la mode de celles qui ne le sont pas – et bien que ces dernières ne tombent sous le coup d’aucune interdiction, elles ne peuvent s’exprimer… ».

    Les apparentes divergences des journaux tombent devant l’émergence d’un mouvement politiquement incorrect. Par leur promotion ostensible d’un « front républicain », les gros médias montrent qu’ils obéissent aux mêmes réflexes et aux mêmes slogans sous le masque du pluralisme. La neutralité informative des journalistes apparaît dès lors semblable à ce que ­René Viviani disait de la neutralité enseignante : « Elle est, elle fut toujours un mensonge. Certes, elle fut peut-être un mensonge nécessaire lorsqu’on forgeait, au milieu des impétueuses colères de la droite, la loi scolaire. Le passage à franchir était périlleux ; c’était beaucoup ­déjà que de faire établir une instruction laïque et obligatoire. On promit cette chimère de la neutralité pour rassurer quelques timides dont la coalition eût fait obstacle au principe de la loi. » (L’Humanité, 4 octobre 1904).

    Un peu d’histoire

    Le passage périlleux à franchir pour la presse écrite s’est fait en 1836 par Émile de Girardin avec le recours à la publicité pour abaisser le prix de son journal, augmenter sa diffusion en faisant payer le manque à gagner par les annonceurs publicitaires. Mais l’effet pervers de cette innovation a mis plus d’un siècle à aboutir avec l’annexion de la presse (presque) tout entière par le gros capital. Soumis aux exigences des gros annonceurs, les journaux d’opinion sont ainsi devenus des journaux d’information industriels, neutralisés par la « chimère » de l’objectivité, la religion du fait brut et sacré (prétendument distinct de son interprétation ou du commentaire libre). Mensonge nécessaire et rassurant, servant à masquer leur soumission à la pensée unique par dépendance à la publicité et à l’argent. Pour plus de contrats publicitaires, il fallait gagner des lecteurs de tous bords politiques : « Les conséquences de cette collusion [entre médias et publicité], de cette identification sont graves. Elles aboutissent à dépolitiser au maximum les grands journaux, à les vider de tout ce qui peut prêter à d’évitables controverses, à refuser l’expression d’opinions nouvelles, originales. » (Jacques Kayser, Mort d’une liberté, Plon, 1955).

    Si l’État laïciste a annexé le service public de l’éducation par son instruction gratuite et obligatoire en condamnant la liberté de l’enseignement et sa pluralité féconde, le gros capital anonyme et vagabond s’est arrogé le monopole d’une information déformante (C’est justement le titre de la troisième partie du livre de Marcel De Corte, L’Intelligence en péril de mort) par des journaux vendus à la moitié de leur prix de revient, parce que tenus précisément par les puissances financières. « Quand on est payé par ­l’État on n’est plus une école confessionnelle puisque qui a l’argent a le pouvoir », résumait un ecclésiastique à propos de l’aliénation de l’enseignement catholique sous contrat. C’est exactement le même principe pour l’aliénation de la presse de conviction (confessant un vrai choix politique) en presse dite d’information (prétendument neutre). Quand on est payé par la pub on n’est plus une presse libre. La chimère de la neutralité informative et de l’impartialité des journaux est le cache-misère de leur dépendance idéologique. Du Figaro à Libération, en passant par La Croix, L’Humanité et l’ensemble des magazines, ils ont tous défendu Macron, révélant malgré eux la marque du collier…

    En paraphrasant Soljénitsyne (encore lui), on pourrait dire qu’il est plus facile de tenir un peuple en esclavage par cette information déformante et sa « com » bien ciblée que par des miradors.

    L’illusion de la liberté

    Car elle donne à ses victimes l’illusion de la liberté. Au lieu de l’ancien droit à la liberté d’opinion, on leur fait croire à un droit à l’information, qui à l’aide de techniques puissamment sophistiquées, par tri sélectif, surinformation et désinformation interactives, leur distille un très sournois « magistère de l’information » aux antipodes de sa prétention initiale. C’est le processus d’« orwellisation » de la presse par l’opinion publique unique. Le conditionnement médiatique moderne substitue le réflexe à la réflexion. Comme on ne pourra sauver l’Éducation nationale que par une certaine séparation de l’école et de ­l’État, il faudra bien un jour libérer aussi la presse de ses liens serviles avec les lobbies ploutocratiques. Les écoles hors contrat et les médias alternatifs nous montrent la voie possible d’une vraie pluralité, qu’une autre politique pourrait assurément favoriser et développer.

  • De retour, les cathos ?

    IMPRIMER

    De Constance Guillot sur le site de l'Homme Nouveau :

    Les cathos sont-ils de retour ?

    Entre les « Manif pour tous », les manifestations pour la vie ou encore les élections présidentielles de mai dernier, nous avons pu voir les « cathos » ressortir dans les rues, se montrer, assumer leurs convictions et leurs valeurs. Plus peur? Une nouvelle confiance? Un espoir naissant? Avec son livre Les cathos sont-ils de retour?, l'abbé Gérald de Servigny, vice-chapelain de Notre-Dame des Armées à Versailles, fait le point sur ce retour des catholiques dans la société.

    Dans l’avant-propos de votre livre, vous vous posez cette question : « ce regard lucide sur la situation inquiétante de l’Eglise en France, est-il utile pour le bien de l’Eglise ? ». Aujourd’hui comment se porte cette Eglise de France ?

    Si l’Eglise dans le monde se porte plutôt bien (autant que l’on puisse en juger), je crois qu’en Europe et spécialement en France, elle est à la peine. La situation chez nous est même, par bien des côtés, inquiétante. En effet tous les voyants de la vie de l’Eglise y sont au rouge, les courbes statistiques sont toutes à la baisse : en chute libre le nombre des baptisés, des confirmés, des couples qui reçoivent le sacrement de mariage, des séminaristes, des prêtres, des religieux, celui des pratiquants, des donateurs, mais aussi des paroisses, des congrégations et communautés religieuses, des maisons d’édition, des publications, sans parler de la quasi disparition de la présence visible de l’Eglise dans les institutions de santé ou d’éducation (écoles, action catholique), etc. Rien n’indique, dans aucun de ces domaines, un redressement… pas même une stabilisation.

    Et en même temps, malgré ces signes alarmants, les éléments d’un possible renouveau sont bien là. Il faut en effet souligner, dans l’Eglise de France à la différence des pays voisins, un authentique sursaut de vitalité parmi la jeunesse (et les familles), visible notamment lors des JMJ mais aussi par les divers pèlerinages, dans les mouvements scouts, les nombreuses écoles catholiques (hors contrat notamment), les groupes de prière, de formation ou d’évangélisation, les universités d’été, les parcours Alpha, les groupes et associations au service des familles ou pour les cadres, sans oublier les nombreuses œuvres de charité ou de bienfaisance. Un dynamisme réel, souvent discret, caché parfois, qui est apparu aux yeux de tous comme une petite surprise lors des grandes manifestations contre le mariage homosexuel de 2013-2014, dont l’épine dorsale était principalement constituée de jeunes catholiques.

    Ce retour des cathos, qu’en pensez-vous ?

    Après la chute des idéologies mortifères et athées au XXe siècle qui laisse un grand vide, la progression de l’Islam qui réintroduit la question religieuse dans le débat public, surgissent dans la société française des questions nouvelles sur l’identité, la laïcité, la culture, etc. Dans ce contexte, il devient alors plus facile de se dire catholique, de revendiquer cet héritage pour défendre la conception traditionnelle du mariage, pour avoir sa crèche de Noël ou aider les chrétiens d’Orient. Voilà sans doute ce qui explique la plus grande visibilité sociale et médiatique des catholiques aujourd’hui, spécialement chez les jeunes générations. Plus visibles dans la vie publique et les débats de société (grâce notamment aux nouveaux médias), les catholiques sont certes bien présents, mais il faut cependant reconnaître qu’ils ne sont pas pour autant plus nombreux !

    Dans le chapitre 5, vous parlez de divisions chez les catholiques, aujourd’hui qu’en est-il de ces divisions?

    Peu nombreux, il faut avouer que les catholiques français restent aujourd’hui encore assez profondément divisés, même si, avec les nouvelles générations, les disputes d’antan s’estompent progressivement. On oublie souvent, et c’est sans doute mieux ainsi, combien elles ont été violentes, ostensiblement exprimées dans les liturgies mais plus largement dans les querelles politiques, culturelles, morales ou théologiques, autour de la connivence avec le marxisme pour la frange la plus extrême, mais plus généralement sur la question de l’ouverture au monde, la place du péché (et du péché originel), le rôle de la morale, l’enseignement des fins dernières, la conception du mystère eucharistique, etc.

    La fracture s’est peu à peu transformée en querelle de générations (c’est aussi vrai dans le clergé) : une génération montante avec des idées certes hétéroclites mais quelquefois tranchées (les journalistes parlent de génération identitaire), qui assume le clivage des « sensibilités », et des anciens souvent très tentés par le sécularisme et un certain relativisme moral…

    La communauté catholique tout entière porte, aujourd’hui encore comme un fardeau, le poids des disputes du passé. Un évènement récent vient illustrer ce lourd héritage : c’est la réintégration progressive, et à ce jour inachevée, des prêtres et des fidèles de la Fraternité Saint Pie X. Cette réconciliation est souvent mal comprise. Les journalistes restent quelquefois perplexes devant la grande patience de Pape François pour des gens pas toujours très avenants et qui ne semblent rien demander. Cette probable réconciliation interroge et oblige les catholiques d’aujourd’hui à se pencher sur l’histoire récente de l’Eglise et pour cela à ouvrir l’épais dossier de la période postconciliaire. En effet, la clef de compréhension de cette très (trop ?) grande bienveillance du Pape pour cette petite portion de fidèles, longtemps appelés avec dédain « intégristes », est à chercher dans l’extrême sévérité avec laquelle ils ont été traités et ostracisés à partir des années 60 jusqu'aux années 80. En ce sens, ce quasi-schisme est le fruit des violentes disputes, dont l’épicentre était français, entre traditionalistes et progressistes : une blessure et une responsabilité partagée par tous ! Ils sont alors devenus la mauvaise conscience de l’Eglise de France.

    Le journal L’Obs a sorti dans son dernier numéro un dossier sur « La face cachée des catholiques intégristes », haine des catholiques, non respect des prêtres, … Pourquoi cette image des catholiques aussi mauvaise ?

    On peut certes s’étonner d’une telle agressivité vis-à-vis de l’Eglise aujourd’hui qui de toute façon, en raison de son influence réduite, serait incapable de menacer un tant soit peu les sacrosaintes « valeurs républicaines ». Mais l’antagonisme fondamental de l’Eglise avec le monde est cependant inévitable. Car, comme le rappelait Jacques Maritain, « le Monde est le domaine, à la fois de l'homme, et de Dieu, et du diable. Ainsi apparaît l'ambiguïté essentielle du monde et de son histoire, c'est un champ commun aux trois. Le monde est un champ fermé qui appartient à Dieu par droit de création, au diable par droit de conquête, à cause du péché; au Christ par droit de victoire sur le premier conquérant, à cause de la Passion. La tâche du chrétien dans le monde est de disputer au diable son domaine, de le lui arracher » (Jacques Maritain, Le Paysan de la Garonne, Paris, 1966, p. 59). Voilà pourquoi il ne faut pas s’étonner outre mesure du traitement médiatique réservé aux catholiques qui ne seront jamais tout à fait au goût du Monde !

    Un renouveau chez les cathos ? Une nouvelle vie ? Une nouvelle vision ?

    Nous étions, jusqu’il y a une cinquantaine d’années dans un schéma assez simple : en face de la modernité – qui concevait l’homme comme un être raisonnable dans une société en progrès – le chrétien pouvait plus ou moins s’opposer, selon son degré « d’ouverture au Monde », à cette culture moderne : ce furent les débats sur l’humanisme et la place de l’homme, la justice sociale, la chrétienté, etc. Mais avec l’avènement de la modernité déconstruite – appelée postmodernité – c’est toute une culture (d’aucuns parleront de contre-culture ou de culture alternative) qui est à réinventer : une nouvelle culture chrétienne. Et il faut bien l’avouer, les « cathos » ont été ici un peu pris de cours… Et pourtant la survie du catholicisme est à ce prix ! Pour ma part je ne fais dans ce livre que donner quelques pistes pour approfondir cette « nouvelle culture chrétienne » : un esprit de résistance (à la déconstruction morale, à l’invasion des écrans…), un enracinement culturel par un investissement éducatif de tous (parents, grands-parents), un engagement accru dans les métiers de la transmission, etc.

    Alors quel avenir pour l’Eglise en France… ? Saurons-nous relever les défis qui nous attendent ? Outre ce que nous pouvons faire et vivre, il y a les événements que nous ne savons pas prévoir, les conversions, les œuvres fécondes, mais aussi les grandes épreuves, les heures d’inquiétude… La destinée des personnes, des institutions et des civilisations est dans la main de Dieu.

  • Liège, 15 juin : NIGHTFEVER SPECIALE FETE-DIEU à la CATHEDRALE

    IMPRIMER

     

    NightFeverLiege #5 ce jeudi 15 juin
    Spéciale Fête-Dieu, Cathédrale de Liège!

    Vous ne priez pas souvent ? Vous allez adorer.

    Rejoignez sur Facebook l'évènement de ce jeudi 15 juin

    Opération 1.000 bougies pour la paix.
    Elles symbolisent votre intention, peu importe si c’est de la joie ou un remerciement, si vous êtes en deuil, si vous êtes soucieux, ou tout simplement bouleversé. De la bonne musique, adoration, ambiance feutrée, un vrai coeur à coeur avec Jésus.

    Nous recherchons encore des volontaires pour la NightFever: chorale et service accueil à la cathédrale, contactez info@liegefetedieu.be

    Découvrez le programme des 4 jours de festivités
    www.liegefetedieu.be

  • Liège : renouveau au sanctuaire de Cornillon et festivités populaires de la Fête-Dieu 2017

    IMPRIMER

    Quatre jours pour fêter Dieu à Liège

    Fête-Dieu 2017.jpg

    Une conférence de presse était organisée au Carmel de Cornillon ce mercredi 7 juin en présence de Mgr Delville, évêque de Liège, pour communiquer sur la célébration de la Fête-Dieu à Liège, du 15 au 18 juin prochains. Voici la synthèse de ces manifestations :

    Jeudi 15 juin

    9h30 Laudes animées par les bénédictines à St Martin
    10h00-18h00 Journée d’adoration à St Martin
    19h00 Eucharistie festive de la Fête-Dieu, présidée par le Cardinal De Kesel et concélébrée par Mgr J-P. Delville, évêque de Liège, à St Martin
    20h15 Procession solennelle
    21h30-24h00 NightFever & bougies pour la paix à la Cathédrale

    Vendredi 16 juin

    9h00 Eucharistie à la Cathédrale
    9h30 « Donne nous notre pain de ce jour ». Conférence sur la nouvelle version du Notre Père, à la Cathédrale
    10h-17h Journée d’adoration, animée par le MEL, à la Cathédrale
    20h00 « Donne nous notre pain de ce jour ». Conférence sur la nouvelle version du Notre Père, à Saint-Remacle

    Samedi 17 juin

    14h00-18h00 Balade contée aux sources de sainte Julienne, à Retinne
    14h00-18h00 Exposition « 700 ans de la procession de la Fête-Dieu de 1317 », à l’église du Saint-Sacrement
    18h00 Solennité de la Fête-Dieu célébrée selon le missel de saint Jean XXIII, par Mgr Jean-Pierre Delville, à l’église du Saint-Sacrement, avec le concours de la Schola Antiqua de Madrid et le Quatuor Genesis

    Dimanche 18 juin

    10h00 Louange et messe animées par la communauté de l’Emmanuel, au Carmel de Cornillon
    12h00-17h00 Adoration eucharistique, au Carmel de Cornillon
    16h00 « Sainte Julienne, une messagère pour aujourd’hui », conférence de Mgr J-P. Delville Eglise, à l’église Sainte- Julienne de Retinne
    16h30 Vêpres et Salut au Saint-Sacrement, au Carmel de Cornillon

    Pendant ces quatre jours, plusieurs célébrations et événements seront proposés, en particulier la traditionnelle et 771ème célébration annuelle de la Fête-Dieu le jeudi 15 juin en la basilique Saint-Martin à 19h. L’eucharistie solennelle sera présidée par le cardinal Jozef De Kesel,

    Tous les détails sont repris sur le site : www.liegefetedieu.be

    Renouveau au sanctuaire de sainte Julienne de Cornillon

    Cornillon.jpg

    Cette conférence de presse était aussi dédiée à l’annonce d’une nouvelle destinée pour ce qui s’appelle aujourd’hui encore le Carmel de Cornillon :

    Un grand changement s’annonce au sanctuaire de sainte Julienne de Cornillon à la porte orientale de la Cité ardente. C’est le lieu où Julienne, grande figure féminine liégeoise médiévale et instigatrice de la célébration de la Fête-Dieu, fut directrice du grand hôpital de la cité ardente au Moyen-Âge. La léproserie de Cornillon est attestée dès 1176. C’est actuellement le carmel de Liège.

    Après 157 années de présence active et contemplative dans ce haut-lieu spirituel, les Carmélites de Cornillon vont céder leur monastère aux Clarisses, une autre famille de religieuses contemplatives fondée par sainte Claire d’Assise.

    Déterminées à vivre leur vocation au Carmel pour l’Église et le monde, comme le désirait leur mère sainte Thérèse d’Avila, les carmélites, précise le communiqué officiel, ont estimé en dialogue avec leurs supérieurs qu’elles n’étaient plus dans les conditions normales pour y correspondre : trop de différences d’âges et de soucis de santé, combinés à un manque de vocations. La décision a été prise de suivre un chemin inattendu : la fermeture de leur cher Carmel. Elles vont rejoindre d’autres carmels ou des maisons de repos.

    Les clarisses du monastère de « Hannut-Bujumbura » sont déjà présentes et très appréciées dans le diocèse de Liège. Les similitudes entre sainte Julienne et sainte Claire sont nombreuses, comme par exemple les années de naissance, 1192 et 1194. Elles sont aussi représentées de manière similaire, chacune tenant en main un ostensoir avec l’eucharistie : en effet, pour chacune des deux, la communion au corps du Christ, l’eucharistie, était au cœur de leur spiritualité.

    En outre, le sanctuaire va développer un nouveau béguinage contemporain, pour accueillir des laïcs et des familles répartis dans huit unités autonomes de logement. Ils associeront un beau cadre de vie sécurisée tout en participant, modestement et à leur mesure, au renouveau de ce haut-lieu spirituel. Ce projet immobilier va contribuer à la revitalisation des quartiers d’Amercoeur et de la Chartreuse. Liège est un des berceaux des béguinages, attestés dès 1173 et initiés par le prêtre liégeois Lambert le Bègue, en contrebas de Saint-Martin et près de l’actuel boulevard de la Sauvenière.

    Le père Patrick Bonte, osc, commissaire apostolique du Sanctuaire de Cornillon commente : « Dans la longue tradition de prière et d’accueil des pauvres à Cornillon, nous remercions vivement les carmélites pour leur présence au cœur de la ville depuis 1860. Comme elles, nous regrettons le manque de vocations et de ressources humaines suffisantes pour pérenniser leur présence. Elles-mêmes se réjouissent de l’arrivée d’une partie de la jeune communauté des sœurs clarisses du couvent de Hannut. La plupart de ces religieuses belgo-burundaises habitent en Belgique depuis les événements de 1994 et leur couvent de Bujumbura fut co-fondé par deux clarisses liégeoises : Mère Marie-Agnès Baré et mère Marie-Françoise Wagelmans. C’est un beau signe d’unité entre les peuples. »

    Selon Jacques Galloy, chargé du projet de redéveloppement "ce projet a pour ambition de contribuer au renouveau de la porte orientale de la ville, dans le quartier d’Amercoeur. Outre le monastère des clarisses contemplatives et le développement d’un béguinage contemporain, le sanctuaire va poursuivre la fabrication de plus de 2.000.000 d’hosties par an pour le diocèse de Liège et au-delà. La chapelle médiévale où pria sainte Julienne restera un grand poumon spirituel au cœur de la ville et un petit vignoble sera replanté sur les coteaux pour illustrer l’attachement du sanctuaire à la célèbre fête du corps – hosties – et du sang – le vin – du Christ. Un comité se met en place pour porter ce renouveau de ce haut-lieu de spiritualité et d’hospitalité. "

    Voici le calendrier de la transition :

    Lundi 7 août 2017, 17h00, fête de sainte Julienne, messe d’action de grâces pour les 157 années de présence des carmélites à Cornillon.

    Vendredi 11 août 2017, fête de sainte Claire, remise privée des clés aux clarisses.

    Dimanche 8 octobre 2017, 15h00, premier dimanche suivant la fête de saint François d‘Assise, ami de sainte Claire, messe d’installation des clarisses.

    Ces célébrations seront présidées par Mgr Jean-Pierre Delville, évêque de Liège, et en présence du père Patrick Bonte, osc, vicaire épiscopal à la vie religieuse et aux mouvements, commissaire apostolique délégué du Vatican pour le sanctuaire.

    Contacts

    Service de Presse & de Communication du Diocèse de Liège

    Tél.: +32 (0)4/223.15.26 – @: communication@evechedeliege.be

     JPSC

  • Ne pas prétendre que l’islam n’a rien à voir avec la violence

    IMPRIMER

    De reinformation.tv :

    La phrase :
    « Ne prétendons pas que l’islam n’a rien à voir avec la violence »

     
    Maajid Nawaz, ancien dirigeant de la section britannique de Hizb ut-Tahrir, groupe islamiste radical, a prononcé cette phrase sur la radio londonienne LBC en commentaire de l’attentat du pont de Londres. A un contradicteur, il a concédé que « Le contexte est important, l’interprétation (du coran et des hadith) est importante », mais que cela ne doit pas masquer la responsabilité de l’islam : « Quand le prophète Mahomet dit : « J’ai été envoyé pour combattre les gens jusqu’à ce qu’ils déclarent qu’il n’y a pas d’autre Dieu qu’Allah et que Mahomet est son prophète », cela a clairement quelque chose à voir avec la violence, non ? » Exact. Et il y a hélas des commandements de violence bien pires dans le coran et les hadith. Mais c’est déjà bien qu’un musulman commence à reconnaître la violence intrinsèque de l’islam, c’est mieux que ne font Macron, son gouvernement et la quasi-totalité des politiciens français.

     
  • Léopold III en questions

    IMPRIMER

    De Paul Vaute sur le blog "Le Passé belge" :

    Léopold III en questions

    PASBEL20170603.jpg  

       Même avec le recul du temps, Léopold III demeure un sujet touchy. Qu'on le veuille ou non, le réflexe persiste, quand sont évoqués des faits qui le concernent, de les classer à sa charge ou à sa décharge, même s'il n'en put mais. Les questions posées ne changent pas et survivent aux réponses fournies de longue date mais trop nuancées pour séduire le café du commerce. Elever le débat est l'ambition du Cercle Léopold III, créé il y a plus de quinze ans sous le haut patronage de la princesse Maria Esmeralda. Oui, on y défend l'honneur d'un Roi, mais en recherchant sincèrement la vérité, même si elle doit conduire à mettre des bémols au bilan du règne.

       La démarche vient de déboucher sur un ouvrage collectif [1], qui ne risquait certes pas d'être un nouveau pamphlet politicien, mais se trouve tout aussi éloigné des hagiographies trop ferventes. L'intention une fois saluée, regrettons qu'elle soit desservie par quelques scories, comme l'emploi de l'expression incongrue de "Rois de Belgique" (pp. 23, 32) ou l'ample recours au "journal des événements" (p. 34) du général Raoul Van Overstraeten, aide de camp puis conseiller militaire, sans préciser que ce prétendu journal ne fut pas écrit au jour le jour mais largement reconstruit ultérieurement [2].

       L'ensemble s'articule aux interrogations les plus récurrentes adressées à l'association au cours des années 2012 à 2014. Sans surprise, c'est le remariage qui est arrivé en tête de liste (30 %), suivi de l'attitude à l'égard des questions humanitaires et du sort des Juifs (15 %), puis – à égalité (10 %) – de la politique d'indépendance et de neutralité, de l'entrevue de Berchtesgaden avec Hitler, de la déportation du Roi à la fin de la guerre (parfois présentée comme volontaire) et de l'abdication (parfois perçue comme une faiblesse). En queue (5 %) viennent la décision de capituler le 28 mai 1940, le choix de rester en Belgique plutôt que de suivre les ministres et les activités du "Roi prisonnier" sous l'occupation. Sur chacun de ces points sont proposés des dossiers bien étayés par l'historiographie et divers témoignages.

    Lire la suite sur le Passé belge

  • La charia est-elle compatible avec les droits de l'homme ?

    IMPRIMER

    Du site de l'European Centre for Law & Justice :

    La charia est-elle compatible avec les droits de l’homme ? C’est une question concrète qui se pose de plus en plus en Europe, particulièrement pour les femmes, et à laquelle l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) a décidé de chercher à répondre.

    En effet, au sein de la grande Europe, il est des territoires où la charia (ou « loi islamique ») est appliquée. Cela pose un problème au regard des droits de l’homme dans la mesure où ces États sont parties à la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH) et en même temps appliquent ou respectent une justice islamique contraire à la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH) et la CEDH.

    Trois pays au sein du Conseil de l’Europe ont ratifié à la fois la Convention européenne des droits de l’homme et la Déclaration du Caire sur les droits de l’homme en islam, qui est une déclaration des droits de l’homme compatible avec la charia. Il s’agit de l’Albanie, de l’Azerbaïdjan et de la Turquie. Il faut ajouter que la Fédération de Russie et la Bosnie-Herzégovine n’ont pas signé la Déclaration du Caire mais sont membres observateurs de l’Organisation de la Conférence Islamique et également signataires de la CEDH.

    Cette Déclaration du Caire du 5 août 1990 stipule notamment que « l’islam est la religion naturelle de l’homme ». Elle ne contient pas de droit à la liberté de croyance, ne confirme pas l’égalité en droit de tous les hommes sans égard pour leur religion, et enfin l’article 25 stipule que « [l]a Loi islamique est la seule source de référence pour interpréter ou clarifier tout article de cette déclaration. »

    Certains principes énoncés dans la loi islamique contreviennent aux principes ayant qualité de droits de l’homme, au premier rang desquels la liberté religieuse. Selon la charia, un musulman n’a pas le droit de quitter sa religion pour une autre ou pour l’athéisme. Il s’agit d’un acte d’apostasie qui engendre sa mort civile (ouverture de sa succession) et qui mérite la peine de mort.

    La Grande Chambre de la Cour européenne des droits de l’homme a eu l’occasion de donner un élément de réponse à cette question de compatibilité en 2003 : Celle-ci « partage l’analyse effectuée par la chambre quant à l’incompatibilité de la charia avec les principes fondamentaux de la démocratie, tels qu’ils résultent de la Convention »[1].

    Saisie par plusieurs de ses membres, l’APCE établira dans les prochains mois un rapport sur ces incompatibilités, déterminera sur quels territoires de pays membres du Conseil de l’Europe la charia est appliquée et quelles conséquences il faudra en tirer.

    Mme Meritxell Mateu (ALDE, Andorre) était rapporteur avant de quitter l’APCE et a rédigé une note préliminaire dans le cadre de cette procédure de rapport. Cette note définit la charia de la manière suivante :

    Lire la suite

  • Le pape François a pris la défense de Pie XII

    IMPRIMER

    De Nicolas Senèze sur le site du quotidien La Croix :

    Le pape François prend la défense de Pie XII

    Au cours de sa messe matinale à Sainte-Marthe, François a rappelé lundi 5 juin les « risques » pris par Pie XII pour que les juifs soient cachés dans les couvents pendant la Seconde Guerre mondiale.

    Le pape François a pris, lundi matin 5 juin, la défense de son prédécesseur Pie XII, rappelant les « risques » que celui-ci avait pris pour cacher les juifs persécutés à Rome pendant la Seconde Guerre mondiale.

    Prêchant, au cours de sa messe matinale dans la chapelle de la Maison Sainte-Marthe, sur les œuvres de miséricorde, François a rappelé qu’« une œuvre de miséricorde, ce n’est pas faire une chose pour décharger sa conscience » mais « aussi compatir à la douleur d’autrui ».

    « Ceux qui ont pris des risques, en commençant par Pie XII »

    « Partager et compatir, cela va ensemble », a expliqué le pape, « mais aussi risquer », a-t-il ajouté. « Et plusieurs fois, on prend des risques, a alors ajouté le pape. Pensons, ici, à Rome, au milieu de la Guerre, ceux qui ont pris des risques, en commençant par Pie XII, pour cacher les juifs, pour qu’ils ne soient pas tués, qu’ils ne soient pas déportés. Ils ont risqué leur peau. Ce fut une œuvre de miséricorde que de sauver la vie de ces gens ! »

    Le procès en béatification de Pie XII, dont les vertus héroïques ont été reconnues en décembre 2009, est pour l’instant à l’arrêt, dans l’attente de la reconnaissance d’un miracle à son intercession, mais aussi à cause des conséquences politiques d’une éventuelle béatification, notamment en ce qui concerne les relations avec le judaïsme.

    Message de Noël 1942

    Le rôle du pape Pacelli pendant la Seconde Guerre mondiale reste en effet controversé, beaucoup d’historiens estimant qu’il aurait dû condamner plus fermement la Shoah, ce qu’il n’aurait pas fait par prudence diplomatique et pour ne pas mettre en péril les catholiques dans l’Europe occupée.

    D’autres rappellent au contraire son message de Noël 1942 où il évoquait les «centaines de milliers de personnes, qui, sans aucune faute de leur part, et parfois pour le seul fait de leur nationalité ou de leur race, ont été vouées à la mort ou à une extermination progressive », bien compris à l’époque, y compris par les nazis, comme une condamnation de la persécution contre les juifs.

    > DOCUMENT : Message de Noël de Pie XII du 24 décembre 1942

    En outre, à Rome, beaucoup se souviennent aussi des instructions données pour que les couvents et institutions religieuses accueillent les juifs persécutés en Italie.

    > DOCUMENT : Pie XII et les juifs