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Ethique - Page 356

  • Confusions et ambiguïtés du rapport synodal sur la famille : vers une conception protestante de la liberté de conscience ?

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    Lu sur le blog « Salon beige » ce 26 octobre 2015:

    Aline Lizotte, docteur canonique en philosophie et directrice de l'Institut Karol Wojtyla, analyse le texte issu du synode sur la famille pour le Figarovox :

    "Même s'il n'a pas pris position pour éviter un vote négatif d'une partie des évêques, le synode a suggéré au pape, et cela a été voté, que la question de la communion des divorcés remariés ne soit plus réglée par un oui ou par un non, mais à travers un «discernement» au cas par cas, selon des critères préétablis par l'Eglise: est-ce une évolution notable de la théologie morale catholique?

    Les numéros 84, 85 et 86 de la relation synodale sont pour le moins confus sinon ambigus. On n'y parle pas directement d'interdiction ou de permission de communier, mais de trouver les divers modes d'intégration en vue d'une meilleure participation à la vie communautaire chrétienne.

    Parmi ces différents modes d'intégration, il y aurait la permission de devenir parrains, de faire la catéchèse, de lire les textes à la messe, bref, de participer aux actes qui préparent à la vie sacramentelle.

    Mais il y a aussi la possibilité de communier. Jean Paul II n'était pas allé aussi loin. Tout en refusant fermement la possibilité de participer à la communion, il avait, lui aussi, bien affirmé que les divorcés faisaient partie de la communauté chrétienne - ils n'étaient pas excommuniés - et qu'ils devaient s'unir à la prière de l'Eglise, participer au sacrifice eucharistique et prendre part aux oeuvres de charité sociales.

    Aujourd'hui le numéro 84 du document final va plus loin, puisqu'il parle de «dépasser» les «exclusions» dans le domaine liturgique, éducatif, pastoral et … «institutionnel». Ce mot est vague mais il est très important car il peut tout désigner dans l'Eglise. Qu'est ce qui empêcherait en effet un divorcé remarié de devenir diacre…

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  • Bilan du Synode 2015 sur la famille: le commentaire d’Henri Tincq dans « Le Monde »

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    Extrait :

    pape-francois-synode.jpg"C’est une victoire à l’arrachée pour ce pape jésuite qui, depuis deux ans et demi, bouscule les siens, sous le regard étonné du monde. Jusqu’au bout de ce synode, il aura pris des risques pour exiger du changement sans toucher à la doctrine, pour assouplir la «discipline»catholique dans ce domaine de la morale où le monde séculier guette tous les conservatismes et les progrès de l’Église. Jusqu’au bout, François aura fait souffler l’esprit du concile Vatican II des années 1960, celui qui avait permis à l’Église catholique, après des siècles d’«intransigeance» anti-moderne, de sortir de sa forteresse, de faire son aggiornamento (mise à jour), de s’ouvrir au monde libéral et laïque.

    Courant progressiste

    «Le monde change et nous devons observer les signes du temps», insista François dans son intervention finale, reprenant, mot à mot, le discours des papes du dernier concile (Jean XXIII et Paul VI). Juste avant le vote final, il défia une ultime fois les conservateurs:

    «Les vrais défenseurs de la doctrine ne sont pas ceux qui défendent la lettre, mais l’esprit; non les idées, mais les hommes; non les formules, mais la gratuité de l’amour de Dieu et de son pardon. Le premier devoir de l’Église n’est pas de distribuer des condamnations ou des anathèmes, mais de proclamer la miséricorde.»

    Ce «petit air» de réformes est venu d’un courant progressiste, minoritaire au départ, principalement allemand et germanophone, conduit par trois personnalités d’ouverture: le cardinal Walter Kasper, ancien responsable de la Curie romaine; Reinhard Marx, archevêque de Münich et président des évêques allemands; Christoph Schönborn, archevêque de Vienne. L’Allemagne, comme la France, fait partie de ces pays occidentaux confrontés aux évolutions brutales de la vie des couples, où les familles catholiques réclamaient le plus de changement dans le discours, devenu inaudible, d’une Église isolée.

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  • Concubinage et remariage

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    téléchargement (7).jpgDe Monseigneur Léonard, cet extrait de la conférence qu’il a prononcée à l’Université de Liège le 28 janvier 2015 :

    «  Je suis partisan d’une pastorale très chaleureuse et proactive à l’égard des personnes qui se sont remariées civilement après un divorce civil ou qui vivent en concubinage. L’Eglise doit chercher le contact avec ces personnes, comprendre ce qui s’est passé dans leur vie et les aider à assumer leur situation, en conjoignant, comme le fait un psaume, amour et vérité. 

    Autrement dit, je décourage les pastorales qui font comme si cette nouvelle union civile ou ce concubinage étaient ou pouvaient être un mariage sacramentel : non. Et il ne faut pas faire des choses qui y ressemblent car c’est autre chose. Oui, il y a, bien sûr, des éléments positifs qui se vivent mais ce ne sont pas des situations qu’il faut demander au Seigneur de bénir sacramentellement. 

    Il n’y a que deux manières de répondre à ce que le Seigneur attend lorsqu’on se trouve dans une situation qui ne correspond pas à ce qu’il demande. Quelle que soit la situation dans laquelle nous nous trouvions, pécheurs que nous sommes, il y a toujours un chemin de salut, mais il n’y a que deux manières tout à fait acceptables, comme chrétiens, de vivre cette situation :

    D’abord, c’est de se dire : au fond, l’homme ou la femme avec qui je vis n’est pas mon conjoint dans le Seigneur puisque mon conjoint, avec lequel je suis marié sacramentellement, est toujours là. Je ne peux pas en avoir deux. Cette seconde union ne peut pas être un signe sacramentel de l’alliance nouvelle et éternelle.

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  • La conscience personnelle : dernier juge en matière morale ? un enseignement de Mgr Léonard

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    images (5).jpgAlors que beaucoup de catholiques se disent désorientés par ce qu’ils lisent ces jours-ci dans la presse sur la portée exacte de l’enseignement de l’Eglise en cette matière, il est peut-être bon de rappeler ce qu’écrivait en juin 2012 Monseigneur Léonard dans les « Pastoralia » de l’archidiocèse de Malines-Bruxelles.

    Avec sons sens pédagogique et sa clarté d’expression habituelle, notre archevêque explique sous quelles conditions la conscience personnelle est la norme du comportement moral des personnes :

    « La loi morale, fondée ultimement en Dieu et reconnue activement par notre raison, doit toujours être mise en œuvre par notre engagement libre. Nous ne sommes pas que raison pure. Nous sommes aussi une liberté unique. Entre la voix de la raison en moi et ma conscience individuelle il y a donc une distance que doit combler mon jugement « pratique » (orienté vers l’action), guidé par la vertu de prudence ou de discernement : « Moi, concrètement, je dois, en telle situation, faire ceci et éviter cela ». Ainsi comprise, la conscience personnelle est la norme subjective de la moralité de nos actes, c’est-à-dire la norme morale telle qu’elle retentit dans la conscience unique de chacun. En effet, aussi objective soit-elle, la valeur morale ne peut s’adresser à moi et m’obliger qu’en passant à travers les évidences et les opacités de ma conscience personnelle. C’est forcément tel que je le perçois que le bien objectif m’interpelle. En ce sens, la norme subjective de la moralité est la règle ultime de la vie morale. À tel point que si, de bonne foi et sans faute de ma part, je me trompe dans mon jugement moral, j’agis moralement bien alors même que je pose un acte objectivement répréhensible.

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  • Au terme des travaux du synode, le pape garde la main et sa ligne de conduite :

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    Par un discours musclé samedi 24 octobre et une homélie le lendemain, le pape François a conclu l’assemblée du Synode sur la famille en mettant l’accent sur la miséricorde envers les situations familiales, et en fustigeant « les routiniers de la grâce que ne se laissent pas déranger ». Son discours a été applaudi, mais la salle ne s’est pas levée unanimement.  Conclusion de l’un de ses proches, dont les propos ont été notés par Sébastien Maillard, dans « La Croix » : « son pontificat devra être long s’il veut rendre son processus de réforme irréversible ». JPSC

    « Alors que les évêques concluent leur rapport final en demandant « un document sur la famille » au pape François, celui-ci a imprimé la direction : la miséricorde. « Aujourd’hui est un temps de miséricorde! », s’est-il exclamé dans son homélie dimanche 25 octobre à la messe de clôture du synode. À l’approche du jubilé prévu à cet effet et qui s’ouvrira le 8 décembre, il a prononcé la veille un discours tonique, marquant l’importance qu’il attache à cette attitude: « Le premier devoir de l’Église n’est pas celui de distribuer des condamnations ou des anathèmes mais il est celui de proclamer la miséricorde de Dieu ».   

    IL A FUSTIGÉ LES « ROUTINIERS DE LA GRÂCE » 

    Prononcé devant les pères synodaux à la fin de leurs travaux, suivis par le pape durant les trois semaines, son discours sonne comme une sévère critique envers ceux qui ont opté dans les débats pour une approche sèchement doctrinale devant les situations familiales irrégulières. « Les vrais défenseurs de la doctrine ne sont pas ceux qui défendent la lettre mais l’esprit, non les idées mais l’homme », a rappelé le pape. Il s’en est pris aux « cœurs fermés qui souvent se cachent jusque derrière les enseignements de l’Église » pour juger « les cas difficiles et les familles blessées ».

    Dimanche, dans son homélie, il a fait valoir l’exemple du Christ qui « se laisse toucher » par la demande d’un homme et le rencontre avec respect« en tête à tête », comme une illustration du discernement accompagné que prônent les pères synodaux dans leur rapport. Il a fustigé, à l’inverse, les « routiniers de la grâce » qui avancent ,« sans (se) laisser déranger , » « celui qui gêne ou n’est pas à la hauteur est à exclure ».

    LA SALLE NE S’EST PAS LEVÉE UNANIMEMENT

    Ces paroles sévères répondent à des prises de position ultra-rigoristes que le pape aura pu observer durant ce Synode. Jusqu’au recours, a-t-il dénoncé samedi 24 octobre, à « des méthodes pas du tout bienveillantes ». Un propos qui vise en particulier la publication d’une lettre privée de cardinaux critiquant sa gestion des travaux qu’ils soupçonnaient d’être manipulatrice. Recevoir cette lettre a attristé le pape François, selon un proche témoin.

    La parole conclusive du pape était attendue après un synode durant lequel sa méthode et l’accent qu’il met sur la miséricorde ont rencontré une résistance plus marquée et organisée que l’an dernier. Son discours, samedi, a été applaudi, mais la salle ne s’est pas levée unanimement. Comme le confie un de ses proches, « son pontificat devra être long s’il veut rendre son processus de réforme irréversible ».

    Malgré cela, Jorge Bergoglio, sans s’inquiéter d’unité, a retenu de ces semaines l’« image vivante d’une Église qui n’utilise pas des formulaires préparés d’avance ». Comme une première illustration, selon son discours du 17 octobre dernier, de « l’Église synodale » qu’il veut développer.

    Sébastien Maillard, à Rome »

    Ref. Au terme des travaux du synode, le pape garde la main

  • Synode sur la famille : comment le Pape a perdu sa bataille

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    562339ba35700fb92fcddfa6 (1).jpgLes avis se suivent et, comme prévu ne se ressemblent pas: "Les conclusions du synode sur la famille ont été rendues ce samedi 24 octobre, et témoignent de l'échec du Pape François à convaincre sur les deux thématiques principales des réunions (homosexualité et ouverture aux divorces remariés). Pour autant, ni les conservateurs, ni les progressistes ne peuvent se targuer de l’avoir remporté".

    Alors, un joli flop ? C’est le point de vue de Bernard Lecomte journalisteéditeurblogueur et écrivain français, auteur de plusieurs ouvrages à succès sur la papauté, qui est interrogé ici par « Atlantico ». (25 octobre ) : 

    « Atlantico : Le synode sur la famille s’achève ce week-end au Vatican. Le pape a-t-il réussi son pari ?

    Bernard Lecomte : La réponse, à première vue, est plutôt négative. Rien d’important ne semble avoir émergé de ces deux ans de réunions très sérieuses, de débats et de polémiques, de questionnaires compliqués, de textes contradictoires, de synthèses contestées et d’interventions du pape : pas de texte retentissant, pas de conclusion péremptoire, par de décision spectaculaire ! Sur le plan médiatique, on retiendra que le pape François n’a pas réussi à convaincre la majorité de ses cardinaux sur les deux sujets qui avaient retenu l’attention l’an dernier, et qui étaient devenus emblématiques :l’ouverture aux divorcés remariés et aux couples homosexuels.

    Au contraire, un clivage s’est profondément creusé, sur ces deux thèmes, forçant le pape lui-même à répéter plusieurs fois, et avec insistance, qu’il n’a jamais été question de toucher au dogme de l’indissolubilité du mariage.

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  • "Un grand bateau qui prend une autre direction"

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    Lu sur cathobel.be (J.-J. Durré, Solène Tadié) :

    Synode : « L’Eglise n’a pas tranché, mais elle a changé de langage », assure Mgr Bonny

    A l’occasion d’une conférence de presse à Rome, les évêques belges présents au Synode pour la famille sont revenus sur les points fondamentaux de ces trois semaines de travaux.

    L’antagonisme entre le permis et le défendu, dénoncé par certains pères synodaux au début des travaux pour son effet néfaste sur le débat, s’est peu à peu dissipé pour donner lieu à un dialogue plus profond et apaisé. C’est ce qu’a laissé entendre Mgr Johan Bonny – évêque d’Anvers et représentant des évêques belges à la seconde assemblée du Synode pour la famille – lors d’une conférence de presse au Collège belge de Rome vendredi, aux côtés de Mgr Luc Van Looy, évêque de Gand, et du cardinal Godfried Danneels, archevêque émérite de Malines-Bruxelles.

    Les trois intervenants sont formels, le terme d’« écoute » fut omniprésent dans les discussions synodales, un moyen pour les participants de se prémunir du jugement et de répondre à l’appel du Pape François de « comprendre les signes des temps ». Mgr Bonny qui appelait de ses vœux une « Église qui n’exclut personne » dès l’ouverture du Synode, s’est félicité de la prééminence accordée à la pastorale dans l’orientation des travaux – qualifiée par le cardinal Danneels de « glissement » toujours plus précis de la doctrine vers le prudentiel – et a assuré que cela émergerait très nettement dans le document final, un sentiment partagé par nombre de pères synodaux d’après lui.

    Rappelant que les évêques « croient au mariage entre un homme et une femme » en tant que cellule construite sur un engagement fort, que l’Église et la société doivent soutenir, l’évêque d’Anvers a précisé qu’aucune décision tranchée ne serait prise, notamment sur les questions sensibles concernant les divorcés remariés ou l’homosexualité. Et si le cardinal Danneels affirme que  « l’Église a changé », Mgr Bonny avance pour sa part que c’est avant tout dans son langage que celle-ci a changé. 

    « L’Eglise n’est plus un bloc »

    Autre constat notable des trois intervenants, la représentation accrue du continent africain dans l’orientation des discussions, en rupture avec une époque où l’Europe « dominait les débats ». « Nous sommes passés du ‘je’ au ‘nous' », remarque la cardinal Danneels. « L’Église n’est plus un bloc, chaque pays a ses idées et on ne tait plus les désaccords comme par le passé », a-t-il ajouté, comparant celle-ci à un grand bateau qui prendrait « lentement une autre direction ».

    De son côté, Mgr Bonny a évoqué des dissensions marquées, en particulier dans les groupes linguistiques, entre francophones européens et africains, faisant état de difficultés voire d’impossibilité d’aborder certains sujets. « Nous avons besoin de plus de temps, mais un processus de changement s’est ouvert depuis l’élection du pape François », a-t-il conclu.

    Les mariages mixtes, la formation des catéchistes (visant à introduire la notion de mariage sacramentel auprès des fidèles dès l’enfance) et les façons d’intégrer des divorcés remariés ont été cités parmi les thèmes récurrents des interventions, au même titre que l’accueil des réfugiés. A cet égard, Mgr Van Looy a appelé à s’interroger sur la manière d’être « de bons samaritains » pour eux et, songeant à ces innombrables familles séparées par les guerres, il a évoqué l’instruction des enfants de réfugiés parmi les grandes priorités pour leur venir en aide.

  • L’importance de l’institution de la famille et du mariage

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    Extrait du Discours du Pape en conclusion du synode : « Au-delà des questions dogmatiques bien définies par le Magistère de l’Église, nous avons vu aussi que ce qui semble normal pour un évêque d’un continent, peut se révéler étrange, presque comme un scandale, pour l’évêque d’un autre continent; ce qui est considéré violation d’un droit dans une société, peut être requis évident et intangible dans une autre; ce qui pour certains est liberté de conscience, pour d’autres peut être seulement confusion. En réalité, les cultures sont très diverses entre elles et chaque principe général a besoin d’être inculturé, s’il veut être observé et appliqué. Le Synode de 1985, qui célébrait le vingtième anniversaire de la conclusion du Concile Vatican II, a parlé de l’inculturation comme de l’« intime transformation des authentiques valeurs culturelles par leur intégration dans le christianisme, et l’enracinement du christianisme dans les diverses cultures humaines»3. L’inculturation n’affaiblit par les vraies valeurs mais démontre leur véritable force et leur authenticité, puisqu’elles s’adaptent sans se transformer, mais au contraire elles transforment pacifiquement et graduellement les différentes cultures. »

    C’est ici que le discernement s’impose : en Afrique on refuse la communion aux polygames. En Europe, on veut absoudre le concubinage des divorcés-remariés et bénir les unions homosexuelles. Question de culture ou question de foi ? La question est de savoir qui, au bout du compte, transforme qui. 

    JPSC

  • Clôture du synode sur la famille : un peu de tout pour satisfaire chacun ?

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    Synode sur la famille : sauf surprise, l’assemblée adoptera aujourd’hui un rapport cosmétique permettant à chaque courant de se déclarer satisfait (1).  De toute façon, comme lors du concile Vatican II, le synode virtuel a déjà gagné : Sandro Magister le constatait opportunément ici.

    Pour Jean-Marie Guénois, dans le Figaro d’aujourd’hui, le synode se lavera les mains dans l’eau de l’aiguière du pape François :

    Ce samedi après-midi, les jeux seront faits au Vatican. On saura si le pape François a gagné son pari d'emporter l'adhésion de la majorité des évêques, réunis depuis trois semaines en synode, en vue de renouveler la pastorale de l'Église catholique sur le mariage et la famille. Dont une nouvelle approche de l'épineuse question des divorcés remariés. L'an passé, lors de la première session de ce synode, les évêques n'avaient pas donné l'indispensable quitus des deux tiers des voix pour que les paragraphes sur les divorcés remariés et les personnes homosexuelles soient adoptés. Mais cette année, le texte final a été préparé avec un tel soin par une commission de rédaction intégralement nommée par le pape François - qui veut à tout prix éviter un second échec - que le document «apprécié et équilibré», selon plusieurs sources de tendances opposées, devrait, sauf surprise, passer avec succès l'examen du vote final.

    Jeudi soir, les 265 votants - tous des évêques et quelques prêtres - ont reçu une première version, en italien, du projet de document final mais sans avoir… le droit de l'emporter chez eux! Ce qui a aussitôt provoqué une bronca dans l'assemblée car la majorité des évêques ne comprenant pas l'italien, ils voulaient prendre le temps de le traduire dans la nuit pour, tout de même, savoir précisément sur quoi ils allaient voter… Le cardinal Baldisseri, organisateur du synode, a finalement cédé. Ce qui a permis aux évêques de formuler, vendredi matin, leurs remarques, qui ont été ensuite intégrées dans un texte de synthèse sur lequel ils voteront, ce samedi matin. Ce sera alors la dernière séance du synode avant la messe de clôture, dimanche matin, où l'homélie de François est très attendue.

    Tout l'enjeu étant effectivement de présenter un texte qui ne soit «pas de l'eau tiède» (le cardinal africain Turkson)

    Les derniers vrais débats, vendredi matin, ont porté sur la question du rapport entre «la conscience individuelle et la norme morale», selon le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi. Ce pourrait être la clé de voûte de la réforme voulue par le pape François. Échaudée, l'an passé, par le refus des évêques d'ouvrir une voie générale qui admettrait les divorcés remariés à la communion eucharistique, l'Église s'oriente, pas à pas, vers une approche beaucoup plus individuelle en réhabilitant le statut de la conscience personnelle face à la loi morale. Une conscience souveraine, en dernière analyse, à qui le Pape, en bon jésuite, veut redonner toute sa place sans pour autant l'opposer à la norme morale.

    Mais les demandes de corrections ont aussi porté sur les paragraphes plus directement concernés par l'accès à la communion des divorcés remariés. L'idée est d'éviter «toute ambiguïté», explique un témoin. Tout l'enjeu étant effectivement de présenter un texte qui ne soit «pas de l'eau tiède», a commenté le cardinal africain Turkson, tout en rassurant les tenants de la doctrine, sans fermer la porte aux réformes. Sauf que ces réformes seront de la responsabilité du Pape, qui «seul décidera», insiste-t-on. Et non du ressort d'un synode qui, faute d'accord - pour la seconde fois - sur les points sensibles, préfère jouer l'apaisement et montrer au monde un visage uni de l'Église catholique. » 

    Ref. Synode sur la famille: journée cruciale au Vatican

     (1 ) Journée cruciale ? Lire ici dans "La Libre" : "Nous avons réalisé le synode que nous espérions" (dixit l'évêque de Gand, Mgr Van Looy, sans même attendre le vote final.)

    JPSC

  • Moi, médecin, ce que je pense de l'euthanasie...

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    Lu sur "euthanasie stop", par Léo C. Jadot, médecin psychiâtre :

    Moi, médecin, ce que je pense de l'euthanasie...

    Par quel que bout que l'on prenne le problème, l'euthanasie est et reste un homicide volontaire avec préméditation, commis sur personne en situation de faiblesse.

    Ce n'est jamais le rôle d'un médecin de donner la mort, même (et surtout) s'il en a évidemment la capacité technique. Tuer n'est pas bien compliqué et n'importe quel citoyen un peu entraîné le ferait très bien. Soigner n'est pas tuer, tuer n'est pas soigner.

    Dans ma longue carrière j'ai accompagné un certain nombre de dépressifs dont certains voulaient se suicider. Deux ont effectivement réussi à mettre fin leurs jours. Je le vis comme un échec, comme une insuffisance de ma part. Tous les autres ont pu retrouver une confiance suffisante en eux-même et dans la vie pour reconstruire leur vie autrement. Il m'apparaît comme une trahison que d'encourager et plus encore d'aider quelqu'un à se suicider. (Suicide assisté)

    Au-delà des choix éthiques et philosophiques de chaque médecin, se pose effectivement la question de la collaboration, volontaire ou obligatoire, à une mise à mort.

    Si l'on refuse de considérer le désir de mort comme autre chose qu'une pathologie mentale grave, n'est-ce pas enfermer un patient dans sa désespérance que de lui laisser croire que ce serait la solution?

    Et référer un dépressif à un « confrère » dont on sait pertinemment bien qu'il passera à l'acte mortel, n'est pas encore être complice du meurtre, envoyer quelqu'un délibérément dans un mortel traquenard ?

    La seule solution honnête et déontologiquement correcte n'est-elle pas de dire « je ne le ferai pas, je ne puis vous empêcher de le faire, mais vous feriez la plus grosse bêtise de votre vie. Je puis adoucir vos souffrances et vous soutenir dans ces moments difficiles que vous vivez » ?

    Et si un tribunal s'égare à ordonner des choses criminelles quand bien même conformes à un quelconque texte de loi, la seule attitude possible moralement n'est-elle pas de refuser encore l'injonction insensée ?

    Et de même, une institution n'a-t-elle pas aussi parfois un devoir de désobéissance ?

  • Synode : Des cercles non concentriques

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    Qu'est-ce qu'une Eglise synodale ? Démonstration sur le site web de « France Catholique".

    «  Les rapports des circuli minores – les plus importants parce qu’ils portent sur les sections du document de travail concernant une éventuelle modification de la doctrine de l’Eglise sur des questions comme la communion pour les divorcés remariés – ont été publiés hier par le Bureau de presse du Vatican. Nous avons donc à présent un vaste éventail des éléments sur lesquels la Commission de rédaction du document final du synode devra travailler. Comme nous l’avons répété dès le début, et les rapports le confirment, il est pratiquement sûr que ce document final sera médiocre, ce qui (à moins d’une révolte de grande ampleur des évêques dès le départ) serait un moindre mal. Selon toute vraisemblance, ce texte ne déviera pas beaucoup des enseignements traditionnels. Mais c’est presque tout ce que nous pouvons dire en faveur de ce document – et à ce stade de son élaboration. Car tout le processus synodal (et ce qui s’ensuivra) peut encore nous entraîner dans un monde entièrement différent.

    Tout d’abord, la bonne nouvelle : sur les treize rapports des petits groupes, seuls trois se prononcent pour la proposition du cardinal Kasper concernant la communion pour les divorcés remariés. Et nous pouvons supposer que, même au sein de ces groupes, certains évêques voteront contre elle. Les groupes linguistiques en faveur sont les germanophones, le groupe francophone A et le groupe italien C (certains ont expliqué leur vote positif en invoquant la notion théologique de « for interne », ce qui est surprenant puisque le mariage est un acte public). En privé, les participants au synode croient encore que la proposition du cardinal Kasper serait rejetée si elle était directement mise aux voix, ce à quoi les rédacteurs ne se risqueront probablement pas pour cette raison. Mais l’élaboration du texte final à partir de ces éléments sera sûrement semée d’embûches pendant ces trois derniers jours. Nous en parlerons plus bas.

    Quatre groupes ont ouvertement rejeté la proposition du cardinal Kasper : le groupe francophone B du cardinal Sarah et trois des groupes anglophones. En outre, le groupe anglophone C de l’archevêque Chaput semble pencher dans cette direction, mais n’a pas énoncé une décision ferme dans son rapport. Si bien qu’on pourrait passer de quatre à cinq sur treize, un noyau dur qui explique pourquoi arriver sans encombres à la majorité des deux tiers requise pour l’adoption de la proposition Kasper – ou toute autre proposition controversée – est une entreprise très ardue.

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  • Synode : les évêques africains optimistes sur la bonne issue des travaux

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    web-cardinal-wilfrid-napier-s-africa-afp-photo-rajesh-jantilal-c2a9.jpgL’Afrique a-t-elle sauvé le Synode sur la Famille d’une dangereuse dérive pastorale et doctrinale ?  Après tant de défaitisme, les paroles élogieuses et optimistes du cardinal Wilfrid Fox Napier, archevêque de Durban, relatées ci-dessous,  arrivent comme une bouffée d’air frais, alors que la session de l’assemblée synodale vient d’entrer dans sa dernière ligne droite. Les travaux en carrefours sont terminés. La présentation du rapport final et son vote sont programmés pour le samedi 24 octobre.

    Reste à en prendre connaissance et, en premier lieu, à savoir si le pape, qui enfourche déjà d’autres chevaux à maîtriser (pour une Eglise plus décentralisée, tout en créant à Rome un grand dicastère pour les laïcs et la famille), décidera de le publier ou pas. JPSC

    Lu sur le site « aleteia » (extraits) : 

     […] Contrairement au synode extraordinaire de 2014, où les travaux « semblaient poussés dans une certaine direction et suivaient un agenda déjà mis en place », a déploré l’archevêque de Durban, cette année évêques et laïcs ont eu « plus de temps » pour réfléchir en petits groupe et apprendre « ce qui se passe ailleurs », dans d’autres parties de l’Église, là où « tant de braves familles et de bons mariages » ont pu aider le synode à trouver « sa direction », a-t-il relevé.

    Le cardinal Napier a salué les « effets directs et immédiats » de la nouvelle méthode de travail qui a permis de « faire tomber les barrières géographiques » et aux pères synodaux de ne pas se focaliser sur des problématiques « occidentales » – divorcés-remariés, couples non mariés et homosexualité – comme ils avaient déploré à l’issue des travaux du premier synode, l’année dernière.

    Leur vision audacieuse du monde

    Les évêques africains – une cinquantaine – souhaitaient faire entendre leur voix mais craignaient une « nouvelle colonisation idéologique » – crainte exprimée tout haut par le cardinal Philippe Ouedraogo, archevêque de Ouagadougou (Burkina Faso) le 14 octobre dernier – les voilà rassurés et ils se félicitent d’avoir pu « travailler ensemble comme dans une vraie équipe », a souligné le cardinal Napier, sans avoir peur d’exposer leur vision du monde.

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