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Famille - Page 6

  • Quand les mères s'effacent ou quand du féminisme on passe à la haine de la maternité...

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    Lu sur Hérodote.net :

    L’Effacement des mères

    Du féminisme à la haine de la maternité

    17 août 2024

    Tous les pays développés d'Occident et d'Extrême-Orient sont entrés dans l'« hiver démographique » avec des populations en voie de diminution rapide. En France, cette année, le nombre des naissances est passé pour la première fois sous la barre des 700 000 et l’indice de fécondité (dico) est tombé à 1,6 enfants par femme.

    On peut en attribuer la cause au mode de vie contemporain, focalisé sur la consommation immédiate sans projection sur l'avenir. Ève Vaguerlant, agrégée et docteur en lettres modernes, rappelle aussi, dans un essai percutant, les racines idéologiques du refus de la maternité, des Cathares (XIIe siècle) aux Précieuses (XVIIe siècle) et à Simone de Beauvoir (XXe siècle)...

    À l’heure actuelle, en France et en Occident, ce sont près de 30 % des femmes en âge de procréer qui déclarent ne pas vouloir d’enfants (ou être dans l’incapacité matérielle ou physique d’en avoir) et ce taux est en augmentation. Chez certains jeunes se diffuse la stérilité volontaire via la vasectomie ou la ligature des trompes, quand ce n'est pas le changement de sexe, une chirurgie à haut risque qui prive le sujet de la faculté d'engendrer (mais profite à Big Pharma).

    Ces comportements sont encouragés par la presse féminine qui abonde en articles présentant la maternité sous un jour négatif. Elle déplore les difficultés qui seraient liées à la grossesse et à l’accouchement, alors même que l'obstétrique moderne les rend plus sûrs que jamais. Elle met aussi en exergue le « regret d’être mère » qui frapperait de plus en plus de femmes. Elle flatte même les jeunes femmes qui choisissent d'assumer plusieurs avortements plutôt que la prise quotidienne de la pilule contraceptive.

    Faut-il s'étonner dans ces conditions de l'effondrement des naissances très en-dessous du seuil de 2,1 enfants par femme indispensable au renouvellement des générations ? Ce seuil est déjà proche d'un enfant par femme dans plusieurs pays, voire en-dessous comme en Corée. Ce qui  signifie une division par deux des naissances à chaque génération et par huit à la fin de ce siècle (note).

    Un contexte hostile à l'enfant autant qu'à la maternité

    Eve Vaguerlant, L?Effacement des mères, du féminisme à la haine de la maternité (L?Artilleur, 2024)

    Dans son essai L’Effacement des mères, du féminisme à la haine de la maternité (L’Artilleur, 2024), Ève Vaguerlant montre que cet effondrement des naissances est lié à un contexte social et culturel hostile à l’enfant autant qu’à la maternité.

    Même si l'essayiste se cantonne à la situation française, qu'elle connaît pour l'avoir étudié de près, ce contexte se retrouve dans tous les pays développés (à l'exception d'Israël, engagé dans la  « guerre des berceaux »).

    Il affecte en premier lieu les jeunes actifs des classes moyennes, qui doivent manifester une volonté à toute épreuve pour accueillir un, voire deux enfants dans leur foyer, en dépit du scepticisme environnant et de la quasi-absence de soutien des pouvoirs publics.

    Dans les sociétés pré-industrielles, faut-il le rappeler ? la place des femmes ne faisait pas de problème. Elles participaient avec leur conjoint à la bonne marche de l'exploitation agricole, de l'atelier ou du commerce, chacun à sa place selon ses compétences, la femme exerçant souvent les fonctions les plus nobles : la marche de la maisonnée et la gestion des comptes ainsi que l'éducation des enfants ; l'homme se réservant les travaux les plus pénibles, voire les plus périlleux (mineurs, marins, soldats).

    Tout a changé au XIXe siècle avec l'apparition de la grande industrie et la généralisation du salariat. L'unité du foyer a été alors brisée, l'homme prenant l'ascendant sur sa femme en ramenant à la maison l'argent indispensable à leur survie.

    Dans la prospérité de l'après-guerre s'est imposé l'idéal hollywoodien de la belle maison de banlieue dans laquelle l'épouse élégamment vêtue s'occupe de ses trois enfants en attendant son époux, fier de sa promotion et de son salaire.

    Cette représentation réductrice de la femme moderne a sans doute inspiré la philosophe Simone de Beauvoir que cite Ève Vaguerlant : « Le code français ne range plus l'obéissance au nombre des devoirs de l'épouse et chaque citoyenne est devenue une électrice ; ces libertés demeurent abstraites quand elles ne s'accompagnent pas d'une autonomie économique (...). C'est par le travail que la femme a en grande partie franchi la distance qui la séparait du mâle ; c'est le travail qui peut seul lui garantir une liberté concrète » (Le Deuxième Sexe, 1949).

    Par « travail », la philosophe sous-entend une activité hors du domicile et le plus souvent salariée. De ce point de vue, ses voeux se sont réalisés au-delà de toute espérance à partir de la décennie suivante !

    En effet, dans les années 60, une fois achevée la reconstruction consécutive à la Seconde Guerre mondiale, les milieux entreprenariaux ont craint que la croissance économique ne vienne à fléchir. Ils ont jugé nécessaire de stimuler de toutes les façons possibles la consommation des ménages pour soutenir l'activité... et leurs profits.

    On assista alors à l'émergence de la « société de consommation » que dénoncèrent tant et plus les étudiants bourgeois de Mai-68. On assista aussi au développement du salariat féminin qui permit de peser à la baisse sur les salaires masculins de sorte qu'il ne fut bientôt plus envisageable pour une famille de maintenir un niveau de vie décent avec un seul salaire.

    La maternité apparut alors aux yeux du patronat comme une entrave à l'emploi des femmes et - plus grave sans doute - comme une forme de contestation du consumérisme, lequel fait de la jouissance immédiate le but unique de l'existence (note). De fait, à partir de 1963, après le boum spectaculaire de l'après-guerre, la fécondité entama sa décrue dans tous les pays industriels, y compris le Japon (note).

    Des Cathares à Simone de Beauvoir, une même détestation de la maternité

    Le travail salarié est devenu pour les femmes des classes moyennes une quasi-obligation en raison de la nécessité du salaire féminin dans une famille. Ces femmes sont-elles pour autant devenues plus heureuses ? Dans son essai Où en sont-elles ?, l'anthropologue Emmanuel Todd en doute. Il souligne le fait que leur entrée massive  dans le monde du travail les a aussi faites entrer dans l’anxiété économique.

    Ève Vaguerlant rappelle à ce sujet une formule ironique de l'écrivain anglais Gilbert Keith Chesterton (1876-1936) :  « Le féminisme pense que les femmes sont libres lorsqu'elles servent leurs employeurs mais esclaves lorsqu'elles aident leurs maris ».

    Lire la suite (Amis d'Herodote.net seulement)

  • Les conséquences à long terme du déclin actuel du mariage et des enfants seront profondes

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    De Mary Eberstadt sur First Things :

    L'effondrement de la natalité n'est pas seulement politique, il est aussi personnel

    2 août 2024

    Dans une interview accordée en 2021 à l'émission Tucker Carlson, le candidat à la vice-présidence JD Vance a déclaré que "nous sommes effectivement dirigés dans ce pays, via les Démocrates ... par une bande de femmes à chats sans enfants, malheureuses dans leur propre vie". L'effet de colère qui se manifeste à l'égard des "femmes à chats sans enfants" masque trois vérités : le déclin du mariage et des enfants est réel ; il modifie la réalité d'une manière de plus en plus visible ; et il soulève une fois de plus la question de savoir si l'atomisation radicale d'aujourd'hui transforme le monde pour le bien ou pour le mal. 

    Des jardins d'enfants fermés aux maisons de retraite toujours en sous-effectif, les faits qui se cachent derrière les théories d'un "Occident grisonnant" sont de plus en plus incontournables. Comme le savent les touristes qui passent l'été en Europe, par exemple, l'expression "le vieux continent" a un nouveau sens. Il se trouve que ma famille et moi avons visité l'Espagne pendant la semaine de l'Orgullo Madrid, l'une des plus grandes célébrations annuelles de la Fierté dans le monde. Dans toute la ville, des hommes et des femmes - surtout des hommes - ont envahi les rues pour célébrer leur liberté par rapport aux conventions sociales. Et dans ces mêmes rues, d'autres personnes qui sont traditionnellement les fruits des conventions sociales brillaient par leur absence : les bébés et les enfants. 

    L'arithmétique de la chute démographique est simple. En Espagne, où le taux de fécondité est le plus bas d'Europe en dehors de Malte, les femmes ont désormais leur premier enfant entre 30 et 39 ans. "Nous avons des provinces en Espagne où, pour chaque bébé qui naît, plus de deux personnes meurent. Et le rapport se rapproche de un à trois", explique un chercheur. D'ici à 2050, le pays devrait avoir le pourcentage de personnes âgées le plus élevé au monde. 

    Comme dans d'autres pays occidentaux, les chiens sont désormais plus nombreux que les enfants dans les foyers ; à Madrid, il y a plus de chats et de chiens que d'enfants de moins de 10 ans. D'un bout à l'autre de la carte, les nations matériellement avancées fuient les naissances dans des proportions similaires. Au Japon, des poupées en peluche remplaçant les humains absents ont contribué à faire d'un village disparu une attraction touristique. 

    Autrefois, les êtres humains fuyaient la présence d'autres espèces plus dangereuses. Aujourd'hui, ils sont nombreux à fuir leur propre espèce. Est-ce un problème ? 

    Bien que les critiques partisanes d'aujourd'hui prétendent le contraire, les dirigeants politiques de tous bords sont de plus en plus nombreux à répondre par l'affirmative. Le rétrécissement de l'assiette fiscale impose de nouveaux coûts, notamment des coupes dans les services sociaux et l'augmentation de l'âge de la retraite. C'est pourquoi le président français Macron a appelé à un "réarmement démographique". D'autres dirigeants de tous horizons partagent cet avis. Entre-temps, comme les populations gériatriques dépendent de travailleurs plus jeunes, la poursuite de l'immigration vers l'Occident semble tout à fait inévitable, et avec elle, une politique intérieure chroniquement enflammée. 

    De nombreuses autorités s'accordent à dire que la pénurie de naissances constitue une sorte de problème social. Mais qu'en est-il si c'est encore pire que cela ? Il suffit de considérer les résultats des "études sur le bonheur" menées dans tout l'Occident. 

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  • Viktor Orban : un chef d'Etat visionnaire ?

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    De Rod Dreher sur European Conservative :

    Viktor Orbán : Combattre la catastrophe civilisationnelle de l'Occident

    Alors que la plupart des autres dirigeants occidentaux sont des aveugles qui dirigent des aveugles, Viktor Orbán se concentre sur l'avenir avec une clarté inégalée.

    1er août 2024

    Depuis Richard Nixon, l'Occident n'a pas connu de dirigeant politique national qui réfléchisse à la géostratégie aussi profondément que le Hongrois Viktor Orbán. Qu'on l'aime ou qu'on le déteste, cet homme est profond. Le long discours qu'il a prononcé en juillet lors de la réunion de Tusványos en Roumanie fait d'Orbán un véritable visionnaire, dont la portée dépasse les limites du moment et s'étend bien au-delà des frontières de sa petite nation d'Europe centrale. C'est en fait un point très orbániste que de dire que ce qui fait de lui un penseur civilisationnel si convaincant est qu'il est si profondément enraciné dans le sol hongrois et dans les leçons qu'il enseigne sur la nature humaine.

    Naturellement, les médias occidentaux qui ont couvert l'événement n'y ont vu qu'un énième exemple de l'agaçant Magyar se plaignant de l'Union européenne. L'ambassadeur des États-Unis en Hongrie s'est plaint qu'Orbán colportait des "théories du complot du Kremlin". Mais si vous lisez la transcription anglaise du discours, vous verrez que les médias et d'autres ont manqué son cœur philosophique. Il est clair que le dirigeant hongrois, pour reprendre une expression populaire au sein de la droite américaine, "sait quelle heure il est", tant au niveau mondial que local, en Europe.

    "Nous assistons à un changement que nous n'avons pas vu depuis 500 ans", a déclaré M. Orbán. "Ce à quoi nous sommes confrontés est en fait un changement de l'ordre mondial", l'Asie devenant le "centre dominant" du monde.

    Au cours de cet entretien de grande envergure, M. Orbán a discuté de la nature de ce changement tectonique et de la manière dont l'Europe et la Hongrie devraient répondre aux défis qu'il pose. Le prisme à travers lequel le premier ministre voit l'avenir du monde est la guerre entre la Russie et l'Ukraine.

    Le plus grand problème auquel le monde est confronté aujourd'hui, a-t-il déclaré, est la faiblesse et la désintégration de l'Occident. Selon M. Orbán, les nations occidentales ont tourné le dos aux idées et aux pratiques qui ont fait d'elles une grande civilisation. Et bien qu'il y ait des signes que les gens ordinaires s'éveillent à la crise et veulent du changement, les élites qui dirigent les pays occidentaux considèrent leurs peuples comme des bigots et des extrémistes. Si ni la classe dirigeante ni les gouvernés ne font confiance à l'autre, quel est l'avenir de la démocratie représentative ?

    Depuis les années 1960, les élites occidentales se sont engagées dans ce que l'on pourrait appeler le "John Lennonisme" : une utopie imaginaire dans laquelle il n'y a pas de religion, pas de pays, rien pour quoi tuer ou mourir, et pas d'histoire : c'est un paradis mondialiste dans lequel tous les gens ne vivent que pour les plaisirs d'aujourd'hui - en particulier les plaisirs sexuels.

    Selon Orbán, cette vision affaiblit et même abandonne tout ce qui rend possible l'existence d'une nation. Six décennies plus tard, les rêveurs lennonistes - en particulier en Europe - ont créé une civilisation dans laquelle Dieu est mort ou mourant, les migrants se déplacent en masse à travers des frontières que personne ne se soucie suffisamment de défendre, et les jeunes générations ne s'intéressent à l'histoire de leur peuple que pour mieux la mépriser.

    C'est une civilisation où les familles se désintègrent, où la pornographie dure est omniprésente, où la perversité sexuelle est célébrée comme la nouvelle normalité et où les enfants sont incités à haïr leur corps et à vouloir le mutiler.

    C'est une civilisation où la solidarité est de plus en plus difficile à imaginer, car les élites politiques, éducatives, commerciales et culturelles ont appris aux masses à ne se soucier que de leurs propres désirs et à embrasser un tribalisme racial grossier (tant que vous n'êtes pas d'origine européenne).

    C'est une civilisation dans laquelle il n'y a rien à tuer ou à mourir parce que personne n'a grand-chose à vivre. En ce qui concerne la crise de la fécondité, s'il est vrai que l'avenir appartient à ceux qui se présentent, l'Occident n'en a pas, selon le point de vue de l'orgue.

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  • La natalité en berne

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    Du site de RTL :

    La natalité en berne en Belgique: en 2023, le pays a enregistré le plus faible nombre de naissances depuis plus de 80 ans

    En 2023, la Belgique a enregistré le nombre de naissances le plus faible depuis 1942.

    Avec seulement 110.198 bébés nés au cours de l'année 2023, la Belgique a enregistré le nombre de naissances le plus faible depuis 1942. Ce chiffre représente une baisse de 3% par rapport à 2022 et se situe même en-deçà du creux observé en 2002, année qui comptait 111.484 naissances.

    Cette tendance à la baisse est particulièrement prononcée en Région de Bruxelles-Capitale (-5,1%) et en Wallonie (-4,8%), tandis qu'au nord du pays, la diminution est moins marquée, avec une baisse de 1,5% par rapport à l'année précédente. 

    Même chose en France :

    On lira aussi avec profit

    Le baby-bust (effondrement de la natalité) n'est pas seulement politique, c'est personnel

  • Pourquoi les "Millennials" (générations actuelles) n'ont pas d'enfants

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    De sur First Things :

    Pourquoi les générations actuelles ("Millennials") n'ont pas d'enfants

    À quoi servent les enfants ?
    Ambivalence et choix

    par Anastasia Berg et Rachel Wiseman
    St. Martin's Press, 336 pages, 27 $

    « Deux êtres ne sont plus qu'un, et c'est quand ils sont un qu'ils deviennent trois », écrivait Maurice Blondel à propos de l'amour et de la procréation. Cette formule exprime une foi et un désir de fécondité qui étaient autrefois une évidence. Aujourd'hui, pourtant, la réponse à cette mystérieuse arithmétique chez de nombreux Millennials est, en substance, « ça ne colle pas ». D'où la fameuse crise de la fécondité.

    Cette crise est bien documentée. Le taux de fécondité américain en 2023 était le plus bas jamais enregistré, et notre taux de remplacement, 1,6, est bien inférieur aux 2,1 nécessaires pour maintenir une population stable. De toute évidence, les enfants ne vont pas bien, sinon ils en auraient. La plupart de ces Millennials ne sont pas opposés à la procréation ; ils sont ambivalents à ce sujet. Toutes les tendances indiquent que les arguments conçus pour les sortir de cette ambivalence ont été insuffisants. 

    Plus inquiétant encore, comme le soulignent Anastasia Berg et Rachel Wiseman dans leur ouvrage À quoi servent les enfants ? , le simple fait d’évoquer le sujet « paraît au mieux maladroit » aux yeux de ces adultes, qui considèrent généralement ce problème comme étant de droite et donc nocif. Berg et Wiseman ne sont certainement pas des personnes de droite. Mais ce sont des natalistes qui ont écrit un livre destiné à convaincre leurs pairs progressistes de la valeur des enfants. Le défi implicite qu’ells se sont lancé est de le faire tout en évitant tout langage qui pourrait être interprété comme conservateur ou à connotation religieuse.

    Au lieu de cela, elles cherchent un langage alternatif dans la théorie féministe, la littérature, la philosophie et le récit personnel pour répondre de manière affirmative à la question : « La vie humaine vaut-elle encore la peine d’être vécue ? » Cet effort destiné à influencer des esprits qui seraient autrement hors de portée est noble et rendu possible par les paramètres que les auteurs se sont fixés. Mais les limites sont évidentes.

    Les Millennials qui n’ont pas d’enfants avancent généralement des explications matérielles et rationnelles pour justifier leur décision, citant des contraintes économiques et un soutien public insuffisant. Berg et Wiseman commencent par dénoncer ces réponses comme des écrans de fumée. Le problème n’est pas principalement économique : les Millennials sont en fait tout aussi bien placés financièrement pour fonder une famille que n’importe quelle génération précédente. Et, si l’on en croit les pays nordiques, il n’y a guère de preuves que des infrastructures sociales plus importantes conduisent à une augmentation des taux de natalité. La racine de cette ambivalence doit donc être philosophique.

    Berg et Wiseman consacrent la majeure partie de leur temps à diagnostiquer et à répondre à ce problème philosophique. La baisse du taux de natalité, affirment-elles, n’est que la conséquence d’une « reconfiguration des valeurs qui touche tous les aspects de notre vie ». Cette transévaluation a été particulièrement efficace dans ce que les auteurs appellent la « dialectique de la maternité ». Cette dialectique, affirment-elles, a été brouillée par des schismes non résolus dans la tradition féministe qui a suivi Simone de Beauvoir.

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  • 28 juillet : Journée mondiale des grands-parents, indulgence plénière pour ceux qui la célèbrent

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    De Vatican News :

    Journée mondiale des grands-parents, indulgence plénière pour ceux qui la célèbrent

    Dimanche 28 juillet, la pénitencerie apostolique accorde l’indulgence plénière aux représentants des personnes âgées et aux fidèles «qui, animés d'un esprit de pénitence et de charité» participeront aux différentes fonctions liturgiques dans le monde. Elle concerne aussi les malades, leurs accompagnateurs et ceux qui, ne pouvant sortir de chez eux, «s'y associeront spirituellement», détachés du péché et avec l'intention de remplir les conditions habituelles.

    À l'occasion de la IVe Journée mondiale des grands-parents et des personnes âgées, fixée par le Pape chaque quatrième dimanche de juilletà l’approche de la mémoire liturgique des saints Joachim et Anne, grands-parents de Jésus, la pénitencerie apostolique accorde «l'indulgence plénière aux conditions habituelles (confession sacramentelle communion eucharistique et prière selon les intentions du Souverain pontife) aux grands-parents, aux personnes âgées et à tous les fidèles qui, animés d'un véritable esprit de pénitence et de charité, le 28 juillet 2024», participeront «aux diverses fonctions qui se dérouleront dans le monde entier». C'est ce que prévoit un décret signé par le cardinal Angelo De Donatis, pénitencier majeur.

    Visiter une personne âgée dans le besoin

    L'indulgence plénière, accordée à la demande du cardinal Kevin Joseph Farrell, préfet du dicastère pour les Laïcs, la famille et la vie, «afin d'accroître la dévotion des fidèles et d'assurer le salut des âmes», peut également «être appliquée comme suffrage pour les âmes du purgatoire» et est également accordée aux fidèles qui, le 28 juillet, «consacrent le temps nécessaire pour rendre visite à leurs frères et sœurs âgés dans le besoin ou en difficulté, comme les malades, les personnes seules, les handicapés...».

    Indulgence aussi pour ceux qui ne peuvent sortir de chez eux

    Le décret du premier des trois tribunaux de la Curie précise également que «s'ils se détachent de tout péché et entendent remplir au plus vite les trois conditions habituelles, les personnes âgées malades, ainsi que celles qui les assistent et toutes celles qui, ne pouvant sortir de chez elles pour une raison grave, s'uniront spirituellement aux fonctions sacrées des Journées Mondiales de la Jeunesse», pourront l'obtenir, «en offrant au Dieu Miséricordieux leurs prières, les peines et les souffrances de leur propre vie, surtout pendant que les différentes célébrations sont retransmises par les médias».

    Afin que «l'opportunité d'atteindre la grâce divine» se réalise plus facilement «à travers la charité pastorale», la pénitencerie apostolique demande «aux prêtres, dotés des facultés appropriées pour entendre les confessions, de se rendre disponibles, avec un esprit prêt et généreux, pour la célébration du sacrement de la pénitence».

    La journée de cette année aura pour thème «Dans la vieillesse, ne m'abandonne pas». Insituée à l'été 2021, cette journée est l'un des fruits de "l'Année Famille Amoris Laetitia" lancée par le Pape en 2021-2022, à l’occasion du 5e anniversaire de la publication de l’exhortation apostolique éponyme.

  • "La" famille ou "les" familles? Débat houleux aux Nations Unies

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    De zenit.org (Iulia Cazan) :

    ONU : Discussion sur « la famille » ou « les familles » Entre droit naturel et idéologies

    26 juillet 2024

    Le débat a opposé les puissants pays occidentaux aux pays traditionnels du Sud. Les pays occidentaux s’opposent aux références à la famille au singulier parce qu’elles reflètent le langage de la Déclaration universelle des droits de l’homme et des traités contraignants sur les droits de l’homme concernant la famille naturelle en tant qu’ « unité naturelle et fondamentale de la société ».

    Center for Family and Human Rights / New York, 21 juillet 2024

    Une simple référence à la « famille » lors d’une négociation de l’ONU cette semaine (15-19 juillet) a déclenché une tempête de critiques de la part des pays occidentaux riches.  Le débat a eu lieu lors des négociations sur un ensemble de documents qui seront présentés lors d’une conférence appelée le Sommet de l’ONU sur l’avenir en septembre prochain. 

    Le débat a opposé les puissants pays occidentaux aux pays traditionnels du Sud La déclaration vise à répondre aux besoins et aux intérêts des générations futures, mais mentionner le rôle de la famille dans les limites du document s’avère être une tâche ardue. 

    Après les premières consultations, les États membres traditionnels et les organisations pro-famille ont mis en doute la crédibilité d’un document sur les générations futures qui ne parle pas de la cellule familiale. Sous la pression, les négociateurs principaux de la Jamaïque et des Pays-Bas ont ajouté une formulation reconnaissant « le rôle des familles en tant que contributeurs au développement durable ».

    Cette simple référence a déclenché un débat intense. Une grande partie du débat a porté sur la façon dont chaque partie considérait la famille au singulier ou au pluriel. Le délégué du Royaume-Uni a déclaré qu’il préférait supprimer complètement le paragraphe sur la famille, mais a insisté sur le fait que, s’il devait être maintenu, la version plurielle de « familles » était le seul format acceptable. 

    Pour le Mexique, le maintien du pluriel « familles » est important car il reconnaît que toutes les structures familiales « sont valables et soutenues [ce qui] est crucial pour favoriser des sociétés inclusives ». 

    La Suisse a déclaré qu’elle avait « encore quelques problèmes avec la référence à la famille » en raison des « inégalités au sein des familles [qui] affectent le bien-être des femmes et conduisent à la violence contre les femmes et les filles » et qu’elle ne pouvait accepter la référence que si elle était maintenue dans la version plurielle de « familles » et si des termes étaient ajoutés pour garantir la protection des droits des femmes. Les États-Unis, le Canada et l’Ukraine ont soutenu la suggestion suisse. Se joignant aux autres déclarations contre la référence à la « famille », un délégué ukrainien a suggéré que le terme était trop vague : « Nous ne pouvons pas parler de concepts. Nous essayons de trouver des solutions pour les générations futures. 

    Les pays occidentaux s’opposent à la référence à la famille au singulier

    Les pays occidentaux s’opposent à la référence à la famille au singulier parce qu’elle reflète le langage de la Déclaration universelle des droits de l’homme et des traités contraignants sur les droits de l’homme concernant la famille naturelle comme « l’élément naturel et fondamental de la société », qui se forme lorsqu’un homme et une femme choisissent librement de se marier et de fonder une famille. Les pays progressistes considèrent que cette terminologie est dépassée et qu’elle n’englobe pas les « différentes formes de famille », y compris les unions entre personnes de même sexe.

    L’Egypte, la Russie, la Syrie, l’Iran, le Cameroun, le Pakistan, le Saint-Siège, l’Algérie, le Sénégal et l’Arabie Saoudite ont défendu le langage familial du droit international. 

    La Russie a déclaré qu’« il serait préférable de mettre le mot familles au singulier, comme “la famille” », défendant son rôle en tant qu’environnement sûr où les gens sont pris en charge. « Il ne s’agit pas de différents types de familles », a poursuivi le délégué. Un délégué syrien a soutenu que le terme « la famille » se réfère à « la famille que nous connaissons tous ». Il a insisté : « Je ne pense pas que nous devions faire des compromis pour conserver la famille parce qu’elle existe depuis plus de 75 ans et que, même en tant que concept, la famille est celle que nous avons toujours soutenue ». 

    Bien que le texte soit encore en cours de négociation, les deux co-facilitateurs, la Jamaïque et les Pays-Bas, ont déclaré qu’ils espéraient parvenir à une version finale du texte sur laquelle les États membres pourraient se mettre d’accord.

    ONU : Discussion sur « la famille » ou « les familles » | ZENIT - Français

  • Le cardinal Zuppi cautionne la "famille" queer

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    De Luisella Scrosati sur la NBQ :

    Zuppi, le cardinal queer

    Au festival du film de Giffoni, dédié aux enfants et aux jeunes, le président des évêques italiens exalte la famille queer à la Michela Murgia, une sorte de « communauté » où tous les rôles familiaux sont déconstruits, dans le but avoué de détruire la famille naturelle. Des affirmations très graves, dont les cardinaux devraient au moins tenir compte lors du prochain Conclave.

    25_07_2024

    « Il faut comprendre ce que signifie, à mon avis, le mot « queer ». Une personne qui s'appelait Michela et dont le nom de famille était Murgia me l'a expliqué. Elle m'a parlé des enfants qu'elle avait, avec lesquels elle n'avait aucun lien de sang. Elle a épousé un homme parce qu'elle l'aimait et pour pouvoir continuer à avoir ce lien avec ces enfants. Je pense que nous devrions tous apprendre cela, qu'un lien peut exister sans qu'il y ait nécessairement une implication juridique. L'important, c'est de s'aimer ». C'est ce qu'a déclaré un homme qui s'appelle Matteo et dont le nom de famille est Zuppi, archevêque de Bologne, cardinal de la Sainte Église romaine et président de la Conférence épiscopale italienne.

    S'exprimant lors du festival du film de Giffoni (festival du film pour les enfants et les jeunes), actuellement en cours, le cardinal a montré d'autres développements de son "qualunquisme doctrinal" bien connu. Que l'important soit de « s'aimer » est une affirmation qui est aujourd'hui sur toutes les lèvres et qui fait consensus dans tous les coins de la planète : il suffit de ne donner aucun contenu à l'expression et de laisser chacun la remplir avec le contenu qu'il préfère : de la femme qui avorte un enfant malformé pour ne pas souffrir dans sa vie, à Cappato qui aide les autres à mourir librement et sans douleur, au pédophile qui a une relation « consensuelle » avec une mineure.

    Aujourd'hui, Zuppi explique que même la « famille queer » n'est rien d'autre qu'une de ces variantes de « s'aimer les uns les autres » et il l'a compris grâce au célèbre écrivain parfaitement mainstream décédé il y a un an. Pour comprendre la gravité des affirmations du cardinal, il faut rappeler ce que Murgia a "créé". Mariée en 2010 à Manuel Persico, un informaticien de Bergame, elle s'est séparée de lui quatre ans plus tard, expliquant sa décision comme suit : « Je n'ai jamais cru au couple, j'ai toujours considéré qu'il s'agissait d'une relation insuffisante. J'ai quitté un homme après qu'il m'a dit qu'il rêvait de vieillir avec moi en Suisse dans une villa au bord du lac. Une perspective affreuse ».

    D'où la naissance de la « famille queer » : quatre « enfants de l'âme », comme elle les appelle, dont on ne sait pas grand-chose sur leur origine ; seule certitude : ce ne sont pas ses enfants. Le premier, Raphaël Louis, dont on sait davantage, est un « enfant partagé » avec sa vraie mère, Claudia, avec laquelle Murgia prétendait former un couple homogène : « Comment se fait-il que nous soyons devenues mères ensemble ? Raphaël l'a fait à l'âge de neuf ans, en me prenant la main le soir même où je l'ai vu pour la première fois et en me disant : « Je ne veux pas que tu t'en ailles un jour (...). Au cours des douze années suivantes, j'ai divorcé, elle s'est mariée, nous avons vécu beaucoup de choses ensemble, mais une chose n'a jamais changé : nous sommes restées les mères de Raphaël (voir ici). Puis la présence d'un homme, l'acteur et metteur en scène Lorenzo Terenzi, de seize ans son cadet, que Murgia a épousé civilement « à l'insu de son plein gré » peu avant sa mort, faute d'autres instruments juridiques pour garantir les droits réciproques.

    La « famille queer » de Murgia est par essence une communauté, dans laquelle il n'y a pas de rôles, méprisés comme des masques qui gâcheraient l'« élection de l'amour ». « Dans la famille queer où je vis, il n'y a personne qui n'ait pas entendu, au fil des ans, le terme de marié/épouse », avait expliqué l'écrivaine. Fils, marié, mère, père : des termes totalement liquéfiés qui ne signifient plus rien : « Dans cette famille, tout a changé, les rôles tournent. Dans la famille traditionnelle, ce n'est pas le cas, car c'est le sang qui les détermine. Un père est toujours un père. Et parfois, c'est une condamnation à vie. Tant pour le père que pour les enfants » (voir ici).

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  • La tyrannie de la fécondation in vitro

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    De sur le CWR :

    La tyrannie de la fécondation in vitro

    Les parents FIV font dépendre la vie de leur enfant de leurs désirs, de leur volonté et donc de leur pouvoir. Ce pouvoir leur donne la propriété de leur produit, créant ainsi une relation criblée d'inégalités flagrantes.

    Le Dr René Frydman est surtout connu des Français comme le « père médical » de leur premier bébé issu d’une fécondation in vitro (1982). Les chercheurs médicaux, quant à eux, le louent pour ses quatre décennies de travail de pionnier dans les technologies de reproduction avancées.

    Pourtant, dans son récent livre,  La Tyrannie de  la Reproduction , la  passion universelle de Frydman pour les techniques de reproduction a implosé. Il a  stupéfié de nombreux spécialistes de la fertilité en exprimant un profond malaise face à ce qu'il a appelé les « conséquences sociales » dégénérées engendrées par la FIV.

    Dans une récente interview au  Figaro , Frydman  a défini sa préoccupation principale : la dégénérescence du désir d’enfant chez les couples ayant recours à la FIV. Il a raconté comment, au cours des quatre dernières décennies, il a vu ce désir se transformer d’un désir ou d’un souhait normal – qu’il a « défendu toute [sa] vie » – en une attitude tyrannique : « nous  obtiendrons  un bébé par tous les moyens, à n’importe quel prix ». Frydman est donc profondément perturbé par une scène qu’il voit partout. De plus en plus de couples se présentent régulièrement dans les cliniques de fertilité avec une double attitude combative : « nous avons le droit d’avoir un bébé » et « vous allez nous aider à obtenir ce bébé, quoi qu’il arrive ! »

    Cette analyse tente, d’abord, de justifier l’observation de Frydman concernant la corruption du désir d’un couple FIV d’avoir un bébé en mettant en avant son fondement psychologique et moral et, ensuite, de démontrer le lien entre ce désir déraillé et l’immoralité intrinsèque – c’est-à-dire l’injustice – de la FIV.

    Première partie : La distinction d'Aristote

    Dans un passage important de  Donum Vitae , 4  l'Église juxtapose la distinction morale entre le désir respectif d'un bébé qui caractérise un couple NaPro et un couple FIV :

    Dans son origine unique et irremplaçable,  l'enfant doit être respecté et reconnu comme égal en dignité personnelle à ceux qui lui donnent la vie . La personne humaine doit être  acceptée dans l'acte d'union et d'amour de ses parents . . . . En réalité, l'origine d'une personne humaine est le résultat d'  un acte de don . L'enfant conçu doit être le fruit de l'amour de ses parents.  Il ne peut être désiré ou conçu comme le produit d'une intervention de techniques médicales ou biologiques. 5  (c'est moi qui souligne). 

    Les questions évoquées par ce passage méritent une réflexion approfondie :

    (1) Pourquoi, précisément, l'Église insiste-t-elle sur le fait que la naissance d'un enfant dans le cadre de l'acte conjugal est le seul moyen pour les parents désireux d'avoir un enfant de reconnaître et de respecter l'enfant comme quelqu'un « d'égal en dignité personnelle » à eux ? Et,

    (2) Comment, concrètement, le désir des parents FIV d'avoir un enfant peut-il être contrarié par le recours à une production technique qui nie à leur égard la dignité et l'égalité personnelle de l'enfant ?

    Nous pouvons commencer à formuler une réponse en réfléchissant à ce que veut dire un couple infertile lorsqu’il dit : « Si seulement nous pouvions avoir un bébé ! » ou « Nous voulons vraiment un bébé ! » Tout le monde conviendra que de telles déclarations expriment un désir légitime puisque, toutes choses étant égales par ailleurs, il est préférable pour un couple d’avoir des enfants que de ne pas en avoir. Et la plupart des gens reconnaissent par expérience que le désir d’avoir un bébé est parfaitement naturel. C’est la preuve vivante, en fait, que l’Église a raison d’insister sur le fait que l’amour conjugal atteint sa perfection en donnant la vie.

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  • Nous avons besoin de Jean-Paul II

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    Du sur The Catholic Thing :

    Jean Paul Qui ?

    DIMANCHE 7 JUILLET 2024

    En mai dernier, ma nièce a obtenu son diplôme d’études secondaires. Elle est née en 2005, l’année de la mort du pape Jean-Paul II. Il est étrange de penser qu’elle est née trois mois après l’entrée du grand saint dans l’éternité. Cela fait-il vraiment si longtemps ? Une génération de jeunes – un groupe démographique tant aimé par Jean-Paul II – aurait-elle vraiment pu grandir sans sa présence papale ?

    Ces questions soulèvent d’autres plus vastes.

    J'ai demandé à ma nièce ce qu'il en était du témoignage de « Jean-Paul II ». Elle m'a répondu innocemment : « Jean-Paul Qui ? » Cette jeune femme n'a jamais connu de son vivant cette figure imposante du pape, mais on ne lui a jamais parlé de lui ni enseigné son existence (à part quelques passages de son oncle prêtre) en tant qu'enseignant et saint.

    Qu'est-il arrivé à l'héritage du pape saint Jean-Paul II ? Avons-nous vraiment laissé un témoignage aussi solide et vivant de notre foi disparaître de la mémoire vivante ? La laïcité ronge la crédibilité de l'Église et sape son influence pour convaincre l'humanité d'accepter l'Évangile. Et sommes-nous vraiment en train de jeter au rebut la vie d'un saint qui pourrait contrer les efforts laïcistes et montrer la beauté et la liberté d'une vie vécue abondamment en Jésus-Christ ?

    Cette tendance est cannibale et contraire à l’appel à enseigner toutes les nations. À la lumière de la Grande Mission, il semble insensé de rejeter toute ressource qui pourrait permettre à l’Église d’être entendue et de lui permettre d’annoncer l’Évangile et d’orienter l’humanité vers le salut en Jésus-Christ.

    Depuis les tranchées de l’évangélisation, nous devons donc poser la question honnête : la disparition de l’héritage de Jean-Paul II est-elle un acte d’omission ou de commission ?

    Est-il possible que nous puissions permettre que le témoignage d’un grand saint – dont nous avons tant besoin aujourd’hui – soit volontairement terni par des luttes intestines ecclésiales et des désaccords sur les approches pastorales ? Est-il possible que la jalousie ou un esprit d’intimidation à l’ombre de l’héritage plus grand que nature de Jean-Paul II soit également un facteur dans la négligence volontaire à promouvoir et à mettre en valeur la vie et le patrimoine de ce grand saint ?

    À une époque où la liberté a oublié la vérité et où l'amour a été redéfini pour contourner la bonté, nous avons besoin des enseignements habiles d'un croyant qui a vécu et a su naviguer sous des régimes et des idéologies qui manipulaient le langage, dégradaient l'identité spirituelle de l'humanité et cherchaient à nous convaincre que la vie n'est qu'une affaire d'utilité, de plaisir ou de pouvoir. Nous avons besoin de connaître le rapport entre la foi et la raison, la splendeur de la vérité, la théologie du corps et la catéchèse de la charité que Jean-Paul II croyait et enseignait si clairement.

    Jean-Paul II par Zbigniewa Kotyłły, 2012 [Église du séminaire de Lublin, Pologne via Wikipédia]

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  • « Faire » des enfants est-il passé de mode dans « la modernité » ?

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    De gènéthique.org :

    Ces jeunes adultes qui s’infligent la stérilité

    27 juin 2024

    Le recours à la stérilisation (vasectomie et ligatures des trompes) est en hausse (cf. France : les vasectomies ont dépassé les stérilisations féminines). Cette augmentation est également observée chez les jeunes [1] qui sont en parallèle incités à donner leurs gamètes (cf. Don de gamètes, contraception : les jeunes ne méritent-ils pas qu’on les prenne au sérieux ? ; L’ABM en campagne pour le don de gamètes)[2]. Christian Flavigny et Michèle Fontanon-Missenard, tous deux pédopsychiatres, psychanalystes et directeurs de recherche à l’Institut Thomas More, interrogent ce phénomène et livrent leur analyse pour Gènéthique.

    « Faire » des enfants est-il passé de mode dans « la modernité » ? Une tendance s’affirme de renoncer à jamais à « en avoir », en se soumettant à une stérilisation précoce et irréversible, par ligature des trompes chez les jeunes femmes et vasectomie chez de jeunes hommes. Comment le comprendre ?

    Le refus du maternel sacrificiel

    Un argument invoqué est l’astreinte que la présence de l’enfant impose à la vie des adultes ; et nul doute que s’occuper de ses enfants dévore le temps, au détriment d’autres occupations possibles dans leur vie. La réaction des femmes décrites pas Eve Vaguerlant [3], embarrassées par le rôle maternel consacré à leur enfant qu’elles disent néanmoins aimer, traduit que ce temps consacré à l’épanouissement de leur enfant n’est pas source ressentie d’un épanouissement pour elles.

    Prendraient-elles le contrepied du sort que subissaient les femmes de jadis, que l’on décrit confinées à la tâche éducative de leur progéniture, censées s’y être adonnées plus par devoir que par plaisir ? Les femmes d’aujourd’hui se détourneraient-elles de ce qui est tenu pour un dévouement sacrificiel qu’aurait enduré leurs aïeules, dans le but de préserver la vie professionnelle qu’elles revendiquent accomplie, d’autant que les mesures sociales ne suffiraient pas à concilier leur vie de travail avec une vie de famille ? Ne veulent-elles plus s’imposer une tâche éducative chronophage et épuisante ? Mais quel est le critère d’accomplissement d’une vie : seulement professionnel, amical, amoureux – mais pas familial ?

    Certes si la tâche maternelle n’est perçue que comme une frustration, si elle n’épanouit pas leur vie de femmes devenant mères – comment alors ne pas comprendre ces femmes qui disent aujourd’hui « regretter » d’avoir eu des enfants ou qui prennent des mesures de contraception définitive ? Jugent-elles que l’épanouissement de la vie d’adultes, avec la réussite sociale en ligne de mire et les plaisirs qui vont avec la liberté individuelle, sans responsabilité contraignante, serait entravée par la tâche parentale ?

    Le bonheur et le don

    Ce qui se trouve éludé par cette préoccupation, c’est le bonheur ; le bonheur, contrairement au plaisir qui peut être individuel, est le fruit d’un partage, et plus encore : d’un don. Il ne s’agit pas du cadeau – encore que le cadeau n’ait de saveur que comme intention de donner ; il s’agit plus essentiellement du don fait à autrui de ce dont il est manquant : un don existentiel.

    Le don est un partage, selon deux facettes fondant la relation : donner et recevoir. Le don n’opère que si le donneur reçoit en retour : le donneur donne au receveur ce qui lui est manquant, mais à condition de recevoir de lui ce qu’il donne, dont le donneur est manquant ; cela fonde le lien anthropologique, selon ses deux axes : entre les sexes et entre les générations.

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  • S'autocréer, c'est se déshumaniser

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    De Joel Looper sur First Things :

    S'autocréer, c'est se déshumaniser

    6 . 28 . 24

    Réfléchis", dit mon ami, la voix teintée d'agressivité. "Pourquoi es-tu devenu un homme ? Parce que tu n'avais pas d'autre choix sur le plan social. Ne serait-ce pas mieux si les enfants n'avaient pas de telles contraintes sur ce qu'ils peuvent être ?

    Mon ami (appelons-le Jim) avait un préadolescent qui n'avait pas d'antécédents de dysphorie de genre et qui s'était récemment déclaré non binaire. Jim l'a soutenu, il s'est même montré enthousiaste. Il a raconté son histoire aux médias locaux et a invité les membres de notre petite église à poser des questions et à dialoguer. Je l'ai donc invité chez moi pour en savoir plus et, au moment opportun, lui faire part de mes craintes pour sa famille.  

    C'est sans doute la raison pour laquelle Jim m'a devancé en me demandant pourquoi j'avais choisi et continuais à choisir le sexe masculin. Répondre que, n'ayant pas le pouvoir d'échanger mes gamètes et mon ADN masculins contre des féminins, je n'avais pas le choix aurait été trop rapide pour entrer dans le vif du sujet. J'ai donc détourné la question.

    Le fait d'attendre n'a en rien apaisé la colère de Jim. Pour lui, exprimer ou même laisser entendre qu'il s'inquiétait de ses choix parentaux ou des décisions de son enfant n'était pas acceptable. En exprimant cette inquiétude, ce que j'ai fini par faire de manière plus explicite, j'ai fait de lui et de son enfant des personnes "peu sûres". Il semble, en fait, avoir ressenti ma crainte pour son enfant comme une agression. Notre amitié a pris fin. 

    Je ne doute pas que la motivation de Jim était de protéger sa famille. Mais il avait été séduit par un mouvement de masse à l'échelle de la culture, axé sur "la recherche de la liberté par rapport aux limites naturelles", comme l'a décrit le théologien anglais Oliver O'Donovan dans une série de conférences indispensables, à l'époque où Jim et moi étions encore en couches-culottes. Ce mouvement souhaite se passer de la nature humaine, en particulier en ce qui concerne la différence sexuelle et la sexualité. La nature, après tout, implique une limitation. "Haïr sa propre chair est la limite de l'auto-contradiction à laquelle tend notre liberté", a déclaré M. O'Donovan. "C'est le point où notre affirmation de nous-mêmes contre la nature devient une attaque contre nous-mêmes.

    Heureusement, ces conférences vieilles de quarante ans ont été rééditées en un mince volume qui comprend une nouvelle introduction de Matthew Lee Anderson et une rétrospective d'O'Donovan. Begotten or Made ? reste pertinent pour ses analyses théologiques claires de l'avortement, de la fécondation in vitro (et de l'élimination concomitante des embryons), de la maternité de substitution, de la contraception, du mariage, etc. O'Donovan commence cependant par aborder ce que l'on appelait en 1983 la "chirurgie transsexuelle", un sujet que son public d'origine aurait pu considérer comme une perte de temps, mais qui ne frappera personne de cette façon aujourd'hui.  

    "Le grand défi intellectuel auquel notre époque est confrontée au vu de ces innovations n'est pas de comprendre que ceci ou cela peut ou ne peut pas être fait", écrit O'Donovan, "mais de comprendre ce qui serait fait, si cela devait être fait". Un examen attentif de ce qui était considéré comme la meilleure pratique en matière de traitement de la dysphorie de genre devait clarifier, pour le public de l'époque Thatcher d'O'Donovan, où nous menait la quête de notre culture pour nous débarrasser de nos limites naturelles. De même, le petit enchiridion d'O'Donovan aidera le lecteur d'aujourd'hui à comprendre ce que nous faisons lorsque nous entreprenons des traitements de FIV, utilisons des contraceptifs, recourons à des mères porteuses ou subissons des soins dits "d'affirmation du genre". 

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