D'sur le CWR :
La situation en Syrie « est pire aujourd’hui que sous l’EI »
Beaucoup pensent que les horribles massacres commis par les djihadistes début mars ne sont que le début d’une campagne plus vaste visant à effacer les minorités religieuses et ethniques de Syrie.
Ces paroles glaçantes, résonnant dans une mosquée d'Idlib, province du nord-ouest de la Syrie, ont été prononcées par un dignitaire religieux djihadiste incitant ses fidèles à la violence. Le sermon, filmé et prononcé par un membre de l'équipe des Free Burma Rangers (FBR), une organisation humanitaire confessionnelle de première ligne opérant en Birmanie, en Syrie et en Irak, ne laisse planer aucun doute sur les intentions des récents massacres.
Le djihad et les massacres du 11 mars
« Frappant d'une main de fer, les médias s'en moquent… Les sourires diplomatiques ne servent à rien ; la solution avec eux, c'est le combat », a poursuivi le mollah, appelant au djihad comme seule voie à suivre.
Alors que Hay'at Tahrir al-Sham (HTS), le groupe désormais au pouvoir en Syrie, affirme avoir pris ses distances avec son passé extrémiste, la réalité sur le terrain révèle une tout autre réalité. Le ciblage systématique des minorités, les massacres et le déplacement forcé de communautés entières montrent clairement que l'extrémisme religieux reste profondément ancré dans le nouveau régime.
Idlib est depuis longtemps un bastion du HTC et d'autres factions islamistes, constituant le principal centre d'activité djihadiste dans le pays. C'est depuis Idlib que l'idéologie extrémiste et les appels à la violence se sont fréquemment propagés, ce qui signifie que ce sermon a probablement contribué à inciter aux massacres qui ont suivi.
Entre le 9 et le 11 mars 2025, un massacre brutal a éclaté dans les régions côtières syriennes de Lattaquié et de Tartous, au cours duquel des communautés alaouites entières ont été exterminées. Selon des groupes de défense des droits humains, 132 civils alaouites ont été tués en une seule journée, portant le bilan total à plus de 1 225 morts. Des rapports de l'ONU et des témoignages confirment que des familles entières – hommes, femmes et enfants – ont été exécutées à leur domicile, certains témoins suggérant que le nombre réel de victimes est bien plus élevé.
Les rapports officiels indiquent que les attaques ont été menées par une coalition d'insurgés anti-gouvernementaux dirigée par HTS, dont les racines remontent à l'ancienne filiale d'Al-Qaïda, Jabhat al-Nusra.
Le HTS est dirigé par Abou Mohammed al-Jolani, anciennement connu sous le nom d'Ahmad Hussein al-Shara. Aux côtés du HTS, des factions de l'Armée nationale syrienne (ANS), issues de milices islamistes comme Ahrar al-Sham, ont également participé aux violences. Se revendiquant désormais comme le gouvernement de facto de la Syrie après l'éviction du président Bachar al-Assad, le HTS a tenté de se présenter comme une autorité gouvernementale légitime.
Tant dans ses messages internes que dans ses actions internationales, il s'est engagé à faire respecter la loi, à garantir la sécurité et à protéger les minorités religieuses et ethniques. Pourtant, les massacres de Lattaquié et de Tartous, ainsi que les appels ouverts au djihad, révèlent la vacuité de ces promesses.