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Culture - Page 118

  • Un écrivain catholique parmi les Immortels

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    De C.P sur InfoChretienne.com :

    L’écrivain catholique François Sureau élu à l’Académie française

    François Sureau le haut-fonctionnaire devenu avocat et écrivain a été élu au premier tour au fauteuil de Max Gallo à l’Académie française.

    Ce jeudi 15 octobre, l’écrivain et avocat, François Sureau, rejoint les immortels de l’Académie française.

    Célèbre pour son attachement à la liberté et pour avoir publié une vingtaine de romans, il avait obtenu le grand prix du roman de l’Académie française en 1991 pour L’Infortune, publié chez Gallimard.

    François Sureau est également connu pour être un fervent catholique, en mai 2020, il n’avait pas hésité à affirmer son attachement à la religion dans un entretien publié dans Le Monde :

    « Je suis extrêmement attaché à la religion catholique. Elle nous donne comme maître quelqu’un qui a échoué sur la Terre, qui n’a pas voulu exercer le pouvoir, qui s’est trouvé environné de filles perdues, de soldats paumés, de percepteurs, et qui a choisi pour lui succéder un imbécile qui ne brillait pas par le courage, saint Pierre. Il n’y a rien au monde de plus encourageant. »

    L’homme de lettres français a été élu au premier tour au fauteuil de Max Gallo, le numéro 24, vacant depuis le 20 février 2020.

    La nouvelle annoncée aujourd’hui est déjà célébrée sur les réseaux sociaux.

    La directrice de Franceinter, Laurence Bloch, s’est notamment exprimée sur Twitter à propos de cette élection « tellement juste et réjouissante ».

    C’est également le cas de la librairie chrétienne, La Procure, qui a félicité François Sureau, »un écrivain très apprécié », sur le compte Twitter de la chaine de magasins.

     

  • KTO: saint Augustin, parcours d'un berbère romain

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    Eléonore  de Vulpillières a publié, sur ce thème un large commentaire à découvrir sur le site web « Aleteia » : Ref. Sur les traces de saint Augustin, le théologien berbère et romain

    JPSC

  • Chine : le clergé catholique de plus en plus soumis à une éducation patriotique

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    De ZHENG JIE sur Bitter Winter :

    Le clergé catholique de plus en plus soumis à une éducation patriotique

    13 octobre 2020

    Le PCC fait pression sur les prêtres et les religieuses catholiques pour qu'ils participent à des activités d'endoctrinement, comme des visites de sites du patrimoine révolutionnaire ou des cours sur l'éducation patriotique.

    Le 1er octobre, jour du 71e anniversaire de la fondation de la République populaire de Chine, des prêtres et des religieuses catholiques de la ville de Xuzhou, dans la province orientale du Jiangsu, ont dû assister à une manifestation commémorative à la base d'éducation révolutionnaire de Taierzhuang, dans la province voisine du Shandong. Selon un portail d'information local, les participants ont visité le site de la bataille de Taierzhuang - la première grande victoire chinoise dans la seconde guerre sino-japonaise en 1938 - et ont "rendu hommage aux statues de bronze des martyrs révolutionnaires". Ils ont également exprimé "leur détermination à hériter de l'héritage des martyrs révolutionnaires" et "à aimer le pays et la religion, en gardant pour objectif de siniser le catholicisme et de mettre en œuvre les valeurs socialistes fondamentales". Les responsables du Bureau des affaires ethniques et religieuses ont demandé aux prêtres d'intégrer leurs expériences pendant l'événement dans leurs futurs sermons "pour prêcher l'énergie positive du patriotisme de manière proactive".

    CPCA officials and Catholics from the Xiaoshan district of Zhejiang’s Hangzhou city visit the Taierzhuang Battle Memorial Hall.

    Des responsables du CPCA et des catholiques du district de Xiaoshan, dans la ville de Hangzhou, au Zhejiang, visitent la salle commémorative de la bataille de Taierzhuang.

    Selon le Bureau des affaires ethniques et religieuses de Zhengzhou, capitale de la province centrale du Henan, plus de 20 membres de l'Association catholique patriotique chinoise (CPCA) et de la Commission administrative nationale de l'Église catholique chinoise (NACCCC), dont des membres du clergé, ont fait un voyage dans les "points rouges du patrimoine" avant le 1er octobre. L'un des lieux visités était le canal du drapeau rouge à l'extérieur de la ville de Linzhou, un projet d'irrigation lancé lors de la campagne du Grand Bond en avant de Mao Zedong à la fin des années 1950-début des années 1960.

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  • "L'habit ne fait pas le moine" mais...

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    De Denis Crouan sur le site ProLiturgia.org :

    Le concile de Trente a déclaré : « Bien que l’habit ne rende pas l’homme plus religieux, il est toutefois nécessaire que les clercs portent toujours une tenue qui convienne à leur propre état. » (cf. Session XIV, chap. 6)
    Le dicton populaire dit que l’habit ne fait pas le moine. Autrement dit que la tenue vestimentaire d’une personne n’a pas grande importance dans la mesure où elle n’est pas un indicateur des dispositions intérieures de la personne en question. Ce n’est pourtant pas totalement exact. D’ailleurs les Allemands disent « Kleider machen Leute », ce qui peut se traduire en français par l’habit « fait l’homme ». Cette expression signifie que l’aspect extérieur d’une personne, ses habits, influencent l’image qu’elle veut donner d’elle et qu’on lui donne. L’expression française « l’habit ne fait pas le moine » pose le même constat tout en mettant l’accent sur le fait que l’apparence extérieure peut être trompeuse.

    Si le concile de Trente insiste sur la nécessité pour les clercs de porter une tenue « convenable » (qui « convient »), c’est parce que les vêtements que nous portons nous imposent une certaine attitude et, d’une manière certaine structurent nos comportements : ils aident à faire du clerc ce qu’il ce qu’il est ou du moins s’efforce d’être.

    Ce que nous portons - et que nous devons apprendre à porter correctement, dignement - nous forme. Le mot « habitude » et le mot « habit » ont d’ailleurs une origine commune. Aristote nous apprend que les vertus sont de bonnes habitudes. Or, comme nous ne sommes pas de purs esprits parfaits, nous savons que notre vertu intérieure s’acquiert par nos actions extérieures : celui qui désire être généreux doit commencer par accomplir des actions généreuses. S’il persiste à accomplir des actions généreuses, la générosité commencera à grandir dans son cœur : il deviendra « naturellement » généreux et finira par aimer faire des actions généreuses.

    Ainsi l’extérieur visible forme-t-il l’intime invisible. Le clerc devient véritablement ministre de l’Église du Seigneur par l’habitude de toujours porter un vêtement religieux et non des vêtements fantaisistes comme par exemple ces chemises à col romain noires, grises, bleues, blanches qui montrent une persistance, chez certains clercs, à vouloir afficher une originalité qui n’est pas toujours du meilleur goût.

    En septembre 1982, le pape Jean-Paul II écrivait au cardinal vicaire de Rome : « Envoyés par le Christ pour l’annonce de l’Évangile, nous avons un message à transmettre qui s’exprime soit par les paroles soit aussi par les signes extérieurs, surtout dans le monde d’aujourd’hui qui se montre si sensible au langage des images. L’habit ecclésiastique (...) a une signification particulière : pour le prêtre diocésain, il a principalement le caractère de signe qui le distingue du milieu séculier dans lequel il vit (...). En conséquence, l’habit est utile et convient aux fins de l’évangélisation ; il amène à réfléchir sur la réalité que nous représentons dans le monde et sur la primauté des valeurs spirituelles que nous affirmons dans l’existence de l’homme. Par le moyen de ce signe, il devient plus facile aux autres personnes d’arriver au Mystère dont nous sommes porteurs, à Celui auquel nous appartenons et que nous voulons annoncer avec tout notre être. »

    Beaucoup de tentations et de faux-pas sont évités par le prêtre qui porte l’habit ecclésiastique : il n’a déjà pas à penser à la tenue qu’il devra porter, à la cravate qu’il choisira de mettre ou de ne pas mettre, à l’harmonie des pièces vestimentaires qui le feront passer pour un vieux garçon un peu négligé ou pour un « cadre légèrement supérieur » (cf. André Frossard) ; il sera moins tenté par le « paraître » et ses paroles comme ses gestes seront comme canalisés par l’habit. Et s’il ne se sent pas à sa place quelque part, son habit lui rappellera utilement qu’il ne devrait pas être là où il se trouve. En ce sens, l’habit porté par le clerc est aussi pour lui-même un bon outil de discernement.

  • RTB(F) : une politisation inscrite dans les gènes de la radio-télévision de service public

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    De Paul Vaute sur le blog "Le Passé belge" :

    Service public et militantisme à la RTB(F)

    La politisation était inscrite dans les gènes de la radio-télévision de service public. Le pluralisme y a consisté en un partage d’influences entre les partis. Quand ceux-ci ont perdu un peu de leur emprise sur l’information, ce fut au profit d’un certain vent soixante-huitard , qui a soufflé sur tous les médias (1960-1977)

     L’épisode est resté célèbre. Le 26 mars 1955, une manifestation interdite a été néanmoins organisée pour la défense de l’enseignement catholique contre les projets scolaires portés par le ministre socialiste Léo Collard. Alors que 100.000 personnes défilent dans les rues de Bruxelles, l’INR, ancêtre de la RTBF et de la VRT, est sommée par le cabinet de l’Intérieur de diffuser à plusieurs reprises, notamment au journal parlé de 13 heures, un communiqué ministériel affirmant « qu’il n’y a pas eu de manifestation à Bruxelles » ! L’incident donnera lieu à plusieurs interpellations parlementaires.

       Ce n’est pas la première fois que la question de l’influence du politique sur le secteur audiovisuel est posée en Belgique. Et elle va rebondir souvent, jusqu’à nos jours inclus. Les travaux de Jean-Claude Burgelman (Vrije Universiteit Brussel) ont montré l’ampleur de ladite influence, même si elle ne fut pas la seule à s’exercer. Flore Plisnier, archiviste aux Archives générales du Royaume, traite en profondeur des problèmes du pluralisme, de l’autonomie et de la tutelle dans un ouvrage issu de sa thèse de doctorat, défendue en 2017 à l’Université libre de Bruxelles [1]. La chercheuse a elle-même inventorié les sources en provenance de la place Flagey ou du boulevard Reyers. Son étude s’étend plus précisément sur les années RTB (après l’INR et avant la RTBF), soit de 1960 à 1977.

    Lire la suite sur "Le Passé belge"... mais retenons déjà la conclusion de cette étude :

    Le paysage a-t-il changé depuis ? En partie oui, l’extrême gauche ayant perdu une grande partie du terrain. Demeure en revanche une doxa très largement socialisante, écologisante, laïciste, libertaire… qui ne singularise d’ailleurs pas la seule RTBF. Selon la dernière enquête nationale sur les journalistes belges, menée par des chercheurs des Universités de Bruxelles, Mons et Gand, la majorité d’entre eux, exactement 58,4 %, se positionnent à gauche de l’échiquier politique, contre seulement 26 % au centre et 15,6 % à droite. On ne relève pas de différences sur ce plan entre Flamands et francophones. Une autre étude, menée en 2013, allait plus loin encore, concluant que 80 % des journalistes belges se réclament de la gauche. Pour expliquer ces proportions, qui ne reflètent absolument pas les rapports de force existant au sein de l’électorat ou de la population en général, il faudrait au moins une autre thèse de doctorat.

  • Mexique : le président suggère au pape de demander pardon pour les crimes de la colonisation

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    De CARMEN MORÁN BREÑA sur le site du journal El Pais :

    M. López Obrador réitère dans une lettre au Pape que l'Église doit demander pardon pour les abus de la conquête

    L'épouse du président, Beatriz Gutiérrez, rencontre François au Vatican pour demander le prêt d'anciens codices mexicains pour les anniversaires patriotiques de 2021

    10 OCT 2020

    Andrés Manuel López Obrador a insisté, dans une lettre adressée au Pape Francisco, sur la pertinence pour l'Eglise de demander pardon pour les abus commis il y a 500 ans, lorsque les Espagnols ont conquis des terres américaines. Le président mexicain veut que la croix et l'épée de cette époque soient aujourd'hui l'objet d'une demande publique de pardon, grâce à laquelle il dit qu'on marchera vers la réconciliation. L'épouse du président, Beatriz Gutiérrez Müller, en visite en Europe pour demander des prêts culturels afin de célébrer la commémoration de cet événement historique et l'indépendance du Mexique en 2021, a été chargée de remettre la lettre au pape, avec lequel elle s'est entretenue au Vatican, comme l'exige le protocole, vêtue de noir et portant un voile de la même couleur.

    Dans la lettre, Lopez Obrador fait remarquer à François qu'il convient de demander pardon pour ces "atrocités honteuses" subies par les peuples indigènes, le pillage de leurs biens et de leurs terres et leur soumission culturelle et religieuse, "de la conquête au passé récent". "Je saisis cette occasion pour insister sur le fait qu'à l'occasion de ces événements, tant l'Église catholique que la monarchie espagnole et l'État mexicain doivent présenter des excuses publiques aux peuples d'origine".

    Le président adoucit ce qui peut être dur à avaler pour le pape, surtout lorsque la visite au Vatican est pour lui demander une faveur, et lui rappelle à quel point cet "acte d'humilité" peut être bénéfique : "Ce serait une grande chose pour l'Eglise catholique de justifier l'acte historique du Père de notre pays", Miguel Hidalgo y Costilla, le prêtre qui a mené la révolution mexicaine. "Ne pensez-vous pas qu'au lieu d'affecter l'Eglise catholique, une référence en son honneur à Hidalgo y Morelos l'exalterait et ferait le bonheur de la majorité des Mexicains ? Quelques lignes plus haut, la lettre rappelle que ce sont deux prêtres, Hidalgo et Javier Morelos y Pavón, qui ont pris les armes pour initier l'indépendance du Mexique. Beatriz Gutiérrez Müller a également remercié "Sa Sainteté" de l'avoir reçu et de pouvoir parler "des problèmes de notre temps, mais aussi des solutions".

    Le but de la visite de l'épouse du président est d'emprunter des codex et des pièces archéologiques pour les exposer au Mexique l'année prochaine pour la prochaine commémoration : 500 ans de la conquête et de la colonisation par les Espagnols et 200 ans de la révolution mexicaine contre le dictateur Porfirio Díaz. De nombreux trésors anciens du Mexique sont dispersés dans les musées du monde entier. C'est le cas de certaines pièces archéologiques qui ont été demandées à la France, de quelques codices des peuples originaux conservés en Italie et des codices qui sont maintenant empruntés au Vatican. La femme de López Obrador s'arrêtera également en Allemagne et en Autriche, où se trouve la fameuse plume que Moctezuma a donnée à Hernán Cortés en guise de preuve d'amitié. Son état est si délicat qu'il sera vain de demander son transfert.

    Le Vatican est notamment sollicité pour le Codex Vaticanus de la culture Nahuatl, le Codex Rios de la culture Toltecachochimeca et une carte de Tenochtitlan, l'actuel Mexique, dont la fondation sera célébrée il y a 700 ans.

    Il y a cinq ans, Lopez Obrador a salué personnellement le Pape à Rome et lui a également remis une lettre dans laquelle il exprimait son admiration pour le travail pastoral de François en faveur des pauvres et des humiliés du monde. Dans cette nouvelle lettre, il se souvient de lui et lui dit que son respect pour "ses idées et son comportement cohérent avec elles" reste intact, "en tant que chef religieux et chef d'État".

  • Carlo Acutis : la figure d'un saint qui convainc et fascine

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    Du site de la Nuova Bussola Quotidiana :

    RITE DE BÉATIFICATION

    Acutis, à travers le nouveau Bienheureux, une Eglise qui attire

    12-10-2020

    Un type simple, gentil et normal. Mais aussi : amoureux exceptionnel de l'Eucharistie et dévoué à la Vierge. Génie de l'Internet et partisan des principes chrétiens, sans compromis. Du profil que le cardinal Agostino Vallini a tracé du nouveau bienheureux Carlo Acutis, se dégage toute la beauté d'une Église ancienne et toujours nouvelle. Capable plus que jamais d'attirer, car gouvernée par le seul Seigneur de l'Histoire : Jésus-Christ.

    Nous reproduisons le texte de l'homélie que le cardinal Agostino Vallini a prononcée le samedi 10 octobre lors de la Sainte Messe de béatification de Carlo Acutis, dans la Basilique supérieure de Saint François à Assise. Des mots qui esquissent la figure d'un saint qui convainc et fascine, parce que tout entier tourné vers le Christ et en même temps parfaitement capable de dialoguer avec les gens de notre temps. Le nouveau bienheureux montre à l'Église que l'Évangile est vivant dans la chair de ses enfants et l'Église, par le nouveau bienheureux, montre à ses enfants que seul Dieu tient son destin ultime entre ses mains.

    *******

    "Celui qui demeure en moi et moi en lui porte beaucoup de fruits, car sans moi vous ne pouvez rien faire." (Jean 15:5)

    (...) Aujourd'hui, nous sommes particulièrement attirés et en admiration face à la vie et au témoignage de Carlo Acutis, que l'Église reconnaît comme un modèle et un exemple de vie chrétienne, en le proposant tout particulièrement aux jeunes. On se demande, bien sûr, ce que ce jeune homme de seulement quinze ans avait de si spécial ?

    En parcourant sa biographie, nous trouvons quelques repères qui le caractérisent déjà humainement.

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  • Considérer la science comme l’unique source de vérité revient à lui confier un job qui n’est pas le sien

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    Une chronique de Laura Rizzerio, professeure de philosophie à l’UNamur, parue sur la Libre dans la rubrique "opinions" :

    La grandeur de la science c’est qu’elle n’explique pas tout

    Contribution externe

    Si la science est essentielle pour donner accès à la connaissance du réel, la considérer comme l’unique source de vérité revient à lui confier un job qui n’est pas le sien.

    Parmi les aphorismes dont on a hérité de la culture médiévale il y a celui-ci : contra factum non valet argumentum (contre un fait il n’y a pas d’argumentation qui vaille). Les médiévaux souhaitaient ainsi rappeler qu’il existe une distance entre les faits et leurs interprétations et qu’il faut attribuer aux premiers une priorité sur les secondes. C’était leur manière de reconnaître la grandeur de la science et de l’homme qui la construit grâce aux arguments développés par son intelligence. Mais c’était aussi affirmer que le “fait” déborde toujours l’analyse scientifique (les argumenta).

    En cette période où différentes crises – sanitaire, climatique, sociale, politique – se succèdent et s’intensifient mutuellement, ouvrant inlassablement le débat entre citoyens, experts, scientifiques et hommes politiques, cet aphorisme me paraît retrouver son actualité.

    En effet, ce qui frappe dans les débats actuels c’est qu’on utilise souvent des arguments pour contester les faits – pourtant attestés par l’expérience, l’expérimentation et l’accumulation de données scientifiques – non pas en se confrontant à d’autres faits, mais en jugeant les argumentations d’autrui comme erronées simplement à partir de ses propres interprétations. C’est le cas par exemple des débats autour du climat.

    La lutte contre la pandémie n’a fait qu’amplifier le phénomène en suscitant aussi une animosité palpable entre “experts” et décideurs politiques.

    Le vrai scientifique connaît ses limites

    Ces attitudes témoignent d’une difficulté à prendre la science pour ce qu’elle est car, comme le souligne le philosophe Jean-Michel Besnier, s’il y a bien une distinction entre sciences et non-sciences, c’est que “les premières endurent l’épreuve de la réfutation, les secondes s’y soustraient” (Jean-Michel Besnier, “Les théories de la connaissance”, PUF, 2016, p. 57.). Ces attitudes inquiètent aussi, car elles fragilisent la responsabilité individuelle, l’action politique et l’organisation de la société.

    Le philosophe Dominique Lambert décrit la science comme un “ensemble de pratiques théoriques observationnelles et expérimentales visant à maîtriser divers champs de phénomènes” (Dominique Lambert, “Les trois niveaux de l’activité scientifique”, in “Science et Théologie. Les figures d’un dialogue”, Lessius/PUN, 1999, pp. 13-44.). Elle atteint la réalité en nous livrant une connaissance de celle-ci aussi bien au terme d’une reconstruction théorique – par modélisations, formalisations, simulations – qu’au terme d’une procédure empirique, à l’aide de l’expérimentation.

    La science serait donc une discipline apte à dire quelque chose de vrai sur la réalité mais à partir de la méthode qui est la sienne, dans une condition de révision perpétuelle. Cette méthode ouvre à la connaissance du réel au moyen d’une analyse (c’est l’argumentum des médiévaux) qui explique le complexe à partir de l’élémentaire, en “réduisant” méthodologiquement celui-là à celui-ci.

    Or, si telle est la condition de la science, il est alors évident que l’image de la réalité qu’elle nous livre ne peut prétendre épuiser complètement la vérité profonde des faits. La vision “réductionniste” qui caractérise sa méthode conduit inévitablement à mettre entre parenthèses la question du sens, d’une signification qui dépasse le cadre de l’expérimentation et de l’analyse scientifiques. Ce cadre est pourtant essentiel pour expliquer l’agir des êtres humains que nous sommes. Le véritable scientifique en est conscient et ne le nie pas. C’est ainsi que, par exemple, “réduire” la complexité de l’acte humain à des mécanismes moléculaires reviendrait à faire tort à la science ainsi qu’à mépriser l’humanité. Si donc l’expertise scientifique est essentielle pour donner accès à la connaissance du réel (les faits), la considérer comme l’unique source pour dire la vérité de celui-ci et comme le seul guide de notre agir, c’est confier à la science un job qui n’est pas le sien. C’est aussi méconnaître sa grandeur et celle de la liberté humaine.

    La responsabilité d’indiquer comment nous devons agir pour faire face aux crises revient en dernière instance à chacun, et à ceux qui ont la responsabilité de gérer la société, éclairés par l’expertise scientifique, mais pas déterminés par celle-ci.

    Voilà en quoi l’aphorisme médiéval conserve toute son actualité et fait même un clin d’œil, par-delà plusieurs siècles, à notre nouveau gouvernement.

  • 27 octobre : Philo à Bruxelles avec Stéphane Mercier; "L'origine de la connaissance"

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  • Il y a 50 ans, Soljenitsyne recevait le prix Nobel de littérature

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    De Charles-Henri d'Andigné sur le site de l'hebdomadaire Famille Chrétienne :

    Soljenitsyne, prix Nobel en 1970 : la voix des sans-voix

    Nourrie de témoignages d’ex-prisonniers du Goulag en plus de sa propre expérience, l’œuvre de Soljenitsyne eut un impact décisif.

    « Une parole de vérité pèse plus que le monde entier. » Ainsi Soljenitsyne conclut-il son discours de réception du prix Nobel de littérature en 1970. C’est une phrase clé, qui éclaire toute son œuvre. Sa vie durant, l’écrivain russe aura été possédé par un sentiment d’urgence : dire toute la vérité sur le totalitarisme marxiste, sur le matérialisme historique, expliquer, raconter, décrire le drame qu’a connu son pays, et prévenir le reste du monde des dangers mortels que courent les sociétés occidentales devant les idéologies athées qui les minent, notamment le libéralisme sans Dieu.

    D’où une œuvre gigantesque (15 000 pages !), protéiforme, empruntant à tous les genres littéraires, de la nouvelle au roman, de l’essai à la fresque historique, du théâtre à la poésie.

    L’homme qui croit pouvoir se passer de Dieu, il était bien placé pour en parler. Jeune, il s’était laissé séduire intellectuellement par le matérialisme historique, qui a l’avantage de fournir une explication clé en main à tous les événements, à toutes les questions que se posent les hommes.

    Dans Le Premier Cercle (1968), le personnage de Lev Roubine incarne le jeune Soljenitsyne défendant la société « rationnelle », basée sur la science : « La loi historique ! Tout va là où tout doit aller. » Pas besoin de littérature, la science explique tout. Et l’art ? L’art, oui, mais réaliste, objectif… Son arrestation, en 1945, lui dessillera les yeux. Prisonnier pendant huit ans, il découvre la réalité concentrationnaire qu’il décrit de façon saisissante dans Une journée d’Ivan Denissovitch (1962), qui raconte la journée d’un zek (bagnard). Récit imaginaire, mais nourri de son expérience des camps. C’est l’œuvre qui le fera connaître comme écrivain. Il dira dans Le Chêne et le Veau (1975) comment Krouchtchev lui-même autorisa ce livre, croyant y voir une dénonciation du système de Staline, sans s’apercevoir de sa charge explosive.

    Ces années de prison sont fondatrices. Ce sont celles de son retour à la foi orthodoxe, si fondamentale pour lui. Ce sont celles aussi où il forge ses convictions profondes sur l’homme et la société. « L’écrivain que vous avez devant vous, c’est la prison qui l’a fait », dira-t-il à « Apostrophes » en 1975. En outre, La Journée incitera de nombreux ex-prisonniers à lui faire parvenir leur témoignage. Ce sera la matière première de L’Archipel du Goulag. « Mes sources sont des morceaux de fonte d’une très haute qualité, dira-t-il. Je les jette dans ma fournaise intérieure et ils prennent une forme nouvelle. » Il se fait ainsi la voix des sans-voix.

    Écrit clandestinement, L’Archipel paraît en russe en 1973, à Paris, avant d’être traduit dans le monde entier. C’est une véritable bombe, dont l’onde de choc provoque les premières fissures dans le bloc soviétique. Le livre montre de manière limpide que le totalitarisme soviétique n’est pas une déviation, mais qu’il est dans la nature même du communisme léniniste, système gouverné par le mensonge. Ce qui explique l’accueil assez mitigé que l’intelligentsia germanopratine fit à l’auteur…

    ▶︎ À LIRE AUSSI : Soljenitsyne, combattant de la vérité

    Restait à tenter de comprendre la genèse de ce totalitarisme. Ce sera La Roue rouge (1993), grand roman historique de la Révolution russe. Soljenitsyne y emploie la méthode des « nœuds ». Il l’expliquera lui-même à la télévision russe : « Ce sont des segments de temps de deux à trois semaines, là où se passent les événements les plus pittoresques, les causes les plus fondamentales de ces événements. Je décris ces nœuds avec force détails. Et c’est en reliant ces nœuds que je restitue la courbe sinueuse du mouvement révolutionnaire. »

    Comment expliquer l’impact extraordinaire de son œuvre ? D’abord par ses années d’exil : chassé de son pays en 1974, il s’installe en Suisse, voyage en Europe et s’installe aux États-Unis, dans le Vermont, jusqu’en 1994. Autant d’occasions de faire entendre sa voix. Ensuite, et surtout, par son génie d’écrivain. Soljenitsyne est un géant de la littérature, dont le style est l’expression d’une pensée charpentée, de convictions profondément ancrées dans le réel, d’un courage et d’une force d’âme exceptionnels. Héritier de Pouchkine, de Tolstoï, il est comparable à Dante, pour son côté spirituel, à Bernanos, pour son souffle prophétique, à Dostoïevski, pour sa puissance et sa capacité à aller à l’essentiel. Rien de poseur, chez lui, rien de précieux, souligne le romancier Antoine Rault : « Une écriture vive à la Hemingway, teintée d’humour et d’ironie, d’une précision qui s’interdit toute fioriture, toute préciosité, toute emphase, mais surtout d’un souffle qui vous emporte dès la première page, et que complète un sens parfait du dialogue. »

    Russe, Soljenitsyne ? Oui, ô combien. Mais universel.

    Charles-Henri d'Andigné

    (archive 2018)

  • Québec : 26 lieux de culte "requalifiés"

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    De François Gloutnay sur Présence (site canadien d'information religieuse) :

    Des églises bientôt converties en musées, salles de concert et centre des congrès

    Le Conseil du patrimoine religieux du Québec vient de dévoiler la carte interactive des 26 lieux de culte qui recevront cette année une subvention du nouveau programme qu'il gère et qui vise la requalification des lieux de culte patrimoniaux excédentaires. 

    2020-10-06

    Si les résultats des études de faisabilité commandées sont positifs, une vingtaine d'églises du Québec pourraient devenir, dans les prochains mois, sinon les prochaines années, des centres multifonctionnels, un lieu de mise en valeur de la villégiature et de la pêche au saumon, un atelier communautaire artistique, une salle de concert, un musée d'art social et même un centre régional des congrès.

    Le Conseil du patrimoine religieux du Québec vient de dévoiler la carte interactive des 26 lieux de culte qui recevront cette année une subvention du nouveau programme qu'il gère et qui vise la requalification des lieux de culte patrimoniaux excédentaires.

    C'est la ministre de la Culture et des Communications Nathalie Roy qui a annoncé, le jeudi 3 septembre 2020, l'octroi d'une somme de 5 M$ à ce programme afin de «donner une seconde vie à d'anciens lieux de culte et [de] redonner leur accès aux citoyens».

    Les propriétaires de quatre lieux de culte ont ce jour-là appris qu'ils se partageront la moitié de cette somme afin de mener à terme leur projet. Les municipalités de Saint-Ubalde, de Saint-Vallier et de Saint-Mathieu pourront ainsi transformer leur église locale en centre multifonctionnel grâce à des subventions respectives de 540 000 $, 680 000 $ et 561 465 $. De son côté, la Corporation d'innovation et de développement économique des Îles-de-la-Madeleine pourra convertir l'église Saint-André de Cap-aux-Meules en un incubateur d'entreprises grâce à un octroi de 626 812 $.

    Les projets de requalification de vingt-deux lieux de culte ont aussi obtenu des subventions plus modestes (une moyenne de 24 000 $). Les promoteurs de ces projets pourront réaliser des études techniques et se doter d'un plan d’affaires avant d'entreprendre la transformation des lieux de culte qu'ils convoitent.

    La municipalité de Saint-André-d'Argenteuil souhaite, par exemple, transformer l'église anglicane Christ Church en musée. Le Domaine Forget de Charlevoix voudrait de son côté convertir l'église Saint-Irénée en lieu de diffusion et d'enseignement de la musique et de la danse. Quant au Centre d'action bénévole de Port-Cartier, il entend établir ses nouveaux bureaux dans l'église Saint-Alexandre.

    Plusieurs municipalités québécoises ont aussi entrepris des études afin de vérifier combien il leur en coûterait pour transformer l'église locale en bibliothèque ou en salle de spectacle.

    À Percé, les élus municipaux rêvent plutôt d’édifier un Centre des congrès à l’intérieur de l'église Saint-Michel. À Saint-Hyacinthe, le conseil municipal réfléchit à la faisabilité d'un musée d'art social à l'intérieur de l'église Notre-Dame-du-Rosaire. La Corporation du patrimoine religieux de Rivière-du-Loup veut, de son côté, entreprendre des démarches afin de trouver une nouvelle vocation à l'église Saint-François-Xavier, fermée au culte depuis janvier 2020 en raison de problèmes structurels.

  • Une lettre du Pape Benoît XVI à Mgr Léonard

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    Du site "Benoît et moi" :

    Benoît XVI écrit à Mgr Léonard

    Le texte de la lettre qui sert de préface à l’ouvrage collectif offert à l’Archevêque émérite de Malines-Bruxelles par ses anciens étudiants pour ses 80 ans,  « Montrer aux hommes le chemin qui mène au Christ » :

    Le Seigneur vous avait réservé un autre fardeau, plus lourd: porter l’ar­chidiocèse de l’intérieur en souffrant pour l’Église et, à travers le renoncement à la fonction extérieure, travailler de l’intérieur pour l’Église de Belgique, selon la volonté du Seigneur, en offrant votre amour et votre souffrance.

    Lettre de Sa Sainteté le Pape Benoît XVI

    Cité du Vatican, 6 juillet 2018

    Excellence,

    Très cher Monseigneur,

    Lorsque vous célébrerez votre quatre-vingtième anniversaire, je ne serai sans doute plus de ce monde. Voilà pourquoi je profite bien volontiers de la possibilité que m’offrent vos amis de vous écrire dès à présent quelques lignes, qui, dans deux ans, pourront vous exprimer mes voeux les plus cordiaux et, avant tout, ma gratitude pour ce que vous avez représenté pour moi et pour ce que vous avez fait et souffert pour l’Église de Dieu en ces temps troublés.

    Ce doit être en 1983 environ que Mgr Jean Jérôme Hamer o.p., alors archevêque secrétaire de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, attira mon attention sur votre ouvrage philosophique fondamental, « Pensées des hommes et foi en Jésus-Christ », que vous m’aviez aussi fait parvenir: dans l’état de confusion que traversait la philosophie de notre temps, cet ouvrage était devenu pour Mgr Hamer une véritable boussole, montrant comment le regard lumineux de la raison, quand il s’exerce avec toute la vigilance requise, peut nous faire découvrir, même dans le paysage philosophique actuel, le chemin qui mène au Dieu de Jésus-Christ et le chemin de Dieu vers nous. Lorsque bien plus tard, le pape Jean-Paul II m’eut chargé de préparer une encyclique sur la foi et la raison, sur « Fides et ratio », il m’apparut clairement que c’était à vous, en premier lieu, que je devais demander d’y collaborer Malheureusement, cette collaboration devait cesser avant d’avoir vraiment commencé, puisqu’en 1991 le Saint-Père décida de vous nommer évêque de Namur. Vous avez accueilli avec joie ce ministère de pasteur qui devait s’exercer dans une situation difficile, assumant cette fois auprès des gens simples le service que vous aviez rendu auparavant comme professeur: montrer aux hommes ce chemin de vie qu’est celui qui mène au Christ. Bien que vous soyez resté attaché, autant qu’il le fallait, à votre tâche d’enseignant, il était émouvant de voir à quel point les gens simples vous tenaient à cceur et comment ils ont accepté de se laisser conduire par vous.

    Lorsque le cardinal Godfried Danneels se retira, en 2010, vous avez accepté, sans réticence aucune, de prendre sur vous la charge que représen­tait, en notre temps, le gouvernement de l’archidiocèse de Malines-Bruxelles. Mais le Seigneur vous avait réservé un autre fardeau, plus lourd: porter l’ar­chidiocèse de l’intérieur en souffrant pour l’Église et, à travers le renoncement à la fonction extérieure, travailler de l’intérieur pour l’Église de Belgique, selon la volonté du Seigneur, en offrant votre amour et votre souffrance. Pour ce renoncement et l’abnégation qu’il exige, je voudrais vous remercier de tout cœur

    Puisse le Seigneur vous assister chaque jour dans ce service de guide et de chef que vous accomplissez intérieurement, de manière cachée.

    C’est en ce sens que je vous adresse mes voeux les plus cordiaux en ce jour de votre quatre-vingtième anniversaire,

    Bien Vôtre dans le Seigneur,

    6 juillet 2018