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Synode - Page 2

  • L'Assemblée ecclésiale de 2028 : un moment destructeur pour l'Église ?

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    Du sur The Catholic Thing :

    Processus, accompagnement, mise en œuvre : la synodalité pour toujours !

    20 mars 2025

    Le processus incessant du Synode sur la synodalité a pris une tournure nouvelle et inattendue. La « phase de mise en œuvre » actuelle du chemin synodal triennal, suite à la conclusion de l'Assemblée synodale de l'automne dernier à Rome, est devenue la phase préparatoire d'un événement inédit dans l'Église catholique : une « Assemblée ecclésiale ».

    Dans une lettre du 15 mars adressée aux évêques du monde entier, le Secrétariat général du Synode a annoncé qu'il allait désormais « entamer un processus d'accompagnement et d'évaluation de la phase de mise en œuvre » des conclusions du Document final de l'Assemblée synodale par les diocèses du monde entier. « Ce processus culminera avec la célébration d'une assemblée ecclésiale au Vatican en octobre 2028. Pour l'instant, donc, aucun nouveau Synode ne sera convoqué ; l'accent sera plutôt mis sur la consolidation du chemin parcouru jusqu'à présent. »

    Ainsi, le chemin synodal conduit désormais, ironiquement, à l’annulation de la prochaine assemblée synodale, qui sera remplacée par un type d’assemblée nouveau et amélioré qui jugera l’ensemble du processus synodal : « la célébration de l’assemblée ecclésiale d’octobre 2028 sera structurée de manière à offrir des temps adéquats et durables pour la mise en œuvre des indications du Synode, tout en prévoyant également des moments significatifs d’évaluation. »

    Il semble, de manière remarquable, qu’une assemblée synodale en elle-même ne soit pas un moment « adéquat et durable » pour évaluer le travail de mise en œuvre du chemin synodal.

    Naturellement, la question se pose : qu’est-ce qu’une assemblée ecclésiale ? Le cardinal Mario Grech, secrétaire général du Secrétariat général du Synode, a été interviewé à ce sujet par Andrea Tornielli, directeur de la rédaction du Dicastère pour la communication. M. Grech a averti : « Comme il s’agit de la première fois qu’une assemblée ecclésiale se tiendra à l’échelle de l’Église tout entière, de nombreux points restent à déterminer. »

    Il est cependant parfaitement clair sur un point : elle sera différente de l’assemblée synodale : « l’Assemblée est ecclésiale, ce qui est censé souligner sa nature et sa fonction distinctes par rapport à l’Assemblée synodale que nous venons de célébrer, qui est et reste substantiellement une Assemblée d’évêques. » [C’est nous qui soulignons.]

    Dans la mesure où cette affirmation a une signification perceptible, Grech semble suggérer que, même avec l'inclusion de non-évêques, les évêques étaient, sans surprise, majoritaires à l'assemblée du Synode des évêques. Apparemment, cela n'est pas suffisamment synodal.

    Ainsi, l'Assemblée ecclésiale ne sera pas essentiellement une assemblée d'évêques. Elle sera essentiellement composée de non-évêques, ce qui signifie que la plupart des participants seront des laïcs. L'Assemblée ecclésiale reflétera plus ou moins la composition démographique de l' Église , où le clergé, sans parler des évêques, ne représente qu'une infime partie des catholiques baptisés.

    L'Aveugle conduisant l'aveugle par Pieter van den Heyden, 1561 [Cleveland Museum of Art, Cleveland, Ohio]

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  • Qu'est-ce que l'assemblée ecclésiale du Vatican 2028 ?

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    De Luke Coppen sur The Pillar :

    Qu'est-ce que l'assemblée ecclésiale du Vatican 2028 ?

    17 mars 2025

    Le pape François a approuvé le lancement d’un nouveau processus de trois ans promouvant la synodalité dans l’Église mondiale, aboutissant à une assemblée ecclésiale au Vatican en 2028.

    Dans une lettre du 15 mars aux évêques du monde entier, le cardinal du Vatican Mario Grech a déclaré que le pape François avait « définitivement approuvé le début d'un processus d'accompagnement et d'évaluation de la phase de mise en œuvre » du synode 2023-2024 sur la synodalité.

    Grech, secrétaire général du Secrétariat général du Synode, a déclaré que le pape avait pris cette décision le 11 mars, alors qu'il se remettait d'une double pneumonie à l'hôpital Gemelli de Rome.

    Qu'est-ce qui est prévu pour les trois prochaines années ? Et qu'est-ce qu'une assemblée ecclésiale ? Le Pilier y jette un œil.

    Mais d’abord, un bref récapitulatif de la façon dont nous en sommes arrivés là.

    Cheminer ensemble

    Le 10 octobre 2021, le pape François a célébré une messe dans la basilique Saint-Pierre, lançant un « processus synodal » mondial. L'Église, a-t-il expliqué , s'engagerait dans un « cheminement commun » vers un synode des évêques au Vatican.

    « Le synode est un processus de discernement spirituel, de discernement ecclésial, qui se déroule dans l’adoration, dans la prière et dans le dialogue avec la Parole de Dieu », a-t-il déclaré.

    Les organisateurs du synode affirment que le processus quelque peu improvisé qui a suivi peut être classé, avec le recul, en trois phases.

    La première a été marquée par « la consultation du peuple de Dieu », aux niveaux diocésain, national et continental.

    Le second concernait le « discernement des pasteurs » lors des deux sessions du synode sur la synodalité à Rome. Ce synode présentait plusieurs originalités : un grand nombre de participants « non-évêques », dont de nombreuses femmes, des tables rondes et une méthode de discussion appelée « conversation dans l'Esprit ».

    La troisième est la phase de mise en œuvre, qui a commencé au moment où le pape François a officiellement adopté le document final du synode sur la synodalité comme « partie du Magistère ordinaire du Successeur de Pierre » le 26 octobre 2024.

    Étant donné la nature magistérielle du texte, a-t-il déclaré dans une note de suivi en novembre de la même année, il devrait être « accueilli et reçu » par les catholiques du monde entier.

    Mais comment, exactement, les Églises locales sont-elles censées mettre en œuvre le document final ? Après tout, le texte ne présente pas une simple liste de changements pour atteindre son objectif de forger une « Église synodale missionnaire ». Et même après trois ans de processus synodal, de nombreux catholiques auraient du mal à définir le terme « synodalité ».

    Le document final définit le concept comme « un chemin de renouveau spirituel et de réforme structurelle qui permet à l’Église d’être plus participative et missionnaire afin qu’elle puisse marcher avec chaque homme et chaque femme, rayonnant la lumière du Christ ».

    Mais cette définition est sans doute plus ambitieuse qu'instructive. Quels changements favoriseront un renouveau et une réforme authentiques, et lesquels mèneront à une impasse ?

    À la fin du synode de la synodalité, de nombreux responsables de l'Église attendaient de nouvelles indications de Rome sur la mise en œuvre du document final. D'autres ont pris avec confiance des décisions qu'ils estimaient conformes à l'esprit du pape François et du Synode des évêques.

    Entre-temps, un organe connu sous le nom de XVIe Conseil ordinaire , composé principalement de personnalités élues par leurs pairs lors du synode sur la synodalité, a préparé un plan pour la mise en œuvre du synode à l'intention du pape François.

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  • Une Assemblée ecclésiale en 2028

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    De Vatican News (Isabella Piro):

    Synode, le Pape approuve le chemin vers une Assemblée ecclésiale en 2028

    François a fixé le début d'un chemin qui conduira à une Assemblée ecclésiale dans trois ans, consolidant ce qui a été accompli jusqu'alors, sans convoquer un nouveau Synode. Le Jubilé des équipes synodales et des organes participatifs est annoncé pour octobre prochain. Pour le cardinal Grech, il s’agit là de réaliser l'échange entre les églises locales et dans l'ensemble de l'Église.

    Pas un nouveau Synode, mais une Assemblée ecclésiale: c'est celle qui se tiendra au Vatican en octobre 2028 et qui sera précédée d'un chemin d'accompagnement. C'est ce qu'a annoncé le cardinal Mario Grech, secrétaire général du Synode, dans une lettre envoyée à tous les évêques et éparques, ainsi qu'aux patriarches et archevêques majeurs des Églises orientales catholiques, partagée samedi 15 mars.

    Mise en œuvre du document final du Synode 2024

    L'accompagnement mentionné a été approuvé par le Pape le 11 mars dernier et concerne la phase de mise en œuvre du Synode qui s'est achevé, après un voyage de trois ans, en 2024 et a porté sur le thème «Pour une Église synodale. Communion, participation, mission». Comme précisé immédiatement après par le Souverain pontife, le Document final de cette 16e Assemblée générale «fait partie du Magistère ordinaire du Successeur de Pierre» et, en tant que tel, doit être accepté. Ce qui implique, a expliqué le cardinal, pour «les Églises locales et les groupements d'Églises», l'engagement de «mettre en œuvre» les indications du Document lui-même, à travers des processus de «discernement et de décision».

    Réaliser l'échange entre les Églises et à l'intérieur de l'Église

    La phase de mise en œuvre, précise le cardinal Grech, ne doit pas être comprise comme «une simple application de directives venant d'en haut», mais plutôt comme «un processus de réception» du Document final d'une manière «adaptée aux cultures locales et aux besoins des communautés», en gardant toujours l'objectif de «concrétiser» l'échange et le dialogue «entre les Églises et dans l'Église dans son ensemble».

    Impliquer les prêtres, les diacres, les personnes consacrées et les laïcs

    L'implication renouvelée de toutes les personnes qui ont apporté leur contribution au cours du Synode est d'une «importance fondamentale» pour ce processus de mise en œuvre, poursuit-il, afin de faire fructifier «l'écoute de toutes les Églises» et le discernement de leurs pasteurs. Les instruments de base seront donc les «équipes synodales formées de presbytres, diacres, consacrés, laïcs, hommes et femmes, accompagnés de leur évêque». Ces équipes, recommande le secrétaire général, devraient donc être «renforcées» et, si nécessaire, «renouvelées, réactivées et intégrées de manière adéquate».

    Les groupes de travail et la commission canonique

    L'ensemble du processus, a souligné le secrétaire général, constitue «le cadre» dans lequel «les résultats des travaux des groupes d'étude et les contributions de la Commission canonique» doivent également être placés. Rappelons que les groupes d'études, au nombre de dix, ont été institués par le Pape François en mars 2024, avec pour mission d'examiner les questions apparues lors de la première session de la XVIe Assemblée synodale, qui s'est tenue en 2023. La Commission canonique, quant à elle, comme l'indique l'Instrumentum laboris de la deuxième session de l'Assemblée, opérationnelle à partir de 2023, a été créée «en accord avec le Dicastère pour les textes législatifs, au service du Synode».

    Du 24 au 26 octobre, le Jubilé des équipes synodales

    Le cardinal Grech a ensuite indiqué les étapes du parcours d'accompagnement de la phase de mise en œuvre du Synode: pour commencer, en mars, l'annonce du parcours lui-même; elle sera suivie, en mai, de la publication d'un Document spécial qui indiquera le parcours spécifique. Tandis que les parcours de mise en œuvre se poursuivront dans les Églises locales et leurs regroupements, en octobre prochain, du 24 au 26, aura lieu le «Jubilé des Équipes synodales et des Organes de participation». Il s'agit d'un «rendez-vous important», a expliqué le secrétaire général, qui inscrit «l'engagement pour une Église de plus en plus synodale dans l'horizon de l'espérance qui ne déçoit pas», célébrée avec l'Année Sainte en cours.

    Dans trois ans, une Assemblée ecclésiale

    Par la suite, entre le premier et le second semestre 2027, des Assemblées d'évaluation se tiendront dans les diocèses, les éparchies, les Conférences épiscopales nationales et internationales, les structures hiérarchiques orientales et d'autres regroupements d'Églises. Le premier et le second semestre de 2028, en revanche, seront réservés aux Assemblées continentales d'évaluation et à la publication de l'Instrumentum laboris de l'Assemblée ecclésiale d'octobre 2028.

    L'invitation à prier pour le Pape

    La lettre du cardinal Grech se termine par une invitation à prier pour la santé du Pape François, hospitalisé depuis le 14 février à la polyclinique Gemelli de Rome.  

  • La « Conversation dans l’Esprit » : un instrument de manipulation

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    De George Weigel sur First Things :

    La « Conversation dans l’Esprit » et l’avenir catholique

    Différentes cultures – anglaise, turque, chinoise – prétendent avoir inventé la maxime « Le poisson pourrit par la tête » (une maxime favorite dans la capitale de votre pays pendant les années malheureuses où les Redskins/Commanders appartenaient à Daniel Snyder). Appliqué à l’Église, cet idiome suggère que lorsque la théologie est décadente, de mauvaises choses s’ensuivront dans la vie de la foi. Ou, pour le dire plus rigoureusement, un catholicisme intellectuellement décadent (le catholicisme allégé) mène inévitablement à un catholicisme mort (le catholicisme zéro).

    Ce qui nous amène à la conférence sur « L’avenir de la théologie », parrainée par le Dicastère pour la culture et l’éducation du Vatican et qui s’est tenue à l’Université pontificale du Latran les 9 et 10 décembre derniers. 

    Parmi les intervenants vedettes de la conférence figuraient le père James Keenan, SJ, du Boston College, et le Dr Nancy Pineda-Madrid de l'université Loyola Marymount de Los Angeles. 

    Le père Keenan s’est fait connaître du grand public en 2003, lorsque, lors d’un témoignage devant le Comité judiciaire de l’Assemblée législative de l’État du Massachusetts, il s’est opposé à un projet de loi définissant le mariage comme l’union d’un homme et d’une femme, le qualifiant de « contraire à l’enseignement catholique sur la justice sociale », car une telle loi constituerait une « discrimination active et injuste contre les droits sociaux fondamentaux des homosexuels et des lesbiennes ». Lors de la conférence du Latran en décembre dernier, Keenan aurait consacré une partie considérable de son temps à fustiger Donald Trump, dont le lien avec « l’avenir de la théologie » n’est pas immédiatement évident.

    La page de la faculté du Dr Pineda-Madrid sur le site Web de la LMU la décrit comme « une théologienne féministe qui étudie l'expérience de la foi latino/x » et l'auteur d'un livre « plaidant pour une nouvelle interprétation théologique du salut où la vie des femmes compte ». En juin 2024, elle a été élue présidente de la Catholic Theological Society of America. Mais les théologiens de la CTSA représentent-ils « l'avenir de la théologie » ?

    Les preuves de ce phénomène ne sont pas abondantes dans l’université de Pineda-Madrid. En effet, alors que Loyola Marymount compte actuellement 7 094 étudiants de premier cycle, le site Internet « Institutional Research and Decision Support » de la LMU indique que l’université a décerné  une  licence en théologie au cours de l’année universitaire 2023-2024. Ce manque marqué d’intérêt des étudiants pourrait s’expliquer en partie par la page de la faculté de la collègue du Dr Pineda-Madrid au département de théologie de la LMU, le Dr Layla Karst, qui propose un séminaire intitulé « Bad Catholics ». Les étudiants y apprennent des « voix » de « théologiens féministes, de théologiens noirs et féministes, de théologiens queer et d’éco-théologiens » sur la « lutte pour la croyance orthodoxe et la bonne pratique qui se déroule dans le cadre de relations de pouvoir asymétriques ».

    Le fait que plusieurs des participants à la conférence du Latran aient refusé de discuter en détail de ce qui s’y était dit en dit long sur l’atmosphère d’intimidation ecclésiastique qui règne actuellement à Rome, même si une âme courageuse a qualifié la conférence de « fade ». Indépendamment de la théologie qui a encadré le contenu de la conférence, l’imposition aux participants de la méthode de discussion en petits groupes de la « Conversation dans l’Esprit » garantissait qu’il n’y aurait pas d’échange de vues vigoureux du type de ceux qui caractérisaient autrefois les universités catholiques médiévales, où même les professeurs les plus éminents étaient censés défendre publiquement leurs positions, longuement et en profondeur, contre tous les interlocuteurs. 

    En effet, malgré le battage médiatique qui a été fait autour de son utilisation lors des deux derniers synodes – et qui s’appuie sur cette expérience –, la « Conversation dans l’Esprit » est un instrument de manipulation, et non un processus qui donne lieu à une conversation ou à un débat sérieux. Les participants (dont certains étaient brillants et érudits) ont eu deux minutes au cours du « Moment One » pour partager leurs idées ou leurs réactions à ce que les principaux orateurs ont dit à l’ensemble de la conférence ; une minute de silence a suivi ; les participants ont eu deux minutes supplémentaires pour dire « ce qui les a le plus touchés parmi les contributions partagées par les autres au cours du Moment One » (note : pas ce qu’ils auraient pu penser être une absurdité totale) ; une autre minute de silence a suivi ; et enfin, le « secrétaire et l’animateur » du groupe ont concocté « un résumé concis à présenter à l’assemblée ».

    Si vous pouvez imaginer une délibération sérieuse sur  n’importe quel sujet  émergeant d’un processus dans lequel un minuteur humain contrôle le flux de la discussion, eh bien, votre imagination est plus fertile que la mienne.

    Il est absurde de suggérer qu’un « avenir de la théologie » créatif et évangélique sera défini par un jeu de cartes truqué de grands intervenants et un processus infantilisant. Pire encore, cependant, est-ce que, dans certains milieux, cette méthodologie de « Conversation dans l’Esprit » semble être considérée comme un modèle pour tous les organes délibératifs catholiques. Cela pourrait-il inclure, dans certains esprits, les congrégations générales de cardinaux qui précèdent un conclave ? Certains pourraient-ils même oser suggérer que le conclave lui-même devrait être conduit selon la méthode de la « Conversation dans l’Esprit » ?

    Ces inquiétudes ont été exprimées discrètement à Rome le mois dernier. Et c'est tout à fait normal.

    La chronique de George Weigel « La différence catholique » est syndiquée par le  Denver Catholic , la publication officielle de l'archidiocèse de Denver.

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    George Weigel  est membre éminent du Centre d'éthique et de politique publique de Washington, DC, où il est titulaire de la chaire William E. Simon en études catholiques.

  • Ce que la décision du pape François au Synode révèle sur son style de gouvernance

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    D'Andrea Gagliarducci sur le NCR :

    Ce que la décision du pape François au Synode révèle sur son style de gouvernance

    ANALYSE : Le Saint-Père a suivi un mode opératoire familier lorsqu'il a accepté le document final du Synode sur la synodalité et a ensuite pris des mesures pour souligner qu'il fait désormais partie du magistère ordinaire de l'Église.

    Le 25 novembre, le pape François a publié une note réitérant – et dans un sens officiel, formalisant – sa décision de faire du document final du Synode sur la synodalité récemment conclu une partie du magistère ordinaire de l'Église. 

    Cela étant fait, a écrit le Saint-Père, les diocèses et les églises devraient commencer à mettre en œuvre les recommandations du document de 52 pages visant à apporter des changements structurels dans la gouvernance de l'Église et à accroître la participation des laïcs et des femmes dans l'Église, entre autres initiatives. 

    « [Le document final] participe au magistère ordinaire du successeur de Pierre, et comme tel, je demande qu'il soit accepté »,  a écrit François  dans la note. 

    François a marqué l'histoire et a surpris beaucoup de monde lorsqu'il a annoncé, le jour où il lui a été soumis, qu'il acceptait pleinement le document final du Synode, renonçant ainsi à la pratique habituelle d'exhortation de ses prédécesseurs.  

    Mais cette nouvelle note du Saint-Père est également très significative. Elle révèle, entre autres, trois points clés de son style de gouvernement. 

    Le premier point concerne la manière dont il interagit avec les documents qu'il perçoit comme étant déficients d'une certaine manière ou nécessitant un renforcement. Sa note est une reconnaissance du fait que le rapport final du Synode entre dans cette catégorie. 

    Qu’est-ce qui ne va pas exactement ? C’est un document faible, ce qui était inévitable puisqu’il est le produit de divers compromis. Mais une partie de la faute revient au pape lui-même, car c’est François qui a insisté depuis le début de son pontificat pour que les documents synodaux incluent le décompte des votes pour chacun de ses paragraphes (ou modi .). Bien que tous les paragraphes du document du Synode sur la synodalité aient obtenu une majorité, tous n’ont pas obtenu une majorité décisive. Les paragraphes sur le rôle des femmes dans l’Église (par. 60), sur la tâche des conférences épiscopales et leur éventuelle compétence doctrinale (par. 25) et sur ce qui est défini comme une « décentralisation saine » (par. 129) ont reçu le moins de votes en faveur. Par conséquent, si le document avait été laissé tel quel, il aurait été facile pour certains évêques de décider de ne pas suivre ces paragraphes. 

    En ajoutant cette note, le pape François intervient cependant pour préciser qu'une telle mise en œuvre à la sauvette n'est pas envisageable, puisque le document complet fait désormais partie du magistère officiel de l'Église.  

    On peut ici voir un parallèle avec l’intervention du pape en 2017, lorsque les évêques argentins ont interprété sa célèbre note de bas de page dans son exhortation apostolique post-synodale Amoris Laetitia comme signifiant que les catholiques divorcés et remariés peuvent dans certains cas recevoir la communion. François a rédigé une note avec le document disant qu’« aucune autre interprétation n’est possible » et l’a fait publier dans les Acta Apostolicae Sedis, un recueil des actes officiels du Saint-Siège, faisant également des directives argentines une partie du magistère officiel. 

    Cela souligne un deuxième point concernant le style de gouvernance du pape. Lorsqu'une controverse sur un document éclate, le pape François laisse ouverte la possibilité d'une interprétation traditionnelle. Mais il fait en sorte que l'interprétation non traditionnelle soit non seulement préférée mais aussi imposée, puisqu'elle figure dans les documents officiels

    L'avantage pour le pape, dans le cas du document du Synode sur la synodalité, est qu'il n'a pas à prendre la responsabilité de rédiger son propre document sur le sujet. Il a simplement accepté les recommandations de l'assemblée et leur a donné autorité lorsque cette autorité semblait faire défaut. 

    Le troisième point de la note est qu’elle illustre la manière non conventionnelle dont le pape François utilise les différents types de documents pontificaux à sa disposition. 

    Par exemple, le pape François a récemment publié une encyclique, Dilexit Nos, sur le Sacré-Cœur de Jésus, qui aurait plus justement été une lettre apostolique, à la manière de celle qu’il a écrite sur saint François de Sales en 2022, Totum Amoris Est. En revanche, Evangelii Gaudium, le document programmatique du pontificat, est une exhortation apostolique, mais il aurait plus probablement dû s’agir d’une encyclique. 

    Le pape François a utilisé plus de 80 fois différentes formes de lettres apostoliques pour donner un avis faisant autorité. Et en matière législative, notamment lorsqu'il s'agit de modifier le droit canonique, il préfère la forme du motu proprio, une décision plus spontanée et personnelle, qu'il a utilisée plus de 50 fois. 

    En bref, le pape François ne procède pas à de longs processus de consultation, nécessaires pour des documents plus « lourds » comme une encyclique ou une constitution apostolique dans le cas de la définition de formes de gouvernement. Il prend des décisions de manière autonome et les met immédiatement en pratique. Lorsque l’avis est controversé, il approuve les décisions des autres, comme il l’a fait pour le document final du synode. 

    En même temps, fidèle aux « processus d’ouverture », le pape François a souligné que le chemin synodal n’était pas terminé. Tout, même les choix les moins controversés, peut être remis en question. Mais cela signifie surtout que le pape peut prendre de nouvelles décisions, renversant de fait ce qui semble être des choix établis. 

    Le pape a dû donner autorité au synode, car sinon certaines de ses conclusions auraient pu être désavouées. Cette autorité repose cependant sur la volonté du pape.  

  • "Les sept péchés contre le Saint-Esprit : une tragédie synodale" par le cardinal Müller

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    Du cardinal Gerhard Müller sur First Things :

    Les sept péchés contre le Saint-Esprit : une tragédie synodale

    L« Et quiconque a des oreilles, entend ce que l’Esprit dit aux Églises » (Ap 2, 11). Ce passage de l’Écriture est fréquemment cité pour justifier une soi-disant « Église synodale », un concept qui contredit au moins partiellement, sinon complètement, la conception catholique de l’Église. Des factions aux motivations cachées ont détourné le principe traditionnel de la synodalité, c’est-à-dire la collaboration entre les évêques (collégialité) et entre tous les croyants et pasteurs de l’Église (sur la base du sacerdoce commun de tous ceux qui sont baptisés dans la foi), pour faire avancer leur programme progressiste. En effectuant un virage à 180 degrés, la doctrine, la liturgie et la moralité de l’Église catholique doivent être rendues compatibles avec une idéologie néo-gnostique éveillée. 

    Leurs tactiques sont remarquablement similaires à celles des anciens gnostiques, dont Irénée de Lyon, élevé au rang de docteur de l’Église par le pape François, a écrit : « Au moyen de leurs plausibilités astucieusement construites, ils détournent l’esprit des inexpérimentés et les prennent en otage. . . . Ces hommes falsifient les oracles de Dieu et se révèlent de mauvais interprètes de la bonne parole de la révélation. Au moyen de paroles spécieuses et plausibles, ils incitent astucieusement les simples d’esprit à s’interroger [sur une compréhension plus contemporaine] » jusqu’à ce qu’ils soient incapables « de distinguer le mensonge de la vérité » ( Contre les hérésies , livre I, préface). La révélation divine directe est utilisée comme arme pour rendre acceptable l’auto-relativisation de l’Église du Christ (« toutes les religions sont des chemins vers Dieu »). La communication directe entre le Saint-Esprit et les participants au Synode est invoquée pour justifier des concessions doctrinales arbitraires (« le mariage pour tous » ; des fonctionnaires laïcs à la tête du « pouvoir » ecclésiastique ; l'ordination de femmes diacres comme trophée dans la lutte pour les droits des femmes) comme le résultat d'une vision supérieure, qui peut surmonter toutes les objections de la doctrine catholique établie.

    Mais celui qui, en faisant appel à l’inspiration personnelle et collective de l’Esprit Saint, cherche à concilier l’enseignement de l’Église avec une idéologie hostile à la révélation et avec la tyrannie du relativisme, se rend coupable de diverses manières d’un « péché contre l’Esprit Saint » (Mt 12, 31 ; Mc 3, 29 ; Lc 12, 10). Il ne s’agit là, comme nous l’expliquerons ci-dessous sous sept aspects différents, que d’une « résistance à la vérité connue » lorsque « un homme résiste à la vérité qu’il a reconnue, afin de pécher plus librement » (Thomas d’Aquin, Somme théologique II-II, q. 14, a. 2).

    1. Considérant le Saint-Esprit comme une personne divine

    C'est un péché contre le Saint-Esprit que de ne pas le confesser comme la personne divine qui, en unité avec le Père et le Fils, est l'unique Dieu, mais de le confondre avec la divinité numineuse anonyme des études religieuses comparées, l'esprit populaire collectif des Romantiques, la volonté générale de Jean-Jacques Rousseau, le Weltgeist de Georg WF Hegel, ou la dialectique historique de Karl Marx, et enfin avec les utopies politiques, du communisme au transhumanisme athée.

    2. Considérer Jésus-Christ comme la plénitude de la vérité et de la grâce

    C’est un péché contre le Saint-Esprit que de réinterpréter l’histoire du dogme chrétien comme une évolution de la révélation, reflétée par des niveaux de conscience avancés dans l’Église collective, au lieu de confesser la plénitude insurpassable de la grâce et de la vérité en Jésus-Christ, le Verbe de Dieu fait chair (Jean 1:14-18).

    Irénée de Lyon, le Doctor Unitatis , a établi une fois pour toutes, contre les gnostiques de tous les temps, les critères de l'herméneutique catholique (c'est-à-dire de l'épistémologie théologique) : 1) l'Écriture Sainte ; 2) la tradition apostolique ; 3) l'autorité doctrinale des évêques en vertu de la succession apostolique.

    Selon l’analogie de l’être et de la foi, les vérités révélées de la foi ne peuvent jamais contredire la raison naturelle, mais peuvent (et le font) entrer en conflit avec son utilisation idéologique abusive. Il n’existe a priori aucune nouvelle connaissance scientifique (qui est toujours faillible en principe) qui puisse remplacer les vérités de la révélation surnaturelle et de la loi morale naturelle (qui sont toujours infaillibles dans leur nature profonde). Le pape ne peut donc ni réaliser ni décevoir les espoirs de changement dans les doctrines révélées de la foi, car « cette fonction d’enseignement n’est pas au-dessus de la parole de Dieu, mais la sert, en enseignant seulement ce qui a été transmis » ( Dei Verbum , 10).

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  • Le synode sur la synodalité s'est-il achevé sans heurts ? L'analyse du cardinal Zen

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    Du cardinal Zen sur kath.net/news :

    « Le synode sur la 'synodalité' s'est-il achevé sans heurts ? »

    12 novembre 2024

    Le cardinal Zen met en garde : « Nous ne serons plus l'Église une, catholique, apostolique ? Ni l'Église sainte, parce qu'il n'y a plus d'enseignements éthiques fiables qui conduisent les croyants à distinguer le bien du mal ? »

    Le 27 octobre, la XVIe Assemblée ordinaire du Synode des évêques a annoncé sa conclusion. Le pape a immédiatement approuvé le document adopté par le synode et a déclaré qu'il ne rédigerait pas d'exhortation apostolique post-synodale. Toutes les parties ont estimé qu'il s'agissait d'une approche tout à fait « innovante », mais il semble que peu aient souligné que cette approche était plutôt problématique. C'est ce que j'ai ressenti, mais je n'ai pas osé l'exprimer publiquement. Je craignais que ma mentalité pessimiste ne me conduise à des jugements erronés. Mais après avoir lu trois articles, j'exprime maintenant ici courageusement mes inquiétudes pour l'avenir de notre Église.

    Le premier article, « L'Eglise de la révolution permanente », a été écrit le 1er novembre par Jules Gomes. Le second, « Tout, sauf synodal. L'étrange Église voulue par le pape François », écrit par Sandro Magister le 4 novembre. Le troisième article est « Quelques réflexions après le retour de la deuxième session du synode », écrit par l'évêque Robert Barron le 5 novembre.

    Je note les remarques suivantes pour votre information :

    Premièrement, appeler ce synode sur la synodalité un synode des évêques est une appellation erronée.

    La « XVIe Assemblée ordinaire du Synode des évêques », qui a été solennellement ouverte en 2021, est la seizième réunion périodique du « Synode des évêques », créé par le pape Paul VI avec le motu proprio « Apostolica sollicitudo ». L'objectif de la création du « Synode des évêques » par Paul VI est évident : il s'agit de donner au pape, à intervalles réguliers, la possibilité de recueillir l'avis de ses « frères dans l'épiscopat » sur des sujets précis, de sorte qu'il constitue un instrument permettant aux évêques, successeurs des apôtres, d'exercer collégialement leur rôle dans le gouvernement de l'Église.

    Cinq ans après son entrée en fonction, le pape François a apporté des modifications au plan initial du pape Paul VI en publiant la constitution apostolique « Episcopalis communio ». Cependant, lors de cette récente réunion, il n'a même pas respecté les règles qu'il s'était lui-même fixées. Soudain, il a invité, avec son autorité personnelle, 96 laïcs à participer au synode en tant que membres votants.

    Le pape a évidemment le pouvoir de convoquer toute forme de réunion consultative, mais cette fois-ci, il ne pouvait pas dire qu'il avait amélioré le plan initial de Paul VI. Il a utilisé le nom de « synode » pour remplacer le « synode des évêques » par un type hybride de réunion.

    Deuxièmement, quel devrait être le but d'un synode ?

    Nous pouvons voir dans les « synodes » tenus sous le pape François qu'il veut à chaque fois changer les doctrines ou les disciplines de l'Église plutôt que de discuter de la manière dont ces doctrines et disciplines peuvent être protégées.

    Il a profité du synode sur la famille (2015) pour tenter de permettre aux catholiques divorcés et remariés de recevoir la sainte communion. Il a voulu profiter du synode d'Amazonie pour introduire l'ordination de laïcs mariés très respectés (viri probati) comme prêtres. Et en ce qui concerne le synode de cette fois, nous pouvons voir, à travers les deux leaders qu'il a nommés et les documents publiés par le secrétariat, qu'il a quelques objectifs plus larges : changer le système hiérarchique de l'Église (le remplacer par un groupe démocratique de personnes baptisées) ; instituer des diacres femmes (pour ouvrir la voie aux femmes prêtres) ; abolir le célibat sacerdotal ; et changer la doctrine traditionnelle sur l'éthique « sexuelle » (en commençant par la bénédiction des couples homosexuels).

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  • Tout sauf synodale : la curieuse Église que veut le Pape François

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (en français sur diakonos.be) :

    Tout sauf synodale. La curieuse Église que veut le Pape François

    Trois ans de discussions interminables, avec en guise de cerise sur le gâteau un document final qui ne l’est même pas. Voilà le synode voulu et imaginé par le Pape François avec l’intention de refonder l’Église comme Église du peuple, appartenant à tous les baptisés.

    Difficile de dire quelle sera la suite. Le Pape François a expurgé ce dernier synode toutes les questions qui fâchent pour les déléguer à des commissions qui en discuteront jusqu’au printemps prochain. Ensuite, c’est lui qui décidera quoi faire.

    Mais ce qui est certain, c’est qu’en attendant, il a radicalement modifié la forme des synodes.

    Nés sous Paul VI dans la foulée du Concile Vatican II avec l’intention de mettre en œuvre un gouvernement plus collégial de l’Église, dans lequel les évêques seraient périodiquement appelés pour consultation par le successeur de Pierre, les synodes ont constitué, jusqu’au terme du pontificat de Benoît XVI, des moments révélateurs des orientations de la hiérarchie de l’Église sur les questions qui étaient examinées l’une après l’autre.

    Comme pour le Concile, les discussions se déroulaient presque toujours en assemblée plénière, où chacun pouvait parler et écouter les autres. Le synode était quant à lui à huis clos mais chaque jour, « L’Osservatore Romano » publiait des résumés de toutes les interventions avec les noms des orateurs respectifs, et pour les journalistes accrédités, des points presse étaient organisés dans plusieurs langues au cours desquelles des observateurs préposés à cet effet fournissaient des informations supplémentaires sur le débat qui venait d’avoir lieu au cours des heures précédentes. Chaque évêque était libre de rendre public le texte intégral de son intervention en séance et de rapporter comme il voulait les interventions auxquelles il avait assisté.

    Certes, les synodes étaient purement consultatifs et le seul à tirer des conclusions normatives était le Pape, dans l’exhortation post-synodale qu’il publiait quelques mois après la fin des travaux.

    Mais ce qu’un évêque déclarait en séance pouvait toutefois avoir un impact considérable dans l’opinion publique, au sein de l’Église comme en-dehors. Pensons par exemple à cette intervention du cardinal Carlo Maria Martini qui avait défrayé la chronique. Ce jésuite, biblique renommé et archevêque de Milan, l’avait prononcée en séance le 7 octobre 1999 dans un synode concernant l’Église en Europe.

    Le cardinal disait qu’il avait fait un rêve : « un débat universel entre les évêques dans le but de dénouer certain de ces nœuds disciplinaires et doctrinaux qui réapparaissent périodiquement comme autant de points sensibles sur le chemin des Église européennes et extra-européennes. Je pense en général aux approfondissements et aux développements de l’ecclésiologie de communion de Vatican II. Je pense à la pénurie dramatique en certains endroits de ministres ordonnés et à la difficulté de plus en plus grande pour un évêque de pouvoir au soin des âmes sur son territoire avec suffisamment de ministres de l’évangile et de l’eucharistie. Je pense à certaines thématiques concernant la position de la femme dans la société et dans l’Église, à la participation des laïcs à certaines responsabilités ministérielles, à la sexualité, à la discipline du mariage, à la pratique pénitentielle, aux rapports avec les Églises-sœurs de l’Orthodoxie et plus largement au besoin de relancer l’espérance œcuménique, je pense aux rapports entre démocratie et valeurs et entre loi civile et loi morale ».

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  • "Laissez-moi être une laïque. Sans plus. Ni prêtresse, ni diaconesse, ni membre votant d’un synode…"

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    De didoc.be :

    Laissez-moi être une laïque en paix

    31 octobre 2024

    Je ne veux pas être autre chose qu’une laïque parce que c’est ce que Dieu m’a demandé. Et s’Il le dit, pourquoi quelqu’un viendrait-il exiger que je revendique une autre place ?

    Laissez-moi être une laïque. Sans plus. Ni prêtresse, ni diaconesse, ni membre votant d’un synode… Laïque. Comme les femmes au pied de la Croix, qui avaient les yeux fixés sur le Christ, et pas sur les clés du Royaume qui tintaient au moment où saint Pierre s’enfuyait.

    Laissez-moi être une laïque en paix. Non pas parce que je manque d’ambition, non pas parce que je pense que les hommes sont plus aptes à gouverner l’Église ou parce que je pense que nous, les femmes, devrions nous enfermer. Je ne veux pas être autre chose qu’une laïque parce que c’est ce que Dieu m’a demandé. Et s’Il le dit, pourquoi quelqu’un viendrait-il exiger que je revendique une autre place ?

    La malchance d’être une femme laïque

    À l’église, je vois beaucoup de gens montrer du doigt une tache noire sur la nappe blanche. Mais je suis toute surprise quand je réalise que ce sont eux qui ont les doigts sales. Ils créent le problème et accusent ensuite la nappe et le monde entier d’être à l’origine de la saleté.

    Une femme est-elle inférieure parce qu’elle ne peut pas être ordonnée prêtre ? Qui a dit cela ? Le Christ n’est-il pas apparu en premier aux femmes après sa résurrection ? Oui, les apôtres ont le pouvoir de chasser les démons et de pardonner les péchés (je ne serai pas celle qui dira que ce n’est pas cool) mais ce sont elles qui ont été les premiers témoins de la résurrection.

    Le problème, c’est qu’on veut toujours « quantifier » les vocations. Cela me rappelle les bagarres entre petits frères et petites sœurs parce que maman a donné au petit Paul une part de gâteau plus grande d’un millimètre. Maman ne te déteste pas, Pierrot, respire.

    Certains courants qui passent leurs journées à revendiquer des droits nous ont convaincus que la vie de l’Église peut aussi être mesurée. Ils veulent me convaincre que l’Église me trompe, qu’elle m’enferme dans mon rôle de laïque parce qu’elle ne veut pas ce qu’il y a de mieux pour moi. Tu as de la chance si tu peux monter d’un échelon et devenir une religieuse consacrée, mais être laïque… Quelle malchance !

    Juste une mesure

    Et comment puis-je t’expliquer que j’aime être laïque ? Que je ne pense vraiment pas qu’on m’ait enfermée, et que je crois que ma vocation ne m’est pas imposée par l’Église, que ma vocation est un don de Dieu. Essaie de le mesurer toi-même si tu veux, parce que je ne peux ni ne veux le faire.

    La seule mesure qu’un catholique devrait connaître est celle de la Croix. Peut-être n’ai-je pas besoin de chercher à savoir si, en tant que femme, je pourrais être ordonnée prêtre, mais de savoir plus profondément comment je peux servir au mieux le Christ, au sein de son Église, dans mon rôle de laïque. Peut-être n’ai-je pas besoin de me battre pour ce prétendu millimètre supplémentaire. Peut-être que ce que je dois faire, c’est reconnaître que l’Église est une Mère qui en sait plus que moi. Et je dis bien l’Église dans son ensemble, sans la réduire à un seul pape, à un collège de cardinaux ou à une époque.

    Cela ne veut pas dire qu’il n’y ait pas de tâches dans lesquelles il faut avancer, de rôles à mieux reconnaître ou d’enseignements à approfondir. Il serait absurde de penser que nous comprenons déjà toute la richesse de l’Église instituée par le Christ, qu’il n’y a pas de domaines à améliorer. Là n’est pas la question.

    Laissez-moi être une laïque en paix. Je ne veux pas de ce complexe d’infériorité qui me ferait penser que ma vocation a moins de valeur. Je ne veux pas de ce complexe de supériorité qui me ferait penser que j’en sais tellement plus que toute la sagesse du Magistère de l’Église. Laissez-moi être une laïque. Et si vous tenez absolument à mesurer les vocations, comparez-les uniquement et exclusivement à la Croix. Peut-être que sur le Calvaire, nous nous rendrons compte que notre problème n’est pas le manque de droits, mais le manque d’amour.

    Paloma López Campos est rédactrice de la revue Omnes. Source : https://www.omnesmag.com/firmas/dejadme-ser-laica-en-paz-firma/. Ce texte a été traduit de l’espagnol par Stéphane Seminckx.

  • Les femmes diacres, la « sexualité » et bien plus encore : voici comment le document final du synode a changé par rapport au projet

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    De Jonathan Liedl  sur le NCR :

    Les femmes diacres, la « sexualité » et bien plus encore : voici comment le document final du synode a changé par rapport au projet

    Des amendements, ou d’autres moyens de modifier ce qui était inclus dans le texte, ont néanmoins fait une différence significative dans le texte de 2024 sur un certain nombre de sujets, notamment la sexualité et la sélection des évêques.

    Lorsque le document final du Synode sur la synodalité a été confirmé le 26 octobre, il a souligné que la possibilité d'avoir des femmes diacres reste incertaine.

    « La question de l’accès des femmes au ministère diaconal reste ouverte », peut-on lire dans le document, qui a été expressément approuvé par le pape François après que chacun de ses 155 paragraphes a été approuvé par 355 membres votants. « Ce discernement doit se poursuivre. »

    Mais ce langage n'était pas inclus dans le projet initial présenté aux membres de l'assemblée mensuelle plus tôt dans la semaine. 

    En fait, selon une copie du projet obtenue par le Register, il n’y était aucunement fait mention de la possibilité d’avoir des femmes diacres.

    L'insertion de cette phrase à la dernière minute peut être une indication de la raison pour laquelle le paragraphe en question a reçu une forte opposition de la part des délégués du synode lors du vote final, avec 27 % (97 sur 355) votant contre. Le nombre de votes « non » n'a pas été suffisant pour atteindre le seuil d'un tiers requis pour supprimer le paragraphe du document final, mais il s'en est rapproché de loin plus que tout autre paragraphe.

    Ce changement n’est qu’une indication de la manière dont le projet, reçu pour la première fois par les membres du synode le 21 octobre, a été modifié de plusieurs manières, petites mais parfois importantes.

    1000 amendements

    Alors que certains catholiques progressistes ont exprimé leur déception à l'égard du Synode au cours de sa dernière semaine, les délégués du Synode ont averti que le document final pourrait encore subir de grands changements via des amendements.

    Selon les organisateurs, 1 000 amendements au projet ont été soumis par les délégués, dont 900 ont été approuvés par des petits groupes et 100 autres par des particuliers. Les amendements ont été soumis à une équipe de rédacteurs avant la date limite du 23 octobre, puis ont été intégrés à la version finale, qui a été présentée aux délégués du synode le matin du 26 octobre avant le vote du soir.

    Ce total est inférieur aux 1 200 amendements qui ont été soumis au document de synthèse de la session synodale de l'année dernière, ce qui a entraîné la suppression du texte de changements tels que le terme « LGBTQ+ » et une proposition visant à établir un synode permanent basé au Vatican.

    Mais les amendements, ou autres moyens d’influer sur ce qui était inclus dans le texte, ont quand même fait une différence significative dans le texte de 2024 sur un certain nombre de sujets, notamment la sexualité et la sélection des évêques. 

    Par exemple, dans le même paragraphe où est mentionnée la possibilité d’avoir des femmes diacres, le texte parle du fait que les femmes occupent actuellement des rôles de direction dans la Curie romaine, avant d’appeler avec insistance à la nécessité d’une « pleine mise en œuvre » de toutes les opportunités pour les femmes actuellement autorisées par le droit canon. 

    « Il n'y a aucune raison ni aucun obstacle qui devrait empêcher les femmes d'exercer des rôles de direction dans l'Église : ce qui vient de l'Esprit Saint ne peut être arrêté », affirme le texte, une référence probable à la démarche du pape François d'ouvrir la gouvernance ecclésiale aux laïcs en découplant son exercice des ordres sacrés. 

    Le projet est toutefois plus clément, soulignant que la « pleine participation des femmes aux postes de responsabilité et de gouvernance dans l'Église, y compris dans les processus de prise de décision, reste limitée » et que la situation « doit être abordée ».

    La défense des femmes diacres , tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la salle du synode, a été un thème tout au long de la session de 2024, y compris un rapport partagé avec le Register par plusieurs membres du synode selon lequel un petit groupe de femmes membres ont imploré en larmes le pape François d'adopter la proposition le 22 octobre.

    Un groupe d'étude créé par le pape François pour examiner la possibilité d'ordonner des femmes diacres poursuivra ses travaux, avec un rapport final attendu en juin 2025. Le pape a déjà souligné qu'il n'était pas possible que des femmes soient ordonnées .

    Autres changements

    En ce qui concerne l’autorité doctrinale des conférences épiscopales, qui est apparue comme le sujet le plus controversé au cours des travaux du synode , le document final comprend plusieurs changements mineurs mais potentiellement significatifs par rapport à la version préliminaire.

    Le projet parle des conférences épiscopales comme de « structures fondamentales » qui aident à « surmonter la centralisation excessive des projets pastoraux et de la gouvernance ». La version finale les qualifie d'« outil fondamental » pour « adapter la vie chrétienne et l'expression de la foi aux différentes cultures ». Une clause qui précise que la portée de l'autorité doctrinale et disciplinaire des conférences épiscopales doit être évaluée en fonction de ce que « le droit canonique attribue déjà actuellement » a également été abandonnée, laissant la demande de précisions plus ouverte ; 45 délégués (13 %) ont voté contre ce paragraphe, le deuxième plus grand nombre de votes de tout le document final.

    Dans un autre ajout, le document final reprend le langage général du projet concernant les personnes qui se sont senties exclues ou jugées pendant le processus synodal et ajoute explicitement « en raison de leur situation matrimoniale, de leur identité ou de leur sexualité ».

    Le père jésuite James Martin, qui promeut une compréhension de l'inclusion LGBTQ qui, selon certains, porte atteinte à l'enseignement de l'Église sur la sexualité, a déjà salué cet ajout , écrivant que l'inclusion du terme « identité » était « une agréable surprise ». 

    Dans d’autres cas, cependant, les amendements n’ont pas eu d’impact sur le texte final. Par exemple, une source synodale a confirmé qu’un amendement avait été soumis pour modifier la discussion du document sur le sensus fidei , ou « sens de la foi », afin de souligner que celui-ci ne peut être exercé de manière fiable que par une personne s’efforçant de vivre « dans un véritable discipulat ». 

    Un tel langage a été inclus dans le rapport de synthèse de 2023 et est cohérent avec le document de 2014 de la Commission théologique internationale sur le sujet , mais n’a pas été retenu dans le document final de 2024.

    Le 27 octobre, l'évêque Georg Bätzing, président de la Conférence épiscopale allemande, a cité la présentation du sensus fidei dans le document comme justification du projet de création d'un conseil synodal national composé d'évêques et de laïcs pour gouverner conjointement l'Église catholique en Allemagne. Cette proposition avait déjà été condamnée par le Vatican.

    Dans la discussion sur l’épiscopat dans une Église synodale, la version finale ajoute que « l’Assemblée synodale désire que le peuple de Dieu ait une plus grande voix dans le choix des évêques ». Dans un autre passage, la description du ministère diaconal « comme un ordre sacramentel propre et permanent » est abandonnée, reflétant peut-être le point de vue de certains selon lequel le diaconat n’est pas intrinsèquement lié aux ordres sacrés.

    Comme l'an dernier, certaines propositions grandioses n'ont pas non plus été retenues dans le document final. Par exemple, alors que le projet propose de rendre les synodes diocésains « permanents », se réunissant « au moins tous les 3 à 5 ans », la version finale indique simplement que ces organes devraient se réunir « régulièrement et non pas de manière rare ou peu fréquente ».

    Il est également intéressant de noter que la proposition du document final de créer un groupe d'étude axé sur la création de célébrations liturgiques plus synodales, y compris une réflexion sur la prédication, est apparemment une modification de l'appel du projet à un groupe d'étude qui se concentrerait exclusivement sur la prédication synodale, éventuellement une référence à la prédication laïque pendant la liturgie.

    Le paragraphe concerné a reçu 43 voix contre lui (12 %), soit le troisième plus grand nombre de voix dans le texte.

    D’autres ajouts dans le projet final incluent de fréquentes références à l’importance de la piété populaire, une insistance sur les droits des laïcs qui travaillent pour l’Église et la nécessité de veiller à ce que l’envoi de prêtres dans des endroits où il y a une « pénurie de clergé » profite à la fois à l’Église d’envoi et à celle d’accueil, sans dégénérer en « welfarisme » ou en un simple « remède fonctionnel ». 

  • Cinq nouveautés qui vont guider la gouvernance de l'Eglise catholique

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    De Jean-Marie Guénois sur le site du Figaro :

    Les cinq nouveautés qui vont guider la gouvernance de l'Église catholique

    27 octobre 2024

    356 évêques et laïcs ont voté samedi au Vatican dans le cadre d’un synode mondial des propositions donnant plus de responsabilités aux laïcs et ouvrant à une décentralisation inédite des décisions ecclésiales, mesures aussitôt acceptées par le pape François.

    Le oui de l'Église catholique à la possibilité d'ordonner un jour des femmes diacres a été l'article le plus mal voté, samedi, au Vatican, dans le document final du synode sur la nouvelle gouvernance de l'Église. Il a cependant dépassé la majorité des deux tiers, nécessaire, soit 237 pour et 97 contre. 

    Cet article invite à une pleine reconnaissance du rôle des femmes dans l'Église catholique : « Cette Assemblée appelle à la pleine mise en œuvre de toutes les possibilités déjà prévues par la législation actuelle concernant le rôle des femmes, en particulier dans les endroits où ces possibilités ne sont pas encore exploitées. Il n'y a aucune raison d'empêcher les femmes d'assumer des rôles de leadership, (« ruoli di guida », « rôle de guide » dans la version de référence en italien) dans l'Église : ce qui vient de l'Esprit Saint ne peut être arrêté. La question de l'accès des femmes au ministère diaconal reste également ouverte. Un discernement plus approfondi est nécessaire à cet égard. »

    Adoption immédiate

    Ce même pape n'avait-il pas exclu la question du diaconat féminin en février dernier pour la confier à un « groupe de travail » du Vatican, mais extérieur au synode pour éviter la polarisation des débats à cet égard ? C'était sans compter sur la pugnacité des 58 femmes invitées à ce synode et au soutien de nombreux prélats à leur cause. Même si le mouvement de promotion de la femme dans l'Église catholique semblait irrémédiable, il a maintenant pris un tournant décisif même s’il reste à l’étude. Des femmes qui pourront désormais, même si cela se fait déjà, participer à la formation dans les séminaires et au discernement des candidats au sacerdoce.

    Car, c'est la deuxième nouveauté de ce synode, beaucoup moins spectaculaire, mais extrêmement significative, le texte que l'assemblée synodale a voté ce samedi 26 octobre, va être promulgué, tel que, par le pape François, sans correction de sa part. Il devient instantanément le texte de référence de ce synode.

    L'usage voulait en effet que le pape rédigeât une « exhortation apostolique » dans les mois qui suivait la clôture de tous les synodes. Ce document pontifical s'installait alors comme la synthèse de référence, digérée par le pape, et qu'il inscrivait dans son magistère. Il pouvait abandonner des mesures qui avaient pourtant été votées par le synode. Il le fit en février 2020 en laissant tomber dans son exhortation post-synodale, Querida Amazonia, une proposition ouvrant l'ordination d'hommes mariés - pourtant votée - par le synode sur l'Amazonie en octobre 2019.

    Samedi soir, dans son discours de clôture devant les membres du synode, le pape François a ainsi justifié sa décision : « Ce que nous avons approuvé est suffisant, le document contient déjà des indications très concrètes qui peuvent servir de guide pour la mission des Églises […], c'est pourquoi je le mets immédiatement à la disposition de tous ». Il a expliqué vouloir « reconnaître ainsi la valeur du chemin synodal accompli », sans éluder pour autant « des décisions à prendre à la lumière du chemin synodal ».

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  • Le Synode est terminé, le Nouvel Ordre Synodal commence

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    De Stefano Fontana sur la NBQ :

    Le Synode est terminé, le Nouvel Ordre Synodal commence

    Un document interlocutoire, adopté par le Pape, conclut les travaux du Synode. Mais ce qui est considéré par certains comme un pas en arrière par rapport aux ouvertures progressives attendues, est en réalité le signal que l’on souhaite le processus synodal qui, sans hâte, crée une nouvelle Église.
    28_10_2024

    Ce Synode est également terminé. La deuxième session du Synode sur la synodalité qui a débuté le 2 du même mois s'est terminée hier, 27 octobre. La première session avait occupé le même mois que l'année dernière. Les membres du synode ont approuvé un document final . Tous les articles ont reçu plus des deux tiers des votes, même si dans certains cas les opinions négatives ont été plus nombreuses que dans d'autres. Beaucoup avaient pensé que la nouvelle synodalité avait trouvé dans ce synode son moment d'actualité et d'épopée, que c'est dans cet événement qu'elle s'était manifestée et que ses implications pour la vie de l'Église avaient été révélées.

    Pour cette raison, les progressistes attendaient des décisions très innovantes, tandis que les conservateurs espéraient un ralentissement significatif qui ramènerait la nouvelle synodalité dans le courant dominant de la synodalité traditionnelle. Beaucoup ont observé qu’en fin de compte, le travail du synode a été réduit. François a retiré les principaux sujets brûlants de la discussion synodale, les confiant à des groupes d'étude blindés, puis a déclaré que le temps n'était pas encore venu pour les femmes diacres et a donc arrêté toute décision sur ce sujet. Le cardinal Fernandéz a dû s'excuser de son absence à une discussion importante sur le diaconat féminin.
    La « nouveauté » de la liturgie pénitentielle dans laquelle le pardon des péchés était demandé contre un nouveau décalogue s'est déroulée avant le début du synode et donc en dehors de ses procédures. Tout cela signifiait que beaucoup pensaient que les attentes à l'égard du Synode avaient été délibérément refroidies et que son « courage prophétique » avait été réduit au silence.

    Cependant, nous ne sommes pas d’accord avec ces interprétations ; nous ne sommes même pas avec celui qui voit le Synode comme un moment fort et central de la synodalité en raison de ses décisions de rupture, ni avec celui selon lequel les travaux synodaux ont été refroidis avec des ralentissements et des dommages pour la nouvelle synodalité. Les deux thèses ne voient pas que le Synode doit être considéré, en fin de compte, seulement comme un moment de la nouvelle synodalité, un simple passage qui n’est en aucune façon décisif ou décisif.

    D'où le caractère "interlocutoire" de son Document final, qui ne fait pas de choix clairs de rupture et en même temps garde toutes les portes ouvertes pour l'avenir, dans la conscience que le Synode est fermé mais que la synodalité ne l'est pas. C'est précisément ce qui a été clairement exprimé, par exemple, par Sœur Jeannine Gramick et le Père James Martin dans leurs interventions à la conclusion du Synode. Un communiqué du New Ways Ministry , l'association pro-LGBT de Gramick, a exprimé sa déception car le document n'a pas fait de choix décisifs dans ce domaine, mais a ensuite reconnu que le processus synodal « a préparé un terrain fertile pour le changement ».
    Le Père Martin, qui s'était également montré agacé, a ensuite changé d'avis, estimant qu'avoir retiré les questions brûlantes du Synode était utile car cela permettait de dialoguer davantage sur la nature même de la synodalité plutôt que de se perdre dans les détails.

    Ce qui intéresse les partisans du nouveau, ce n'est pas tant un synode , qui commence et se termine immédiatement, mais le processus de synodalité qui se poursuit bien au-delà de ces nominations. Le caractère « interlocutoire » du Document final n’est pas une mauvaise chose mais une bonne chose pour ceux qui dirigent le processus synodal. Ceux qui se soucient beaucoup des documents, y compris celui-ci, sont perdus. La synodalité veut une nouvelle Église. Cependant, il ne peut pas en décrire trop rapidement les caractéristiques, avant que, comme François le disait pour les femmes diacres, le moment ne soit venu.

    Le processus synodal se déroulera non pas à travers des documents synodaux mais à travers des actes concrets. Le Père Martin lui-même en énumère quelques-unes : synode annuel dans les diocèses, nouveaux ministères dans les paroisses, expériences de « conversation dans l'Esprit » entre familles ou groupes. Notre impression est que la baisse de ton du Synode profite à la nouvelle synodalité et non l'inverse.

    Le Document final ne dit pas oui aux femmes diacres, mais laisse ouvert le thème des femmes dans l'Église (n° 60) ; n'indique pas spécifiquement de nouveaux ministères, mais maintient cette possibilité en indiquant à titre d'exemple la possibilité d'un ministère « d'écoute et d'accompagnement » (n. 78) ; ne nie pas la compétence décisionnelle des évêques ou du Pape (n. 92) mais ajoute que "une orientation qui émerge dans le processus consultatif comme résultat d'un juste discernement, surtout si elle est réalisée par des organismes de participation, ne peut être ignorée" et espère une révision du droit canonique à cet égard ; ne reconnaît pas explicitement la compétence doctrinale des Conférences épiscopales (n° 120-129) mais affirme qu'« il sera nécessaire de mieux clarifier leur statut théologique et canonique, ainsi que celui des groupements continentaux de Conférences épiscopales, afin de être capables d'exploiter leur potentiel pour le développement ultérieur d'une Église synodale » ; et propose d'approfondir la « décentralisation » théologique et canonique en distinguant les matières réservées au Pape de celles qui pourraient être accordées aux Conférences épiscopales.  

    Une nouvelle post-synodale ne peut être négligée : François a déclaré que cette fois il n'écrirait aucune Exhortation apostolique post-synodale. Dans un  de mes livres d'il y a quelques années sur le Synode 2014/2015 sur la famille, j'avais prédit qu'Amoris laetitia serait la dernière Exhortation Apostolique post-synodale. Cette prédiction est maintenant confirmée par François. Communiquant cette décision, il a également déclaré que le document final du Synode a une valeur « magistrale », même si dans un sens non normatif.

    Cette décision, comme le nouveau décalogue de la liturgie pénitentielle du 1er octobre [ ICI ], fait un pas de géant à la nouvelle synodalité. Que les synodaux discutent pour assimiler le nouvel appareil conceptuel et linguistique, qu'ils produisent des documents interlocutoires finaux qui n'entravent pas le long chemin... ce qui compte c'est la nouvelle Église de la nouvelle synodalité qui procède par des actes comme ceux-ci.