Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Ethique - Page 13

  • Les propos pitoyables de Mgr Harpigny

    IMPRIMER

    De notele.be :

    Guy Harpigny ne partage pas la vision du pape François : « Les évêques n’ont jamais demandé la béatification du roi Baudouin »

    Après avoir passé quatre jours en Belgique, le pape François a terminé son séjour par une eucharistie au stade roi Baudouin. L'évêque de Tournai Guy Harpigny était sur le plateau de notre journal pour revenir sur cette visite.

    Guy Harpigny, vous avez co-célébré la messe avec le pape François. Quel souvenir en gardez-vous ?

    Tout était très bien. Mais l'homélie du pape, les évêques ne l'ont pas entendue parce que les baffles n'étaient pas bien orientés pour éviter un effet Larsen. On voyait la bouche du pape bouger, mais on entendait rien. C'était néanmoins très bien et on a eu l'homélie après.

    C'est un événement assez rare. La dernière fois qu'un pape s'était rendu en Belgique, c'était 1995. C'était le pape Jean-Paul II. C'est de l'émotion, j'imagine pour l'évêque que vous êtes ?

    Oui, et il était déjà venu en 1985 où, là, il était resté plusieurs jours. J'étais déjà là à Beauraing. J'étais professeur de séminaire à ce moment-là. En 1995, je n'étais pas là. Et puis, comme évêque, on voit quand même le pape régulièrement à Rome.

    Le pape a soutenu les personnes qui ont été victimes d'abus sexuels de la part d'hommes d'Eglise. On sait que vous êtes beaucoup investi dans cette cause également. Est-ce que les propos du pape François étaient nécessaires et rassurants pour de nombreuses victimes ?

    Évidemment. On a eu à partir du mois de septembre une grande polémique en Flandre avec Godvergeten, quatre émissions sur le sujet. On a beaucoup réfléchi. On avait déjà réagi en 2010-2012 après la démission de l'évêque de Bruges de l'époque. Et on voit bien que les victimes ne sont pas satisfaites. Je crois qu'une des étapes encore à franchir et que le Pape souhaite vraiment, c'est qu'on écoute davantage les victimes et qu'on leur demande leur avis sur les propositions que l'on va faire.

    Ce n'est pas simplement des gens entre guillemets extérieurs à la souffrance, mais ces victimes doivent aussi intervenir. Et, là, je crois que c'est un grand pas en avant. Et le pape insiste beaucoup aussi pour être sévère avec les abuseurs. Il a raison. Nous avons un code de droit canonique, la législation civile pour l'Etat, mais nous avons aussi des règles à suivre. Mais ce n'est pas toujours fait avec beaucoup de précision. Et là aussi, il faut avancer.

    La visite papale était fortement teintée aussi de polémiques puisque le pape a eu des propos très liberticides vis à vis des femmes. Il a réduit ces femmes à leur rôle de procréation, à leur fécondité. Est-ce que vous pouvez comprendre que ces propos aient pu choquer ?

    Bien sûr. C'était à Louvain-la-Neuve. J'étais là. Donc la personne qui a présenté tout ce qui concerne la transition climatique, l'écologie, avait magnifiquement résumé l'encyclique Laudato si' du pape actuel. Et puis elle dit : "Et les femmes là-dedans ?". Et le pape a répondu, si on peut dire, comme théologien.

    Donc dans la Genèse, c'est ceci, et dans la Bible, c'est cela. Il fallait répondre directement. Il aurait pu dire autre chose plutôt que ce que l'on enseigne d'habitude. Et il aurait pu signifier aussi devant tout le monde ce que beaucoup savent, c'est que dans l'Eglise, il y a déjà des femmes qui ont de grandes responsabilités, pas seulement dans les diocèses en Europe, mais aussi à la curie romaine. Pour le choix des évêques, il y a trois femmes dans le club à Rome. Et je comprends qu'il y ait des gens qui soient déçus, mais il a dit ça en quelques secondes. On peut encore attendre peut-être de lui des compléments plus tard.

    Le Pape a également salué le courage du roi Baudouin en faisant référence à son refus de signer la loi dépénalisant l'avortement. Il a encouragé les dirigeants à adopter le même genre d'attitude ultra conservatrice. Est-ce que c'est le rôle d'un pape de faire preuve d'ingérence dans le monde politique ?

    Ce n'est pas à moi qu'il faut demander ce que peut faire un Pape ou non. En tout cas, quand il parle de ces matières-là, c'est au niveau de la morale qui est différente, distincte en tout cas de la législation des Etats. Il n'a pas à faire des remarques sur ce qui se passe en Belgique au niveau du Parlement. Ça, ce n'est pas pour lui.

    Quand le roi Baudouin a refusé de signer cette loi, directement à Rome, au Vatican, ils ont dit que c'était magnifique. En Belgique, on était quand même perplexe. Le fait que le Pape veuille maintenant béatifier le Roi, ça vient de quelques-uns sans doute, mais les évêques ne l'ont jamais demandé. Et il demande maintenant aux évêques de participer à ce travail. Nous allons obéir évidemment nous sommes évêques. Je suis d'accord avec le fait que le Pape dise quelque chose sur l'avortement, mais traiter ceux qui sont médecins, gynécologues, de tueurs à gages, il l'avait déjà fait une première fois il y a quelques années, c'est un peu fort. Et je comprends les gynécologues.

    Vous avez annoncé votre retraite et il vous fallait l'accord du pape pour qu'elle puisse être effective. Vous avez eu l'occasion de lui demander si votre retraite était acceptée ?

    On n'a salué qu'une fois le pape pour lui donner la main. C'était à Koekelberg le samedi matin. Je lui ai dit "Bonjour" et "J'attends un successeur". J'ai parlé avec quelqu'un de l'entourage qui s'occupe de ça et il m'a dit oui, je sais, mais encore beaucoup de patience. J'attends.

  • La Babel synodale va reprendre de plus belle

    IMPRIMER

    De Stefano Fontana sur la NBQ :

    La Babel synodale continue

    (...) Le concept de synodalité est vague et théologiquement imprécis ; il est même erroné lorsqu'on affirme que « l'Église est synodale » ; la synodalité est considérée comme un « processus » et une « méthode à apprendre », mais cela l'expose à des malentendus dus à la primauté de la praxis sur la doctrine ; la synodalité actuelle est en net contraste avec celle de Paul VI ; le concept de « peuple de Dieu » subit une distorsion horizontale ; le sensus fidei des fidèles est compris comme un « nez » qui doit guider les Pasteurs eux-mêmes ; le « souffle » de l'Esprit est conçu comme un vent de nouveauté ; on ne distingue plus l'Église enseignante de l'Église apprenante ; on adopte des méthodes « démocratiques » et d'assemblée, empruntées aux pratiques du monde, tant politiques que corporatives ; on utilise des expressions à caractère psychologique, sentimental ou sociologique, telles que « conversion relationnelle » ou « conversation dans l'Esprit », comme on peut le lire également dans l'Instrumentum laboris préparé pour la deuxième session du Synode actuellement en cours.

    La nature et la structure du Synode sont modifiées par le nouveau concept de synodalité. À son tour, le Synode, ainsi transformé, diffuse la nouvelle synodalité dans tous les aspects de la vie de l'Église. (...) Certes, des questions comme le diaconat féminin, le célibat des prêtres ou l'évolution de la morale sexuelle sont très pertinentes, mais le vrai problème se situe en amont de ces sujets et d'autres sujets brûlants et réside précisément dans la nouvelle conception de la synodalité. Il se peut que cela ne se traduise pas à court terme par des déclarations bouleversantes sur les questions limites que nous venons d'évoquer, que les tactiques permettent de gérer les choses sans compromis clairs, que les questions épineuses soient diluées ou reportées... mais si la nouvelle conception de la synodalité demeure, la bombe reste amorcée, ses fragments se répandront dans les pratiques quotidiennes, les sensibilités des pasteurs et des fidèles changeront réellement par inertie ou par assimilation aux comportements dominants.

    La nouvelle synodalité se propagera par mille ruisseaux d'en bas, au fur et à mesure que de nouvelles pratiques se multiplieront, comme les bénédictions de couples homosexuels, les célébrations syncrétistes avec d'autres religions, les synodes diocésains avec un pouvoir délibératif ou avec des propositions indécentes auxquelles, cependant, l'évêque ne dira pas non par esprit synodal, de nouveaux rôles pour les laïcs, en particulier les femmes, à l'autel pendant la messe, même en prétextant un manque de prêtres, la contestation des nominations de curés au nom de la démocratie synodale, la création de conseils et d'agrégations diocésains avec la présence d'athées, etc. Sans parler de l'action de groupes et d'associations catholiques de contestation et de lutte, comme l'« Alliance pour l'égalité catholique » suisse, qui agissent pour imposer de nouvelles pratiques sur des questions cruciales.

    Ces observations nous ramènent à l'image de Babel. Beaucoup se plaignent de la confusion qui, même un an plus tard, continue à planer autour du synode et ne se rendent pas compte que cette confusion est fonctionnelle à la nouvelle synodalité. Le 16 février 2024, François a inopinément retiré des travaux synodaux la compétence sur dix macro-sujets, qui ont été confiés à dix groupes d'étude extérieurs au synode qui devront conclure leurs travaux d'ici juin 2025. On pourrait penser qu'en retirant ces patates chaudes, il a affaibli le synode, mais il l'a au contraire rendu plus libre, plus agile et plus efficace. C'est l'un des nombreux aspects de la Babel synodale : le cadre est constamment révisé et d'autres acteurs interviennent au fur et à mesure de l'avancement des travaux. Le Synode lui-même n'est qu'un des acteurs de la nouvelle synodalité qui se déroule désormais « à plusieurs voix », comme un processus diffus et donc plus pénétrant. Outre les dix nouveaux groupes d'étude et les interventions quasi quotidiennes de François en faveur des communautés homosexuelles et LGBT, qui influencent indubitablement les travaux du synode, il convient de rappeler le mouvementisme des dicastères du Saint-Siège. L'Académie pontificale pour la vie, dirigée par Mgr Vincenzo Paglia, a donné de nombreuses preuves de la manière « synodale » de traiter les questions épineuses de bioéthique... La Déclaration Fiducia supplicans (18 décembre 2023) du Dicastère pour la doctrine de la foi, avec son admission de la bénédiction des couples homosexuels, a certainement montré au Synode un nouveau chemin pour « marcher ensemble ». Il en va de même pour Dignitas infinita (8 avril 2024), qui étend le concept de synodalité à l'ensemble de la fraternité humaine.

    (...) Il est difficile de nier que nous sommes en présence de « coups de grâce » par des interventions ciblées de multiples acteurs qui dictent l'ordre du jour du Synode et inhibent la pensée autonome des synodes. Il est également difficile de nier que la nouvelle synodalité est plus large et plus profonde que le Synode lui-même. De cette manière, cependant, la Babel se révèle être une Babel ordonnée. Les acteurs sont nombreux, mais il y a une direction. (...)

    La majorité des fidèles ne connaît pas ou peu ces questions, mais ce n'est pas un obstacle à la mise en œuvre du synodalisme, car les masses inconscientes peuvent être conduites (dans leur bonne foi) vers des formes révolutionnaires de religiosité sans qu'elles s'en rendent compte. La gestion « à plusieurs voix » permet ensuite des choix tactiques articulés : en cas de controverse, le pape n'intervient pas mais nomme une commission, comme dans le cas du diaconat féminin ; de nombreuses questions seront finalement tranchées par François, peut-être même atténuées, mais entre-temps les processus auront avancé ; les positions extrêmes seront attribuées à l'intempérance de l'assemblée et non à ceux qui ont mené les travaux, sauf pour les reprendre dans de nouveaux contextes. De cette manière, les responsabilités se diluent, de sorte que le « peuple de Dieu » ne sait plus où donner de la tête et suivre le courant. La synodalité est comme un poisson qui échappe aux mains de ceux qui veulent l'attraper et qui, en même temps, produit ses effets.

  • Honte à l'évêque de Namur !

    IMPRIMER

    La pusillanimité de l'évêque de Namur lui fait honte (source) :

    Mgr Warin : « Le témoignage chrétien doit être plus humble »

    Dès le jeudi soir, Mgr Pierre Warin était, avec les autres évêques belges, à Melsbroek pour accueillir le pape à sa sortie de l’avion. Durant ces journées marathon, il aura eu, une seule fois, l’occasion de lui serrer la main et d’échanger trois mots avec lui. Si Mgr Warin est heureux de l’accueil que le pape a reçu, il a moins apprécié ses prises de position notamment sur l’avortement.

    Beaucoup de personnes ont, sans doute, été déçues de ne pouvoir approcher le pape, de ne pouvoir lui serrer la main, échanger quelques mots avec lui… Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les évêques sont, à peine, plus privilégiés. Samedi, alors que le pape François quittait la basilique de Koekelbergh, Mgr Warin a échangé, avec lui, une poignée de main et quelques mots. C’était là la seule et unique fois.

    Alors que la frénésie autour de ce voyage se calme, l’évêque de Namur ne peut s’empêcher d’être partagé dans ses impressions quant à ce séjour. « J’ai beaucoup aimé que le pape François aille à la rencontre des plus pauvres. J’ai apprécié, à Louvain-la-Meuse, qu’il félicite la chanteuse. Et puis, il y a eu l’accueil qu’il a reçu. Il a été acclamé. »

    Mgr Warin a moins apprécié les différents propos du Saint-Père sur la place des femmes ou encore l’avortement. « Il a suscité la polémique. Il faut accepter notre société comme elle est. Le témoignage chrétien doit être plus humble. Je me doute que le pape n’écrit pas tous ses discours mais il faut tenir compte du contexte du pays dans lequel on se trouve. »

  • Baudouin en voie de béatification : la belle surprise du voyage du pape en Belgique

    IMPRIMER

    De Hugues Lefèvre sur aleteia.org :

    Baudouin, la figure inattendue du voyage du pape François en Belgique?

    29/09/24
     
    En se rendant sur la tombe du roi Baudouin et en annonçant l’ouverture de sa cause de béatification, le pape François a surpris la Belgique. Pour le pontife argentin, l’ancien roi doit devenir un modèle de sainteté pour le monde politique.

    La surprise était totale dans les travées du stade Roi Baudouin. « Je voudrais vous donner une nouvelle », a glissé le pape François à la fin de la messe célébrée devant 40.000 fidèles. « À mon retour à Rome, j’ouvrirai le processus de béatification du roi Baudouin ». À cette courte annonce a succédé une salve d’applaudissements dans les tribunes. Celui qui a régné sur la Belgique de 1951 jusqu’à sa mort en 1993 a été l’une des figures inattendues de ce séjour du pape François dans le Plat pays. Samedi matin, le nom du roi Baudouin a refait surface dans l’actualité quand le Vatican a révélé que le pape s’était rendu sur la tombe du souverain. Plus encore, la communication officielle du petit État a pris la liberté de communiquer les paroles glissées par François aux quelques personnes présentes, notamment le roi Philippe et la reine Mathilde. 

    Le pape avait salué le « courage » du monarque qui avait choisi de « quitter son poste de roi pour ne pas signer une loi meurtrière ». Dans la crypte royale de l’église Notre-Dame de Laeken, François avait aussi souhaité la béatification de ce souverain qui avait été mis temporairement en « impossibilité de régner » pour ne pas ratifier la loi légalisant l’avortement, en 1990. Les réactions ont été vives, notamment de la part du Centre d’action laïque qui a vu là des « propos ahurissants » et a dénoncé une « ingérence ». Le Palais royal aussi a semblé gêné par la publicité faite à cette rencontre à caractère « strictement privé », a d’ailleurs précisé un bref communiqué. 

    Les évêques sollicités

    Mais malgré le contexte actuel sensible - des discussions ont lieu actuellement en Belgique pour un allongement du délai de l’IVG -, le pontife argentin a maintenu le cap. À l’occasion de la messe de ce dimanche retransmise à la  télévision belge, il a donc souhaité que Baudouin, « exemple d’homme de foi, illumine les gouvernants ». Devant les fidèles, il a aussi expressément demandé à ce que leurs évêques « s’impliquent pour porter cette cause ». Si cette béatification avait été évoquée par Benoît XVI par le passé, les évêques de Belgique n’en avaient pas fait un objectif prioritaire, assure une source. Bien que très respecté, Baudouin demeure en Belgique une figure clivante sur les sujets de société. 

    Or, indique un autre observateur, l’Église en Belgique « ne veut surtout pas faire de vagues ». Dans une société sécularisée et où l’institution est embourbée dans les scandales d’abus sexuels, le choix de mettre en sourdine cette cause a pu être privilégié. Mais le pape ne l’a pas entendu de cette oreille. Interrogé dans l’avion de retour pour Rome sur sa volonté de béatifier Baudouin, le pontife n’a en rien renié ses sorties précédentes. Au contraire, il est même allé jusqu’à qualifier le roi de « saint » en rappelant son geste courageux. « Cet homme est un saint et le processus de béatification se poursuivra », a-t-il martelé. 

    Un long processus

    En à peine 36 heures, le pape a ainsi de nouveau braqué les projecteurs sur un monarque qui avait en mars 1990 écrit au Premier ministre belge au sujet de l’IVG : «  Ce projet de loi soulève en moi un grave problème de conscience ». Défendant sa liberté, il avait ajouté que son objection de conscience ne signifiait pas qu’il était « insensible à la situation très difficile, et parfois dramatique, à laquelle certaines femmes sont confrontées ». Le processus de béatification de Baudouin pourrait prendre des années puisqu’il faut d’abord que l’Église atteste de l’héroïcité de ses vertus et le déclare « vénérable ». Puis il faudra que Rome reconnaisse un miracle attribué à son intercession afin qu’il devienne « bienheureux ». Un deuxième miracle sera nécessaire pour une canonisation. 

    En l’an 2000, Jean Paul II avait déclaré Thomas More “saint patron des hommes politiques”.  Le chancelier du roi d’Angleterre s’était opposé à Henri VIII lors de son divorce qui devait provoquer la séparation de Rome de l’Église en Angleterre. Ce weekend, en Belgique, le pape François n’a pas attendu la canonisation de Baudouin pour le donner en exemple aux gouvernants actuels et aux évêques.

    Dans le Figaro, Jean-Marie Guénois commente :

    2024_09_30_16_58_44_Greenshot.png

  • Abus, Baudouin, UCL... : dans l'avion qui le ramenait à Rome, le pape a mis les points sur les i

    IMPRIMER

    Lors de son retour de Belgique en avion, le pape n'a pas mâché ses mots (source) :

    Valérie Dupont, RTBF: Saint-Père, merci pour votre disponibilité. Excusez ma voix mais la pluie m'a un peu touchée. Vos propos sur la tombe du roi Baudouin ont suscité un peu d'étonnement en Belgique....

    Mais vous savez que l'étonnement est le début de la philosophie et c'est très bien...

    Peut-être… Certains y ont également vu une ingérence politique dans la vie démocratique de la Belgique. Le processus de béatification du roi est lié à ses fonctions. Et comment concilier le droit à la vie, la défense de la vie, et aussi le droit des femmes à avoir une vie sans souffrance?

    Toutes ces vies... Le roi a été courageux parce que face à une loi de mort, il n'a pas signé et a démissionné. Il faut du courage, non? Il faut un homme politique «avec un pantalon» pour faire cela. Il faut du courage. Lui aussi a fait passer un message en agissant de la sorte et il l'a fait parce que c’était un saint. Il n'est pas encore saint, mais le processus de béatification va avancer, car nous en avons eu la preuve.

    Les femmes. Les femmes ont droit à la vie: à leur vie, à la vie de leurs enfants. N'oublions pas de dire ceci: un avortement est un homicide. La science nous dit que le mois de la conception, tous les organes sont déjà là... Vous tuez un être humain. Et les médecins qui s'y prêtent sont -permettez-moi le mot- des tueurs à gages. Ce sont des tueurs à gages. Et sur ce point on ne peut pas discuter. On tue une vie humaine. Et les femmes ont le droit de protéger la vie. Les méthodes anti-contraceptives sont autre chose. Il ne faut pas confondre. Je ne parle maintenant que de l'avortement. Et cela ne peut pas être débattu. Pardonnez-moi, mais c'est la vérité.

    Je vous remercie. Sur ce dernier point... Il y a déjà un département au Vatican. Il y a une structure, dont le président est un évêque colombien, pour les cas d'abus. Il y a une commission mise sur pied par le cardinal O'Malley. Cela fonctionne! On reçoit tous les dossiers au Vatican et on en discute. Moi aussi, j’ai reçu des victimes d'abus au Vatican et j’insiste avec force que les choses avancent. C'est le premier point. Deuxièmement,

    J'ai écouté les victimes. Je crois que c'est un devoir. Certains disent: les statistiques disent que 40-42-46% des abus sont commis dans la famille et le voisinage, et seulement 3% dans l'Église. Tout ça m’importe peu, je m'occupe des victimes dans l'Église! Nous avons la responsabilité d'aider les victimes d'abus et de prendre soin d'elles. Certaines ont besoin d'un traitement psychologique, nous devons les aider. On parle aussi d'indemnisation, parce qu'en droit civil, il y en a une. En droit civil, je pense que le montant est de 50 000 euros en Belgique, ce qui est trop faible. Je crois que c'est le chiffre, mais je n'en suis pas certain. Ce n'est pas quelque chose d’utile. Mais nous devons nous occuper des personnes maltraitées et punir les agresseurs, car la maltraitance n'est pas un péché d'aujourd'hui qui n'existera peut-être plus demain... C'est une tendance, une maladie psychiatrique et c'est pourquoi nous devons les placer sous traitement et les contrôler de cette manière. On ne peut pas laisser un abuseur libre vivre une vie normale, avec des responsabilités dans les paroisses et les écoles. Après leur procès et la condamnation, certains évêques ont donné à des prêtres ayant commis de tels abus une activité, par exemple, dans une bibliothèque, mais sans contact avec les enfants dans les écoles et les paroisses. Nous devons poursuivre dans cette voie. J'ai dit aux évêques belges de ne pas avoir peur et de continuer, d’avancer. La honte, c’est de couvrir. C'est ça la honte.

    (...)

    Tout d'abord, cette déclaration a été faite au moment où j'ai pris la parole. Elle a été faite à l'avance et ce n'est pas moral. Je parle toujours de la dignité des femmes et j'ai dit quelque chose que je ne peux pas dire au sujet des hommes: l'Église est «femme», elle est l'épouse de Jésus. Masculiniser l'Église, masculiniser les femmes, ce n'est pas humain, ce n'est pas chrétien. Le féminin a sa propre force. En effet, les femmes -je le dis toujours- sont plus importantes que les hommes, parce que l'Église est femme, l'Église est l'épouse de Jésus. Si cela semble conservateur à ces dames, alors je suis Carlo Gardell (célèbre chanteur de tango argentin, ndlr)., parce que… je ne comprends pas... Je remarque qu'il y a un esprit obtus qui ne veut pas entendre parler de cela. La femme est l'égale de l'homme, et même, dans la vie de l'Église, la femme est supérieure, parce que l'Église est femme. En ce qui concerne le ministère, la mystique de la femme est plus grande que le ministère. Un grand théologien a fait des études à ce sujet: lequel est le plus grand, le ministère pétrinien ou le ministère marial? Le ministère marial est plus grand parce que c'est un ministère d'unité, engageant, tandis que l'autre est un ministère de guide. La maternité de l'Église est une maternité de femmes. Le ministère est un ministère très mineur, donné pour accompagner les fidèles, toujours dans le cadre de la maternité. Plusieurs théologiens ont étudié cette question et disent que c'est une réalité, je ne dis pas moderne, mais réelle. Ce n'est pas dépassé. Un féminisme exagéré qui veut que les femmes soient machistes ne fonctionne pas. Il y a d’un côté un machisme qui ne va pas, et de l’autre un féminisme qui ne va pas non plus. Ce qui fonctionne, c'est l'Église «femme», qui est supérieure au ministère sacerdotal. Et parfois, on n'y pense pas.

    Mais je vous remercie pour cette question. Et merci à vous tous pour ce voyage, pour le travail que vous avez accompli. Je regrette que le temps soit compté. Mais merci, merci beaucoup. Je prie pour vous, vous priez pour moi. Priez pour moi!

  • « L'Église devrait avoir honte » (pape François)

    IMPRIMER

    De Courtney Mares sur le CWR :

    En Belgique, le pape François déclare que « l'Église devrait avoir honte » des abus commis par le clergé

    27 septembre 2024

    Au château de Laeken, en Belgique, le pape François a abordé la crise des abus du clergé qui sévit depuis longtemps dans l'Église catholique, déclarant sans équivoque que « l'Église devrait avoir honte » et doit demander pardon pour ses manquements.

    S'exprimant devant environ 300 dignitaires, dont le roi Philippe et le Premier ministre belge Alexander De Croo, le pape a déclaré que la maltraitance des enfants est « un fléau que l'Église combat avec détermination et fermeté, en écoutant et en accompagnant les blessés et en mettant en œuvre un programme de prévention à grande échelle dans le monde entier ».

    « L’Église est à la fois sainte et pécheresse », a déclaré le pape François dans la Grande Galerie du château, le 27 septembre, dans son premier discours depuis son arrivée en Belgique. « L’Église vit dans cette coexistence perpétuelle de sainteté et de péché, de lumière et d’ombre, avec des résultats souvent d’une grande générosité et d’un dévouement splendide, et parfois malheureusement avec l’émergence de contre-témoignages douloureux. »

    « Je pense aux cas dramatiques d’abus sur mineurs », a-t-il ajouté. « L’Église devrait avoir honte, demander pardon et essayer de résoudre cette situation avec humilité chrétienne. »

    Les propos du pape font suite à sa décision de laïciser l'ancien évêque de Bruges Roger Vangheluwe, plusieurs années après que ce dernier ait admis avoir abusé sexuellement de ses neveux à plusieurs reprises. Un ancien archevêque de Bruxelles, feu le cardinal Godfried Danneels, aurait appelé une victime des abus de Vangheluwe à garder le silence .

    En Belgique, l’Église catholique est confrontée à une baisse significative de la confiance du public. En 2022, seuls 50 % des Belges se sont identifiés comme catholiques, soit une baisse de 16 % par rapport à la décennie précédente, et seuls 8,9 % assistent à la messe au moins une fois par mois.

    Selon un rapport récent, le nombre de catholiques demandant que leur nom soit retiré des registres de baptême est passé à 1 270 en 2023.

    Le pape a évoqué les abus du clergé dans une réponse improvisée à la vive condamnation par De Croo de la manière dont l'Église gère les abus du clergé.

    De Croo a imploré l’Église de donner la priorité aux besoins des victimes, affirmant : « Aujourd’hui, les mots seuls ne suffisent pas. Nous avons également besoin de mesures concrètes. » Le roi Philippe s’est également joint à l’appel à la responsabilité dans son discours, affirmant que l’Église doit travailler « sans relâche » pour expier les crimes et aider à la guérison des victimes.

    La visite du pape François fait suite à une série de scandales qui ont ébranlé l’Église belge, dont le point culminant a été la publication en 2010 d’un rapport accablant révélant que plus de 500 personnes avaient dénoncé des abus commis par des prêtres. Les retombées de ces révélations ont conduit à un examen approfondi de la direction et des pratiques de l’Église, de nombreux appelant à une approche plus transparente dans le traitement des allégations d’abus.

    Un documentaire récent, « Godvergeten » (« Abandonnés de Dieu »), diffusé à la télévision belge, montre des victimes partageant leurs histoires poignantes, alimentant encore davantage l'indignation du public et déclenchant des enquêtes sur les pratiques de l'Église.

    Le Premier ministre et le roi Philippe ont tous deux tenu leurs propos les plus pointus en néerlandais, la langue de la Flandre, où les cas d'abus ont acquis une notoriété particulière.

    Le pape a également évoqué l'histoire troublée des « adoptions forcées » en Belgique, une pratique qui a perduré jusque dans les années 1980 et qui a contraint des mères célibataires à abandonner leurs enfants. « Souvent, la famille et d'autres acteurs sociaux, y compris l'Église, pensaient que pour éliminer la stigmatisation négative (...) il était préférable pour le bien de la mère et de l'enfant que ce dernier soit adopté », a-t-il déploré, ajoutant que cet état d'esprit contribuait à de profondes blessures sociétales.

    Dans son discours, le pape François a également évoqué le rôle unique de la Belgique en Europe, la qualifiant de pont entre les cultures et de centre de paix. « Ce sont les deux calamités de notre époque : l'enfer de la guerre… et l'hiver démographique », a-t-il déclaré.

    « C’est pourquoi nous devons être pragmatiques : ayez des enfants ! Ayez des enfants ! », a ajouté le pape.

    François n'a cependant pas abordé le sujet controversé de l'euthanasie en Belgique, une omission notable dans son discours compte tenu des discussions en cours autour de cette question dans les établissements de santé catholiques du pays.

    Après son discours au château de Laeken, le pape a visité une résidence pour personnes âgées en difficulté gérée par les Petites Sœurs des Pauvres. Le pape devrait également rencontrer vendredi soir des victimes d'abus sexuels.

    Lire aussi : Les excuses du pape aux victimes d'abus sexuels rejetées par un groupe de survivants, car elles visent seulement à « limiter les dégâts »

  • Le secrétaire d'État du Vatican met en garde contre les faibles taux de natalité en Europe et « l'hiver démographique »

    IMPRIMER

    De Jonah McKeown sur CNA :

    Le secrétaire d'État du Vatican met en garde contre les faibles taux de natalité en Europe et « l'hiver démographique »

    Le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d'Etat du Vatican, a déclaré dans une récente interview que le pape François souhaitait que l'Europe redécouvre ses principes fondateurs afin d'aborder les problèmes - y compris l'imminent  « hiver démographique »  causé par les faibles taux de natalité - avec « un esprit de solidarité tourné vers l'avenir ».

    S'adressant aux médias du Vatican  la veille du  départ du pape François pour un voyage au Luxembourg et en Belgique,  Parolin a déclaré que sans la vertu de l'espérance et la conviction profonde de l'aide de Dieu dans nos vies, « chaque difficulté, bien que réelle, semblera amplifiée et les impulsions égoïstes auront plus de liberté pour s'imposer ». Il a ajouté que l'Église catholique et les acteurs étatiques ont la responsabilité de soutenir les familles et de leur permettre de se donner généreusement.

    « Je crois que pour contrer la baisse dramatique de la natalité, une série d’actions de la part de différents acteurs est nécessaire et urgente. L’Église, les États et les organisations intermédiaires doivent tous prendre conscience de l’importance – j’oserais dire vitale – de ce problème et intervenir avec une série de mesures qui devraient être bien coordonnées, si possible », a déclaré Parolin.

    Il faut veiller à « écouter attentivement les familles pour identifier leurs besoins réels et leur fournir de l’aide, en impactant le concret de leur vie afin d’éliminer divers obstacles à l’accueil généreux d’une nouvelle vie », a déclaré le cardinal. 

    La fécondité mondiale est en baisse depuis des décennies, le problème étant souvent plus aigu dans les pays industrialisés où le niveau de vie est élevé, alors même que les taux de fécondité continuent de grimper dans de nombreux pays en développement aux ressources limitées, notamment en Afrique subsaharienne. Selon les données recueillies par la Banque mondiale , bon nombre des pays les plus développés du monde se situent bien en dessous du « taux de remplacement » de la fécondité (en général environ 2,1 naissances par femme au cours de sa vie) nécessaire pour maintenir une population stable.

    Ce n’est pas la première fois que Parolin évoque la possibilité d’un « hiver démographique » – une diminution spectaculaire et lourde de conséquences de la population causée par  un faible taux de natalité.  Il l’avait déjà fait  en 2021 lors d’un discours en France  , où il avait également exhorté le continent à redécouvrir ses racines chrétiennes.

    Le pape François lui-même a déjà décrit le faible nombre de naissances comme « un chiffre qui révèle une grande préoccupation pour l’avenir ». Il a critiqué ce qu’il décrit comme « un climat social dans lequel fonder une famille est devenu un effort titanesque, au lieu d’être une valeur partagée que tout le monde reconnaît et soutient ».

    En 2022, François a également décrit la chute des taux de fécondité comme une « urgence sociale », affirmant que si la crise n'était « pas immédiatement perceptible, comme d'autres problèmes qui occupent l'actualité », elle était néanmoins « très urgente » dans la mesure où les faibles taux de natalité « appauvrissent l'avenir de tous ».

    Lire la suite

  • De multiples nuances pour la visite du pape en Belgique

    IMPRIMER

    De Elise Ann Allen sur Crux Now :

    Le pape au Luxembourg et en Belgique : un voyage aux nuances multiples

    25 septembre 2024

    ROME – Alors que le pape François se prépare à se rendre au Luxembourg et en Belgique cette semaine malgré un léger rhume, son voyage comportera plusieurs thèmes sous-jacents importants alors qu'il mettra le pied dans l'une des nations les plus laïques d'Europe et se prépare à délivrer des messages à un continent ravagé par la guerre.

    La visite du pape François au Luxembourg et en Belgique, du 26 au 29 septembre, marquera son 46e voyage international en tant que pape, avec un total de 77 pays visités depuis son élection au pontificat en 2013.

    Bien qu'il fasse ce voyage principalement à l'occasion du 600e anniversaire de la fondation des universités de Louvain et de Louvain, étant donné la présence d'importantes institutions européennes dans les deux villes et les récents scandales d'abus qui ont mis à l'épreuve l'Église dans un paysage déjà précaire en raison de la croissance rapide de la laïcité, tous ces thèmes devraient être présents à un certain niveau dans ce que dit et fait le pape.

    « La sécularisation est un problème, mais peut-être plus encore est-ce le défi du témoignage chrétien dans une Europe où le christianisme est moins connu que par le passé, plein de questions, souvent non exprimées, avec une perception de déclin », a déclaré le porte-parole du Vatican, Matteo Bruni, lors d'une conférence de presse le 23 septembre.

    « Il y a déjà des tentatives de réponse à ces questions au sein de ces communautés qui seront encouragées par le pape », a-t-il déclaré.

    Alors que 57 pour cent de la population belge est catholique, le taux de participation active à la messe dominicale n'est que de 6 à 10 pour cent. (?)

    L’Église en Belgique est également confrontée à d’importants défis sociaux, puisque le pays a été le deuxième au monde à légaliser le mariage homosexuel en 2003, et il est devenu une destination mondiale pour ceux qui recherchent l’euthanasie – qui a été légalisée en Belgique en 2002 et permet aux étrangers de soumettre une demande pour mettre fin à leurs jours dans le pays.

    La Belgique est également l’un des rares pays où l’euthanasie est autorisée pour les personnes souffrant de « souffrances insupportables » causées par un trouble psychiatrique ou une démence. La Belgique est devenue le premier pays à légaliser l’euthanasie pour les enfants en 2014, sans condition d’âge minimum, mais avec des conditions de consentement écrit des parents.

    Selon Bruni, en plus du message que le pape François offrira à un monde sécularisé, il portera également un message aux pays qui accueillent « le siège de diverses institutions européennes, notamment de nature financière », une référence à l'industrie mondiale des fonds au Luxembourg, et « le siège d'une grande partie de l'administration de l'UE », puisque la Belgique abrite le siège de la Commission européenne.

    Ces pays sont « une partie du monde vers laquelle les autres se tournent », ce qui signifie que les paroles du pape seront « adressées au cœur de l'Europe » à la lumière du « rôle qu'elle veut jouer dans le monde dans un avenir proche », a déclaré Bruni.

    À cette fin, il a souligné les discours précédents du pape devant l'UE lors de sa visite à Strasbourg en 2014, lorsque François avait qualifié l'Europe de « grand-mère » qui a perdu son dynamisme et sa créativité, ainsi que son discours d'acceptation du prix Charlemagne en 2016, où il avait réitéré cette comparaison, affirmant que l'Europe était devenue « fatiguée » et « enracinée » et avait perdu le contact avec ses racines chrétiennes et ses principes fondateurs.

    Bruni a déclaré que le message du pape se concentrerait probablement sur le rôle que l'Europe peut jouer à l'avenir pour devenir un lieu d'accueil et de solidarité entre toutes les nations et a noté que certaines nations sont devenues des « victimes » de l'occupation et de la destruction.

    À cette fin, a déclaré Bruni, le thème de la paix sera probablement aussi un thème sous-jacent clé, car François visitera des lieux qui ont travaillé dur pour parvenir à la paix après la Seconde Guerre mondiale, à un moment où le continent européen est à nouveau marqué par le conflit violent en Ukraine.

    Le pape François devrait également aborder les questions environnementales et migratoires, ainsi que le rôle de l’éducation catholique à une époque de croissance technologique rapide.

    Lors d'une rencontre avec des professeurs de l'Université catholique de Louvain, il montrera une vidéo sur l'aide humanitaire aux réfugiés, ce qui, selon Bruni, est un message opportun pour la Belgique compte tenu du défi de la migration ces dernières années et de la présence de réfugiés dans les institutions universitaires.

    Les rencontres du pape avec le monde universitaire, a déclaré Bruni, lui donneront l'occasion de délivrer un message sur « ce que le christianisme a encore à dire à la culture européenne ».

    Il existe également un lien fort entre l'Université catholique de Louvain et le Concile Vatican II, car l'université était déjà considérée, avant le début du concile, comme un précurseur de l'autonomisation des laïcs en vertu de leur baptême et de leur formation de théologiens.

    En 1970, l'université a créé le Centre d'études du Concile Vatican II, qui fonctionne encore aujourd'hui dans le but de collecter des documents documentant l'histoire du Concile et de faire progresser et de soutenir les recherches en cours sur celui-ci.

    De même, l’Université catholique de Louvain entretient depuis longtemps des liens étroits avec le mouvement de théologie de la libération qui est devenu populaire dans une grande partie de l’Amérique latine, et elle dispose toujours d’un Centre de théologie de la libération qui sert de « plate-forme de recherche théologique sur les théologies libératrices, contextuelles et critiques » à travers l’organisation de tables rondes, de groupes de discussion, de conférences, d’ateliers et de séminaires.

    Un autre sujet qui sera au cœur de la visite du pape en Belgique sera celui des abus commis par le clergé et des récents scandales qui ont frappé le pays, notamment le cas notoire de l'évêque Roger Vangheluwe, laïcisé par le Vatican en mars. Après que des accusations ont été portées contre lui en 2010, Vangheluwe a fini par admettre plusieurs abus sexuels, dont certains sur ses propres neveux.

    François devrait rencontrer lors de son séjour en Belgique 15 survivants d'abus sexuels, six hommes et neuf femmes, pour une rencontre qui n'a pas encore été annoncée afin de garantir la confidentialité des participants.

    Bruni a déclaré aux journalistes lundi que, comme d'habitude, la réunion serait annoncée ultérieurement et que, « en accord avec les victimes, nous fournirions des informations à ce sujet ultérieurement ».

    Au sujet des accusations portées contre Vangheluwe et de l'impact que le scandale qui l'entoure a eu sur la société belge, Bruni a déclaré que le pape François « est conscient de la douleur, du drame et de la souffrance en Belgique, et nous pouvons certainement nous attendre à des références à cela ».

    Le pape François sera accompagné lors de sa visite par le cardinal Robert Francis Prevost, préfet du Dicastère pour les évêques, et par le cardinal Marcello Semeraro, préfet du Dicastère pour les causes des saints.

    Le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d'Etat du Vatican, ne l'accompagnera pas lors de ce voyage, car il sera à New York pour représenter le Saint-Siège à la 79e Assemblée générale de l'ONU.

    Suivez Elise Ann Allen sur X : @eliseannallen

  • Le secrétaire d'État du Vatican dénonce la promotion de l'avortement et de l'idéologie du genre par l'ONU

    IMPRIMER

    Du National Catholic Register (:

    Le secrétaire d'État du Vatican dénonce la promotion de l'avortement et de l'idéologie du genre par l'ONU

    Le cardinal Pietro Parolin a souligné la nécessité de promouvoir la dignité de la personne humaine et a exprimé la désapprobation du Vatican à l'égard de la promotion de l'avortement et de l'idéologie du genre par l'Assemblée, le 23 septembre.

    Dans un discours au « Sommet du futur » des Nations Unies à New York, le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d'État du Saint-Siège, a souligné la nécessité de promouvoir la dignité de la personne humaine et a exprimé la désapprobation du Vatican à l'égard de la promotion de l'avortement et de l'idéologie du genre par l'assemblée.

    Le cardinal Parolin s’est adressé lundi aux membres de l’ONU réunis pour le sommet. Tout en félicitant les participants au sommet pour leur engagement dans le dialogue, il a souligné qu’il était « nécessaire de repenser les actions dans un certain nombre de domaines ».

    Le cardinal a exprimé les inquiétudes du Vatican concernant le document intitulé « Pacte pour l'avenir », adopté par les participants au sommet dimanche . Il a déclaré que « conformément à sa nature et à sa mission particulière, [le Saint-Siège] souhaite exprimer ses réserves » concernant la promotion de l'avortement et de l'idéologie du genre par l'assemblée.

    Le Saint-Siège conserve le statut d’« observateur permanent » sans droit de vote auprès des Nations Unies.

    Qu'a dit le cardinal Parolin ?

    Le cardinal Parolin a souligné la nécessité de promouvoir la dignité de la personne humaine dans le monde entier. Il a salué le sommet comme un « motif d’espoir » dans un temps de crise où « la confiance entre les nations s’érode, comme en témoignent la prévalence et l’intensité croissantes des conflits ».

    « Aujourd’hui, le sentiment d’appartenir à une seule famille humaine s’estompe et le rêve de travailler ensemble pour la justice et la paix semble dépassé et utopique. Il n’en est pas forcément ainsi s’il existe une volonté de dialogue authentique », a déclaré le cardinal Parolin. « Si la dignité est le fondement et le développement humain intégral l’objectif de notre avenir, le dialogue est le moyen nécessaire ».

    Bien que le « Pacte pour l'avenir » adopté lors du sommet ne mentionne pas explicitement l'avortement, il énonce l'objectif du sommet de « garantir l'accès universel à la santé sexuelle et reproductive et aux droits reproductifs ». La « santé reproductive » et les « droits reproductifs » sont des termes utilisés pour désigner un ensemble de services de santé destinés principalement aux femmes, y compris souvent l'avortement.

    « En ce qui concerne les termes « santé sexuelle et reproductive » et « droits reproductifs », le Saint-Siège considère que ces termes s’appliquent à une conception holistique de la santé, qui embrasse, chacun à sa manière, la personne dans l’intégralité de sa personnalité, de son esprit et de son corps, et qui favorise la réalisation de la maturité personnelle dans la sexualité et dans l’amour mutuel et la prise de décision qui caractérisent la relation conjugale entre un homme et une femme conformément aux normes morales », a déclaré le cardinal Parolin.

    « Le Saint-Siège ne considère pas l’avortement ou l’accès à l’avortement ou aux produits abortifs comme une dimension de ces termes », a-t-il précisé.

    « En ce qui concerne le « genre », a poursuivi le cardinal Parolin, « le Saint-Siège comprend le terme comme étant fondé sur l’identité sexuelle biologique qui est masculine ou féminine. »

    Sur quels autres points le cardinal Parolin a-t-il mis l’accent ?

    Le cardinal Parolin a ensuite souligné la conviction du Vatican selon laquelle « l’éradication de la pauvreté » par le développement mondial doit être « l’objectif primordial de toute action future ».

    Il a également souligné la nécessité de rechercher la paix par le biais du désarmement mondial et de « l’élimination totale des armes nucléaires », affirmant que « les considérations géopolitiques étroites doivent être mises de côté et les lobbies économiques puissants doivent être résistés afin de défendre la dignité humaine et d’assurer un avenir dans lequel tous les êtres humains peuvent jouir d’un développement intégral, à la fois en tant qu’individus et en tant que communauté ».

    Enfin, le cardinal Parolin a également déclaré qu’il existe un « besoin urgent » pour les gouvernements de réglementer le développement de l’intelligence artificielle afin de promouvoir « une éthique de l’IA qui englobe le cycle de vie de l’IA et aborde, entre autres, la protection des données, la responsabilité, les préjugés et l’impact de l’IA sur l’emploi. »

    « Par-dessus tout, a déclaré le cardinal Parolin, penser à l’avenir doit tenir compte des besoins et des intérêts des générations futures. Il est impératif de garantir un avenir digne à tous, en garantissant la fourniture des conditions nécessaires – y compris un environnement familial stimulant – pour faciliter l’épanouissement tout en relevant simultanément les innombrables défis qui l’entravent, notamment ceux résultant de la pauvreté, des conflits, de l’exploitation et de la toxicomanie. »

  • Que des théologiens progressistes dans l'équipe du cardinal Fernandez

    IMPRIMER

    De Stefano Fontana sur la NBQ :

    les nouveaux consultants

    Changer la morale : seuls des théologiens progressistes dans l'équipe de Fernandez

    Les nouveaux Consulteurs du Dicastère pour la doctrine de la foi appartiennent à la théologie progressiste et promettent de changer la doctrine de l'Église sur la contraception, l'homosexualité, le mariage, la théologie du corps, de changer substantiellement la morale catholique en général.

    25_09_2024

    Les nouveaux Consulteurs du Dicastère pour la doctrine de la foi ont été nommés et le choix des noms s'est fait principalement dans le sens d'une théologie progressiste. L'épine dorsale des nouveaux Consulteurs est constituée de théologiens qui ont toujours contesté l'encyclique Veritatis splendor de Jean-Paul II, ont préparé et soutenu les innovations d' Amoris laetitia , veulent changer ce que dit l'Église sur le mariage et la sexualité, affirment que les Humanae vitae est réformable, ils comprennent l'amour au sens large et comme un processus qui accueille chacun en tenant compte du fait que quelqu'un peut être plus en avance et d'autres plus en retard mais que personne n'est en dehors, ils sont parfaitement en phase avec les besoins synodaux de la nouvelle Église , ils parlent beaucoup de conscience et de discernement, leur attribuant la même importance que la loi naturelle et divine a dans la vie morale, ils rejettent le concept de loi naturelle, la considérant tout au plus comme une sédimentation des nombreux actes de discernement historiquement ultérieurs. .

    Il existe des figures historiques du progressisme théologique, notamment en théologie morale , comme Aristide Fumagalli . Maurizio Chiodi est également nominé. En 2022, dans un article publié dans une revue dehoniens, il disait que l'enseignement de Humanae vitae pourrait être modifié . Le nom de Chiodi est très significatif car il est étroitement lié aux événements de l'Institut Jean-Paul II d'études sur le mariage et la famille, où il a déménagé pour enseigner de Milan à Rome. On peut dire qu'il est comme l'emblème de cette opération de Francesco et Paglia visant à liquider définitivement l'enseignement de Jean-Paul II sur ces thèmes, transformant fondamentalement la physionomie de l'Institut qu'il voulait et qui portait son nom.

    Ceux qui ont suivi ces événements n'ont certainement pas été surpris par sa nomination comme Consulteur du Dicastère du Préfet Fernández. Viennent ensuite bien d'autres, de Pier Davide Guenzi , théologien moral qui préside l'association professionnelle, à Antonio Staglianò qui préside par contre l'Académie pontificale de théologie, à Giacomo Canobbio qui voudrait une Église démocratique au sens de démocratie politique, jusqu'à quelques gloires historiques comme Basilio Petrà. Nous n'avons pas l'intention de faire une liste, mais force est de constater que le choix a été très prudent. On peut déjà savoir d'avance qu'un nombre important de Consulteurs vont changer la doctrine de l'Église sur la contraception, l'homosexualité, le mariage, l'amour conjugal, la théologie du corps, et changer substantiellement la morale catholique en général. Nous le savons parce qu’ils l’ont déjà fait et écrit et c’est précisément pour cela qu’ils ont été nominés.

    Chacun de nous, en entendant l’expression Dicastère pour la Doctrine de la Foi, imagine quelque chose qui ressemble à l’ancien Saint-Office. Bien sûr, nous savons tous qu'elle ne s'appelle plus ainsi et qu'elle ne s'appelle même plus Congrégation, mais nous imaginons qu'elle a conservé quelque chose qui a à voir avec la tradition et l'autorité, quelque chose qui a trait à la défense de la doctrine, à la dénonciation des déviations, les fidèles étant mis en garde contre les falsifications de la vérité tant dans le domaine de la loi naturelle que dans celui de la vérité révélée.

    Prenons par exemple la vie de ce Dicastère pendant le pontificat de Jean-Paul II et sous la direction du cardinal Ratzinger. Au total, les condamnations directes ont été peu nombreuses par rapport au passé, mais de nombreux documents officiels ont été produits pour clarifier des questions délicates. Les fidèles pensent encore à quelque chose comme ceci : peu importe les condamnations des théologiens et les publications qui diffèrent de la doctrine, mais au moins les clarifications doctrinales devraient continuer à être là. Mais aujourd’hui, ce n’est plus le cas et quiconque pense encore que c’est le cas se trompe. Le sens de cette ancienne Congrégation a été changé, maintenant transformé en un stimulant pour la recherche théologique orientée vers le changement.

    François l'avait dit dans la lettre personnelle envoyée au cardinal Víctor Manuel Fernández à l'occasion de sa nomination comme préfet du Dicastère : il fallait éviter les « méthodes immorales » de condamnation utilisées dans le passé, ne plus poursuivre les erreurs doctrinales mais promouvoir la recherche théologique, stimuler le charisme des théologiens non selon une « théologie de bureau », pour utiliser toutes les philosophies sans exception. Personne ne doit donc plus attendre du Dicastère un dernier mot sur une question controversée, mais bien le contraire : le rejet des certitudes et l’ouverture de questions controversées. En fait, si nous examinons tous les documents signés jusqu’à présent par Fernández (et par François), nous constatons qu’ils visent à déplacer et non plus à confirmer, qu’ils sont provocateurs et parfois scandaleux. Le nouveau Dicastère pour la doctrine de la foi nous invite à ne pas croire ce qu'il dit mais à être en désaccord et pour ce faire, il nomme comme consulteurs ceux qui, jusqu'à hier, étaient des théologiens de la dissidence. Il semble que la contestation des années 70 soit montée jusqu'au Palais du Saint-Office et prétende de là devenir (contradictoirement) la norme.

    Nous ne pensons pas que les consultants ne soient pas importants. Ils le sont plus que les membres eux-mêmes, tout comme les théologiens l’étaient plus que les Pères conciliaires de Vatican II. Bien sûr, pas tous les Consulteurs, mais ceux qui connaissent les salles secrètes savent bien qu'il y a les Consulteurs qui ne sont pas consultés et ceux qui sont consultés. Il ne fait aucun doute que ce dernier cas est le cas du groupe de théologiens progressistes nouvellement nommés.

  • France : 243 623 avortements en 2023, un chiffre encore en hausse

    IMPRIMER

    De gènéthique.org :

    France : 243 623 avortements en 2023, un chiffre encore en hausse

    25 septembre 2024
     

    En 2023, 243 623 avortements ont été pratiqués en France selon les derniers chiffres de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES)[1]. L’année dernière, on a ainsi recensé 8 600 IVG de plus qu’en 2022, qui affichait pourtant les chiffres les plus élevés depuis 1990. Le nombre total d’IVG en 2022 a d’ailleurs « été rehaussé de 600 par rapport à la précédente publication » (cf. France : 234 300 avortements en 2022).

    Plus d’avortements et moins de naissances

    En 2023, le taux de recours à l’avortement s’élève 16,8 IVG pour 1 000 femmes âgées de 15 à 49 ans. Il est plus élevé entre 20 et 34 ans et a augmenté pour toutes les tranches d’âge [2]. Toutefois, l’âge de la femme au moment de l’interruption de sa grossesse était inconnu dans 946 cas [3]. La DREES estime qu’« avec l’hypothèse que ces 946 IVG concernent toujours des femmes mineures, le taux de recours calculé en les incluant atteindrait 6,0 ‰ femmes âgées de 15 à 17 ans, contre 5,3 ‰ sans les prendre en compte ».

    Le ratio d’avortement, c’est-à-dire le rapport entre le nombre d’interruptions de grossesse et le nombre de naissances vivantes une année donnée, augmente également en 2023 et atteint 0,34 [4]. Cette hausse est due à la fois à la baisse du nombre des naissances et à l’augmentation du nombre des IVG. Ainsi, en 2023, pour un avortement, on compte un peu moins de trois naissances.

    L’impact de l’allongement des délais ?

    Selon la DREES, l’allongement du délai légal de recours à l’IVG, passé à 14 semaines de grossesse en mars 2022, ne suffit pas à expliquer cette augmentation (cf. Avortement : Les députés adoptent définitivement la PPL Gaillot). 4 275 IVG ont été pratiquées entre 14 et 16 semaines d’aménorrhée (SA) en 2023.

    « Avant la prolongation du délai autorisé de 14 à 16 SA, 1 % des IVG en établissement de santé étaient enregistrées avec un terme supérieur à 14 SA, précise la Direction. Dans ces conditions, il est difficile de chiffrer exactement le nombre d’IVG concernées par l’allongement du délai de recours à l’IVG. Les données disponibles indiquent que 3,0 % des IVG réalisées en 2023 en établissement de santé ont concerné des grossesses entre 14 et 16 SA. On estime donc que les IVG au-delà de 14 SA pratiquées en établissement hospitalier en 2023 représentent 2 % à 3 % de l’ensemble des IVG en établissement et 1 % à 2 % du total des IVG. »

    Selon la DREES, il est « probable » que ce pourcentage « augmente encore un peu du fait de la diffusion progressive de cette pratique récente ». Il était estimé à 1,5 % des cas en 2022.

    Des sages-femmes qui pratiquent des IVG

    La très grande majorité des avortements, 79%, sont des avortements médicamenteux. Le recours à la téléconsultation pour ce type d’IVG a été autorisé lors du premier confinement de 2020 (cf. En France, l’IVG médicamenteuse à domicile possible jusqu’à 9 semaines) et a été pérennisé après la crise sanitaire. En faisant fi de l’aval la représentation nationale (cf. Olivier Véran auditionné par la délégation aux droits des femmes : promouvoir l’IVG par tous les moyens). La DREES ne peut recenser que les cas où la téléconsultation donne lieu à la remise de produits abortifs par un pharmacien, soit 1262 en 2023. En revanche, « lorsque la téléconsultation concerne la première consultation ou la consultation de suivi, ce n’est pas détectable dans le parcours de la femme, ce qui peut créer une sous-estimation des IVG réalisées en téléconsultation », note la Direction.

    Un recensement plus précis

    Dans sa note annuelle, la DREES consacre un encadré conséquent aux « sources mobilisées pour dénombrer les IVG »[5]. Elle y souligne que « la précision des effectifs a été améliorée depuis 2022 (et rétropolée à partir de 2016), en faisant le lien entre les différents épisodes du parcours de soins suivi par une même femme ». En effet, « ceci permet d’identifier les reprises d’IVG (à la suite d’un échec ou d’une complication de la méthode initiale) parfois codées comme une nouvelle IVG »[6]. Cette « correction des données » « a permis de retirer 7 758 reprises d’IVG des données brutes observées et de recenser 9 531 femmes (4 %) ayant eu recours à plus d’une IVG en 2023, avec un écart de plus de neuf semaines entre deux IVG consécutives ».

    Ces « reprises » représentent donc plus de 3 % des avortements en 2023 (cf. IVG en France : au milieu des chiffres, 3,1% de « réinterventions »). Les femmes sont-elles informées de ces risques, alors que la procédure est toujours plus banalisée ? (cf. IVG : une femme témoigne « ce n’était pas “mon choix”, mais “ma peur”»)

    « L’inscription de l’IVG dans la Constitution montre bien la volonté de ne plus pouvoir discuter cette question, devenue une évidence morale que tous doivent admettre », souligne la philosophe Chantal Delsol dans une tribune récente [7]. Pourtant ces chiffres, encore une fois à la hausse, ne devraient-ils pas pousser à s’interroger ?

     

    [1] La DREES précise que « les IVG réalisées en dehors du système de soins ne sont pas comptabilisées ici ».

    [2] Il est de « 28,0 ‰ parmi les 20-24 ans, 29,7 ‰ parmi les 25-29 ans, et 25,5 ‰ parmi les 30-34 ans, contre 16,5 ‰ parmi les 18-19 ans et 18,6 ‰ parmi les femmes de 35 à 39 ans ».

    [3] Il s’agit d’IVG « codées avec un identifiant anormal, ne permettant pas de relier cet acte à d’autres consommations de soins de la femme, souvent pour préserver son anonymat ».

    [4] +0,03 par rapport à 2022

    [5] « A partir de mars 2019, l’Agence technique de l’information sur l’hospitalisation (ATIH) a introduit de nouveaux codes diagnostics pour le codage des IVG, en ajoutant une extension spécifique à l’IVG (« 0 » en 5e position) au code O04 (avortement médical) de la classification internationale des maladies (CIM-10) utilisée en France (O04.00, O04.10, O04.20, O04.30, O04.40, O04.50, O04.60, O04.70, O04.80 et O04.90). Ce codage plus précis permet de mieux distinguer les IVG des interruptions médicales de grossesses (IMG) avant 22 SA, et de prendre en compte les IVG avec hospitalisation de plus de deux jours, auparavant exclues. Ces IVG, peu nombreuses (0,6 % des IVG hospitalières), correspondent à des séjours avec complications ou à un contexte pathologique particulier chez les femmes », indique la DREES.

    [6] « Si deux IVG ont été réalisées pour une même femme dans un délai inférieur à neuf semaines, une seule IVG est comptabilisée, indique la DREES. En effet, il est peu probable dans ce délai qu’une nouvelle grossesse soit survenue, et il s’agit plutôt de complications, de rétention à la suite d’une IVG, ou d’échecs de la première méthode. »

    [7] Le Figaro, Chantal Delsol : «Le ministère de la Famille, énième victime du magistère moral de la gauche» (22/09/2024)

  • Le pape en Belgique : un rôle délicat devant une salle difficile

    IMPRIMER

    De John L. Allen Jr. sur Crux Now :

    En Belgique, le pape François jouera dans une salle difficile

    22 septembre 2024

    ROME – Admettons que Tom De Cock, un animateur radio, personnalité de la télévision et auteur flamand de 41 ans, qui est gay et marié, ne soit pas nécessairement représentatif de l'ensemble de la population de la Belgique, une nation complexe de 11,7 millions d'habitants qui doit accueillir le pape François pour une visite de trois jours le week-end prochain.

    D'un autre côté, la popularité de De Cock suggère qu'il ne parle pas seulement en son nom – et, c'est le moins qu'on puisse dire, il n'est pas vraiment ravi de la visite papale imminente.

    En juillet, De Cock a annoncé qu'il renonçait à une bourse de l'Université catholique de Louvain, que le pape doit visiter vendredi, et qu'il ne participerait pas aux célébrations du 600e anniversaire de l'université , bien qu'il en soit un ancien élève, en signe de protestation contre l'accueil réservé au pontife.

    Dans un article pour le journal De Morgen, il a déclaré qu'il s'opposait à ce que le tapis rouge soit déroulé pour le chef d'une église qui, selon lui, est complice de « fraudes à l'adoption, de guerres, de détournements de fonds, d'abus de pouvoir, d'oppression des femmes et d'abus systématiques de centaines de milliers d'enfants ».

    « Recevoir ce pape comme s’il était un vénérable chef d’État : je ne comprends pas. Cet homme est à la tête d’une organisation criminelle », écrit De Cock. « Pour le dire franchement : combien de corps de bébés allons-nous encore déterrer dans les jardins des monastères avant de nous en rendre compte ? »

    Même si tout le monde n'est pas aussi acerbe, De Cock n'est pas le seul. Une tendance en Belgique est par exemple le « débaptisme », qui consiste à demander aux fidèles de retirer leur nom des listes de baptême de l'Eglise.

    (La Belgique étant la Belgique, il y a aussi du ressentiment ici. La procédure de l'église locale consiste à noter que l'individu ne souhaite plus faire partie de l'Eglise mais à laisser son nom dans le registre, au motif théologique que le baptême est irréversible. Insatisfaits, certains Belges mécontents demandent aux tribunaux de forcer l'Eglise à se conformer à un codicille de droit européen qui oblige les institutions à supprimer les données personnelles à la demande de l'utilisateur.)

    Tout cela illustre pourquoi la venue imminente de François en Belgique et au Luxembourg, qui marquera le 46e voyage international de son pontificat, risque d'être, à certains égards, l'une des plus intimidantes.

    En théorie, on pourrait penser que le pape devrait bénéficier de l’avantage du terrain.

    Durant la Réforme protestante, la domination des Habsbourg d'Espagne, alliée au zèle apostolique des nouveaux ordres jésuites et capucins, a permis à l'Église de préserver la Belgique actuelle. En 1900 encore, les statistiques officielles affirmaient que 99 % de la population était catholique.

    Aujourd’hui, cette part est tombée à 57 pour cent, mais l’Église dispose toujours d’un vaste réseau d’écoles catholiques, dont deux universités reconnues internationalement, et fournit également plus de la moitié du nombre total de lits d’hôpitaux du pays et un tiers de ses maisons de retraite.

    En signe de reconnaissance du rôle de l'Eglise, les salaires des prêtres sont aujourd'hui encore payés par l'Etat. Avec environ 1 800 prêtres et un salaire annuel moyen d'environ 58 000 dollars, selon l'Economic Research Institute, cela représente une dépense totale de plus de 100 millions de dollars.

    Et pourtant.

    La situation des catholiques en Belgique s'est toutefois considérablement dégradée au cours des dernières décennies, en raison de trois composantes fondamentales. La première est la tendance sociologique profonde qui prévaut en Europe occidentale vers une sécularisation toujours plus grande.

    L’un des indicateurs de cette évolution est la fréquentation des messes. Officiellement, le taux est estimé entre 6 et 10 %, ce qui serait déjà assez décevant. Pourtant, un décompte réel effectué le troisième dimanche d’octobre 2022 n’a révélé que 172 968 personnes dans les bancs de l’église – ce qui, en supposant que ce dimanche ait été normal, suggérerait un taux réel de seulement 2,6 %.

    Peu importe le nombre de prêtres, de religieux, de mariages, de baptêmes, de confirmations, etc., les statistiques montrent une forte baisse dans tous les domaines. Rien qu’entre 2017 et 2022, l’Église belge a perdu 915 prêtres diocésains, soit une baisse de 33 %.

    Cela ne veut pas dire que les lumières sont sur le point de s’éteindre.

    Les organisateurs du voyage pontifical ont récemment annoncé qu'ils mettaient en vente 2.500 billets supplémentaires pour la messe papale de dimanche au stade Roi Baudouin à Bruxelles, les 35.000 places initialement disponibles ayant été toutes vendues. Les places supplémentaires seront situées le long de la piste, ont indiqué les organisateurs, avec une visibilité limitée augmentée par des écrans géants.

    Néanmoins, la trajectoire à long terme n’est pas encourageante pour l’Église, qui semble destinée de plus en plus à représenter une sous-culture dans un milieu largement laïc.

    La deuxième force qui affecte la position de l’Église est le climat politique largement progressiste du pays, qui rend les positions catholiques sur des questions telles que l’avortement, le contrôle des naissances, les droits des homosexuels et des femmes profondément impopulaires.

    La Belgique est devenue le deuxième pays au monde à légaliser le mariage entre personnes de même sexe en 2003. De 2011 à 2014, son Premier ministre était Elio Di Rupo, ouvertement gay, à l'époque l'un des deux seuls Premiers ministres au monde à s'identifier comme LGBTQ+. Une récente enquête de US News and World Report a classé le pays parmi les dix pays les plus progressistes au monde.

    Les forces d’extrême droite ont récemment réalisé des gains historiques lors des élections de juin, mais la plupart des observateurs estiment qu’il s’agit principalement d’un vote anti-immigration qui ne signifie pas une réelle mutation des attitudes sociales fondamentalement libérales et permissives. Signe des temps, un chanteur ouvertement gay du nom de Christoff De Bolle se produira apparemment pour le pape. Christoff a déclaré en 2021 : « Je n’ai pas besoin que l’Église soit religieuse. C’est juste une institution. Une institution dépassée. »

    Dans une certaine mesure, le pape François ne ressent peut-être pas toute la portée de la désapprobation des positions conservatrices de l’Église sur de nombreuses questions controversées en raison de sa réputation personnelle de non-conformiste, qui donne du pouvoir aux femmes et tend la main à la communauté LGBTQ+.

    D’un autre côté, le climat social actuel implique probablement que tout pape, quelle que soit sa popularité personnelle, risque de trouver la Belgique difficile.

    Enfin, il y a l’impact des scandales d’abus sexuels.

    La Belgique a été particulièrement touchée, avec notamment le cas notoire de l'évêque Roger Vangheluwe, rendu à l'état laïc par le Vatican en mars. Après que des accusations aient été portées contre lui en 2010, Vangheluwe a fini par admettre plusieurs abus sexuels, dont certains sur ses propres neveux.

    En cours de route, des enregistrements de l'ancien archevêque de Bruxelles, le cardinal Godfried Danneels, ont fait surface, ce qui a apparemment découragé l'un des neveux de Vangheluwe de rendre publiques ses accusations. Ces fuites ont alimenté l'impression publique d'une dissimulation systématique.

    Plus récemment, la Belgique néerlandophone a été scandalisée l’année dernière par la diffusion d’un documentaire télévisé intitulé Godvergeten, documentant de multiples cas d’abus commis par des prêtres catholiques.

    L'émission a connu un succès massif, rassemblant une audience d'environ 800 000 personnes à chaque épisode, soit environ 12 % de la population totale de Flandre, et compte tenu de son écho médiatique, on estime qu'au moins trois millions de personnes ont suivi son contenu. La ligne d'assistance téléphonique du gouvernement flamand pour les victimes de violences a enregistré une augmentation de 31 % des appels après la diffusion de la série.

    Cette émission a également déclenché une nouvelle enquête parlementaire en Flandre, certains législateurs ayant évoqué l'idée de retenir les salaires des prêtres et de les consacrer à un fonds d'indemnisation pour les victimes.

    Pourtant, même après ce choc, de nombreux critiques estiment que les évêques belges ne semblent pas avoir pleinement assimilé les leçons de ces scandales. En mai, par exemple, une vague de réactions s'est déclenchée à Bruxelles après la publication de la liste des candidats à l'élection au conseil presbytéral de l'archidiocèse de Bruxelles, où trois prêtres accusés d'abus sexuel avaient été placés sur une liste.

    L'archevêque Luc Terlinden s'est immédiatement excusé, qualifiant l'incident de « grave erreur », mais beaucoup de gens ne pouvaient s'empêcher de se demander comment une telle bévue était possible.

    Le pape François doit rencontrer 15 victimes d'abus lors de son séjour en Belgique, mais même cet acte de sensibilisation a suscité la controverse.

    Un groupe de défense des victimes , le Werkgroep Mensenrechten in de Kerk (Groupe de travail pour les droits de l'homme dans l'Église), a objecté qu'à notre connaissance, aucun survivant qui apparaissait dans le documentaire de l'année dernière ne faisait partie du groupe. Ils ont également demandé que la séance dure exactement 34 minutes et 31 secondes, soit une seconde par victime belge d'abus sexuel dans l'église, selon un registre officiel des plaintes, et il n'est pas certain que cela soit le cas.

    En résumé, le pape François aura beaucoup de mal à surmonterr en Belgique pour convaincre une opinion publique assez blasée de donner une nouvelle chance à l'Eglise catholique – ou, du moins, de cesser de la considérer comme un ennemi. S'il est vrai que de nombreux voyages pontificaux suscitent à l'avance de nombreuses prévisions pessimistes, qui sont remplacées par des images positives de foules en adoration une fois qu'il est effectivement arrivé, la question reste de savoir si une telle sortie peut avoir un impact durable sur le calcul culturel de base.

    S'il y parvient, il pourrait créer un modèle pour s'engager auprès d'autres sociétés profondément laïques. S'il n'y parvient pas, certains pourraient se demander si ce n'est pas la dernière et meilleure chance de l'Église qui a mal tourné.