Du site "Riposte catholique" (Maximilien Bernard) :
L’Église synodale : chimère du pape François
4 juillet 2022
Nous publions volontiers cet article de l’historienne des religions Marion Duvauchel. Nous ne partageons pas tout ce qu’elle écrit (notamment sur le caractère accidentel du charisme pétrinien qui nous semble inscrit dans les Evangiles eux-mêmes), mais il nous semble utile que le débat soit ouvert sur les méthodes de gouvernement du Pape François :
« Ils seront alors errants d’une mer à l’autre, Du septentrion à l’orient, Ils iront çà et là pour chercher la parole de l’Éternel, Et ils ne la trouveront pas ».
Amos, 4-12
Si l’on en croit la presse, le pape François veut une Église synodale, ce qui signifie si l’on a bien compris l’intention, une Église moderne et prête à affronter tous les enjeux de l’univers métissé, numérisé et vacciné auquel il entend bien l’ordonner.
Alors pour Dieu sait quelles raisons, le rite latin est devenu un obstacle à cette Église de demain : il faut donc supprimer la messe en latin. Et que disparaisse enfin ces « Tradis » obstinés qui ont envie de célébrer selon un rituel liturgique qui leur est cher.
Est-il utile de préciser que cette vision sortie du cerveau fatigué d’un vieux jésuite sur le déclin ne s’appuie théologiquement sur rien. Ce n’est pas gentil ? Le temps n’est plus à la gentillesse. On ne peut pas désavouer l’action d’un évêque dans son diocèse et vouloir en même temps une église synodale, parce que les Évêques tirent leur autorité du Christ lui-même transmis par le sacrement de l’ordination.
L’Église synodale, c’est d’un côté un pouvoir autocratique, de l’autre un pouvoir à l’allure démocratique : tout un tas de gens se réunissant pour bavarder sur des questions essentielles pour lesquelles ils ne sont pas qualifiés. Le frottement des opinions n’a jamais fait surgir la lumière… Si cela était vrai, avec les réseaux sociaux, on serait éclairés matin et soir !
L’église romaine, qui se veut catholique et universelle, est essentiellement le fruit de l’histoire. Elle est donc « accidentelle » pour parler dans la langue des philosophes. Elle appartient à l’histoire, qui est le lieu de la contingence, c’est-à-dire de ce qui peut-être comme n’être pas.
« Pierre, tu es Pierre et sur cette pierre…». On a glosé sur cette phrase à l’envi. Il convient de comprendre à la lumière d’une noétique juste ce baptême de l’apôtre. La noétique est ce qui permet en philosophie de comprendre comment un esprit humain peut communiquer avec la Divinité. C’est central en anthropologie et c’est central pour notre histoire religieuse puisque le prophétisme est un mode de communication d’un Dieu à des hommes et que l’histoire sainte est l’histoire d’une succession d’alliances. Pour faire alliance, il faut un accord, donc une parole et une réponse. Une intelligence pour entendre et pour décider. De nos jours, ça fait beaucoup.
La pierre est la figure visible, dans le monde contingent, d’une réalité invisible. L’idée que les choses du monde figurent une réalité intelligible est de saint Bonaventure, docteur subtil. Cette réalité invisible est une information portée par un ange – car les anges ont le gouvernement de la Création (catéchisme des Évêques de France). Le monde angélique est un monde au service des hommes, qui est capable de leur communiquer une information pour peu que l’esprit soit ouvert et capable de la recevoir. Ça fait encore beaucoup. La quiddité de la pierre, ce qu’est la pierre, ce qu’elle signifie, c’est la vérité immanente à la création. Le Christ a fondé l’Église non sur un homme, mais sur la réalité figurée par le nom de cet homme : Pierre. Que Lui-même lui a donné, parce qu’Il est Dieu et que Dieu seul peut donner à un homme son nom véritable, celui qui est inscrit sur un caillou blanc. C’est un honneur insigne qui a été fait à Pierre.