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Livres - Publications - Page 3

  • Une enquête inquiétante affirme que les gouvernements du Nigeria permettent aux djihadistes peuls de s'emparer des terres agricoles chrétiennes et d'assassiner leurs habitants

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    De Ngala Killian Chimtom sur Crux via The Catholic Herald :

    L'expansion du djihadisme peul au Nigéria « soutenue par des fonds gouvernementaux »

    8 juillet 2025

    Une enquête inquiétante affirme que les gouvernements du Nigeria permettent aux djihadistes peuls de s'emparer des terres agricoles chrétiennes et d'assassiner leurs habitants.

    Des informations faisant état de persécutions djihadistes peules contre les chrétiens au Nigeria, notamment dans la ceinture centrale, circulent depuis des années. Mais une enquête menée par le criminologue catholique Emeka Umeagbalasi, directeur de l'ONG d'inspiration catholique International Society for Civil Liberties and the Rule of Law (Intersociety), suggère que la situation est pire qu'on ne le pensait.

    Selon le rapport, le projet serait soutenu par des fonds fédéraux et un financement djihadiste externe présumé. Il recourt à diverses tactiques trompeuses – programmes d'élevage déguisé (RUGA), acquisition de terres et programmes de cession de terres pilotés par l'État – pour cibler les terres communales, souvent obtenues par la coercition et des incitations offertes aux dirigeants locaux.

    « Le projet de conquête du djihadisme peul en terre Igbo et dans l’ensemble des cinq États du Sud-Est est ouvertement et indéniablement coordonné par le gouvernement fédéral qui défend les intérêts des bergers peuls djihadistes et de leurs patrons », indique le rapport.

    « Le projet est également largement financé par des fonds publics fédéraux et des fonds externes suspectés de provenir d'un « Fonds du Jihad mondial », qui seraient acheminés vers le Nigeria par l'intermédiaire de la Banque islamique de développement », poursuit-il.

    Le rapport condamne le rôle du gouvernement dans l'acquisition de terres par les bergers djihadistes peuls dans le Sud-Est, soulignant que la région manque de terres suffisantes même pour sa propre population croissante.

    La superficie totale du Sud-Est (29 525 kilomètres carrés) est éclipsée par celle de l'État du Niger à lui seul (76 363 kilomètres carrés), qui pourrait accueillir tout le bétail peul du Nigéria.

    Pourtant, l'initiative se poursuit. Dans l'État d'Enugu, une importante colonie agricole à Elugwu-Achi, sur la rivière Oji, serait en cours de défrichement et de clôture par le gouvernement de l'État pour y installer un ranch d'élevage fédéral clandestin, malgré la résistance initiale de la communauté. De même, une vaste étendue de terres communales entre Aguata et Orumba, dans l'Anambra, aurait été cédée.

    L’enquête affirme que les gouverneurs du Sud-Est sont piégés par des conditions orchestrées par le « Califat » : à savoir, être installés par le biais d’élections truquées et de processus militarisés, et conserver le pouvoir par le biais de tribunaux et de cours électoraux manipulés.

    « C'est ainsi que le gouverneur Alex Otti de l'État d'Abia s'est retrouvé piégé et aurait été contraint de se soumettre après avoir remporté le scrutin. Il aurait failli être destitué par les tribunaux électoraux pour des raisons juridiques », a déclaré Umeagbalasi à Crux .

    « Le Sud-Est est déjà saturé par les djihadistes », a-t-il ajouté. « L'islamisation du Sud-Est n'est plus un faux discours : elle est désormais une réalité. »

    Il a averti qu'Anambra pourrait suivre la même trajectoire que l'État de Benue après que son gouverneur, Charles Chukwuma Soludo, a déclaré Anambra un État Fulani RUGA ou d'élevage.

    « Vous connaissez les implications. Il y a quelques années, on a supplié les habitants de Benue de laisser les Peuls s'installer – juste pour élever du bétail, rien de plus. Mais regardez ce qui se passe dans cet État aujourd'hui », a déclaré Umeagbalasi à Crux .

    Il a cité le dernier massacre de chrétiens pour souligner le danger. Les 13 et 14 juin, des bergers djihadistes peuls ont pris d'assaut Yelwata, dans l'État de Benue, dans la nuit, tuant plus de 220 personnes, en majorité des chrétiens.

    « Ce ne sont donc pas ces gens-là que vous autorisez à s’installer n’importe où dans votre communauté », a-t-il déclaré.

    « Je ne sais pas pourquoi le gouverneur d'Anambra, un État chrétien, a invité les Peuls à s'installer et à commencer à attaquer les chrétiens maintenant ou à l'avenir, tout comme ils se sont retournés contre les chrétiens de Benue », a-t-il ajouté.

    Il a exprimé son inquiétude quant au fait que l’ensemble de l’appareil gouvernemental était complice de la conquête des terres du Sud-Est par les bergers peuls.

    « Le gouvernement fédéral finance le programme national d'élevage peul (RUGA). Il a également contraint l'État d'Anambra à y adhérer. L'Anambra, à son tour, a fait pression sur certaines communautés pour qu'elles cèdent des terres communales, qui seront ensuite transférées au gouvernement fédéral et finalement remises aux djihadistes peuls », a déclaré Umeagbalasi à Crux .

    Il a également pointé du doigt l’élevage privé comme un outil d’islamisation.

    « Prenons l'exemple d'Alhaji Sali Friday Nnamane. Il était chrétien il y a quelques années, mais il a été emmené à Zamfara, dans le nord du pays, où il a été islamisé et a créé des entreprises valant plusieurs milliards de nairas. Il est revenu à Enugu avec cette fortune et convertit aujourd'hui la population locale à l'islam à grande échelle », a-t-il déclaré.

    « À l’heure actuelle, le Sud-Est est assis sur un baril de poudre à canon », a conclu Umeagbalasi, accusant les autorités fédérales et étatiques – ainsi que les forces de sécurité – de complicité dans le programme d’islamisation.

  • Ces avis des évêques sur l’ancien rite dont François avait interdit la publication. Parce qu’ils contredisaient ses plans

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (en français sur diakonos.be) :

    Ces avis des évêques sur l’ancien rite dont François avait interdit la publication. Parce qu’ils contredisaient ses plans

    Début juillet, par des voies différentes mais presque simultanément, deux experts vaticanistes, l’Américaine Diane Montagna et l’Italien Saverio Gaeta, ont rendu public pour la première fois les principaux résultats d’une consultation ordonnée par le Pape François en 2020 dans les diocèses du monde entier sur la célébration de la messe dans l’ancien rite.

    Diane Montagna l’a fait dans un article bien documenté publié sur Substack le 1er juillet. Et Saverio Gaeta dans un livre rédigé avec le liturgiste Nicol Bux, publié aux éditions Fede & Culture, qui sortira en Italie fin juillet mais que l’on peut déjà se procurer au format Kindle sur Amazon.

    Benoît XVI avait autorisé la célébration de la messe dans l’ancien rite avait été autorisée 2007 par le motu proprio « Summorum pontificum », dans le but avoué de faire en sorte que « les deux formes du rite romain », c’est-à-dire l’ancienne et la nouvelle, « puissent s’enrichir mutuellement ».

    Mais François n’a jamais fait mystère de ses intentions de vouloir abroger cette autorisation. À ses yeux, la célébration de la messe dans l’ancien rite n’était qu’un vecteur de divisions et allait de pair avec « un rejet croissant non seulement de la réforme liturgique, mais aussi du Concile Vatican II ». Le 16 juillet 2021, par le motu proprio « Traditionis custodes », il restituait au nouveau missel conciliaire l’appellation d’ « unique expression de la ‘lex orandi’ du rite romain », ne laissant à l’ancien rite qu’une place marginale et résiduelle.

    François avait donc souhaité consulter au préalable les évêques pour obtenir de leur part une demande unanime pour soutenir ce changement de cap. Et à l’en croire, cette demande lui serait bien parvenue, si l’on en croit ce que François lui-même a écrit dans la lettre aux évêques qui accompagnait le motu proprio « Traditionis custodes » :

    « Les réponses parvenues ont révélé une situation douloureuse qui m’inquiète, me confirmant la nécessité d’intervenir. […] Répondant à vos demandes, je prends la ferme décision d’abroger toutes les normes, instructions, concessions et coutumes antérieures à ce Motu Proprio. »

    Mais curieusement, François avait interdit que l’on publie les résultats de cette consultation. Et les raisons d’un tel refus sont à chercher dans les révélations du « scoop » de ces derniers jours.

    La vraie raison, c’est que si François avait publié ces résultats, il n’aurait plus pu écrire que les évêques aussi étaient d’accord avec lui. Il aurait même dû dire le contraire.

    Mais ça ne s’arrête pas là. Ce qui amplifie la gravité de cette « fake news », c’est le fait que la rédaction de la consultation et la compilation des résultats ont à l’époque été confiés à la Congrégation pour la Doctrine de la foi de l’époque, présidée par le cardinal Luis Ladaria, et que le rapport final contient une « Évaluation globale » rédigé par la quatrième section de la Congrégation, c’est-à-dire par ce qui était autrefois la commission pontificale « Ecclesia Dei » dont le rôle était précisément de superviser les célébrations dans l’ancien rite.

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  • Un rapport détaille les meurtres et la discrimination contre les minorités religieuses dans la Syrie post-Assad

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    De Tyler Arnold sur CNA :

    Un rapport détaille les meurtres et la discrimination contre les minorités religieuses dans la Syrie post-Assad

    Funérailles de Damas

    Des personnes en deuil se rassemblent à l'église de la Sainte-Croix de Qassaa, à Damas, pour les funérailles de nombreuses personnes qui ont perdu la vie lors d'un attentat terroriste à l'église Mar Elias, dans le quartier de Dweila, la capitale syrienne, le dimanche 22 juin 2025. | Crédit : Mohammad Al-Rifai/ACI MENA

    7 juillet 2025

    Les alliés du nouveau gouvernement syrien et d’autres acteurs non étatiques ont continué à commettre des violences et à discriminer les chrétiens, les druzes et les musulmans chiites, selon un nouveau rapport de la Commission américaine sur la liberté religieuse internationale (USCIRF).

    Les rebelles syriens, dont beaucoup étaient affiliés à Hay'at Tahrir al-Sham (HTS), ont renversé le régime de l'ancien président syrien Bachar al-Assad fin 2024. Le rapport note que les membres de HTS, dont beaucoup étaient des combattants étrangers, se sont livrés à des massacres et à d'autres formes de persécution contre les minorités religieuses lors du renversement d'Assad et ont continué à commettre des violations après avoir pris le contrôle du gouvernement.

    Le nouveau président syrien, Ahmed al-Sharaa, commandait le HTS pendant la révolution. Il était auparavant membre d'Al-Qaïda. Outre le HTS, le rapport souligne également que des membres de l'opposition politique et des milices soutenues par la Turquie (OST) et d'autres organisations impliquées dans des massacres et des violations de la liberté religieuse ont été accueillis à des postes importants au sein du nouveau gouvernement syrien.

    Malgré ces développements, le nouveau gouvernement syrien s'est engagé à protéger la liberté religieuse lors de sa mise en place. L'administration du président américain Donald Trump a cherché à collaborer avec les nouveaux dirigeants et a levé les sanctions et retiré la désignation de HTS comme organisation terroriste.

    L'USCIRF encourage l'administration Trump à imposer des conditions à la levée des sanctions, qui nécessiteraient des améliorations en matière de liberté religieuse. Le rapport encourage également le gouvernement américain à imposer des sanctions ciblées aux personnes et aux organisations qui continuent de violer la liberté religieuse.

    Le commissaire de l'USCIRF, Mohamed Elsanousi, a déclaré à CNA que la principale préoccupation de la commission pour les chrétiens et les autres minorités religieuses de Syrie est « que les politiques et les actions réelles des autorités de transition correspondent à leurs affirmations de soutien à un avenir inclusif sur le plan religieux pour le pays ».

    « L'administration américaine doit conditionner la levée des sanctions à des mesures claires afin que le gouvernement émergent abandonne complètement son passé extrémiste, accorde une protection égale à toutes les minorités religieuses et consacre la liberté religieuse complète dans les lois et les institutions syriennes », a déclaré Elsanousi.

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  • Le Credo du cardinal Robert Sarah

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    De sur France Catholique :

    Le Credo du cardinal Sarah

    Dans son nouvel ouvrage, le cardinal Sarah, dont les derniers pontifes ont mesuré les qualités, réaffirme la vitalité de Tradition, au service de la Vérité.
    Le cardinal Sarah n’est pas un inconnu de l’univers médiatique. On s’en est aperçu au moment de la période du conclave, où son nom était souvent cité, sinon parmi les papabili, du moins parmi les personnalités qui comptaient dans l’Église. Dans ce cadre, il est de bon ton d’en faire le leader de la tendance dite conservatrice, ce qui peut se comprendre à certains égards, mais apparaît singulièrement réducteur pour peu qu’on veuille prendre la mesure de sa personnalité.


    Tout d’abord, Robert Sarah n’est pas parvenu au sommet des responsabilités ecclésiales par l’effet du hasard. Il faut prendre connaissance de son étonnant parcours, depuis son enfance dans une humble famille de Guinée jusqu’à sa promotion au collège cardinalice et à la tête de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements. Si, successivement, Jean-Paul II, Benoît XVI et François l’ont appelé à Rome et lui ont attribué des fonctions dans plusieurs dicastères, c’est qu’il avait déjà fait ses preuves dans son pays natal, notamment comme archevêque de Conakry, dans une période particulièrement critique, sous la férule du dictateur Sekou Touré. Nommé évêque à l’âge de 34 ans, il affirme sa force de caractère face à un régime qui opprime l’Église et auquel il ne concède rien.

    Dimension internationale

    Il faut savoir aussi que le futur cardinal s’est distingué par des études approfondies en théologie et en exégèse, en France, à Rome et à Jérusalem. Il est aussi polyglotte, parlant outre le français, l’anglais, l’espagnol et l’italien. Il était donc en capacité d’exercer des responsabilités internationales, comme ce fut le cas lorsqu’il fut nommé à la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, puis au Conseil pontifical Cor Unum qui coordonne les actions de charité des organismes catholiques à travers le monde.

    On n’a pas pu être indifférent, à la tête de l’Église, à ses qualités morales et à un tempérament que l’on peut dire inflexible, pour peu qu’il s’agisse de défendre les causes supérieures. Sur ce point, on peut le comparer à son collègue le cardinal Joseph Zen, évêque émérite de Hong Kong, dont le courage fait l’admiration générale.

    Homme de pensée, le cardinal Sarah s’est exprimé, ces dernières années, dans plusieurs livres qui requièrent l’attention par leur profondeur et leur force de conviction. Ainsi, le dernier d’entre eux, sous le titre Dieu existe-t-il ? résulte d’une conversation fleuve avec l’éditeur italien David Cantagalli. Une conversation ne s’ordonne pas d’une façon aussi rigoureuse qu’un essai en forme. Mais elle a l’avantage de la spontanéité et de la possibilité d’élargir la réflexion au gré du propos. Le cardinal peut d’autant plus s’expliquer sur ce qui fait le cœur même de sa vie et de ses convictions qu’il fait appel à toute une culture théologique, forte de ses références aux grands maîtres, des Pères de l’Église à saint Thomas, sans oublier de grands écrivains comme Dante ou Péguy.

    Au service de la Vérité

    Ceux qui pourraient soupçonner le cardinal de raideur doctrinale sont contredits constamment par une démarche qui, loin de s’arrêter à des formules toutes faites, ne cesse de rechercher leur contenu le plus vivant. Ce qui l’amène à définir la Tradition, à l’exemple du Père de Lubac, non seulement comme tradition orale mais aussi comme tradition qui fructifie au cours des temps, de telle sorte qu’en conservant la vérité révélée elle l’actualise conformément au besoin de chaque époque.
    On lira aussi avec profit tout un développement sur la notion de loi naturelle, dont le pape Léon XIV a tenu à rappeler l’importance dès le début de son pontificat.

    Dieu existe-t-il ? Cardinal Robert Sarah, éd. Fayard, coll. « Choses vues », mai 2025, 352 pages, 24,90 €.

  • La messe écologiste arrive pour proclamer la parole verte

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    De Luisella Scrosati sur la NBQ :

    La messe écologiste arrive pour proclamer le verbe vert

    Le nouveau formulaire 'pro custodia creationis' est présenté, qui se prêtera à des usages et des abus idéologiques. Les "anciennes" Rogations ? Trop indietristes, mieux vaut inventer de nouveaux rites pour porter à l'autel l'environnementalisme qui sévit dans l'Eglise depuis des années.

    5_7_2025

    L'idéologie progresse dans l'Église. Elle a trouvé un terrain particulièrement favorable au sein du Dicastère pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, dont le préfet fait également partie des nouveaux membres du Dicastère pour les Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de Vie Apostolique. Par un décret daté du 8 juin 2025, solennité de la Pentecôte, mais présenté seulement le 3 juillet 2025 à la Salle de presse du Saint-Siège, Léon XIV a approuvé le nouveau formulaire de la Missa pro custodia creationis, qui s'ajoute désormais aux autres formulaires de messes « pour diverses nécessités » présents dans le Missel romain. Il s'agit donc d'un nouveau formulaire, qui comprend des antiennes, des prières et des lectures, et qui peut être utilisé sans service commémoratif obligatoire. Pas d'obligation, mais une possibilité de plus.

    Et pourtant, il n'est pas difficile d'imaginer que cette forme deviendra bientôt la plus utilisée dans un sens idéologique, puisque l'occasion de la promulgation de cette nouvelle messe, selon les mots du cardinal Michael Czerny, est la réponse « aux demandes suggérées par 'Laudato si' qui sont venues du monde entier ». En effet, ce n'est pas un mystère que l'encyclique de François du 24 mai 2015 ne contenait pas seulement la présentation de la Révélation sur la création, mais était richement truffée des lieux communs d'une science idéologisée, contestable et contestée : le réchauffement climatique, le danger des émissions de dioxyde de carbone, la corrélation entre changement climatique et émigration, la bonté des énergies vertes sont autant de thèmes présents dans l'encyclique, mais qui n'ont rien à voir avec la Révélation et très peu à voir avec la réalité des choses. Le magistère de l'Église et la liturgie ne peuvent pas devenir des instruments pour des campagnes de sensibilisation sur les valeurs humaines, prétendues ou réelles.

    Le Secrétaire du Dicastère pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, Mgr Vittorio Francesco Viola, a ensuite présenté le sens de ce formulaire et en a commenté les différentes parties ; pour l'auteur, la référence aux Rogations et aux Quatre Temporaisons a été particulièrement frappante, comme témoignage du lien étroit entre liturgie et création. Ce qui est tout à fait vrai, mais alors - demandons-nous à Mgr Viola - pourquoi ne pas restaurer les formulaires propres à ces anciennes traditions liturgiques, aujourd'hui reléguées à être ravivées « avec des moments de prière et de réflexion » à la discrétion des Conférences épiscopales ?

    La question est plus que légitime, car on a la nette impression (pour ne pas dire la conviction profonde) que depuis plusieurs décennies la liturgie est l'otage des sensibilités variables des liturgistes, qui font et défont les formulaires, plus préoccupés par les modes du moment que par le développement homogène de la liturgie. Les Quatre Temporaisons et les Rogations Majeures ont toujours exprimé le lien particulier de la vie humaine avec la création, en se concentrant particulièrement, dans le choix des lectures, sur les textes de l'Ancien Testament qui commandent aux Israélites d'offrir les premiers fruits de la récolte et la dîme au Seigneur Dieu. Cette offrande exprime à merveille l'ordo creationis : d'une part, l'homme - qu'il le sache ou non - vit de tout ce qui vient de la main de Dieu : "Les yeux de tous sont tournés vers toi dans l'attente, et tu leur donnes leur nourriture en temps voulu. Tu ouvres ta main et tu rassasies la faim de tout ce qui vit" (Ps 144, 15-16) ; d'autre part, il est créé pour être le maître de la création, pour la cultiver, la garder, en prendre soin ; cette seigneurie n'est pas absolue précisément parce que l'homme vient de Dieu et que, même dans sa vie matérielle, il dépend du Créateur, qui fait se lever le soleil et envoie les pluies en temps voulu. L'offrande des prémices reconnaît effectivement Celui dont tout provient et au nom duquel il administre la création. Une fois encore, l'offrande des premiers fruits exprime que toute la création, y compris la vie humaine, non seulement vient de Dieu, mais a en lui sa finalité ultime et sa signification la plus profonde.

    L'offrande des premiers fruits a été remplacée par l'Église par une autre pratique, tout aussi significative : celle du jeûne et de l'abstinence. Pendant les trois jours de la Tempora (mercredi, vendredi et samedi), le chrétien est appelé à modérer la passion primordiale, celle de la gourmandise, afin que toute sa relation avec la création matérielle, résumée dans la nourriture, soit ramenée dans l'ordre voulu par Dieu. Le jeûne et l'abstinence freinent cette voracité multiforme de l'homme, qui le conduit inexorablement à une exploitation désordonnée de la création, fonctionnelle pour satisfaire tout type de plaisir immodéré loin d'une saine sobriété. Ce n'est pas un hasard si, le jour du shabbat de chaque tempora, nous trouvons le passage du livre du prophète Daniel (3, 47-51), dans lequel il est raconté que l'Ange est descendu dans la fournaise avec les trois jeunes gens, les protégeant de la flamme et leur apportant une brise fraîche ; le passage est suivi de l'hymne Benedictus es, qui bénit Dieu, le Seigneur de la création. L'homme qui obéit à Dieu, qui, comme Daniel et les trois jeunes gens, sait s'abstenir de nourriture en terre d'exil, devient aussi, à l'image et à la ressemblance de Dieu, le véritable dominus de la création ; libérée d'une concupiscence immodérée, la création devient pour lui avant tout une révélation de Dieu à contempler et à garder, une lumière qui lui permettra de l'utiliser selon la vertu et non selon ses propres caprices.

    Or, toute cette richesse liturgique, avec ses jours de pénitence respectifs, a été purement et simplement supprimée et confiée à la créativité des conférences épiscopales. Le résultat est visible. Mais au lieu de récupérer ces formulaires et de restaurer les jours des Quatre-Temps et des Rogations dans le calendrier romain, en restituant à l'Église une pratique séculaire, le Dicastère dirigé par le cardinal Roche en invente un nouveau, sur mesure, à utiliser à volonté à n'importe quel moment de l'année, sans lien avec le cycle des saisons et sans note pénitentielle, si fondamentale et décisive dans le rapport avec la création. L'idéologie écologiste, d'une part, et l'aversion pour le rite romain d'avant la Réforme, d'autre part, ont laissé leur signature, à côté de celle de Roche et Viola.

  • Saint Antoine Maria Zaccaria (5 juillet) et ses précieux sermons

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    D'Antonio Tarallo sur la NBQ :

    Saint Antoine Maria Zaccaria et ses précieux sermons

    Aujourd'hui marque la mémoire liturgique de saint Antoine Maria Zaccaria, fondateur des Clercs Réguliers de Saint Paul (Barnabites). Découvrons ses Sermons , où le raffinement du langage se conjugue avec la profondeur théologique. Avec des exemples très concrets.
     
    5_07_2024

    Un profil d'apparence noble est celui de Saint Antoine Maria Zaccaria, dont la mémoire liturgique se produit aujourd'hui. Et il ne pouvait en être autrement étant donné qu'il est né dans une famille noble et riche : sa naissance en 1502, à Crémone, une ville à caractère intellectuel et culturel. Surtout au XVIe siècle. Après ses premières études dans sa ville, Antonio Maria, à l'âge de 16 ans, commence des études de philosophie à Pavie où il décide de se consacrer à la médecine. En 1520, il s'inscrit à l'université de Padoue, un autre centre culturel important de l'époque. En seulement quatre ans, il a obtenu son diplôme de médecine. De retour à Crémone, il commença cependant à comprendre que le corps des malades avait besoin de celui de l'âme en plus des soins médicaux. Ce fut le début du discernement d'Antonio Maria Zaccaria - aidé, semble-t-il, par un couple de dominicains, Fra Battista da Crema et Fra Marcello - qui aboutit ensuite à la décision d'abandonner « l'aube » pour devenir prêtre. Le 20 février 1529 fut la date de son ordination.

    Retracer, quoique brièvement, son parcours d'études est nécessaire pour bien comprendre la finesse du langage alliée à la profondeur théologique que l'on retrouve dans ses Sermons . Derrière chacune de ses paroles, on comprend bien comment saint Antoine-Marie Zaccaria, fondateur de la Congrégation des Clercs Réguliers de Saint Paul (plus connu sous le nom de Barnabites), en plus d'être « l'une des figures clés de la réforme catholique de XVIe siècle, engagé dans le renouveau de la vie chrétienne à une époque de crise profonde dans le domaine de la foi et des coutumes" - c'est ainsi que s'exprimait alors le cardinal Joseph Ratzinger dans la préface du livre d'Angelo Montonati intitulé Le feu dans la ville. Saint Antoine Maria Zaccaria (1502-1539) – reste un grand théologien (encore à découvrir) et prédicateur de la Parole de Dieu.

    Il existe un précieux témoignage de son art oratoire . Le Père Battista Soresina, l'un des premiers compagnons barnabites qui vécurent avec le saint pendant la période de fondation de la nouvelle congrégation religieuse, écrivait : « Dans les conférences spirituelles, il était admirable, de telle sorte que non seulement il réchauffait tout le monde l'amour de Dieu et dans le désir de perfection, mais toujours en général il a donné des souvenirs si appropriés que chacun en particulier restait convaincu et confus de ses propres défauts. (...) Il avait un grand talent pour donner des exhortations spirituelles (...). Il était très pieux et un grand imitateur de l'apôtre saint Paul. (...) Ses discours étaient fondés et tissés avec la doctrine et les paroles de l'Apôtre lui-même." De cet amour pour l'Apôtre des Gentils on comprend bien le soin apporté à faire des paroles des Sermons de véritables « traits enflammés » pour atteindre directement le cœur des auditeurs.

    Mais essayons d'approfondir ces sermons , en essayant également de méditer et de mieux comprendre ses paroles. La version que nous proposons est celle contenue dans le volume critique - édité par les Pères Giuseppe M. Cagni et Franco M. Ghilardotti - intitulé I Sermoni di S. Antonio M. Zaccaria (Edizioni di Storia e Letteratura, 1959). Nous ne pouvons manquer de commencer ce court voyage sinon par une méditation du saint sur le premier commandement de Dieu: «Le premier commandement est donc celui-ci: Je suis l'Éternel, ton Dieu, qui t'ai fait sortir du pays d'Égypte, maison de l'esclavage. Vous n'aurez pas de dieux extraterrestres en ma présence. Vous ne ferez pas de sculptures, ni de représentations, ni d'images de quoi que ce soit qui soit dans les cieux, sur la terre, ou dans les eaux. Je suis l'Éternel, votre Dieu fort et zélé, qui punit les iniquités des pères chez les enfants jusqu'à la troisième et la quatrième génération, et je fais miséricorde à mille et pour toujours et à jamais à ceux qui m'aiment. De cette base part saint Antoine-Marie Zaccaria : de la conscience qu'il n'y a qu'un seul Dieu. Les adjectifs que le saint attribue au Seigneur sont frappants : fort et zélé. Ce sont des noms qui réussissent bien, avec toute leur force sémantique, à nous donner l'image de Dieu.

    En parcourant les pages des Sermons , nous trouvons ci-dessous : « Quel est le premier ennemi de Dieu ? C'est de l'orgueil, et c'est le diable qui, au début, a apostasié Dieu, et rien d'autre n'est le début de la séparation d'avec Dieu que l'orgueil (...). De sorte que chaque fois que vous accomplissez un travail relatif à l’orgueil, vous gardez les dieux étrangers aux yeux de Dieu. Voyez si vous êtes fier de vos vêtements, de dresser une bonne et délicate et superbe table selon votre être, de l'ameublement de la maison, de votre discours (comme être bruyant, vous louer, gronder les autres et de mille autres manières). ), en [donnant votre] opinion et en jugeant les faits des autres". Cette fois, au centre du discours de saint Antoine Marie Zacharie se trouve le péché d’orgueil. Dans ce cas, il convient de souligner que le traitement de ce péché n'est pas abstrait, mais concret, tangible : le saint retrace les habitudes humaines, les vices dans lesquels tombe souvent l'humanité. Ceux que le saint Barnabite énumère sont des exemples concrets de la vie quotidienne.

    Et encore : « Que l'homme ait toujours son intention [dirigée] vers Dieu, et ne désire que Dieu, et ne se souvienne de rien d'autre que du même Dieu, qu'il commence plutôt toutes ses incepta [après avoir] invoqué le nom de son Seigneur et se redresse. cela à lui; et brièvement il rassembla toute sa compréhension, voulant, se souvenant, sentant, opérant dans la Bonté divine, et ensemble le cœur et la chair se réjouissent dans le Dieu vivant ; et Christ vit dans l'homme, et non plus dans l'homme ; et son âme est gouvernée par l'Esprit de Dieu comme le corps par l'âme ; et son esprit lui rend témoignage qu'ils sont les enfants de Dieu ; et ils sont un exemple vivant du Christ, à tel point qu'ils disent avec l'Apôtre : Soyez nos imitateurs, comme nous le Christ, comme s'ils disaient : « Voulez-vous un exemple vivant du Christ ? Regarde nous." Des mots pour notre présent.

  • Lettre encyclique "Dilexit nos" du pape François sur l'amour humain et divin du Coeur de Jésus-Christ

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    LETTRE ENCYCLIQUE DILEXIT NOS DU SAINT-PÈRE FRANÇOIS
    SUR L’AMOUR HUMAIN ET DIVIN DU CŒUR DE JÉSUS-CHRIST

    (source)

    1. « Il nous a aimés » dit saint Paul, en parlant du Christ (Rm 8, 37), nous faisant découvrir que rien « ne pourra nous séparer » (Rm 8, 39) de son amour. Il l’affirme avec certitude car le Christ l’a dit lui-même à ses disciples : « Je vous ai aimés » (Jn 15, 9.12). Il a dit aussi : « Je vous appelle amis » (Jn 15, 15). Son cœur ouvert nous précède et nous attend inconditionnellement, sans exiger de préalable pour nous aimer et nous offrir son amitié : « Il nous a aimés le premier » (1 Jn 4, 19). Grâce à Jésus, « nous avons reconnu l’amour que Dieu a pour nous et nous y avons cru » (1 Jn 4, 16). 

    I L’IMPORTANCE DU CŒUR

    2. On utilise souvent le symbole du cœur pour parler de l’amour de Jésus-Christ. Certains se demandent si cela a encore un sens aujourd’hui. Or, lorsque nous sommes tentés de naviguer en surface, de vivre à la hâte sans savoir pourquoi, de nous transformer en consommateurs insatiables, asservis aux rouages d’un marché qui ne s’intéresse pas au sens de l’existence, nous devons redécouvrir l’importance du cœur [1].

    Quelle compréhension avons-nous du “cœur” ?

    3. Dans le grec classique profane, le terme kardia désigne le tréfonds des êtres humains, des animaux et des plantes. Il indique chez Homère, non seulement le centre corporel, mais aussi le centre émotionnel et spirituel de l’homme. Dans l’ Iliade, la pensée et le sentiment relèvent du cœur et sont très proches l’un de l’autre. [2] Le cœur apparaît comme le centre du désir et le lieu où se prennent les décisions importantes de la personne. [3] Le cœur acquiert chez Platon une fonction de “synthèse” du rationnel et des tendances de chacun, les passions et les requêtes des facultés supérieures se transmettant à travers les veines et confluant vers le cœur. [4] C’est ainsi que nous voyons depuis l’antiquité l’importance de considérer l’être humain non pas comme une somme de diverses facultés, mais comme un ensemble âme-corps avec un centre unificateur qui donne à tout ce que vit la personne un sens et une orientation.

    4. La Bible affirme que « vivante, en effet, est la parole de Dieu, efficace […] elle peut juger les sentiments et les pensées du cœur » (He 4, 12). Elle nous parle ainsi d’un centre, le cœur, qui se trouve derrière toute apparence, même derrière les pensées superficielles qui nous trompent. Les disciples d’Emmaüs, dans leur marche mystérieuse avec le Christ ressuscité, ont vécu un moment d’angoisse, de confusion, de désespoir, de désillusion. Mais au-delà et malgré tout, quelque chose se passait au fond d’eux : « Notre cœur n’était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, quand il nous parlait en chemin ? » (Lc 24, 32).

    5. En même temps, le cœur est le lieu de la sincérité où l’on ne peut ni tromper ni dissimuler. Il renvoie généralement aux véritables intentions d’une personne, ce qu’elle pense, croit et veut vraiment, les “secrets” qu’elle ne dit à personne et, en fin de compte, sa vérité nue. Il s’agit de ce qui est authentique, réel, vraiment “à soi”, ce qui n’est ni apparence ni mensonge. C’est pourquoi Dalila déclarait à Samson qui ne lui révélait pas le secret de sa force : « Comment peux-tu dire que tu m’aimes, alors que ton cœur n’est pas avec moi ? » (Jg 16, 15). Ce n’est que lorsqu’il lui confia son secret, si caché, qu’elle « comprit qu’il lui avait ouvert tout son cœur » (Jg 16, 18).

    6. Cette vérité propre à toute personne est souvent cachée sous beaucoup de feuilles mortes, au point qu’il est difficile de se connaître soi-même et plus difficile encore de connaître l’autre : « Le cœur est rusé plus que tout, et pervers, qui peut le pénétrer ? » (Jr 17, 9). Nous comprenons ainsi pourquoi le livre des Proverbes nous interpelle : « Plus que sur toute chose, veille sur ton cœur, c’est de lui que jaillit la vie. Écarte loin de toi la bouche perverse » (4, 23-24). L’apparence, la dissimulation et la supercherie abîment et pervertissent le cœur. Nombreuses sont nos tentatives pour montrer ou exprimer ce que nous ne sommes pas ; or, tout se joue dans le cœur. On y est soi-même, quel que soit ce que l’on montre extérieurement et ce que l’on cache. C’est la base de tout projet solide pour la vie, car rien de valable ne se construit sans le cœur. L’apparence et le mensonge n’offrent que du vide.

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  • Inde : les responsables chrétiens s’inquiètent d’un nouveau rapport sur les attaques antichrétiennes

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    Lu sur Ad Extra :

    En Inde, les responsables chrétiens s’inquiètent d’un nouveau rapport sur les attaques antichrétiennes

    Des chrétiens de l’État d’Odisha, le 9 juin dernier lors d’une manifestation pour défendre leur droit constitutionnel à pratiquer leur foi.Des chrétiens de l’État d’Odisha, le 9 juin dernier lors d’une manifestation pour défendre leur droit constitutionnel à pratiquer leur foi.© Ucanews/Catholicconnect.n

    20/06/2025

    Le 18 juin, l’organisation chrétienne interconfessionnelle UCF (Forum chrétien uni), qui agit en Inde pour les droits des minorités chrétiennes, a publié un nouveau rapport sur les attaques antichrétiennes enregistrées entre janvier et mai 2025. Durant cette période, l’organisation a enregistré 313 attaques, contre un total de 834 en 2024, 734 en 2023 contre 601 en 2022. L’UCF signale donc près de deux attaques par jour en moyenne depuis le début de l’année, avec des situations préoccupantes en Uttar Pradesh et au Chhattisgarh.

    Les responsables chrétiens indiens ont appris avec inquiétude les derniers chiffres annoncés par le Forum chrétien uni (UCF). L’UCF est une organisation chrétienne interconfessionnelle qui agit pour les droits des minorités chrétiennes en Inde, principalement via des mouvements populaires et autres moyens démocratiques.

    Dans son dernier rapport, elle affirme qu’en moyenne, plus de deux chrétiens sont attaqués chaque jour en Inde. Ce mercredi 18 juin dans un communiqué de presse, l’organisation a précisé avoir enregistré 313 attaques entre janvier et mai 2025, notamment via ses numéros gratuits d’assistance téléphonique.

    Les chiffres continuent d’augmenter : l’organisation a enregistré un total de 834 attaques en 2024, et 734 en 2023 contre 601 en 2022. « Si cette tendance n’est pas stoppée immédiatement, cela menacera l’identité et l’existence de toute la communauté chrétienne indienne à l’échelle nationale », s’alarme A. C. Michael, coordinateur national de l’UCF et ancien membre de la Commission pour les minorités de Delhi. Il ajoute que l’Uttar Pradesh, dans le nord du pays, et le Chhattisgarh, dans le sud, sont devenus des « zones sensibles frappées par une haine virale, des violences populaires et une ostracisation sociale endémique ».

    L’Uttar Pradesh et le Chhattisgarh en tête

    Jusqu’au mois de mai, le Chhattisgarh a enregistré 64 attaques antichrétiennes, suivi par l’Uttar Pradesh avec 58 cas. En 2024, l’Uttar Pradesh avait enregistré 209 attaques, soit le chiffre le plus élevé du pays, suivi par le Chhattisgarh avec 165. Douze États sur 28, en majorité dirigés par le parti BJP (Bharatiya Janata Party) pro-hindou du Premier ministre Narendra Modi, ont voté des lois anti-conversion, que les chrétiens accusent d’être manipulées par des groupes hindous pour les cibler.

    C’est le cas dans l’Odisha, dans l’est de l’Inde, où le BJP est arrivé au pouvoir il y a un an, les responsables chrétiens de la région affirment que les violences antichrétiennes ont augmenté depuis. « Pas une semaine ne passe en Odisha sans que des chrétiens soit menacés et incités à renoncer à leur foi et à revenir à l’hindouisme », explique le père Ajay Kumar Singh, de l’archidiocèse de Cuttack-Bhubaneswar (Odisha).

    Après l’arrivée au pouvoir du BJP en Odisha en juin 2024, il affirme qu’une « persécution systématique » a débuté contre les chrétiens, particulièrement dans les régions dominées par les populations indigènes et Dalits. Selon le père Singh, depuis un an, plusieurs attaques ont été enregistrées, avec notamment des célébrations interrompues dans des églises, des enterrements chrétiens refusés, et du boycott social dans les villages.

    Près de 2,3 % de chrétiens sont recensés en Inde

    Selon A. C. Michael, « le système judiciaire et légal est complice » des atrocités commises contre les chrétiens dans de nombreux États indiens. Par conséquent, beaucoup d’attaques ne sont pas signalées par peur de représailles. Minakshi Singh, une militante chrétienne de l’Uttar Pradesh, confie que les chrétiens à travers le pays sont préoccupés et inquiets face à cette persécution en hausse.

    La principale accusation faite contre les chrétiens en Inde, qui convertiraient d’autres croyants à leur religion, est selon elle sans fondement. « En 2022, la Cour Suprême indienne a demandé aux autorités fédérales et régionales d’envoyer des rapports sur les conversions forcées, mais à ce jour, aucun gouvernement n’a encore pu fournir de preuves documentées. »

    Les violences antichrétiennes sont en augmentation depuis une décennie, en particulier depuis l’arrivée au pouvoir du BJP en 2014. L’UCF avait enregistré 127 attaques en 2014, contre 834 en 2024. Selon le dernier recensement, les chrétiens représentent environ 2,3 % de la population indienne, sur 1,4 milliard d’habitants.

    Source : Ucanews, Bijay Kumar Minj et Dr John Singarayar

  • L'amour de Tolkien pour la messe et son impact sur l'écriture du Seigneur des anneaux

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    De Joseph Pearce sur le NCR :

    Pour Tolkien, la messe était le plus grand drame de la vie

    Un nouveau livre explore comment la foi catholique de JRR Tolkien – et en particulier la messe – a façonné ses histoires et soutenu son âme.

    Couverture du livre « The High Hallow : Tolkien's Liturgical Imagination »
    Couverture du livre « The High Hallow : Tolkien's Liturgical Imagination » (photo : Emmaus Road Publishing)

    Cela fait 10 ans qu'un prêtre italien a demandé que la cause de la canonisation de JRR Tolkien soit lancée.

    En 2015, le père Daniele Ercoli de Turin a demandé à l'archevêque Bernard Longley de Birmingham d'entamer le processus de canonisation. Deux ans plus tard, une messe spéciale a été célébrée à l'église d'Oxford, à laquelle Tolkien assistait quotidiennement. L'année suivante, une « conférence de canonisation » s'est tenue à Oxford afin de raviver l'intérêt pour les appels à l'Église en faveur de la cause du grand écrivain.

    Depuis lors, peu de choses semblent avoir revigoré la cause. Aujourd'hui, un livre récemment publié attire l'attention sur la sainteté personnelle de Tolkien et sa pratique fervente de la foi.

    The High Hallow: Tolkien's Liturgical Imagination de Ben Reinhard se concentre sur l'amour de Tolkien pour la messe et son impact sur l'écriture du Seigneur des anneaux.

    « Le Seigneur des Anneaux est bien sûr une œuvre fondamentalement religieuse et catholique », insistait Tolkien. Le Dr Reinhard nous rappelle que le mot « fondamentalement » dérive du latin fundamentum , qui signifie « fondement » ou « fondamental ». Autrement dit, Tolkien affirme que sa foi catholique est le fondement même de son œuvre. Cela n'a rien de surprenant, car c'était le fondement même de sa vie.

    Lorsque l'ami de Tolkien, le père Robert Murray, prêtre jésuite, remarqua des similitudes entre Galadriel et la Sainte Vierge Marie, Tolkien fut prompt à lui donner raison. « Je comprends parfaitement ce que vous voulez dire… par votre référence à Notre-Dame, sur laquelle se fonde toute ma perception personnelle de la beauté, tant dans sa majesté que dans sa simplicité. »

    Dans une lettre à son fils, il l'exhortait à toujours demeurer fervent dans la pratique de la foi, à fréquenter les sacrements, notamment la confession, et à prier avec ferveur et fréquence. « Prie debout, en voiture, dans les moments d'ennui. » Quant à la vie de prière de Tolkien, il la décrit avec vivacité dans la même lettre :

    Si vous ne le faites pas déjà, prenez l'habitude de réciter les louanges. Je les utilise beaucoup (en latin) : le Gloria Patri, le Gloria in Excelsis, le Laudate Dominum ; le Laudate Pueri Dominum (que j'affectionne particulièrement), un psaume du dimanche ; et le Magnificat ; ainsi que les Litanies de Lorette (avec la prière « Sub tuum praesidium »). Si vous les connaissez par cœur, vous n'aurez jamais besoin de paroles de joie. C'est aussi une bonne et admirable chose de connaître par cœur le canon de la messe, car vous pourrez le réciter dans votre cœur si jamais une circonstance difficile vous empêche d'entendre la messe.

    Cette expression sincère de la vie de prière joyeuse de Tolkien trouve une expression fondamentale dans son œuvre. « La vie et l'imagination de Tolkien étaient profondément ancrées dans la liturgie », écrit le Dr Reinhard. « Ses joies et ses peines, son art et son imagination – en fait, toute activité humaine – pouvaient être ancrés et interprétés par la prière de l'Église. »

    Lors d’une tournée en Italie avec sa fille, Tolkien eut le sentiment irrésistible d’être arrivé au « cœur de la chrétienté » : « J’ai ressenti une curieuse lueur de vie endormie et de charité — en particulier dans les chapelles du Saint-Sacrement. »

    L'illustration la plus touchante et la plus touchante de l'amour de Tolkien pour la liturgie et pour les enfants nous est peut-être donnée par un ami qui avait assisté à la messe avec lui. Sur le banc devant eux se trouvaient deux ou trois enfants qui peinaient à suivre la messe dans leur missel illustré. Remarquant leur difficulté, Tolkien se pencha en avant pour les guider.

    Lorsque son ami quitta l'église après la messe, il remarqua que Tolkien n'était pas avec lui. De retour à l'église, il le trouva agenouillé devant l'autel de la Vierge avec les jeunes enfants et leur mère, discutant joyeusement et, je crois, racontant des histoires sur Notre-Dame. Alors que la famille quittait l'église, l'ami de Tolkien entendit l'un des enfants demander : « Maman, on peut toujours aller à l'église avec ce gentil monsieur ? »

    Quant à l’amour de Tolkien pour la messe, il est illustré dans les mots qu’il a écrits à son fils, illustrant comment l’Eucharistie était au centre même de sa vie :

    Français De l'obscurité de ma vie, si frustrée, je mets devant vous la seule grande chose à aimer sur terre : le Saint Sacrement. … Vous y trouverez la romance, la gloire, l'honneur, la fidélité et le vrai chemin de tous vos amours sur terre, et plus que cela : la mort : par le paradoxe divin, celle qui met fin à la vie et exige l'abandon de tout, et pourtant par le goût (ou l'avant-goût) de laquelle seule ce que vous recherchez dans vos relations terrestres (amour, fidélité, joie) peut être maintenu, ou prendre ce teint de réalité, d'endurance éternelle, que le cœur de chaque homme désire.

    Avec ces paroles de foi brûlante et l’amour de Notre Seigneur résonnant dans nos cœurs, comme elles ont évidemment toujours résonné dans le cœur de Tolkien, nous pouvons en effet espérer et prier pour que la cause de sa canonisation soit ravivée.

  • Un nouveau livre de George Weigel se concentre sur les universités, la vérité, la foi et la raison

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    De sur le CWR :

    Le nouveau livre de George Weigel se concentre sur les universités, la vérité, la foi et la raison

    « Le culte du scepticisme », dit l’auteur prolifique, en discutant de Pomp, Circumstance et Unsolicited Advice, « est profondément ancré dans l’ADN de l’establishment universitaire du XXIe siècle. »

    Pomp, Circumstance, and Unsolicited Advice (Ignatius Press, 2025) rassemble une vingtaine de discours de remise de diplômes et de conférences universitaires de George Weigel, donnés depuis le début du siècle. Ces discours et conférences, donnés dans un cadre universitaire, sont à la fois solides et accessibles. Ils visent à inciter auditeurs et lecteurs à mieux apprécier la véritable nature de l'apprentissage et à mieux comprendre les vérités fondamentales d'une grande tradition.

    M. Weigel a récemment correspondu avec CWR au sujet du livre, des graves problèmes rencontrés aujourd’hui dans de nombreuses universités d’élite, de la relation entre la foi et la raison, et de certains géants intellectuels des deux derniers siècles.

    CWR : Les discours de fin d’études sont souvent oubliables, ou mémorisés pour de mauvaises raisons. Comment avez-vous procédé pour sélectionner les discours de fin d’études de ce volume ? Et quels critères (ce qu’il faut inclure et ce qu’il faut éviter) utilisez-vous pour rédiger un discours de fin d’études ?

    Weigel :  Un discours de remise de diplôme ne doit pas être tiré d’un dossier intitulé « discours générique de remise de diplôme ». Il doit refléter la situation particulière de l’établissement d’origine. Ce serait la règle n° 1.

    Ensuite, une pincée d'humour, quelques réflexions sur les défis du moment pour le discipulat missionnaire et de sincères remerciements aux parents des diplômés, souvent ignorés.

    J’espère que les discours de fin d’études contenus dans mon livre, qui ont été prononcés dans divers environnements universitaires – tous catholiques, mais dans un paysage diversifié, allant de l’Europe de l’Est au pays cajun jusqu’aux Rocheuses – présentent ces qualités.

    CWR : Comme vous le soulignez dans la préface, on assiste à une implosion dans de nombreuses universités autrefois prestigieuses. Quelles en sont les causes ? Et comment vos essais dans ce volume abordent-ils certains des problèmes essentiels et leurs solutions ?

    Weigel : Je crois que j'ai abordé la cause profonde – pardonnez-moi l'expression ! – de la dégénérescence des « élites » dans cette préface : la perte d'emprise sur la notion de vérité, que la présidente Drew Faust de Harvard a déclaré lors de son investiture comme étant une « aspiration », et non une « possession ».

    Pourtant, l’ensemble de l’entreprise universitaire telle que nous la comprenons aujourd’hui a été lancée par des catholiques au XIIIe siècle qui croyaient être en « possession » de vérités connues à la fois par la révélation et par la raison – non pas des vérités à enterrer dans le sable, mais des vérités à recevoir comme un don et à déployer ensuite dans de nouvelles recherches de la vérité des choses.

    Quand il n'y a que « votre » vérité et « ma » vérité, et rien que nous reconnaissions tous deux comme la  vérité, qu'obtient-on ? On se retrouve avec des antisémites sur-privilégiés qui déchaînent leurs passions sur les campus « d'élite ». J'espère qu'ils l'ont compris à Harvard et ailleurs, mais j'ai des doutes : le culte du scepticisme est profondément ancré dans l'ADN de l'establishment universitaire du XXIe siècle.

    CWR : Quels sont certains de vos discours ou conférences de fin d’études les plus mémorables, en termes de discours et de circonstances ?

    Weigel : Six mois après avoir prononcé mon discours de remise des diplômes à l’Université catholique ukrainienne de Lviv et lancé un défi à ses diplômés : rester fidèles à l’héritage des martyrs de l’Église gréco-catholique ukrainienne du XXe siècle, nombre de ces étudiants ont risqué leur vie pour protester contre l’autoritarisme croissant lors de la Révolution de la Dignité de Maïdan de 2013-2014 à Kiev. J’en ai été profondément touché. J’ai prononcé le discours de remise des diplômes de ma fille à l’Université de Dallas et celui de mon petit-fils à Raleigh, deux discours où je me suis inspiré de mon expérience personnelle du pape Jean-Paul II.

    CWR : Est-il exact de dire que la plupart, voire la totalité, des interventions de ce volume portent sur la vérité et la relation entre foi et raison ? Quels sont les points sur lesquels vous revenez souvent lorsque vous abordez ces sujets importants ?

    Weigel :  Oui, la plupart d'entre eux abordent ce sujet, et j'espère que ce n'est pas dû à un manque de créativité ou d'imagination de ma part, mais parce que je pense que cette relation est essentielle pour sauver la civilisation occidentale de sa ruée actuelle vers Gadara vers la falaise du wokery.

    La raison purifie la foi afin qu'elle ne se décompose jamais en superstition. La foi met la raison au défi d'ouvrir le champ de ses préoccupations et de ne pas se contenter de s'attarder sur les petites questions, mais plutôt de s'attaquer aux grandes questions : pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? Comment discerner la vérité dans un monde de mensonges ? Qu'est-ce qui fait une vie digne d'intérêt ?

    CWR : Dans une conférence donnée en Pologne en 2018, vous vous êtes concentré sur l’encyclique Veritatis Splendor de Jean-Paul II . Pourquoi cette encyclique conserve-t-elle toute son importance ? Et pensez-vous que le pape Léon XIII devra, d’une manière ou d’une autre, réaffirmer les points forts de Jean-Paul II concernant la vérité, le mal intrinsèque, la conscience et les questions connexes ?

    Weigel :  Déconstruire  Veritatis Splendor et l'insistance de cette grande encyclique sur certaines vérités morales fixes que nous ignorons à nos risques et périls était un projet majeur de plus d'une force au cours du pontificat qui vient de s'achever.

    Dans un monde en proie à une hémorragie de sang due aux effets catastrophiques du relativisme né du nihilisme et du scepticisme, il faut bien que quelqu'un défende le fait que certaines choses sont bonnes et vivifiantes, point final, et que d'autres sont mauvaises et mortifères, point final. Les gens normaux le comprennent intuitivement.

    Il faut une certaine bêtise académique pour se déformer au point de prétendre qu'il n'existe pas d'actes « intrinsèquement mauvais » : qu'en est-il du viol ? De la torture des enfants ? Du génocide ? Allez, amis de la théologie morale, soyez sérieux !

    L'Église est le dernier grand défenseur institutionnel de la capacité de l'humanité à saisir la vérité des choses, y compris la vérité morale des choses, et j'espère vivement que le pape Léon XIV suivra l'exemple de son noble homonyme, Léon XIII, et réaffirmera cela.

    CWR : Il est frappant de constater que les cinq essais sous la rubrique « Hommes de génie » concernent un philosophe et pape polonais, un théologien et pape allemand, un converti et cardinal français, un converti et cardinal anglais, et un théologien américain passé du progressisme au conservatisme. Quels sont les points communs entre ces hommes ? Et qu’est-ce qui vous intéresse chez eux et dans leur pensée ?

    Weigel :  Karol Wojtyła, Joseph Ratzinger, Jean-Marie Lustiger, John Henry Newman et Michael Novak étaient tous des penseurs de premier ordre qui sont restés ouverts à de nouvelles questions et perspectives tout au long de leur vie.

    Leur curiosité intense et incessante, leur détermination à ne jamais se contenter de produits intellectuellement médiocres, était et est une source d’inspiration : une source d’inspiration que, dans quatre cas, j’ai eu la grande chance de vivre personnellement.

    CWR : Qu’espérez-vous que les lecteurs gagneront et apprécieront davantage en lisant ces essais ?

    Weigel :  Le sentiment que la vie de l’esprit peut être amusante.

  • La révolution sexuelle est minée par son propre triomphe

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    De sur le CWR :

    La révolution sexuelle est minée par son propre triomphe

    La « pente glissante », dit Nathanael Blake, auteur de Victimes de la Révolution , « s’est avérée plus prophétique que fallacieuse, et la chute ne sera pas arrêtée en cherchant un point d’appui solide à mi-chemin. »

    De nombreux ouvrages et essais ont examiné les multiples aspects culturels, sociaux et historiques de la Révolution sexuelle. Mais rares sont ceux qui se sont penchés sur les destructions et les souffrances causées par cette révolution et ont apporté une réponse chrétienne attentive, directe et bienveillante à la douleur et à la misère qui nous entourent aujourd'hui, des décennies plus tard. Le nouvel ouvrage de Nathanael Blake  , Victims of the Revolution: How Sexual Liberation Hurts Us All  (Ignatius Press, 2025), fait précisément cela, alliant érudition, sagesse et compassion authentique centrée sur le Christ.

    Blake est membre du Centre d'éthique et de politique publique de Washington, D.C., et publie régulièrement des chroniques pour The Federalist ,  WORLD Opinions, Catholic World Report et d'autres publications. Il a obtenu son doctorat à l'Université catholique d'Amérique et réside en  Virginie avec sa femme et ses enfants.

    Il a récemment correspondu avec moi au sujet de son livre, dont il m'a parlé pour la première fois lorsqu'il m'a rendu visite chez moi dans l'Oregon en décembre 2022.

    Olson : De quoi parle votre livre et pourquoi l'avez-vous écrit ?

    Nathanael Blake :  La révolution sexuelle a trahi ses promesses, infligeant misère et souffrance au lieu du plaisir et de la liberté promis. Alors que ses effets néfastes deviennent de plus en plus indéniables, les chrétiens peuvent montrer à un monde en souffrance pourquoi notre compréhension de la personne humaine et de la sexualité est le fondement d'une meilleure façon de vivre.

    Olson : Vous écrivez dès le début que votre livre est une « critique sociale ancrée dans la tradition chrétienne du droit naturel ». Pouvez-vous développer cela un peu ? Et que diriez-vous aux lecteurs potentiels qui ne sont pas chrétiens ou qui rejettent le droit naturel ?

    Blake :  Le christianisme enseigne qu’il existe un ordre moral donné par Dieu dans notre nature, et que nous pouvons donc connaître et exprimer de nombreuses vérités morales malgré notre péché, même sans révélation divine. Ces vérités de la loi naturelle nous guident vers notre bien-être et notre épanouissement, tant individuellement que collectivement.

    La tradition chrétienne du droit naturel a été inaugurée par la lettre de l'apôtre Paul à l'Église de Rome, qui débutait par sa description de la déviance sexuelle comme une défiance à la loi naturelle inhérente à la création divine. Aujourd'hui, l'Église catholique est bien connue pour son affinité avec la théorie du droit naturel, et la théologie réformée a récemment connu un renouveau de cette pensée.

    Ainsi, la tradition chrétienne du droit naturel offre un moyen de diagnostiquer les dysfonctionnements de notre culture relationnelle et sexuelle, et de les expliquer même aux non-chrétiens. Ceux qui rejettent le christianisme sont ainsi confrontés au défi de fournir une explication plus convaincante de la nature humaine et de la vérité morale, une explication plus claire des dysfonctionnements de notre culture.

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  • Dieu existe-t-il ? Quand le cardinal Sarah répond à nos sociétés déchristianisées

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    D' sur Boulevard Voltaire :

    [LIVRE] Dieu existe-t-il ? Le cardinal Sarah répond à nos sociétés déchristianisées

    Une réflexion pour tout lecteur à la recherche de sens dans un monde qui semble avoir perdu sa boussole.

    Le cardinal Sarah ne sera pas sorti pape du dernier conclave, mais il y a fort à parier que ses pensées et ses paroles toujours fortes y auront marqué les esprits. Avant la fumée blanche, les bookmakers vaticanistes avaient commencé à scruter les signes du Ciel : à la recherche de synthèse et d’apaisement, les cardinaux n’allaient-ils pas élire le premier pape noir en portant leurs suffrages sur ce cardinal guinéen incarnant à la fois la Tradition et le vent catholique nouveau venu du Sud ? Un cardinal qui, miraculeusement, était encore éligible et ne le serait plus quelques jours après, lorsqu'il aurait atteint ses 75 ans ? Llorsqu’après le célèbre « Habemus Papam », le prénom de Robert fut prononcé, on retint son souffle un instant… avant de découvrir que c’est un autre Robert qui venait d’être élu pape !

    La vocation du cardinal Sarah n’est donc pas de porter la soutane blanche, mais il n’en est pas moins l’une des voix qui compte, urbi et orbi, au conclave comme dans nos sociétés déchristianisées. A l'instar de saint Thomas d’Aquin, il pourrait faire de cette vérité sa devise : « Il est plus beau d'éclairer que de briller seulement ». Après les bestsellers Dieu ou Rien (Fayard/Pluriel), La Force du silence (Fayard/Pluriel) ou Des profondeurs de nos cœurs (Fayard), livre coécrit avec le pape Benoît XVI, c’est toujours à cette défense de la vérité qui rend libre, que s’attèle le cardinal dans son dernier ouvrage paru à nouveau chez Fayard, Dieu existe-t il ?

    Plus qu’un catéchisme, mieux qu’un voyage dans la pensée chrétienne des apôtres jusqu’aux papes, ce livre d’entretiens propose un témoignage personnel de foi, enrichi d’une vie intérieure et d’une réflexion intellectuelle profondes, tout en restant accessible et attractif pour tout lecteur à la recherche de sens dans un monde qui semble avoir perdu sa boussole.

    À ce sujet — Cardinal Sarah : « L’Occident est en grand péril »

    De l'absence de Dieu à notre absence à Dieu

    Une lecture stimulante au moins à double titre : de manière personnelle, pour ne pas rester au seuil des habituelles accusations faites à Dieu ou à l’Église : si Dieu existe, pourquoi le mal ? Pourquoi la souffrance ? Pourquoi la pédophilie de la part de prêtres ? Pourquoi ne pas chercher sans entrave le bonheur que nous ne trouvons pas sur terre ?... A ces questionnements, le cardinal propose une réponse apparemment paradoxale : et si, justement, c’est d’avoir chassé Dieu de nos vies qui était à l’origine du mal ? Et si la question n’était pas l’absence de Dieu, mais notre absence à Dieu ?

    D’où découle un second niveau de lecture, de méditation et d’action, sur le terrain civique, social, sociétal et politique cette fois. Nos sociétés occidentales fatiguées de Dieu et d’elles-mêmes, et érigeant le bonheur individuel en nouveau dieu, n’ont-elles pas abouti à l’inverse de ce qu’elles recherchent ? Une société contre ou sans Dieu devenant avant tout, une société contre ou sans l’Homme. Avec son lot de faux progrès qui nous détruisent, de fausses conquêtes qui nous font reculer, de fausses fraternités qui nous éloignent ? Des pages sur le pronostic vital engagé d’une société qui promeut le suicide assisté, le consumérisme étouffant, l’hédonisme forcené, le relativisme indifférent, prennent une actualité particulière dans notre France manifestement tournée vers sa fin de vie…

    Le livre a été écrit avant le conclave. Avant l’élection du nouveau pape. Avant que ce dernier ne prenne le nom de Léon XIV en référence à ses prédécesseurs, promoteurs de l’enseignement social de l’Église, feuille de route des catholiques qui s’engagent dans la vie publique. En nous exhortant à nous engager « pour le bien commun, non comme une valeur d’avant-garde, mais comme (...) la suprématie du Christ sur le monde », le cardinal nous invite à sauver notre Humanité en perte totale de repères.