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Politique - Page 2

  • Qui se souvient des chrétiens de Turquie ?

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    De l'European Center for Law & Justice (ECLJ) :

    ECLJ

    Madame, Monsieur,

    Qui se souvient des chrétiens de Turquie?

    Qui se souvient que l’Anatolie fut autrefois chrétienne, et que les chrétiens y ont été opprimés, massacrés, chassés et humiliés jusqu’à ne représenter plus que 20% de la population en 1915, et 0,3% aujourd’hui ?

    Qui se souvient des 2 millions de chrétiens assassinés en Turquie au XXe siècle?

    Le calvaire des derniers chrétiens d’Anatolie se poursuit aujourd’hui, dans l’indifférence de l’Europe. Assassinats, expulsions, spoliations et discriminations sont pourtant leur quotidien.

    C’est pour défendre les chrétiens de Turquie et lutter contre l’indifférence des institutions européennes que l’ECLJ a publié un rapport détaillé sur:

    Ce rapport, nous le diffusons largement, aux media, aux ambassades et aux politiques, pour qu’ils fassent du respect des droits des chrétiens une exigence absolue dans leurs rapports avec la Turquie.

    En outre, nous demandons au Conseil de l’Europe – dont la Turquie est membre – de se saisir de la situation des chrétiens de Turquie. Pour cela, nous vous invitons à vous joindre à cette demande en signant avec nous une pétition qui sera adressée officiellement à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe.

    Conformément à l’article 71 de son règlement, l’Assemblée aura l’obligation d’examiner notre pétition et de décider formellement de l’opportunité de se saisir de ce sujet, de rédiger un rapport et des recommandations au Comité des Ministres du Conseil de l’Europe.

    Cette semaine est marquée par le 1700e anniversaire du Concile de Nicée, et par la visite du Pape Léon XIV, auprès de Bartholomée 1er, Patriarche œcuménique de Constantinople, à l’occasion de la fête de saint André, frère de Saint Pierre et fondateur de l'Église de Constantinople. Ce sera l’occasion de manifester l’unité de l’Église du Christ.

    Donnons, nous aussi, un signe visible de cette unité en soutenant les chrétiens de Turquie:

    Pour la défense des chrétiens de Turquie

    Partagez cette pétition sur les réseaux sociaux ou suivez-nous sur: 

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  • EVRAS : une pétition et une action en justice lancées pour s'opposer à des dérives

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    De Vincent Delcorps sur cathobel :

    Préservatifs dans une chapelle, animation qui dérape… Une pétition et une action en justice sont lancées contre les dérives de l’EVRAS

    Préservatifs dans une chapelle, animation qui dérape… Une pétition et une action en justice sont lancées contre les dérives de l’EVRAS
     

    Sujet sensible que celui de la sexualité à l’école. Pour bien des raisons, il est important d’en parler. Mais de quelle façon? Et à quels moments? Verlaine Urbain, coordinateur de l’asbl Droits de l’Enfance, estime que les dérapages ne sont pas rares. Il vient d’ailleurs de lancer une action en justice.

    "A un moment, il m’a serrée, il m’a embrassée, il a commencé à me caresser partout et il a… mis sa main dans ma culotte. J’étais paralysée, je ne pouvais plus bouger… Je me suis laissé faire. La deuxième fois, c’était dans sa voiture. Il a sorti son sexe, il a pris ma tête et m’a forcée…"

    Cru? Violent? Lorsque des parents découvrent que leur enfant de 14 ans doit lire ce passage d’un livre dans le cadre scolaire, ils n’apprécient en tout cas pas. Et contactent l’association Droits de l’Enfance (ex-Innocence en danger).

    Son responsable, Verlaine Urbain, n’est pas très surpris. Car des signalements de ce type, il en reçoit beaucoup – en moyenne une par semaine. Les situations incriminées peuvent relever d’une animation EVRAS (Education à la vie relationnelle, affective et sexuelle) aussi bien que d’une activité culturelle ou d’un cours de biologie. Il y a peu, il a été en contact avec les parents d’un jeune enfant, revenu sans voix de l’école. Inscrit en cinquième primaire, on lui avait fait lire, en classe, que pour avoir des enfants, "le pénis de l’homme doit pénétrer dans le vagin de la femme".

    La démission d'une animatrice EVRAS

    Il y eut aussi ces autres cas, plus graves. En 2023, un opérateur assure une animation EVRAS dans une école de la province de Namur. Sex-toy à l’appui, on y présente à des élèves de première secondaire les usages du préservatif et l’emploi du corps pour jouir, mais aussi la variété de goûts – utiles "pour sucer". Des parents alertent. La responsabilité de l’animatrice EVRAS semble clairement engagée – elle finira par démissionner de ses fonctions.

    L’année suivante, dans la même école, un autre opérateur EVRAS est à la manœuvre d’une large distribution de préservatifs et de lubrifiants durant les temps de récréation. Tous les enfants de cette école secondaire peuvent en recevoir. Est-ce par esprit de provocation qu’à un moment, la distribution se tient dans la… chapelle de l’école? Une chose est sûre: l’initiative dérape. Et, tandis que des déchets de préservatifs se retrouvent dispersés dans la cour, plusieurs enfants ressentent un vif malaise. Des parents montent au créneau. L’école recadre. De nouvelles modalités de distribution, plus discrètes, seront finalement mises en place.

    Dans ces deux cas, le dialogue avec l’école ne s’est pas trop mal passé…

    Verlaine Urbain: En effet. Je n’en veux pas à l’école, avec laquelle il y a eu un dialogue ouvert. Nous n’allons d’ailleurs pas lui demander de dommages et intérêts.

    Mais vous allez tout de même en justice…

    Notre plainte, portée par des parents et notre association, concerne l’affaire de 2023 et elle est dirigée contre un opérateur EVRAS. Notre demande est la suivante: nous voulons que les parents puissent être informés, en amont, de la tenue d’animations EVRAS dans les écoles. Et que les enfants puissent en être dispensés sans que cela rentre dans le cadre des absences non justifiées. Cela nous semble logique puisque les écoles ne sont pas en capacité de garantir que les animations EVRAS qui se déroulent en leur sein se passent correctement et sans idéologie.

    Au-delà de ce cas, vous êtes l’observateur privilégié de dérapages nombreux…

    Alors que notre association n’est pas très connue, je reçois chaque semaine le message de parents qui me parlent de dérives. Je n’ai malheureusement pas les moyens d’approfondir chaque situation, ni de multiplier les procédures en justice. Mais je vois bien que les parents ne fabulent pas. Il m’arrive aussi d’avoir des preuves. Je peux recevoir copie d’un cours, par exemple. Il peut aussi arriver qu’un élève filme une partie de l’animation…

    Tous les enfants ne vivent pas ces expériences de la même façon…

    C’est vrai. En lisant une scène de sexe dans un livre, certains enfants pourraient trouver cela suggestif, tandis que d’autres pourraient être traumatisés. En tous les cas, au fil de mes recherches, grâce à mes contacts avec des pédopsychiatres, je me rends compte toujours davantage de certains dégâts. Un enfant n’est pas en capacité d’élaborer psychiquement ce qui est relatif à la sexualité avec recul. En étant par exemple confronté à des images de pénis d’adulte, une jeune enfant peut vivre un ressenti intrusif, comme si elle était elle-même pénétrée. Une telle exposition constitue une véritable effraction psychique.

    Au-delà, êtes-vous tout de même favorable à une EVRAS dans les écoles?

    Oui ! Nous travaillons pour la protection des enfants contre les violences sexuelles. Donc, que des animations soient dispensées dans les écoles pour prévenir ces violences, c’est évidemment une mission que nous soutenons ! En même temps, lorsqu’on regarde le Guide pour l’EVRAS, on s’aperçoit que plusieurs éléments ne sont pas adaptés au développement de l’enfant. Ce sont ces dérives que nous dénonçons.

    Propos recueillis par Vincent DELCORPS

    Une pétition pour faire pression

    Innocence en Danger est un mouvement mondial de protection des enfants contre toutes formes de violences, notamment sexuelles, présent dans une dizaine de pays. Son antenne belge, dirigée par Verlaine Urbain, vient de prendre son indépendance sous le nom de Droits de l’Enfance. Ces dernières années, elle s’est particulièrement impliquée sur la question de l’EVRAS, y voyant la porte ouverte à de nombreuses dérives.

    A côté de l’action en justice, Droits de l’enfance vient de lancer une pétition: "Pour une EVRAS adaptée aux enfants". Objectif: obtenir du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles l’ouverture d’une commission d’enquête afin de corriger certains éléments du Guide EVRAS. Car "tant que ce guide ne sera pas révisé pour respecter le développement de l’enfant et les droits parentaux, des dérives continueront de se produire dans les animations EVRAS", estime Verlaine Urbain.

    Plusieurs passages sont explicitement visés. Notamment la découverte des zones érogènes dès l’âge de 5 ans, "l’influence positive et négative des pornographies" (9 ans), et "le consentement dans les relations sexuelles de nature transactionnelle (sexe en échange de petits cadeaux, repas, sorties…)" (12 ans). "Ces formulations ouvrent la porte à des interprétations dangereuses", estime Droits de l’Enfance. Qui espère récolter un millier de signatures.`

    V.D.

    Pour en savoir plus: droitsdelenfance.be
    Pour signer la pétition, cliquez ici.

  • Le prince de Monaco bloque un projet de loi visant à légaliser l'avortement.

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    Du Catholic Herald :

     
    24 novembre 2025

    Le prince de Monaco bloque un projet de loi visant à légaliser l'avortement.

    Un monarque catholique européen refuse de signer une loi qui aurait légalisé l'avortement dans son pays catholique.

    Le prince Albert II de Monaco a refusé de signer une loi votée par le Conseil national qui aurait légalisé l'avortement dans la Principauté.

    La décision du Prince suspend la réforme proposée et laisse la loi actuelle inchangée. Dans un entretien accordé au quotidien Monaco-Matin , il a expliqué que le projet de loi ne sera pas examiné et a exposé les motifs de sa décision.

    Il a souligné : « Je crois que le système actuel reflète qui nous sommes, compte tenu du rôle de la religion catholique dans notre pays, tout en assurant un soutien sûr et humain. »

    Selon la législation en vigueur, l'avortement reste formellement illégal à Monaco, bien qu'il soit dépénalisé depuis 2019. L'interruption de grossesse n'est autorisée que dans trois cas : viol, risque grave pour la vie de la mère ou malformation fœtale importante.

    Le projet de loi, présenté au Conseil national en mars 2025 et adopté par 19 voix contre 2 en mai, visait à autoriser l'interruption volontaire de grossesse jusqu'à 12 semaines (16 semaines en cas de viol) et à abaisser l'âge du consentement parental de 18 à 15 ans.

    Il y a deux semaines, Christophe Mirmand, ministre d'État, a toutefois informé le président du Conseil, Thomas Brezzo, que le gouvernement renonçait à cette mesure. Le prince a demandé au gouvernement d'en informer formellement le Conseil.

    Il a reconnu la sensibilité du sujet, déclarant : « Je comprends à quel point ce sujet est sensible, les émotions qu'il peut susciter. »

    Il a également évoqué les mises à jour législatives de 2009 et 2019, observant que Monaco avait déjà atteint « un cadre équilibré, respectueux des principes constitutionnels, de l’identité culturelle et des femmes concernées ».

    Pour Sa Majesté, cette décision doit en définitive être interprétée à la lumière de la Constitution monégasque, qui reconnaît le catholicisme comme religion d’État. Comme il l’a souligné, elle confirme « la place qu’occupe le catholicisme dans notre pays ».

    La loi monégasque sur l'avortement était parmi les plus restrictives d'Europe. La loi de 2009 limitait l'interruption de grossesse aux trois cas exceptionnels mentionnés précédemment, et la réforme de 2019 a supprimé les sanctions pénales pour les femmes ayant recours à l'avortement à l'étranger, notamment en France voisine.

    La décision du prince Albert trouve des échos dans l'histoire des monarchies européennes. En 1990, le roi Baudouin de Belgique refusa de promulguer une loi légalisant l'avortement jusqu'à douze semaines de grossesse. Le gouvernement le déclara « temporairement inapte à régner » pour une journée, et durant ces 36 heures, le Conseil des ministres signa collectivement la loi, la rendant valide sans son approbation. Le lendemain, le Parlement le rétablit sur le trône.

    De même, en 2008, le grand-duc Henri de Luxembourg a refusé de signer une loi légalisant l'euthanasie. Contrairement à la Belgique, le Luxembourg a modifié sa constitution afin que le monarque ne « sanctionne » plus les lois, mais se contente de les « promulguer ».

    Hans-Adam II, prince de Liechtenstein, a également clairement indiqué qu'il opposerait son veto au résultat de tout référendum proposant de légaliser l'avortement dans le pays.

    Cependant, le souverain de Monaco semble être un rare exemple où l'intervention d'un monarque a directement stoppé une tentative d'introduire des lois anti-vie.

  • L’exode des Palestiniens. Israël gagne aussi la guerre des migrations

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (en français sur diakonos.be) :

    L’exode des Palestiniens. Israël gagne aussi la guerre des migrations

    Sans aller jusqu’à parler de « génocide », de nombreuses voix, au sein de l’Église catholique, accusent Israël de nettoyage ethnique et de vouloir chasser la population palestinienne de sa terre. Et les dernières nouvelles, qui restent encore à vérifier, des transferts de plusieurs centaines d’habitants de Gaza vers des pays tels que l’Indonésie, la Malaisie et l’Afrique du Sud semblent venir corroborer ces accusations.

    Mais est-ce vraiment le cas ?

    Le dernier rapport de la Population Division des Nations Unies sur les migrations dans le monde entier portant sur l’année 2024 enregistre en effet, sous la dénomination « State of Palestine » (la Cisjordanie et la Bande de Gaza) 272 481 immigrés et 4 233 248 émigrés résidant à l’étranger, soit une perte totale de presque 4 millions d’habitants – 3 960 767 pour être plus précis. Ceci pour une population de 5 495 000 unités qui résidait dans ce même État à cette date.

    Ce qui amène le démographe Roberto Volpi, qui est l’auteur d’une analyse approfondie et visionnaire des données fournies par la Population Division – dans un livre intitulé « Terra promessa » publié en Italie chez Solferino –, à dire que « dans le classement des 160 pays du monde comptant au moins un million d’habitants, l’État de Palestine se retrouve directement en tête à la première place, avec un mouvement migratoire équivalent à 72,1% de sa population, loin devant tous les autres pays, à cause de la perte d’habitants imputable au mouvement migratoire ».

    C’est-à-dire l’exact contraire de ce qui se passe dans l’État d’Israël.

    Roberto Volpi ajoute :

    « Toujours fin 2024, Israël affichait un solde migratoire positif de 1 767 000, soit 18,8 % de ses habitants sur une population totale de 9 387 000 habitants. C’est ainsi que l’État d’Israël compte aujourd’hui environ 3,9 millions d’habitants de plus que l' ‘État de Palestine’, alors que sans ces mouvements migratoires de population, il en compterait près de 2 millions de moins. »

    Et il poursuit :

    « Voilà le résultat déconcertant de la politique menée par le Hamas dans ce qu’on appelle la Bande de Gaza. Le monde entier compte les morts – un décompte également effectué par le Hamas lui-même – causés par la réaction totalement démesurée de l’armée israélienne en réponse à l’attaque terroriste du Hamas d’octobre 2023. Et il est juste de le faire, c’est indéniable. Mais personne ne relève le fait que l’ ‘État de Palestine’ devrait avoir 9,5 millions d’habitants mais n’en compte que 5,5 tandis qu’Israël qui, sans les mouvements migratoires en cours, ne devrait en avoir que 7,6 millions en compte en réalité 9,4 millions ; c’est-à-dire non pas deux millions de moins mais presque deux millions de plus que l’État de Palestine ».

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  • La lente agonie des chrétiens de Turquie

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    Historiquement chrétienne, la Turquie ne cesse de voir le nombre des chrétiens se réduire. Ceux-ci attendent avec espoir Léon XIV, le 27 novembre, tandis que le pouvoir turc maintient la pression sur des fidèles décimés par les massacres du XXe siècle.

    20 novembre 2025

    Agenouillé sur la moquette qui recouvre désormais le sol de Sainte-Sophie à Istanbul, kufi sur la tête, les paumes ouvertes en signe de prière, le président turc Recep Tayyip Erdogan savoure sa victoire : en ce 24 juillet 2020, ce haut lieu de l’Empire byzantin chrétien est à nouveau une mosquée. Construite par l’empereur Justinien en 537, déjà transformée en lieu de culte musulman à la chute de Constantinople en 1453, Sainte-Sophie était devenue simple « musée » en 1934 sous la présidence de Mustafa Kemal Atatürk. Saint-Sauveur-in-Chora, autre joyau byzantin, connaîtra le même destin en 2024. « Provocation » pour les uns, « électoralisme » pour d’autres, ces deux décisions, loin d’être purement symboliques, ont remis en lumière le douloureux destin des chrétiens de Turquie.

    « Répression orchestrée par l’État »

    Un rapport de l’European Center for Law and Justice (ECLJ), publié le 20 novembre, constate qu’au cours du siècle dernier, « la présence chrétienne en Turquie a considérablement diminué, principalement en raison de la marginalisation et de la répression orchestrées par l’État, qui ont entraîné un effondrement démographique sévère ». Les chiffres (cf. encadré) ne font en effet que brosser le terrible tableau du long déclin de la présence des chrétiens en Turquie, qui ne représentent aujourd’hui que 0,3 % des quelque 85 millions de Turcs – les musulmans sunnites représentant, eux, 88 % de la population totale.

    Passer en revue l’histoire chrétienne de la Turquie a en effet de quoi donner le vertige. Connue à l’époque sous le nom d’Asie Mineure, la Turquie a été foulée par saint Paul – né à Tarse, au sud-est du pays –, par saint Jean, accompagné par la Sainte Vierge jusqu’à Éphèse, par les Pères de l’Église Basile de Césarée, Grégoire de Nysse et Grégoire de Naziance… S’y sont tenus des conciles aussi importants que celui de Nicée, en 325 et en mémoire duquel Léon XIV se rendra sur place, et durant lequel le Credo fut institué, ou encore le concile d’Éphèse, en 430, où la Vierge fut proclamée Théotokos : « Mère de Dieu. » « Bon nombre d’églises en Cappadoce [région historiquement chrétienne, au centre du pays, N.D.L.R.] sont creusées dans la pierre, comme si elles l’étaient dans l’âme même du pays. Comment une terre aussi bénie et qui a autant donné à l’Église a-t-elle pu ainsi perdre son identité ? » souffle un diplomate en poste dans la région.

    Le tabou du génocide arménien

    En réalité, si le premier coup porté fut la chute de l’Empire byzantin avec la prise de Constantinople, en 1453, par le sultan ottoman Mehmet II, tout s’est accéléré au XXe siècle. « Au XVIe siècle, on comptait encore 40 % de chrétiens parmi la population ottomane et jusqu’à 20 % avant la Première Guerre mondiale, souligne Joseph Yacoub, professeur honoraire de l’Université catholique de Lyon. Le nombre a énormément décliné à la suite de la tragédie génocidaire qui a touché les Arméniens, Assyro-chaldéens, Syriaques et Grecs pontiques. » Ce massacre, perpétré à partir de 1915 par les Jeunes Turcs nationalistes, aurait fait jusqu’à 2 millions de morts, dont 1,5 million d’Arméniens. Désigné comme « l’un des tabous les plus persistants dans la vie politique et culturelle turque à l’époque moderne » par le rapport de l’ECLJ, le génocide arménien est nié par l’État turc et frappé par l’article 301 du Code pénal turc criminalisant « toute personne qui insulte publiquement le peuple turc, l’État de la République de Turquie […] ». Cruelle ironie : le président turc lui-même a pourtant évoqué, en 2020, « les rescapés de l’épée », expression péjorative visant les survivants du génocide arménien – ceux qui n’ont pas été passés au fil de l’épée. « Il est difficile d’être chrétien en Turquie, car cet État a bâti son identité et son récit national sur le cadavre du peuple chrétien, avance Tigrane Yégavian, chercheur à l’Institut chrétiens d’Orient. Toute remise en question du récit national relève de la sécurité intérieure. Ce négationnisme est ontologique : revisiter ce passé reviendrait à remettre en question ses fonts baptismaux. »

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  • Nigeria : plus de 200 écoliers d'une institution catholique ont été pris en otages par des islamistes

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    De Ngala Killian Chimtom sur Crux :

    Des centaines d'élèves d'une école catholique au Nigéria pris en otages par des islamistes

    22 novembre 2025

    Le Nigeria a de nouveau fait la une de l'actualité internationale suite à une série d'attaques visant des écoles et des lieux de culte.

    Plus de 200 écoliers ont été enlevés vendredi par des hommes armés qui ont attaqué une école catholique St. Mary's dans l'État du Niger, au centre-nord du Nigeria, selon l'Association chrétienne du Nigeria.

    Les hommes armés qui ont envahi l'internat de la communauté de Papiri, dans la zone de gouvernement local d'Agwara, ont également emmené 12 enseignants, selon Daniel Atori, porte-parole de la section de l'État du Niger de la CAN.

    « Je suis rentré au village ce soir après avoir visité l'école où j'ai également rencontré les parents des enfants pour les assurer que nous travaillons avec le gouvernement et les forces de sécurité pour que nos enfants soient secourus et ramenés sains et saufs », a déclaré Atori dans un communiqué.

    Selon un autre communiqué publié par le diocèse de Kontagora, l'incident s'est produit entre 1h00 et 3h00 du matin vendredi, provoquant « peur et détresse au sein de la communauté scolaire ».

    À LIRE AUSSI : Les débats autour du terme « génocide » occultent la véritable tragédie au Nigéria

    « Le diocèse catholique de Kontagora condamne fermement l’attaque et exprime sa profonde inquiétude quant à la sécurité des enfants enlevés et de leurs familles. Les services de sécurité ont été immédiatement informés et ont entrepris des démarches coordonnées pour assurer le sauvetage et le retour des victimes en toute sécurité. L’évêque assure le public que le diocèse collabore activement avec les forces de sécurité, les responsables communautaires et les autorités gouvernementales », indique le communiqué signé par le père Jatau Luka Joseph.

    « Le diocèse appelle le public au calme, à soutenir les efforts de sécurité et à continuer de prier pour le retour sain et sauf et rapide de toutes les personnes enlevées. Il réaffirme également son engagement envers la protection des enfants et promet de fournir de plus amples informations dès qu'elles seront vérifiées », indique le communiqué.

    L’UNICEF a condamné l’attaque, déclarant dans un communiqué qu’aucun enfant « ne devrait être mis en danger dans le cadre de son éducation », soulignant que les salles de classe doivent rester des lieux de sécurité et non de peur.

    La BBC cite Dominic Adamu, un habitant du quartier, qui affirme que les agresseurs « ont pris tout le monde par surprise ».

    Une femme en détresse, dont les nièces âgées de six et treize ans ont déclaré à la chaîne de télévision britannique qu'elle voulait simplement qu'elles rentrent à la maison.

    Le gouvernement de l'État du Niger a déclaré avoir ordonné la fermeture de tous les internats, invoquant des raisons de sécurité, et a reproché à l'école catholique d'avoir ignoré cet ordre.

    « Malheureusement, l’école St. Mary’s a rouvert ses portes et repris ses activités académiques sans en informer le gouvernement de l’État ni obtenir son autorisation, exposant ainsi les élèves et le personnel à un risque évitable », ont déclaré les autorités dans un communiqué.

    L'attaque contre l'école St. Mary's survient à peine une semaine après qu'un groupe d'hommes armés a pris d'assaut une école publique de l'État voisin de Kebbi et enlevé au moins 25 filles.

    Les assaillants, armés d'armes sophistiquées selon la police, ont échangé des coups de feu avec les forces de l'ordre avant d'escalader les murs de l'établissement. Ils ont ensuite enlevé les jeunes filles dans leurs dortoirs, tué le proviseur adjoint qui tentait de s'opposer à leur enlèvement et blessé un autre membre du personnel.

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  • Deux prêtres italiens, martyrs sous le nazisme en 1944, seront béatifiés

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    D'Alessandro Di Bussolo sur Vatican News :

    Deux prêtres italiens, martyrs sous le nazisme en 1944, seront béatifiés

    Don Ubaldo Marchioni et le père Martino Capelli ont été tués lors des représailles allemandes en Émilie-Romagne, partageant le sort de leurs fidèles, alors qu'ils auraient pu se mettre en sécurité. Ce vendredi des décrets concernant quatre nouveaux vénérables ont été promulgés. Ils concernent Mgr Bartoletti, Don Gaspare Goggi, jeune disciple de Don Orione; Sœur Maria del Sacro Cuore, médecin australienne et missionnaire en Inde, et la laïque consacrée brésilienne Maria Lourdes Guarda.

    L'Église aura bientôt deux nouveaux bienheureux, deux jeunes prêtres italiens martyrs, tués par les nazis en 1944 en Émilie-Romagne, pendant l'occupation allemande. Lors de l'audience accordée ce vendredi 21 novembre au cardinal Marcello Semeraro, préfet du dicastère des Causes des Saints, Léon XIV a autorisé la promulgation des décrets concernant le martyre, en haine de la foi, de Don Ubaldo Marchioni, 26 ans, économe de la paroisse de San Martino di Caprare, et du père Martino Capelli, religieux dehonien, 32 ans, aumônier à San Michele di Salvaro, qui n'ont pas voulu abandonner les communautés de fidèles qui leur étaient confiées, tragiquement touchées par les rafles des SS.

    Les décrets reconnaissant les vertus héroïques de quatre serviteurs de Dieu, qui deviennent ainsi vénérables, ont également été promulgués. Il s'agit de l'archevêque Enrico Bartoletti, pasteur à Lucques et secrétaire de la CEI ; Don Gaspare Goggi, prêtre de la Petite Œuvre de la Divine Providence de Don Orione ; Sœur Maria del Sacro Cuore, de son vrai nom Maria Glowrey, médecin et religieuse australienne de la Société de Jésus Marie Joseph, fondatrice de la Catholic Health Association of India ; Maria de Lourdes Guarda, Brésilienne, laïque consacrée de l'Institut séculier Caritas Christi.

    Don Ubaldo, tué par les nazis sur l'autel

    Le premier prêtre martyr, Don Ubaldo Marchioni, originaire de Vimignano di Grizzana Morandi, dans la province de Bologne, est né en 1918. Il entre au séminaire diocésain à l'âge de dix ans et est ordonné prêtre à 24 ans dans la cathédrale de Bologne. Curé à San Nicolò della Gugliara, il est ensuite nommé, en mars 1944, économe spirituel à San Martino di Caprara, paroisse située à proximité de la zone occupée par les troupes allemandes, engagées dans des combats avec les partisans locaux. Pendant ces mois de guerre, Don Ubaldo reste aux côtés de ses paroissiens, partageant avec eux les risques de l'occupation et des représailles nazies. Le 29 septembre 1944, alors qu'il se rend à l'Oratoire des Anges Gardiens de Cerpiano pour célébrer la messe, il s'arrête à l'église Santa Maria Assunta de Casaglia pour mettre en sécurité le pain et le vin de l’Eucharistie et donner refuge à une petite foule de personnes effrayées par l'arrivée des soldats allemands. Don Marchioni invite les hommes à se réfugier dans les bois, ne gardant dans l'église que les femmes et les enfants, mais les négociations avec les nazis pour les libérer échouent: ils sont tous emmenés au cimetière et tués. Don Ubaldo est ramené à l'église puis assassiné d'une balle dans la tête, devant l'autel. Cela révèle le mépris des nazis de la SS pour la religion chrétienne, et le fait que le corps du serviteur de Dieu ait été particulièrement martyrisé démontre la prévalence du martyre in odium fidei, «en haine de la foi». Il s'agit également d'un martyre ex partae victimae, «du côté des victimes», car le jeune prêtre, tué à l'âge de 26 ans, avait consciemment pris le risque de mourir en choisissant de rester aux côtés des fidèles, alors qu'il avait la possibilité de se mettre en sécurité.

    Père Capelli, martyr à Pioppe di Salvaro

    Le deuxième prêtre martyrisé par les nazis est le père Martino Capelli. Né à Nembro, dans la province de Bergame, en 1912, il est baptisé sous le nom de Nicola Giuseppe et, à 17 ans, il commence son postulat à la Congrégation des Prêtres du Sacré-Cœur de Jésus (Dehoniens) dans la maison d'Abisola Superiore (Savone). Comme novice, il prend le nom de Martino, en mémoire de son père, et après des études de théologie à Bologne, il est ordonné prêtre en 1938, à l'âge de 26 ans. À Rome, il étudie à l'Institut biblique pontifical, à l'Université de Propaganda Fide et suit les cours de l'École vaticane de paléographie. Appelé à enseigner l'Écriture Sainte et l'histoire de l'Église à l'internat des Missions des Dehoniens à Bologne, puis à Castiglione dei Pepoli, il s'installe pendant la guerre avec ses étudiants à Burzanella, dans les Apennins toscans-émiliens. Au cours de l'été 1944, le père Capelli rejoint Salvaro pour aider le vieux curé de San Michele dans son ministère pastoral au village, bien que la région soit le théâtre d'affrontements armés entre les militaires allemands, les Alliés et les groupes de partisans. Il ne rejoint pas la communauté comme le lui ont demandé les Dehoniens, qui craignent pour sa vie, mais reste aux côtés de la population du village. Lorsque l'armée allemande occupe en force la région de Marzabotto et de Monte Sole, où elle exterminera plus de 770 personnes, le 29 septembre 1944, après le massacre perpétré par les nazis dans la localité voisine appelée «Creda», le père Martino se précipite pour apporter du réconfort aux agonisants. Il est emprisonné et contraint de transporter des munitions. Avec le salésien Don Elia Comini, qui collaborait avec lui à Salvaro, et une centaine d'autres personnes, dont d'autres prêtres (qui ont ensuite été remis en liberté), il est emmené dans une écurie à Pioppe di Salvaro, où il réconforte et confesse les autres prisonniers. Le soir du 1er octobre 1944, il est assassiné avec Don Comini et un groupe de personnes considérées comme «inaptes au travail», près de la citerne de la filature de Pioppe di Salvaro. Son corps, comme celui des autres victimes, est jeté dans les eaux du fleuve Reno. Il est considéré comme un martyr in odium fidei, sa mort étant liée au mépris des troupes nazies envers son ministère sacerdotal. Mais il s'agit également d'un martyre ex parte victimae, car, conscient des dangers, alors qu'il pouvait rentrer avec ses confrères à Bologne, il décide de rester pour assister les agonisants du massacre de Creda et les prisonniers de Pioppe di Salvaro.

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  • la tragédie soudanaise ou quand un millénaire chrétien s'effondre

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    De Raphaël Lepilleur sur la Sélection du Jour :

    Quand un millénaire chrétien s'effondre, la tragédie soudanaise

    Synthèse n°2604

    20/11/2025

    Du 6e au 16e siècle, le Soudan fut l'un des plus anciens royaumes chrétiens stables d'Afrique. Puis vinrent l'arabisation, l'islamisation forcée, les sultanats esclavagistes, les conquêtes, les guerres civiles et l'État islamiste d'el-Béchir. Aujourd'hui, des factions musulmanes radicales s'entretuent dans un pays ravagé. Et pourtant, ce sont les Occidentaux qui sont sommés d'aider et de se taire.

    Beaucoup décrivent le Soudan comme une crise humanitaire. Pourtant, il s'agit d'une guerre dont la cause est connue, mais politiquement intouchable. Faire de l'époque coloniale le point de départ de toute analyse relève d'un réflexe idéologique répandu, qui attribue mécaniquement chaque conflit africain à l'Occident. Or, l'histoire soudanaise montre que c'est faux. Depuis des siècles, le pouvoir s'y structure autour de l'arabisation et de l'islamisation progressive, d'abord portées par l'esclavage interne et les rivalités claniques, puis par des courants islamistes radicalisés qui ont transformé un royaume chrétien en zone de conflit permanente. La vallée du Nil soudanaise avait pourtant connu l'une des plus longues périodes de stabilité du continent avec les royaumes chrétiens de Nubie (Nobatie, Makurie, Alodie), du 6ᵉ au 16ᵉ siècle, de la frontière égyptienne actuelle jusqu'aux environs de Khartoum. Ils succédaient aux royaumes de Kouch et de Méroé, puissances africaines polythéistes animistes (croyances traditionnelles centrées sur les ancêtres, les esprits et la nature).

    La christianisation de la Nubie intervient au 6ᵉ siècle sous l'influence de missions byzantines et de l'Église copte d'Égypte, dans un processus pacifique adopté par les élites locales, qui y voient un cadre politique et culturel stabilisateur. Au 7e siècle, les royaumes chrétiens nubiens repoussent à deux reprises les armées arabes du califat rashidun, installées en Égypte après la conquête de 639–642 (qui entraînera, au fil des siècles, un déclin du christianisme égyptien, sous l'effet d'une discrimination officielle, de pressions fiscales ciblées et de périodes de coercition religieuse), première grande phase d'expansion militaire de l'islam (né entre 610 et 632). Cette même dynamique mènera peu après à la conquête de la péninsule Ibérique. Les campagnes de 641/642 puis 651/652, menées par ʿAbd Allāh ibn Saʿd ibn Abī Sarḥ, se soldent par des échecs lourds, faisant de la Nubie l'une des rares régions du Proche-Orient et d'Afrique du Nord à stopper durablement l'avancée arabe. Ces revers conduisent à un traité inédit (dit le « baqt »), qui instaure plusieurs siècles de coexistence entre royaumes nubiens et Égypte musulmane. À l'intérieur, des rivalités claniques existaient déjà, mais elles étaient contenues par ce nouveau cadre stabilisateur.

    À partir du 14e siècle, les royaumes nubiens déclinent. Les crises internes, la fragmentation locale et la pression économique s'ajoutent à l'arrivée progressive de tribus arabes venues d'Égypte et des côtes de la mer Rouge, accélérant l'arabisation et l'islamisation de la vallée du Nil. Nobatie et Makurie se désagrègent progressivement, tandis que l'Alodie est finalement conquise au début du 16e siècle par les Funj, un groupe non arabe islamisé. Cela marque la disparition des derniers États chrétiens de Nubie et l'émergence du sultanat musulman de Sennar fondé par les Funj. À l'ouest, un autre sultanat musulman structuré, le Darfour, contrôle une vaste région et s'insère dans les routes transsahariennes reliant l'Égypte, le Tchad et le Kordofan (grande région centrale occupant le cœur du Soudan actuel). Dans ces deux États, la traite esclavagiste transsaharienne (13 siècles qui s'inscrivent dans la longue tradition esclavagiste arabo-musulmane) occupe une place centrale, car les peuples non arabes du sud et du sud-ouest (Dinka, Nuer, Shilluk, Bari, Azande et beaucoup d'autres) sont régulièrement razziés et vendus vers le nord. Ce système structure durablement la hiérarchie sociale entre élites arabisées du nord et populations africaines noires du sud. Au 18e siècle, le sultanat funj se fragilise en raison de rivalités internes, de crises économiques et de l'autonomisation du Kordofan, qui devient un espace tampon instable. Le Darfour, bien qu'indépendant jusqu'au 19e siècle et majoritairement composé de peuples africains noirs islamisés, deviendra dans les années 2000 la cible des milices Janjaweed (tribaux, instrumentalisés, peu éduqués et convaincus d'une supériorité arabe sur les peuples noirs). Leur ultraviolence relève d'une logique de domination ethnique interne au monde musulman. Il ne s'agit pas de frapper uniquement des « mécréants », mais de cibler des musulmans non arabes jugés inférieurs. En plus des massacres (parfois dans des maternités) et viols de masse documentés par l'ONU, la région a été volontairement affamée par les forces progouvernementales, par le blocus des routes, la destruction des récoltes et l'entrave systématique à l'aide humanitaire. Rappel : les communautés chrétiennes historiques du Soudan (parmi les plus anciennes d'Afrique, avec l'Éthiopie) ont été presque éradiquées, à la suite de persécutions, de conversions imposées et de violences durant les guerres civiles.

    C'est dans ce paysage que s'inscrit la conquête du Soudan par l'Égypte de Méhémet Ali (1820–1821), point de départ retenu dans la vidéo en sélection. S'ensuit la domination anglo-égyptienne (1899-1955) – coopération sur le papier, pouvoir britannique dans les faits –, qui amplifie les clivages en administrant séparément un nord arabisé, musulman et esclavagiste, et un sud africain noir marginalisé et historiquement esclavagisé. Il ne s'agit pas d'une colonisation « classique », mais d'un « condominium », une gestion conjointe entre la Grande-Bretagne et l'Égypte musulmane, dont l'objectif était de piller le pays. À l'indépendance, tout explose. Comprendre cet héritage permet de saisir la crise actuelle dans laquelle, depuis 2023, l'armée régulière affronte les forces de soutien rapide, héritières des Janjaweed citées plus haut. Le conflit vient notamment de l'imposition de la charia généralisée sous Omar el-Béchir, arrivé au pouvoir par un coup d'État militaire en 1989 (puis soutenu dans les années 90 par Oussama ben Laden, par exemple).

    Dans ce chaos, la charge humanitaire repose sur les ONG occidentales et sur les États européens ou nord-américains. À l'inverse, plusieurs puissances du Golfe, en particulier les Émirats arabes unis (Abou Dhabi pour la stratégie, Dubaï pour les réseaux financiers et commerciaux), régulièrement accusés de soutenir la RSF, ainsi que l'Égypte et l'Arabie Saoudite, engagées dans des camps opposés, interviennent directement sur le plan militaire, politique et stratégique. Ceux qui alimentent le conflit n'en assument ni le coût humain ni la reconstruction (alors que ce ne sont pas les plus pauvres). Les pays occidentaux, eux, sont sommés d'en assumer les conséquences sans le moindre alignement avec les forces en présence. Si l'on en parle peu, c'est peut-être parce qu'aucun récit ne permet d'accuser autre chose que le monde musulman. Le conflit oppose des acteurs issus du même environnement politico-militaire musulman, soutenus par des puissances régionales musulmanes, et aucun acteur ne porte de projet politique hors islam radical.

    À retenir

    • Le Soudan fut l'un des plus anciens États chrétiens d'Afrique. Pendant près de 1000 ans, les royaumes nubiens chrétiens ont assuré l'une des plus longues périodes de stabilité du continent. Leur disparition suit l'arrivée progressive de groupes arabes, l'islamisation forcée et l'intégration dans des structures politico-militaires musulmanes. Les communautés chrétiennes seront peu à peu marginalisées, puis quasi éradiquées.
    • Les sultanats islamisés restructurent le pays. Du 16e au 19e siècle, les sultanats de Sennar et du Darfour imposent un pouvoir fondé sur des élites musulmanes armées. Ils réorganisent le territoire autour de centres politiques islamisés. Cette transition met fin à l'ordre nubien et ouvre un cycle durable de rivalités tribales, guerres locales et luttes pour les routes commerciales, sur fond de lutte religieuse.
    • La traite transsaharienne, pilier économique de Sennar et du Darfour, vise surtout les populations noires du sud. Razzias, déportations, domination du nord arabisé, la hiérarchie soudanaise se construit ici. La période coloniale ne crée pas ces ruptures, mais elle les fige et les amplifie, laissant un nord militaro-religieux dominant et un sud durablement marginalisé.
    • Depuis 2023, le Soudan est ravagé par un affrontement entre factions issues d'un même système politico-religieux, soutenues par des puissances régionales comme les Émirats arabes unis et l'Égypte. Pourtant, ce sont surtout les pays occidentaux et les ONG européennes ou nord-américaines qui financent l'aide humanitaire, tandis que les acteurs du Golfe, pourtant impliqués de toutes parts, n'assument rien du coût humain.

    La sélection :

    Cette GUERRE qui n'émeut PERSONNE (Soudan et Darfour)
  • Les preuves du génocide des chrétiens au Nigéria sont si accablantes que même des laïcs aux États-Unis et dans le monde entier commencent à s'en préoccuper

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    De sur le CWR :

    Le génocide des chrétiens au Nigéria alarme désormais même les Américains laïcs.

    On estime qu'au moins 185 000 personnes ont été tuées au Nigéria depuis 2010 en raison de leur foi, dont 125 000 chrétiens et 60 000 musulmans non violents.

    Le directeur de l'ONG d'inspiration catholique  Intersociety (Société internationale pour les libertés civiles et l'État de droit) affirme que les preuves du génocide des chrétiens au Nigéria sont si accablantes que même des laïcs aux États-Unis et dans le monde entier commencent à s'en préoccuper.

    Emeka Umeagbalasi a fait ces commentaires à CWR suite à la désignation du Nigéria par les États-Unis comme pays particulièrement préoccupant.

    « Une coalition internationale de plus en plus nombreuse et diversifiée exerce désormais une pression considérable sur le gouvernement nigérian », a-t-il déclaré à CWR.

    « Nous sommes en possession d'une lettre signée par plus de 36 personnalités chrétiennes américaines appelant le gouvernement nigérian à prendre des mesures contre le meurtre de chrétiens », a-t-il expliqué, ajoutant que l'Église catholique et le Saint-Siège ont également vivement critiqué les persécutions et les meurtres perpétrés dans ce pays africain.

    Des voix inattendues s'élèvent au milieu de preuves accablantes

    Aux États-Unis, les voix qui dénoncent la persécution des chrétiens proviennent désormais de milieux inattendus, notamment du comédien et commentateur politique libéral Bill Maher, qui se décrit lui-même comme agnostique et qui a parfois embrassé l'athéisme.

    « Je ne suis pas chrétien, mais ils [Boko Haram] tuent systématiquement les chrétiens au Nigeria », a déclaré Maher dans un récent épisode de son émission sur HBO.

    « Ils ont tué plus de 100 000 [chrétiens] depuis 2009. Ils ont incendié 18 000 églises… Ils tentent littéralement d’anéantir la population chrétienne d’un pays entier… C’est une tentative de génocide bien plus grave que ce qui se passe à Gaza », a-t-il déclaré. Il n’a fourni aucune source pour ces chiffres, mais ils concordent globalement avec les données des instituts de recherche et de diverses organisations de surveillance des persécutions religieuses, même si les estimations varient et que les chiffres exacts sont difficiles à vérifier.

    Selon le dernier rapport actualisé d'Intersociety, une ONG mondialement reconnue pour la fiabilité de ses données, entre 2010 et le 10 octobre 2025, au moins 185 000 personnes ont été tuées au Nigéria en raison de leur foi, dont 125 000 chrétiens et 60 000 musulmans non violents. La population totale du Nigéria avoisine les 240 millions d'habitants.

    Par ailleurs, 19 100 églises ont été réduites en cendres et 1 100 communautés chrétiennes entières ont été saisies et occupées par des forces djihadistes prétendument soutenues ou protégées par le gouvernement. Cette crise a entraîné le déplacement d’environ 15 millions de personnes, principalement des chrétiens.

    Le rapport souligne en outre un ciblage délibéré des chefs spirituels : 600 religieux ont été enlevés et des dizaines d’autres tués ou disparus.

    Emeka Umeagbalasi reconnaît que ces chiffres pourraient être bien inférieurs à la réalité, étant donné que de nombreux meurtres et enlèvements ne sont pas signalés. Il affirme qu'il ne fait aucun doute que les chrétiens sont pris pour cible en raison de leur foi, et la récente vague de massacres de chrétiens dans plusieurs régions du Nigeria vient s'ajouter aux nombreuses preuves qui en découlent.

    « Près de 100 chrétiens ont été tués au Nigéria entre le 9 et le 11 novembre 2025, notamment lors d'attaques coordonnées dans la zone de gouvernement local de Wukari, dans l'État de Taraba, qui ont fait 20 morts parmi les chrétiens », a-t-il déclaré à CWR.

    En indiquant que le génocide à Gaza est insignifiant comparé à ce qui arrive aux chrétiens au Nigéria, Maher ne faisait qu'envenimer la situation.

    Les législateurs américains exigent des mesures.

    « Le soutien politique [à l’action contre la persécution des chrétiens au Nigéria] se renforce également, avec des législateurs aux États-Unis et au Canada qui se joignent à l’appel », a déclaré Umeagbalasi à CWR, et a noté que ce soutien croissant a été amplifié par une large couverture médiatique internationale.

    Le représentant Chris Smith (R-NJ), le républicain le plus haut placé du sous-comité sur l'Afrique, la santé mondiale, les droits de l'homme mondiaux et les organisations internationales au sein du comité des affaires étrangères de la Chambre, a qualifié les attaques contre les chrétiens du Nigeria de « guerre au ralenti » et a critiqué à plusieurs reprises le gouvernement nigérian pour ne pas en faire assez pour protéger ses citoyens.

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  • Un plan de paix inspiré par le fondateur catholique de l'UE a été proposé lors d'un débat au Parlement européen.

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    D'Alexey Gotovskiy sur CNA :

    Un plan de paix inspiré par le fondateur catholique de l'UE a été proposé lors d'un débat au Parlement européen.bouton de partage ShareThis

    Pierre Louvrier (au centre) lors du débat sur le « Plan Schuman 2.0 – Le rôle de l’Europe dans un monde fragmenté » au Parlement européen, le 11 novembre 2025.Pierre Louvrier (au centre) prend la parole lors du débat « Plan Schuman 2.0 – Le rôle de l’Europe dans un monde fragmenté » au Parlement européen, le 11 novembre 2025. | Crédit : Maria Grazia Ricciardi

    Une fondation basée au Vatican a proposé une nouvelle initiative pour la paix, inspirée par le vénérable Robert Schuman, l'un des pères fondateurs de l'Union européenne, lors d'un débat au Parlement européen.

    La Fondation Clementy Schuman a présenté ce qu'elle appelle le « Plan Schuman 2.0 » — un plan pour la paix par la coopération économique et le partage des ressources — lors d'un débat organisé le 11 novembre par le Groupe du Parti populaire européen, le plus grand groupe politique du Parlement européen.

    Cette proposition s'inspire de la déclaration historique du 9 mai 1950 du politicien français et catholique, qui affirmait : « L'Europe se fera par des réalisations concrètes qui créent d'abord une solidarité de fait. » Cette déclaration a jeté les bases de ce qui allait devenir, bien des années plus tard, l'Union européenne.

    Le député européen allemand Niels Geuking, membre du Parti populaire européen et du Parti de la famille, a organisé le débat. Il a déclaré à l'agence CNA que l'Europe est arrivée à un point où elle doit « renforcer ses fondements politiques et sociaux, à l'instar de Robert Schuman après la Seconde Guerre mondiale ».

    Geuking a déclaré s'attendre à un débat sérieux sur le réalignement stratégique de l'Europe, « axé sur la cohésion, les valeurs partagées et la solidarité entre les États membres », ainsi qu'à des initiatives concrètes qui replacent la famille, le bien commun et un ordre économique responsable au cœur de la politique de l'UE.

    Pierre Louvrier, président du conseil consultatif de la fondation, a présenté la proposition au Parlement européen au nom du conseil d'administration de la fondation.

    « Nous croyons que les mêmes principes qui ont réconcilié d'anciens ennemis en 1945 peuvent réconcilier les nations aujourd'hui », a déclaré Louvrier. « Lorsque les peuples collaborent pour partager l'énergie, la technologie et les ressources naturelles, la guerre devient superflue. C'était là le génie de Schuman, et c'est la voie que l'Europe doit redécouvrir si elle veut instaurer une paix durable. »

    D'après un document de synthèse transmis à CNA, la proposition esquisse un « partenariat pour la paix, la prospérité et la sécurité » élargi entre les États-Unis et l'Europe, ainsi qu'entre la Russie et l'Ukraine. Ce document propose d'étendre le modèle fondateur de Schuman, fondé sur le partage des ressources, à l'ensemble de l'hémisphère Nord afin de restaurer la puissance par une prospérité partagée et de rétablir la confiance après des années de divisions géopolitiques.

    La proposition stipule que le partage des ressources renforcera la responsabilité commune en matière de paix dans tout l'hémisphère Nord. Chaque nation conserverait sa souveraineté, conformément au principe catholique de subsidiarité, de sorte que la coopération consolidera les libertés locales et l'identité culturelle.

    La fondation opère depuis le Vatican, organisant des tables rondes et des dialogues de haut niveau – dont un le 18 octobre auquel, selon les participants, ont participé des ressortissants de haut niveau de l'UE, des États-Unis, de Suisse, de Russie et d'Ukraine.La fondation est dirigée notamment par Monseigneur Bernard Ardura, postulateur de la cause de béatification du vénérable Robert Schuman et ancien président du Comité pontifical pour les sciences historiques. Sa présence souligne l'ancrage de cette initiative dans l'héritage démocrate-chrétien de Schuman et dans la conception que l'Église se fait de la vocation de l'Europe.

    Le conseil d'administration comprend également Henri Malosse, ancien président du Comité économique et social européen.

    S'exprimant sur les ondes de CNA, Malosse a déclaré que la crise la plus profonde que traverse aujourd'hui l'Europe n'est pas économique, mais morale.

    « L’Europe d’aujourd’hui manque avant tout d’humanité », a déclaré Malosse. « L’égoïsme n’est plus seulement une attitude individuelle, il est devenu l’attitude des nations. Quand un membre souffre, les autres ferment les yeux et les oreilles. »

    Malosse a déclaré qu'il est temps pour l'Union européenne de renouer avec la solidarité. « Nous avons besoin de projets qui favorisent l'harmonie sociale – et non le dumping social – et d'un véritable soutien aux familles, aux enfants, aux personnes âgées et aux personnes handicapées. L'UE se résume désormais à l'argent et à l'économie. Ce dont nous avons besoin, c'est d'une union de la culture, de la santé et des services sociaux. La solidarité doit redevenir l'âme de l'Europe. »

    Louvrier a déclaré à CNA que le plan Schuman 2.0 vise à répondre à ce besoin.

    « Le plan Schuman 2.0 est une voie concrète permettant à l’Europe d’assumer sa responsabilité en matière de paix, d’unité et de prospérité dans tout l’hémisphère nord », a-t-il déclaré. « Nous ne faisons que perpétuer l’héritage du vénérable Robert Schuman, un héritage de clarté morale et de courage politique. »

    Robert Schuman, ministre français des Affaires étrangères après la Seconde Guerre mondiale, a été déclaré vénérable par le pape François en juin 2021, en reconnaissance de son héroïsme. Sa proposition de 1950 visant à mutualiser la production française et allemande de charbon et d'acier a conduit à la création de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA), précurseur de l'Union européenne.

     
    Alexey Gotovskiy a travaillé pendant sept ans au Bureau du Vatican d'EWTN en tant que journaliste, producteur de télévision et responsable. Né en Union soviétique, il a grandi en Russie, a passé son enfance au Kazakhstan et a obtenu un diplôme d'études supérieures en communication ecclésiastique à l'Université pontificale romaine de Sainte-Croix.
  • « La tragédie des 73 millions d'avortements pratiqués chaque année dans le monde est devenue la norme. »

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    De kath.net/news :

    « La tragédie des 73 millions d'avortements pratiqués chaque année dans le monde est devenue la norme. »

    19 novembre 2025

    Argüello, président de la Conférence épiscopale espagnole : « Un groupe de médecins peut être déterminé à sauver un fœtus de cinq mois et demi, tandis qu’un autre groupe, juste à côté, tue délibérément un bébé du même âge. » Par Petra Lorleberg

    Madrid (kath.net/pl) « Dans un même hôpital, un groupe de médecins peut décider de sauver un fœtus de cinq mois et demi, tandis qu'un autre groupe, dans la pièce voisine, tue délibérément un bébé du même âge. Ceci est parfaitement légal. De même, la loi peut punir la destruction d'un œuf d'aigle d'une amende de 15 000 euros et d'une peine pouvant aller jusqu'à deux ans de prison, mais autorise l'avortement d'un enfant atteint de trisomie 21 jusqu'à la fin de la grossesse. » C'est ce qu'a expliqué le président de la Conférence épiscopale espagnole, Luis Javier Argüello García, archevêque de Valladolid, dans son discours d'ouverture de la 128e Assemblée plénière à Madrid, mardi.

    kath.net documente intégralement, la section « 6. L’inhumanité de l’avortement : derrière la fumée, les miroirs et les stratégies » du discours d’ouverture de l’archevêque Argüello :

    Ces dernières semaines, la question de l'avortement a refait surface sous diverses formes : la tentative d'inscrire ce prétendu droit dans la constitution ; l'objection de conscience du personnel médical ; la divulgation aux mères de toutes les conséquences de l'intervention ; et les données du ministère de la Santé faisant état de 106 173 avortements et de 322 034 naissances pour 2024. La croissance démographique était négative, avec un déficit de 114 937 personnes.

    Le débat a été critiqué – non sans raison – comme une manœuvre de diversion et un outil de polarisation. Qu’il s’agisse d’un repli sur soi ou d’un questionnement stratégique, il existe, en tout cas, une réticence sociétale et politique à aborder la question dans toute sa complexité dramatique. Comme le souligne Matthieu Lavagna, dont je m’appuie sur la pensée dans cette analyse, l’avortement demeure un sujet sensible et délicat dans notre société actuelle. En parler publiquement est devenu tabou, presque une atteinte à la vie privée. Quiconque déclare publiquement que l’avortement est objectivement immoral parce qu’il met fin à la vie d’une personne autre que ses parents s’expose à une sévère condamnation personnelle, sociale et politique : « Remettre en question ce acquis ? Douter de ce droit ? C’est le comble de la pensée fasciste et autoritaire et mérite d’emblée d’être qualifié d’extrême droite. » 

    Pire encore : l’idée même qu’il puisse exister des arguments non religieux contre l’avortement est inconcevable. Après tout, ne nous répète-t-on pas sans cesse que les opposants à l’avortement sont d’abominables obscurantistes qui veulent imposer leurs convictions religieuses à tous ? Fournir des informations aux femmes enceintes est considéré comme une maltraitance, et prier devant une clinique d’avortement est perçu comme une menace. Pourquoi ce refus de penser rationnellement et de laisser la science – ADN, génome, échographie, etc. – parler d’elle-même, nous informer et révéler la vérité ?

    Un être humain est « un organisme vivant de l'espèce Homo sapiens ». Selon cette définition, le fait qu'un fœtus ou un embryon soit un être humain est un simple fait biologique. Il suffit de consulter n'importe quel manuel d'embryologie médicale pour constater que les scientifiques s'accordent à dire que, dès la fécondation, un organisme humain vivant et indépendant, doté de son propre patrimoine génétique, se développe dans le corps de la mère. Nul besoin de se référer à la Bible pour cela, bien qu'elle nous enseigne que la dignité humaine est sacrée et que les êtres humains possèdent une âme immortelle.

    Peter Singer, philosophe de renommée mondiale et défenseur du droit à l'avortement, a au moins l'honnêteté intellectuelle de reconnaître que l'embryon est un être humain : « Il ne fait donc aucun doute qu'un embryon conçu à partir d'un ovule et d'un spermatozoïde humains est un être humain dès le premier instant de son existence. » Cependant, il néglige le fait que tous les êtres humains, indépendamment de leur taille, de leur sexe, de leur stade de développement ou de leur degré de dépendance, possèdent la même valeur intrinsèque. Ceci ouvre la voie à l'effondrement de l'humanisme et à l'égalité radicale du droit à la vie pour chaque individu. Y parvenir exigerait des efforts argumentatifs similaires à ceux déployés par ceux qui défendent l'avortement comme une expression des droits de la femme. Or : « Si le fœtus n'est pas un être humain, aucune justification n'est nécessaire pour légaliser l'avortement. Si, en revanche, le fœtus est un être humain, aucune justification n'est suffisante pour le légaliser. »

    Mattheu Lavagna cite Kelsey Hazzard, militante athée anti-avortement : « Je suis une athée de 29 ans, ayant reçu une bonne éducation dans des institutions laïques, et je défends des opinions progressistes sur de nombreux sujets, comme le mariage homosexuel et le changement climatique. Je suis également une militante anti-avortement engagée, qui œuvre pour que l’avortement devienne impensable. L’industrie de l’avortement veut nous faire croire que les personnes comme moi n’existent pas. Elle veut nous faire croire que le mouvement anti-avortement est composé presque exclusivement d’hommes blancs âgés et de quelques pratiquants récitant leur chapelet. Cette caricature est offensante pour les jeunes comme pour les moins jeunes. […] Nous ne considérons pas l’avortement comme un enjeu de guerre culturelle ou de guerre religieuse, mais comme une question de droits humains. »

    La société occidentale a totalement occulté la question de l'avortement. La tragédie des 73 millions d'avortements pratiqués chaque année dans le monde, dont 100 000 en Espagne, est devenue la norme. Nous avons atteint un point d'irrationalité extrême en matière de bioéthique, qui sert les intérêts de la biopolitique.

    Dans le même hôpital, une équipe de médecins peut décider de sauver un fœtus de cinq mois et demi, tandis qu'une autre, dans la pièce voisine, tue délibérément un bébé du même âge. Ceci est parfaitement légal. De même, la loi peut punir la destruction d'un œuf d'aigle d'une amende de 15 000 € et d'une peine pouvant aller jusqu'à deux ans de prison, mais autorise l'interruption de grossesse d'un enfant atteint de trisomie 21.

    Toutefois, une perspective catholique ne saurait se contenter de réaffirmer la protection de la vie prénatale et de lutter contre l’avortement. Elle doit prendre en compte la mère, le père, ainsi que les circonstances environnementales, sociales et économiques qui accompagnent la grossesse, la naissance et les premières années de vie.

    Nombreuses sont les femmes qui désirent des enfants, mais leur souhait se heurte à divers obstacles, notamment des barrières structurelles identifiées dans le rapport FOESSA : précarité de l’emploi, difficultés d’accès au logement, prédominance des femmes dans les soins aux enfants et insuffisance du soutien public à la maternité et aux familles. S’y ajoutent des facteurs culturels liés aux modes de vie, comme la faible valeur accordée à la maternité, voire son rejet catégorique dans certaines idéologies de genre. Il convient également de tenir compte des circonstances propres à chaque grossesse.

    Rien ne justifie l'interruption de la vie prénatale, mais un véritable soutien à la vie exige la prise en compte de toutes les circonstances. L'Alliance sociale pour l'espérance et la naissance, initiée par cette Conférence des évêques, défend tous les facteurs pertinents et offre un soutien indéfectible à la vie humaine naissante.

    Je tiens à exprimer ma solidarité avec toutes les femmes enceintes et à les encourager à ne pas hésiter à demander de l'aide face aux difficultés d'une grossesse potentiellement non désirée. L'interruption de grossesse ne saurait être la solution à une situation si souvent difficile à supporter seule. Je réaffirme l'engagement de l'Église, ainsi que de nombreuses femmes et de nombreux hommes de bonne volonté et de bonne volonté, à apporter leur aide dans cette situation. Les autorités ne doivent pas détourner le regard et, même si elles réglementent et facilitent l'accès à l'avortement, elles ne doivent pas se soustraire à leur devoir indispensable de protéger les plus vulnérables. La prétendue solution à des problèmes qui exigent des politiques favorables à la famille et à la vie est symptomatique de l'affaiblissement moral de notre démocratie.

    Photo de cet événement (c) Conférence des évêques espagnols/Capture d'écran

  • Le naufrage de la Belgique : un signal d'alarme pour l'Europe ?

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    Le regard d'un historien et politologue portugais sur la situation en Belgique...

    De sur The European Conservative :

    Le naufrage de la Belgique est un signal d'alarme pour l'Europe

    L’ordre public n’est pas un luxe optionnel, mais la condition préalable à la prospérité et à une vie commune décente.

    Il arrive qu'une nation semble glisser, lentement et imperceptiblement, vers le déclin. À l'instar de Mike Campbell dans le roman d'Hemingway, Le Soleil se lève aussi (1926 ), la Belgique a connu cette descente aux enfers, « d'abord progressivement, puis soudainement ». Ce pays, jadis cœur du miracle industriel européen et paisible siège administratif de l'UE, est aujourd'hui en grande difficulté. Si Bruxelles aspirait à devenir la Rome des eurocrates, capitale impériale du nouvel empire technocratique et ennuyeux qu'est l'Union, le pays se retrouve au contraire confronté à une tempête de déclin véritablement gibbonien. En Belgique, on perçoit une lassitude plus profonde qu'un simple scandale politique ou une stagnation économique. C'est la lassitude d'un État qui ne croit plus vraiment pouvoir se gouverner lui-même.

    La lettre envoyée la semaine dernière par un juge d'instruction – rédigée sous protection policière, implorant une protection contre les trafiquants de drogue – était bien plus qu'un cri de désespoir professionnel. C'était le cri d'une nation qui se fissure. « Nous ne sommes plus en mesure de protéger nos citoyens, ni nous-mêmes », écrivait le juge. Après quatre mois passés dans un lieu sûr, le magistrat se retrouve sans aucun soutien de l'État, sans aucune indemnisation, et sous la menace d'une ligne invisible qui s'étend à tous les niveaux du système judiciaire. Le ton de la lettre était mesuré – et d'autant plus accablant. Un juge y reconnaissait que la Belgique est, de fait, en train de devenir un narco-État.

    Rien de tout cela n'est vraiment surprenant : les preuves s'accumulent depuis des années. Anvers, le deuxième port d'Europe, est devenu la principale porte d'entrée du continent pour la cocaïne. En 2023, les autorités belges ont saisi près de 120 tonnes de drogue, une saisie record, qui ne représente pourtant qu'une fraction de la quantité réellement autorisée à transiter par le territoire. La banlieue de la ville est ravagée par les guerres de gangs, les fusillades au volant et les attentats à la voiture piégée . Juges et policiers vivent sous la menace constante. 

    Mais le trafic de drogue n'est que le symptôme visible d'un mal plus profond. L'appareil administratif belge est sclérosé. La paralysie politique est devenue la norme : entre 2010 et 2011, le pays a établi un record mondial de durée sans gouvernement fonctionnel – 589 jours. Plus tard, entre 2018 et 2020, il est resté sans cabinet pendant une période stupéfiante de 652 jours. Sa bureaucratie est labyrinthique, ses impôts écrasants et la dette publique approche rapidement les 110 % du PIB. Les deux communautés linguistiques du pays, la Flandre néerlandophone et la Wallonie francophone, n'ont guère en commun qu'un drapeau et un roi.

    Le royaume a connu un déclin considérable. Du début du XXe siècle, où la Belgique figurait parmi les nations les plus riches du monde, une puissance industrielle pionnière dont l'acier, les textiles et les machines alimentaient les marchés mondiaux, la Belgique s'est réduite à la situation actuelle, croulant sous les dettes. La croissance de la productivité stagne depuis plus d'une décennie. Le chômage à Bruxelles avoisine les 15 %, tandis que les dépenses publiques absorbent plus de la moitié du revenu national (54,4 % du PIB). Le système de protection sociale est vaste et généreux, mais lui aussi est au bord de la rupture.

    À cela s'ajoutent les tensions liées à une évolution démographique rapide. La Belgique affiche aujourd'hui l'un des taux d'immigration les plus élevés d'Europe par rapport à sa population. À Bruxelles, moins de 22 % des habitants ont deux parents nés en Belgique. En 2021, 42 % de la population bruxelloise était d'origine non européenne ; la situation est encore plus alarmante aujourd'hui. Les écoles de la ville sont confrontées à la surpopulation, à la fragmentation linguistique et à une intégration inégale. 

    Au final, cela va de soi. La police le sait, les magistrats le savent, et les citoyens ordinaires le savent. Ce qui manque, c'est le courage politique de le dire clairement. Pendant des années, les dirigeants belges se sont consolés en se disant qu'en tant que capitale de l'Europe, les problèmes de leur pays étaient ceux de tous – et donc, d'une certaine manière, la responsabilité de personne. Ils ont présidé au suicide de ce qui fut, historiquement, l'une des régions les plus prospères du continent européen – et l'ont laissée en situation de faillite.

    La catastrophe belge est un avertissement pour l'Europe. Les forces mêmes qui érodent l'État de droit dans le pays – effondrement des institutions, violences urbaines de masse, économie de la drogue et réseaux migratoires incontrôlés – se propagent rapidement à travers toute l'Europe. En Belgique, elles se sont conjuguées de manière exceptionnellement précoce et explosive. Ailleurs, elles ne font que prendre de l'ampleur.

    Que peut-on tirer, le cas échéant, du naufrage belge ? Quand les juges doivent dissimuler leur adresse, quand les maires ont besoin de gardes du corps, et quand les citoyens cessent d’espérer que justice soit faite, alors le contrat social est déjà rompu. C’est lorsque la disparition d’une communauté entraîne celle de l’État lui-même. Aussi désolante que soit la situation, il est peut-être encore possible d’enrayer, voire d’inverser, la tiers-mondisation du royaume. Mais la première étape consiste à reconnaître l’existence de la crise, son caractère structurel, et le fait que rien ne se résoudra à ce stade sans un choc. 

    L'heure est à l'action. C'est maintenant. En Belgique, la lutte contre les narco-mafias doit être menée avec le même sérieux qu'on réservait autrefois à la lutte antiterroriste. La classe politique doit retrouver la force morale de comprendre que l'ordre public n'est pas un luxe, mais la condition sine qua non de la prospérité et d'une vie commune digne. Cependant, si le mal profond n'est pas traité, l'action policière ne sera qu'un palliatif. Si les Belges veulent libérer leur pays des chaînes du crime organisé étranger, ils devront, tôt ou tard, se rendre à l'évidence : la Belgique ne redeviendra pas ce qu'elle était si elle ne se redéfinit pas. Le peuple belge saura-t-il relever le défi ? Le gouvernement aura-t-il le courage d'assumer cette tâche ? Aujourd'hui, il s'agit bel et bien d'une question de survie nationale.

    Rafael Pinto Borges est le fondateur et président de Nova Portugalidade, un think tank conservateur et patriotique basé à Lisbonne. Politologue et historien, il a collaboré à de nombreuses publications nationales et internationales. Vous pouvez le retrouver sur X sous le pseudo @rpintoborges.