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Politique - Page 5

  • François, un "pro-vie" inconditionnel

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    De Stefan Rehder sur le Tagespost :

    François pro-vie

    Brut, mais miséricordieux : François n’était pas quelqu’un dont les formulations visaient à faire l’éloge des intellectuels. Mais son langage sur la valeur de la vie n’en était que plus clair.

    24 avril 2025

    Aucun Vicaire du Christ n’a abordé la question de la protection de la vie plus souvent que le Pape François. Même le saint pape Jean-Paul II , dont le pontificat a duré près d’un quart de siècle et qui a donné à l’Église l’encyclique « Evangelium Vitae », n’avait pas montré autant de fréquence dans la protection de la vie que le jésuite Jorge Mario Bergoglio. L'Argentin, qui avait souvent le cœur sur la main, avait souvent recours à des mots et des comparaisons drastiques. Ce fut également le cas lors de l’audience générale du 10 octobre 2018.

    Pendant des semaines, le jésuite sur le trône papal a parlé des Dix Commandements dans ses catéchismes du mercredi. Arrivé au cinquième – « Tu ne tueras point » – il a comparé les médecins pratiquant l’avortement à des « tueurs ». Le pape a alors déclaré : « Je vous le demande : est-il juste d'« éliminer » une vie humaine pour résoudre un problème ? Est-il juste d'engager un tueur à gages pour résoudre un problème ? » L'homme décédé le lundi de Pâques a immédiatement répondu : « Ce n'est pas possible. Il est inacceptable d'“éliminer” une personne, aussi petite soit-elle, pour résoudre un problème. C'est comme engager un tueur à gages pour résoudre un problème. »

    Combattant pas poli

    Le tollé ne s’est pas fait attendre, même dans les médias qui penchent vers le camp bourgeois : « Bild.de » a parlé d’une « comparaison perfide ». Le « Frankfurter Allgemeine Zeitung » a même voulu être « choqué » et a demandé s’il restait quelque chose de sacré pour ce pape ? François avait déjà répondu à cette question depuis longtemps. Même dans le même discours. Parce que pour Dieu « tout homme » est « digne du sang du Christ » (cf. 1 P 1, 18-19), l’homme doit lui aussi valoriser chaque vie. Celle des autres comme la sienne. Car : « Ce que Dieu a tant aimé ne doit pas être méprisé ! », a dit François.

    De plus, le « Pape de l’autre côté du monde », qui aimait utiliser le langage brut des gens ordinaires et prenait rarement la peine de flatter les oreilles des érudits et des intellectuels avec des mots soigneusement choisis et des formulations euphoniques, a également révélé les raisons du manque de volonté de considérer chaque vie humaine comme un « don de Dieu ». Outre la « peur » des gens d’aujourd’hui de devoir quitter leur zone de confort individualiste, que le Pape trouve encore « compréhensible », c’est surtout la poursuite de « l’argent », du « pouvoir » et du « succès » qui les conduit à « rejeter la vie ».

    Un enfant est toujours un cadeau

    Une triade dans laquelle François voyait « les idoles de ce monde ». Quiconque juge la vie selon ces « faux critères » ne peut pas l’apprécier suffisamment. Car la « seule véritable mesure de la vie », selon le Pape, est « l’amour avec lequel Dieu aime chaque vie humaine ».
    Dans ses discours du Nouvel An au corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, François a également évoqué à plusieurs reprises la protection de la vie humaine. Par exemple, le 8 janvier 2024, lorsqu’il a vivement critiqué non seulement l’avortement mais aussi la pratique de la maternité de substitution. « Le chemin de la paix », a déclaré le Pape, « exige le respect de la vie, de toute vie humaine, à commencer par celle de l’enfant à naître dans le ventre maternel, qui ne doit être ni éliminée ni transformée en objet de commercialisation. » « Dans ce contexte », il considère également que « la pratique de la maternité de substitution est répréhensible », car elle « porte gravement atteinte à la dignité de la femme » et de l’enfant et repose sur « l’exploitation des difficultés matérielles de la mère ».

    « Un enfant » est « toujours un cadeau » et « jamais un objet contractuel ». « J'exhorte donc la communauté internationale à plaider en faveur d'une interdiction mondiale de cette pratique. La vie humaine doit être préservée et protégée à chaque instant de son existence. Parallèlement, je constate avec regret que, notamment en Occident, se répand une culture de la mort qui, au nom d'une compassion feinte, cible les enfants, les personnes âgées et les malades », a déclaré François.

    Contre les « colonisations idéologiques »

    Dans des occasions comme celles-ci, le Pontife, qui dans ses discours et ses sermons se contentait habituellement de ce qui était accessible à l'expérience quotidienne des masses de croyants, a également pu dérouler des panoramas entiers : « Le chemin de la paix », a écrit le Vicaire du Christ aux diplomates réunis, « exige le respect des droits de l'homme, tels qu'ils sont formulés simplement et clairement dans la Déclaration universelle des droits de l'homme, dont nous avons récemment célébré le 75e anniversaire. » Bien qu’il s’agisse de « principes rationnellement plausibles et généralement acceptés », « les tentatives des dernières décennies d’introduire de nouveaux droits qui ne correspondent pas entièrement à ceux initialement définis et ne sont pas toujours acceptables » ont conduit à une « colonisation idéologique ».
    Cependant, la « colonisation idéologique », dans laquelle « la théorie du genre joue un rôle central », est non seulement « très dangereuse » « parce que, avec sa prétention à rendre tout le monde égal, elle efface les différences », mais aussi « ne sert pas à créer la paix », mais conduit plutôt à « des blessures et des divisions entre les États ».

    Alors que ses prédécesseurs, Jean-Paul II et Benoît XVI, avaient systématiquement défini la « culture de la vie » et la « culture de la mort », François a parlé, de manière moins élégante, d’une « culture du jetable », établissant ainsi de nouvelles normes. Si tel avait été son calcul, cela aurait fonctionné. Il n’y a pratiquement pas eu de « conférence de presse éclair » au cours de laquelle aucun journaliste n’a interrogé le pape sur sa position connue de longue date sur l’avortement ou l’euthanasie.

    Si on y regarde de plus près, ce n’était en aucun cas original, mais simplement catholique. En substance, François répétait simplement, à sa manière, plutôt désinvolte, ce que l’Église avait enseigné depuis le début : parce que chaque être humain est l’« imago Dei », l’image de Dieu, et parce que Dieu s’est fait homme dans le Christ pour racheter l’humanité déchue, chaque vie humaine est sacrée. Par conséquent, quiconque tue un autre être humain pour des raisons autres que la légitime défense, l’aide à se suicider ou refuse de lui apporter une aide raisonnable, pèche en fin de compte contre Dieu.

    Dignité de la conception à la mort naturelle

    Le 1er janvier de cette année, solennité de la Mère de Dieu et Journée mondiale de la paix, le pape François en a donné un témoignage très éloquent. Dans son homélie lors de la célébration de la Sainte Messe dans la Basilique Saint-Pierre, il a dit, entre autres : « Confions cette nouvelle année, qui commence maintenant, à Marie, Mère de Dieu , afin que nous aussi, comme elle, nous apprenions à trouver la grandeur de Dieu dans la petitesse de la vie ; afin que nous apprenions à prendre soin de chaque créature née d'une femme, en gardant avant tout, comme le fait Marie, le don précieux de la vie : la vie dans le sein maternel, la vie des enfants, la vie des souffrants, des pauvres, des personnes âgées, des solitaires, des mourants. »

    À l’occasion de la Journée mondiale de la paix, « nous sommes tous appelés à restaurer la dignité de la vie de chaque personne « née d’une femme ». C’est « la base fondamentale pour construire une civilisation de paix ». Et parce que c’est le cas, il appelle à « un engagement ferme en faveur du respect de la dignité de la vie humaine, de la conception à la mort naturelle, afin que chaque personne puisse aimer sa vie et envisager l’avenir avec espoir. »

    Pèlerins de l'espoir

    En conséquence, le pape François a fait modifier le « Catéchisme de l’Église catholique ». Alors que le paragraphe 2267 du Code, dans lequel la « peine de mort » n'était pas complètement rejetée, était auparavant libellé comme suit : « Dans la mesure où des moyens non sanglants suffisent à défendre la vie humaine contre les agresseurs et à sauvegarder l'ordre public et la sécurité humaine, l'autorité doit recourir à ces moyens, car ils correspondent mieux aux conditions concrètes du bien commun et sont plus conformes à la dignité humaine » (CCC, 2267 ancien), depuis 2018, ce qui suit s'applique : « Pendant longtemps, le recours à la peine de mort par l'autorité légitime – après une procédure légale régulière – a été considéré comme une réponse appropriée à la gravité de certains crimes et un moyen acceptable, bien qu'extrême, de sauvegarder le bien commun. Aujourd'hui, on prend de plus en plus conscience que la dignité de la personne n'est pas perdue, même lorsqu'une personne a commis les crimes les plus graves. En outre, une nouvelle compréhension de la finalité des sanctions pénales par l'État s'est répandue. Enfin, des systèmes de détention plus efficaces ont été développés, qui garantissent la bonne défense des citoyens, sans pour autant priver définitivement le délinquant de la possibilité de se réformer. » C’est pourquoi, à la lumière de l’Évangile, l’Église enseigne que « la peine de mort est inadmissible parce qu’elle viole l’inviolabilité et la dignité de la personne » (cf. Lc 23, 40-43), et elle œuvre résolument pour son abolition dans le monde entier » (CEC 2267 nouveau).

    Dernier point, mais non des moindres : comme aucun pape avant lui, François a fréquemment accordé des audiences aux organisations pro-vie et a adressé ses salutations aux « marches pour la vie » qu’elles organisaient à travers le monde. Il n’a pas été impressionné par les tentatives de les qualifier de « nouvelle droite ». Car comme beaucoup de militants pro-vie, le pape, qui a appelé l'Église à aller jusqu'aux marges, savait que le cœur du mouvement n'est pas les vierges, mais souvent des femmes et des hommes qui ont eux-mêmes été touchés par des avortements dans leurs vies antérieures et qui ont pu faire l'expérience libératrice que la miséricorde de Dieu est encore plus grande que sa justice. S’il en était autrement, presque personne n’aurait de raison d’espérer, et le « pèlerin de l’espérance », comme François se le voyait lui-même, serait une farce plutôt qu’un modèle à l’aune duquel les gens peuvent se mesurer et s’orienter sur leur chemin vers Dieu.

  • Le Nigéria est en train de devenir une immense morgue nationale (Évêque Kukah)

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    Lu sur The Sun (Nigeria) :

    Le Nigéria est en train de devenir une immense morgue nationale – Évêque Kukah

    L'évêque catholique du diocèse de Sokoto, Mgr Matthew Kukah

    L'évêque catholique du diocèse de Sokoto, Mgr Matthew Kukah

    De Shafa'atu Suleiman, Sokoto

    Dans son message de Pâques pour 2025, l'évêque Matthew Hassan Kukah du diocèse catholique de Sokoto a lancé un avertissement terrible sur l'état du Nigeria, décrivant le pays comme devenant progressivement une « immense morgue nationale » en raison de l'insécurité et de la violence qui y règnent.

    Selon l’évêque Kukah, la nation « atteint un point de rupture » alors que des citoyens innocents sont kidnappés et détenus dans des conditions inhumaines, et qu’un « sombre voile de mort » plane sur le pays.

    Il a exhorté le président Bola Tinubu à « nous faire descendre de cette croix du mal » et à redonner espoir à la nation.

    L'évêque reconnaît que, même si l'administration actuelle n'est pas à l'origine de cette crise, elle a la responsabilité d'y remédier. Il ajoute que la culture omniprésente de cynisme et de désespoir parmi les citoyens témoigne du besoin urgent d'un regain d'espoir et d'une gouvernance efficace.

    « Il est temps maintenant de raviver et de renouveler cet espoir », a-t-il déclaré, soulignant l’importance de la foi pour surmonter l’adversité.

    « Nous sommes aujourd’hui confrontés à un dilemme, et la question est simple : la persistance de l’insécurité est-elle le signe d’un manque de capacités de nos hommes et femmes en uniforme, ou est-ce la preuve que ceux qui sont au sommet récoltent les fruits du financement de leur propre machine de guerre ? »

    Permettre à cette insécurité de perdurer compromettra toute forme de bonne volonté défendue par ce gouvernement ou tout autre gouvernement nigérian. Nous avons tous les ingrédients pour créer un mélange toxique de violence susceptible de devenir incontrôlable.

    Il a déploré la façon dont la frustration a pénétré tous les pans de la société, d’autant plus que le gouvernement et ses agences de sécurité semblent être devenus en grande partie spectateurs de la danse de la mort qui s’est emparée du pays.

    L'évêque a rappelé aux fidèles chrétiens que la résurrection de Jésus permet aux chrétiens d'affronter les défis de la vie avec confiance.

    À Pâques, rappelons-nous que la loi du Seigneur est inscrite dans nos cœurs (Romains 2:15). Les difformités structurelles, les iniquités et la corruption de notre pays ne doivent pas nous inciter à baisser la garde.

    « Voyez, nous sommes la lumière du monde, une ville perchée sur une colline. Nous sommes dotés de la lumière du Christ pour chasser les ténèbres qui menacent d'engloutir notre pays. Renouvelons collectivement notre engagement et notre espoir de bâtir une société selon l'esprit de notre Créateur. »

    Lire aussi : Nigeria : 200 chrétiens tués pendant la Semaine sainte

  • “Ne me tournez pas contre Cyrille” : le Pape François dans les souvenirs de Poutine et du patriarche de Moscou

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (en français sur diakonos.be) :

    “Ne me tournez pas contre Cyrille”. Le Pape François dans les souvenirs de Poutine et du patriarche de Moscou

    Un commentaire très particulier se distingue de la masse de ceux qui suivi la mort du Pape François. Il est parvenu de Moscou d’où il émane des deux plus hautes autorités de la Russie politique et religieuse : le président Vladimir Poutine et le patriarche orthodoxe Cyrille.

    L’après-midi du mardi 22 avril, Poutine et Cyrille ont eu une entrevue au Kremlin avec le patriarche de Serbie, Porphyre (voir photo). Et aussi bien la vidéo que la retranscription de ce colloque ont fait leur apparition sur le site web officiel du président russe.

    Voici quelques extraits de déclarations qu’ils se sont échangées, tout d’abord sur la proximité entre la Serbie et la Russie en tant que partis du « Russkij mir » commun opposé à l’Occident « démoniaque » et ensuite avec des références directes au Pape François.

    Ni Poutine ni Cyrille ne seront à Rome aux funérailles du Pape François samedi 26 avril. C’est le métropolite Antoine de Volokolamsk, président du département pour les relations ecclésiastiques extérieures, très proche de la Communauté de Sant’Egidio et du cardinal Matteo Zuppi, qui sera présent.

    *

    Extrait de la retranscription de la rencontre au Kremlin entre Poutine, Cyrille et Porphyre

    Moscou, le 22 avril 2025

    Patriarche Porphyre : J’étais à Jérusalem il y a deux semaines où j’ai discuté avec le patriarche [orthodoxe] de Jérusalem. […] Et quand nous avons parlé de l’orthodoxie au niveau mondial, il m’a dit : nous, les orthodoxes, avons une carte maîtresse. J’ai demandé : laquelle ? Vladimir Poutine, m’a‑t-il répondu. […] Mon souhait et celui de la majorité de notre Église est qu’à l’avenir, s’il y avait une nouvelle division géopolitique, nous restions proches dans ce monde russe commun. […]

    V. Poutine : Votre Sainteté, vous avez parlé d’identité. C’est ce qu’est en train de faire l’Église orthodoxe russe sous la direction de Sa Sainteté le patriarche de Moscou et de toute les Russies. Sa Sainteté le Patriarche [Cyrille] fait de grands efforts pour renforcer nos valeurs traditionnelles, nos principes spirituels.

    Patriarche Cyrille : Cher Vladimir Vladimirovitch ! Je suis très heureux que cette rencontre ait eu lieu. De toutes les Églises orthodoxes, l’Église serbe est celle qui est la plus proche de l’Église russe, tant par la culture, la langue que par l’histoire. […] Mais il y a une autre chose que je voudrais dire : les Serbes sont, bien sûr, situés plus à l’ouest que nous, le Seigneur en a décidé ainsi. C’est une Église qui entre en contact direct avec le monde occidental, dont on peut recevoir, et dont on a probablement reçu, bien des choses utiles aussi bien dans le domaine scientifique que culturel. Mais avec ce qui est en train d’arriver à la moralité humaine, à l’éthique en Occident, oui, je le dis-le tout haut, de quoi peut-on avoir honte ? Toute cette histoire est démoniaque.

    Patriarche Porphyre : c’est vrai.

    Patriarche Cyrille : Et pourquoi démoniaque ? Parce que le rôle du démon, c’est de faire perdre à l’homme la différence entre le bien et le mal. Il existe des comportements au sujets desquels l’Église dit : tu ne peux pas le faire. Et la parole de Dieu dit : tu ne peux pas le faire. Mais la culture laïque moderne dit : pourquoi pas ? Une personne n’est-elle pas libre d’agir comme elle l’entend ? Est-ce que cela ne relève pas de la liberté de chacun ?

    Cette approche détruit les fondements moraux de l’existence humaine et pourraient entraîner de terribles catastrophes civilisationnelles. Parce que si l’intégrité de la personne humaine est détruite, tout ce qui en découle s’effondre. L’Église orthodoxe russe, comme on sait, soutient ces positions et les défend sur la scène internationale. Mais naturellement, nous avons besoin de bons alliés.

    V. Poutine : Votre Sainteté, vous avez parlé de ce qui est en train de se passer dans la partie occidentale de notre monde. Nous tous ici le savons bien, nous l’avons tous vu, nous avons été témoins de votre rencontre avec le pape, qui nous a quitté en ces jours de Pâques. Cela, me semble-t-il, démontre que même en Occident, il y a encore des personnes, il y a des forces, et des forces spirituelles, qui s’engagent à rétablir les relations et à faire revivre les principes spirituels.

    Patriarche Cyrille : C’est à juste titre que vous avez évoqué le pape défunt. C’était un homme aux idées et aux convictions assez fortes, en dépit des fortes pressions auxquelles il était soumis, notamment en ce qui concerne le refroidissement des relations avec l’Église russe.

    À présent qu’il est dans l’autre monde, je peux le citer avec confiance, sans lui demander la permission. Quand on lui a vraiment mis la pression, si vous me pardonnez cette expression vulgaire, il a seulement prononcé cette petite phrase : « Ne me tournez pas contre Cyrille ». Puis il a fait demi-tour et il est parti. Et ceux qui le pressaient étaient ses proches collaborateurs : [ils lui disaient] qu’il fallait changer de cap, qu’il était impossible, pour ainsi dire, de rester liés à la politique russe.

    Cette petite phrase – « Ne me tournez pas contre Cyrille » — est restée dans ma mémoire et dans ma conscience pendant tout le temps qu’il était en vie. Nos relations étaient bonnes. À présent le Seigneur l’a rappelé dans un autre monde, mais les plus beaux souvenirs que je garde de lui concernent son attitude aussi bien envers la Russie qu’avec l’Église russe.

    V. Poutine : C’est pareil pour moi. Nous nous sommes rencontrés à plusieurs reprises. Il était de manière naturelle – je peux le dire – bien disposé envers la Russie. Vu ses origines latino-américaines et l’état d’esprit de l’écrasante majorité des citoyens des pays latino-américains, il partageait probablement lui aussi ces sentiments et il a tissé des relations avec la Russie de la manière la plus bienveillante.

    ———

    Sandro Magister est le vaticaniste émérite de l’hebdomadaire L’Espresso.
    Tous les articles de son blog Settimo Cielo sont disponibles sur diakonos.be en langue française.
    Ainsi que l’index complet de tous les articles français de www.chiesa, son blog précédent.

  • François 2013–2025. Journal d’un pontificat très controversé

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (en français sur Diakonos.be) :

    François 2013–2025. Journal d’un pontificat très controversé

    Settimo Cielo a suivi pas à pas le pontificat de Jorge Mario Bergoglio, de sa première salutation le 13 mars 2013 depuis la loggia de la basilique Saint-Pierre, fraîchement élu, jusqu’à sa dernière apparition dimanche de Pâques dernier, le 20 avril 2025, depuis cette même loggia de Saint-Pierre, où il a imparti à grand-peine sa dernière bénédiction « urbi et orbi ».

    On trouvera ci-dessous quelques renvois à ces pages de journal, publiées au fur et à mesure que le pontificat de François se déployait.

    *

    Un premier bloc commence avec le synode sur la famille de 2015 et 2015, il est la preuve magistrale de la manière dont François a gouverné l’Église, notamment dans les synodes qui suivront :

    17.10.2014
    > La véritable histoire de ce synode. Le metteur en scène, les exécutants, les assistants

    8.10.2015
    > Synode. Le premier coup au but est tiré par les conservateurs

    15.10.2015
    > La lettre des treize cardinaux. Un élément-clé antérieur

    14.11.2016
    > “Faire la clarté”. L’appel de quatre cardinaux au pape

    11.1.2021
    > Simulacre de synodalité.  François est seul maître à bord, à sa manière

    4.11.2024
    > Tout sauf synodale. La curieuse Église que veut le Pape François

    6.3.2025
    > Son pontificat touche à sa fin mais le Pape François est toujours seul aux commandes

    *

    Un second bloc concerne la vision politique de Bergoglio et quelques-unes de ses initiatives en matière de relations internationales :

    12.8.2015
    > De Peron à Bergoglio. Avec le peuple contre la mondialisation

    12.2.2016
    > Sur l’accolade entre François et Cyrille plane l’ombre de Poutine

    18.9.2017
    > Le mythe du “pueblo”. François dévoile qui le lui a raconté

    16.1.2025
    > Poutine, Assad et l’Iran, les dangereux compagnons de route du Pape

    *

    Le troisième bloc concerne son magistère « liquide », souvent pétri de contradictions :

    13.5.2016
    > Oui, non, je ne sais pas, décidez vous-mêmes. Le magistère liquide du pape François

    24.12.2017
    > Personne ne l’écoute quand il défend la vie et la famille. Et il y a une raison

    20.4.2021
    > François, le pape qui s’autocontredit. Théorie et pratique d’un pontificat non-infaillible

    *

    Le quatrième bloc aborde les ravages causés dans l’Église en lieu et place du droit et de la justice :

    2.11.2021
    > François législateur suprême ? Non, fossoyeur du droit

    11.12.2023
    > Pire qu’un pape-roi. Un historien et une canoniste analysent la mauvaise gouvernance du Pape François

    18.3.2024
    > “Summa iniuria”. Le désastre de la justice vaticane, sous le règne du Pape François

    *

    Suit une analyse complète du pontificat du Pape François rédigée pour Settimo Cielo par un grand historien, Roberto Pertici :

    13.4.2018
    > La réforme de Bergoglio, Martin Luther l’a déjà écrite

    *

    Et cette dernière page contient le mémorandum diffusé parmi les cardinaux au mois de mars d’il y a trois ans sous la signature de « Demos », en réalité rédigé par le cardinal George Pell, en vue d’un futur conclave :

    15.3.2022
    > Un mémorandum sur le prochain conclave circule parmi les cardinaux. Le voici

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    Sandro Magister est le vaticaniste émérite de l’hebdomadaire L’Espresso.
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  • Un prêtre nigérian témoigne : «Je serais heureux d’être arrêté à cause du Christ»

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    De Jean-Benoît Harel sur Vatican News :

    Père Chimaobi Clément Emefu, professeur de théologie au Nigéria. Père Chimaobi Clément Emefu, professeur de théologie au Nigéria.  

    «Ceux qui nous menacent de mort nous rendent plus forts». Dans un des pays les plus dangereux du monde pour les chrétiens, le père spiritain Clément Chimaobi Emefu refuse de céder à la peur. Professeur de droit canonique au Spiritan International School of Theology (SIST), dans la ville d’Attakwu (État d’Enugu), au sud-est du pays, il veut montrer l’exemple à ses étudiants, et être un «signe d’espérance» car «ce qui rend vulnérable raffermit la foi».

    Contrairement au nord du Nigéria, l’État d’Enugu est à forte majorité chrétienne. Toutefois, si les attaques djihadistes des groupes comme Boko Haram dans le nord sont documentées, le spiritain estime que les agressions contre les chrétiens se répandent dans tout le pays. Pour lui, les chrétiens font face à «un projet d’islamisation du Nigeria»«un processus en cours» qui explique les attaques contre les chrétiens mais aussi l’inaction, voire l’hostilité, des autorités.

    Entretien avec le père Clément Chimaobi Emefu

    De nombreux enlèvements

    Les fréquents enlèvements sont la plus visible de ces menaces dans cette région du Nigéria. En dix ans, plus de 200 prêtres ou de personnes consacrées ont été enlevés dans le pays. Une réalité en forte augmentation en ce début d’année 2025 avec une douzaine d’enlèvements, dont deux se sont terminés par la mort des personnes enlevées.

    Avec les missions pastorales dans les écoles, les hôpitaux ou les villages reculés, les prêtres, religieux et religieuses sont très souvent isolés et donc vulnérables face aux groupes de ravisseurs, explique le père Clément Chimaobi Emefu. Canoniste de la province sud-est des spiritains, il doit par exemple régulièrement faire seul une centaine de kilomètres en voiture, sur des routes dangereuses pour arriver au siège des spiritains de cette province dans la ville d’Onitsha.

    La question de la rançon

    Parmi ces rapts, celui du prêtre spiritain Gerald Ohaeri, le 30 novembre 2024, enlevé par des ravisseurs Fulani, aussi appelés peuls, une ethnie musulmane nomade. Si l’Église assure ne jamais payer de rançon, «dans le concret, c’est très difficile, car votre frère est sous une menace grave», explique le père Clément, qui était en lien proche avec ceux qui ont participé aux négociations de libération de son confrère.

    «Si on accepte bêtement de payer la rançon, les enlèvements de prêtres, de religieux et de religieuses vont continuer à augmenter de manière exponentielle», poursuit-il, mais les pressions des familles prêtes à payer compliquent aussi les négociations.

    L’effacement de la population

    Or, les ravisseurs n’agissent pas dans le secret. En effet, ces nomades musulmans du nord du Nigeria possèdent des troupeaux de bœufs et de moutons, se déplacent et sont nombreux dans le sud-est, souligne le père Clément Chimaobi Emefu. «Ils sont partout, même en quittant mon école pour aller en plein ville à Enugu, je les croise».

    En outre, les menaces qu’exercent ces bergers nomades contre les propriétaires des terrains agricoles constituent une autre forme de persécution, plus pernicieuse. «Ils rentrent dans les forêts, dans les champs agricoles, et menacent les propriétaires, souvent chrétiens, qui sont obligés de fuir», témoigne-t-il. S’il ne s’agit pas d’actes terroristes comme dans le nord du pays, cette forme d’effacement de la population locale forcée de quitter son pays natal n’en ait pas moins dramatique. «Et ça augmente terriblement», alerte le professeur de droit canonique.

    Une persécution institutionnalisée

    Malgré cette réalité difficile, dénoncer ces attaques n’est pas du goût des autorités du pays. Dernier exemple en date : l’évêque du diocèse voisin de Makurdi, Mgr Wilfried Anagbe, CMF, a ainsi appris qu’il «pourrait» être arrêté à son retour, à la suite de son récent témoignage devant la sous-commission des affaires étrangères sur l'Afrique de la Chambre des représentants des États-Unis. Il avait alors évoqué les difficultés des chrétiens dans le pays, et demandé au gouvernement américain de désigner le Nigeria comme un «pays particulièrement préoccupant».

    L’association des prêtres du diocèse de Makurdi a assuré l’évêque de son soutien, condamnant une tentative d’intimidation de la part des autorités. «Sa préoccupation pastorale pour les personnes souffrantes et déplacées -en particulier les victimes des violentes attaques des bergers et des invasions des milices- n'est pas seulement une obligation morale, mais un impératif évangélique enraciné dans la défense de la dignité humaine», souligne la déclaration.

    De même, en témoignant pour Vatican News, le père Clément assume prendre des risques pour sa sécurité, comme il en prend lorsqu’il sort des villes pour accéder à des endroits plus reculés. «Ceux qui nous menacent, ceux qui nous terrorisent, ceux qui nous rendent vulnérables, voilà la source de l’affermissement de notre foi», conclut le prêtre, voulant offrir un exemple de détermination à ses quelques 200 étudiants séminaristes et laïcs.

    Lire aussi : Pâques dans les larmes: les chrétiens nigérians face à la persécution

  • Il y a cinquante ans, le cauchemar des Khmers rouges commençait au Cambodge

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    De Stefano Magni sur la NBQ :

    Il y a cinquante ans, le cauchemar des Khmers rouges commençait au Cambodge

    Le 17 avril 1975, Phnom Penh, la capitale du Cambodge, tombe aux mains des Khmers rouges. Les communistes maoïstes intransigeants ont soumis la population à une gigantesque expérience sociale qui a entraîné deux millions de morts en trois ans.

    17_04_2025

    Victimes des Khmers rouges à Tuol Sleng (La Presse)

    Le 17 avril, il y a 50 ans, Phnom Penh tombait. La capitale du Cambodge est tombée aux mains des Khmers rouges, le mouvement communiste maoïste le plus meurtrier de l'histoire. Au cours des trois années suivantes, le régime, dirigé d’une main de fer par Pol Pot, éliminera un tiers de sa propre population. Son objectif déclaré était de réaliser l’utopie communiste d’ici 1990, peu importe les méthodes utilisées ou le nombre de morts.

    L'arrivée au pouvoir des Khmers rouges intervient après huit années de guerre civile . C'est surtout la guerre du Vietnam qui a détruit l'équilibre déjà précaire de cette région d'Asie du Sud-Est, indépendante de la France en 1953. Le prince Sihanouk, qui avait succédé pacifiquement à la France, était tiraillé entre le communisme (qui se répandait dans toute la région) et une alliance avec les États-Unis, protecteurs du Sud-Vietnam. Lorsque le Nord-Vietnam communiste a commencé à envahir le Sud-Vietnam (nationaliste) en 1959, en infiltrant son armée et ses guérilleros, Sihanouk n'a pas pu ou n'a pas voulu s'y opposer. En 1965, première année de l’intervention américaine au Vietnam, le Cambodge était déjà devenu le principal lieu de transit des Nord-Vietnamiens. Étant un pays neutre, ils ne pouvaient pas être touchés par les Américains et les Sud-Vietnamiens. Sihanouk a violemment réprimé le communisme dans son pays. Dans la seule révolte paysanne du district de Samlaut (qui a éclaté à la suite d'expropriations arbitraires), de 1967 à 1970, il a tué 12 000 personnes. Les militaires coupèrent les têtes des agriculteurs et les envoyèrent à Phnom Penh comme preuve du travail accompli. C'est durant cette période, en opposition au régime, que se développe le mouvement armé des Khmers rouges, inspiré par le maoïsme le plus intransigeant. Mais en politique étrangère, Sihanouk lui-même s'est rapproché de la Chine de Mao et de l'URSS de Brejnev et a rompu avec les Américains.

    En 1970, alors que Sihanouk était à Moscou en visite d’État, l’armée prit le pouvoir. Lon Nol, l’un des pires bourreaux de la répression de Samlaut, devient président, dictateur de facto, de la nouvelle « République khmère ». Il a promis de lutter contre la corruption et d’expulser les Vietnamiens et a immédiatement demandé aux États-Unis d’intervenir pour l’aider. En un mois, Nixon autorisa une intervention terrestre secrète sur le territoire cambodgien. Sur le plan militaire, ce fut un succès : les Nord-Vietnamiens furent chassés des zones frontalières. Politiquement, ce fut un désastre : les communistes de Ho Chi Minh se dispersèrent à travers le pays et enseignèrent aux Khmers rouges comment se battre contre une armée régulière. Lon Nol s’est encore davantage aliéné la population, tout d’abord parce qu’il s’est montré encore plus corrompu que son prédécesseur. Puis, parce qu’il était encore plus violent, il persécuta tous les Vietnamiens du pays, les catholiques et les autres minorités religieuses et réprima dans le sang toute manifestation de dissidence. Les monarchistes et les communistes s'allièrent contre lui : Sihanouk et les Khmers rouges formèrent un Front d'unité nationale. En 1973, ils contrôlaient déjà la moitié du pays et Lon Nol demanda à nouveau l'aide américaine. Nixon autorisa une campagne de bombardements (également secrète) au cours de laquelle des dizaines de milliers de civils, en plus des guérilleros, périrent. Ce fut un succès éphémère : l'avancée des communistes ne fut que temporairement enrayée, mais en réaction aux bombardements les populations paysannes s'engagèrent en masse dans les rangs des Khmers rouges, même s'il était désormais clair, dans les zones qu'ils avaient occupées, que leur régime était bien plus meurtrier que le régime nationaliste de Lon Nol.

    En avril 1975, alors que le Sud-Vietnam était sur le point d’être submergé par le Nord et que les Américains étaient partis depuis longtemps, les Khmers rouges remportèrent la guerre civile. Sihanouk est resté officiellement chef de l’État pendant une année supplémentaire, puis a été placé en résidence surveillée. Le Kampuchea démocratique est né, Khieu Samphan en est le président, mais le véritable homme aux commandes est le Premier ministre, chef du mouvement communiste armé, Saloth Sar, connu sous le nom de Pol Pot. Formé à Paris (il eut Jean Paul Sartre comme mentor), il voulut créer l'utopie communiste dès le premier jour de son règne. Toutes les villes, à commencer par Phnom Penh, ont été évacuées d’urgence. Même les malades et les blessés admis dans les hôpitaux étaient jetés dans la rue. Les nouvelles autorités ont indiqué aux évacués qu'il s'agissait d'une mesure temporaire et qu'il s'agissait d'apporter le strict minimum. En réalité, ils étaient destinés à participer à une expérience sociale gigantesque : transformer des citoyens en paysans. Les évacuations, menées selon des méthodes de déportation, ont coûté des dizaines de milliers de victimes. Et ce n’était que le début de la souffrance.

    L’ensemble de la population cambodgienne a été réorganisée en communautés paysannes. Il n’y avait aucune liberté de mouvement possible : ils étaient en fait des prisonniers dans des camps de travail. Les quarts de travail variaient de 12 à 14 heures par jour, sans aucune pause, sauf pour subir un lavage de cerveau idéologique lors de séances de rééducation. Tous les membres de l’ancien régime et leurs familles ont été exterminés. Toutes les personnes religieuses, quelle que soit leur religion, ont été tuées. Pour le reste, chaque commandant et fonctionnaire local avait droit de vie et de mort sur ses paysans. Les plus sadiques et les plus méfiants tuaient même ceux qui portaient simplement des lunettes, symbole de la dégénérescence bourgeoise. Quiconque était considéré comme « paresseux » dans le travail des champs, qui n’avait pas suffisamment de callosités sur les mains, qui ne répondait pas de manière appropriée aux séances de rééducation, qui connaissait des langues étrangères ou qui exerçait des professions libérales avant l’an zéro de la nouvelle ère pouvait également être tué.

    Parler à la première personne du singulier n'était pas autorisé : le je était banni. L'affection personnelle n'était pas autorisée : les mots doux et les gestes affectueux étaient interdits et punis. Seule la fête devait être aimée. À partir du début de 1977, les mariages étaient arrangés uniquement par des cadres du parti, entre des hommes et des femmes qui ne se connaissaient pas. Les enfants ont été séparés de leurs parents et éduqués par le parti. Tout était partagé, les récoltes étaient enregistrées, la nourriture était rationnée et consommée dans des cantines collectives. La mort par inanition devint la règle et les paysans qui tentaient de voler de la nourriture ou de la consommer pendant qu'ils la cultivaient étaient condamnés à mort.

    Même les cadres et les dirigeants khmers n’étaient pas à l’abri de la peur. Il y a eu de nombreuses tentatives de coup d’État, au moins neuf en trois ans. Pol Pot a réagi en procédant à des purges périodiques. Les principales victimes furent les communistes de retour de l’étranger, encouragés par la propagande de Phnom Penh. Presque tous ont fini sous la hache de la répression. La prison de Tuol Sleng, destinée aux purgés, est devenue le symbole de l'extermination cambodgienne, le seul endroit où l'identité des victimes et la date de leur exécution étaient documentées en détail. Presque tous les détenus de Tuol Sleng ont été tués, soit par des pelotons d’exécution, soit dans des chambres de torture.

    Le régime khmer était également profondément raciste. Malgré l'alliance avec Pékin, il extermina presque tous les Chinois vivant au Cambodge (environ 200 000 périrent dans ce génocide dans le génocide), la minorité musulmane Cham et des dizaines de milliers de Vietnamiens. Et c’est précisément pour sauver ce dernier de l’anéantissement que, fin 1978, le Vietnam envahit le Cambodge. En un peu plus d’un mois, il a balayé le régime infernal. Mais la liberté n'est pas revenue dans le pays, un autre régime communiste a été établi, dirigé par Samrin (un ancien Khmer rouge qui a fui au Vietnam) et seulement moins répressif et meurtrier que le précédent. C’est pourquoi il est si difficile, encore aujourd’hui, de faire la lumière sur l’immense crime des Khmers rouges et de punir les responsables. Faire table rase du passé n’efface cependant pas les deux millions de morts, assassinés en seulement trois ans, avec une intensité sans précédent. Tués au nom d’une utopie, d’un paradis sur terre qui garantissait l’enfer à tout un peuple.

  • Toujours à contretemps, et pour cause…

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    Paul Vaute rend compte pour Belgicatho du nouveau livre de Mutien-Omer Houziaux, "Ces temps crépusculaires ou Le passé décomposé".

       Au regard des générations du futur, si futur il y a, notre Occident présent ne pourra manquer d'apparaître comme un monde marqué massivement par une rupture sans précédent avec ses propres fondements. Les courants négateurs qui, en d'autres temps, étaient cantonnés à des cercles philosophiques et intellectuels minoritaires, ont gagné par imprégnation progressive toutes les strates de la société. Ainsi s'impose la connotation immanquablement positive de tout ce qui "libère des carcans", "affranchit des contraintes", "fait bouger les lignes", "enterre le vieux monde", "désaliène", "déconstruit"…, ce qui signifie de plus en plus clairement pour le tout-venant: rejeter toute transcendance, proclamer le règne de l'homme et célébrer la victoire de la culture en mouvement sur les héritages antique et chrétien.

       C'est le même refus des limites et des normes d'antan au nom de la liberté chérie qui a permis que la nature soit impunément dévastée, mais c'est là un des rares effets qu'on consent à déplorer. Il n'y a pas de Greta Thunberg pour défendre les prérogatives du vrai dans la pensée, du beau dans l'art, du sens commun dans la vie sociale. Promouvoir la famille monogame stable et unie, dénoncer l'emprise de la pornographie dans tous les domaines de la création, réclamer une protection légale de la vie humaine à naître et finissante…: autant de gageures dans le contexte où nous vivons. Des vents contraires se sont certes levés, notamment en Hongrie et aux Etats-Unis,  mais sont-ils durables ? Des courants néoconservateurs ou populistes ont le vent en poupe dans quelques pays, mais ils apparaissent souvent divisés ou timorés sur les questions éthiques. En Belgique, ils peinent à se structurer et les "grands" médias se garderont bien de leur ouvrir la porte.

       Il est d'autant plus heureux que quelques sages, même s'ils n'auront pas droit aux feux de la rampe, prennent la plume pour intervenir "à temps et à contretemps", fustiger le mal, exhorter, instruire (2e Epître à Timothée, 4:2). Mutien-Omer Houziaux est l'un d'eux.  A contretemps était justement le titre d'un de ses précédents ouvrages. Il en prolonge aujourd’hui la démarche avec Ces temps crépusculaires.

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  • Comment les catholiques du Soudan survivent à la guerre

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    De Luke Coppen sur le Pillar :

    Comment les catholiques du Soudan survivent à la guerre

    Lorsque la guerre civile a éclaté il y a deux ans, il y avait plus de 1,2 million de catholiques dans le pays.

    Lorsque la guerre civile a éclaté au Soudan il y a deux ans aujourd’hui, il y avait plus de 1,2 million de catholiques dans le pays.

    Cathédrale Saint-Matthieu de Khartoum, Soudan. David Stanley via Wikipédia (CC BY 2.0).

    Bien que 90 % des quelque 50 millions d'habitants du pays soient musulmans, le Soudan compte une importante présence catholique depuis près de 200 ans. Le troisième plus grand pays d'Afrique est lié à des saintes comme Joséphine Bakhita et Daniel Comboni , ainsi qu'à d'autres figures saintes comme Zeinab Alif , une esclave devenue abbesse.

    Avant que les combats ne bouleversent la vie quotidienne, les catholiques se rendaient à leur culte dans des bâtiments importants tels que la cathédrale Saint-Matthieu dans la capitale, Khartoum, et la cathédrale Notre-Dame-Reine d'Afrique à El-Obeid.

    En 2023, année où la guerre a éclaté, l’archidiocèse de Khartoum, qui couvre la moitié nord-est du pays, comptait 79 prêtres, 123 religieux et 4 diacres permanents, au service d’une communauté catholique en constante croissance dans 17 paroisses.

    Qu'est-il arrivé aux catholiques soudanais ces deux dernières années ? Il est difficile d'en dresser un tableau complet en raison du brouillard de la guerre. Les rapports sont inégaux, mais ils nous donnent un aperçu de l'impact du conflit sur la minorité catholique du pays.

    Voici ce que nous savons.

    Une carte montrant les parties du Soudan contrôlées par les forces armées soudanaises (rose) et les forces de soutien rapide (sarcelle), au 13 avril 2025. ElijahPepe via Wikimedia (CC BY-SA 4.0).

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  • Déjà 560 signataires pour la lettre ouverte au Premier ministre sur l’avortement, dont des académiques, des médecins, des soignants et des responsables politiques

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    *COMMUNIQUÉ DE PRESSE – 15 avril 2025

    Déjà 560 signataires pour la lettre ouverte au Premier ministre sur l’avortement, dont des académiques, des médecins, des soignants et des responsables politiques
     
    Bruxelles – À l’initiative de CLARA Life, une lettre ouverte a été remise au Premier ministre Bart De Wever à l’occasion du 35e anniversaire de la loi dépénalisant partiellement l’avortement, et rendue ouverte à la signature il y a quelques jours à toute personne souhaitant s’y joindre.
     
    La lettre compte à ce jour plus de 560 signataires, et continue d’en recevoir de nouveaux chaque jour. Parmi eux figurent des dizaines d’universitaires, près d’une centaine de professionnels de la santé, ainsi que des élus locaux, régionaux et fédéraux, y compris des membres de partis de la majorité, qui préfèrent rester anonymes pour des raisons professionnelles. Le texte a été rédigé avec la collaboration du professeur Bernard Spitz (KU Leuven, obstétrique-gynécologie), et signé notamment par le professeur dr. Willem Lemmens (UAntwerpen), la professeure dr. Liliane Schoofs (KU Leuven), le docteur Lucas Kiebooms, maître Fernand Keuleneer, ainsi que de nombreux autres citoyens, dont la liste est disponible sur le site de CLARA Life (voir lien ci-dessous).
     
    La lettre appelle le gouvernement à ne pas poursuivre une nouvelle libéralisation de l’avortement en Belgique, notamment en ce qui concerne la réduction du délai de réflexion ou l’allongement du délai légal. Elle alerte également sur l’Initiative citoyenne européenne “My Voice, My Choice”, qui vise à obliger les États à financer des avortements, y compris ceux qu’ils considèrent comme illégaux, et donc à soutenir des pratiques contraires à leurs traditions éthiques et juridiques. Cette initiative entend en outre ériger l’avortement en droit fondamental au sein de l’Union européenne, ce qui constituerait, selon les auteurs, une violation grave du principe de subsidiarité et des Traités européens.
     
    Les signataires dénoncent également le fait que le débat actuel en Belgique se déroule de manière extrêmement unilatérale, sans réelle place pour les alternatives, la prévention, ou un accompagnement concret et structuré des femmes.
     
  • Inde : la police de Delhi interdit la procession annuelle du Chemin de Croix

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    De Luke Coppen sur The Pillar :

    La police de Delhi interdit le chemin de croix

    Les catholiques de l'archidiocèse de Delhi ont exprimé leur « profond choc » après que la police leur a refusé l'autorisation d'organiser une procession annuelle du Chemin de Croix.

    Les catholiques de l'archidiocèse de Delhi ont exprimé dimanche leur « profond choc » après que la police leur a refusé l'autorisation de participer à une procession annuelle du Chemin de Croix dans les rues de la capitale indienne.

    L'Association catholique de l'archidiocèse de Delhi a déclaré le 13 avril que l'événement, organisé depuis plus d'une décennie le dimanche des Rameaux, ne pouvait pas avoir lieu après que la police de Delhi a invoqué « des problèmes d'ordre public et de circulation ».

    Les organisateurs auraient demandé l'autorisation de la police pour l'événement le 12 mars, mais ont été informés le 12 avril, à la veille du défilé, qu'il ne pouvait pas avoir lieu.

    Une autre procession du dimanche des Rameaux, menée par la Ligue de la jeunesse chrétienne et inaugurée par l'évêque anglican de Delhi, a eu lieu comme d'habitude dans la ville.

    L'association catholique, un organisme enregistré représentant les catholiques latins locaux, a déclaré que ses membres étaient « profondément blessés et déçus » par la décision de bloquer la procession, qui commence à l'église Sainte-Marie, l'une des plus anciennes églises de la ville, et se termine à la cathédrale du Sacré-Cœur de rite latin.

    Chaque année, environ 2 000 catholiques méditent sur les 14 stations du chemin de croix le long du parcours d'environ trois milles.

    L'association a déclaré que les raisons invoquées par la police pour refuser l'autorisation étaient « difficiles à accepter », car d'autres communautés et groupes politiques étaient fréquemment autorisés à organiser des cortèges et des rassemblements dans la ville, même aux heures de pointe.

    « Depuis plus de dix ans, le Chemin de Croix annuel se déroule dans la plus grande discipline, dans le calme et en totale coopération avec les autorités. Aucun incident de circulation ni problème d'ordre public n'a été signalé en lien avec notre événement », a-t-il déclaré.

    « Le refus d’autorisation cette année semble partial et injuste, jetant une ombre sur les principes d’égalité de traitement et de liberté religieuse. »

    Les organisateurs auraient tenu la procession du Chemin de Croix dans l'enceinte de la cathédrale, respectant ainsi la décision de la police.

    L'annulation de la procession de rue a créé des remous dans le monde politique indien.

    KC Venugopal, un haut dirigeant du Congrès national indien, le principal parti d'opposition, a critiqué la décision dans une lettre du 13 avril adressée au ministre indien de l'Intérieur, Amit Shah, membre du parti au pouvoir, le Bharatiya Janata Party.

    Bien que Shah soit responsable de la police de Delhi, on ignore s'il a été impliqué dans la décision de refuser l'autorisation de défilé. Les médias indiens ont indiqué que la police de Delhi n'avait pas répondu aux demandes de commentaires.

    Le BJP, un parti nationaliste hindou, a remporté les élections à l'Assemblée législative de Delhi en février, revenant au pouvoir sur le territoire après une absence de 27 ans.

    Dans sa lettre au Shah, Venugopal écrit que « refuser une autorisation sans raisons concrètes soulève des questions sur l’engagement du gouvernement à défendre le droit fondamental de pratiquer et de professer librement sa religion ».

    Il a ajouté : « Il ne s'agit pas d'un simple oubli, mais d'un acte délibéré de répression. Le refus du gouvernement d'apporter la moindre justification crédible à cette interdiction révèle ses motivations : une discrimination déguisée en politique. »

    Pinarayi Vijayan, le ministre en chef du Kerala, l'État indien qui compte la plus grande population chrétienne, a également déploré cette décision.

    « De telles actions, qui portent atteinte aux croyances religieuses des minorités, ne sont pas conformes à une société pluraliste », a déclaré Vijayan, membre du bureau politique du Parti communiste indien (marxiste).

    Les catholiques indiens entretiennent une relation complexe avec le BJP, qui affirme que l'hindouisme, ou « hindouisme », est le fondement de la culture du pays. Si la minorité catholique se méfie généralement du BJP, les évêques ont récemment soutenu un projet de loi gouvernemental réformant la réglementation des fondations caritatives islamiques.

    Les évêques ont déclaré qu'ils voulaient obtenir justice pour les familles chrétiennes sur des terres revendiquées comme un don islamique dans l'État du Kerala, dans le sud de l'Inde, mais les critiques ont fait valoir que le soutien des évêques pourrait nuire aux relations entre catholiques et musulmans.

    Peu de temps après l'intervention des évêques et l'adoption réussie du projet de loi par le Parlement, le magazine nationaliste hindou Organiser a publié un article en ligne exhortant le gouvernement à se concentrer ensuite sur les terres appartenant à l'Église catholique.

    Le Telegraph a déclaré que l’article « semblait établir l’ordre du jour d’une action similaire visant l’Église catholique ».

    L'organisateur a retiré l'article suite à une réaction négative.

    Il y a environ 77 000 catholiques dans l'archidiocèse de Delhi, sur une population totale de près de 30 millions d'habitants.

    La cathédrale du Sacré-Cœur occupe un emplacement privilégié à New Delhi, siège du gouvernement indien. Le Premier ministre indien Narendra Modi, membre du BJP, s'y est rendu à Pâques 2023. Il a également assisté à une célébration de Noël 2024 au siège de la Conférence des évêques catholiques d'Inde, également à New Delhi.

    Le groupe de défense Open Doors a classé l'Inde comme le 11e pire pays au monde où être chrétien dans sa World Watch List 2025 des nations où les chrétiens sont confrontés à des niveaux élevés de persécution.

  • La mort de Mario Vargas Llosa, un Prix Nobel de Littérature à contre-courant

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    De Stefano Magni sur la NBQ :

    DÉCÈS DU LAURÉAT DU PRIX NOBEL

    Mario Vargas Llosa, l'écrivain que l'on n'attend pas

    Mario Vargas Llosa, écrivain et prix Nobel de littérature en 2010, est décédé. Né en 1936, il était « l’intellectuel qu’on n’attend pas », anticommuniste et liberticide dans un continent de révolutionnaires.

    15_04_2025
    Mario Vargas Llosa s'adresse à une foule au Pérou en 1987 (La Presse)

    Le dimanche 13 avril, Mario Vargas Llosa, écrivain lauréat du prix Nobel de littérature en 2010, est décédé à Lima, capitale du Pérou. Né en 1936, il était « l’intellectuel qu’on n’attend pas » dans un continent comme l’Amérique latine qui, au XXe siècle, n’a produit que des penseurs révolutionnaires, collectivistes et communistes. Pour Vargas Llosa, le paradis sur terre était la voie principale vers l'enfer et, après un engouement initial pour les idées marxistes, il les combattit constamment dans sa littérature et surtout dans son activité politique.

    Les critiques littéraires sont divisés sur quel est son chef-d'œuvre. Le roman le plus cité est La Guerre de la fin du monde , qui se déroule pendant le petit conflit interne peu connu au Brésil, qui s'est déroulé en 1896-97 contre une communauté religieuse qui rejetait l'autorité brésilienne. Dès son premier roman autobiographique, La Ville et les Chiens , il prend position contre les abus de pouvoir. En conflit avec son père, qui l'envoya étudier dans un collège militaire, il développa ses idées de rébellion, embrassant d'abord la cause révolutionnaire. Comme le montre son livre de jeunesse le plus politique, Conversations dans la Cathédrale (la Cathédrale est le nom du bar où se réunissent les personnages du roman), une réflexion sur le Pérou sous la dictature. Et toujours sur la dictature, la révolution et ses conséquences est le plus récent La festa del caprone , sur la fin de la dictature du général Trujillo en République dominicaine.

    Il changea rapidement d'avis sur la révolution , surtout après la répression de Fidel Castro. En 1966, il rencontre le dictateur et après une très longue conversation en tête-à-tête, il admet ses abus de pouvoir et sa violence contre ses opposants. Vargas Llosa a également personnellement rompu son amitié avec Gabriel Garcia Marquez, un intellectuel resté fidèle à la cause castriste. Les deux hommes se sont battus physiquement, ils n'ont jamais expliqué les raisons de la bagarre, mais la politique les a certainement divisés pendant des décennies. Intellectuellement parlant, il abandonne le philosophe existentialiste français Jean Paul Sartre : « J'ai changé d'avis sur Sartre qui était l'un des penseurs que j'admirais le plus quand j'étais jeune. Il était en quelque sorte mon mentor. Cependant, il y a quelque chose chez Sartre, dans son idée de l'engagement, avec lequel je ne suis pas d'accord.

    En mars 2007, avant de remporter le prix Nobel de littérature , invité à Milan par l’Institut Bruno Leoni, il explique sa désillusion face au « paradis sur terre » promis par les révolutionnaires : « Le problème, c’est quand on veut créer des utopies collectives, quand on entend construire une société parfaite pour tous. C’est impossible, car chaque être humain est différent des autres. Ce qui peut faire rêver une personne peut dégoûter une autre. Tout au long de l’histoire, de nombreux partis ont tenté de créer des utopies collectivistes. Pour tous, le résultat a toujours été la violence la plus atroce, l'extermination, la discrimination. » Ce n'était pas seulement de la désillusion, Vargas Llosa n'a jamais cessé d'espérer. Mais l'espoir réside dans une vie personnelle épanouie, et non dans la création de modèles collectifs auxquels chacun doit nécessairement s'adapter.

    Mario Vargas Llosa a toujours nagé à contre-courant , même dans les moments les plus difficiles. En 1988, il entre en politique et deux ans plus tard, avec sa propre liste libérale, il défie le populiste Alberto Fujimori. Après avoir perdu les élections, le Pérou perdit aussi rapidement sa démocratie : en 1992, par un coup d'État, Fujimori devint dictateur et Vargas Llosa s'exila en Espagne, prenant la nationalité espagnole l'année suivante.

    Luttant toujours pour la liberté contre toutes les formes de tyrannie , il a défié l'opinion publique intellectuelle avec des batailles à contre-courant. Il s’est par exemple opposé aux restrictions sévères imposées par les gouvernements européens et sud-américains pendant la pandémie de Covid. Dans son manifeste Comment éviter que la pandémie ne devienne un prétexte à l’autoritarisme , il a déclaré, entre autres : « Certains gouvernements ont identifié une opportunité de s’arroger un pouvoir disproportionné. Ils ont suspendu l’État de droit et même la démocratie représentative et le pouvoir judiciaire. Dans les dictatures du Venezuela, de Cuba et du Nicaragua, la pandémie sert de prétexte pour accroître la persécution et l’oppression politiques. En Espagne et en Argentine, des dirigeants aux préjugés idéologiques marqués tentent d'exploiter la situation difficile pour s'emparer de prérogatives politiques et économiques que, dans un autre contexte, les citoyens leur refuseraient catégoriquement. De manière générale, « nous tenons à affirmer avec force que cette crise ne doit pas être résolue au détriment des droits et des libertés si coûteux à obtenir. Nous rejetons le faux dilemme selon lequel ces circonstances nous obligent à choisir entre l'autoritarisme et l'insécurité, entre l'ogre philanthropique et la mort. »

    Ces dernières années, il avait également lutté contre la vague d'hystérie moraliste woke, contre la réécriture de l'histoire et de la littérature (« Si nous commencions à juger la littérature en termes de morale et d'éthique, elle serait non seulement décimée, mais disparaîtrait ») contre ce politiquement correct qu'il définissait comme « l'ennemi de la liberté que nous devons combattre car c'est une déformation de la vérité ».

  • L'Église catholique d'Angleterre sonne la charge contre la loi pro-euthanasie

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    De Patricia Gooding Williams sur la NBQ :

    L'Église anglaise sonne la charge contre la loi pro-euthanasie

    Alors que le processus d'approbation de la loi visant à introduire la « mort assistée » se déroule à pas forcés au Parlement, le cardinal Nichols lance un appel à tous les catholiques pour qu'ils fassent pression sur les parlementaires. Pendant ce temps, même au sein du Parti travailliste, des doutes émergent quant à un texte excessivement permissif.

    11_04_2025

    Tous les catholiques du Royaume-Uni devraient s’opposer à ce « projet de loi profondément imparfait, aux conséquences imprévues incalculables » et faire pression sur « leurs députés pour qu’ils votent contre le projet de loi sur les adultes en fin de vie ». C'est l'appel du cardinal Vincent Nichols ( photo ), archevêque de Westminster, signé par tous les évêques d'Angleterre et du Pays de Galles, contenu dans une lettre pastorale qu'il a écrite le 1er avril et lue dans chaque paroisse catholique du Royaume-Uni le week-end dernier, les 5 et 6 avril.

    Ce n’est pas la première fois que le cardinal exhorte les catholiques à faire pression sur leurs parlementaires sur des questions ayant des implications éthiques. Mais l’importance particulière qu’il attache à la perspective de l’introduction du suicide assisté au Royaume-Uni est clairement démontrée par son appel aux 22 diocèses d’Angleterre et du Pays de Galles à adopter une position unie pour bloquer le projet de loi qui, selon lui, « risque d’entraîner un lent glissement pour tous les professionnels de la santé du devoir de guérir vers le devoir de tuer ».

    Dans cette deuxième lettre pastorale consacrée au projet de loi sur la « mort assistée », la cible principale est « le processus totalement erroné suivi jusqu’à présent au Parlement ». « Le projet de loi lui-même », écrit Nichols, « est long et complexe, et a été soumis aux législateurs quelques jours seulement avant leur vote, ce qui leur a laissé peu de temps pour le consulter ou y réfléchir. Le temps de débat a été minime. La commission qui a examiné le projet de loi n'a mis que trois jours à recueillir des preuves : toutes les voix n'ont pas été entendues, et la liste comprenait trop de partisans du projet de loi. En bref, ce n'est pas une façon de légiférer sur une question aussi importante et moralement complexe », a poursuivi le cardinal.

    Considérant que le projet de loi a été examiné pendant moins de cinq mois et qu'il comporte encore des questions fondamentales non résolues, les inquiétudes du cardinal sont plus que fondées.
    Lorsque le projet de loi a été présenté en octobre 2024, la représentante Kim Leadbeater a exhorté ses collègues à soutenir son projet d'introduire le « service » d'ici 2027. Mais elle a depuis été contrainte de revenir en arrière et de reporter sa mise en œuvre jusqu'en 2029 après que les fonctionnaires qui ont rédigé les amendements lui ont dit que le projet de loi était inapplicable dans plusieurs domaines clés. Il ne contient pas de détails sur le fonctionnement des services d’aide au suicide, les coûts pour le contribuable, son impact sur le reste du NHS et la manière dont le projet de loi pourrait être mis en œuvre pour protéger les personnes vulnérables.

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