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Le Pape « caresse » les Français amoureux de la Tradition
Avec sa lettre aux évêques français pour le centenaire des canonisations, Léon XIV place saint Jean Eudes, saint Jean-Marie Vianney et sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus comme le fondement de l'éveil missionnaire et de la renaissance des vocations, thèmes tabous dans le pontificat précédent.
2 juin 2025
Le catholicisme français connaît actuellement une vitalité inattendue, parfaitement captée par les données sur les baptêmes d'adultes à Pâques : en 2023, on en comptait 5 463, un an plus tard pas moins de 7 135 avec une augmentation de 30 %. Récemment, le cardinal néerlandais Willem Jacobus Eijk n'a pas hésité non plus à parler d'une « renaissance » de la foi en cours. Elle est principalement portée par les fidèles et les communautés de sensibilité traditionnelle, ceux que l’on qualifie de manière simpliste de « traditionalistes ».
Durant les années de François, cette situation fut vue avec suspicion et conduisit à placer des institutions religieuses sous administration spéciale ou à mettre à la retraite des évêques jugés trop favorables à ces réalités. Léon XIV, en revanche, semble vouloir adopter une approche différente à l’égard du noyau dur du catholicisme transalpin.
C'est ce que l'on peut comprendre à la lecture du ton et du contenu de la lettre envoyée hier aux évêques français à l'occasion du 100e anniversaire des canonisations de saint Jean Eudes, de saint Jean-Marie Vianney et de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus. Cette dernière, d'ailleurs, est une sainte très chère aux fidèles d'orientation traditionnelle qui n'oublient pas comment c'est le pape du serment antimoderniste saint Pie X qui l'a définie comme « la plus grande sainte des temps modernes ».
Léon XIV écrivit aux évêques pour exprimer son souhait que « ces célébrations ne se limitent pas à évoquer avec nostalgie un passé qui pourrait sembler révolu, mais qu'elles ravivent l'espérance et inspirent un nouvel élan missionnaire. Dieu peut, avec l'aide des saints qu'il vous a donnés et que vous célébrez, renouveler les merveilles qu'il a accomplies dans le passé. » Des mots qui dénotent l'équilibre de pensée et d'action du nouveau pape, non idéologiquement hostile à ceux que son prédécesseur qualifiait de « penseurs rétrogrades ».
Prévost écrit également que les trois saints pourront « parler à la conscience de nombreux jeunes de la beauté, de la grandeur et de la fécondité du sacerdoce, susciter un désir enthousiaste pour celui-ci et leur donner le courage de répondre généreusement à l'appel, alors que le manque de vocations se fait cruellement sentir dans vos diocèses et que les prêtres sont de plus en plus mis à l'épreuve ».
Des paroles qui ont été accueillies avec beaucoup d’enthousiasme par les communautés traditionnelles qui se remettaient des durs traitements du dernier pontificat. Ces dernières années, les instituts et les diocèses qui accueillent un nombre de vocations allant à contre-courant de la tendance du reste du pays ont souvent connu des visites apostoliques qui recommandaient même « un meilleur discernement et une certaine prudence dans l'entrée en formation ». Traduit : portes fermées aux séminaristes qui montraient une sensibilité liturgique et ecclésiale liée à la Tradition et qui étaient souvent les seuls dans plusieurs diocèses.
En vantant les mérites et non les défauts du sacerdoce, Léon XIV a caressé les soi-disant « traditionalistes » qui sont de plus en plus nombreux en France. Et c'est la deuxième fois, après la nomination de "leur" cardinal de référence, le Guinéen francophone Robert Sarah, comme son envoyé spécial pour les célébrations liturgiques au sanctuaire de Sainte-Anne-d'Auray à l'occasion du 400e anniversaire des apparitions de sainte Anne au paysan breton Yvon Nicolazic.
Place Saint-Pierre VIIe dimanche de Pâques - Dimanche 1er juin 2025
L’Évangile qui vient d’être proclamé nous montre Jésus qui, lors de la dernière Cène, prie pour nous (cf. Jn 17, 20) : le Verbe de Dieu fait homme, désormais proche de la fin de sa vie terrestre, pense à nous, ses frères, se faisant bénédiction, supplication et louange au Père, avec la force de l’Esprit Saint. Et nous aussi, alors que nous entrons, remplis d’émerveillement et de confiance, dans la prière de Jésus, nous sommes impliqués par son amour dans un grand projet qui concerne toute l’humanité.
Le Christ demande en effet que nous soyons tous « un » (v. 21). Il s’agit là du plus grand bien que l’on puisse désirer, car cette union universelle réalise entre les créatures la communion éternelle d’amour dans laquelle s’identifie Dieu lui-même, comme le Père qui donne la vie, le Fils qui la reçoit et l’Esprit qui la partage.
Le Seigneur ne veut pas que nous nous unissions pour former une masse indistincte, comme un bloc anonyme, mais il souhaite que nous soyons un : « Comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi » (v. 21). L’unité pour laquelle Jésus prie est donc une communion fondée sur l’amour même dont Dieu aime, d’où viennent la vie et le salut. En tant que telle, elle est avant tout un don que Jésus vient apporter. C’est en effet, du fond de son cœur d’homme que le Fils de Dieu s’adresse au Père en disant : « moi en eux, et toi en moi. Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un, afin que le monde sache que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé » (v. 23).
Écoutons avec admiration ces paroles : Jésus nous révèle que Dieu nous aime comme Il s’aime Lui-même. Le Père ne nous aime pas moins qu’Il n’aime son Fils unique, c’est-à-dire infiniment. Dieu n’aime pas moins, parce qu’Il aime d’abord, Il aime le premier ! Le Christ Lui-même en témoigne lorsqu’Il dit au Père : « Tu m’as aimé avant la fondation du monde » (v. 24). Et il en est ainsi : dans sa miséricorde, Dieu veut depuis toujours rassembler tous les hommes auprès de lui, et c’est sa vie, donnée pour nous dans le Christ, qui nous rend un, qui nous unit entre nous.
Très chers amis, nous avons reçu la vie avant même de la vouloir. Comme l’enseignait le pape François, « tous les hommes sont des enfants, mais aucun de nous n’a choisi de naître » (Angelus, 1er janvier 2025). Mais ce n’est pas tout. Dès notre naissance, nous avons eu besoin des autres pour vivre, seuls nous n’y serions pas y arriver : c’est quelqu’un d’autre qui nous a sauvés, en prenant soin de nous, de notre corps comme de notre esprit. Nous vivons donc tous grâce à une relation, c’est-à-dire à un lien libre et libérateur d’humanité et de soin mutuel.
Il est vrai que parfois cette humanité est trahie. Par exemple, chaque fois que l’on invoque la liberté non pour donner la vie, mais pour la retirer, non pour secourir, mais pour offenser. Cependant, même face au mal qui s’oppose et tue, Jésus continue de prier le Père pour nous, et sa prière agit comme un baume sur nos blessures, devenant pour tous une annonce de pardon et de réconciliation. Cette prière du Seigneur donne pleinement un sens aux moments lumineux de notre amour les uns pour les autres, en tant que parents, grands-parents, fils et filles. Et c’est cela que nous voulons annoncer au monde : nous sommes ici pour être “un” comme le Seigneur veut que nous soyons “un”, dans nos familles et là où nous vivons, travaillons et étudions : différents, mais un, nombreux, mais un, toujours, en toutes circonstances et à tous les âges de la vie.
Mes très chers amis, si nous nous aimons ainsi, sur le fondement du Christ, qui est « l’alpha et l’oméga », « le commencement et la fin » (cf. Ap 22, 13), nous serons un signe de paix pour tous, dans la société et dans le monde. Et n’oublions pas : c’est dans les familles que se construit l’avenir des peuples.
Au cours des dernières décennies, nous avons reçu un signe qui nous remplit de joie et qui nous fait réfléchir : je veux parler du fait que des couples mariés ont été proclamés bienheureux et saints, non pas séparément, mais ensemble, en tant que couples mariés. Je pense à Louis et Zélie Martin, les parents de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus ; et j’aime rappeler les bienheureux Luigi et Maria Beltrame Quattrocchi, dont la vie familiale s’est déroulée à Rome au siècle dernier. Et n’oublions pas la famille polonaise Ulma : parents et enfants unis dans l’amour et dans le martyre. Je disais que c’est un signe qui fait réfléchir. Oui : en désignant comme témoins exemplaires des époux, l’Église nous dit que le monde d’aujourd’hui a besoin de l’alliance conjugale pour connaître et accueillir l’amour de Dieu et surmonter, par sa force qui unifie et réconcilie, les forces qui désagrègent les relations et les sociétés.
C’est pourquoi, le cœur plein de reconnaissance et d’espérance, je vous dis, à vous les époux : le mariage n’est pas un idéal, mais la norme du véritable amour entre l’homme et la femme : un amour total, fidèle, fécond (cf. Saint Paul VI, Lettre encyclique Humanae vitae, 9). Tout en vous transformant en une seule chair, cet amour vous rend capables, à l’image de Dieu, de donner la vie.
C’est pourquoi je vous encourage à être, pour vos enfants, des exemples de cohérence, en vous comportant comme vous voulez qu’ils se comportent, en les éduquant à la liberté par l’obéissance, en recherchant toujours en eux le bien et les moyens de le faire grandir. Et vous, enfants, soyez reconnaissants envers vos parents : dire “merci” pour le don de la vie et pour tout ce qui nous est donné chaque jour avec elle, c’est la première manière d’honorer son père et sa mère (cf. Ex 20, 12). Enfin, à vous, chers grands-parents et personnes âgées, je recommande de veiller sur ceux que vous aimez, avec sagesse et compassion, avec l’humilité et la patience que les années enseignent.
Dans la famille, la foi se transmet avec la vie, de génération en génération : elle est partagée comme la nourriture sur la table et les affections du cœur. Cela en fait un lieu privilégié pour rencontrer Jésus, qui nous aime et veut notre bien, toujours.
Et j’aimerais ajouter une dernière chose. La prière du Fils de Dieu, qui nous donne l’espérance tout au long du chemin, nous rappelle aussi qu’un jour nous serons tous unum (cf. saint Augustin, Sermo super Ps. 127) : une seule chose dans l’unique Sauveur, étreints par l’amour éternel de Dieu. Non seulement nous, mais aussi nos pères et nos mères, nos grands-mères et nos grands-pères, nos frères, nos sœurs et nos enfants qui nous ont déjà précédés dans la lumière de sa Pâque éternelle, et que nous sentons présents ici, avec nous, en ce moment de fête.
Messe avec le rite de béatification de Christophora Klomfass et de 14 religieuses. En Pologne, 15 religieuses «témoins de la paix» tuées en 1945 béatifiées
Le préfet des Causes des saints a présidé la messe à Braniewo, dans l'archidiocèse de Warmie, pour l'élévation aux autels de sœur Christophora Klomfass et de ses quatorze compagnes, religieuses de la congrégation de Sainte-Catherine Vierge et Martyre. Elle sont été martyrisées en 1945 lors de l'invasion soviétique du pays. «Elles ont opposé à l'oppression la force de la faiblesse», a estimé le cardinal Marcello Semeraro, tournant ses yeux vers l’Ukraine voisine.
Sœur Christophora Klomfass et ses quatorze compagnes «réaffirment aujourd'hui par leur témoignage la valeur éternelle de Dieu et de la bonté, tandis que leurs meurtriers ne sont commémorés que pour l'horreur du mal qu'ils ont commis». Ainsi le cardinal Marcello Semeraro, préfet du dicastère des Causes des saints et représentant du Pape Léon XIV a résumé la vie et le martyre des quinze religieuses de la congrégation de Sainte-Catherine Vierge et Martyre qui ont été béatifiées ce samedi 31 mai, à Braniewo, dans l'archidiocèse de Warmie, dans l’ouest de la Pologne.
Le cardinal Stanisław Dziwisz, archevêque émérite de Cracovie, et l'archevêque métropolitain de Warmie, Mgr Józef Górzyński ont participé à la messe célébrée sur le parvis de la basilique Sainte-Catherine, entourés de nombreux fidèles. Il s'agit de la deuxième béatification dans le pays en quelques jours: le 24 mai, en effet, à Poznań, le père Stanisław Streich a été proclamé bienheureux.
Pardon et conversion
Présidant la célébration, le cardinal Marcello Semeraro a décrit les religieuses, martyres de l'invasion soviétique en 1945, comme des «voix de la conscience qui ne peuvent être réduites au silence» et des prophétesses «toujours actuelles de la paix sur la terre et d'une humanité réconciliée et unie». L'enseignement qu'elles ont délivré, a ajouté le cardinal italien, se résume en deux mots: «pardon et conversion. Elles nous invitent à pardonner, c'est-à-dire à éloigner de nous la tristesse du ressentiment et de la haine. Elles nous exhortent à nous convertir et à convertir: dans nos milieux de vie, en choisissant chaque jour la paix, la fraternité, le respect de la liberté d'autrui, la sérénité dans les relations humaines», a -t-il déclaré.
Victimes de violence et d'abus à cause de leur foi
Sœur Klomfass et ses compagnes ont souffert le martyre en raison de leur foi. La première à mourir fut Christophora elle-même, tuée le 21 janvier 1945, alors qu'elle n'avait pas encore 42 ans. Une semaine plus tard, le 27 janvier, les sœurs Sekundina Rautenberg et Adelgard Bönigk sont capturées par l'armée russe. Les chapelets qu'elles portent à la taille sont attachés à une voiture et elles sont traînées dans les rues de Rastenburg (aujourd'hui Kętrzyn), jusqu'à ce qu'elles meurent.
La violence, les mauvais traitements, les marches forcées et les blessures mortelles ont écourté la vie des autres religieuses: Mauritia Margenfeld a été capturée par l'Armée Rouge à Allestein, a été maltraitée à plusieurs reprises par les soldats, puis emmenée à marche forcée à Praschnitz (aujourd'hui Przasnysz), pour être forcée le lendemain à marcher jusqu'à Zichenau (aujourd'hui Ciechanów), à 27 km de là. De là, elle a été déportée à Toula où elle a soigné des patients atteints du typhus. Elle meurt des suites des mauvais traitements subis le 7 avril. La dernière à mourir dans l'ordre chronologique est Saveria Rohwedder, le 25 novembre, des suites des coups qui lui ont été infligés par un soldat russe qui s'est acharné sur elle simplement parce qu'elle portait un habit religieux. Alors qu'elle était impitoyablement battue, elle a dit à son bourreau: «Je te pardonne».
Une image des 15 nouvelles religieuses bienheureuses (Montage: Norbert Block/Fotos: Katharinenschwestern)
La persécution «subtile» des chrétiens aujourd'hui
80 ans plus tard, la persécution des chrétiens existe toujours et elle est réelle, bien que «plus subtile, parfois, effectuée avec les armes de la culture et des moyens de communication», a noté le préfet. Elle se manifeste comme «une action contradictoire, fausse et moqueuse qui inonde continuellement les foyers et les familles, les esprits et les consciences». Le véritable martyre quotidien, a souligné le cardinal Semeraro, est donc de «s'opposer aujourd'hui à cette culture, un engagement qui n'est pas sans conséquences pour tous ceux qui accomplissent un travail éducatif en pleine cohérence avec le message du Christ et pour la promotion d'une humanité authentique».
La force de la faiblesse surmonte les atrocités
Dans l'histoire des 15 nouvelles bienheureuses, le préfet du dicastère des Causes des saints identifie deux éléments significatifs: le premier est «l'atrocité» avec laquelle les soldats de l'Armée Rouge ont infligé des violences aux religieuses, les contraignant à une mort violente et féroce. «Une atrocité qui semblait dépasser toutes les limites, a souligné le cardinal, qui n'avait aucun scrupule à piétiner la dignité de l'être humain et ne respectait pas la dignité de ces femmes, ni leur statut de femmes consacrées». Le cardinal a également relevé «la force d'esprit et la persévérance de ces religieuses, qui ont su s'opposer à l'oppression avec la force de leur faiblesse», mettant en œuvre une véritable «pédagogie du martyre».
La charité comme accomplissement de la foi
Les nouvelles bienheureuses auraient pu fuir et se mettre à l’abri, mais elles ne l'ont pas fait, choisissant de rester proches des personnes qu'elles soignaient au quotidien, démontrant ainsi que «la charité, l'amour gratuit et la désintérêt de soi pour le Christ et les frères sont des valeurs fondamentales de la foi», a encore fait remarquer le cardinal Semeraro. «C'est un élan vers l'avenir, qui donne un sens au temps et l'oriente vers une rencontre; c'est vivre chaque circonstance avec la certitude de ne pas être seul, de pouvoir compter sur une présence qui est plus grande que tout et que tous».
Ainsi, «face à ceux qui semblaient alors les plus forts et qui, ivres de matérialisme, remplaçaient l'unique vrai Dieu par des idoles humaines fragiles et éphémères», les quinze religieuses ont démontré que «le bien triomphe toujours du mal» et que le message évangélique d'amour l'emporte sur «l'idéologie de la haine et de la violence».
L'invocation de la paix
Enfin, quelques jours après le 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, célébré le 8 mai, le préfet du dicastère des Causes des saints a souhaité que la béatification des religieuses puisse représenter «une invocation à la paix pour le monde entier, avec une pensée particulière pour la guerre qui se déroule» en Ukraine, non loin de la Pologne. «Plus jamais la guerre! -a conclu le cardinal, rappelant l'appel de Léon XIV dans son premier Regina Cæli du 11 mai- surtout lorsqu'elle frappe cruellement des innocents, souvent des enfants».
"Le mois de juin lui est consacré, mois pendant lequel a lieu la Fête du Sacré-Cœur qui est célébrée dans toute l'Église catholique romaine depuis 1856. Cette solennité est célébrée 19 jours après le dimanche de Pentecôte, soit un vendredi."
La Belgique fut consacrée au Sacré-Coeur en 1868.
Léon XIII introduisit cet Acte de Consécration du genre humain au Sacré-Coeur, qu'il était de coutume de réciter chaque premier vendredi du mois avant que le vent de l'aggiornamento post-conciliaire ne vienne balayer toutes ces dévotions "traditionnelles" :
« Martyrs du nouveau millénaire » examine le sort des chrétiens persécutés
30 mai 2025
Robert Royal discute de son nouveau livre « Les Martyrs du Nouveau Millénaire » lors de l'édition du 29 mai 2025 de « Le Monde avec Raymond Arroyo ». / Crédit : « Le Monde avec Raymond Arroyo »/Capture d'écran
30 mai 2025
La nature même du martyre chrétien a changé au XXIe siècle, selon Robert Royal, auteur du nouveau livre « Les Martyrs du nouveau millénaire ».
Interviewé dans l'émission « The World Over with Raymond Arroyo » jeudi, Royal a déclaré que depuis son dernier ouvrage sur le sujet, « Les martyrs catholiques du XXe siècle », il y a 25 ans, la plus grande menace pour les chrétiens dans le monde est passée du totalitarisme à « l'islam radical ».
« Il s'agit d'un point de vue qui vise véritablement à créer un califat mondial. C'est le terme qu'ils emploient », a-t-il déclaré. « Ces figures de l'islam radical envisagent l'établissement d'un empire ottoman, non seulement limité à la Turquie et à quelques pays du Moyen-Orient, mais à un empire islamique global. »
Il a poursuivi : « C'est un problème auquel l'Occident, en particulier, doit prendre conscience », a-t-il déclaré, car malgré la défaite de l'EI, « le phénomène n'a pas disparu. Il s'est propagé dans d'autres régions du monde et reviendra en force. »
Afrique
Royal a notamment pointé du doigt l’islamisme radical « dans toute l’Afrique centrale, dans toute l’Afrique subsaharienne ».
En discutant du sort des chrétiens nigérians, il a noté que depuis qu'il a terminé l'écriture de son nouveau livre en novembre dernier, il estime que depuis lors, « quelque chose de l'ordre de 2 000 à 3 000 chrétiens ont probablement été tués par l'islam radical ».
Le week-end dernier, une attaque menée par des bergers musulmans extrémistes au Nigeria a fait des dizaines de morts et entraîné l'enlèvement d'un prêtre catholique et de plusieurs religieuses. Des centaines d'éleveurs peuls djihadistes ont abattu près de 40 personnes, dont plus de la moitié étaient des chrétiens, dans plusieurs villages dimanche, selon un rapport de Truth Nigeria , une organisation humanitaire à but non lucratif qui s'efforce de documenter les luttes du Nigeria contre la corruption et la criminalité.
l'Amérique latine
« Étonnamment », a déclaré Royal, « les organisations qui suivent le martyre des prêtres en particulier affirment que le Mexique est aujourd'hui le pays le plus dangereux au monde pour un prêtre catholique. » Il a ajouté qu'aujourd'hui, la persécution des prêtres dans ce pays « est le résultat des cartels, des trafiquants d'êtres humains, des trafiquants de drogue, et quiconque s'oppose aux agissements de ces organisations criminelles se met en danger. »
Au Nicaragua, a-t-il ajouté, la persécution systématique contre les chrétiens découle également de la corruption de ceux qui aspirent au pouvoir.
« Il ne s'agit plus tant de marxisme que d'une famille qui veut contrôler un pays où l'Église est la seule opposition efficace à sa tyrannie », a observé Royal, faisant référence au gouvernement de Daniel Ortega et de son épouse, Rosario Murillo. « Ils ferment des chaînes de télévision et de radio, et ont expulsé des évêques et des prêtres. C'est une vieille stratégie, mais elle est désormais utilisée au profit d'une famille en particulier plutôt que d'une idéologie. »
« La situation en Chine est très décourageante, car notre propre Église a conclu un très mauvais marché avec un régime totalitaire », a-t-il déclaré, soulignant que si la persécution ouverte a diminué dans le pays, le Parti communiste chinois continue de restreindre l'Église. Dix évêques ont également été portés disparus, a-t-il ajouté.
« Nous savons que des images du président Xi sont présentes dans les églises. On tente de réécrire des passages des Évangiles pour les orienter vers le Parti communiste. Ils sont plus prudents quant à la création de martyrs, car, bien sûr, cela exacerbe la tension internationale envers la Chine », a-t-il déclaré. « Mais ils le font. »
« Nous avons maintenant un pape qui présidait le comité du Vatican chargé de nommer les évêques », a déclaré Royal, soulignant que le pape Léon XIV s'était lui-même rendu dans le pays. « Il sera très intéressant de voir s'il est capable de faire quelque chose. »
Le Vatican a renouvelé son accord avec la Chine sur la nomination des évêques catholiques pour quatre années supplémentaires en octobre 2024. Signé à l'origine en septembre 2018, l'accord provisoire avait déjà été renouvelé pour une période de deux ans en 2020, puis à nouveau en octobre 2022.
Les termes de l'accord n'ont pas été rendus publics, bien que le regretté pape François ait déclaré qu'il comprenait une commission conjointe entre le gouvernement chinois et le Vatican sur la nomination des évêques catholiques, supervisée par le secrétaire d'État du Vatican, le cardinal Pietro Parolin.
L'Occident
« Nous ne devrions pas nous considérer comme à l'abri des persécutions », a déclaré Royal à propos des chrétiens vivant dans les pays occidentaux. « Nous avons, bien sûr, des figures de l'islam radical en Europe, aux États-Unis, en Australie, dans tous les pays que nous considérons habituellement comme occidentaux. »
« La France à elle seule perd environ deux édifices religieux par mois », a-t-il déclaré. Il a également évoqué le cas de manifestants pro-vie emprisonnés au Royaume-Uni pour avoir prié devant des cliniques d'avortement.
Royal a également appelé à la vigilance aux États-Unis, alors que certains secteurs de la société américaine cherchent également à étiqueter les croyances chrétiennes traditionnelles comme des « discours de haine ».
Cardinal Eijk : L'Institut JPII et l'Académie pontificale pour la vie doivent être « clairs et sans ambiguïté »
« Nous devons transmettre la vérité sur le mariage et sur la vie sexuelle. C'est peut-être difficile, mais c'est possible. »
30 mai 2025
Le cardinal Willem Eijk d'Utrecht a la réputation, parmi ses frères cardinaux, d'être une voix claire et franche sur les questions de la vie et de la bioéthique.
Son franc-parler, typique d'un Néerlandais, lui a également valu des critiques, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'Église, aux Pays-Bas et à l'étranger.
Mais cela lui a également valu une réputation de clarté en période de confusion, en particulier dans un pays comme les Pays-Bas, qui a été le pionnier de la légalisation et de la pratique de l’euthanasie, de l’avortement, du mariage homosexuel et de l’activisme transgenre.
Le cardinal Eijk, qui se décrit lui-même comme un lecteur de Pillar — « dans le bon sens du terme », dit-il — a donné la conférence inaugurale de la troisième Conférence internationale de bioéthique , organisée par la Fondation Jérôme Lejeune à Rome, pour discuter de la science et de la bioéthique au service de la vérité.
Après son exposé, Eijk a parlé avec The Pillar du catholicisme et de la bioéthique, d'Evangelium vitae et de la mission de l'Académie pontificale pour la vie sous le pontificat de Léon XIV.
L'interview a été éditée pour des raisons de longueur et de clarté.
Cardinal Willem Eijk d'Utrecht. Crédit : Edgar Beltrán/Pillar Media.
Quel est selon vous le rôle et la nécessité de la bioéthique aujourd’hui, notamment d’un point de vue chrétien ?
Nous devons nous opposer à la culture actuelle, qui ne reconnaît pas la valeur intrinsèque de la vie humaine. Notre tâche est de transmettre la vérité sur Dieu, l'homme et le monde, ainsi que les vérités métaphysiques et la vérité sur les valeurs et les normes morales.
Et peut-être n'avons-nous pas connu beaucoup de succès dans le monde ces derniers temps. On constate l'augmentation du nombre d'avortements. Par exemple, aux États-Unis, l'année dernière, on a recensé près d'un million d'avortements. On constate également la décision du Parlement français, l'an dernier, d'inscrire dans la Constitution le droit de promouvoir l'avortement pour les femmes et, il y a quelques jours, de légaliser le suicide assisté. C'est un problème croissant.
Mais, malgré tout, nous ne devons pas baisser les bras, ni perdre courage. Ces dernières années, j'ai constaté aux Pays-Bas un nombre croissant de jeunes demandant à être admis dans l'Église. Moins qu'en France, mais c'est une tendance claire. Et ces jeunes découvrent le Christ et l'Évangile, ainsi que les enseignements moraux de l'Église, grâce à internet, TikTok et les réseaux sociaux. On ne s'y attendrait pas, mais c'est ainsi.
Et quand ils viennent voir un prêtre pour demander le baptême ou la confirmation, ils en savent déjà beaucoup sur la foi parce qu’ils lisent beaucoup sur le catholicisme sur Internet et les réseaux sociaux.
Ces jeunes sont enclins à accepter toute la doctrine de l'Église. Je pense donc qu'il y a un changement générationnel au sein de l'Église. Les choses vont changer et elles changent déjà.
Je constate également aux Pays-Bas une attitude moins négative envers l'Église et la foi qu'il y a quelques années. Il y a donc un changement, un changement positif. Je pense que nous devons continuer à transmettre la vérité aux croyants des jeunes générations. L'Église sera peut-être petite, mais le pape Benoît XVI a toujours parlé d'une minorité créative capable d'initier une nouvelle culture.
Vous venez de prendre la parole lors d'une conférence organisée par la Fondation Jérôme Lejeune. Quel est, selon vous, le plus grand héritage du Vénérable Jérôme Lejeune ?
Il était un fervent défenseur de la valeur intrinsèque de la vie humaine. Il était un généticien célèbre pour sa découverte de la trisomie 21 en 1958, mais il était catholique pratiquant. Et cela lui a coûté cher, car ce faisant, il a perdu le respect de ses collègues. Il est devenu un peu marginal, mais il n'a pas abandonné pour autant.
Il fut l'un des rares défenseurs de la valeur intrinsèque de la vie humaine dans les années 60, 70 et 80. Il fut également étroitement impliqué dans la fondation de l'Académie pontificale pour la vie.
Je l'ai rencontré une fois. À l'époque, j'étais en vacances en France, alors que j'étais séminariste, avec un ami. Nous sommes allés dans son laboratoire. Je lui ai parlé et il m'a dit : « Peut-être qu'un jour tu seras évêque, alors il faudra que tu proclames la vérité. » Il n'était donc pas seulement un scientifique, mais un prophète (rires). Il était très gentil avec nous ; il ne nous connaissait pas et nous n'étions que deux jeunes séminaristes. Mais on voyait vite qu'il était un chrétien convaincu à tous égards.
Vous avez mentionné dans votre discours que cette année marque le 30e anniversaire d' Evangelium vitae. Pensez-vous que l'Église aurait besoin d'une encyclique actualisée qui applique les principes d' Evangelium vitae aux nouvelles questions bioéthiques ?
Evangelium vitae reste très utile, même après 30 ans. Son diagnostic sur la culture de la mort est toujours d'actualité.
Mais il est vrai que de nouvelles techniques et problématiques ont été développées. Par exemple, Evangelium vitae n'aborde pas la question du genre, du choix de son identité de genre, de la nécessité de changer son sexe biologique autant que possible pour l'adapter à son identité de genre choisie. C'est un sujet qu'Evangelium vitae n'a pas abordé, car il n'était pas encore très répandu à l'époque. Pourtant, il existait bel et bien. Il y avait déjà des cliniques pour personnes transgenres aux Pays-Bas il y a 30 ans, mais ce n'était pas un sujet suffisamment répandu pour être abordé dans l'encyclique.
Bien sûr, le Dicastère de la Doctrine de la Foi a publié une déclaration sur les traitements transgenres, mais une nouvelle encyclique qui dirait quelque chose sur les nouvelles techniques qui n’étaient pas en vogue en 1995 serait plutôt bien.
Le cardinal Eijk lors de son discours. Crédit : Edgar Beltrán/Pillar Media.
Quel est, selon vous, le rôle approprié d’institutions telles que l’Institut Jean-Paul II et l’Académie pontificale pour la vie dans les discussions académiques sur la bioéthique et la défense de la vie durant ce pontificat ?
Il est très important que nous cherchions à rétablir l'unité dans l'Église. Cela doit passer par une proclamation de la foi claire et sans ambiguïté. Cela devrait également se faire dans le domaine de la morale et de l'éthique.
Il n'est peut-être pas facile d'observer la morale catholique. Certains peuvent avoir des difficultés avec elle, mais nous devons être clairs et sans ambiguïté sur les vérités fondamentales de notre foi.
Même dans ce domaine, les choses évoluent. Nous avons lancé nos cours de préparation au mariage dans le diocèse sous la forme d'une série de cinq soirées. Nous expliquons la théologie du corps. Nous parlons de la doctrine de l'Église sur la contraception et de la planification familiale naturelle. Et la réaction est généralement la suivante : « Oh, c'est magnifique. On n'avait jamais entendu ça. »
Et cela me fait comprendre très clairement que nous devons transmettre la vérité sur le mariage et la vie sexuelle. C'est peut-être difficile, mais c'est possible. Lors de notre dernier cours, nous avons accueilli 12 couples, soit 24 jeunes, qui ont entendu ce message et y sont ouverts.
J'ai également expliqué ce problème samedi dernier à des groupes de jeunes adultes du diocèse de Bois-le-Duc, et ils étaient tous très ouverts. Certains plus âgés étaient plus critiques, c'étaient les rebelles des années 60, 70 et 80, des gens de mon âge. Cela témoigne d'un changement générationnel.
Le pape Léon XIV a déclaré qu'il avait choisi ce nom en raison de son prédécesseur, Léon XIII, et de sa proposition d'une réponse nouvelle, mais fidèle, aux problèmes sociaux de son époque. Les questions bioéthiques constituent un enjeu social majeur de notre époque. Quels conseils donneriez-vous au pape Léon XIV pour y faire face ?
Je pense que ce que je viens de dire vaut également pour lui : nous devons être clairs dans notre enseignement, sans ambiguïté. Clairs et courageux dans notre enseignement de la vérité de la foi catholique, y compris la doctrine catholique sur les questions morales, qui est la question la plus controversée.
Si le pape proclame clairement et sans ambiguïté cette partie de la doctrine, cela aidera grandement les gens à redécouvrir la vérité. Et il faut les y aider. Face à l'ambiguïté, les gens commencent à se perdre et à douter. Mais si le pape et les évêques, ainsi que les prêtres bien sûr, sont clairs dans leur enseignement, cela aidera grandement les gens à redécouvrir la vérité du Christ, de l'Évangile, et la manière de le suivre.
Pourquoi ne pas abandonner ces problèmes ? Pourquoi continuer à espérer que la société puisse réellement changer ?
Quand je regarde les jeunes et la façon dont ils embrassent la foi de l’Église, cela me donne beaucoup de courage.
Bien sûr, l'Église sera minuscule. Elle sera très petite. Elle est déjà marginalisée. J'ai dû fermer de nombreuses églises, surtout dans les villages, par manque de fidèles actifs et de moyens financiers. Nous dépendons entièrement des contributions des fidèles.
Mais dans les villes, nous constatons que les paroisses prospèrent et que c'est là que se produisent la plupart des fruits de la conversion. Je pense donc qu'il faut continuer. Et nous ne devrions pas nous préoccuper du nombre de fidèles, mais de leur qualité.
On constate donc que le nombre de fidèles diminue aux Pays-Bas, mais que leur qualité augmente, même parmi les catholiques les plus âgés, car les générations plus âgées, restées fidèles à l'Église, vont encore à l'église le dimanche ; elles croient, prient et entretiennent une relation avec le Christ. Elles viennent pour prier. Elles sont donc plus ouvertes à tous les enseignements de l'Église.
Quand je suis devenu évêque, beaucoup de gens critiquaient mes sermons (rires). Maintenant, j'entends plus souvent des avis d'accord, même lorsque je prêche sur le ciel et l'enfer. Les gens sont donc plus ouverts à l'enseignement de la foi. Nous devons avoir le courage de proposer cette vérité aux gens afin qu'ils ne soient pas confus, mais qu'ils puissent accepter et connaître le Christ et l'Évangile.
Castel Gandolfo, surprise et émotion pour la visite du Pape Léon XIV : « Le Pape est de retour ».
Le Pontife rouvre symboliquement la résidence d'été historique des Papes avec une visite privée au Borgo Laudato Si'. Parmi la foule en fête, l'espoir d'un retour stable et le souvenir d'un lien indéfectible avec la ville des Castelli Romani.
Castel Gandolfo - «Le Pape est à Castel Gandolfo!» La nouvelle a commencé à se répandre vers onze heures du matin, rapidement, spontanément, pleine d’émotion. Et il n'a pas fallu longtemps pour que la place principale de la ville, Piazza della Libertà, se remplisse de résidents, de commerçants, de badauds et de touristes. Tout le monde le nez en l'air, devant le Palais Apostolique, dans l'espoir d'apercevoir ne serait-ce qu'un instant le visage souriant du pape Léon XIV.
Une visite privée, oui. Mais capable de réveiller l’âme la plus profonde de la ville, qui a toujours été étroitement liée à la présence des Papes. Le pape est arrivé à Castel Gandolfo avec la camionnette bleu foncé habituelle, visité le Village Laudato Si'— le projet ambitieux d’écologie intégrale souhaité par François en 2023 — et puis il s'est arrêté aux lieux symboliques des Villas Pontificales : le Jardin de la Vierge Marie, les Jardins du Belvédère, le Cryptoportique, jusqu'au Palais des Papes et l'historique Villa Barberini.
Le retour du pape dans les lieux chers à ses prédécesseurs
Pour les habitants de Castellana, c'était comme un retour aux sources. Un barman se souvient avec émotion de Paul VI, qui s'arrêtait ici chaque été et dont la mémoire est célébrée aujourd'hui. Un jeune homme au comptoir ne peut contenir son enthousiasme : « J'aurais aimé lui dire bonjour, mais le simple fait de savoir qu'il est là est une immense émotion. » Aldo, un habitant du Corso della Repubblica, est sorti se promener et a été submergé par l'émotion : « On aurait dit des vacances ». Naoual, un musulman, s'est également rendu sur la place. « Il est le Pape de tous », dit-il.
Le curé de la paroisse pontificale s'est fait l'écho des sentiments de la communauté : Don Tadeusz Rozmus : « Lorsque la nouvelle s'est répandue, une vague d'enthousiasme a explosé. Pour nous, ce sera un jour inoubliable..
Borgo Laudato Si' : un héritage écologique et social
La raison officielle de la visite était une inspection à la Village Laudato Si', centre international de formation sur l'écologie intégrale souhaité par le pape François. L'initiative, qui a transformé les anciennes zones agricoles et les jardins de la résidence en un laboratoire vivant de durabilité, vise à combiner l'environnement et la dignité humaine. Avec une attention particulière aux plus vulnérables : migrants, réfugiés, chômeurs, femmes victimes de violences, ex-détenus.
Pour accueillir Léon XIV, le Cardinal Fabio Baggio, directeur de projet et figure centrale dans la promotion de la « conversion écologique » prônée par le Laudato Si ' . Le pape s'est également attardé sur la Cryptoportique, où il a rappelé le geste héroïque de Pie XII, qui en 1944 a offert refuge à plus de 12.000 personnes lors du bombardement des Castelli Romani.
L’espoir d’un retour : « Nous voulons redevenir citoyens du Pape »
La visite, bien que brève et sans événements publics officiels, a un espoir a été ravivé : que Léon XIV choisisse Castel Gandolfo comme résidence d'été. Un geste qui marquerait un retour à tradition interrompue par le pape François, qui a décidé en 2016 de transformer le Palais en musée et a renoncé au séjour estival pour être cohérent avec son choix de sobriété.
« Nous l’attendons et espérons l’accueillir à nouveau bientôt », déclare le Le maire Alberto De Angelis. « Notre communauté veut continuer à être citoyenne du Pape ».
Un souhait partagé par beaucoup. Dans les rues parcourues par le fourgon papal, des centaines de personnes ont applaudi, salué, tenté de prendre un selfie. Le pape, assis à côté du chauffeur, a souri par la fenêtre, a répondu aux salutations et a serré quelques mains. Parmi eux, un marié très excité, attendant la cérémonie dans l'église de San Tommaso da Villanova : « Une bénédiction inattendue, juste le jour de mon mariage ».
En début d'après-midi, Léon XIV quitte Castel Gandolfo, sous les applaudissements. Mais pour les habitants de Castellana, cette brève visite est bien plus qu’un simple passage. C'est un signal. Peut-être le début d'un nouveau chapitre dans l'histoire d'amour entre le Pape et sa résidence de montagne.
Vatican, Sainte-Marthe c'est trop cher. Le pape Léon revient au palais apostolique
Les premiers pas de Léon XIV à la tête de l'Église répondent largement aux attentes des cardinaux qui l'ont élu. Les éminents cherchaient certes un bon pasteur, mais ils étaient encore plus confiants que le nouveau pontife pourrait rééquilibrer cette forme de gouvernement qui, sous le pontificat de Bergoglio, avait pris des tendances autoritaires et déstabilisé le clergé et les fidèles par de nombreuses actions considérées comme beaucoup trop audacieuses. Léon a d'abord rétabli - avec bienveillance mais fermeté - la dignité propre au Souverain Pontife par des gestes petits mais significatifs. Le nouveau pape accepte volontiers le baiser de la main comme une forme de respect et de révérence, mais malheur à celui qui lui demande un selfie, symbole d'une décadence pop à laquelle Bergoglio s'était largement habitué. Même son apparence extérieure est revenue à celle qui convient au successeur de Pierre, avec des vêtements plus appropriés et plus formels : le pape porte la robe de chœur (rochet et mozette rouge sur la soutane) lors des occasions formelles et porte tous les jours l'anneau du pêcheur qu'il a reçu dimanche dernier. De plus, depuis le soir de son élection, Léon XIV n'a pas dormi à Santa Marta, préférant séjourner temporairement dans l'appartement habitée par le cardinal au Palais du Saint Office.
Le pape a brisé les scellés de l'appartement pontifical au troisième étage du Palais apostolique pour visiter les pièces où tous ses prédécesseurs ont vécu de 1870 à 2013 et où il compte s'installer dès que les rénovations nécessaires auront été effectuées. Durant ses douze années à Santa Marta, François a tout d'abord provoqué plusieurs problèmes d'ordre public et de sécurité mais aussi économiques. Les fameux « cinquante mètres carrés » dans lesquels Bergoglio séjournait dans l'hôtel destiné aux cardinaux pendant le Conclave devinrent peu à peu de nombreuses pièces jusqu'à occuper tout le deuxième étage. Une cuisine, une salle de réception, une chapelle privée et plusieurs pièces pour les collaborateurs les plus proches ont été préparées ces dernières années, rendant les espaces de Santa Marta utilisés par le pontife beaucoup plus grands que l'appartement papal historique. Tout cela a impliqué de nombreux travaux mais surtout d'entretien, sans parler du doublement de la sécurité qui doit être garantie au Palais Apostolique, rendant nécessaire l'embauche de nouveaux agents de gendarmerie et l'enrôlement de gardes suisses beaucoup plus nombreux que par le passé. Les coûts de l'opération, qui n'ont rien de paupériste, ont augmenté au fil des ans, atteignant le chiffre hyperbolique de près de deux cent mille euros par mois pour la gestion de Santa Marta dans la dernière période du règne de François. Léon a donc décidé d'exercer sa fonction avec dignité et sagesse : il vivra là où les Papes ont toujours séjourné et Sainte-Marthe retrouvera son usage ordinaire.
En Caroline du Nord, il y a un évêque qui a peur du latin
Il n'y a pas que des restrictions sur l'ancien rite : l'évêque de Charlotte prépare aussi des directives sur le nouveau rite, déclarant la guerre aux bancs de communion, aux chasubles et à la langue latine, source de possibles « contagions » traditionnelles. Un document qui a été reporté pour l'instant, mais qui est révélateur d'une idéologie cléricale très répandue.
30/05/2025
Dans le diocèse de Charlotte, en Caroline du Nord, un nouveau chapitre de la guerre liturgique s’ouvre. Mais cette fois-ci, il ne s’agit pas d’une simple restriction supplémentaire à la liturgie traditionnelle, décrétée par l’évêque Michael Martin dans le sillage de Traditionis Custodes. La lutte s'étend également à la liturgie post-conciliaire, dont Mgr. Martin voudrait bannir toute « contamination » traditionnelle.
Sur le front du rite ancien, des mesures draconiennes sont véhiculées par la plus douce Complétez la mise en œuvre de Traditionis Custodes, qui donne son titre à la lettre de Mgr. Martin daté du 23 mai. Un choix linguistique judicieux, adopté également dans d'autres diocèses, à l'école du cardinal Roche : après tout, "mettre en œuvre Traditionis Custodes " fait moins peur que "supprimer le rite antique", même si l'objectif est le même. Installé il y a un an, l'évêque de Charlotte a avancé l'expiration de la prolongation accordée par Rome à son prédécesseur pour pouvoir continuer la célébration more antiquo dans les églises paroissiales (expire en octobre, comme le rapporte The Pillar ) et a ordonné qu'à partir du 8 juillet aucune d'entre elles ne pourra l'accueillir. A partir de cette date, les lieux où il sera possible de célébrer selon le Missel de 1962 passeront donc de quatre à un seul dans tout le diocèse : « La chapelle désignée à cet effet est située au 757 Oakridge Farm Hwy., Mooresville, Caroline du Nord 28115. Le nom de la chapelle reste à déterminer », peut-on lire dans le document. La chapelle sans nom semble être l'image la plus éloquente du traitement réservé dans l'Église aux fidèles du rite antique, qui depuis 2021 ne savent plus à quel saint se tourner.
Mais à Charlotte, la tradition doit aussi disparaître des messes dans le « nouveau » rite, selon des normes non encore promulguées mais exclusivement anticipées par Rorate Caeli. Des règles détaillées d’où émerge une peur presque maniaque que la mentalité traditionnelle abhorrée puisse réapparaître ne serait-ce qu’à travers un simple vêtement ou un candélabre. La publication du document a été temporairement reportée après que certains prêtres ont recommandé de reformuler au moins les points les plus extrêmes et ceux en conflit avec l'Instruction générale du Missel romain lui-même, mais il vaut la peine de relire le projet car il est révélateur d'une mentalité et d'une bataille idéologique que l'évêque semble déterminé à mener en avant. Tous sous la noble bannière de l'unité (confondue cependant avec l'uniformité, comme c'est le cas dans Traditionis Custodes)) qui ne peuvent être compromises par des « préférences personnelles ». Il est toutefois dommage que dans ce cas il ne s’agisse pas d’un caprice mais d’un rite séculaire et que Mgr Martin tolère de nombreuses autres « préférences personnelles », sans parler des excentricités. J'aime son idée de faire porter sa mitre épiscopale par une fille lors de la messe du 29 août 2024 à la Charlotte Catholic High School, peut-être pour tenter de rendre son homélie moins ennuyeuse. « Heureusement que l'évêque de Charlotte se préoccupe de la rectitude liturgique », commente sarcastiquement Rorate Caeli, en publiant la photo sur X.
Le premier ennemi de Mgr. Martin est le latin. Ce qui l'inquiète, c'est « l'usage fréquent et répandu de la langue latine dans nos liturgies paroissiales » et pour conjurer le danger, il s'aventure dans un funambulisme herméneutique pour neutraliser la recommandation de Vatican II de préserver la langue latine dans les rites latins, tout en permettant l'usage des langues nationales. Selon l'évêque, il faudrait cependant le conserver, oui, mais au grenier et il trouve même son utilisation par les prêtres « dérangeante », car elle ferait fuir les gens. Et qu’en est-il des croyants qui sont attirés par cela ? « Une minorité bruyante. » On se demande si le problème principal vient des fidèles qui ne comprennent pas le latin ou des évêques qui ne comprennent pas les fidèles.
Mais ce n’est pas la seule source de préoccupation, c’est même la source des inquiétudes de Mgr. Martin : « Quand le latin est utilisé dans nos paroisses, d'autres éléments du Missel de 1962 sont toujours entrelacés », apportant avec eux d'autres éléments qui pour lui sont inacceptables, et donc devraient être interdits ou découragés : les cierges et la croix sur l'autel (qui pour lui ne devraient être placés qu'à côté et à côté) ou la prière finale à Saint Michel Archange, ainsi que (mais c'était facilement deviné) l'autel orienté ad orientem. Précisons qu’aucun de ces aspects n’est interdit par aucune norme du Novus Ordo Missae mais seulement par la « tradiphobie » qui ressort de ce document qui heureusement n’a pas encore été promulgué.
Pour prévenir toute « infiltration » possible, on ose même réglementer le style des vêtements : sont fortement déconseillées les « chasubles avec une coupe communément appelée « violon » (c'est-à-dire les chasubles, qui n'ont d'ailleurs jamais été abolies par personne), car elles seraient « un signe clair que le célébrant préfère la vie liturgique (et peut-être théologique) de l'Église avant le Concile Vatican II ». Encore moins – horreur ! – si l’on ose réciter les prières classiques qui étaient autrefois prescrites lors de la mise en place des vêtements sacerdotaux. On soupçonne également de préconciliarisme, et donc d'interdiction, la cloche avec laquelle on signale aux fidèles le début de la célébration. « Un accueil verbal du lecteur (ou d’un autre ministre approprié) suivi de l’indication de l’hymne à chanter et d’une invitation à se lever est plus approprié et devrait être la norme dans toutes les messes ». Comme si dans la pratique liturgique actuelle, le rite n'était pas déjà enterré par trop de bavardages et d'admonitions...
Nous nous arrêtons ici car la quantité et la minutie des détails soulèvent le doute que ceux qui sont attachés aux formes extérieures ne sont pas les fidèles liés à l'ancien rite , mais plutôt les clercs qui s'y opposent. En même temps, nous devons reconnaître que leur aversion n’est pas une question de personnalisation, mais d’idéologie. Et d’un traumatisme qui n’a pas encore été surmonté par une certaine hiérarchie dont le cœur de métier semble être la haine de (son propre) passé plutôt que la proclamation du Christ, craignant de ne pas être suffisamment à la mode pour être acceptée par le monde. Une fracture au sein du monde catholique qui, après la pacification promue par Benoît XVI, a de nouveau explosé avec le motu proprio Traditionis Custodes, déclenchant « une nouvelle guerre contre la messe traditionnelle, source de divisions et d'amertume », comme l'a déclaré récemment l'archevêque de San Francisco, Mgr Salvatore Cordileone, dans une interview, espérant que l'élection de Léon XIV puisse relancer un travail de réparation et de réconciliation sur ce front également : « Il veut être un bâtisseur de ponts : cela a été très clair dès qu'il a posé le pied sur la loggia de la basilique Saint-Pierre. Je crois qu'il peut mettre fin aux guerres liturgiques. » A vrai dire, il y avait déjà beaucoup de ponts avant, mais les seuls destinés à ceux qui suivaient l'ancien rite ou à ceux qui souffraient du manque de sacralité du nouveau étaient des ponts-levis.
« Les chrétiens européens sont timides » estime le cardinal Sako
Le patriarche de l’Église catholique chaldéenne, le cardinal Louis Raphaël Sako est venu célébrer la messe annuelle de l’œuvre d’Orient, à Notre-Dame de Paris, le 25 mai. Il a salué la restauration de cette « perle française », tout en regrettant la déchristianisation de l’Europe.
Éminence, quel est pour vous le sens de cette journée et de la consécration d’une chapelle dédiée aux chrétiens d’Orient, à Notre-Dame ?
Cardinal Louis Raphaël Sako : Pour moi, cette cérémonie a été comme une Pâque : devant ces fidèles qui priaient de tout cœur, et qui s’unissaient à cette liturgie orientale, j’ai senti que l’Église était unie et ressuscitée. Nous avons célébré cette liturgie avec beaucoup de joie et beaucoup d’espoir.
Quelle est la particularité de l’Église chaldéenne, et quelle est sa situation aujourd’hui ?
Nous sommes l’une des plus anciennes Églises du monde. Notre Église a donné beaucoup de martyrs et en donne encore aujourd’hui. Nous avons une liturgie particulière et un patrimoine très riche. Aujourd’hui, en Irak, nous sommes en proie au sectarisme, à la violence et à la persécution. Nous avons eu beaucoup de difficultés avec Daesh. Un million de chrétiens ont quitté le pays, mais il y en a qui restent, entre 400 000 et 500 000 chrétiens sont encore là. Mais le mal n’a pas d’avenir. Le Salut semble loin, mais il viendra.
Quel rôle les chrétiens vivant en Irak ont-ils à jouer dans ce pays ?
Les chrétiens d’Irak sont des citoyens irakiens ! Avant l’arrivée des musulmans, au VIIe siècle, ils étaient majoritaires, et ils ont beaucoup donné à leur pays. Et, malgré toutes les épreuves que nous traversons, nous avons là-bas une vocation, nous sommes des missionnaires. Les musulmans attendent de nous un témoignage différent du leur. Les jeunes chrétiens irakiens sont d’ailleurs très engagés dans les paroisses et se mettent au service des autres.
Vous avez participé à l’élection du pape Léon XIV, qu’espérez-vous de ce nouveau pontificat ?
J’ai participé au conclave. J’étais à côté du cardinal Prevost lors des votes. Je lui ai parlé des Églises orientales, de leurs défis et de leurs difficultés. Je lui ai dit : « Il faut prendre cette cause à cœur, et manifester votre soutien et votre proximité. » Il a acquiescé et il a fait un bon discours quand il nous a accueillis à Rome, pour le Jubilé des Églises orientales.
Vous avez donc l’espoir qu’il prendra soin des chrétiens d’Orient ?
Bien sûr ! Il est père de tous. Il n’est pas le Pape seulement des catholiques romains, il est aussi le pape des Églises orientales.
Qu’attendez-vous des chrétiens français et européens, et de tous ceux qui se recueilleront dans cette chapelle dédiée aux chrétiens d’Orient ?
J’ai étudié ici en Europe [à Rome, N.D.L.R.] et j’y reviens régulièrement. Je trouve que les chrétiens en Europe sont timides : ils ont perdu le dynamisme de la mission chrétienne, du témoignage, de la Foi. Ce sont les chrétiens de l’Occident qui ont prêché l’Évangile en Afrique, en Asie… Où sont-ils aujourd’hui ? Autrefois, l’Orient était la racine du christianisme et l’Occident, avec ses missionnaires, en était le cœur. Aujourd’hui, tout est changé ! Il y a une grande indifférence et cela nous choque en Orient. Mais cela choque aussi les musulmans. Ils ont une religion différente, certes, mais ils ont une grande foi et ils y tiennent. Alors qu’ici, non…
Paradoxalement, ce sont peut-être les difficultés et les persécutions qui renforcent votre foi, en Orient ?
Ce qui nous donne la Foi, surtout, c’est Jésus-Christ. Tout est fondé sur le Christ. C’est cette relation d’amour qui nous donne la force de résister dans les épreuves. C’est le Christ, c’est tout.
Les chrétiens d’Orient parviennent donc à garder l’espérance ?
Oui, bien sûr. Puisqu’ils ont la Foi, ils ont l’espérance qui est ancrée dans la Foi. C’est ce rapport personnel à l’Église et au Christ qui change tout.
Un massacre au Nigeria fait suite au témoignage d'un évêque américain sur la persécution des chrétiens
28 mai 2025
(Image : Google Maps)
Salle de presse de Washington, DC, 28 mai 2025 /
Une attaque brutale menée dimanche par des bergers musulmans extrémistes au Nigeria a fait des dizaines de morts et entraîné l'enlèvement d'un prêtre catholique et de plusieurs religieuses.
Des centaines de bergers peuls djihadistes ont abattu près de 40 personnes, dont plus de la moitié étaient des chrétiens, dans plusieurs villages dimanche, selon un rapport de Truth Nigeria, une organisation humanitaire à but non lucratif qui cherche à documenter les luttes du Nigeria contre la corruption et la criminalité.
L'attaque a eu lieu trois jours après la fusillade contre le père Salomon Atongo, prêtre de la paroisse Saint-Jean Quasi à Jimba, et l'enlèvement de deux de ses compagnons. Atongo est actuellement soigné pour ses blessures.
Certaines des attaques de dimanche ont eu lieu à Aondona, la ville natale de l'évêque Wilfred Anagbe de Makurdi, et semblent être des représailles après qu'Anagbe, qui est un missionnaire clarétain, a témoigné lors d'une audience au Capitole à Washington, DC, en mars, que le gouvernement nigérian ne fait rien pour arrêter la persécution systémique et l'élimination des chrétiens.
La violence dans la région a augmenté depuis le témoignage d'Anagbe dans la capitale américaine, selon Douglas Burton, directeur de Truth Nigeria, qui est apparu sur « EWTN News Nightly » mardi pour discuter de la violence et des enlèvements en cours dans ce pays d'Afrique de l'Ouest.
« C'est une situation tragique, et l'histoire est en cours », a déclaré Burton au présentateur Erik Rosales à propos des attaques de dimanche dans l'État central de Benue. « Et ce qui s'est passé, c'est que des terroristes peuls ont attaqué le village natal [d'Anagbe]. »
Comme le rapporte le National Catholic Register, partenaire d'information de CNA, Anagbe a témoigné le 12 mars devant la sous-commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants des États-Unis pour l'Afrique : « L'expérience des chrétiens nigérians aujourd'hui peut se résumer à celle d'une Église sous le joug de l'extermination islamiste. Vivre là-bas est effrayant. »
Plus tard dans la journée, Anagbe a déclaré à « EWTN News Nightly » que « la persécution des chrétiens en général et des catholiques au Nigeria est l’œuvre d’un programme islamique visant à conquérir le territoire et à en faire un État islamique en Afrique de l’Ouest. »
Burton a estimé le nombre de morts à « jusqu'à 36 » dans le massacre de ce dimanche dans le village d'Anagbe, bien que Reuters ait rapporté que le bilan des morts était d'« au moins 42 personnes » au total dans les attaques dans les villages d'Ahume, Tyolaha et Tse-Ubiam ce jour-là.
Ancien fonctionnaire du Département d'État, Burton a déclaré ne pas avoir connaissance d'arrestations de la part du gouvernement nigérian en lien avec les attentats de dimanche. « Rien n'indique que ces attaques cesseront », a-t-il affirmé.
Ce n'est pas une surprise pour Burton, qui a expliqué plus loin sur « EWTN News Nightly » que l'armée nigériane « est vraiment surchargée », avec plus de la moitié de l'armée du pays concentrée dans la région nord-est du pays de 36 États, où sévit actuellement une « insurrection meurtrière ».
Il a également constaté des troubles dans l'extrême ouest du pays, en plus des États de la ceinture centrale, où se sont produites les attaques de dimanche. « L'armée nigériane a vraiment besoin de renforts et la police a besoin de davantage de recrutements », a déclaré Burton. « C'est la position que nous avons adoptée à Truth Nigeria. »
Le Nigéria est le plus grand pays du continent africain et le sixième plus grand pays du monde, avec une population d’environ 236 millions d’habitants.
Les meurtres dans le centre du Nigeria mettent en lumière les attaques continues contre les chrétiens
27 mai 2025
YAOUNDÉ, Cameroun – Un éminent prêtre nigérian a averti que si l’armée ne parvient pas à endiguer les massacres continus de chrétiens, une réponse armée pourrait devenir impérative.
Au moins 50 personnes ont été assassinées dimanche à Aondona, un village du centre du Nigeria.
« Ce ne sont pas seulement des chrétiens, mais des gens du village de l’évêque Wilfred Anagbe du diocèse de Makurdi », a déclaré le père Moses Aondover Iorapuu.
Iorapuu est vicaire général pastoral et directeur de la communication du diocèse. Il est également curé de la paroisse du Saint-Esprit à Makurdi.
Selon le père Humphrey Boyo, de la paroisse Saint-Patrick de Taraku, où se trouvent désormais de nombreux rescapés, l'Aondona a été attaquée dimanche soir. Pendant deux heures, plus de 150 bergers djihadistes peuls à moto ont ouvert le feu sans discernement sur les villageois.
« C’est au cours de cette attaque que de nombreuses personnes ont perdu la vie aux mains de ces hommes maléfiques », a-t-il déclaré à Crux .
Cet acte barbare a laissé de nombreux survivants dévastés, jeunes et vieux brutalement assassinés. Des femmes et des hommes ont été emmenés vers une destination inconnue par les Peuls, tandis que de nombreux enfants sont toujours portés disparus. Des efforts concertés sont déployés pour retrouver ceux qui sont encore dans la brousse », a déclaré Boyo.
Il a déclaré que des maisons avaient été rasées, des voitures et des motos incendiées et que le nombre de morts n'était pas encore totalement connu.
Il a qualifié les massacres de « guerre de religion pour conquérir le christianisme ».
« Ce djihad dure depuis longtemps », a-t-il noté.
L'Association chrétienne du Nigéria a condamné les meurtres dans un communiqué, affirmant qu'elle partageait le deuil des familles endeuillées dans une « période sombre et difficile ».
« Nous sommes profondément peinés et alarmés par la perte continue de vies innocentes et par le climat de peur grandissant. Ces événements tragiques soulignent l'urgence d'une action décisive et durable pour mettre fin à la violence », peut-on lire dans la déclaration. « La violence ne fait qu'attiser la haine et aggraver des blessures qui pourraient mettre des générations à cicatriser. »
Iorapuu a déclaré à Crux que le gouvernement fédéral peut être tenu responsable de la récente attaque – comme d’autres dans le passé – étant donné que l’attaque a eu lieu non loin d’un poste militaire.
« Tout le système est compromis, et l'armée ne fait pas exception. Des meurtres peuvent être commis là où se trouvent des installations militaires, sans que les victimes ne soient protégées et que les terroristes ne soient tenus responsables de leurs actes », a-t-il déclaré à Crux .
« C’est à ce point que l’on peut être sur le point de pointer du doigt le gouvernement fédéral », a-t-il ajouté.
Le gouverneur de l’État de Benue, le prêtre catholique Père Hyacinth Alia, a cependant condamné les attaques en les qualifiant d’« odieuses ».
La déclaration indique que « ces criminels barbares se faisant passer pour des bergers dont les actions révèlent un mépris flagrant pour la vie humaine et le caractère sacré de nos communautés ; leur lâcheté à attaquer des individus innocents, en particulier nos innocents indigènes, ne sera pas tolérée. »
Alors que les attaques contre les chrétiens au Nigeria sont monnaie courante, l'attaque du village d'Aondona revêt une signification particulière. Il s'agit du village de l'évêque Wilfred Anagbe du diocèse de Makurdi, qui a notamment témoigné devant le Congrès américain et le Parlement britannique au sujet des massacres de chrétiens au Nigeria, et plus particulièrement dans l'État de Benue.
« Ce [témoignage] a suscité des menaces de la part de certains groupes islamiques et du gouvernement », a déclaré Iorapuu.
« Il a fallu le soutien du gouvernement américain pour que l’évêque Anagbe puisse rentrer au Nigeria sans être détenu, mais nous soupçonnions qu’il y aurait des conséquences », a-t-il ajouté, insinuant que l’attaque contre ce village aurait pu être une façon de punir l’évêque pour avoir parlé.
Depuis 2009, le Nigeria est devenu un champ de bataille pour les chrétiens, lorsque Boko Haram a lancé sa campagne visant à établir un califat au Sahel. Dans un rapport de 2023 intitulé « Chrétiens martyrs au Nigeria », l'ONG d'inspiration catholique Intersociety, Société internationale pour les libertés civiles et l'État de droit, a indiqué qu'au moins 52 250 chrétiens nigérians avaient été brutalement assassinés par des militants islamistes en 14 ans.
Les récents meurtres ne font que consolider une tendance qui dure depuis des décennies. Face à l'inaction ou à la complicité des gouvernements, les appels se multiplient pour que les chrétiens commencent à se défendre.
Le dernier de ces appels vient d’Iorapuu, qui a déclaré que prendre les armes pourrait éventuellement devenir une option.
« Il viendra sûrement un moment où les chrétiens se révolteront, et cela conduira à une stratégie robuste pour défendre leur vie et leur foi si le gouvernement n'agit pas rapidement pour mettre fin à la persécution », a déclaré le prêtre à Crux .