Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Actualité - Page 5

  • Secouer la poussière de ses pieds... (15e dimanche du temps ordinaire)

    IMPRIMER

    Il est terriblement interpelant, cet Evangile (Marc, 6, 7-13) lu aujourd'hui dans les églises et qui proclame: "Si, dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez en secouant la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage."

    Comment ne pas y voir une parole d'une terrible actualité s'appliquant à nous de façon très directe. A partir du moment où la cité que nous habitons tourne explicitement le dos au message chrétien, que faut-il faire? Tout ne conspire-t-il pas aujourd'hui contre Dieu, contre la foi, contre l'Eglise? Jusque dans les mouvements de jeunesse autrefois catholiques et qui suppriment désormais toute référence à Dieu dans leurs chartes et dans leurs pratiques? Et qu'en est-il de nos universités "catholiques" et de nos écoles?

    Alors, faut-il secouer la poussière de ses pieds et déserter une société devenue sourde, aveugle et irresponsable, mais pour aller où et faire quoi? La question, avouons-le, nous nous la posons souvent sans savoir très bien comment y répondre.

    Il y a pourtant des précédents célèbres. Par exemple, celui de Benoît secouant la poussière de ses pieds et quittant une Rome décadente et dépravée pour se retirer dans la solitude et y fonder ce qui deviendra le germe de la chrétienté médiévale, largement tributaire du monachisme bénédictin. Mais, bien sûr, nous ne sommes pas tous des Benoît...

    Pourtant, ne devons-nous pas nous désolidariser sans ambiguïté de ce qui va dans un sens opposé à la logique évangélique et prendre position, sans équivoque? Evidemment, c'est dur et nous risquons d'être mal perçus, y compris par nos proches, et même par nos propres enfants et petits-enfants. Du coup, nous fermons les yeux et nous multiplions les compromissions, nous retranchant derrière des arguments faciles, du style: "on ne peut quand même pas se couper de tout le monde", ou encore "il faut bien vivre avec son temps, dans la société telle qu'elle est", ou encore "on ne va pas risquer d'isoler sa famille et de ne pas "socialiser" ses enfants"...

    Décidément, il est bien difficile d'être chrétien aujourd'hui et notre position est bien inconfortable alors que nous sommes progressivement acculés à l'exil au sein même de la cité que nous habitons. Mais quand même, "si, dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez en secouant la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage."

    YW (archive 2012)

  • La tradition, tout simplement

    IMPRIMER

    De Kennedy Hall sur Crisis Magazine :

    La simple tradition

    La tradition, avant d'être une théologie ou un mouvement, est un état d'esprit et une mémoire. Elle naît dans le cœur et s'imprime dans l'âme.

    Ce n'est un secret pour personne que les catholiques traditionnels sont confrontés à une bataille difficile, et ce depuis des décennies. Qu'il s'agisse de la stigmatisation négative dont les "tradi" font souvent l'objet au sein du catholicisme dominant ou des suppressions et renouvellements ondulants de la messe latine traditionnelle, il n'est pas facile d'être tradi. Les libéraux pensent que vous êtes archaïques et intolérants - ce que vous êtes probablement, car je sais que je le suis - et les conservateurs peuvent vous considérer comme un puriste qui laisse le parfait être l'ennemi du bien.

    Quoi qu'il en soit, et je suis sûr que si vous vous considérez comme un tradi, vous pourriez raconter une douzaine d'histoires ou plus, nous ne nous engagerions pas dans une vie parsemée de tant de difficultés et de batailles personnelles si ce n'était parce que cela vaut la peine de s'accrocher à la Tradition. 

    Cela dit, qu'est-ce que la Tradition ? Et que signifie être un tradi ? C.S. Lewis a cherché à unir les chrétiens de tous bords en Angleterre pendant la guerre, et c'est ainsi qu'il a parlé de Mere Christianity (le christianisme simple). Nous nous trouvons dans une sorte de guerre de cent ans contre la liturgie, alors peut-être devrions-nous considérer la simple tradition.

    Si je le voulais, je pourrais citer diverses ressources théologiques ou des auteurs traditionnels estimés. Mais je ne suis pas théologien et, pour un article comme celui-ci, la perspective de parcourir des manuels et des catéchismes me semble fastidieuse. Aussi, au lieu d'évaluer le sujet de manière académique, peut-être pourrais-je commencer par une anecdote.

    Ma mère est une immigrée italienne et j'ai été élevé en grande partie par le côté maternel de la famille. Enfant, j'ai vécu près de Lucques, en Toscane, et malgré mon nom de famille anglais, c'est le sang italien qui a toujours coulé le plus fort dans mon cœur. Je suis fier de mon héritage anglais et j'ai une profonde dévotion pour Saint Edmund Campion, mais mon éducation a été remplie d'heures passées dans la cuisine de Nonna et dans la cave à vin de Nonna. Tous les quatre ans, je me fais passer pour un supporter de football et je crie "Forza Azzurri" ; l'odeur des oignons et de l'ail sautés dans l'huile d'olive me fait vivre une expérience presque psychédélique. Je vis à la campagne et, aujourd'hui encore, si je sens dans le vent une odeur de culture qui me rappelle quelque chose que j'ai senti dans la campagne toscane, cela suffit à me faire fléchir les genoux de nostalgie et de désir pour l'ancienne odeur des contreforts de l'Apennin.

    Nonno appartenait à un monde qui n'existe plus, puisqu'il est né en 1930. Il était non seulement italien, mais aussi traditionnel au sens culturel du terme, puisqu'il a grandi en tant qu'ouvrier agricole travaillant pour la Contessa. Avec sa femme et ses enfants, il a apporté au Canada son amour du vin et son savoir-faire artisanal. Nous avons une photo de famille de Nonno et Nonna datant de 1968, prise après qu'il a produit son premier millésime sur le sol canadien. Nonna avait une coiffure en forme de ruche très 1960 et Nonno était habillé comme n'importe quel figurant que vous avez vu dans un film du Parrain. 

    Lire la suite

  • Deux points de vue sur le nouveau « document de travail » du Synode

    IMPRIMER

    Du Catholic Thing :

    Deux points de vue sur le nouveau « document de travail » du Synode

    Note : La semaine dernière, le Vatican a publié l’ Instrumentum laboris, le document de travail qui guidera la session d’octobre du Synode sur la synodalité cet automne. Deux de nos observateurs réguliers et les plus perspicaces du « processus synodal », le père Gerald Murray et Stephen White, ont écrit des commentaires assez approfondis sur un document difficile à saisir. Nous les présentons tous les deux aujourd’hui.

    Une révolution déguisée en fidélité plus profonde

    Père Gerald E. Murray

    L’Instrumentum laboris [ IL ] pour l’Assemblée synodale d’octobre 2024 est désormais publié. Le sujet de réflexion des délégués synodaux est « Comment être une Église synodale en mission ». La réponse donnée dans l’ IL est simple et claire : nous devons changer la manière dont l’Église est gouvernée. Les évêques et les prêtres doivent céder l’autorité aux laïcs, en particulier aux femmes. De nouveaux arrangements de partage du pouvoir doivent être mis en œuvre pour maintenir (enfin !) l’égalité baptismale des fidèles.

    Pour rassurer ceux qui pourraient être alarmés par cette perspective, l’ IL déclare d’emblée que « la synodalité n’entraîne en aucune façon la dévalorisation de l’autorité particulière et de la tâche spécifique que le Christ confie aux pasteurs » (¶ 8). Si seulement cela était vrai.

    En fait, la dévalorisation de l’autorité des pasteurs est introduite et vigoureusement défendue :

    La question « Comment  être  une Église synodale en mission ? » nous pousse à réfléchir concrètement sur les relations, les structures et les processus qui peuvent favoriser une vision renouvelée du ministère ordonné, en passant d’une manière pyramidale d’exercer l’autorité à une manière synodale. Dans le cadre de la promotion des charismes et des ministères baptismaux, on peut initier une réaffectation des tâches dont l’accomplissement ne requiert pas le sacrement de l’Ordre. Une répartition plus détaillée des responsabilités favorisera des processus de prise de décision et de prise de décision marqués par un style plus clairement synodal. (¶ 36.)

    La prise de décision fait partie de la gouvernance ordinaire des pasteurs de l'Église. C'est un aspect inhérent au ministère sacerdotal de ceux qui exercent une part du pouvoir du Christ, Prêtre, Prophète et Roi. Pourtant, l' IL affirme que la nouvelle approche synodale exige que cette autorité soit circonscrite :

    Il est difficile d’imaginer une manière plus efficace de promouvoir une Église synodale que la participation de tous aux processus de prise de décision. Cette participation se fait sur la base d’une responsabilité différenciée qui respecte chaque membre de la communauté et valorise leurs compétences et leurs dons respectifs en vue d’une décision partagée. (¶ 67)

    Les « décisions partagées » signifient que les évêques et les prêtres n’ont plus le droit de décider seuls. Cette diminution de leur autorité est justifiée comme un acte d’« obéissance à l’Esprit Saint » :

    On ne peut ignorer l'orientation qui se dégage du processus consultatif comme résultat d'un discernement approprié, surtout s'il est effectué par les organismes participatifs de l'Église locale. Le discernement ecclésial synodal n'a pas pour but de faire obéir les évêques à la voix du peuple, en subordonnant celui-ci à celui-ci, ni de leur offrir un moyen de rendre plus acceptables les décisions déjà prises, mais de les conduire à une décision partagée dans l'obéissance à l'Esprit Saint. (¶ 70, italiques ajoutés)

    Lire la suite

  • Des ferments d'espérance en Europe ?

    IMPRIMER

    De * sur First Things :

    L'ESPOIR AU-DELÀ DE LA POLITIQUE EN EUROPE

    11 juillet 2024

    L’actualité européenne est dominée par les élections britanniques et françaises, et par le chaos apparent que ces dernières semblent annoncer. Il serait facile de considérer le continent comme étant en train de mourir d’un ordre mondial désuet. Notre monde est un monde où le désespoir est très chic, où les prédictions d’une fin apocalyptique sont des appâts à clics efficaces et où les classes politiques en ligne des deux extrêmes sont heureuses de capitaliser sur la diffusion de ces récits dans lesquels elles ont un intérêt direct. Mais à peine rentré de près de trois semaines en Europe, je suis heureux de signaler qu’il existe d’autres histoires qui méritent réflexion. 

    Pendant mon séjour là-bas, j’ai pris la parole lors de quatre rassemblements d’églises, un en Allemagne et trois aux Pays-Bas. Le premier, pour l’organisation Evangelium21, s’est tenu à Hambourg. Plus de 1 200 personnes, dirigeants et laïcs, y ont assisté. La grande majorité d’entre eux avaient moins de trente ans. À cinquante-sept ans, je pense que j’étais probablement la personne la plus âgée du bâtiment. Aux Pays-Bas, j’ai pris la parole lors d’une conférence organisée par le séminaire Tyndale et réunissant plusieurs centaines de personnes, puis lors d’un rassemblement plus important parrainé par le groupe Bijbels Beraad. Finalement, j’ai accepté de prendre la parole lors d’un rassemblement de jeunes un jeudi soir pour donner deux conférences. Plus de six cents jeunes, âgés de seize à vingt-quatre ans, sont venus m’écouter parler des racines de l’anxiété moderne, puis de la théologie du culte public. C’était un soir d’école. 

    Partout où je suis allé, ma femme et moi avons eu des conversations remarquables avec des pasteurs et des jeunes. Les pasteurs ressentent la même pression en Europe que beaucoup ici : la nécessité de laisser les hommes politiques déterminer leurs priorités, qu’il s’agisse des demandes des internationalistes progressistes ou des nationalistes réactifs. Ils sont conscients de cette pression et comprennent le danger de ne dire la vérité de l’Évangile qu’à un seul camp du clivage politique. La troncature stratégique à court terme de l’Évangile est trop facilement le prélude à un christianisme à long terme qui n’est pas un christianisme. L’opportunisme politique, comme la pertinence culturelle, est une maîtresse capricieuse et impérieuse. Les pasteurs bien ancrés dans les vérités du credo de la foi le comprennent. 

    Quant aux jeunes, ma femme et moi avons eu de nombreuses conversations qui indiquaient un réel désir de trouver des racines dans la foi chrétienne historique. Beaucoup avaient été issus des Églises des Frères, enracinées dans l’anabaptisme. Ils étaient reconnaissants à juste titre de l’amour de Jésus et de l’attention pastorale que leurs Églises des Frères leur avaient témoignée, mais ils étaient conscients que dans un monde où la culture générale est de plus en plus indifférente, voire hostile à la foi, ils avaient besoin d’une nourriture plus solide : une doctrine cohérente exprimée dans un culte réfléchi et bien structuré qui s’appuie sur les ressources historiques et confessionnelles du christianisme traditionnel. Rien n’illustrait mieux cela que le rassemblement du jeudi soir : une masse de jeunes désireux de savoir comment le culte chrétien communautaire est le fondement théologique pour répondre aux défis anthropologiques fondamentaux de notre époque. C’est là, dans la liturgie, que Dieu nous appelle en sa présence, nous rappelle qui nous sommes et nous donne la grâce par la Parole et le sacrement de vivre en tant qu’êtres humains dans un monde qui a dégradé l’humanité au niveau d’appétits grossiers. 

    Que faut-il en déduire ? L’Europe n’est pas en train de vivre un retour majeur au christianisme culturel généralisé. Le point culminant de mes voyages personnels a été de passer quelques jours avec Päivi Räsänen, la députée finlandaise de haut rang dont les déboires en matière de liberté religieuse sont bien connus . Mais ce qui a frappé chez Mme Räsänen, c’est la joie qui a marqué sa vie. En effet, son discours à Bijbels Beraad portait autant sur l’évangile de Jésus-Christ que sur les difficultés auxquelles elle a été confrontée. Un contraste frappant avec les personnes professionnellement en colère qui peuplent tant le discours chrétien en ligne et qui pourtant n’ont probablement jamais été confrontées aux défis qu’elle a endurés. 

    Lire la suite

  • Beaucoup d'argent pour remettre en cause l'enseignement moral de l'Eglise

    IMPRIMER

    D' sur le Catholic World Report :

    Comment la Fondation Gill finance la remise en cause de l’enseignement moral de l’Église

    L’ambassadeur Scott Miller et son « mari » Tim Gill semblent désormais vouloir remettre directement en cause les enseignements catholiques en accordant d’importantes subventions au ministère New Ways.

    Sœur Jeannine Gramick, SL, cofondatrice du ministère New Ways, et ses collègues rencontrent le pape François le 17 octobre 2023. (Image : X/Twitter) ,
    L’Open Society Institute de George Soros est souvent accusé d’avoir financé des organisations qui se font appeler catholiques  comme Catholics United et Catholics in Alliance for the Common Good, aujourd’hui disparues  dans le but de marginaliser les enseignements catholiques sur des questions morales, notamment l’avortement et les questions LGBTQ. Mais une attaque plus ouverte et plus ciblée contre l’autorité enseignante de l’Église catholique vient maintenant d’un couple de milliardaires influents – Tim Gill et Scott Miller – qui s’efforcent de discréditer les enseignements de l’Église sur la morale sexuelle en attaquant directement le Magistère.

    Le président Joe Biden a tellement apprécié le financement accordé par ces deux philanthropes homosexuels aux initiatives LGBTQ qu’il a nommé Scott Miller, coprésident du conseil d’administration de la Gill Foundation , ambassadeur en Suisse. Dans son dernier formulaire 990 pour l’IRS, la Gill Foundation se décrit comme « une organisation qui s’adresse aux entreprises et aux fondations d’entreprise traditionnelles pour les aider à comprendre les questions LGBTQ ».

    Selon Jeff Walton, porte-parole de l’Institut sur la religion et la démocratie, le véritable objectif de la Fondation Gill est de « regarder la société et de voir où se trouve la résistance au programme qu’elle cherche à promouvoir et comment elle peut le mieux changer cela ».

    Axée sur le changement des cœurs et des esprits sur des questions telles que le « mariage homosexuel » et la défense des droits des transgenres, la Fondation Gill soutient depuis longtemps les organisations religieuses dans une tentative subversive d’influencer les opinions et de façonner les enseignements.

    Par le passé, les bénéficiaires comprenaient le diocèse épiscopal du Colorado et des organisations interconfessionnelles progressistes, dont Faithful America . En 2011 déjà, la Fondation Gill a donné 25 000 dollars pour soutenir Faithful America et Catholics United, qui ont tous deux lancé des attaques publiques contre les enseignements catholiques et ont encouragé l'action politique catholique pro-LGBTQ. 

    Lire la suite

  • En Occident, on tente d'exclure l'Église et les vérités sur la personne humaine

    IMPRIMER

    Du cardinal Dominik Duka* sur Il Foglio :

    Le courage dont l'Église a besoin

    Tout comme le silence et la complicité avec le régime communiste ont nui à mon pays et ont permis au gouvernement d'emprisonner plus facilement les dissidents, le silence de l'Église face aux violations des droits de l'homme commises par la Chine communiste nuit aux catholiques de Chine.

    9 juillet 2024

    De l'Ukraine à la Chine, il n'est plus temps pour la diplomatie vaticane de rester silencieuse face au totalitarisme. Une réaction nécessaire pour défendre les libertés fondamentales menacées, même en Occident.

    À la suite de la rencontre des représentants de l'Église et du gouvernement chinois à Rome le 21 mai, commémorant le centenaire du premier concile de l'Église catholique en Chine, il semble opportun de revoir l'histoire - et ses résultats - de la diplomatie papale, dont les origines remontent au moins au Ve siècle. Comme le précise notre catéchisme, l'Église témoigne à la fois de notre dignité commune et de la vocation de l'individu au sein de la communauté des hommes ; en même temps, elle nous instruit sur les besoins de justice, de liberté, de développement, de relations humaines et de paix. C'est dans le réseau complexe des relations sociales internationales que l'Église cherche à faire connaître les exigences de l'Évangile. Jésus-Christ n'est pas seulement le sauveur de l'individu, mais aussi le rédempteur des unités sociales individuelles et de la société dans son ensemble.  

    La papauté a pu utiliser un réseau de représentants auprès des églises et des États locaux, généralement par l'intermédiaire d'évêques ambassadeurs ou de légats pontificaux, dont la forme a été consolidée après les guerres napoléoniennes, avec le Congrès de Vienne (1814-1815). Aujourd'hui encore, la diplomatie papale revêt une importance fondamentale dans les efforts visant à réduire l'oppression, à prévenir la répression et la violence et à empêcher les conflits armés ou à y mettre fin. Même lorsque la guerre semble inévitable, la diplomatie papale n'a pas peur de s'exposer et de discerner les caractéristiques de la guerre juste et de la légitime défense. 

    Les dictatures totalitaires du XXe siècle ont mis en évidence non seulement le besoin, mais la nécessité de ce ministère ecclésiastique. En effet, un chapitre particulièrement héroïque de la diplomatie vaticane a été écrit par Achille Ratti et Eugenio Pacelli, devenus plus tard papes (respectivement Pie XI et Pie XII), dont l'expérience diplomatique et l'érudition ont porté des fruits inattendus et ont assuré à l'Église une mission qui non seulement lui a valu l'admiration, mais lui a aussi permis de s'épanouir à l'échelle mondiale. Leurs encycliques ultérieures ne peuvent être imaginées sans leur service diplomatique antérieur dans les nonciatures. Les difficultés rencontrées par l'Église pendant la Seconde Guerre mondiale, son soutien à la résistance en République tchèque, en Pologne et ailleurs, ainsi que sa contribution à l'édification d'un monde en paix méritent non seulement l'admiration, mais aussi la gratitude pour ces hommes d'Église courageux.

    La fin des années 1950 a toutefois été le théâtre d'une transformation du service diplomatique. Les principes de la lutte pour la liberté et la dignité humaine commencent à être mis de côté au profit d'une politique de détente principalement promue par la gauche et les États communistes. La diplomatie vaticane privilégie une forme de réalisme et de diplomatie "silencieuse" (connue sous le nom d'"Ostpolitik") qui s'apparente davantage à celle des États-nations, lesquels subordonnent parfois les valeurs de l'État de droit pour parvenir à leurs propres fins. La diplomatie du Vatican visait à conclure des accords bilatéraux pour préserver la vie des communautés locales, même en sacrifiant les souhaits et les attentes des églises locales. Dans sa tentative de "coopération" avec les régimes communistes, le Vatican a essayé d'adopter une méthode plus douce, cédant sur les questions des droits de l'homme et de la liberté religieuse. Des prélats comme le cardinal Jószef Mindszenty sont devenus la conscience de l'Église catholique, enfermés pour leur refus de tout compromis. Des dizaines d'évêques ont été détenus dans des prisons communistes en Europe, en Chine et au Viêt Nam. Certains d'entre eux, comme Ignatius Kung, ont passé des décennies en prison. Au cours de ces années, nous avons marché sur les traces d'évêques héroïques comme le Lituanien Theophilus Matulionis - des exemples qui nous ont montré que les idéaux ne doivent jamais s'agenouiller devant des réalités inacceptables. Bien avant lui, des évêques comme saint Jean Fisher, condamné plus tard au martyre par le roi Henri VIII, ont prié pour de tels "piliers forts et puissants", reconnaissant que même les apôtres "n'étaient que de l'argile molle et malléable jusqu'à ce qu'ils soient fortifiés par le feu de l'Esprit Saint".

    Un tel pilier a vu le jour. La diplomatie silencieuse a été habilement surmontée par le pape Jean-Paul II, qui a renforcé les réseaux d'information clandestins et dissidents afin d'élever sa voix et d'étendre sa portée. Il a insisté pour que l'Évangile de Jésus-Christ soit rendu public à chaque occasion. Contre les espoirs des communistes polonais, il a apporté la vérité à un peuple qui a répondu en scandant "nous voulons Dieu". Les idéaux et les principes de sa mission diplomatique étaient enracinés dans la révélation divine - la Bible - et la tradition de l'Église. Ils sont devenus une partie visible et indispensable de l'ensemble de son ministère papal. La lutte pour la dignité et les droits de la personne créée à l'image de Dieu, le bien fondamental de la famille et l'autonomie de la nation ont trouvé en lui un ardent défenseur.

    Aujourd'hui, l'Église est confrontée à différentes menaces et à différents défis. En Occident en général, et dans mon propre pays, on tente d'exclure l'Église - et les vérités sur la personne humaine - en les reléguant loin de la sphère publique. Dans certains pays occidentaux, les écoles et les enseignants sont menacés lorsqu'ils enseignent des vérités fondamentales, telles que la différence entre l'homme et la femme. Des hommes et des femmes sont "réduits au silence" par leurs concitoyens, certains étant même licenciés, pour avoir pris position en faveur du bien du mariage et de la valeur de toute vie humaine.

    En dehors de l'Occident, les menaces qui pèsent sur les libertés fondamentales sont encore plus graves. Si le Saint-Siège, au nom du réalisme, semble préférer l'échange de terres ukrainiennes contre la paix avec la Russie, cet accord non atteint vaut toujours mieux qu'un accord secret et conclu - comme celui avec le gouvernement chinois. Tout comme le silence et la complicité avec le régime communiste ont nui à mon pays et ont permis au gouvernement d'emprisonner plus facilement les dissidents, le silence de l'Église face aux violations des droits de l'homme commises par la Chine communiste nuit aux catholiques de Chine. Nina Shea, chercheuse à l'Institut Hudson, a montré comment huit évêques catholiques en Chine sont susceptibles d'être détenus pour une durée indéterminée et sans procès. Nous savons que le grand cardinal Joseph Zen a été arrêté et qu'il est désormais sous le contrôle et la surveillance de l'État. Jimmy Lai, converti au catholicisme et propriétaire d'un journal, est détenu à l'isolement à Hong Kong depuis plus de trois ans.

    Vaclav Havel, avec qui j'ai un jour partagé une cellule, a écrit que le seul moyen de lutter contre un régime totalitaire est que chacun d'entre nous ait le courage de choisir de vivre la vérité dans sa propre vie, quelles qu'en soient les conséquences. Aujourd'hui, nous sommes toujours confrontés à des dictatures et à des idéologies totalitaires. Une fois de plus, des individus courageux paient le prix pour s'y opposer. Revigorée par ces témoignages modernes, connus ou inconnus, la diplomatie vaticane doit se ressaisir et élever la voix pour les rejoindre dans la défense de la personne humaine et la défense de l'Évangile. Une fois de plus, l'heure est au courage. 

    *L'auteur est cardinal archevêque émérite de Prague. Théologien, il est entré dans l'Ordre des frères prêcheurs (dominicains) en 1969. Il a dirigé le diocèse de Bohême de 2010 à 2022. 

  • Don d’organes : une procédure qui soulève des questions éthiques et juridiques très importantes

    IMPRIMER

    Une synthèse de presse de gènéthique.org :

    Don d’organes : la définition de la mort remise en question ?

    11 juillet 2024

    Une procédure de prélèvement d’organes, la perfusion régionale normothermique (NRP) [1], qualifiée de « révolutionnaire » par le Dr. Marty Sellers, membre du Tennessee Donor Services, a engendré un débat éthique sur la définition de la mort (cf. La « ressuscitation partielle », un nouveau protocole de prélèvement d’organes). Même si, selon certains scientifiques, la NRP pourrait contribuer à améliorer la pénurie chronique d’organes, « cette procédure soulève des questions éthiques et juridiques très importantes », affirme Alexander Capron, bioéthicien et avocat à l’université de Californie du Sud. L’American Journal of Bioethics a consacré un article récent à cette controverse [2].

    Améliorer l’état des organes

    La méthode « permet de compenser le manque d’oxygène que subissent les organes pendant le processus de mort » en connectant une pompe externe spéciale au cœur du patient déclaré mort, ou sur une autre partie de son corps, afin de rétablir la circulation sanguine, et parfois même les battements du cœur. Cette technique permet de maintenir l’alimentation des organes en sang riche en oxygène.

    « Ainsi, lorsque nous les mettons sur de la glace pour les transporter vers le centre receveur, les organes sont plus sains et, par conséquent, lorsqu’ils arrivent chez le receveur, ils fonctionnent mieux, immédiatement et à long terme », explique le Dr Sellers.

    Le débat éthique sur la mort

    Une personne est déclarée morte soit quand elle est considérée en état de « mort cérébrale » lorsqu’elle a subi une lésion cérébrale « totale et irréversible », suite à un accident vasculaire cérébral (AVC) par exemple, soit quand les battements de son cœur et sa circulation ont cessé de façon permanente [3].

    Avant de mettre en place une NRP, le patient doit avoir cessé de respirer pendant 5 minutes consécutives. Afin d’empêcher que le flux sanguin alimente le cerveau, les médecins clampent les vaisseaux, y compris les artères cérébrales. L’oxygénation via la pompe externe est alors initiée, et le flux sanguin est rétabli soit vers les organes abdominaux (NRP-a), soit vers les organes thoraciques et abdominaux (NRP-TA) permettant le « battement spontané » du cœur. Or, la Uniform Determination of Death Act (UDDA) exige que les patients déclarés morts présentent un arrêt irréversible de la fonction cardio-pulmonaire ou une perte de la fonction cérébrale. En outre la Dead Donor Rule interdit le prélèvement d’organes nécessaires à la vie des patients jusqu’à leur décès.

    Certains affirment que la circulation du cerveau étant coupée il ne s’agit pas d’une vraie réanimation, mais « simplement » d’une perfusion. Or, cela voudrait alors dire que c’est l’acte de couper la circulation vers le cerveau qui est la cause du décès.

    Un autre problème soulevé concerne les relations avec la famille du donneur. En effet, les « détails techniques » du prélèvement d’organes ainsi réalisé ne sont pas partagés à la famille.

    Selon l’Association of Organ Procurement Organizations, environ la moitié des 56 organisations d’approvisionnement en organes des Etats-Unis ont déjà commencé à utiliser la NRP. D’autres prévoient de le faire bientôt.

    --------------

    [1] Pour normothermic regional perfusion en anglais

    [2] Magnus, D. (2024). Resuscitating the Dead: NRP and Language. The American Journal of Bioethics 24 (6), 1–3. https://doi.org/10.1080/15265161.2024.2350873

    [3] NDLR : La NRP peut être considérée dans ce deuxième cas, quand l’arrêt cardiaque survient suite à l’arrêt des traitements.

    Source : NPR, Rob Stein (08/07/2024)

  • Bloquez la date ! Grande conférence sur le DON D'ORGANES

    IMPRIMER

    unnamed (3).jpg

    Grande conférence de l'IEB

    15 octobre 2024 - Bruxelles

    Les nouvelles frontières du don d'organes :

    Entre altruisme et tentation utilitariste

    Rendez-vous le 15 octobre prochain à 20h00 à Bruxelles (centre-ville), pour la Grande conférence 2024 de l'Institut Européen de Bioéthique consacrée au don d'organes.

    Cette soirée sera l'occasion de réfléchir ensemble aux dernières évolutions scientifiques, politiques et éthiques concernant le don d'organes:

    • Comment garantir la dimension éminemment altruiste de ce geste?
    • Quel regard porter sur le principe du consentement présumé pour le don d'organes post mortem ?
    • Quels enjeux éthiques soulèvent les nouvelles techniques de transplantation?
    • Comment appréhender le don d'organes dans le contexte de l'euthanasie?

    Bloquez d'ores et déjà la date, et rendez-vous dans quelques semaines sur www.ieb-eib.org pour l'ouverture des inscriptions !

    Fondé en 2001 et basé à Bruxelles, l’Institut Européen de Bioéthique (IEB) est un centre d’étude en matière d’éthique biomédicale. Ses experts travaillent en étroite collaboration avec le milieu universitaire et les professionnels de la santé.

    Indépendant de toute structure institutionnelle, l’IEB cherche à informer, former et sensibiliser les citoyens, les professionnels de la santé ainsi que les décideurs politiques sur les enjeux bioéthiques, dans le souci d’une éthique basée sur la promotion de la personne humaine et de sa dignité. 

    Cette mission se révèle urgente dans un contexte sociétal où une culture utilitariste de l'individu tend à masquer l'interdépendance humaine et le besoin vital de relation à l'autre.

    L'IEB mène à bien ses missions uniquement grâce à votre soutien financier

    Si vous souhaitez pérenniser nos actions, faites un don dès aujourd'hui !

    Je souhaite pérenniser les actions de l'IEBQRcode

    Participation financière libre : scannez le QR-code avec votre application bancaire

  • Euthanasie et suicide assisté : quand se joue le sens de notre civilisation

    IMPRIMER

    Une synthèse de presse de gènéthique.org :

    Euthanasie et suicide assisté : « C’est le sens de notre civilisation qui se joue »

    7 juillet 2024

    Dans un entretien donné à Valeurs actuelles, François-Xavier Putallaz, docteur en philosophie, explique, au sujet du suicide assisté et de l’euthanasie, que « le drame actuel de la raison est que l’on se réfère uniquement à soi-même et à sa propre situation, au lieu d’accepter humblement d’être guidé par le phare de la vérité » (cf. Projet de loi français sur la fin de vie : un texte truffé de contre-vérités et déconnecté de la réalité).

    Contrer le relativisme

    « L’intelligence contemporaine (…) est affectée d’une pathologie de la “tache aveugle”, ce phénomène optique qui fait que, sans qu’on s’en rende compte, une partie de notre image du monde s’est éclipsée » explique-t-il. Cette maladie due au relativisme pousse à se référer à soi-même (cf. « Nous refusons l’idée de remettre en cause l’interdit fondamental de toute société qu’est l’interdit de tuer »). Or, quand il s’agit de l’éthique de la fin de vie, il faut également prendre acte de ce qui s’est fait depuis plus de 2 500 ans et de la différence entre le fait de tuer quelqu’un à sa demande et de l’accompagner vers la mort (cf. Serment d’Hippocrate : un cadre commun en voie de disparition ?).

    Cela ne signifie pas que l’émotion doive être mise entre parenthèses insiste François-Xavier Putallaz. Mais « face à une personne qui souffre, on ne répond pas avec des doctrines, des lois ou des recommandationsOn répond par une présence, par l’amour des proches et par des compétences médicales ou de soins » explique-t-il (cf. « Les pratiques euthanasiques rendent moribonds les soins palliatifs »). Ainsi, « quand on élabore des lois, comme l’Assemblée nationale s’y attelait début juin, ce n’est ni l’émotion, ni le cas particulier, ni l’exception qui doivent fixer la règle, mais la rationalité » plaide-t-il.

    Une « éthique bancale »

    Outre le relativisme, cette « éthique bancale » est également due au libéralisme philosophique qui influence les esprits. L’autonomie est érigée en absolu de telle sorte qu’« au lieu d’être le sanctuaire intérieur où les actes sont jugés à la lumière du bien et du mal, la conscience devient l’instance qui décide ce qui est le bien ou le mal » (cf. Fin de vie : « à vouloir légiférer de façon (pseudo) compassionnelle », on permet une « épouvantable aberration »).

    François-Xavier Putallaz reproche aussi le mésusage du langage (cf. Projet de loi sur la fin de vie : « une voie pavée de tromperies »). « D’ordinaire, un meurtre appartient à la même catégorie que l’euthanasie -que le code pénal suisse appelle d’ailleurs “meurtre sur la demande de la victime”-, et le suicide reste une mort violente » explique-t-il, soulignant que « dans une autre catégorie, on a l’accompagnement des personnes par les soins palliatifs, ou le retrait thérapeutique, qui implique un véritable accompagnement médical et des actes qui font que l’on meurt de la maladie ». Or, Emmanuel Macron a imposé le vocable d’« aide à mourir », estimant qu’accompagné par un médecin « l’acte d’euthanasie n’aurait plus rien à voir avec un meurtre ni avec le fait de provoquer la mort » et qu’« il deviendrait un acte fraternel » (cf. Euthanasie : la corruption des mots précèdera-t-elle la corruption des actes ?).

    De plus, « derrière ces volontés de changer la loi, n’y aurait-il pas un intérêt économique d’autant plus redoutable qu’il n’est pas formulé ? » interroge le philosophe. Tandis que les soins palliatifs coûtent cher, « une injection pour achever la vie est moins onéreuse ».

    Un impact sur les autres

    Alors que les débats se focalisent sur la volonté individuelle de la personne qui souhaiterait recourir à l’euthanasie ou au suicide assisté, François-Xavier Putallaz rappelle qu’il ne s’agit pas d’une « affaire privée » et que les premières personnes touchées sont les soignants (cf. Projet de loi sur la fin de vie : « le mépris affiché à l’égard de soignants désormais qualifiés de secouristes à l’envers »). « Pour beaucoup, les euthanasies et suicides assistés sont vécus comme des échecs : quelle violence de voir des personnes que l’on accompagne se donner la mort ! C’est donc une injustice à l’égard des soignants » interpelle-t-il (cf. 800.000 soignants s’opposent à l’euthanasie).

    Ces pratiques impactent aussi les proches et les malades eux-mêmes qui souffrent physiquement et psychologiquement. Souvent, ils se sentent « comme un fardeau pour leurs proches, car les soins coûtent cher » souligne le docteur en philosophie (cf. Fin de vie : attention au message envoyé aux personnes vulnérables ). « Légaliser l’euthanasie ou le suicide assisté, c’est les inciter à soulager leurs familles en abrégeant leur vie : c’est un “par ici la sortie” qui leur est suggéré » poursuit-il en évoquant également le risque de « l’effet Werther » (cf. Effet Werther : « En légalisant le suicide assisté et l’euthanasie, on banalise le suicide »).

    « C’est le sens de notre civilisation qui se joue » car « avec ces décisions, on ne touche pas au fonctionnement mais à la racine même de nos sociétés ».  « Quand on fait basculer la raison, on fait vaciller une civilisation » avertit François-Xavier Putallaz (cf. Fin de vie : ce projet « rompt une digue essentielle, un principe structurant de notre société voire de notre civilisation »).

    -------------------

    Source : Valeurs actuelles, Anne-Laure Debaecker (02/07/2024)

  • Les tortures infligées au Père Olszewski, prisonnier politique dans la Pologne de Tusk

    IMPRIMER

    De Wlodzimierz Redzioch sur la NBQ :

    Les tortures infligées au Père Olszewski, prisonnier politique dans la Pologne de Tusk

    Arrêté par des agents cagoulés, laissé pendant 60 heures sans manger, privé de la possibilité d'aller aux toilettes et réveillé à chaque heure de la nuit. Une procédure réservée aux pires criminels et ordonnée par le parquet national. Le récit des tortures subies par le père Michal Olszewski, prisonnier politique dans la Pologne du pro-européen Tusk.

    10_07_2024

    La Nuova Boussola, dans le silence des autres médias, suit depuis des mois le cas du Père Michal Olszewski (voir ici, ici et ici), déhonien polonais qui dirige la Fondation Prophète. Malgré sa réputation irréprochable, le père Michal est en prison depuis trois mois et demi, traité comme un grand criminel, alors qu'aucune charge précise n'a été retenue contre lui jusqu'à présent.

    Ces derniers jours, l'hebdomadaire conservateur polonais Sieci a publié un récit terrifiant des tortures subies par le prêtre au cours des 60 heures qui ont suivi son arrestation. Des méthodes indignes d'un État de droit, qui rappellent à de nombreux Polonais les heures les plus sombres de la persécution du clergé sous le régime communiste. Et tout cela se passe dans la Pologne du "pro-européen" Donald Tusk, qui rétablit, selon lui, l'État de droit.

    Il s'agit d'un récit fidèle des événements, écrit par les proches du prêtre, à qui, lors de leurs visites, le père Olszewski a raconté en détail ce qui lui est arrivé pendant sa détention. Il s'agit d'une description choquante du calvaire enduré par le père Michal, un traitement inhumain orchestré par le bureau du procureur national dirigé par le ministre de la justice Adam Bodnar et soigneusement dissimulé par l'agence de sécurité intérieure (ABW, acronyme polonais).

    Le père Olszewski se souvient du moment de son arrestation : il a été réveillé par un groupe de personnes cagoulées qui frappaient à la porte. Tout ce que les agents de l'ABW, instruits par le bureau du procureur, ont ensuite fait, c'est humilier le prêtre et lui briser le moral. Une femme officier était à la tête de ce harcèlement perfide. Pendant le transport vers Varsovie, le Père Michal a demandé à s'arrêter sur le parking où se trouvaient les toilettes, mais les fonctionnaires ont intentionnellement préféré s'arrêter dans une grande station-service. Le père Michal écrit : "Le convoi est entré dans la station Orlen toutes sirènes hurlantes [...]. J'ai été emmené menotté aux toilettes de la station et, après avoir quitté les toilettes, les agents d'ABW ont commandé des hot-dogs pour eux, tandis que je restais menotté au milieu du magasin de la station. Les gens prenaient des photos de moi et des agents cagoulés. Je leur ai également demandé d'acheter quelque chose à manger (12 heures s'étaient déjà écoulées depuis mon arrestation), mais ils m'ont répondu qu'ils "n'achetaient pas". J'ai eu mon premier repas après 60 heures, lorsque mon avocat m'a apporté un colis de mon frère au tribunal ! Je n'ai eu mon premier contact avec l'avocat que 20 heures après mon arrestation". Le père Olszewski a noté que les officiers étaient très heureux de voir que la nouvelle de son arrestation était largement diffusée dans les médias ; il s'est alors rendu compte qu'ils voulaient faire de son cas une grande opération médiatique.

    Lorsqu'il a été placé en cellule, les officiers lui ont dit qu'"à cette heure-ci, il n'y a ni eau ni dîner". Il a finalement supplié les officiers de lui donner de l'eau du robinet : ils lui ont apporté de l'eau du robinet dans la bouteille qui se trouvait dans la cellule. Le matin, lorsqu'il a demandé à être emmené aux toilettes, on lui a dit : "Pisse dans la bouteille".

    Ces paroles choquantes racontent le début d'un harcèlement continu et d'un comportement inhumain de la part des officiers. Le prêtre a été traité selon une procédure spéciale réservée aux criminels les plus dangereux, tels que les terroristes. Le père Michal explique : "Lorsque je suis retourné dans ma cellule, j'ai nettoyé la place du locataire précédent et je me suis couché, mort de fatigue. Mais un peu plus tard, la lumière s'est soudain allumée. J'ai alors découvert que j'étais sous 'surveillance spéciale'. Il y avait donc la caméra, les menottes, même pour la récréation, l'isolement des autres [...], le réveil avec la lumière toute la nuit, toutes les heures ! Cela s'est passé dans les deux premières semaines".

    Lire la suite

  • 11 juillet : fête de saint Benoît

    IMPRIMER

    250px-HeisterbachDialogusDetail.jpgLa fête de saint Benoît, célébrée le 11 juillet, est celle de la translation de ses reliques. Le corps de saint Benoît reposa d’abord au Mont Cassin qui, après le passage des Lombards, resta vide de moines. En 672, l’abbé de Fleury, Mummolus, envoya au Mont Cassin une troupe de moines, sous la conduite d’Aigulphe, pour récupérer les reliques de saint Benoît. Petronax ayant restauré le Mont Cassin, le pape Zacharie, en 750, demanda la restitution du corps de saint Benoît dont l’abbé de Fleury ne rendit qu’une part, entre 755 et 757.

    La fête de saint Benoît ne devrait pas être pour nous un simple fait d'une histoire fort ancienne, tant l’esprit de saint Benoît est toujours présent et à l'œuvre dans l'Eglise. La Règle qu'il nous a laissée et dont on a pu dire qu'elle nous donnait un reflet particulièrement pur de l'Evangile, comme le témoignage de sa vie sont pleinement actuels non seulement pour ses fils et ses filles, les moines et les moniales, mais aussi pour tous les fidèles. C'est, pour chacun d'entre nous une invitation à la prière, à la médiation des textes saints et à la charité fraternelle.

    Prologue de la règle de St Benoît

    «… Avant tout, demande à Dieu par une très instante prière qu'il mène à bonne fin tout bien que tu entreprends. Ainsi, celui qui a déjà daigné nous admettre au nombre de ses enfants n'aura pas sujet, un jour, de s'affliger de notre mauvaise conduite. Car, en tout temps, il faut avoir un tel soin d'employer à son service les biens qu'il a mis en nous, que non seulement il n'ait pas lieu, comme un père offensé, de priver ses fils de leur héritage, mais encore qu'il ne soit pas obligé, comme un maître redoutable et irrité de nos méfaits, de nous livrer à la punition éternelle, tels de très mauvais serviteurs qui n'auraient pas voulu le suivre pour entrer dans la gloire. Levons-nous donc enfin, l'Écriture nous y invite : l'heure est venue, dit-elle, de sortir de notre sommeil. Ouvrons les yeux à la lumière qui divinise. Ayons les oreilles attentives à l'avertissement que Dieu nous adresse chaque jour : Si vous entendez aujourd'hui sa voix, n'endurcissez pas vos cœurs, et ailleurs : Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux Églises. Et que dit-il ? Venez, mes fils, écoutez-moi, je vous enseignerai la crainte du Seigneur. Courez, pendant que vous avez la lumière de la vie, de peur que les ténèbres de la mort ne vous saisissent.

    Le Seigneur, cherchant son ouvrier dans la multitude du peuple à laquelle il fait entendre ces appels, dit encore : Quel est celui qui désire la vie et souhaite voir des jours heureux ? Que si, à cette demande, tu lui réponds : « C'est moi », Dieu te réplique: Si tu veux jouir de la vie véritable et éternelle, garde ta langue du mal et tes lèvres de toute parole trompeuse ; détourne-toi du mal et fais le bien; recherche la paix et poursuis-la. Et lorsque vous agirez de la sorte, mes yeux veilleront sur vous et mes oreilles seront attentives à vos prières, et avant méme que vous ne m'invoquiez, je vous dirai : Me voici. Quoi de plus doux, frères très chers, que cette voix du Seigneur qui nous invite ; Voyez comme le Seigneur lui-même, dans sa bonté, nous montre le chemin de la vie. Ceignons donc nos reins par la foi et la pratique des bonnes œuvres; sous la conduite de l'Évangile, avançons dans ses chemins, afin de mériter de voir un jour Celui qui nous a appelés dans son royaume. Si nous voulons habiter dans le tabernacle de ce royaume, sachons qu'on n'y parvient que si l'on y court par les bonnes actions.

    Comme il y a un zèle amer, mauvais, qui sépare de Dieu et conduit en enfer, de même il y a un bon zèle qui éloigne des vices, et conduit à Dieu et à la vie éternelle. C'est ce zèle que les moines doivent pratiquer avec une ardente charité, c'est-à-dire : Ils s'honoreront mutuellement de leurs prévenances. Ils supporteront très patiemment les infirmités d'autrui, tant celles du corps que celles de l'esprit. Ils s'obéiront à l'envi les uns aux autres. Nul ne recherchera ce qu'il juge utile pour soi, mais bien plutôt ce qui l'est pour autrui. Ils se rendront chastement les devoirs de la charité fraternelle. Ils auront pour Dieu une crainte inspirée par l'amour : ils auront pour leur abbé un amour humble et sincère. Ils ne préféreront absolument rien au Christ, qui veut nous conduire tous ensemble à la vie éternelle.

     Réf : Saint Benoît

    JPSC

  • Femmes et personnes LGBTQ+ : un document en préparation au Dicastère de la Doctrine de la Foi

    IMPRIMER

    Lu sur "La Presse Canadienne" :

    Le Vatican réfléchit à la place des femmes et des personnes LGBTQ+ dans l'Église

    Le bureau de doctrine du Vatican préparera un document sur les femmes occupant des postes de direction dans l’Église catholique, dans le cadre d’une nouvelle initiative visant à répondre aux demandes de longue date des femmes d’avoir davantage leur mot à dire dans la vie de l’Église.

    Le document sera rédigé par le Dicastère de la Doctrine de la Foi en tant que contribution au grand processus de réforme de l’Église du pape François, a annoncé mardi le Vatican. Le processus entre dans sa deuxième phase principale avec une réunion des évêques en octobre, connue sous le nom de synode.

    Le Vatican a annoncé les détails du document doctrinal, peu après sa conférence de presse sur les travaux préparatoires de la réunion d’octobre, ne laissant aucune chance aux journalistes de demander plus de détails à ce sujet.

    Le cardinal Mario Grech, qui organise le synode, n’a pas mentionné le document lorsqu’on l’a interrogé sur la question des femmes diacres, affirmant seulement que la question avait été soumise au bureau de la doctrine.

    Le document à paraître a plutôt été annoncé dans une liste de membres de 10 «groupes d’étude» qui examineront certaines des questions les plus épineuses et juridiquement complexes ayant surgi jusqu’à présent, notamment le rôle des femmes et des catholiques LGBTQ+ dans le processus de réforme de l'Église.

    Le pape François a convoqué le synode il y a plus de trois ans dans le cadre de ses efforts visant à faire de l’Église un lieu plus accueillant pour les groupes marginalisés, et où les gens ordinaires auraient davantage leur mot à dire. Le processus et les deux années de sondage auprès des catholiques de base qui l’ont précédé ont suscité à la fois l’espoir et la crainte qu’un réel changement soit en cours.

    Des progrès pour les femmes?

    Les femmes catholiques accomplissent un travail important pour l’Église dans les écoles et les hôpitaux. Elles tendent à prendre l’initiative de transmettre la foi aux générations futures. Mais elles se plaignent depuis longtemps de détenir un statut de seconde zone dans une institution qui réserve le sacerdoce aux hommes.

    Le pape François a réaffirmé l’interdiction pour les femmes de devenir prêtres, mais il a nommé plusieurs femmes à des postes haut placés au Vatican et a encouragé le débat sur d’autres moyens par lesquels les femmes peuvent être entendues. Cela inclut le processus synodal dans lequel les femmes ont eu le droit de voter sur des propositions spécifiques — un droit auparavant réservé aux hommes.

    De plus, au cours de son pontificat de 11 ans, il a répondu aux demandes de postes ministériels pour les femmes en nommant deux commissions chargées d’étudier si les femmes pouvaient être ordonnées diacres. Les diacres sont des ministres ordonnés, mais ne sont pas des prêtres, bien qu’elles puissent remplir bon nombre des mêmes fonctions: présider les mariages, les baptêmes et les funérailles, et prêcher. Ils ne peuvent cependant pas célébrer la messe.

    Les résultats des deux commissions n’ont jamais été publiés et dans une récente entrevue avec CBS «60 Minutes», le pape François a répondu «non» lorsqu’on lui a demandé si les femmes pourraient un jour être ordonnées diacres.

    Le bureau de doctrine, dirigé par le cardinal Victor Manuel Fernández, proche conseiller théologique du pape, préparera un «document approprié» sur «les questions théologiques et canoniques autour de formes ministérielles spécifiques» qui ont été soulevées lors de la première phase du processus synodal l’année dernière.

    «L’examen approfondi des questions en jeu, en particulier la question de la nécessaire participation des femmes à la vie et à la direction de l’Église, a été confié au Dicastère pour la doctrine de la foi», en dialogue avec le synode, dit-il.

    La question des personnes LGBTQ+ éludée

    Un autre «groupe d’étude» se penche sur des questions particulièrement controversées, notamment l’accueil des personnes LGBTQ+ dans l’église.

    Ces groupes d’étude travaillent avec les bureaux du Vatican et poursuivront leurs analyses au-delà de la réunion d’octobre, ce qui suggère que les résultats de cette année ne seront pas nécessairement complets.

    Après la session de 2023, les délégués du synode n’ont fait aucune mention de l’homosexualité dans leur texte de synthèse final, alors même que le document de travail qui l’introduisait avait spécifiquement noté les appels à un meilleur accueil des «catholiques LGBTQ+» et d’autres qui se sentent depuis longtemps exclus par l'Église.

    Le texte final dit simplement que les personnes qui se sentent marginalisées par l’Église, en raison de leur situation conjugale, de leur identité et de leur sexualité, «demandent à être écoutées et accompagnées, et que leur dignité soit défendue».

    Quelques semaines après la fin du synode, le pape François a approuvé unilatéralement l’autorisation des prêtres d’offrir des bénédictions aux couples de même sexe, répondant essentiellement à l’une des principales demandes des catholiques LBGTQ+.

    Lire également : Le pape François nomme un théologien moral controversé au groupe d'étude du Synode sur la synodalité