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Politique - Page 478

  • Le problème majeur que la COP21 a totalement occulté

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    De Christophe Geffroy sur le site de La Nef (n°277, janvier 2016) :

    Ce que la COP21 occulte

    En polarisant toute l’attention sur le climat et donc sur le problème des gaz à effet de serre, on occulte tout lien entre cette prolifération et nos systèmes économiques qui exigent croissance et consommation toujours en hausse pour fonctionner normalement.

    Le réchauffement climatique est un sujet qui déchaîne les passions, suscite paradoxalement des positions d’autant plus nettes et tranchées que les questions sont complexes et techniques, le plus souvent hors de portée du commun des mortels. Reconnaissons que lorsque l’on n’est pas un spécialiste et que l’on essaie d’examiner ce sujet sans a priori, il est extrêmement ardu de faire la part des choses entre des arguments contradictoires difficiles à vérifier soi-même. Et l’ahurissant battage médiatique qui nous a écrasés à propos de la COP21 – un « accord historique » auquel personne ne comprend rien et qui apparaît surtout comme une formidable opération de « com » politique – n’est pas de nature à aider à un juste discernement, tant on ne peut échapper à l’impression désagréable que l’on nous prend vraiment pour des imbéciles, avec un scénario catastrophe bien rôdé – c’est toujours la « dernière chance » – heureusement conclu par l’happy end espéré – ouf, la planète est sauvée !

    On nous prend pour des imbéciles, ou plutôt pour de petits enfants incapables de comprendre les enjeux, quand on joue sur le catastrophisme pour faire peur et remuer les foules. Quand on nous vend une contrainte apocalyptique – ne pas dépasser 2° C – comme une donnée scientifique absolue, alors qu’elle est le résultat de modélisations mathématiques dont tout scientifique sait qu’elles comprennent une part d’erreur et d’incertitude – et l’on ose nous affirmer très sérieusement que l’accord permettra même de ne pas dépasser 1,5° C ! Pourquoi ne pas expliquer simplement qu’il s’agit d’hypothèses vraisemblables ? Pense-t-on vraiment que les peuples ne sont pas capables de le comprendre ? C’est précisément en quittant le vrai terrain scientifique, qui ne peut qu’annoncer une tendance plus ou moins probable, que l’on donne l’impression de défendre une idéologie, favorisant ainsi d’inévitables contestations – de ceux que l’on a dénommés « climato-sceptiques » dont tous les arguments, au reste, ne sont pas sans intérêt.

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  • Nouvel attentat meurtrier contre des chrétiens en Syrie

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    Lu sur Radio Vatican :

    Les chrétiens de Syrie visés par un attentat à Kamichli

    Les Unités de protection du peuple (YPG) se sont révélées être un allié précieux de la coalition sous commandement américain en Syrie dans le combat contre l'État islamique. En octobre, l'YPG a rejoint la nouvelle alliance soutenue par les États-Unis, les Forces démocratiques de Syrie. Cette formation a lancé en décembre une offensive contre la province d'Hassaké dans le nord-est syrien chassant les djihadistes d'une ville proche de la frontière irakienne. De l'autre côté, en territoire irakien, les forces kurdes ont repris le contrôle de Sindjar. En représailles, l'EI a mené au cours des dernières semaines une série d'opérations dans les zones tenues par les peshmergas dont une qui a fait plusieurs dizaines de morts.

    Cette fois, le 30 décembre, l'attaque a essentiellement frappé des chrétiens. Ce lundi 4 janvier, dans un communiqué diffusé depuis Paris, le directeur générale de l’Œuvre d’Orient, Mgr Pascal Gollnisch, a déclaré que son organisation «est horrifiée par l’attentat perpétré dans la ville de Kamichli où près de vingt chrétiens ont trouvé la mort de manière ciblée et de nombreux autres blessés dans deux restaurants. Il est plus que jamais nécessaire de prendre les moyens pour arrêter les violences en Syrie et en Irak.»

    Voici par ailleurs le message du Patriarche syriaque catholique, S.B. Ignace Youssef III Younan :

    «À peine le Pape François venait de lancer son message de paix pour le Nouvel An, "Gagne sur l’indifférence et remporte la paix!", que la communauté chrétienne de Kamichli, l’une des deux villes importantes du Nord-Est de la Syrie, jusqu’ici relativement épargnée, a été le cible d’un massacre terroriste inouï. La nuit du mercredi 30 décembre, une vingtaine de personnes ont été tués et plus de quarante blessés, dont plusieurs dans un état très grave gisant toujours aux hôpitaux. La plupart des victimes étaient des jeunes voulant fêter le Nouvel An dans l’espérance et la joie. Ce fut un message très lugubre que des terroristes ont voulu adresser aux chrétiens de cette ville, en semant la mort et les larmes. Un message d’horreur à la communauté chrétienne de ce pays meurtri depuis cinq ans !

    Les funérailles des victimes eurent lieu dans un rite œcuménique auquel ont présidé deux archevêques de l’Église syriaque catholique, Mgr Elias Tabé et Mgr Behnan Hindo, un évêque de l’Église syriaque orthodoxe ainsi que des membres de clergé arménien catholique et orthodoxe. Un témoignage de communion que les chrétiens du Proche-Orient ne cessent de donner, en célébrant «l’œcuménisme du sang», comme l’a souvent répété le pape François.

    Opprimés avec le psalmiste, notre peuple crie vers le Seigneur Dieu, «Seigneur, pourquoi te tiens-tu éloigné ?», et appelé à revivre son espérance contre tout espoir humain, ne cesse de l’implorer : «... ne garde pas le silence... Mon Dieu lève-toi pour me rendre justice...» (Psaumes 10 et 35)»

    (CV avec Reuters et l'Œuvre d'Orient)

    Lire aussi : Chrétiens persécutés, jusqu'à quand l'Europe se contentera-t-elle de regarder ?

  • Chrétiens d'Orient, le courage et la foi

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    1786986-gf.jpgDes chrétiens martyrs en Orient

    Essai
    Chrétiens d’Orient. Le courage et la foi
    Jean Mohsen Fahmy
    Médiaspaul
    Montréal, 2015, 196 pages

    Compte-rendu de Louis Cornellier publié sur le site de "LeDevoir.com" :

    Les médias en parlent si peu qu’on finit par l’oublier, mais le fait demeure, rappelé ici par Jean Mohsen Fahmy : « Les adeptes de la religion la plus persécutée aujourd’hui dans le monde sont les chrétiens. » On estime, en effet, que ces derniers« subissent aujourd’hui 75 % de toutes les persécutions religieuses dans le monde ». En Corée du Nord, en Chine, au Vietnam, à Cuba, au Congo, en Inde, au Pakistan et en Malaisie, être chrétien vous expose à de mauvais traitements.

    Franco-Ontarien d’origine égyptienne, diplômé en littérature de l’Université du Caire, de l’Université de Montréal et de l’Université McGill, le romancier, essayiste et professeur Jean Mohsen Fahmy, dans Chrétiens d’Orient, se penche plus spécifiquement sur la difficile situation des chrétiens de l’Égypte, de l’Irak, du Liban, de la Syrie, de la Palestine et d’Israël, victimes, écrit-il, d’un « lent génocide silencieux », résultat de vagues d’émigration et de conversion engendrées par les persécutions qu’ils subissent.

    Il y avait 1,3 million de chrétiens en Irak du temps de Saddam Hussein. Aujourd’hui, terrorisés par al-Qaïda et le groupe État islamique, ils ne sont plus que 300 000. En Terre sainte (Palestine et Israël), il y a 40 ans, les chrétiens représentaient 20 % de la population. Aujourd’hui, ils ne comptent que pour moins de 2 %. En Égypte, les Coptes restent nombreux, malgré une forte émigration, mais ils sont en proie à d’incessantes exactions.

    Cri du coeur

    Le malheur des chrétiens d’Orient, déplore toutefois Fahmy, ne fait pas souvent les manchettes en Occident. Serait-ce, comme le suggère le philosophe Régis Debray, parce qu’ils sont « trop chrétiens pour intéresser la gauche, trop étrangers pour intéresser la droite » ? Fahmy, pour sa part, invite les chrétiens occidentaux à se préoccuper du sort de leurs coreligionnaires, qui sont à l’origine de leur foi, et ajoute, dans un cri du coeur, que tous les humains de bonne volonté doivent faire de même,« car, au-delà de la dimension religieuse, le sort des chrétiens d’Orient est manifestement une question de défense des droits humains [sic] ».

    Le portrait actuel de la situation est désespérant. Voir, en début de 2015, 21 Coptes se faire décapiter sur une plage libyenne par des assassins affiliés au groupe État islamique donnait froid dans le dos. Assister au sauve-qui-peut des chrétiens arméniens de la ville syrienne d’Alep, ville qui les avait accueillis 100 ans plus tôt alors qu’ils fuyaient la tentative de génocide orchestrée par les Ottomans, afflige.

    L’histoire des chrétiens d’Orient, Fahmy le montre bien, est jalonnée de persécutions. Dans cette région, les disciples du Christ, jusqu’au début du IVe siècle, ont subi les attaques de l’Empire romain. Après l’arrivée des armées musulmanes sur le territoire, au VIIe siècle, ils ont été sans cesse ostracisés et maltraités. Les violences dont ils sont actuellement les victimes rappellent ces sombres épisodes et menacent leur existence même.

    Islam moderne

    Le fatalisme, pourtant, ne doit pas s’imposer. La guerre civile n’est pas inscrite dans l’ADN de ces régions. « Partout en Orient, rappelle Fahmy, musulmans et chrétiens, pendant les soixante premières années du XXe siècle, s’allièrent pour construire ensemble une société moderne et pour dépasser les clivages d’antan. » L’affirmation, évidemment, doit être nuancée, quand on tient compte du génocide arménien en 1915-1916.

    Il reste, écrit Fahmy, que cette époque fut, en Égypte, « le véritable âge d’or de la coexistence des musulmans et des Coptes ». Cette détente est attribuable à la présence d’un courant moderniste dans l’islam, qui conteste l’interprétation littérale des textes sacrés et prône une alliance nationale entre musulmans et chrétiens contre l’occupant anglais. La Confrérie des Frères musulmans, fondée en 1928, s’opposera violemment à cette bonne entente, au nom d’un islam radical.

    La coexistence pacifique dans cette région n’aura pas duré longtemps, mais le fait qu’elle a déjà existé montre qu’elle n’est pas impossible, à condition que l’interprétation rétrograde de l’islam soit remplacée par une version moderne de cette religion. On veut croire Fahmy quand il écrit que « cette évolution est souhaitée par la grande majorité des gens d’Orient, chrétiens et musulmans confondus », et qu’elle« dépendra, dans une large mesure, d’un débat qui a cours au sein des populations musulmanes ». En attendant, nous avons, en Occident, le devoir moral de nous informer de la situation, d’aider matériellement ces chrétiens persécutés et de veiller à ce que nos gouvernants ne les abandonnent pas.

    Excellent résumé de la riche histoire des chrétiens d’Orient et plaidoyer très senti pour leur survie sur la terre d’origine du christianisme, l’essai de Jean Mohsen Fahmy, dont le seul petit défaut est de ne pas citer suffisamment ses sources, est un retentissant coup de semonce visant à briser notre indifférence envers des alliés en danger de mort.

  • Une approche géopolitique du Vatican

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    1507-1-51e77.jpgLu sur "le rouge et le noir" :

    La géopolitique du Vatican

    Historien et géopolitologue, Jean-Baptiste Noé est l’auteur de nombreux ouvrages sur l’histoire de l’Église. Il vient de faire paraître au Presses Universitaires de France une des premières géopolitiques du Vatican . Œuvre de catholique, son livre témoigne d’une grande érudition mais aussi d’une volonté de vulgarisation qui n’enlève rien, ni à la profondeur ni à la richesse des idées évoquées.

    Jean-Baptiste Noé revient avec une honnêteté intellectuelle certaine sur ce qui fonde la spécificité au travers des siècles de la géopolitique du Saint-Siège : sa capacité à être l’un des États les plus influents à l’échelle mondiale sans pour autant posséder les atouts traditionnels qui fondent la puissance de ses voisins.

    S’il revient abondamment sur l’histoire du Vatican et des évêques de Rome qui y ont séjourné, la réflexion générale de Jean-Baptiste Noé se place et se développe principalement sur une période historique qui s’étend de 1870 – date de la perte des États pontificaux – à nos jours. C’est donc une géopolitique contemporaine qui nous est présentée.

    Elle se déroule au travers de trois grands axes : « Les lieux du Vatican » qui présente au lecteur un ensemble de rappels historiques sur les lieux du plus petit État du monde et une analyse globale de ses relations géopolitiques au cours du XXe siècle ; « Les préoccupations du Vatican » où Jean-Baptiste Noé revient sur ce qui fonde l’essence de la géopolitique de cet État à la fois temporel et spirituel ; « Les idées du Vatican » enfin, où sont exposés les moyens mis en œuvre par le Saint-Siège – à la fois culturels, politiques et économiques –, pour assurer la bonne promotion de ses idées.

    Jean Baptise Noé, dont l’ouvrage a déjà été relayé par plusieurs médias, a bien voulu répondre à nos questions.

    Le R&N : Ce qui ressort à la lecture de votre livre est que le Vatican est l’un des États les plus influents à l’échelle mondiale et cela grâce à ses spécificités. En quelques mots, pourriez-vous nous rappeler quelles sont-elles ?

    Jean-Baptiste Noé : Les États de l’Église comptent parmi les plus anciens États au monde, puisqu’ils furent officiellement fondés en 752, grâce à une donation territoriale de Pépin le Bref. En 1870, le royaume de Piémont-Sardaigne envahit le Latium et Rome. C’est la debellatio, la perte de la souveraineté territoriale. C’est en 1929, avec les accords du Latran, que le Saint-Siège retrouve cette souveraineté, sur un territoire plus restreint : la cité du Vatican.Son influence repose sur trois critères essentiels : sa profondeur historique, la densité de son réseau d’information, son indépendance.

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  • La laïcité : un concept équivoque

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    La « libre-pensée » militante vient de lancer un buzz médiatique pour tester  la capacité de résistance du nouvel archevêque de Malines-Bruxelles, Mgr De Kesel, réputé introverti et plutôt timide.

    Lors d’une interview publiée ces jours-ci dans la presse néerlandophone, le prélat a déclaré incidemment que, selon lui, la clause de conscience compatible avec la  législation permissive en matière éthique valait non seulement pour les personnes physiques mais aussi pour les personnes morales qu’elles génèrent : par exemple dans le réseau éducatif ou celui des soins de santé.

    Tollé dans la presse ! Mais, peut-être, l’archevêque fraîchement nommé ne l’a-t-il pas fait « exprès » et, au sein de l’Eglise même,  quelques mentors  ne manqueront pas de lui expliquer comment se mettre aux normes de la langue de bois.

    Entretemps, pour lui faire peur, les médias ressortent une vieille lune : il faut inscrire la laïcité dans la constitution belge. Encore faudrait-il savoir de quoi l’on parle.

    La notion même de laïcité (le mot dérive de laïc, non clerc, qui est d’origine ecclésiale) n’est pas univoque, ni en termes de sociologie, ni en termes de droit positif. La question se pose alors de savoir si une notion aussi imprécise, voire confuse, présente une vraie utilité opérationnelle pour les sciences humaines.

    L’article 1er de la constitution française de 1958 proclame que la France est un Etat laïc, sans définir ce qu’il entend par là.

    Rien n’est simple. Ainsi, le concept de laïcité n’est pas forcément synonyme de séparation des Eglises et de l’Etat. De ce point de vue même, la célèbre loi de 1905 expulsant l’Eglise de la sphère publique française n’a pas empêché la République d’entretenir des liens avec elle : loi sur les édifices publics mis à la disposition du culte (1907), rétablissement des relations diplomatiques avec le Saint-Siège (1921), applicabilité du concordat de 1801 en Alsace-Moselle (1925), loi Debré sur les rapports entre l’Etat et les établissements scolaires privés (1959), accord avec le Saint-Siège sur la reconnaissance des diplômes délivrés par l’enseignement supérieur catholique (2008) etc.

    Ajoutant à la perplexité de l’observateur étranger, l’ancien président de la République française, Nicolas Sarkozy, lors de sa réception paradoxale (pour le Chef d’un Etat séparé de l’Eglise) comme chanoine honoraire de l’archi-basilique du Latran à Rome (2007), avait appelé de ses vœux l’avènement d’une laïcité positive reconnaissant que les religions constituent un atout sociétal ![1]

    Les choses sont-elles plus claires en Belgique ?

    L’Etat belge n’est pas laïc en ce sens qu’il serait porteur de valeurs publiques transcendant les religions privées, ni obligatoirement agnostique devant le phénomène religieux : la laïcité est assimilée, par la loi, aux cultes reconnus, en tant que philosophie du « libre examen ». 

    Parler de séparation de l’Eglise et de l’Etat serait aussi inapproprié, si l’on entend par là qu’ils n’ont rien à voir ensemble. Les dispositions constitutionnelles et légales organisent plutôt une certaine indépendance dans le respect mutuel [2]. Et même un peu plus : à ce titre, on peut citer, la rémunération par l’Etat des ministres des cultes reconnus et divers privilèges ou contraintes connexes, la répression pénale propre aux désordres et outrages touchant à l’exercice ou aux objets du culte, à la personne de ses ministres ou à leur habit officiel ; l’organisation de préséances protocolaires ou diplomatiques; les honneurs civils et militaires rendus lors de certaines cérémonies religieuses officielles, comme le « Te Deum », mais aussi les poursuites pénales spécifiques contre les ministres du culte qui attaqueraient « directement » un acte de l’autorité publique ou célébreraient le mariage religieux des époux avant leur mariage civil.

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  • Les déclarations de Mgr De Kesel et le débat sur l'inscription de la laïcité dans la Constitution : l'éclairage d'Eric de Beukelaer

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    Cher Archevêque… Ne pensez pas. Ne parlez plus.

    La Libre.be publie une opinion parue sur le blog de l'abbé Eric de Beukelaer.

    Cette année, durant les fêtes de Noël, il fut beaucoup question de Catholicisme dans les médias en Belgique. Qui plus est – en bien : le pape, l’homélie du nouvel archevêque, la messe en prison à Marche-en-Famenne, etc… Ceci mérite d’être salué, mais une petite voix en moi – vilain réflexe d’ancien porte-parole des évêques – me murmurait cependant… "Cela ne vas pas durer".

    J’avais raison – hélas. Lors d’une longue interview, donnée le week-end dernier au quotidien régional flamand ‘Belang van Limburg’, Mgr De Kesel, nouvel archevêque de Malines-Bruxelles, répondit après avoir abordé bien d’autres sujets, à une question sur l’euthanasie et l’avortement. Il glissa qu’il comprenait que des non-croyants jugent ces actes moralement acceptables, mais ajouta : "Je pense que nous (= catholiques) avons le droit de ne pas l’appliquer au niveau de nos institutions".

    Depuis – les critiques pleuvent sur le prélat. Jusqu’à ce commentaire d’une journaliste du JT de la RTBF, déclarant : "Ses commentaires révèlent l’image d’un homme conservateur, en décalage assumé avec les lois dépénalisant l’euthanasie et l’avortement". Euh, les amis… Il s’agit d’un archevêque catholique. Un catholique est-il "conservateur" quand il adhère au "credo" chrétien ? Ou encore, quand il défend les principes moraux de base de son Eglise… qui – grand scoop – et sans juger les personnes, ne sont pas favorables à l’euthanasie active ou à l’avortement?

    Mais revenons-en au fond du débat : Un hôpital catholique a-t-il le droit, en tant qu’institution, de refuser d’appliquer l’euthanasie et l’avortement? Oui – déclarent les juristes, comme j’ai pu le lire dans le quotidien progressiste flamand ‘De Morgen’ – peu suspect de cléricalisme : Ce fut stipulé noir sur blanc par la commission de la Chambre en 2002, déclare le professeur en droit médical Herman Nys (KUL – Université de Leuven).

    Que ceci soit contesté par d’aucuns, je puis l’entendre, vu que ces hôpitaux sont lourdement subsidiés par la puissance publique. Il suffit cependant que chaque institution déclare publiquement quelle est sa pratique en la matière, pour que les patients puissent choisir en âme et conscience où se faire soigner. (En fait, la plupart de ces hôpitaux appliquent la loi – ce que nos critiques savent fort bien).

    Mais surtout… Qu’un archevêque, qui vient d’être nommé et n’a même pas encore défait ses valises, ne puisse dire "je pense", sans provoquer un tempête médiatique – cela me laisse perplexe. Liberté d’expression ? De surcroît – il ne s’agit pas d’une déclaration formelle des évêques sur la question, mais d’une pensée glissée par Mgr De Kesel, dans une gentille et longue interview de Noël, qui traitait de tout et de rien.

    Je sais bien que nous sommes entre les fêtes et que l’actualité chaude manque aux rédactions. Il n’empêche… Que d’aucuns soulignent sobrement qu’ils ne partagent pas l’analyse de l’archevêque à ce sujet, est une chose. Mais en faire une "info" me semble hors propos. Une façon implicite d’inviter l’archevêque à ne plus se prononce sur des débats d’intérêt public?

    Ceci m’amène à l’autre sujet religieux du moment : Faut-il inscrire la laïcité dans la Constitution ? J’avoue ne pas avoir une allergie de principe à cette question. Mais je m’interroge : Cela va-t-il améliorer le vivre-ensemble ? La France est un pays laïque. Est-elle moins touchée par le terrorisme, pour autant ? Et puis – concrètement – cela va changer quoi ?"Ne plus admettre de signes religieux ostentatoires (= femmes voilées) dans l’administration", répond-on. Soit. Quoi que…

    Mais encore ? J’aimerais une réponse claire de la part de chaque parti politique. En quoi pareille inscription dans la Constitution changera-t-elle la place du religieux en Belgique : Financement des cultes ? Législation sur les bâtiments du culte ? Réseaux scolaires ? Hôpitaux ? Objection de conscience à certaines lois éthiques ? Parole publique sur des sujets éthiques de la part de responsables religieux ? Sans oublier les "Te deum" et autres questions de protocole (qui ne m’empêchent pas de dormir). Quand une réponse claire sera fournie à toutes ces questions, alors seulement, un débat politique transparent pourra être mené.

    Chat échaudé… La question du remplacement des cours de religion à l’école par des cours de citoyenneté, a été lancée chez nous, après les attentats "Charlie". Qui, pourtant, n’avaient aucun lien direct avec ce dossier. Aujourd’hui, la question de la laïcité dans la Constitution fleurit suite aux attentats de Paris. S’agit-il de lutter contre le radicalisme ? Ou de profiter de la peur du fondamentalisme islamiste, pour enfermer toute parole religieuse dans l’espace privé ? Laissant l’expression d’opinions dans l’espace publique à ceux qui se déclarent sans religion ? Ainsi, au moins, l’archevêque n’aura plus souci à se faire. Je ne prétends pas que tel est le projet derrière l’inscription de la laïcité dans la Constitution. Mais je ne suis pas rassuré. Et j’aimerais l’être.

    Lire également : Hervé Hasquin: "Le principe de laïcité n'est pas nécessaire pour la bonne conduite de notre pays"

  • Retour sur la polémique autour des propos de Mgr De Kesel relatifs à la pratique de l'euthanasie et de l'avortement

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    Jean-Jacques Durré, sur cathobel.be, analyse la

    Polémique autour des propos de Mgr De Kesel sur l’euthanasie

    Un tempête dans un verre d’eau. C’est ainsi que l’on peut qualifier le mauvais procès d’intention fait par certains médias et associations au nouvel archevêque de Malines-Bruxelles.

    Mgr-De-Kesel1-417x500.jpgMgr Jozef (photo) s’est confié au quotidien Het Belang van Limburg  le week-end. Au cours de l’entretien, l’archevêque de Malines-Bruxelles a notamment déclaré que les hôpitaux catholiques avaient le droit de refuser de pratiquer l’avortement ou l’, propos qui n’ont pas manqué de faire réagir. Pour calmer la « tempête médiatique » qui secoue le nord du pays, l’Eglise a tenu à remettre lundi les points sur les « i ».

    « Je peux comprendre que quelqu’un qui a un mode de vie laïque n’éprouve pas de problème à ce sujet », explique Mgr De Kesel dans les pages du journal limbourgeois. « Mais du point de vue de ma foi ce n’est pas évident. Je pense que j’ai le droit de dire cela, et davantage encore: je trouve qu’au niveau institutionnel nous avons aussi le droit de décider que nous n’allons pas pratiquer l’euthanasie et l’avortement. Je pense notamment aux hôpitaux catholiques. »

    Les propos n’ont pas manqué de faire réagir en Flandre. Le président de la Commission fédérale « Euthanasie », le docteur Wim Distelmans – qui milite pour le droit à l’euthanasie – s’est exprimé à la VRT, trouvant par exemple étrange « que Mgr De Kesel estime que les hôpitaux ont le droit d’adopter leur propre point de vue moral, alors qu’ils sont des institutions publiques ». Le professeur a qualifié les déclarations de l’archevêque de « faux pas » et espère que le nouvel archevêque « en restera là ». Lors du JT de la RTBF de lundi soir, même attaque à l’égard de l’archevêque, avec au passage une phrase ironique du présentateur quant au fait que le nouveau patron de l’archidiocèse n’était pas finalement pas différent de son prédécesseur« comme on aurait pu le croire ».

    La parlementaire N-VA Valerie Van Peel évoque quant à elle une  » grave erreur de raisonnement », tandis que l’Open VLD Jean-Jacques De Gucht estime que « les institutions catholiques vivent de subsides et doivent suivre la loi ».

    Pour « clore » un débat qu’il estime non fondé, nos confrères de Kerknet ont réaffirmé lundi que les hôpitaux catholiques ne sont pas tenus d’assurer l’euthanasie. Il en veut pour preuve le rapport parlementaire concernant le projet de loi relatif à l’euthanasie. A la page 178 de celui-ci, est déclaré que « les établissements de soins auront, après l’entrée en vigueur de la loi en projet, la possibilité de refuser de collaborer à la pratique de l’euthanasie et que dès lors, les établissements pourront également choisir de ne pas pratiquer l’euthanasie pour des raisons de principe ».

    De son côté, le père Tommy Scholtès s.j., attaché de presse de la conférence épiscopale, rappelle que même si les institutions catholiques ne permettent pas l’euthanasie en leurs murs, elles respectent pleinement la loi. Pour Kerknet, « la loi ne crée par un droit fondamental à l’euthanasie. Elle se limite à la dépénaliser, et à permettre aux médecins de l’effectuer dans des conditions légales ».

    Jean-Jacques Durré

    Pour notre part, nous ne pensons pas qu'il s'agisse d'une "tempête dans un verre d'eau" mais bien d'une réaction très symptomatique de l'appareil politique et médiatique belge qui ne peut supporter qu'une voix "discordante" puisse se faire entendre. Il n'y a pas de place en effet pour une position qui soit en contradiction avec cet unanimisme belge de mauvais aloi qui considère une fois pour toutes comme acquises les "avancées éthiques" de la société "libérale". Mgr Léonard a eu le courage de rappeler contre vents et marées qu'il existe des vérités qui ne dépendent pas des majorités parlementaires ou des opinions généralement admises. Sa dissidence lui a valu d'être cloué au pilori médiatique. Nous sommes heureux qu'à son tour le nouvel archevêque ne craigne pas de prendre courageusement position au grand dam des journaleux et des politiciens.

  • Mgr Léonard : un archevêque à contre-courant

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    Notre archevêque émérite répond aux questions d'Antoine Pasquier dans Famille Chrétienne :

    Mgr André-Joseph Léonard : « Jésus ne nous prédit pas le succès, mais la contradiction »

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    En cinq ans, Mgr Léonard a multiplié par plus de treize le nombre de séminaristes. Ici des ordinations en la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule de Bruxelles.

    EXCLUSIF MAGAZINE - Archevêque émérite depuis le 12 décembre, Mgr Léonard livre son regard sur les événements qui ont marqué l’année 2015, et sur ses cinq années à la tête du diocèse belge de Malines-Bruxelles.

    Au cours de vos cinq années à la tête de l’archevêché de Malines-Bruxelles, le nombre de séminaristes a spectaculairement progressé, passant de quatre en 2010 à cinquante-cinq aujourd’hui. Comment l’expliquez-vous ?

    Pendant vingt ans, j’ai été professeur à l’université de Louvain puis, durant treize ans, supérieur du séminaire universitaire. J’ai toujours été proche des séminaristes et j’ai donc tout naturellement continué à adopter cette attitude lorsque j’ai été évêque de Namur, puis de Malines-Bruxelles.

    Je n’ai jamais renvoyé un jeune qui venait me voir, je ne lui ai jamais dit d’aller d’abord prendre contact avec le service des vocations, je l’ai toujours accueilli. Un homme qui veut donner sa vie au Christ, un évêque doit le recevoir ! Quand un jeune sent qu’il compte pour l’évêque de son diocèse, ça l’aide à prendre sa décision.

    Je n’ai pas de recette miracle à proposer. Je me suis simplement montré toujours ouvert aux réalités que l’Esprit Saint fait naître dans l’Église. Quand j’ai rencontré les jeunes touchés par le ministère du Père Michel-Marie Zanotti-Sorkine, et qui ont fondé la Fraternité des Saints-Apôtres, ma première réaction n’a pas été la méfiance, mais l’accueil et l’encouragement. Quiconque se présente ne devient pas forcément prêtre, un discernement est nécessaire, mais la première attitude est celle de l’accueil. Quelle joie pour un évêque de rencontrer un homme qui veut se consacrer à l’Église. Quel merveilleux cadeau !

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  • Cet homme a blasphémé !

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    Certains croyaient que Mgr De Kesel allait s'identifier au politiquement et culturellement correct mais voilà qu'il vient de blasphémer en affirmant le droit des institutions hospitalières catholiques de refuser de pratiquer l'avortement ou l'euthanasie. Et La Libre de relever :Sans titre.png

  • Nouveau à Liège : une formation pour « Panser la Société » avec Alliance Vita et l’Institut Européen de Bioéthique

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    Pour ne pas en rester au constat d’une société blessée, qui se désagrège faute de repères vitaux, chacun a besoin de prendre sa place dans la construction d’une nouvelle culture de vie. Que faire alors ?

    Avec le concours de l’Institut Européen de Bioéthique (Bruxelles), nous  accueillerons prochainement à Liège quatre soirées de formation de l’ « Université de la Vie » sur le thème « Panser la société ».

    Ces formations s’adressent de préférence à des personnes actives ou désireuses de s’investir dans les soins, l’écoute et l’accueil de la souffrance physique ou psycho-sociale. Tous les secteurs de la bioéthique sont ici concernés : procréation, maternité, fragilité sociétale, fin de vie.

    C’est organisé depuis Paris par l’association

    « Alliance Vita » (http://www.alliancevita.org/2015/06/agir ),

    en visio-conférence simultanée. Liège sera parmi les 113 villes françaises et européennes interconnectées aux mêmes jours et heures par grand écran interposé : pour nous, les quatre séances se tiendront à l’ « Espace Prémontrés », rue des Prémontrés, 40, salle Beaurepart (entrée par la cour). 

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    - le lundi 11 janvier 2016, de 20h15 à 22h30 : l’ancrage personnel dans l’action ;

    - le lundi 18 janvier 2016, de 20h15 à 22h30 : l’action humanitaire auprès des plus fragiles ;

    - le lundi 25 janvier 2016, de 20h15 à 22h30 : l’action politique pour le droit et la justice ;

    - le lundi  1er février 2016, de 20h15 à 22h30 : l’action globale pour une culture de la vie.

    Les intervenants d'Alliance VITA - François-Xavier Pérès, Tugdual Derville, Caroline Roux, Henri de Soos, Valérie Boulanger, Blanche Streb et le docteur Xavier Mirabel - seront accompagnés cette année de 4 fondateurs d’œuvres destinées aux personnes fragiles et de 5 grands experts qui apporteront leur éclairage.  

    La qualité du panel des intervenants et la participation des témoins réunis à Liège nous offriront un moment d’échange et de dialogue pour prolonger ensemble la réflexion.

    Que faire pour s’inscrire ?

    ►Soit  remplir vous-même le formulaire sur le site http://www.universitedelavie.fr

    ►Soit communiquer directement vos coordonnées complètes (nom, adresse, téléphone, adresse e-mail) à l'adresse suivante : willemaers.yves@gmail.com 

    ou téléphoner à la coordination locale (04.344.10.89 ou 087.22.54.76) pour que nous puissions procéder à votre inscription : en ce cas, le paiement de celle-ci sera perçu sur place, à l’entrée  de la première conférence.

    Pour participer à ce cycle de formation, l’inscription est obligatoire. Trois tarifs vous sont proposés 

    tarif normal : 30€ pour les 4 soirées

    tarif couple : 25 € pour les 4 soirées

    tarif réduit : 15€ pour les 4 soirées (tarif réservé aux étudiants sur présentation de leur carte les jours de l’événement)

     N'attendez pas ! Inscrivez-vous dès à présent et invitez vos amis. 

    Pour tous renseignements : tel. 087.22.54.76 ou 04.344.10.89 

    Yves Willemaers

    Coordonnateur-Liège

  • Proche Orient : un bilan très préoccupant

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    Le Proche Orient en feu (Annie Laurent)

    Article paru dans La Nef, n° 276 – Décembre 2015 (via "Clarifier")

    « Je suis aujourd’hui d’un pessimisme total sur le conflit israélo-palestinien et pour l’ensemble du Proche-Orient », déclarait l’historien Henry Laurens, professeur au Collège de France, au quotidien libanais L’Orient-Le Jour du 28 octobre dernier. Comment ne pas partager de tels sentiments à l’heure où la violence domine partout au Levant, tandis que les grandes Puissances, frappées elles-mêmes par le terrorisme, embrouillées dans leurs options et intérêts divergents, se montrent incapables d’assumer leurs responsabilités en vue de la paix dans cette partie de la planète qui est la plus névralgique ? En cette fin d’année, c’est un bilan préoccupant qu’il convient de dresser.

    La question palestinienne

    Souvent présentée comme la matrice de toutes les guerres du Proche-Orient à cause de son ancienneté (le partage de la Palestine en deux Etats a été voté par l’ONU en 1947), la question palestinienne se noie dans l’injustice et l’indifférence mondiale. D’un côté, le gouvernement israélien, dirigé par un Benjamin Netanyahou sûr de lui, poursuit sans scrupule la colonisation juive de la Cisjordanie et la judaïsation de Jérusalem, ainsi que la construction d’un mur de béton qui empiète sur des propriétés arabes, violant ainsi le droit international et le droit privé ; de l’autre, l’Autorité palestinienne (AP), institution créée à la suite des Accords d’Oslo conclus en 1993 sous l’égide des Etats-Unis comme étape intermédiaire sur la voie de négociations avec Israël, est moribonde.

    En 2012, son président, Mahmoud Abbas, a certes obtenu la reconnaissance par l’ONU de l’Etat de Palestine, avec rang d’observateur, ce qui a permis la signature, le 16 mai 2015, d’un accord global entre l’AP et le Saint-Siège donnant un statut juridique et fiscal à l’Eglise catholique sur le territoire palestinien. Mais ces victoires diplomatiques n’ont pas résolu le problème de la souveraineté, aucun pourparler avec Israël n’ayant abouti. L’actuel président israélien, Réouven Rivlin, est lui-même opposé à la création d’un Etat palestinien indépendant. L’impasse sur ce point crucial a conduit M. Abbas, dans son discours du 30 septembre dernier devant l’Assemblée générale de l’ONU, à annoncer qu’il se désengageait des Accords d’Oslo. Mais ses échecs sur l’essentiel ont fait perdre à l’AP toute crédibilité aux yeux de son peuple et la légitimité de son président est contestée, d’autant plus que son mandat a expiré il y a six ans sans qu’un successeur n’ait été choisi.

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  • Deux anciens prêtres victimes de la répression du régime communiste en Tchécoslovaquie bientôt canonisés ?

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    De Radio Prague (Guillaume Narguet) :

    L’enquête diocésaine du procès en canonisation de deux prêtres tchèques persécutés par le régime communiste est achevée.

    Deux anciens prêtres victimes de la répression du régime communiste contre l’Eglise catholique dans les années 1950 en Tchécoslovaquie pourraient être reconnus comme saints. C’est du moins ce que souhaite l’archevêché de Brno. Samedi, une cérémonie solennelle a été célébrée à la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul pour marquer l’achèvement de l’enquête diocésaine du procès en canonisation des deux prêtres. Les documents démontrant qu’ils sont morts dans l’exercice des vertus chrétiennes de façon héroïque ont été scellés et envoyés au Vatican.

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    Jan Bula, photo: Archives de la paroisse de Rokytnice nad Rokytnou, CC-BY 3.0 Unported

    Jan Bula, photo: Archives de la paroisse de Rokytnice nad Rokytnou, CC-BY 3.0 Unported

    Comme le prêtre Josef Toufar, torturé à mort par la police secrète (StB) et symbole des persécutions du régime communiste en Tchécoslovaquie au début des années 1950, Jan Bula et Václav Drbola ont été victimes de la répression stalinienne dans les rangs de l’Eglise catholique et condamnés à mort à l’issue d’un procès monté de toutes pièces. A l’époque, les deux hommes avaient été dupés par un agent de la Stb qui leur avait fait croire qu’il cherchait un confesseur pour l’archevêque de Prague Josef Beran, interné depuis 1949 mais prétendument enlevé. Jan Bula et Václav Drbola avaient promis leur aide et de rendre visite à l’archevêque sur le lieu de sa cachette. C’est ainsi qu’ils avaient été compromis puis arrêtés par la StB.

    Václav Drbola, photo: ČTVáclav Drbola, photo : CT 

    comme Josef Toufar, dont la conférence des évêques tchèques a donné son accord pour le lancement de son procès en béatification en 2013, Jan Bula et Václav Drbola pourraient eux aussi être reconnus comme bienheureux puis éventuellement saints par le Saint-Siège, la béatification constituant une première étape avant une canonisation. Responsable de la cause en République tchèque, monseigneur Karel Orlita explique à quel stade d’avancement dans le procès se trouve aujourd’hui le dossier de Jan Bula et Václav Drbola :

    « Cette première partie de la canonisation est appelée diocésaine. C’est durant celle-ci que sont interrogés les témoins directs encore en vie, que tous les documents nécessaires au dossier sont rassemblés, que les archives sont étudiées, ainsi que toutes les autres sources disponibles porteuses d’informations. Au total, cette première phase d’instruction a représenté un travail intensif de onze ans. »

    L’enquête diocésaine achevée malgré toute la difficulté des recherches notamment dans les archives de la StB, c’est désormais l’enquête dite romaine du procès qui s’ensuivra. Karel Orlita :

    « Le dossier va désormais être transféré à Rome. La cause sera transmise à la Congrégation pour les causes des saints, qui mène l'instruction finale. Tous les documents vont être ouverts, recontrôlés, enregistrés avant d’être étudiés. C’est là un long travail de vérification de toutes les procédures d'enquête. Au total, c’est une procédure très longue qui réclame généralement plusieurs années. »

    Pour autant, comme le notent plusieurs historiens en République tchèque, il ne fait aucun doute que Jan Bula et Václav Drbola ont été exécutés, le 20 mai 1952 pour le premier et le 3 mai 1951 pour le second, pour la seule raison qu’ils étaient prêtres.