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Société - Page 107

  • Le pragmatisme du pape François l’amène-t-il à trop se plier à l’opinion publique ?

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    D'Andrea Gagliarducci sur MondayVatican (traduction de Benoît et moi) :

    Le pape François, le pragmatisme et les décisions à prendre

    L’interview que le Pape François a accordée cette semaine à la revue jésuite America est une synthèse de la vision pragmatique du monde qui est celle du Pape François. En effet, le Pape est fidèle au principe selon lequel les réalités sont plus grandes que les idées, et il regarde le monde en termes concrets, d’une manière qui est pragmatique au point de paraître cynique.

    Ce pragmatisme est aussi une façon de se révéler au monde ou d’affronter le monde. Le pape François ne donne jamais d’avis tranchés et, lorsqu’il doit en donner, il utilise l’histoire, même si elle est un peu manipulée et imprécise, pour expliquer que ce n’est pas lui qui pense d’une certaine façon, mais que son approche a déjà pris racine et que, par conséquent, de ce point de vue, elle ne peut être critiquée.

    Mais ce pragmatisme a aussi des contre-indications pratiques, qui pourraient être particulièrement dangereuses.

    Il y a deux passages de l’interview d’America qui montrent cette approche pragmatique.

    Le premier concerne la guerre en Ukraine. Depuis quelque temps, le Pape tente d’avoir une approche modérée de la question de la guerre, qui vise avant tout à ne pas offenser la partie russe. Le raisonnement du Pape semble être le suivant : si les Russes ont le sentiment de faire partie de l’histoire et ne sont pas exclus ou attaqués, ils seront plus enclins à discuter de la fin de la guerre.

    Ainsi, les déclarations du pape sur les atrocités de la guerre ont été attribuées d’abord aux mercenaires, puis aux groupes ethniques dits « non russes », tels que les Tchétchènes et les Bouriates. Le Pape a clairement souligné, peut-être pour la première fois, que l’agresseur est la Russie.

    Il est dommage que ce pragmatisme n’ait pas eu les effets escomptés. En effet, les remarques sur les Tchétchènes et les Bouriates ont suscité l’ire de ces deux populations. Même le ministre russe des Affaires étrangères Lavrov, a souligné que le pape avait fait des « déclarations non chrétiennes ». Si l’objectif était d’ouvrir un dialogue avec la Russie, il n’a pas été atteint.

    Et il n’a pas été atteint parce que ces déclarations manquaient de substance réelle, n’étaient pas planifiées et ont été formulées en termes « simples » par le pape. Le pape François n’aime pas l’institutionnalité. Mais malheureusement, certaines déclarations deviennent nécessairement institutionnelles.

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  • Trop nombreux sur la Terre ?

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    De Judikael Hirel sur La Sélection du Jour :

    Sommes-nous trop nombreux sur Terre ?

    Sommes-nous irrémédiablement trop nombreux sur la planète bleue ? La Terre a atteint le cap symbolique des 8 milliards d’habitants en novembre dernier, selon les estimations des Nations-Unies. La population mondiale est ainsi passée de 1 milliard en 1800 à 2 milliards en 1900, avant de littéralement exploser au XXe siècle. Avec elle, l’activité humaine et ses conséquences sur la planète ont aussi augmenté de façon exponentielle : besoin de répondre aux besoins alimentaires, pollution, émissions de gaz à effet de serre… Depuis les années 1960, on alerte quant à la future « bombe démographique ». Le cap des 7 milliards d'habitants avait été atteint en 2011. Pour l’instant, les démographes de l’ONU estiment que la population humaine va se stabiliser autour de 10,5 milliards d’habitants entre 2050 et 2100.

    Mais les projections des Nations-Unies sont régulièrement révisées à la baisse. En effet, déjà, la population mondiale croît à un rythme plus lent, et ce depuis les années 1950. Les pays développés connaissent une chute importante du taux de fécondité, qui s'établit à 2,3 enfants par femme à l'échelle mondiale. Pour l'instant, en tout cas. En effet, dans vingt ans, l’humanité devrait commencer à voir sa population décroître : la concentration moyenne de spermatozoïdes a été réduite de moitié entre 1973 et 2018, passant de 100 M/ml à 49 M/ml. Une baisse rapide qui pourrait tout simplement menacer à terme l’avenir de l’humanité. Le seuil des 15 M/ml, celui de la stérilité, pourrait être atteint à l'horizon 2040. Les différentes causes : la pollution, l'évolution des modes de vie, mais aussi les perturbateurs endocriniens. « La probabilité que la taille de la population mondiale commence à se réduire dans les vingt prochaines années est bien plus élevée que ce que nous avions prévu initialement », soulignait ainsi James Pomeroy, économiste chez HSBC, dans une étude parue le 22 août dernier. « Au rythme où vont les choses, la population mondiale aura diminué de moitié avant 2070, le continent européen risquant de perdre 400 millions d'habitants d'ici à 2100 ». Le pic pourrait être atteint en 2043, avant que la population mondiale ne retombe à environ 4 milliards d’habitants en 2100. Et ce, bien sûr, sans prendre en compte les éventuelles guerres et pandémies meurtrières...

    Si l’Europe sera bientôt submergée, ce ne sera pas par la montée des eaux, mais par celle des peuples. Le continent européen est donc appelé à voir fondre sa population pendant que celles des autres continents ne cessera d’augmenter. On peut même dire que la catastrophe démographique est certaine pour le « Vieux Continent ». Au total, 61% de la population mondiale vit déjà en Asie. L'Inde, proche des 1,4 milliard d'habitants, dépassera officiellement la Chine dès 2023. L'Afrique est appelée à être le continent connaissant l'évolution la plus forte, sa population devant doubler d'ici à 2050. Huit pays devraient surtout, selon l'ONU, concentrer la croissance démographique future : République démocratique du Congo, Égypte, Éthiopie, Inde, Nigeria, Pakistan, Philippines et Tanzanie. Ainsi, à la fin de ce siècle, les trois villes les plus peuplées au monde seront africaines : Lagos au Nigeria, Kinshasa, en République démocratique du Congo, et Dar Es Salaam, en Tanzanie. Aujourd’hui, en Europe et en Amérique du Nord, on compte 1,4 enfant par femme en moyenne, 1,9 en Asie et 1,8 en Amérique latine. L’Afrique, elle, compte un peu plus de quatre enfants par femme. Moralité : la pression démographique africaine sur l'Europe, que l'on ressent déjà avec les flots d'immigrés clandestins actuels, ne pourra aller que s'accentuant. La deuxième partie du 21e siècle sera sans doute celle de l'effondrement de l'Occident et de l'Asie, puis de l'omniprésence de l'Afrique.

    La démographie est la clé de l’avenir. Celui de l’Europe comme du monde, et plus largement de l’espèce humaine. Si l'inéluctable question migratoire posée par l'évolution de la démographie mondiale n'est pas posée, hors de tout pathos et de toute idéologie, la peur risque de l'emporter sur la raison. Comme le soulignait récemment Gilles Pisonauteur de L’Atlas de la population mondiale, pour Vatican News, « les politiques sont impuissants face aux courbes démographiques. La fécondité ne se décrète pas en conseil des ministres. » Son conseil aux jeunes ? Faites autant d’enfants que vous le souhaitez, mais enseignez-leur à être plus respectueux de l’environnement et plus économes en ressources. En effet, « la vraie question, celle dont dépend la survie de l’espèce humaine à terme, est finalement moins celle du nombre que celle des modes de vie ».

    Pour aller plus loin :

    8 milliards d'habitants sur Terre, sommes-nous trop nombreux ?

    >>> Lire l'article sur Vatican News

  • Succès de la mobilisation pro-vie à La Valette

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    Du Times of Malta (Giulia Magri) :

    Des milliers de personnes se rassemblent à La Valette pour protester contre la réforme de la loi sur l'avortement

    Les manifestants ont défilé de Castille jusqu'au palais de justice, pour protester contre les projets du gouvernement.

    4 décembre 2022

    Des milliers de manifestants, hostiles aux amendements proposés à la loi sur l'avortement à Malte, se sont rassemblés à La Valette dimanche après-midi, répondant à l'appel des organisateurs pro-vie.

    Les militants se sont rassemblés autour d'une grande affiche d'un nouveau-né qui a été étalée dans les escaliers menant à Castille, le bureau du Premier ministre. Les manifestants ont également déployé des drapeaux maltais et des posters de nouveau-nés sur la place.

    Les officiers de police supervisant l'événement ont refusé de fournir une estimation de la taille de la foule, qui semblait se compter par milliers, remplissant la place Castille et se répandant dans les rues voisines. Les organisateurs ont déclaré qu'ils pensaient qu'environ 20 000 personnes avaient assisté à l'événement.   

    Des hommes et des femmes, jeunes et vieux, ont été vus portant des pancartes roses et blanches disant "Zomm l-abort l'barra minn Malta" (Maintenez l'avortement hors de Malte), "Ipproteġu lil uliedna" (protégez nos enfants) et "Jien m'għandix vuċi" (Je n'ai pas de voix). La foule a scandé " le għall-abort, iva għall-ħajja " (non à l'avortement, oui à la vie) en défilant de Castille à la rue de la République et vers le palais de justice. 

    La manifestation était organisée par la Life Network Foundation, en collaboration avec Doctors for Life et I See Life.  

    Participants et orateurs

    L'ancienne présidente Marie-Louise Coleiro Preca a pris la tête de la manifestation, marchant aux côtés des organisateurs derrière une bannière sur laquelle on pouvait lire "L-emenda tal-gvern iddaħħal l-abort" (L'amendement du gouvernement introduira l'avortement).

    Parmi les participants se trouvaient l'archevêque Charles Scicluna et le leader du parti nationaliste Bernard Grech, qui plus tôt dimanche a exhorté les députés travaillistes à s'élever contre les plans du gouvernement. 

    Pendant que les manifestants défilaient, des bénévoles se promenaient avec des panniers, sollicitant des dons. Un organisateur a déclaré à la foule que l'argent collecté serait utilisé pour financer leur campagne anti-avortement. 

    Diverses chansons pop ont été diffusées par un système de haut-parleurs installé pour l'événement. Parmi les morceaux choisis, on trouve " Life is Life " d'Opus et " Don't You Want Me Baby " de The Human League. 

    Les discours ont été précédés d'une minute de silence à la mémoire de Bernice Cassar, une mère de deux enfants assassinée il y a deux semaines, et de Jean-Paul Sofia, un ouvrier de 20 ans mort dans l'effondrement d'un chantier de construction samedi. 

    Coleiro Preca a déclaré à la foule qu'elle souhaitait que l'amendement proposé soit modifié pour apaiser les esprits. "Le manque de clarté de cet amendement me préoccupe, ainsi que beaucoup d'autres personnes", a-t-elle déclaré. "Il ne nous rassure pas sur le fait que l'avortement n'entrera pas dans notre pays". La question, a-t-elle dit, dépasse les clivages politiques ou religieux, et mérite une discussion sérieuse et mature. "Nous appelons le gouvernement à rencontrer des experts, des organisations civiles, à discuter avec les parties prenantes et à prendre note du document de position", a déclaré Mme Coleiro Preca, faisant référence à un document de position publié par un groupe d'universitaires et approuvé par elle-même et un ensemble d'ONG. L'ancienne présidente a également exhorté les médias à faire preuve d'"éthique" dans leurs reportages et à refléter "les droits de la mère et de l'enfant qui n'ont pas voix au chapitre".

    Dans un appel vidéo, le juge à la retraite Giovanni Bonello a déclaré que la nouvelle loi ouvrirait la porte à "l'avortement sur demande". Les femmes, les médecins et les infirmières sont déjà protégés par la loi dans sa forme actuelle, a-t-il fait valoir. "Aucune infirmière, aucun médecin, aucune femme n'a été poursuivi en justice parce que la grossesse a été interrompue pour sauvegarder la vie de la mère", a déclaré M. Bonello.

    S'exprimant au nom du groupe I See Life, Maria Formosa a déclaré qu'ils étaient là pour défendre les enfants à naître. "Avec un avortement, vous perdez toujours une vie", a-t-elle déclaré. "Nous savons qu'il y a des femmes qui souffrent de nombreux problèmes, des problèmes de santé et des problèmes sociaux, mais l'avortement n'est pas la réponse. La réponse est de fournir le bon soutien."

    Miriam Sciberras, leader de la Fondation Life Network et organisatrice de la manifestation, a conclu les discours. "A quelques jours de Noël, cet amendement a été présenté, pour tuer un bébé, sans aucune forme de discussion", a-t-elle déclaré. Les amendements présentés par le gouvernement sont remplis de mots "vagues" et "peu clairs", a-t-elle dit, et ne font aucune mention de la vie des enfants à naître. "Ce n'est pas une porte ou une fenêtre vers l'avortement, mais une route vers l'avortement", a-t-elle déclaré. "Nous sauvegardons tant de minorités, tant de lois pour protéger les animaux, l'environnement, les lois protègent les œufs de tortue- mais nous ne soutenons pas la vie dans un utérus ?". Miriam Sciberras a demandé si la loi était adoptée à la hâte par le Parlement parce qu'Andrea Prudente, une femme dont la situation difficile a incité les législateurs à rédiger les amendements, poursuit maintenant le gouvernement. 

    Elle a demandé aux députés de représenter les préoccupations de la population et a déclaré que la Fondation Life Network envisagerait d'intenter une action en justice si les amendements étaient imposés par le Parlement. Mme Sciberras a également annoncé que la Fondation organiserait une veillée le mercredi 7 décembre à 18 heures devant le Parlement. Les personnes qui y assisteront devront apporter des bougies rouges, a-t-elle précisé. 

    Pourquoi les manifestants protestent-ils ?

    Un projet de loi qui rendra l'avortement légal lorsque la vie d'une femme enceinte est en danger ou que sa santé est "gravement menacée" est actuellement en discussion au Parlement. Les amendements, annoncés pour la première fois le mois dernier, visent à libérer les médecins et les femmes enceintes de la menace de poursuites pénales en cas d'interruption de grossesse pour des raisons de santé. 

    Malte est le seul pays de l'UE à interdire totalement l'avortement et, en vertu du code pénal maltais, toute personne qui cherche à avorter ou aide à le faire est passible d'une peine de 18 mois à trois ans de prison.

    Le Premier ministre Robert Abela a déclaré qu'il reviendrait à chaque médecin de décider si la santé ou la vie d'une femme est "gravement menacée". 

    Alors que le gouvernement a fait valoir que les amendements sont destinés à protéger les médecins et les mères dans des cas extrêmes - et rares - les critiques affirment que la formulation des amendements est si vague qu'elle conduira à l'introduction de l'avortement dans la loi.  

    Ils affirment que le gouvernement se hâte d'adopter les changements juridiques sans débat public et craignent que la formulation des amendements ne permette d'obtenir un avortement pour des raisons futiles ou sur la base d'un diagnostic de santé mentale. 

    Outre le mouvement pro-vie, l'Église et l'opposition s'opposent à la réforme. 44 autres organisations, plus de 80 universitaires et 450 médecins s'opposent également aux changements juridiques proposés par le gouvernement.

  • Eglise en RDC : l’Espérance par-delà les épreuves

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    De Kinshasa, l’immense capitale de 17 millions d’habitants, à Goma en état de siège et Bukavu, dans ces provinces de l’Est déchirées par les attaques de groupes armés, la rédaction de KTO vous emmène à la rencontre de l’Eglise catholique en République Démocratique du Congo. L’Eglise accompagne un peuple abandonné à lui-même, qui souffre de dizaines d’années d’instabilité politique et de guerre civile, éprouvée par la pauvreté dans un pays pourtant riche d’immenses ressources naturelles. Dans la perspective de la visite du pape François, cette émission Hors-les-Murs vous invite à prendre la mesure des épreuves et découvrir aussi l’espérance des chrétiens de ce pays. Présenté par Etienne Loraillère. En partenariat avec l’Aide à l’Eglise en Détresse.

  • Inculturer la liturgie dans une anti-culture ?

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    De l'abbé Jean-Marie Perrot sur Res Novae :

    De l’inculturation liturgique dans une anti-culture

    L’accélération des évolutions culturelles et sociales dans les pays occidentaux pose avec plus d’acuité une question lancinante depuis la réforme de la liturgie : celle, désirée voire demandée par le concile Vatican II, de son inculturation.

    L’impossible inculturation dans une culture en mutation

    Les essais ont été nombreux, dès avant le dit Concile. Ainsi, dans le cadre des mouvements d’Action catholique, avant la seconde guerre mondiale et surtout après, on vit s’organiser des processions d’offrandes, où les instruments de travail ainsi que leur produit, étaient présentés avec le pain et le vin qui feraient la matière du sacrifice eucharistique. Si l’on s’interrogea alors sur le bien-fondé de présenter ces objets comme matière « associée » du sacrifice alors que c’en sont plutôt des fruits, fruits d’une vie chrétienne œuvrant dans la création et la société, le moins que l’on puisse dire est que, nonobstant la solution à l’objection liturgique et théologique soulevée, la démarche a définitivement tourné court. Ne restent que des dessins d’enfants ou, dans les « messes des peuples », des danses et des fruits bien exotiques pour un européen. On est assez loin d’une ambitieuse incarnation de la liturgie dans la vie moderne, de son inculturation… Mais l’aurait-on poursuivie, qu’est-ce qu’une telle procession, après l’automatisation du travail, la désindustrialisation, la tertiarisation et actuellement son ubérisation, pourrait aujourd’hui apporter qui représente « le fruit de la terre et du travail des hommes » ? Le monde du travail a profondément changé, et change encore, rendant illusoire l’idée d’en tirer une symbolique durable.

    Le langage a lui aussi changé et surtout, exerçant sur lui leur influence, les mœurs. Au risque de choquer quelque lecteur, mentionnons cette assemblée d’adolescents gloussant et se regardant goguenards en entendant le prêtre parler de la « vierge »… Plus profondément et surtout institutionnellement, la parole féministe a conduit à l’intégration aussi dans le langage liturgique de formules qui, si elles sont plus explicites, sont moins élégantes et alourdissent une rhétorique dont, en monde latin, on louait auparavant la finesse et la concision : « frères et sœurs… celles et ceux… », etc. Ces deux exemples illustrent ce à quoi la célébration en langue vernaculaire ne peut manquer d’être confrontée, car, dans ses mots, elle est inévitablement et immédiatement interprétée à l’aune de la langue telle qu’elle est parlée ici et maintenant. On peut certes, pour pallier les difficultés, aller de périphrases et de lourdeurs sémantiques en circonlocutions explicatives. Néanmoins, le processus ne s’annonce-t-il pas sans fin, et ne s’opère-t-il pas au détriment d’une langue liturgique qui a été l’honneur de l’Église latine ? Elle se meurt d’ailleurs, cette langue liturgique ; ne reste que le langage de tous les jours, qu’une certaine pastorale exige d’ailleurs, puisque « tout le monde » doit pouvoir comprendre…

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  • Belgique : la question de la mort imminente de l'Eglise catholique se pose logiquement.

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    De RTL Info :

    Plus qu'un Belge sur 40 va encore à la messe le dimanche: est-ce bientôt la fin de l’Eglise catholique?

    Ce 4 décembre, on parle religion sur le plateau de C'est pas tous les jours dimanche. Les chiffres de la pratique du catholicisme et de la fréquentation des églises connaissent une chute vertigineuse. La question de la mort imminente de l'Eglise catholique se pose donc logiquement.

    "Si on manie uniquement les chiffres pour évaluer la vitalité de l’église, on peut se poser pas mal de questions, les évêques et les prêtres sont inquiets…", estime Jean Kockerols, évêque auxiliaire de Malines-Bruxelles. Mais pour lui, c’est un "non" catégorique, l’Eglise ne va pas disparaître. "On quitte une époque de chrétienté qui a duré plusieurs siècles, une époque où tout le monde était plus ou moins catholique, plus ou moins pratiquant. On passe à un christianisme auquel on adhère volontairement, des fois quelques dimanches, parfois pas du tout…"

    Pour son micro-trottoir précédant l'interview de Jean Kockerols, Christophe Deborsu a explique avoir peiné à trouver un témoin qui se rendait encore à la messe. Seule une personne a répondu par la positive: une personne ayant été malade, hospitalisée, et qui a récemment trouvé la foi après les drames de sa vie. Mais cela n'est pas représentatif pour l'ecclésiaste. "Il y a des réalités à géométries variables… à Bruxelles cette ’chute’ n’est pas vertigineuse puisque les pratiquants à Bruxelles viennent de partout, hors de Bruxelles et hors de l’Europe, nous avons une communauté très vivante", affirme Monseigneur Kockerols. Autrement dit: les catholiques de l’extérieur, les étrangers. "On est sauvé par ces gens qui nous amènent leur foi et leur manière de la célébrer." (...)

  • Pas de restauration de la liturgie sans volonté réelle

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    Par Philippe Maxence dans « Res Novae » Perspectives romaines :

    « Il n’y aura pas de restauration de l’Église possible, sans envisager une période de transition liturgique. Outre que celle-ci agira sur une amélioration de la liturgie en elle-même, elle aura aussi des conséquences sur une réappropriation par le peuple chrétien de la doctrine et des mœurs catholiques. Non par un coup de baguette magique, mais par une imprégnation permanente. Lex orandi, lex credendi. Reste que cet effort liturgique, qui s’insère dans une visée plus large, de véritable réforme de l’Église, nécessite des hommes pour l’accomplir. Des prêtres, des évêques, un pape ! Encore faudra-t-il que les artisans de ce « retour » aient la volonté décidée de l’accomplir malgré tous les obstacles qu’ils rencontreront.

    Or, que constatons-nous ? Depuis un peu plus de quarante ans, cette volonté a manqué aux hommes d’Église, alors même qu’ils auraient pu amorcer ce « retour » et qu’ils en parlaient. Plus exactement, ils se sont contentés de vouloir – et encore faiblement – un encadrement de la réforme. Benoît XVI a théorisé cette tentative, qui s’applique notamment à la liturgie, en la qualifiant d’« herméneutique de la réforme dans la continuité », qu’on pourrait aussi qualifier d’herméneutique de conservation des acquis du concile, dans une perspective modérée.

    La liturgie nouvelle rectifiée selon Jean-Paul II

    Il est clair que Jean-Paul II, puissamment aidé par le cardinal Joseph Ratzinger, a voulu imposer une troisième voie entre la réaction traditionaliste et la marche en avant progressiste. En ce qui concerne la liturgie, il s’agissait alors de mettre en application une interprétation de la réforme liturgique en tentant de la placer, dans une certaine mesure, dans le fil de la tradition liturgique. La parole officielle consistait alors à affirmer que la réforme liturgique constituait la dernière étape d’une réforme organique de la liturgie romaine, à l’instar des réformes antérieures de saint Pie X, Pie XII ou Jean XXIII. Une parole officielle qui avait pourtant quelques difficultés à entrer dans les esprits tant le fossé séparant la liturgie traditionnelle de la nouvelle liturgie semblait abyssal à tout spectateur honnête qu’il préfère d’ailleurs l’une ou l’autre de ces liturgies.

    À vrai dire, la difficulté ne venait pas seulement de la compréhension intellectuelle de ces liturgies que de la pratique elle-même de la nouvelle liturgie. D’où la multiplication des textes pontificaux pour à la fois célébrer la réforme liturgique issue du Concile et pour en corriger les mauvaises interprétations.

    Cependant, cette volonté de corriger les abus et de donner une interprétation correcte de ce qu’est « la vraie liturgie » issue du Concile trouvait une première limite dans la pratique liturgique du pape lui-même, notamment de Jean-Paul II. Malgré tout, peut-être sous l’influence de son très bugninien maître de cérémonies, Mgr Piero Marini, le pape de la « restauration », qui était aussi le pape d’Assise, a présidé des Eucharisties dont le moins que l’on puisse dire est qu’elles s’éloignaient de l’interprétation que le même pape et les organes curiaux compétents en la matière tentaient de faire passer par ailleurs. De la même manière, la célébration d’un rite dit zaïrois en la basilique Saint-Pierre ne s’est pas déroulée la première fois sous le pontificat de François mais sous celui de Jean-Paul II. Il faut dire que Jean-Paul II, qui avait des dons incontestables d’acteur, était parfaitement à l’aise dans la liturgie nouvelle où la part de « jeu » du célébrant est très importante.

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  • RDCongo : Pourquoi le prochain scrutin présidentiel semble déjà “joué”

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    RDC-CENI-élection.jpgDémocratiques, les élections congolaises ne l’ont jamais été, si l’on excepte celles organisées sous la responsabilité de la Belgique pour constituer le premier gouvernement du Congo post-colonial.

    Sur le site web de « La Libre Afrique », Hubert Leclercq énonce déjà les procédures en préparation par l’actuel pouvoir en place pour manipuler les prochains résultats. Bah, « demokrasi, azali nani: mwasi soko mobali ? La démocratie, c’est qui : une femme ou un homme ? » NdB…   

    « L’organisation des scrutins annoncés pour le 20 décembre 2023 par la Commission électorale nationale indépendante multiplie les indices en faveur du pouvoir en place à Kinshasa.

    Si tu organises les élections, c’est pour les gagner”, nous avait expliqué l’ancien président du Gabon Omar Bongo en 2000. La formule, pour caricaturale qu’elle puisse paraître, n’a pas pris une ride. En République démocratique du Congo, les responsables de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) ont annoncé, ce samedi 26 novembre, la tenue des prochaines élections présidentielles et législatives (nationales, provinciales et communales) pour le 20 décembre 2023.

    Un timing hyper serré que le patron de la Ceni, Denis Kadima Kazadi, installé à ce poste à la suite d’un processus très critiqué, se fait fort de tenir pour respecter la Constitution congolaise. Pour la plupart des observateurs internationaux, le calendrier est “matériellement intenable”, comme le martèle un expert qui a “accompagné de nombreux scrutins en Afrique”. Un rapport réalisé pour le PNUD à la fin de l’été dernier ne disait déjà rien d’autre.

    Il faut bien comprendre qu’en République démocratique du Congo, il n’y a pas d’état civil et pratiquement aucun suivi entre deux scrutins. À chaque fois, il faut donc enregistrer tous les électeurs, ce qui devrait représenter 50 millions de personnes cette fois. Il faut donc inscrire ces personnes une à une, remplir des fichiers manuellement, même si les équipes utilisent des tablettes informatiques”, poursuit un ancien membre de la Ceni. Pour Denis Kadima, l’enregistrement de ces 50 millions d’électeurs se fera en trois mois. “Impossible”, affirme sans ambage un expert congolais qui insiste sur la nécessité d’aller à la rencontre des électeurs dans des « conditions homériques »« Sans route, sans infrastructure, c’est impensable” et de rappeler qu’il y a cinq ans, “il avait fallu au moins 20 mois pour enregistrer ces électeurs en pouvant compter sur l’intendance de la Monusco pour transporter les kits d’enregistrement et le personnel de la Ceni, ce qui ne sera plus le cas cette année”.

    RDC : Tshisekedi passe en force. Cap sur la CENI ?

    Samedi dernier, en présentant son calendrier, Denis Kadima a d’ailleurs insisté sur la nécessité de recourir à une flotte d’avions pour aller à la rencontre des électeurs et sur le coût – imprévu – qu’aura cette mobilisation aérienne pour les caisses de l’État.

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  • Malgré des attaques incessantes, les catholiques nigérians gardent leur foi

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    De Douglas Burton et Masara Kim* sur Catholic News Agency :

    Malgré des attaques incessantes, les catholiques nigérians gardent leur foi

    Abuja, Nigeria, 2 décembre 2022

    Le mois de novembre s'est avéré être un mois particulièrement meurtrier dans le centre du Nigeria, laissant des catholiques comme Matthew Onah et sa famille lutter pour faire face à leurs pertes. Dans l'enclave catholique de Maikatako, 11 personnes ont été tuées le 15 novembre lors d'une attaque menée par des milices armées, qui seraient au nombre de 200 à 300 et habillées en noir. Parmi les victimes se trouvait le fils de M. Onah, âgé de deux ans. Membre de la mission indépendante St Benedict de Kuba, dans le diocèse de Pankshin, dans l'État du Plateau, M. Onah a déclaré que sa femme, Rosemary, 33 ans, avait été blessée mais qu'elle se rétablissait dans un hôpital local. Leurs deux autres enfants ont survécu.

    Une semaine plus tard, au moins 12 civils non armés ont été tués par des miliciens musulmans radicalisés dans la ville de Wumat, à 45 miles au sud de Jos, la capitale de l'État du Plateau, selon Titus Alams, ancien président de la Chambre d'assemblée de l'État du Plateau. M. Alams a déclaré à CNA que plus de 200 terroristes ont encerclé le village situé au sommet d'une colline dans la froide nuit de mardi à mercredi, tirant sur les résidents qui tentaient de s'échapper.

    Les attaques ont suivi des semaines de raids terroristes sur les villages chrétiens environnants, ce qui a poussé les agriculteurs à rester loin de leurs fermes, a déclaré le père Andrew Dewan, responsable de la mission indépendante St Benedict de Kuba, qui dessert environ 25 villages environnants. "Le mois dernier encore, nous avons enterré deux de nos paroissiens dans une ville proche de Maikatako", a déclaré Dewan. "Ils ont été tués par les mêmes militants fulanis qui sont allés kidnapper leur sœur. Ils enlèvent les chrétiens pour obtenir une rançon, détruisent leurs cultures agricoles et mènent toujours des attaques, tuant les chrétiens et détruisant leurs moyens de subsistance." La motivation de ces attaques est "l'accaparement des terres et l'islamisation forcée", a-t-il déclaré. "Ils ont pris beaucoup de nos communautés et les ont transformées en zones interdites", a ajouté M. Dewan.

    Les autorités nigérianes ont souvent décrit les attaques comme des affrontements entre agriculteurs sédentaires et bergers semi-nomades pour les terres fertiles, qui, selon eux, ont augmenté en raison du changement climatique. L'évêque Michael Gokum, du diocèse de Pankshin, a déclaré à CNA qu'il s'agissait d'une déformation des faits. "Si vous êtes dans votre maison et que quelqu'un vient vous attaquer, ce n'est pas un affrontement", a déclaré Gokum lors d'une interview téléphonique. "Nous sommes inquiets de l'augmentation des meurtres, non seulement de catholiques mais de tous les chrétiens, qui se sont poursuivis sans relâche."

    Les attaques menées par des groupes de miliciens islamistes, diversement appelés "bergers", "bandits" ou "tireurs inconnus", font de plus en plus de victimes dans les villes agricoles des États de la vaste Middle Belt du Nigeria. Le 3 novembre, au moins 18 personnes ont été tuées par balles et à l'arme blanche dans la région nord de l'État de Benue, dans trois villages voisins du comté de Guma, a rapporté le père William Shom, un résident du comté. Beaucoup des victimes étaient des enfants, a déclaré Shom à CNA.

    Les experts nigérians s'inquiètent surtout du fait que les attaques de bergers se multiplient dans les États du sud du pays, où elles étaient rares il y a quelques années.

    Le 21 novembre, un groupe terroriste que l'on a entendu parler la langue de la tribu Fulani a attaqué des villages dans la zone sud de l'État d'Enugu, à environ 400 miles des lieux de l'attaque dans le comté de Bokkos, dans l'État du Plateau. L'État d'Enugu compte plus d'un million de résidents catholiques romains.

    Les analystes ont averti que les attaques incessantes - si l'on n'y résiste pas - pourraient faire tomber la nation la plus peuplée d'Afrique aux mains des islamistes radicaux.

    "Il est vrai que les agriculteurs chrétiens se heurtent aux éleveurs nomades musulmans fulanis, ou militants, depuis des dizaines d'années, mais les récentes attaques des militants fulanis semblent coordonnées et stratégiques", a déclaré à CNA Kyle Abts, directeur exécutif du Comité international pour le Nigeria (ICON). Il est "inquiétant de constater que les tueries se poursuivent dans l'État du Plateau et que, quelques jours plus tard, de nouvelles attaques ont lieu dans l'État d'Enugu, dans le sud du pays", a-t-il ajouté. "Dans toute la Middle Belt, les forces de sécurité sont soit dépassées, soit incapables d'arrêter, soit complices de ces attaques", a ajouté M. Abts.

    Solomon Maren, membre de la Chambre des représentants du Nigeria, a déclaré que Bokkos a connu une augmentation constante des attaques armées et des annexions depuis 2018. "Notre peuple dans les zones rurales ne peut plus cultiver ou se déplacer librement sans craindre les attaques. Rien que le mois dernier, nous avons enterré plus de 30 des nôtres qui ont été attaqués soit dans leurs fermes, soit dans leurs maisons", a-t-il déclaré.

    Le 17 novembre, le gouverneur Simon Lalong a ordonné une répression contre les cachettes des terroristes à Bokkos. Le porte-parole militaire, le Major Ishaku Takwa, a déclaré à CNA cette nuit-là que l'opération était déjà en cours. Cependant, trois heures plus tard, apparemment, la même bande de 300 terroristes qui a attaqué Maikatako a attaqué un village à environ deux miles à l'ouest de Maikatako. Les gardes volontaires de Maikatako, armés de fusils à un coup, ont résisté à l'attaque nocturne du mieux qu'ils ont pu, selon les gardes qui ont parlé à CNA.  "Ils se sont mis à l'abri derrière des maisons en tirant avec leurs armes, mais ont été contraints de battre en retraite par les armes supérieures des terroristes, des fusils d'assaut AK-47", a déclaré Bitrus Dang, un commissaire adjoint de police à la retraite. Dang et deux autres hommes ont été blessés au cours de l'attaque.

    Selon le porte-parole militaire de l'État du Plateau, le major Ishaku Takwa, les villageois n'appellent pas à l'aide assez tôt. "Le partage rapide des informations est essentiel pour mettre fin à ces attaques", a-t-il déclaré. "Ces terroristes arrivent et frappent en quelques minutes et s'en vont, donc nous avons besoin d'informations dès qu'elles se produisent".

    Un pasteur de la ville qui a demandé à ne pas être identifié par crainte de représailles a déclaré à CNA que deux camions de l'armée transportant au moins cinq hommes chacun étaient stationnés sur une rocade encerclant Maikatako plus tôt dans la soirée lorsque des rumeurs d'une attaque prévue ont commencé à circuler. Cependant, ils sont restés là à écouter de la musique pendant l'attaque, a déclaré l'ecclésiastique. "Nous étions impuissants", a déclaré Dang. "Ils sont arrivés avec des fusils AK-47 et AK-49 ainsi que d'autres armes sophistiquées", a-t-il ajouté. "Nous n'avions que des pistolets à cartouche à un coup". Il a ajouté que l'attaque s'est poursuivie pendant quatre heures sans aucune intervention de la police ou des soldats.

    En fouillant dans les décombres de leur maison incendiée le matin du 16 novembre, M. Onah a trouvé une Bible, son seul bien ayant survécu aux tirs des terroristes. "J'ai tout perdu, y compris mon bébé, ma voiture, ma maison, ma nourriture et mes vêtements, mais avec cette [Bible], mon espoir est renouvelé", a-t-il déclaré. "Rien ne m'empêchera d'être catholique. Rien ne m'empêchera de suivre le Christ", a-t-il ajouté.

    * Douglas Burton est un écrivain indépendant spécialisé dans le terrorisme nigérian depuis son domicile près de Washington, DC. Il a commencé à couvrir la campagne pour reprendre Mossoul à ISIS en 2015 et est passé à la couverture d'ISIS au Nigeria en 2019. Il est un ancien fonctionnaire du département d'État à Kirkuk, en Irak.

    Masara Kim est un reporter indépendant sur les conflits et un documentariste basé à Jos, au Nigeria.

  • Pakistan : Asia Bibi appelle à protéger les victimes des lois sur le blasphème

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    Du site des Missions Etrangères de Paris :

    Asia Bibi appelle à protéger les victimes des lois sur le blasphème au Pakistan

    3/12/2022

    Le 1er décembre, Asia Bibi, une catholique pakistanaise acquittée en 2018 après des années de prison pour blasphème, a accordé une première interview vidéo, publiée en ligne alors qu’elle et ses proches vivent toujours au Canada, leur pays d’adoption. Elle a appelé les agences gouvernementales pakistanaises à enquêter avec rigueur sur les affaires de blasphème et à protéger les innocents. « Ils doivent être libérés. Des longues peines sans preuve, c’est une grande injustice pour notre pays », a-t-elle déclaré.

    Asia Bibi lors de sa venue à Paris en 2020.

    Asia Bibi, une femme catholique pakistanaise qui a échappé à la peine capitale après avoir été accusée de blasphème et qui vit aujourd’hui au Canada, a appelé à la protection des victimes des lois sur le blasphème dans son pays. Dans sa première interview vidéo donnée depuis qu’elle a été acquittée par la Cour Suprême du Pakistan, en 2018 avant de quitter le pays, elle a appelé les agences gouvernementales pakistanaises à enquêter « rigoureusement » sur les affaires liées au blasphème.

    « Protégez les innocents plutôt que de les battre dans les commissariats. Les innocents doivent être libérés. De longues peines pour des accusations sans preuves, c’est une grande injustice dans notre pays », a-t-elle déclaré dans son interview, publiée en ligne le 1er décembre. « Ils ne comprennent ni la bible ni le coran même après les avoir étudiés. Au nom de Dieu, ouvrez vos cœurs à la pitié. Le Pakistan n’est pas que pour les musulmans. Je me sens en colère quand de bons musulmans sont visés pour avoir sympathisé avec des minorités religieuses démunies », a-t-elle ajouté.

    Elle a également évoqué plusieurs affaires d’assassinats liées à des accusations de blasphème, dont celui de l’ancien gouverneur du Pendjab Salman Taseer, tué pour avoir dénoncé la loi sur le blasphème comme une « loi mauvaise », et celui de l’ancien ministre des Minorités Shahbaz Bhatti, tué en 2011 pour avoir appelé à réformer la législation sur le blasphème.

    Une situation toujours incertaine

    Asia Bibi a souligné que pour vivre, elle a un travail modeste à cause du manque d’éducation qu’elle a reçu. Elle a aussi regretté divers problèmes qu’elle rencontre dans son pays adoptif comme la barrière de la langue. Aujourd’hui, elle vit dans une maison louée. « Il y a des gens qui ont profité de mon nom mais je n’ai rien eu. Notre communauté aurait dû nous aider. Les gens pensent que nous gagnons beaucoup d’argent depuis qu’on nous a accordé le droit d’asile. Le gouvernement nous a seulement soutenus durant un an », a-t-elle poursuivi.

    « Même mes filles n’ont pas pu étudier à cause de ma situation, et aujourd’hui elles font face à un avenir incertain. Mes années de souffrances nous ont affaiblis. Mon mari a été opéré de la vésicule biliaire au Pakistan, et il a cherché du travail durant quatre ans. » La femme catholique, qui a fait la une des journaux après son accusation de blasphème par un groupe de femmes en 2009, confie que sa vie continue d’être « une histoire douloureuse, un test de la part de Dieu », ajoute-t-elle. Sa mère est morte alors qu’elle était en prison, et elle n’a pas pu revoir son père. Trois de ses enfants sont toujours au Pakistan, précise-t-elle.

    Saif ul Malook, le principal avocat qui l’a défendu, estime qu’elle est en partie responsable. « Elle a fait confiance à des ONG qui lui ont fait de fausses promesses. Étant illettrée, elle ne savait pas comment se vendre et par conséquent elle est déprimée. Elle ne m’a même pas remercié après son acquittement », a-t-il souligné.

    Une organisation chrétienne appelle à abroger les lois sur le blasphème

    De son côté, le 29 novembre, l’organisation britannique CSW (Christian Solidarity Worldwide) a appelé à réviser les lois draconiennes sur le blasphème lors d’un événement virtuel sur la situation de la liberté de religion et de croyance au Pakistan. Selon CSW, le pays « doit assurer que des amendements sont appliqués afin de minimiser le détournement de ces lois à court terme, et tendre vers une abrogation totale à long terme ».

    « Le Pakistan doit enquêter sur toutes les affaires de violences contre des personnes accusées de blasphème, et poursuivre tous les responsables », a insisté l’organisation, en demandant également la libération de tous les prisonniers d’opinion sans condition, y compris ceux qui sont actuellement condamnés pour blasphème. CSW a aussi appelé à mettre fin aux attaques qui sont faites contre les musulmans Ahmadis.

    Le blasphème reste une question sensible dans la société pakistanaise. Le Centre pour la justice sociale (CSJ), basé à Lahore, estime qu’au moins 1 949 personnes ont été accusées de dans le cadre des lois sur le blasphème entre 1987 et 2021. Un grand nombre de ces affaires doivent encore être jugées.

    Le mois dernier, l’ONG Voice for Justice a condamné la torture en détention d’Imran Rehman, un chrétien de 32 ans et père de deux filles, arrêté en septembre après avoir été accusé d’avoir publié des contenus blasphématoires sur un groupe WhatsApp. Selon les militants pour les droits de l’homme au Pakistan, la majorité des victimes chrétiennes des lois sur le blasphème et de leurs proches se retrouvent dans une situation incertaine et avec peu d’espoir face à l’avenir.

    (Avec Ucanews)

  • Forte augmentation des demandes de "débaptisation" en Belgique

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    De Luke Coppen sur The Pillar :

    Forte augmentation des demandes de "débaptisation" en Belgique

    L'Église de Belgique a constaté une forte augmentation du nombre de personnes demandant à ce que leur nom soit rayé des registres de baptême.

    30 novembre 2022

    L'Église catholique de Belgique a fait état mercredi d'une forte augmentation du nombre de personnes demandant la radiation de leur nom des registres de baptême.

    Le dernier rapport annuel de l'Église, publié le 30 novembre, fait état de 5 237 demandes de ce type en 2021, contre 1 261 en 2020 et 1 800 en 2019.

    Le Catéchisme de l'Église catholique indique que "le baptême scelle le chrétien avec la marque spirituelle indélébile de son appartenance au Christ." Alors qu'une personne peut faillir à la pratique de la foi, voire la renier complètement, il est impossible d'inverser les effets du baptême.

    Néanmoins, un mouvement qui se développe en Europe pour promouvoir le "débaptême" a encouragé les catholiques à écrire aux autorités de l'Église pour demander à être rayés des registres de baptême des paroisses. Ce mouvement est un consortium de plusieurs factions politiques et philosophiques parmi les laïcs européens.

    Un porte-parole de la conférence épiscopale belge a déclaré au Pilier le 1er décembre que lorsque l'Église recevait une demande de "débaptisation", "il est noté dans le registre, dans la marge, que la personne a demandé à être désinscrite."

    "Vous n'êtes pas autorisé à rayer ou à supprimer une entrée dans un registre officiel", a-t-il expliqué.

    Le rapport annuel suggère que la réaffirmation par le bureau doctrinal du Vatican, en mars 2021, que l'Église catholique n'a pas le pouvoir de bénir les unions homosexuelles pourrait "expliquer en partie" le pic des demandes.

    Le document indique que "La Congrégation [aujourd'hui Dicastère] pour la Doctrine de la Foi n'autorise pas la bénédiction des couples 'de même sexe'. Cette question fait l'objet d'une attention médiatique considérable. Cela peut expliquer en partie le nombre croissant de demandes de radiation du registre des baptêmes. Les évêques belges appellent les fidèles du pays à œuvrer pour un climat de respect, de reconnaissance et d'intégration."

    En septembre, les évêques flamands de Belgique ont publié un nouveau document sur la pastorale des catholiques qui s'identifient comme LGBT, qui comprenait un texte autorisant la bénédiction rituelle des couples de même sexe.

  • "Nous sommes en voie d’apostasie accélérée"

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    De Guillaume Drago sur le site de La Nef :

    Apostasie

    Apostasie : « abandon public d’une religion, d’une doctrine, d’un parti » (Petit Larousse illustré, 1986). Cette définition, au style presque vieilli tant elle est simple et claire, dit bien ce qu’elle veut dire : apostasier, c’est se renier, dans ses convictions les plus fortes. C’est l’apostasie de l’Europe occidentale à laquelle on assiste, sans que cela ne semble émouvoir grand monde.

    Le continent européen est en voie d’apostasie généralisée. Chacun le sait, le voit et ne dit rien parce que nous nous sentons tous, en quelque sorte, responsables de celle-ci. Quelques esprits clairs le disent, avec leurs mots, leur style, leur pensée. On pense à Chantal Delsol et à sa Fin de la chrétienté (1), à Jean-Luc Marion avec sa Brève apologie pour un moment catholique (2) ou Pierre Manent dont le dernier ouvrage Pascal et la proposition chrétienne (3) est une remarquable tentative de sauvetage de ce que la civilisation occidentale et particulièrement française recèle encore de christianisme.

    Rejet général du christianisme

    Nous sommes en voie d’apostasie accélérée car tout ce qui faisait le christianisme occidental et qui « tenait » la société, comme le ciment « tient » le mur, est aujourd’hui rejeté de la façon la plus générale qui soit. Ce processus restera sans doute dans l’histoire des civilisations comme le témoignage du plus grand sabordage culturel et religieux provoqué non par des coups de boutoir extérieurs, à l’image des grandes invasions et des conversions forcées, mais par ceux-là mêmes qui en ont été les dépositaires.

    Qu’on en juge, si on veut évidemment le voir, tant la cécité de ceux qui ont sacrifié aux idoles du modernisme culturel et religieux est forte et sombre (« ils ont des yeux et ils ne voient pas, ils ont des oreilles et ils n’entendent pas », dit le Psaume).

    Lire la suite sur le site de La Nef

    (1) Chantal Delsol, La fin de la chrétienté. L’inversion normative et le nouvel âge, Cerf, 2021.
    (2) Jean-Luc Marion, Brève apologie pour un moment catholique, Grasset, 2017.
    (3) Pierre Manent, Pascal et la proposition chrétienne, Grasset, 2022.